Fiona partit à pied et marcha pendant deux jours avant d’arriver à la grande faille. C’était le soir et elle décida de camper aux abords du gouffre. Elle fit un feu et dressa sa tente. Elle resta un moment perdue dans ses pensées – qui s’orientaient vers son apprentissage et la voie des marchombres – puis alla se coucher. Elle reparti le lendemain avant l’aube. Elle s’était réveillée tôt et avait décidée qu’attendre le lever du soleil serait une perte de temps. Elle rassembla ses affaires et commença la descente de la faille. Lorsqu’elle arriva en bas, elle avait les doigts écorchés et les membres meurtris. Descendre lui avait pris plus de deux heures. Elle se reposa et se baigna dans la rivière qu’elle avait aperçue du haut du gouffre. Elle nagea un moment puis se sécha et se prépara à remonter de l’autre côté. Elle commença son ascension et arriva en haut après le coucher du soleil. Elle s’arrêta et dormit quelques heures avant de reprendre son parcours. Elle avait entendu parler des Ihjakis et se tenait prête à les voir arriver, tendue comme un arc. Heureusement pour elle, elle n’en croisa aucun. Soudain, après une dune de sable, Elle vit le Rentaï, montagne solitaire qui dominait le désert. Elle sentit un appel irrésistible qui l’attirait vers la montagne. Elle laissa son sac au pied du Rentaï et grimpa, toujours plus haut. Soudain, elle entendit un chant, ou plutôt un murmure, qui la poussait vers le haut. Elle avança plus vite, ce murmure amical la poussant ver le sommet. Elle se sentait étrangement bien, épanouie et heureuse. Elle ne sentait plus la douleur dans ses bras, ni ses doigts écorchés par la pierre. Elle arriva sur un replat et vit l’entrée d’une grotte. Le chant la poussait dans cette direction. Elle entra et dut se mettre à quatre pattes pour pouvoir continuer. Puis le tunnel s’élargit et elle put à nouveau marche normalement. Elle arriva au bord d’un lac et plus que jamais, le murmure la poussait vers celui-ci. Fiona prit soudain conscience de la direction que prenait sa vie. Du chemin qu’elle avait parcourus et de celui qu’elle devait encore faire. Elle entra dans l’eau du lac et s’immergea, heureuse.
Ce fut son dernier sentiment avant qu’elle ne sombre dans l’inconscience.
Lorsqu’elle reprit connaissance, elle était au beau milieu du désert. Perdue. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait là et ne se souvenait pas d’avoir descendu le Rentaï. Elle observa le soleil pour savoir dans quelle direction aller et estima qu’il était environ trois heures de l’après-midi. Elle marcha longuement, se demandant si le Rentaï lui avait accordé la greffe et, si oui, comment elle était. Puis, elle aperçut enfin le bord de la grande faille. Il faisait sombre à présent et elle s’installa pour dormir sur place.
Lorsqu’elle se réveilla la lune était encore haute dans le ciel étoilé. Elle décida de se remettre en route totalement remise, malgré une douleur dans le dos. Elle commença de descendre. Elle remarqua vite qu’elle aurait dû attendre le jour pour retourner en bas du gouffre. Elle ne voyait plus les prises et devait tâtonner pour en trouver. Elle s’agrippa à une mais celle-ci céda sous son poids. Elle perdit l’équilibre et tomba. Elle entendit le vent siffler à ses oreilles et, soudainement, elle ne tomba plus. Elle était pourtant encore dans l’air! Elle sentit un battement derrière son dos et lorsqu’elle tourna la tête, elle faillit perdre connaissance. Deux ailes noires avaient poussé dans son dos! Elle essaya de les faire bouger et elle tourna sur elle-même. Elle les fit battre plus vite et elle s’éleva. Elle vola en direction du côté opposé de la faille et se posa au bord. Lorsqu’elle avança des quelques pas, elle eut une drôle de sensation dans son dos. Elle se tourna. Ses ailes s’étaient rétractées. Elle voulut à nouveau voler, ses ailes sortirent de son dos. Elle vola un moment, profitant de l’obscurité pour essayer d’avoir un meilleur contrôle et retourna sur la terre ferme. Encore secouée, elle prépara sa couche et essaya de se rendormir. En vain. Elle repartit donc à pied, en essayant de faire le tri sur ses pensées.
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