Firo la regardait et avait écouté ce qu'elle avait dit avec attention. Tamina continuait à voir ses émotions. Il était surpris de ce qu'elle disait et qu'elle soit aussi franche. Cependant, lorsqu'il reprit la parole, ce n'était pas le sujet auquel Tamina s'attendait.
- Une...une marchombre? répéta-t-il tout bas. ... Ouah.
Apparemment, il connaissait les marchombres. C'était assez étonnant mais pas impossible non plus. Il était toujours étonnée mais paraissait également de plus en plus détendu. Tamina en fut rassurée. Firo avait parlé bas de façon à ce que seule Tamina entende, et c'est sur le même ton qu'il continua.
-Je suis content que tu me parle franchement, dit-il, un peu tremblant. Et... désolé de t'avoir posé toutes ces questions, je sais très bien que tu ne sais pas qui je suis, ni ce qui me possède...
Personne d'autre dans l'auberge aurait pu entendre ce qu'il disait et c'était bien ainsi. Il s'excusait de l'avoir questionnée? Tamina ne pensait pas qu'il avait une raison de s'excuser. Il était déboussolé, et la première chose que font en général les gens ordinaires lorsqu'ils sont déboussolés, c'est de s'énerver, et de poser des questions à leur entourage à tort et à travers. En face d'elle, Tamina vit Firo croquer dans son toast, rester silencieux quelques instants, puis reprendre la parole.
-Je suis désolé de ne pas t'avoir fait confiance. Je n'ai tellement pas l'habitude que les gens m'aident que me méfier de tout le monde est devenu comme une seconde nature chez moi. Et il y a tellement de gens qui m'ont trahis... Mais en fait, je me rend compte que c'est stupide de ma part de me méfier de toi alors que tu m'aides...
Il avait parlé avec franchise. Tamina le sentait dans sa voix et ses intonations. Et elle avait vu juste en pensant qu'il était seul. Le fait qu'il dise qu'il avait été trahi, confirmait ce que Tamina avait supposé, à savoir qu'il ne devait pas avoir vécut que des choses heureuses... Il était naturellement devenu méfiant. Tamina continua de le regarder . Il s'était remis à manger et attendait sans doute une réponse. Il était aussi beaucoup plus détendu. La jeune femme mangea un morceau de sa tartine et but une gorgée de son chocolat avant de répondre.
- Je ne pense pas que tu ais à être désolé pour toutes ces questions. En général, c'est ce que font les gens normaux lorsqu'ils sont déboussolés comme tu l'es.
Alors que ce qu'elle disait suivait son chemin dans son cerveau, Tamina rit intérieurement. Et elle? Comment aurait-elle réagi? Est-ce que les marchombres pouvaient être considérés comme normaux? La réponse fusa. Automatique. Non. Absolument pas. Cela la fit sourire. Puis pour éviter d'avoir l'air de sourire bêtement sans raison, elle poursuivit reportant son attention sur ce que Firo avait dit.
- Je ne penses pas non plus que tu sois stupide. Juste méfiant. Et beaucoup de gens les sont. Tu sais, j'ai déjà vu pire que toi. De vraies têtes de mules!
Elle rit et fut heureuse de voir Firo sourire un peu. Elle réfléchit au moyen de continuer la conversation sur une note mois tendu que la.. «possession» de Firo. Puis elle trouva.
- Dis-moi... Qu'est ce que tu faisait hier soir? Lorsque le Mentaï (elle grinça légèrement les dents en prononçant ce mot) est arrivé dans la rue, tu était déjà caché alors que tu ne l'avais encore pas vu clairement. Et tu semblais vraiment terrifié. Pourquoi? Extérieurement, pour les gens ordinaires ils ne se distinguent pas d'un guerrier par exemple. Est-ce que tu savais ce qu'il était? Tu en avais déjà vu auparavant?