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Là où les falaises plongent dans les flots [Aelys/Manya]
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26.01.12 21:53

    Aelys s'étira longuement, puis quitta le lit sans faire de bruit. L'homme qui dormait entre les draps, un jeune officier qui devait avoir son âge, peut-être deux à trois ans de plus, se réveillerait seul. Aelys collectionnait les relations sans lendemain et ne restait jamais plus d'un mois avec le même homme.Alors qu'elle enfilait un pantalon et une tunique, préférant attendre d'avoir quitté la pièce pour enfiler son armure, elle sourit en pensant que cette fois, elle n'avait passé qu'une semaine avec Erwan avant que ça ne se termine dans un lit.Le jeune homme était en permission et allait rendre visite à sa famille, plus à l'est. Aelys l'avait accompagné un bout de chemin, avant qu'ils ne tombent sur cette auberge au bord de la mer, au soir de leur dernier jour de voyage. Soir dont ils avaient pleinement profité, à vrai dire...Maintenant, Aelys allait reprendre sa route, vers l'Ouest, en direction des Dentelles Vives. Une fois qu'elle aurait atteint les montagnes, elle n'aurait qu'à les suivre jusqu'à la Passe de la Goule, et elle pourrait alors se diriger vers Al-Jeit. Comme cela avait été son but depuis le début, d'ailleurs. La rousse au caractère bien trempé n'était pas du genre à renoncer à ses projets pour un amour passager, aussi canon soit-il.Après un dernier regard attendri à son amant toujours assoupi, la jeune femme quitta la chambre et referma la porte en silence.Elle descendit les escaliers, paya sa nuit au propriétaire en ignorant son air goguenard, puis se dirigea vers l'écurie. Elle enfila son armure dans le box de Phénix, son cheval bai, après l'avoir harnaché. Elle s'occupait toujours de son cheval avant elle. Parce qu'il était important, mais surtout parce qu'elle mettait rarement moins de vingt minutes à s'équiper correctement. Encore plus quand elle était dans une semi-obscurité comme celle qui régnait dans la stalle et la dissimulait alors qu'elle se changeait.Elle ôta sa tunique au profit d'un plastron d'armure à peine plus grand qu'un bustier, qui dénudait son décolleté et ses épaules, et qui n'était maintenu que par deux sangles de cuir, comme des bretelles.  Fixée à cette pièce d'armure, une cotte de maille protégeait son ventre et retombait sur ses hanches. Au-dessus de son pantalon souple et moulant, elle fixa jambières et protections pour les articulations. Puis elle s'occupa de ses bras, plaçant et attachant méthodiquement les plaques de métal qui recouvraient ses avant-bras, puis ses bras. Enfin, elle enroula autour de son cou son écharpe noire fétiche.Elle ne prit pas la peine d'attacher ses cheveux. Sa longue crinière rousse de balançant dans son dos au rythme de ses pas, elle quitta l'écurie, menant Phénix à la bride. Une fois dehors, elle sauta en selle et le propriétaire, sur le pas de la porte, la héla :- Dois-je dire quelque chose à votre ami à son réveil ?Erwan allait sans doute hurler à l'enlèvement en se voyant tout seul. Ah, ces soldats pas fichu de voir que les filles aussi savent se débrouiller toutes seules...Aelys éclata de rire, et lui lança un clin d'oeil :- Que je suis libre et pas prête à y renoncer !Le gérant ouvrit la bouche pour protester contre ce message, mais déjà la jeune femme avait talonné son cheval et s'éloignait au petit galop. L'homme secoua la tête d'un air las, suivant la silhouette rousse du regard.- Ah, la jeunesse... soupira-t-il avec nostalgie.



***


    Aelys trouva les Dentelle Vive en milieu de journée.Une très belle journée d'ailleurs, au temps doux et chaud à la fois, avec un léger vent qui l'empêchait de cuire dans son armure. La jeune femme longeait l'océan, se gorgeant de la vue de l'horizon bleu et su spectacle des vols de mouettes, s'emplissant l'esprit du flux et du reflux des vagues.Un village avait poussé comme un champignon au pied des montagnes. Un village de pêcheur, apparemment. Et puisqu'il était midi, la femme Chevalier décida de goûter la cuisine locale. Ca n'allait pas la tuer de s'arrêter ici une petite heure... personne ne l'attendait à Al-Jeit.Elle pénétra dans le village, à la recherche d'une auberge ou d'un restaurant quelconque. Son regard fut attiré par la devanture d'un bar et, confiant son cheval à un gamin qui avait l'air de s'ennuyer ferme, elle poussa la porte.
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28.01.12 22:49
Cela faisait déjà plusieurs mois que Manya était à la recherche d’un bateau sur lequel s’embarquer. Elle avait soif de mer, soif d’écume et de vagues s’éclatant avec violence sur la coque d’un navire, soif de ce vent salé qui lui fouetterait le visage. Les embruns lui manquaient. Son père lui manquait aussi. Même les rudes tempêtes qu’ils essuyaient parfois, même les famines des fins de voyages trop longs lui manquaient. Tout lui manquait et elle était là, allongée sur une plage de l’Archipel, dans le sable, nostalgique.
Même la haine génétique qu’elle et les pirates vouaient à l’empire s’était effacée dans son cœur.
Là maintenant tout de suite, elle avait soif, juste soif…
Lors d’une soirée de beuverie, on lui avait vaguement parlé d’un équipage qui cherchait un remplaçant le temps que le membre d’équipage ne se remette d’une grave blessure. Remplaçant. Enfin, c’était toujours ça, tout était bon selon la jeune fille du moment qu’elle pouvait reprendre la mer. Bien que cela soit seulement temporaire. La jeune pirate irait sans doute tenter sa chance…

Une demi-heure. Une demi-heure ! Il lui avait fallu pas moins d’une demi-heure pour convaincre ce capitaine écervelé de l’embarquer sur son bateau ! Quel macho, ses paroles avaient profondément énervée Manya et elle avait dû faire un effort surhumain pour ne pas lui envoyer un bon coup de poing bien senti droit dans son atroce figure. Elle cracha rageusement sur le sol poussiéreux. La jeune fille tenta de se calmer, se disant qu’enfin elle partait, que demain elle serait sur les flots… Sans succès. Ce crétin ne lui inspirait décidément aucune confiance. Quel être abject, si elle n’était pas dans cette situation, jamais elle n’aurait osé s’engager dans un tel équipage, ça jamais ! Elle donna un coup de pieds plein de hargne dans un pauvre caillou qui trainait là et qui n’avait pourtant rien demandé à personne. Elle avait envie de hurler, de crier au monde entier ce qu’elle pensait de cet abrutis fini. Elle ne le fit pas. Elle se contenta de pousser un sublime juron à faire pâlir le plus grossier des Thüls et de continuer à se calmer les nerfs envoyant valser avec son pieds d’autres pauvres et innocents cailloux jusqu’à la tombée de la nuit.

Le vent marin faisait enfin voler ses cheveux, l’air chargé d’embruns lui fouettait enfin le visage, elle sentait enfin la délicieuse odeur de l’eau salée, enfin… Si on exceptait les cris gras, et les blagues salaces et immondes des autres membres de l’équipage, c’était un moment de plénitude absolue. Si on les exceptait. Elle soupira. Leur attitude l’exaspérait. Les seules perspectives qui la réjouissaient étaient premièrement le pillage d’un village alavirien et la fête suivant ce dernier prévus pour le lendemain, et deuxièmement quitter ce navire d’alcooliques idiots et bornés. Elle regrettait presque de s’être embarquer dans ce voyage. Oui, pour le moment c’était seulement presque…

Piller. Frapper. Abattre une lame. Un coup, puis un autre, trancher. Faire couler le sang. Ils paieraient pour les autres cette fois-ci. Se défouler. Déverser sa rage. La raison ? Inutile de l’énoncer. Continuer. Un homme tombe. Un autre. Ils paniquent. Et les pirates ricanent et continuent leur saccage. Une maison brule. Frapper. Piller. Déverser sa rage. Hurler sa haine. Et puis s’arrêter d’un coup. Hésiter, à la dernière minute. Laisser fuir, un enfant et sa mère. Trop jeune, trop fragile, trop dur. Abattre une lame. Se venger, venger ses gènes. Un coup, puis un autre. Carnage…
Et pourtant, ça n’allait pas mieux, vraiment pas mieux c’était même pire. La haine était toujours là, encore plus dévorante et envahissante, un lierre grimpant qui étouffait peu à peu la jeune Manya. Et loin, loin au fin fond de son âme jaillissait doucement, prudemment, pas à pas, l’aiguille du remord, grandissant peu à peu.
Comme prévu une « fête » eu lieu. Nuit de beuverie. Manya ne se méfia pas et elle but comme un trou, elle avait besoin de s’embrumer l’esprit, elle ne voulait plus penser. Plus du tout.

Le soleil se pointait doucement et la jeune pirate émergeait difficilement. Elle aurait préféré dormir plus, si seulement le soleil de s’était pas levé. De plus sa tête la lançait affreusement. Comme si un gros malin s’amusait à lancer joyeusement des enclumes dessus. Elle s’étira dans l’herbe.


*Dans l’herbe ?!!*

Réalisa-t-elle soudain en se relevant soudainement.
Seule, abandonnée, sur un rivage inconnu, alavirien qui plus est ! Pas de village à l’horizon. Rien. Juste elle les vêtements qu’elle portait, le couteau de son père à sa ceinture. Rien d’autre. Manya se prit sa tête douloureuse entre les mains et jura. Haut et fort, hurlant même ! Elle se traita elle-même de tous les noms. Et eux aussi ! Ah ça, ils devaient bien rire sur leur rafiot de malheur, ayant emporté ses affaires, son butin de la veille. Les services rendus ? Oubliés sans doute, totalement.


*Quelle idiote, quelle idiote, quelle idiote !!*

Elle était coincée maintenant, persuadée que si elle n’était pas montée sur ce bateau, si elle s’était méfier un peu plus, elle n’en serait pas là. Elle leur en voulait mais elle s’en voulait presque plus. Elle jura ainsi et se plaignit longtemps. Jusqu’à ce que, affamé, épuisée mais hargneuse, elle se mit en marche pour essayer de trouver un village, un endroit, un quelque part dont elle pourrait tenter de repartir. Et elle marcha des heures et des heures sans rien trouver et commença sérieusement à désespérer. Enfin, elle atteint un petit village de pêcheurs, entre la mer et les montagnes. La jeune pirat resta pensive un instant. Elle se trouvait sans doute devant les dentelles vives. Si Manya en avait déjà entendu parlé, jamais elle n’aurait imaginé les voir pour de vrai…

Elle entra dans le petit village d’un pas presque hésitant. Ses cheveux devaient être en bataille, elle avait surement des cernes aussi, et la tête de quelqu’un qui a passé une très mauvaise dont il ne se souvient absolument pas du tout. Elle soupira. Le pire c’est qu’elle n’avait pas un sous pour s’acheter de quoi pour ou manger.


*Quelle idiote, quelle idiote, quelle idiote !!*

Elle chercha vainement une solution. Encore une heure de gaspillée…

Elle soupira. Encore. Mais de soulagement cette fois-ci. Elle était assise dans une auberge et avait devant elle à boire et à manger. Bon elle avait payé avec de l’argent volé et elle n’en était pas spécialement fière … Mais bon c’était de l’argent volé à un alavirien alors… Tout était calme, personne n’était entré depuis un bon moment et Manya se sentait … Non, elle ne pouvait pas ne serait-ce qu’envisager se sentir presque bien dans une auberge alavirienne, jamais !
Quelqu’un entra, rompant le cour de ses pensées.
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29.01.12 14:34

    Aelys s’assit à une table vide, dos à un mur. L’auberge était presque vide. Mis à part trois pêcheurs qui dévoraient leur repas en commentant le temps qu’il faisait, il n’y avait qu’une adolescente aux cheveux roux, et elle-même.
    Sans prêter attention aux autres, Aelys commanda de quoi manger –du poisson, il n’y avait que ça– et assez de bière pour faire passer. L’aubergiste eut un rictus méprisant en voyant une femme, seule qui plus est, commander de l’alcool avec une autorité quasi-masculine. Ah, les pêcheurs et leurs traditions machistes qui veulent que les femmes restent à la maison… Aelys lui renvoya un sourire vaguement carnassier, et posa la main sur le pommeau de son arme.
    Un regard sur l’épée de la rousse découragea tout de suite le tenancier d’ouvrir la bouche.

    Alors qu’il s’éloignait en grognant, la femme-Chevalier détailla les lieux. Ouais. Pas terrible à vrai dire. L’endroit paraissait correct et le poisson devait être frais, mais l’aubergiste ne devait pas rouler sur l’or. Quoi de plus normal, aussi, dans un minuscule village pareil ?
    Les trois marins déjà présents avant son arrivée avaient baissé d’un ton, et lui jetaient de fréquents coups d’œil. Bon, d’accord, les rousses en armure, ça ne devait pas courir les rues ici. Surtout avec un tel culot et une attitude aussi provocante. Aelys les défia ouvertement du regard, jusqu’à ce que ses yeux soient attirés par le regard de l’adolescente à une autre table.
    Elle mangeait seule, comme elle. Maigre comme un clou, portant des vêtements masculins et un poignard à la ceinture. Une gamine ayant fugué de chez elle ? Ça pouvait se comprendre, ici les gens étaient tellement coincés avec leurs traditions que c’en était étouffant. Aelys la toisa, soutenant son regard, avant de détourner la tête lorsque l’aubergiste apporta sa commande.

    Le poisson n’était pas mauvais, même si ça ne valait pas des côtes de porc grillées. La bière, en revanche, était immonde. C’était presque de l’alcool à mâcher, tellement c’était fort !
    Aelys ne grimaça même pas, et descendit le contenu de sa chope à petites gorgées, avec le même flegme que si c’était de la limonade. Bénis soient les Thüls qui lui avaient apprit à tenir l’alcool quelles que soient les circonstances.
    Son repas aurait pu se dérouler à peu près paisiblement, si les pêcheurs n’en avaient pas eut assez qu’elle leur renvoient leurs regards scrutateurs avec une arrogance difficilement supportable. Ici, les femmes n’étaient pas des guerrières et ne défiaient pas les hommes. Ils ne pouvaient tout simplement supporter le culot d’une étrangère.

    (Au grand regret d’Aelys, c’était comme ça un peu partout. Si ça continuait, elle allait fonder une ligue féministe chargée de castrer tous ces phallocrates arrogants.
    Bon, c’était un peu de sa faute aussi. Vous avez vu comment elle était habillée, avec son décolleté plongeant et ses épaules nues ? Pas étonnant qu’on ait envie de la remettre à sa place, cette rousse hautaine et allumeuse. Un de ces jours, elle tomberait sur plus fort qu’elle.
    Mais ce n’était pas encore pour aujourd’hui…)


    L’un d’eux, plus à fleur de peau que les autres, se leva et s’approcha de la table de la rousse. Ses amis, l’air sombre, suivirent son avancé, impatients de le vor rappeler à cette arrogante qu’elle enfreignait les règles les plus élémentaires de la modestie féminine.
    Ah ah ah.

    - Eh, rouquine.

    Déjà, ça partait mal. Aelys toisa le pêcheur qui lui faisait face, haussant un sourcil interrogatif, renversée en arrière sur son siège. L’homme crispa les mâchoires.

    - Réponds-moi quand je te parle.

    - Oh ? railla Aelys. Tu me parle ?

    - A qui d’autre, gamine mal élevée ?

    Aelys haussa les épaules, ce qui fit loucher les deux autres sur sa poitrine. Puis elle se leva, reculant sa chaise d’un coup de talon. Elle faisait presque une tête de moins que le marin, mais ça n’avait pas l’air de la déranger.

    - Chevalier Junia, espèce de porc aquatique mal léché. Demoiselle Junia si tu veux être poli. Miss si aligner deux mots est trop compliqué pour toi. T’as un problème avec ça ?

    Oh oh. Les narines du marin se gonflèrent de colère, et Aelys retint un sourire. Début de la partie marrante. L’adolescente ne l’avait pas quitté des yeux, et Aelys se demanda si la gamine aurait été capable de se débrouiller dans une telle situation. Sans doute pas, ce marin était une armoire à glace.

    - Je ne sais pas d’où tu viens, femme (ça partait sur les chapeaux de roue). Mais ici, les filles doivent rester à leur place. Pas se conduire comme des hommes. Alors casse-toi d’ici. T’as rien à faire là. Il te manque un truc pour porter l’armure.

    Un rire gras venant de ses deux compères fit écho à sa dernière remarque. Aelys posa une main sur sa hanche, releva le menton avec défi… Puis leva brusquement le genoux, emboutissant les parties génitales du macho devant elle.
    Avec sa jambe couverte de pièces d’armures.

    Outch.

    Le pauvre marin se plia en deux avec un sifflement de douleur très peu viril, et Aelys s’écarta d’un pas, le laissant tomber à genoux par terre sans un geste, puis fouilla dans ses poches pour poser sur sa table le prix de son repas.

    - Comme ça, on est sur un pied d’égalité, maintenant. Sur ce…

    Elle récupéra son écharpe, posée sur le dossier de sa chaise, et s’éloigna d’un pas nonchalant tandis que les deux autres pêcheurs se précipitaient aux côtés de leur camarade blessé. En passant près de l’adolescente rousse, elle souffla néanmoins :

    - T’as intérêt à filer, si tu ne veux pas qu’ils se vengent sur toi !
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31.01.12 22:47
Manya détailla rapidement l’inconnue. Rousse, musclée, armée, porte une écharpe. Jolie écharpe d’ailleurs, noire et qui recouvre intégralement son cou. La petite rouquine haussa les épaules et revint à sa nourriture. Cette dernière avait beau ne pas être extraordinaire, l’estomac quasiment vide de notre Aline la lui faisait paraître absolument merveilleuse. Elle eut par contre beaucoup plus de mal avec le contenu de son verre. Absolument infect. Elle dut se contenir pour avaler la totalité du liquide sans la recracher. Elle ne put retenir une très légère grimace. Elle avait l’habitude des alcools forts mais le gout de celui-ci était parfaitement … Écœurant, atroce, immonde.

Son attention se porta sur une joute visuelle qui se jouait entre l’autre rousse et les pêcheurs. Ceux-ci la scrutaient de façon plutôt inquisitrice tandis qu’elle ne leur renvoyait que des regards arrogants et limite provocateurs. Le comportement machiste de ces hommes exaspérait profondément Manya. D’autant plus qu’il lui rappelait un certain abrutis l’ayant abandonnée sans aucun scrupule sur le continent Alavirien.

Les regards des deux rousses se croisèrent et se soutinrent. La jeune pirate prit alors le temps de mieux observer l’autre, plus en détails. Bien qu’elle soit Alavirienne, son attitude lui plaisait presque. Résolument fière, arrogante même. Et visiblement bien décidée à ne pas laisser le moindre pouce de terrain à la gente masculine. A ce niveau-là, Manya aurait eu tendance à être d’accord avec elle et à l’appuyer. Mais dans le cas présent, tout était différent. Parce que l’autre était Alavirienne. Pas Aline, Alavirienne. La pirate soupira et tenta de concentrer ses pensées sur son objectif principal :se sortir de cette situation. Elle était seule, risquait de se faire lyncher si quelqu’un découvrait d’où elle venait et devait pourtant absolument trouver un moyen de rentrer chez elle. Le tout bien sur sans argent. C’est bien plus drôle comme ça ! Quand à demander de l’aider… Il en était hors de question. Elle avait sa fierté tout de même et puis elle ne se voyait vraiment pas aller voir un marin et lui demander avec un sourire innocent : « Bonjour, je cherche un bateau pour aller sur l’archipel Aline, vous me pourriez pas me laisser utiliser le vôtre que bien sur je ne vous rendrais sans doute jamais s’il-vous plait ? »

Manya soupira. Décidément, cela devenait une manie chez elle aujourd’hui. D’un coup, son attention se reporta sur l’Alavirienne rousse. Un de ces balourds de pêcheurs s’était approché d’elle, visiblement pour la remettre à sa place. Ou plutôt pour essayer de la remettre à sa place…


- Eh, rouquine.

Mauvais départ. Pas de réponse.

- Réponds-moi quand je te parle.


C’était déjà mal parti, eh bien aucun problème ! Ça continuait sur la même lancée.

-Oh ? Tu me parles ?

- A qui d’autre, gamine mal élevée ?

Manya secoua négativement la tête. Mauvaise réponse.

- Chevalier Junia, espèce de porc aquatique mal léché. Demoiselle Junia si tu veux être poli. Miss si aligner deux mots est trop compliqué pour toi. T’as un problème avec ça ?

*Bien dit !* Pensa la jeune pirate à peu près une micro seconde avant de se gifler mentalement.
Le pêcheur-macho ne semblait lui absolument pas apprécier la réplique. Cela avait même plutôt l’air de le mettre en colère. Son regard semblait hurler : « Attention là je deviens tout rouge et mes narines se dilatent donc ça va chauffer pour toi ! »


- Je ne sais pas d’où tu viens, femme. Mais ici, les filles doivent rester à leur place, pas se conduire comme des hommes. Alors casses-toi d’ici. T’as rien à faire là. Il te manque un truc pour porter l’armure.

Manya faillit exploser de rire tant cet homme était ridicule. Faillit mais se retint. Quelque chose lui disait que la suite risquait d’être tout aussi tordante voir plus. Et elle ne fut pas déçue.
La jambe en armure de la combattante rousse vint frapper avec force les parties génitales du gros balourd, lui arrachant un petit couinement de douleur typiquement masculin. Il alla même jusqu’à tomber à genoux sur le sol. La pirate était intérieurement pliée de rire et eut presque envie d’applaudir la jeune femme. Presque. Faut tout de même pas exagérer.


- Comme ça, on est sur un pied d’égalité, maintenant. Sur ce…

L’Alavirienne récupéra son écharpe et se dirigea vers la sortie avec nonchalance. Arrivée à la hauteur de Manya elle lui glissa en simple conseil :

- T’as intérêt à filer, si tu ne veux pas qu’ils se vengent sur toi !

La jeune Aline se leva aussi, le devança d’un ou deux pas en direction de la sortie, soufflant à l’autre un simple « Merci ».
Elle ne put cependant pas s’empêcher d’ajouter avec arrogance :


-Mais je peux très bien me débrouiller seule.
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03.02.12 23:53
    L’adolescente rousse quitta l’auberge rapidement, sur les pas de la femme-Chevalier. Heureusement, d’ailleurs. Les trois hommes, dont l’un n’en avait sans doute plus les attributs, n’eurent pas le temps de réaliser leur départ que déjà la porte avait claqué derrière elles.
    Parfait.

    Alors qu’Aelys, un sourire narquois aux lèvres, savourait le fait d’avoir remit ces machos à leur place, sa cadette vrilla soudain son regard dans le sien et lâcha :

    -Merci… Mais je peux très bien me débrouiller seule.


    Peut-être, mais ce n’était pas le genre d’Aelys de laisser quelqu’un se débrouiller seul si elle pouvait l’aider. Encore plus si les ennuis risquaient de lui tomber dessus par sa faute.
    La jeune femme rousse avait beau être casse-cou et insolente, elle n’en avait pas moins le sens de l’honneur. C’était même la base de ses principes. Elle était Chevalier, après tout. Laisser l’adolescente face à ces trois abrutis en colère, ça aurait été criminel.

    Elle faillit le lui dire, mais se décida à être diplomate. Si elle avait été à la place de la plus jeune, elle aurait détesté qu’on la considère comme plus faible.

    Et elle aurait même collé un pain à la personne qui venait de la sauver, ne serait-ce que pour prouver qu’elle n’était pas faible. La Dame soit louée, elle avait mûri depuis ce temps là. Un peu.

    - Je n’en doute pas, répliqua Aelys avec satisfaction, savourant encore le rictus douloureux du pêcheur. Mais je ne voulais pas te mêler à ça.

    Elle avait sa propre manière de traiter les macho trop sûrs d’eux.

    S’ils avaient été quatre ou cinq, elle aurait peut-être hésité. Mais là, à trois, dont deux pas assez courageux pour venir la voir… Ah, instant de pure félicité. La femme-Chevalier adorait brutaliser les hommes, histoire de leur prouver que ce n’était pas parce qu’elle avait une poitrine qu’elle était une damoiselle en détresse.
    En fait, c’était vite eux qui se retrouvaient en détresse.

    Généralement, ça flinguait aussi toutes ses chances de se faire une réputation.

    Une bonne réputation.

    Aelys poussa un soupir. Encore une fois –et même s’il l’avait mérité, ce coup de genou !– elle s’était laissée emportée par son impulsivité. Un de ces jours, ça allait lui revenir dans la figure, ce genre de chose. Et elle ne s’en tirerait pas par une pirouette.
    Un jour, oui, mais pas maintenant.

    Son sourire revint. Son optimisme était plus fort que son élan de lucidité passager… Elle posa son regard sur la jeune fille, et fronça soudain les sourcils, comme si elle réalisait soudain quelque chose :

    - Au fait, j’espère que ce n’étaient pas des amis à toi. Tu es d’ici, non ?

    Comme pour justifier sa supposition, elle haussa les épaules :

    - Tu sens la mer. Ne le prends pas mal.


    En effet, la jeune fille rousse sentait l’iode, la sueur et le sel. Aelys n’avait cependant pas trop à en redire, de ce côté-là : elle-même sentait le cheval, le cuir usé et la sueur, une odeur de guerrier, pas de femme…
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13.02.12 21:21
Tout bien réfléchi, Manya n’aurait peut-être pas dû répondre ainsi. Se mettre à dos à dos des Alaviriens dans la situation où elle était n’était vraiment pas une très bonne idée. Aussi espérait-elle que l’autre rousse n’allait pas mal réagir.

- Je n’en doute pas, mais je ne voulais pas te mêler à ça.

La jeune pirate fulminait, bouillonnait intérieurement de rage. Non mais pour qui elle se prenait celle-là. Enfin, au moins elle n’avait pas mal pris la réponse de Manya. Mais tout de même, l’Aline ne pouvait s’empêcher une haine féroce à l’encontre de cette personne qu’elle ne connaissait pourtant pas. Gwendalavir… Depuis sa plus tendre enfance, sa simple évocation suffisait à réveiller en elle de sombres sentiments, des sentiments enfouis dans la mémoire collective de tous les Alines.

Elle soupira. Plongée dans ses réflexions, elle fut surprise d’entre une voix s’adresser à elle, encore la combattante rousse en armure :


- Au fait, j’espère que ce n’étaient pas des amis à toi. Tu es d’ici, non ?


Manya faillit répondre qu’elle ne risquait pas d’avoir des amis en Gwendalavir. Elle parvint juste à temps à ne pas commettre une grossière erreur. De toute façon, des crétins pareils ne risquaient pas de faire un jour parti de son entourage proche. Elle ne le permettrait pas.
Elle tiqua légèrement sur le « Tu es d’ici, non ? ».


- Tu sens la mer. Ne le prends pas mal.

La jeune pirate prit alors conscience du fait qu’elle ne devait effectivement pas sentir la rose. Et elle se dit aussi que de toute façon, l’autre n’était pas très bien placée pour lui parler d’odeur, elle qui sentait la sueur, le cheval et le vieux cuir. Tout à fait féminin comme odeur d’ailleurs.
L’Aline hésita un peu avant de répondre. Devait-elle répondre ? Et comment ?
Elle prononça alors ces paroles, essayant de ne pas se trahir :


-Non, ce n’étaient absolument pas des amis à moi, aucun risque la dessus et non, je ne suis pas d’ici.
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04.03.12 15:44

    La jeune fille haussa les épaules, l’air de s’en moquer prodigieusement :

    - Non, ce n’étaient absolument pas des amis à moi, aucun risque là dessus et non, je ne suis pas d’ici.

    Aelys haussa un sourcil surpris. L’adolescente rousse n’avait pas l’air bavarde. D’ailleurs elle ne connaissait même pas son nom.
    Elle ne venait pas d’ici ? Une voyageuse, donc. Et vu l’odeur d’océan, elle était venue en bateau. Elle ne craignait donc pas les Alines ?

    Bien sûr, Aelys ignorait totalement que Manya était une Aline. Si elle l’avait su, la petite rousse n’aurait pas vécu assez longtemps pour lui expliquer ce qu’elle faisait ici.

    Pas qu’Aelys détestait personnellement les pirates. Elle trouvait juste que la mer, ça donnait envie de gerber ; que les hommes puait des pieds ; qu’un bateau, c’était pas sûr ; et que vivre sans armure, sans cheval et en mangeant des biscuits pourris sur un truc qui tangue, c’était le summum de la débilité. Elle n’avait rien contre les pirates, elle trouvait juste leur mode de vie zarbi pour ne pas dire complètement barré (et c’était le cas de la dire xD).
    Mais elle aimait son pays. Elle aimait Gwendalavir, et elle aimait voir les gens heureux. Les pirates détruisaient ce bonheur, détruisaient l’Empire. Elle ne les détestait pas. Elle méprisait, haïssait ce qu’ils faisaient. Elle ne les tuerait pas à titre personnel ; elle le ferait pour les empêcher de nuire.
    Même s’il s’agissait d’une gamine.

    Enfin, là, pour le moment, Aelys était à des lieux de penser que Manya était une Aline. Il faut dire, aussi, que la petite avait l’air assez inoffensive comparé à la grande rousse en armure. Un chaton à côté d’un tigre.
    D’ailleurs, Manya suivait toujours Aelys. Probablement sans même s’en rendre compte. Elle ne savait sans doute pas où aller… La femme Chevalier haussa les épaules, puis porta deux doigts à sa bouche et émit un sifflement strident en modulant deux notes, qui fit sursauter Manya.
    A deux rues de là, un hennissement lui répondit, et elle se dirigea vers le cri de son cheval avec un léger sourire aux lèvres.

    - Je ne sais pas pour toi, gamine (Aelys vit très bien que le mot « gamine » hérissait la jeune inconnue… Ce qui la fit intérieurement bien rigoler), mais je ne vais pas m’attarder dans ce charmant village miteux. Au cas où le nouveau castrat et sa clique ne décident soudain de me mettre des bâtons dans les roues.

    Elle bifurqua dans une rue, toujours Manya à côté d’elle, et se trouva devant une sorte d’écurie sans murs, un simple apprenti divisé en stalles séparés par des cordages. Phénix, son étalon bai et musclé, était sans doute le plus beau et le plus imposant des chevaux qui s’y trouvaient. Le destrier d’un Chevalier, ça n’avait rien à voir avec quelques canassons de pêcheurs.
    Le garçon à qui elle avait confié son cheval, toujours muet comme une tombe, était en train de panser une jument gris terne à l’autre bout de l’écurie. En voyant Aelys, il désigna quelque chose sur sa droite : l’équipement de Phénix était posé sur un tonneau, au sec et bien propre. Aelys sourit et, plutôt satisfaite de l’état de ses affaires, laissa quelques piécettes de plus au gamin, posant l’argent à la place de la selle qu’elle emporta.

    Tout en sellant son cheval, elle tourna une dernière fois les yeux vers Manya :

    - Et toi ? Tu reste ici ?
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