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Rencontre nocturne [Val Kyria + qui le veut...]
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30.09.11 20:03


C'est étonnant...
... comme la nuit peut être interessante...



Rencontre nocturne [Val Kyria + qui le veut...] 240695Sanssdqsdtitre


Il vient comme un complice, à pas de loup; le ciel
Se ferme lentement comme une grande alcôve,
Et l'homme impatient se change en bête fauve.


Accoudée contre la corde tressée d’un bleu translucide, j’étais au beau milieu de l’une de ces passerelles qui reliaient les bâtiments d’al’jet entre eux. Immenses et pourtant aussi fines que des brindilles, elles dégageaient une aura de magie autant que de fragilité. Je n’avais pourtant pas hésité à m’élancer dessus sans me soucier des légers balancements qui faisaient souvent grimacer ceux qui les empruntaient. Aux anges, le nez en l’air, peu de personnes ne faisaient attention à moi puisque je ne produisais aucun bazar mais je sentais parfois des regards se poser sur ma personne. Adressant des sourires aux personnes qui me fixaient, c’était sans surprise que je notais qu’il s’agissait pour la plupart de combattants aguerris comme les soldats de la légion noire ou des chevaliers avancés sur la voie du combat. Seuls les guerriers se reconnaissent entre eux… Et je savais que seuls les regards acérés d’un maitre d’arme pouvaient remarquer les poignées de mes sabres patinés par l’usage, ma démarche toute en souplesse et ma façon de regarder. Ces éléments me tirant un léger sourire, ma joie se teinta bientôt de mélancolie quand je compris que je n’avais pas vu mes confrères depuis maintenant sept mois. A force de faire route en solitaire, je n’allais pas pouvoir continuer et si je faisais partie des frontaliers les plus redoutables, je n’avais pas encore atteint l’ultime classe qui se situait juste en dessous de notre chef. Cette place que je désirais autant que je redoutais était pour le moment l’unique but de ma vie… Certains voulaient la richesse, d’autres faire de nouvelle rencontre, mais pour ma part, mon esprit était trop engoncé dans le désir d’atteindre le niveau ultime chez les frontaliers… Néanmoins, tout cela fut balayé de ma mémoire dans les heures qui suivirent. Si actuellement je désire toujours autant monter d’un cran, j’ai aussi découvert les richesses de la sociabilité et celle, plus belle encore, de l’amitié. Mais ne pressons pas les choses, je vous ferai découvrir mes découvertes petit à petit…

J’étais donc, disais-je, en train de me balader de passerelle en passerelle, laissant parfois échapper quelques exclamations ébahis qui amusaient les citoyens quand je tombais sur un bâtiment à l’architecture encore plus belle que celles que j’avais vues avant. La capitale était évidemment la plus belle des cités et si j’avais passé des heures agenouillée au bord du miroir d’eau pour observer ses mystères aquatiques ou que j’avais contemplé l’arche pendant des soirées entières ainsi que mille autres merveilles, je savais qu’il me faudrait bien plus d’une vie pour pouvoir connaître tous les secrets de ce magnifique endroit.
Gagnant bientôt une tour toute de jade et de turquoise, je gravis les escaliers sans un bruit, me faufilant entre les gens qui montaient en sens inverse et dépassant ceux qui suivaient le même chemin. Regagnant les rues, je vis les sphères dessinées par les académiciens s’allumer petit à petit au fur et à mesure que le ciel se teintait d’un doux orange, marque évident du crépuscule et signe de l’arrivée indiscutable de la nuit très prochainement. C’était ce moment là que je trouvais le plus beau : les activités journalières disparaissaient, les commerçants pliaient bagages et les installations pour la nuit se mettaient en place. Des taverniers déplaçant les chaises sur leur terrasse, les cheminées se mettant à fumer et l’ambiance agréable de fin de journées bien remplies, ma sérénité était encore plus complète et ce fut donc avec un air à la limite de la béatitude que je gagnai une auberge bien fréquentée et à la nourriture savoureuse…

Je vous garde votre cheval à l’abri ?

Ce sera avec plaisir, merci.

Laissant une pièce dans la main du garçon d’écurie qui caressa la robe noire de nuit de Nocturne avant de le tirer doucement par la bride pour l’emmener aux écuries. Rassurée sur le sort de mon cheval que je chérissais presque autant que mes armes, je poussai la porte de la salle commune et entrai dedans, appréciant les bonnes odeurs qui gagnèrent mes narines. Les regards se posant tous sur moi en même temps, ils se détournèrent deux secondes plus tard pour ne plus me regarder. Allant directement vers une table dans le fond où ronflait un feu accueillant, je me laissai tomber sur la chaise avec un soupir d’aise, sursautant légèrement une fraction de seconde plus tard quand je vis que j’étais observée.
Fronçant les sourcils, je fixai l’homme qui esquissa un sourire quand il nota que je l’avais remarqué. Finement musclé, suffisamment âgé pour être mon père, il dégageait une souplesse appréciable et ses gestes étaient fluide et harmonieux. Harmonie…

« Marchombre… »

Tu penses juste, jeune fille.

Surprise, je ne répondis pas de suite et le laissa venir à ma table. Il ne dégageait aucune intention hostile et au vu de son regard, je compris qu’il souhaitait tout simplement bavarder. Comme quoi, la solitude pouvait peser aux plus endurcis… Engageant la discussion avec moi, je répondais brièvement malgré mon enthousiasme car l’enseignement martial que j’avais reçu depuis ma plus tendre enfance m’avait toujours appris à rester prudente. Ce qui m’étonnait était qu’il m’ait choisi, moi. Je n’étais qu’une femme parmi tant d’autres et même si j’arborai des vêtements de cuir ainsi qu’une armada d’armes de jet accrochés un peu partout, cela ne montrait en rien mes compétences…

Pour…

Les frontaliers sont de redoutables combattants mais ils manquent parfois de discernement… Me coupa-t-il avec un sourire.

Seuls les guerriers se reconnaissaient entre eux… N’était-ce pas moi qui avais évoqué cette idée quelques heures plus tôt ? Esquissant un sourire, je ne lui en voulu pas d’avoir pointé ma principale faiblesse du doigt et ce fut dans une heure bien avancée qu’il me quitta après m’avoir remercié d’avoir ‘’pimenté’’ sa soirée habituellement monotone. Pourquoi est-ce que je vous raconte ça ? Tout simplement parce que si je n’avais pas rencontré cet homme, je n’aurais sans doute pas compris qu’il fallait que j’aiguise mon regard non pas pour reconnaitre les guerriers, mais pour cibler ceux qui reconnaissaient en moi mon appartenance au monde des combattants… L’anonymat pouvait être une force, il me fallait d’urgence remédier à ce problème de dévoilage trop facile.
La porte de la taverne s’ouvrant à nouveau, je laissai échapper un sourire surpris quand je vis la personne qui y entra. Jeune, du moins de mon âge à peu près, c’était une très jolie fille qui devait certainement attirer les regards de la gente masculine mais malgré son visage aux traits fins, ses yeux ambrés et ses longs cheveux noirs ébouriffés ramenés en une queue de cheval, ce n’était pas vraiment son physique qui m’attirait. Heu oui, ne vous méprenez pas, si je n’apprécie pas spécialement les hommes en dehors de ceux de la citadelle car je les trouve trop rustres, je reste tout de même plus attiré par ce genre là que par l’autre. On peut se demander pourquoi quand on voit la supériorité flagrante dont font preuve les femmes, mais bon… C’était comme ça.
Oui, donc j’en étais à vous décrire cette jeune fille… Habillée étrangement, d’un ensemble de cuir plutôt élimé, on pouvait voir pour ceux qui y faisait attention un tatouage félin sur sa cheville. Maigre quoique musclée finement pour son âge, elle se mouvait avec fluidité qui, même si sa démarche n’égalait pas celle d’un marchombre, portait à croire qu’elle avait des liens avec ces derniers. Apprentie ? Certainement… Une proie facile pour les mercenaires du chaos ou autre supers-méchants de ce genre, mais redoutables pour les hommes qui la sous-estimeraient à cause de son sexe et de son physique. J’avais toujours apprécié les marchombres que je jugeais intéressants et très intelligents et je portais une estime encore plus grande envers les femmes marchombres qui, à mes yeux, étaient des exemples de volonté. Si à la citadelle il était normal de devenir un bretteur exceptionnel que l’on soit fille ou garçon, je savais que les traditions sexistes dans les autres villes étaient plus dures à dépasser. Quand je voyais des cas comme cette personne, je ne pouvais m’empêcher de lui attribuer une estime assez élevée bien que je ne savais rien d’elle…

« Qui sait, peut-être qu’elle va me voir ? »

Pourquoi viendrait-elle me voir, en même temps. Soupirais-je à moi-même en m’adossant contre le mur.

Néanmoins, me rappelant de ce que m’avait dit le marchombre un peu plus tôt, j’abandonnai les mouvements de maladresse feinte et retrouvai mes gestes vifs et précis que tout bon frontalier se doit d’utiliser. Mettant en avant mon aura de guerrière, je savais que si quelqu’un la repèrerait ici, ce serait bien elle… Après tout, seuls les guerriers se reconnaissent entre eux, non… ?






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02.10.11 21:40
Par la fenêtre ouverte, j'entends la ville qui m'appelle.
Le bruissement de la vie nocturne qui s'active, pour la première fois sans moi.
Le bruissement d'un monde qui ne m'appartient plus et qui pourtant est toujours là.

Cette chambre trop luxueuse m'étouffe. Je l'ai choisie parmi les autres car elle est bleue, mais cet argent qui la parcoure gâche la beauté de cette couleur de nuit. Je n'arrive pas à me sentir dans mon élément ici et n'arrive donc pas à dormir.
Aurais-je mieux dormi dans un taudis humide ou étouffant ? Peut-être … c'avait été mon pain quotidien, et j'avais du mal à m'en défaire.

N'en pouvant plus de contempler le plafond, je me lève et vais me poser au balcon de ma chambre. Les bras posés sur la rambarde, je regarde cette ville qui m'a vu vivre déjà dix-huit ans. Déjà … En dix-huit ans je n'ai jamais profité d'une vue pareille sur Al-Jeit. Cette vue est réservée aux privilégiés, dont je n'ai jamais imaginé occuper la place un jour. Et me voilà dans cette immense tour de verre.
Au sommet du monde.

Là où le ciel chante.
Là où les étoiles dansent.
Là où les nuages murmurent.
Au bout des doigts.

J'ai presque envie de dormir sur le balcon … En plus la nuit est douce, donc propice à cela.
Sauf que j'entends la ville qui m'appelle. Son murmure est léger, mais revient à la charge, harassant.
Viens.
Viens à moi.
Viens.

J'avise le toit le plus proche, plusieurs centaines de mètres à mes pieds. J'ai envie de sauter, mais un tel acte ne m'aiderait qu'à me casser les côtes. Je ne suis pas encore assez souple pour une telle folie.
Désescalader ? La paroi est lisse et n'offre aucune prise à mon regard, malgré qu'il perce la nuit. Ce serait une autre façon de se montrer suicidaire.
Et ce chant, lancinant qui me transperce.
Se joue de mes oreilles.
Se glisse sous ma peau.
M'attire inlassablement.

Il me veut et je le veux.
Alors je fais demi-tour et me renfonce dans ma chambre, ouvrant un placard pour y chercher de quoi aider ma désescalade.
Là, au milieu de piles de draps et de vêtements, se trouve quelques armes et une corde. Qu'est-ce que tout cela fait là ? Aucune idée, mais l'essentiel est qu'il y soit.
Ma main s'empare de la corde, l'autre se saisissant de mon sabre et son fourreau pour l'attacher lestement à ma ceinture.

C'est parti.

Je noue un bout de la corde à la rambarde, test la solidité du nœud et m'élance.
Un saut en arrière, dans le vide.
Je le sens qui me happe, alors que la gravité enchaine mon corps pour le tirer vers le bas.
Mais la corde est là, avec mes mains bien serrées autour.
Lentement, je glisse le long de cette corde et fini enfin par poser les pieds sur le toit.
A moi la nuit.

*******

Où allais-je donc aller ? J'étais dans les beaux quartiers d'Al-Jeit, là où les tours créées par de grands dessinateurs rivalisent pour conquérir le ciel. Là où les passerelles ressemblent à des jeux pour singes, suspendues à des hauteurs folles. Là où les gens ont confiance.
Là où ma race n'a pas sa place.
Là où je n'ai jamais mis les pieds.

Il y a tant à découvrir. Tant à explorer. J'habite ici depuis ma naissance, et ne connait que les bas quartiers et les plaques tournantes du vol.
Il ne reste plus qu'à s'élancer, sans crainte de croiser un des membres de mon ancienne bande.

*******

Le bruit de la vie. Des voix qui discutent. Des cris qui déchirent la nuit. Ou simplement des corps qui se glissent dans la ville.
C'était le murmure que j'avais rejoint et qui habitait mes pas, me soufflant les lieux où aller. Un coup c'était les passerelles d'Al-Jeit, si belles dans leur finesse, si fortes dans leur structure, si fragiles dans leur aspect. J'avais eu l'impression d'y trouver un vrai refuge, où nulle crapule ou trouillard n'évoluait, et où seuls les guerriers assurés osaient s'aventurer. Un gratin merveilleux pour les yeux de l'apprentie que j'étais.
S'ouvrir à ce qui m'entoure pour avancer.
Je n'avais aucune intention de fricoter avec qui que ce soit, mais observer les passants était source de savoir. Leurs pas, leurs regards, leur allure, leurs gestes. Tout en eux clamaient leur être.
Guerrier nerveux. Noble assuré. Ou simple personne, qui comme moi était juste assez confiant pour se trouver là. Il y avait aussi des couples, des duos se lançant des regards timides mais sans équivoque, des groupes d'amis, des solitaires effacés.
Il n'y avait personne qui tentait de se cacher à la face du monde, comme moi il y a à peine trois jours, quand j'essayais de me cacher pour mieux voler ou tuer.
J'avais l'impression d'avoir changé, simplement de par le fait que j'étais là, au milieu de la caste des grands.

******

"Bonjour jeune apprentie."

Je me tourne et fixe cet inconnu qui me regarde, un sourire malin sur les lèvres.
Je plisse mes yeux et le regarde avec méfiance.
Apprentie.
Marie m'a appelée comme ça, en référence à mon statut d'élève sous ses ordres. Seule elle sait ce qui nous lie, alors comment est-ce que cet homme peut-il savoir ?

"Comment va Marie ?"

Je recule d'un pas, les sens de plus en plus en alerte. Qu'il connaisse mon maitre ne signifie pas forcément qu'il est pacifiste. Juste qu'il sait espionner les faits et gestes.
Il lève un main devant lui, symbole sans équivoque d'apaisement, ce qu'il accentue par ses mots.

"Paix. Ma Voie a croisé la votre cet après-midi, et je n'ai pu qu'être intriguée de voir Marie avec une élève alors qu'aux dernières nouvelles elle n'en avait pas. Je comprends à ton agilité … féline, elle ait pu voir du potentiel en toi. Mais sauras tu capable d'appréhender notre Voie, notre liberté ? Sauras-tu t'ouvrir au monde qui nous entoure ?"


"Qu'est c'que ça peux te faire ? C'est à elle de décider, pas à toi. Pis de toute façon, c'pas tes oignons ma vie et celle de Marie."

Son rire suit ma remarque, tranchant nettement avec l'agressivité de ma voix.

"Une apprentie avec du caractère, mais aucun respect pour les autres. Il va falloir apprendre à vivre en société petit chat sauvage."


Un nouveau sourire, affectueux cette fois-ci, puis un clin d'œil qui accompagne de nouvelles paroles.

"J'espère que nous nous retrouverons bientôt. Puisses tu longtemps arpenter la Voie."


Le vent bruisse.
La ville s'apaise le temps d'une seconde.
L'homme disparait.

Le vent s'arrête.
La ville se réveille.
Je reste plantée là, abasourdie.

Ses mots sont un refrain qui se répète dans ma tête, me rappelant que ma méfiance et mon agressivité sont de mauvaises choses qui auraient pu me valoir de rater Marie.
Il a raison, je vais devoir faire un effort pour apprendre à socialiser. J'ai demandé à Marie comment lui ressembler, et je ne doute pas que quitter mon attitude de chat sauvage fait partie de ces défauts à gommer.

Maintenant que faire ? Ce Marchombre, car nul doute qu'il en est un, a cassé mon entrain de visite …
Je reste donc là, immobile, réfléchissant sur la marche à suivre, jusqu'à ce que le murmure s'empare de nouveau de mon cœur et le guide vers la rue.
Vers une auberge.

*******

J'ouvre la porte avec douceur et me retrouve devant une salle pleine de gens discutant calmement. Cet endroit est similaire à celui où j'ai déjeuné avec Marie. Il y a des serveurs à l'air sympathique, un sol propre, des murs chauds, un feu qui crépite. Il n'y a rien des tavernes miteuses où j'ai déjà pu boire un verre. Pas de crasses, pas de bagarres, pas de hurlements, pas de jeu d'argent déplacés, pas de serveuses mal fagotées.
Il y a juste ces regards qui se tournent vers moi, regardent mon visage, glisse le long de mon corps fin.
Repartent vers leurs compagnons ? Etonnant … les hommes ici semblent moins désespérer d'attirer une fille dans leur lit que dans les repères des bas-fonds d'Al-Jeit. Et moi qui croyait que cette race était universelle …

Qu'est-ce que je fais là déjà ? Pourquoi ai-je donc poussé cette porte ? Je me sens une fois de plus hors de mon élément, perdue. Il faut que je trouve un point de repère.
Le feu.
Comme tout à l'heure, avec Marie. Au moins, là-bas je pourrais me remémorer ce fabuleux déjeuner.
Je m'en approche donc et m'accroupi à ses côtés, plongeant mes yeux dans les flammes qui dansent. Je les imagine se reflétant dans mes prunelles, feu follet plein d'énergie.
Un léger sourire empreint mes lèvres à cette pensée.
J'aime tous les éléments, et celui là pour cette force que je lui ai toujours enviée.

Je me relève et décide enfin de me trouver une table.
Sauf qu'elles sont toutes occupées …
Toutes … mais une à la droite de la cheminée n'abrite qu'une jeune femme seule. Peut-être attend elle quelqu'un … je n'ai vraiment pas envie de m'assoir avec elle. Je n'ai pas envie de me retrouver à devoir me forcer à papoter avec quelqu'un qui aura sans doute une façon de s'exprimer digne de l'auberge et du quartier. Alors que moi … moi je parle comme un charretier.
Le malaise s'empare de mes yeux hésitants, puis je me décide.

"Sauras-tu t'ouvrir au monde qui nous entoure ? Il va falloir apprendre à vivre en société petit chat sauvage."

Les mots de ce Marchombre revinrent à mon esprit.
Courage, elle n'allait pas m'agresser dans un endroit pareil.

"B'jour. T'attends quelqu'un où est-c'que j'peux m'assoir là ?"


Mes yeux expriment la crainte de me voir refuser cette place aux côtés du feu. La crainte qu'un être humain voit mon statut de pauvre voleuse et me méprise comme j'ai toujours été méprisée.
Si seulement quelqu'un d'autre que Marie et cet homme pouvaient voir en moi une graine de Marchombre.
Un être empli de potentiel.

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03.10.11 19:23


Une première...
... approche féline.



Rencontre nocturne [Val Kyria + qui le veut...] 240695Sanssdqsdtitre


Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.



Mon sourire s’élargissant quand je vis qu’elle ne m’avait pas vu, preuve que seuls les marchombres confirmés savaient percevoir l’invisible du monde guerrier, elle se dirigea vers le feu comme une mouche captivée par la lumière. Les gens la suivant du regard tant sa présence déclenchait méfiance et interrogations, je ne voyais en elle qu’une jeune fille dont le potentiel n’avait pas encore été développé. Féline, elle dissimulait mal une maladresse due à un manque d’expérience mais je ne doutais pas une seule seconde que sous la houlette d’un maitre, elle deviendrait une arme acérée… Enfin, peut-être pas autant que les frontaliers. Nous avions notre fierté, tout de même…
S’accroupissant devant l’âtre, je pouvais voir l’éclat de ses prunelles dorées étinceler dans la lumière des flammes et je changeai mon point de vue. Ce n’était pas un simple insecte attiré par la lueur, non, c’était un chat qui aimait tout simplement ronronner sous la chaleur… Je ne serais d’ailleurs pas étonnée de voir son échine s’arrondir pour finir par se transformer en un dos élastique qu’est celui des chats. Plus tard j’aurais peut-être dit une tigresse, ou une lionne… Mais même s la différence d’âge n’était pas si exceptionnelle que cela, je sentais en elle une jeunesse trop vite passée. Ses vêtements sales portés d’ailleurs à croire qu’elle était une enfant des rues et que ses passe-temps devaient se limiter au vol et à la survie.

Qui suis-je pour juger… Soupirais-je d’un ton las.

J’sais pas mais moi je veux bien te découvrir, si tu veux !

Posant la main sur la poignée de l’un de mes sabres, l’abruti qui avait osé troubler mon moment de réflexion intérieur vida son verre d’un trait et quitta ses amis pour aller voir un peu plus loin si j’y étais. Les sous-hommes pouvaient être parfois si décevants…
Reportant mon attention sur la jeune fille, je la vis se relever et balayer la salle du regard à la recherche d’une table libre. Si cette auberge était correctement fréquentée, je lui déconseillai néanmoins de chercher la paix au milieu de tous ces hommes qui représentaient quatre-vingt seize pourcent de la clientèle… Sachant que les quatre pourcents restant étaient constitués de la future marchombre et de moi-même. Oui, l’homme le plus civilisé était capable de toutes les ruses inimaginables sous l’emprise de l’alcool afin d’emmener des fillettes innocentes dans leur lit. Technique de séduction assez rude qui pouvait parfois donner des résultats quand on possédait des gros bras… Et que l’on considérait que le viol n’était pas un délit. Pour ma part, je préférais être seule que mal accompagner, quitte à ce que l’on voie en moi une associable ayant peur de la société.

« J’ose même pas imaginer ce qu’ils pensent de moi, à la citadelle… »

Poussant un soupir, je rejetai ma chaise en arrière, m’appuyant contre le mur et posant mes jambes sur ma table. Alors que j’avais totalement oublié que mon attention avait été accaparé un peu plus tôt par un sujet que je venais d’oublier, un bruit de pas s’approchant de moi me ramena à la réalité et je levai les yeux vers celle qui venait de s’approcher de moi.
Quelle surprise… Il s’agissait bien d’elle, oui, vous avez deviné. Manquant d’assurance malgré l’air nonchalant qu’elle souhait se donner, je ne fis aucune remarque et regardai rapidement dans la salle, constatant qu’effectivement il n’y avait plus que ma table de libre et de correctement fréquentée. A condition que l’on me considère comme quelqu’un de sain, bien sur… Et ce n’était pas forcément gagné d’avance pour certain.
Me demandant si j’attendais quelqu’un et dans le cas contraire si elle pouvait s’asseoir avec moi, je la regardai quelques secondes puis acquiesça en souriant légèrement, poussant du pied la chaise qui était en face de moi et celle qui était la plus proche du feu.

Vas-y, fais comme chez toi…

« Même si je ne suis pas chez moi. »

…J’allais commander, de toute façon.

En écho à mes paroles, un serveur se faufila jusqu’à nous avec difficulté et je notai les tremblements de son bras sous le plateau plein de verres vides. Et bien, les hommes critiquaient beaucoup la force musculaire des femmes mais là, il fallait avouer que cela me faisait bien rire…
Evitant de me moquer de lui puisqu’après tout il n’avait rien fait de mal, je me commandai un plat de viande de siffleur grillé avec un accompagnement de légumes puis laissai ma voisine choisir ce qu’elle voulait. Vu son apparence je doutais fortement qu’elle avait de l’argent mais bon… Je n’allais pas chipoter ou la liquider parce qu’elle ne pouvait pas payer l’addition, après tout.
Demandant une bouteille de vin pour patienter, il repartit en sens inverse et je reposai mon regard sur l’inconnue qui semblait ne pas être dans son élément. Oui, elle était comme un roc grossier qu’il allait falloir tailler minutieusement pour fait jaillir la pierre précieuse qui se cachait dessous… A voir la façon dont elle s’était adressée à moi, le travail n’allait pas se faire uniquement dans les arts de combats, mais aussi dans celui de l’esprit. Elle manquait de finesse malgré son physique de liane. Néanmoins, je ne doutais pas une seconde que quelqu’un puisse relever le défi.

« Bonne chance au futur maitre » Pensais-je néanmoins avec un sourire intérieur.

Nous n’avions pas toutes ces traditions de maitre et élève à la citadelle. On apprenait avec les autres comme tout le monde et seuls les plus doués se démarquaient de la masse… Rares étaient ceux qui atteignaient un grade honorable et plus difficile encore de faire parti de l’élite. Mais je ne doutais pas une seconde qu’avec ma motivation j’y parviendrai un jour… J’avais juste besoin de temps.
Le silence s’étant installé depuis le départ du serveur, je fis un effort de sociabilité malgré mon caractère plutôt solitaire et entamai la discussion d’un ton décontracté afin qu’elle ne se sente pas mal à l’aise bien que nous semblions avoir sensiblement le même âge.

Que fais donc une jeune fille seule dans les quartiers d’al’jet en pleine nuit ? Hasardais-je alors.

« Naze… »

Effectivement, comme technique d’approche j’avais vu mieux… Ce marchombre de tout à l’heure par exemple, il m’avait tout de suite mise à l’aise et la discussion s’était déroulée aussi fluide qu’un filet d’eau sur une plaque de verre. Là, on avait plutôt l’impression que je cherchais à attirer des enfants sous ma cape pour les kidnapper après. Un peu le genre du : ‘’Vous voulez des bonbonnns ?’’ Enfin, j’espérai qu’elle ne l’entendrait pas de cette oreille…

Je me nomme Heiwa Shiroame, des marches de glace.

Voila, au moins je m’étais rattrapée au niveau des présentations. Je ne cherchais pas à lui faire cracher son identité, après tout elle était libre de me dire son nom ou pas mais bon… J’estimais qu’une rencontre se faisait correctement que lorsque les bases étaient posées. Qu’allait-il se passer désormais ? Elle semblait moins bien maitriser les subtilités du langage que certains mais je ne doutais pas qu’au fond elle soit une fille interessante. Après tout, quand on est destiné à devenir marchombre, on ne peut que l’être, non ? Mais si cela se trouvait, je faisais fausse route du début à la fin et elle n’avait aucun lien avec cette guilde et ce que je voyais en elle comme un potentiel était peut-être qu’une simple aura plus particulière que les autres… A voir.







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04.10.11 21:38
Je la vis regarder dans la salle s'il n'y avait pas un moyen que j'aille m'assoir ailleurs. Mon regard se mêla au sien pour faire le tour de l'auberge, ne pouvant que constater une fois de plus que toutes les tables étaient pleines d'hommes un peu alcoolisés qu'il me semblait mal avisé de côtoyer. Je revins donc planter mes yeux dans les siens, attendant sa réponse. Au pire, si elle refusait, je repartirai finir ma visite du riche Al-Jeit. Cela me prouverait une fois de plus que socialiser n'était vraiment pas quelque chose pour moi.
La jeune femme m'offrit un sourire amicale en même temps qu'elle acquiesça pour me signifier que la chaise était libre pour moi. Elle alla même jusqu'à la pousser légèrement de son pied pour m'inciter à m'assoir, ce que je fit sans plus me faire prier.
Le feu n'était pas bien loin de moi, et je sentais sa douce chaleur s'infiltrer dans mon dos, vive et rassurante. Je mourais d'envie de me retourner pour planter de nouveau mes yeux dans ses flammes, mais le fait que je me devais d'au moins remercier la guerrière m'en prévint.

L'irruption d'un serveur à nos côtés stoppa les mots qui ne purent franchir ma bouche ouverte. Je dus au contraire en trouver de nouveau pour répondre à son "Et pour vous mademoiselle?"
Marie m'avait donné quelques pièces cet après-midi à la suite de notre shopping, pour le jour où j'en aurais besoin. Ces petits morceaux de métal que je n'avais cessé de lorgner toute ma vie (pour mieux les voler) m'étaient précieux et cela me serrait le cœur de devoir m'en séparer. Mais après tout, mon Maitre me les avait donné pour que je m'en serve pour mon plaisir. Je pouvais bien profiter un peu de cette nouvelle vie un peu plus fortunée qui s'offrait à moi.
Je me fis donc la joie de passer commande pour la première fois. Il ne me restait plus qu'à trouver que demander … une bière ? Pour sembler rustre comme ces hommes là-bas ? Hors de question. Alors un sirop ? Il devait bien y en avoir dans une auberge comme celle-là. Cela ferait trop enfant immature ayant envie de sucreries. Une bolée de cidre ? Cette chose pleine de bulle ne me tentait pas. Cela semblait trop luxueux pour moi. Il ne restait qu'une chose: du vin. Blanc ? J'avais goutté de la piquette et avait fini avec un mal de crane mémorable, alors non plus. Rouge ? Oui, cela me semblait à la fois raffiné tout en restant sans prétention. Ce fut donc ce que je commandai au serveur qui nous remercia avant de disparaitre en cuisine. La guerrière avait beau avoir commandé une bouteille, je préférai la laisser m'en proposer plus tard plutôt que de lui faire des yeux de chat affamé pour en obtenir.

De nouveau seules et face à face, il ne restait plus à la blonde et à moi qu'à nous parler. Heureusement, ce fut elle qui prit la responsabilité d'entamer la discussion. Sa question me fit tiquer intérieurement. Avais-je donc à ce point là la tête d'une gamine de douze ans ? N'avait-elle donc pas d'yeux pour voir ? Ou ne savait-elle juste pas s'en servir correctement ?!
Pour ne pas irriter cette guerrière, je me retins tout de même d'émettre une remarque déplacée, ce qui aurait été peu diplomate de ma part. Après tout, c'était aussi ma faute si je ne faisais pas mon âge … je n'avais qu'à ordonner mes cheveux un peu mieux, chasser cet éclat sauvage dans mes yeux et gagner en prestance. Ce n'était pas l'assurance qui me manquait, car j'en avais eu assez pour devenir le bras droit de Kaleb. Sauf que ma méfiance et mon apparent retrait empêchait mon aura d'exhaler cette assurance, ainsi que la maturité donc je pouvais faire preuve. Dans un monde aussi cruel, seuls les enfants gâtés sont immatures à mon âge.

C'était à mon tour de la scanner et de parier sur son âge. A mon inverse, elle rayonnait une impression de confiance dangereuse, ce qu'un coup d'œil aux armes qui l'accompagnait me confirma. J'aurais bien aimé la voir debout pour examiner son profil, sauf que sa position assise ne me permettait que de voir le haut d'un habit en cuit similaire à celui que j'avais laissé chez Marie. Il ne restait plus que son visage volontaire, peu marqué par l'âge. Cela ne l'empêchait pas de paraitre mature, ce qui était surement du à ces yeux profonds que relevaient des cheveux d'un bleu étrange.
Elle était assurément plus âgée que moi. Malgré son aura de guerrière aguerrie, je ne lui donnais pas plus de cinq ans de plus que moi. Peut-être réussirais-je à savoir si j'avais vu juste avant la fin du repas. En attendant, je me devais de lui répondre.

"J'm'appelle Val, des bas-fonds d'Al-Jeit."


Un simple énoncé. Rien de comparable aux "Marches de glace" qui me paraissait exotique. C'était simple, reflétait parfaitement ma vie passée, mais je n'en ressentais aucune honte. Quoi que puisse penser cette femme, cela ne changerait pas qui j'avais été et ce que je voulais devenir. Un sage m'avait après tout dit : "Si tu ne sais plus où tu vas, tu sais d'où tu viens." Connaitre son passé, c'était connaitre la fondation de soi et de sa vie.
J'étais moi. Val, des bas-fonds d'Al-Jeit, future Marchombre.

"J'me balade ici comme j'l'ai toujours fait. Et toi ? T'as pas l'air bien plus grande que moi… tu devrais aussi être gentiment dans un lit douillet."


C'était assez maladroit comme formulation et j'espérais qu'elle ne prendrait pas ma phrase comme un sarcasme, ce que mon ton n'était pas censé montrer. J'aurais du essayer de me rattraper … mais pour dire quoi ?

Le serveur posa deux verres sur la table, m'offrant une échappatoire bienvenue. Un des deux était plein d'un liquide bordeaux qui reflètait les flammes dans mon dos. L'autre ne tarda pas à l'être lui aussi, et je me retrouvai à lever mon verre et à sourire à la jeune femme.

"A la tienne."


Je plongeai mes lèvres dans le précieux nectar avec légèreté. Surtout, ne pas se jeter dessus comme les rustauds des bas-fonds. Déguster. Sembler être une dame comme Marie.
Ce fut un pétillement dans ma bouche. Une sensation inoubliable, similaire à ce déjeuner en compagnie de mon Maitre, où j'avais découvert le plaisir de la vraie nourriture. C'était bon … tellement bon que j'en aurais bien bu dix bouteilles si j'avais eu de quoi les payer. Il ne restait plus qu'à savourer ce verre en pensant qu'il est l'équivalent d'un tonneau de vin.
Pour ne pas vider mon verre d'un trait, je me forçai à revenir à Heiwa, puisque c'était son prénom, et à lui parler à nouveau.

"Toi aussi la nuit t'a appelée à ses côtés ?"

Une phrase étrange, mais ce fut tout ce que je put trouver pour compléter mes paroles précédentes. Cette formulation allait à coup sur lui sembler bizarre, et elle me mépriserait surement un peu plus, mais ce n'était pas grave. Cette phrase, elle venait du fond de mon cœur.
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05.10.11 11:35


quand harmonie et mélancolie...
... se rencontrent.



Rencontre nocturne [Val Kyria + qui le veut...] 240695Sanssdqsdtitre


Dans cette grande plaine où l’autan froid se joue,
Où par les longues nuits la girouette s’enroue,
Mon âme mieux qu’au temps du tiède renouveau
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.


Après l’avoir laissé commander des mets qui semblaient lui avoir causé une grande reflexion, je me demandai si c’était par politesse qu’elle avait demandé un simple vin rouge ou pour essayer de paraitre plus civilisée qu’elle ne se pensait. Personnellement, si j’avais pris une bouteille c’est parce que je m’étais trop mise la tête dans la bière ces temps-ci… Mais qui sait, peut-être en aurait-elle pris si je l’avais fait avant qu’elle ne laisse le serveur s’en aller. Sur cette pensée que je jugeais aussi inutile qu’amusante, un mince sourire se dessina sur mon visage, trop discret pour qu’elle ne le voit mais suffisamment pour que je m’étonne moi-même de ma propre bonne humeur.
Regardant l’homme qui venait de prendre notre commande s’en aller non sans avoir jeté un dernier regard curieux à l’étrange clientèle que nous étions, la salle se vidait petit à petit et je voyais deux ou trois tables désormais libres. La question maintenant était de savoir si elle allait se lever pour quitter la mienne afin de se retrouver seule ou si elle jugeait qu’il y avait un intérêt à rester ici… Voyant son apparence plutôt sauvage et qui dégageait une aura de liberté plutôt intéressante, je doutais fort qu’elle se force à rester à mes cotés par simple politesse. Cela n’avait pas vraiment l’air d’être son genre, si vous vouliez mon avis…

« Encore que, la vie nous réserve parfois bien des surprises… »

Quand je reportai mon attention sur la discussion qui venait de s’entamer, je vis qu’elle n’avait pas apprécié mes paroles et je me retins de sourire un peu plus. Premier test de passé, j’attendais de savoir si elle savait faire preuve de self-control. Quand on est une femme, on possède une fierté peut-être moins imposante que celle des hommes quand il s’agissait du combat ou de la responsabilité que l’on avait, mais en ce qui concernait notre identité personnelle, nous étions implacables : personne n’a le droit de nous juger ou de tenter de nous rabaisser avec des phrases aussi fines soient-elles…
Comprenant qu’elle ne tiquait pas plus que cela malgré un regard furtif qui en dit long sur sa façon de penser, elle se contenta de laisser un léger silence avant de se décider à répondre. Se nommant Val, à moins que ça ne soit un surnom je n’en savais rien, elle se qualifia comme étant une personne des bas-fonds d’al’jet et la possibilité qu’elle ait un lien avec les marchombres s’approfondit un peu plus. Tout le monde savait que leur base était placée dans les souterrains et bien que personne n’en connaisse parfaitement les chemins, il existait hormis eux une petite poignée de gens qui savaient se repérer sans problème. Représentants de groupes de malfrats organisés ou bien simple organisation de l’ombre, il était très probable que les maitres de l’harmonie et eux-mêmes se soient rencontrés au moins une fois dans leur vie…

« Déjà qu’apparemment on peut les rencontrer dans des auberges… »

Le cours de mes pensées interrompue par le serveur qui posa deux verres à notre table remplis d’un bordeaux à la belle robe sombre. Attrapant le miens quand elle leva son verre avant de le descendre lentement, je pris le temps d’observer le récipient, chef d’œuvre de verrerie (hm je ne sais pas si ça se dit comme ça, mais bon…) je compris que ce n’était pas à al’far ou même à al’vor que l’on verrait autant de luxe à un prix aussi abordable. Prenant enfin une gorgée dans cette bulle transparente à la courbe épurée, je reposai mon verre quelques secondes après qu’elle ait posé le siens, écoutant ses paroles. Me demandant si c’était la nuit qui m’avait appelé à ses cotés, je ne pus m’empêcher de sourire légèrement. Je serai capable de mettre ma main droite à couper qu’elle avait bel et bien un lien avec les marchombres… Tout le monde ne parlait pas comme cela et sa phrase sonnait étrangement dans sa bouche quand on l’avait entendu parler juste avant d’une façon plus directe, peut-être moins travaillée.
Prenant le temps de la fixer quelques secondes, je me décidai enfin à répondre d’un ton presque badin comme si ce genre de conversation pouvait tomber n’importe quand à n’importe qui. Bien sur, je la savais assez fine pour percevoir l’illusion de la tonalité de ma voix.

Pourquoi la nuit m’appellerait-elle ? Quand je sors sous les étoiles, j’ai plutôt tendance à croire que c’est moi qui la réveille…

« Houla, calme toi avec ta poésie, ma grande… »

Réponse du même type que sa question. Des mots que l’on ne pouvait pas comprendre sans avoir un minimum d’ouverture d’esprit… Des mots que des simples gens ne percevraient comme affabulations. Mais je savais qu’elle comprendrait ce que je cherchais à dire… Mais qu’est-ce que c’était au juste ? Je n’étais pas sur moi-même de comprendre le sens de mes propres mots, mais je savais qu’ils avaient coulé de source. Pour moi, il ne pouvait pas y avoir d’autre réponse possible et si elle était sortie sans que je réfléchisse de mon âme, c’est que son sens était tout aussi certain que son mystère.
La sensation d’avoir trouvé une nouvelle parcelle de la voie qui s’étendait à mes pieds, mon souffle ralentit légèrement tandis que les battements de mon cœur devenaient plus sereins. Finalement, on pouvait être capable de trouver la paix intérieure à n’importe quel moment… Difficile pour le commun des mortels, si simples pour ces marchombres. Une part de moi regrettait de ne pas être née autre part que dans les traditions strictes et implacables de mon peuple mais on ne pouvait pas choisir sa condition de naissance. En revanche, je pouvais très bien décider de ce que ma vie deviendrait par la suite… Mais nous en parlerons une prochaine fois.

…Enfin ce que je dis n’a peut-être aucun sens pour toi, et je comprends. Terminais-je dans un soupir las. Sinon, je n’ai que dix-huit ans, peut-être dix-neuf. Il me semble que tu n’es pas très loin de moi, en ce qui concerne l’âge. Mais peut-être est-ce ma taille qui est trompeuse…

« Encore qu’assise, c’est plutôt dur de voir combien je mesure… »

Comprenant que je venais de me taire sans poursuivre une discussion qui menait droit vers le silence, j’hésitai à laisser le temps agir tellement la paix et le calme pouvaient me procurer sentiment de bienfaisance. Délaissant néanmoins ce petit plaisir que je reporterai au lendemain, je vis ses traits altiers tirés et me dis que malgré sa jeunesse, elle avait connu sans doute beaucoup de peines et de douleurs. Amour ? Haine ? Incompréhension ? Ou fatalité… ? Beaucoup de possibilités pouvaient se lire sur son visage et je me demandais si une vie d’aventure n’était pas facteur de cruauté plutôt que de joie. Moi qui possédais un caractère trop détaché pour m’attacher aux gens, je n’avais jamais considéré une personne comme un véritable ami et avait encore moins ressenti cet étrange sentiment qui rend les femmes encore plus belle et qui fait des hommes des personnes parfois extraordinaires… Ou bien violente. Ce sentiment était la clef ultime qu’il me fallait pour pouvoir continuer d’avancer mais je ne l’avais pas encore trouvé… Et quand je voyais cette fille devant moi, une femme devrais-je plutôt dire, je me demandais si cela en valait vraiment la peine. Mais bon, je n’allais pas la questionner sur ce genre de choses, ce n’était pas très correct et il existe des situations qu’il faut vivre pour pouvoir comprendre. De simples mots n’auraient pas suffit.

« Triste réalité… »

Lâchant un léger soupir sans me rendre compte qu’elle pourrait mal l’interpréter, je me remis à la regarder afin de trouver autre chose à dire tandis que le serveur revenait pour poser devant nous un plat fumant de nourriture qui étrangement ne me donnait plus autant envie qu’avant.

Tu es quelqu’un d’assez étrange…non, ne le prends pas mal. Dans ma bouche c’est plutôt un compliment, mais libre à toi de l’entendre comme tu veux. Aurais-tu un lien avec les marchombres ? Tu dégages une harmonie assez reconnaissable bien que l’odeur du sang semble être attachée à tes pas.

Evidemment ce n’était qu’une façon de dire, elle ne sentait pas l’hémoglobine à plein nez et je la savais assez fine pour comprendre ce que je voulais dire.
Pourtant si différentes l’une de l’autre, pour une fois je ne ressentais pas d’inintérêt ni d’antipathie. Bien sur, cela pouvait être le contraire chez elle mais pour une fois j’étais assez contente de me retrouver dans une situation que je jugeais intéressante… Restait à savoir si elle le resterait.





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05.10.11 22:28
J'observai Heiwa alors qu'elle murissait sa réponse. Ou tentait de comprendre ce que ma phrase signifiait, au choix. Je voulais savoir si en dehors des bas-fonds quelqu'un serait capable de saisir ce que je voulais dire, sans m'avoir auparavant regardée comme une folle perdue dans son monde. Oui, c'était vrai que parfois, il m'arrivait de me sentir sur une autre planète que les gens qui me côtoyaient. Les rares fois où j'avais essayé de partager mes sentiments avec quelqu'un, lui dire que le vent était un compagnon de tous les jours qui fredonnait à mes oreilles en permanence ; lui dire que la ville vivait et qu'en elle, je vivais aussi ; lui dire que cette vie m'oppressait et que je rêvais d'un ailleurs aux couleurs du ciel ; lui parler harmonie, musique, nature ; lui parler d'autre chose que de notre misère exiguë … tant de fois où ce quelqu'un m'avait regardé de travers, avait tenté de me ramener à la dure réalité, s'enfonçant dans son petit monde à lui alors que j'essayais d'en sortir. Personne ne comprenait que je voulais aller plus loin que toute la bande réunie. Personne.
Hormis Kaleb.

Hormis Heiwa désormais.
Son ton était parfaitement normal, comme si je lui avais dit que j'avais croisé un chat en entrant dans l'auberge. Elle était étonnante. Avais-je trouvé une "sœur" capable de parler la même langue que moi ? Ce serait trop beau pour être vrai. Mon cœur était déjà empli de joie d'avoir pu rencontrer un Maitre plein de promesses, et je n'aurais jamais cru rencontrer dans la foulée quelqu'un d'un peu comme moi. Dans trois ans, je reviendrai à Al-Jeit et je remercierai Kaleb pour m'avoir offert la liberté. D'ici là, je me devais de continuer sur ma lancée. La chance me souriait, il ne me restait plus qu'à faire un effort sur moi pour perdre un peu de ma sauvagerie naturelle.

La réponse d'Heiwa me fit hausser un sourcil d'étonnement, avant de me faire sombrer dans une nouvelle réflexion. Réveiller la nuit. J'aimais cette idée, pourtant ce n'était pas ce que je ressentais. Quand j'étais sortie au dehors de ma chambre, elle m'avait directement happée dans son chant, preuve qu'elle ne dormait pas. Après tout, elle se devait de veiller pour garder un œil sur les vivants pendant que le jour se reposait.

Par la suite, la jeune femme tenta de se rattraper, me rappelant un brin de moi-même. Cette façon de s'excuser, ce soupir d'incompréhension. Se sentait-elle aussi seule dans sa bulle ? N'avait-elle pas deviné à ma dernière phrase que je pourrais comprendre sa pensée ? Surement que si, et cette remarque et cette mimique n'étaient que de vieux réflexes pour tromper l'ennemi. Si elle n'avait pas deviné quelque chose comme ça, alors elle n'aurait pas été capable de lire la question qui avait taraudé mon esprit concernant son âge.
Dix-huit ans. J'avais visé loin, très loin. Et dire que j'avais parié sur vingt-cinq ans ! Heureusement que je n'avais pas ce peu de précision quand je lançais mes poignards ! Dans ce cas là je serais morte depuis longtemps … mais une erreur sur l'âge n'a jamais tué personne, ce qui compté étant de bien mesurer ses capacités.

Je ne savais qu'ajouter à sa phrase, et le silence s'installa entre nous, comblé par le crépitement des flammes. Je pivotai sur ma chaise pour contempler ce feu et y chercher une étincelle d'inspiration. Qui ne vint pas. Pourtant il devait bien y avoir quelque chose… cette fille était similaire à ma personne et je me devais d'essayer de partager avec elle, ce que je n'avais jamais pu faire avec quiconque.
Le serveur vint heureusement troubler notre petit duo une nouvelle fois, apportant devant Heiwa une assiette fumante. L'odeur qui vint à mes narines réveilla mon estomac qui était pourtant encore en train de digérer mon diner. Il ne gargouilla pas, mais je le sentis s'agiter en moi, tout comme mes papilles qui mourraient d'envie de découvrir le gout de ce plat. Mes yeux cependant ne dirent rien, cachant au monde ces instincts primitifs qui m'agitaient, alors même que j'étais repue.
Je la regardai manger tout en sirotant de nouveau un peu de mon vin. Cette occupation rendait le silence moins malaisé qu'avant, l'atmosphère en devant presque sereine et reposante. C'était bien …

Puis Heiwa reprit la parole, exprimant un avis sur ma personne intriguant. Jusqu'à maintenant, je n'avais eu que des déclarations de mépris ou de peur, jamais d'avis neutre, non inspiré par une stupide hiérarchie hypocrite de bande.
Marchombre.
Une journée.
Trois personnes connaissant une guilde dont j'avais très rarement entendu parler.
Une journée.
Deux personnes m'ayant parlé d'harmonie.
Je ne cessais de découvrir à quel point j'avais manqué d'ouverture jusqu'alors. J'aurais du ouvrir mes oreilles aux bruits de la rue plus que je ne l'avais fait. Tout avait été guidé par la survie chez moi, et savoir qu'un Marchombre était harmonie n'avait pas été le genre de chose que j'avais cherché à entendre et emmagasiner.
Et puis cette odeur de sang. Vraiment ? Mon passé était-il inscrit à ce point là dans mes yeux, dans mes gestes ? Ce rien de meurtrière me suivait malgré que j'ai lâché le banditisme.

Je posai mes yeux dans les siens, pesant ma réponse avec soin. Si j'étais malchanceuse, elle serait membre de la garde d'Al-Jeit, malgré son jeune âge. Ce qui signifiait que je finirai en prison pour avoir avoué mes crimes. La chance s'était montrée aimable avec moi aujourd'hui, mais je ne voulais pas trop la tester. Il me fallait donc une issue de secours. Une nouvelle façon détournée de m'exprimer.

"Qu'est c'qui t'fait dire que j'aurais un lien avec les Marchombres?"

Un instant de pause, voir si elle hésite, a des remords. Avant de la rassurer en répondant vraiment.


"Marchombre. Harmonie. Ces deux mots, une jeune femme m'les a offert aujourd'hui… Hier, j't'aurais répondu non, mais là, j'peux que te dire oui. J'suis pas Marchombre, ou alors j'le suis peut-être déjà au fond de moi. 'Fin bref, l'important c'est que dans trois ans, j'le serais !"


Eclat de pure volonté dans mes yeux dorés.
Oui je serais Marchombre, car ce mot porte en lui une Voie dans lequel j'ai entraperçu l'avenir pour moi.
Reste la deuxième partie de la question …

"Je sens le sang ? Pas plus que toi."

J'éclate malgré moi de rire, essayant d'appuyer ma prochaine phrase. Car en effet

"Si j'sentais pas le sang, alors j'srais pas humaine. Perso, j'connais personne qui a autre chose que du sang dans ses veines …"

Un nouveau silence, où la gravité reprend le dessus sur mon visage. Ce sang que j'ai vu ou fait couler tant de fois … tant d'images couleur vermeil que j'ai toujours vu défiler comme une partie de ma vie. Sans jamais me poser de questions. Maintenant que j'ai tourné la page, est-ce que je dois aussi tourner la page sur les meurtres ?

"En tout cas pas dans tous ceux qu'j'ai envoyé là-haut … ou plutôt là-bas."


Je plante mes yeux dans ses prunelles bleutées, la mettant au défi de me reprocher ces actes. Qu'elle ose juger des actes dont elle ne connait pas la motivation ! Qu'elle ose juger une vie de misère qu'elle n'a surement jamais connue ! Qu'elle ose seulement et je trouverais une réplique cinglante.

"J'suppose que c'est d'cette odeur que tu parle … d'cette même odeur qui hante nos armes. Les tiennes comme les miennes. T'en fais pas, la mort n'est pas attachée à mes pas et tu ne risques pas de perdre la vie en me côtoyant un instant."

"T'as déjà tué ? Déjà gouté le sang sur ta lame ? Déjà vu un corps sans vie s'écrouler à tes pieds ? J'ai jamais pleuré d'vant ces images, parcequ'elle font partie de la vie. La nature, c'est un cycle où j'ai fait que renvoyer des méchants pour qu'ils reviennent sous une meilleure forme. Tu pense que ceux qui sont tués, que tu as tués, méritaient de perdre la vie ?"






[HRP : désolée c'est pas top >< J'essairai de me rattraper sur le prochain Rp ...]
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06.10.11 18:01


Une direction...
... qui prend une profondeur interessante...



Rencontre nocturne [Val Kyria + qui le veut...] 240695Sanssdqsdtitre


A l'heure où les chastes étoiles
Ferment leurs yeux appesantis,
L'araignée y fera ses toiles,
Et la vipère ses petits.



Voyant son visage se figer le temps d’une fraction de seconde, j’eus la confirmation que son lien avec la guilde de l’harmonie était bien réel mais je m’abstins de le faire remarquer, comprenant que si elle souhait en parler, elle le ferait d’elle-même. Certains secrets sont faits pour le rester et même si on en découvre une partie il est de notre devoir, à nous, êtres humains que nous sommes, de respecter la décision de son propriétaire…
Détournant une réponse affirmative, elle répliqua par une question qui confirmait à moitié la réponse sans pour autant le faire vraiment. Ne réagissant pas car je comprenais qu’elle n’avait pas fini, son regard acéré analysa quelques instants mon visage mais voyant sans doute aucune marque de surprise sur celui-ci, elle reprit la parole. Comprenant qu’elle venait tout juste de trouver un maitre, j’esquissai un fin sourire à l’idée que cela ne pouvait pas être le hasard que je la rencontre à ce moment là… Les éléments de notre altercation sonnaient trop de la même voix pour que l’on n’y fasse pas attention… Savant déjà qu’une formation durait trois ans grâce aux renseignements que j’avais eu durant mes deux années de découvertes solitaires, j’en déduisis qu’elle allait certainement subit de très nombreux changements auprès de cette confrérie. Evidemment, j’ignorais l’identité de son maitre et m’aurait-elle dit son nom que je n’aurais sans doute pas reconnu la personne… J’avais du rencontré peut-être cinq ou six marchombres dans ma vie et aucun d’entre eux ne m’avait laissé leur nom… Hormis Presea bien sur, mais je ne savais plus ce qu’elle était devenue.

« Morte ? Tuée par un mercenaire ? En mission ? » Me demandais-je ultérieurement avant de reporter mon regard sur mon interlocutrice.

Répliquant à ma remarque sur son aura qu’elle ne dégageait pas plus le meurtre que moi, mon sourire s’agrandit et cette fois-ci, je ne cherchai pas à le rendre discret. Son rire résonnant dans la pièce, je mêlai le miens au siens et plusieurs regards étonnées se tournèrent quelques instants vers nous avant de nous quitter des yeux. Oui, il était vrai que j’avais beaucoup tué dans ma vie… Mais en tant que frontalière, cette notion de vie ou de mort n’était qu’une formalité. Nous étions des armes humaines, notre enfance baignait dans le sang, l’ordre et l’acier. Difficile d’expliquer l’espèce de détachement que nous ressentions lorsque l’on se battait contre quelqu’un… Seul le chant de nos lames arrivait encore à nous faire frémir. Peut-être était-ce pour cela que bon nombre de personnes nous reprochaient notre discrétion et notre incapacité à nous attacher aux gens… Mais étant en quelque sorte un électron libre, je savais que j’arriverai à dépasser ses limites qui nous berçaient depuis que nous avions ouvert les yeux sur ce monde…

Si je ne sentais pas le sang…

Ce moment de mélancolie vite passé par ses paroles qui venaient de me tirer de ma torpeur, invisible de l’extérieur, je continuai de la fixer tandis qu’elle essayait de mêler la science à la figure de style que j’avais employé, mais nous savions toutes deux que ce n’était qu’un détail… Que la vérité était tout autre et qu’il était inutile que je m’attarde sur ces mots-là car je sentais dans chacune de ses paroles une voix de liberté qui ne cherchait pas à nier ses actes, mais à les assumer. Une bonne chose, en somme…
Sentant son regard se durcir, elle me fixait comme si elle attendait que je réagisse mal mais je me contentai d’hausser légèrement un sourcil, comme pour lui demander pourquoi elle allait penser des choses pareilles. S’il existait quelqu’un qui ne se risquait pas à porter un jugement arbitraire sur les gens, il s’agissait bien de moi ! Evidemment, en contrepartie je n’autorisais personne à le faire sur ma vie…
Comme pour me rassurer, elle m’apprit qu’elle ne mettait pas les gens en danger par sa simple présence et je ne relevai pas la remarque qui, intérieurement, m’avait une nouvelle fois fait sourire. La mort… Qu’est-ce que c’était au juste. Un sommeil sans fin ? La fin de toute chose ? Ou bien le début d’un nouveau voyage… Ceux qui l’avaient connu n’étaient plus là pour le dire et ceux qui ne la connaissaient pas se garder bien d’émettre des hypothèses qu’ils jugeaient forcément justes.

« ‘’Garde toi de l’ombre, Heiwa.’’ Vous me manquez…mère. »

Me demandant ensuite si j’avais déjà tué, si je connaissais la saveur du sang et si j’avais déjà vu des gens s’éteindre sous mes yeux, ces questions là étaient presque rhétoriques puisqu’elle se doutait forcément de la réponse et je la laissai poursuivre sans l’interrompre. Jugeant ses meurtres comme une extinction de ce qu’elle appelait le mal, sa contradiction au moment où elle me demandait si je pensais que mes victimes méritaient la mort sonna comme une certaine incompréhension due à la jeunesse que moi-même je ne pouvais expliquer. Comprenant qu’elle croyait à la réincarnation, je ne savais pas vraiment si m’aventurer sur ce sujet était une bonne chose puisque je ne possédais pas les réponses en main…
Quand sa voix s’éteint, je pris ma fourchette et piochai un morceau de viande avant de le placer dans ma bouche. Mâchant lentement, j’en savais désormais assez sur elle pour comprendre qu’elle ne prendrait pas ce temps comme de l’impolitesse mais qu’elle verrait là ce que je savais être une intense réflexion.

Le sang, la mort… Commençais-je enfin en reposant mon couvert. Tout cela n’est que des mots que nous ne pouvons pas comprendre. Pour ma part, je ne considère pas que je tue, mais plutôt que je mets fin à quelque chose pour ouvrir une nouvelle voie. Si je l’ai déjà fait ? Si j’ai déjà vu un corps s’abattre devant moi ? Oui… Chez moi il est plutôt difficile de rater ce genre d’événements et il est même dans nos traditions de régler nos différents par l’acier.

« On a beau être fins, on reste des brutes apparemment… »

La mort est un quotidien de vie, elle marche sur mes pas comme elle marche sur les tiens. Mettre fin à la vie de quelqu’un n’est que faire avancer cette ombre plus rapidement… Est-ce un péché, au fond ? Je n’irai pas jusqu’à dire que ceux qui ont connu le repos éternel sous ma lame le méritait, mais je ne dirai pas non plus qu’ils méritaient de vivre. Bien souvent, c’est la dure loi de sa vie contre la leur… Et comme personne ne peut juger la valeur d’une vie, alors nous sommes obligés de le faire pour nous-mêmes.

Cela pouvait être un peu confus, je ne savais pas si elle comprenait ce que je voulais dire. Peut-être me voyait-elle comme quelqu’un d’inhumain, qui n’avait pas de considération pour l’existence des autres et qui ne comprenait rien à rien en ce qui concernait l’honneur… Mais il était difficile d’expliquer la différence qu’il existait entre les gens, et les frontaliers comme il était inutile de faire comprendre à quelqu’un celle qu’il y avait entre un marchombre ou un citoyen normal. Et ne parlons pas des mercenaires qui sont carrément dérangés et dépourvus de logique…
Retenant un soupir, fichu tic qui ne m’a pas quitté, je revins à notre conversation et ramenai nonchalamment mes cheveux en arrière. La nuit était bien avancée, nous n’allons pas tarder à être seules. Dormait-elle ici ? Je n’avais même pas pensé à réserver une chambre, maintenant que j’y pensais… Tant pis. Je pouvais toujours le faire après, non ?

J’ai un peu de mal à m’exprimer en ce qui concerne ce genre de choses…

« choses… ? »

… Mais je ne doute pas que tu y tires les éléments qui satisferont tes questions. Du moins, je l’espère… Dis-moi, Val, quels sont tes projets pour le futur ? Je sais que cette question peut paraitre un peu personnelle mais c’est vraiment une question que je me pose, quand je te regarde.

Oui, normalement on ne demandait pas ce genre de choses dès la première conversation mais n’aviez-vous pas envie de connaitre ses motivations ? Moi oui, en tout cas… Quelque chose me soufflait que sa réponse allait être tout sauf banale et je me réjouissais d’avance d’avoir rencontré quelqu’un d’aussi intelligent. Sans vouloir me surestimer, il était rare de rencontrer des personnes qui arrivaient à tenir une conversation sans virer vers l’horrible voie qu’était la médiocrité…






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09.10.11 21:29
Les marches du nord ... à mesure qu'elle parlait, je l'observais sous un nouveau jour. "Chez moi" … une guerrière des marches du nord … une frontalière alors ? Pourquoi n'avais-je pas fait le parallèle plus tôt ? Ca m'aurait évité de poser une question idiote. Evidemment qu'elle avait déjà tué … ces hommes et femmes venant de la Citadelle sont connus pour être des armes eux-mêmes, des combattants apprenant à se servir d'une épée avant de se servir d'une fourchette. Même moi qui vient du fin fond d'Al-Jeit, j'ai entendu parler d'eux qui nous protègent des Raïs et surveillent les frontières de glace, aux côtés des Sentinelles. Leurs seuls égaux sont les Thüls et la Légion Noire (dont une grande majorité viennent de la Citadelle …).
Heiwa en est donc une ? Alors bien sûr qu'elle a déjà fait couler le sang … surement autant que moi, même si elle a du le faire avec un peu plus de classe.

J'ai bizarrement hâte que nous quittions cette table pour que je puisse la voir se mouvoir. On prétend que les femmes Frontalières sont des félins. J'aimerais comparer son allure à la mienne, voir si en effet elle possède un rien du chat, ou de la panthère. Voir si moi, simple jeune fille d'Al-Jeit, je peux surpasser une grande guerrière dans son allure. Ce serait à la fois drôle et intéressant.

Mais nous restons assis, alors qu'elle continue à parler et à manger, alternant les deux pour pouvoir exposer son point de vue tout en s'accordant du temps pour finir son assiette. Je doute que manger froid la dérange, vu tout ce par quoi elle a du passer jusqu'à maintenant, mais ce serait en effet dommage de déguster une telle nourriture, froide.

Un mot dans sa bouche me fait sourire. Elle décrit la mort comme une "chose", trop horrible pour posséder un nom propre, trop banale aussi. Je comprends que ce soit devenu son pain quotidien, maintenant que j'ai compris qui elle était. Pourquoi s'appesantir sur la mort qu'on donne, alors que celle-ci est intimement liée à notre vie quotidienne ? A ce moment là, on risque de changer de voie et de devenir rêveur cloitré, si on n'est pas mort avant. J'ai choisi d'assumer mes actes, car la Voie du rêveur est trop loin du chemin que j'arpente. Dans les yeux d'Heiwa, je ne lis aucun regret concernant ses actions passées, et elle aussi semble fière de la Voie qu'elle foule, même si celle-ci lui a été imposée à la naissance. C'est là une différence fondamentale entre nous deux … une différence que j'aimerais comparer dans trois ans, à la fin de mon apprentissage aux côtés de Marie. Qu'est ce qui sépare et réunit un destin forcé et un destin choisi ? Serons-nous encore capable de nous parler de cette façon dans trois ans, quand j'aurais goûté le plaisir d'une Voie que j'aurais embrassé consciemment ?
Déjà faudrait-il que nous réussissions à garder contact … nos chemins allaient se séparer à la fin de cette soirée, et qui sait si le destin allait décider de les faire se recroiser une nouvelle fois ? Après tout pourquoi pas … je pouvais le guider en allant visiter la Citadelle des frontaliers ou en revenant dans cet auberge de temps en temps … Cela ne semblait pas incongru.

A la question d'Heiwa, mon regard se réfugia une nouvelle fois dans la vision réconfortante du feu. En fait elle me prenait au dépourvu. Mon avenir ? Je le pensais net car Marie venait de m'offrir une Voie et je ne comptais pas me poser plus de question jusqu'à la fin de mon apprentissage. Mais en fait, ces trois ans que je lui avais offert étaient assez flous. Oui, j'allais apprendre à me surpasser, à chérir la liberté, à vivre. Mais ensuite ? C'était cela que demandait la frontalière au fond: qu'est-ce que j'avais prévu pour ma vie de future Marchombre. Et la réponse qui s'offrait à moi me frustrait: "Rien." Un bien piètre mot qui résumait ma pensée. Devais-je vraiment savoir et voir vers quelle direction iraient mes pas ? Non. Encore un mot seul et net, sauf que celui là je le faisais jouer sur mes lèvres, prêt à le donner à Heiwa.
La réponse glissa hors de moi, alors que mon regard refusait de quitter les flammes rougeoyantes.

"J'ai pas de projets. J'ai rencontré un Maitre qui m'a donné de le suivre pour trois ans, et c'tout ce que je sais sur mon futur pour l'instant. J'vais donc faire l'mouton pendant ces années, mais j'me rattraperai sur le destin après. J'compte bien lui faire payer ces vingt ans où il m'a imposé ses choix en décidant au hasard du chemin que je vais suivre. C'pas ça la liberté ? Ne pas obéir à un destin tout écrit ? Est- c'que j'devrais vraiment accepter de suivre un chemin tout tracé ?"


Je me retournais vers elle et la fixais un instant, laissant mes pupilles dorées s'ancrer dans les siennes pour chercher une réponse qui viendrait directement de son cœur. J'espérais qu'elle ne me répondrait pas un "Je suis d'accord, moi aussi je suis ma Voie.", alors que j'avais l'impression que son être clamait qu'elle se devait de suivre la Voie toute tracée des frontaliers. Elle était née entre des murs qui avaient décidé de son futur. C'était un peu triste, mais je pouvais comprendre car les murs d'Al-Jeit avaient fixés les règles du jeu de vingt ans de ma vie. Grace à deux êtres humains, j'allais pouvoir m'en extirper. En était-il pareil pour Heiwa ? Ou alors était-elle heureuse de la Voie qu'elle arpentait ?
Je me hasardais à lui poser cette question.

"Et toi ? Des projets pour le futur ? Est-ce que ce s'ra juste retourner à la Citadelle pour toi ? Ou est-c'que tu peux vivre ta vie comme tu l'entends ? Les frontaliers sont pas censés rester à geler au Nord ? C'est p'têtre pour ça que tes cheveux ils sont bleus … p'têtre que comme le sang, ils bleuissent avec le froid …"


Je riais légèrement, mais mes yeux gardaient le sérieux qui collait avec les premières questions, lesquelles étaient le centre des mes paroles que j'avais essayé d’égailler un peu.

J'étais curieuse d'en apprendre un peu plus sur les frontaliers, maintenant que j'en avais une vraie sous les yeux. Avaient-ils un esprit obtus concernant leur destiné ? Un esprit qui ne raisonnerait que par force, loyauté et courage ? Un esprit lié aux dures contrées gelées du nord, façonné dans les glaces, là où l'on ne peut pas s'arrêter pour trop rêver si on tient à survivre. Cela ne semblait pas être le type de cette jeune femme en face de moi, au vu de ce qu'elle avait dit, de la façon dont elle avait prononcé ses mots. Elle semblait fière, mais était-elle aussi loyale à la Voie que ses parents lui avaient imposés en lui donnant la vie ? J'allais le découvrir.

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14.10.11 17:44


Partons...
... à la chasse aux étoiles...!



Rencontre nocturne [Val Kyria + qui le veut...] 240695Sanssdqsdtitre


Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir



Quand je vis son regard se perdre dans les flammes qui oscillaient dans son dos, je compris que ma question avait déclenché une grande réflexion et me tus durant celle-ci, respectant son silence. En profitant pour finir mon plat, je repoussai mon assiette dans un léger raclement puis posai mon regard sur elle. Qu’aurais-je répondu si c’était à moi que l’on s’était adressé de la sorte ? Que je n’en savais rien ? Que seul le destin pouvait répondre ? Mais considérais-je vraiment avoir un destin… ? L’idée de ne pas avoir le choix pour la suite de mon existence était une possibilité qui me faisait frémir d’effroi. Si c’était vraiment le cas, y avait-il une réelle tristesse lorsque l’on perdait un être cher ? N’était-ce pas tout simplement… Ce qui devait arriver ? Pouvions nous être fier de ce que l’on faisait si dans tous les cas cela avait déjà été écrit à l’avance ? Non… Trop de contre-arguments de disputaient dans ma tête pour que cela puisse être la vérité…
La sentant hésiter à me répondre lorsque son souffle s’emballa quelques secondes, je redressai alors la tête et reculai légèrement ma chaise afin de me caller plus confortablement contre le mur. Rassasiée, je la fixai sans pour autant la mettre mal à l’aise et lorsque ses premiers mots sortirent du barrage de ses lèvres, ce fut une nouvelle fois d’une voix légèrement indifférente, dotée d’un langage familier bien prononcé. Néanmoins, il fallait être simple d’esprit pour ne pas comprendre que malgré ses éléments elle s’exprimait sincèrement…
Confirmant qu’elle avait récemment fait la rencontre d’un maitre marchombre, elle semblait un peu réticente à devoir suivre ses pas mais son envie de progresser était réelle. Me parlant d’une personne qu’elle ne nomma pas, je compris aussi que la vengeance était devenu l’un des jalons sur sa voie… Etait-ce une bonne chose ? Vingt ans. Chez les frontaliers, les différents ne duraient jamais plus d’une heure… Le temps que les préparatifs du duel se fassent et que l’un des deux meure. Néanmoins, ce n’était pas forcément la meilleure solution…

« Je devrais rentrer à la citadelle pour voir si les choses ont évolué… Ou empiré. »

Me demandant si ce qu’elle me disait n’était pas la liberté, je me retins de répliquer que s’auto-qualifier comme étant un mouton n’était pas forcément le meilleur moyen pour y parvenir mais la laissa poursuivre. Quand elle se détourna de l’âtre, cette fille du feu reporta son attention sur moi et je vis une nouvelle différence entre nous. Vive, agile et impétueuse comme les flammes, elle avait une énergie bouillonnante… Moi qui étais du genre discrète mais toujours présente, silencieuse et adoptant une attitude constamment sereine, je serais plus une fille de l’air… Mais le feu et l’air sont liés. Etait-ce un signe de complémentarité ou bien tout simplement quelque chose qui sonnait comme une incompatibilité ? Pour le moment, malgré nos divergences, j’optais plutôt pour la première solution. Elle était la plus agréable, il fallait dire… Ce n’était pas tous les jours que l’on rencontrait des gens qui savaient suivre la même onde que la votre…
Quand elle me demanda mes projets et si j’avais plus de droits que de devoirs, j’esquissai un mince sourire en l’entendait évoquer sa vision des frontaliers. Sa remarque mettant en rapport la couleur de mes cheveux avec le sang, je ne pus m’empêcher de porter une main à cela, effleurant les mèches qui se battaient en duel devant mon front. Le sang bleuit avec le froid… Oui, il était vrai que ma mère qui avait la même chevelure avait toujours été quelqu’un de particulièrement féroce. Ayant aimé se battre, peut-être m’avait-elle légué sa hargne bien qu’elle était actuellement toujours enfouit en moi… Cette jolie métaphore aurait pu me vexer et j’en connaissais qui auraient déjà provoqué Val en duel pour rattraper leur honneur mais je savais qu’elle n’avait pas cherché à m’énerver. Je voyais plutôt en elle une certaine curiosité qui n’avait rien de malsain…

Si tu considères que ton maitre t’ordonnera de le suivre comme un mouton… Commençais-je alors, c’est qu’il n’en est pas vraiment un. Ce sont nos choix qui forment notre liberté… Du moins, c’est ce que je crois.

« Hm… Pas mal, pas mal. »

En ce qui me concerne, j’ai toujours été quelqu’un d’un peu à part parmi mes confrères… Ayant eu la même éducation martiale et rigide que la leur, si ce n’était pas plus au vu de la sévérité de ma mère, j’ai toujours aspiré à la découverte du monde et me suis rapidement éloignée d’eux sans pour autant les oublier. Je ne me fixe aucun projet défini, je vis au jour le jour… et c’est de cette façon qu’aucune déception ne peut me tomber dessus…

Marquant une courte pause, je vérifiai qu’elle semblait comprendre où mes paroles tortueuses voulaient en venir puis je poursuivis avec un sourire plus marqué, en écho avec son visage enjoué.

… Après il est vrai que je ne connais pas ce joli sentiment qu’est l’espoir, mais à vrai dire je ne peux pas souffrir de ne pas avoir ce que je ne connais pas. Pour la suite, je retournerai voir les miens car on ne peut se défaire des liens du cœur… Puis je pense que je repartirai à la découverte du monde. Peut-être de l’autre coté de la mer des brumes comme l’a fait Edwin Til’ilan… C’est une légende parmi les miens.

Un serveur venant vers nous, je sortis ma bourse et payai ce qu’avait couté notre repas sans perdre de temps à demander à mon interlocutrice de payer sa part. Non pas que je la pensais incapable de le faire, ou peut-être légèrement mais pas tant, j’avais toujours détesté les problèmes d’argent et tout ce qui avait un rapport. Ne possédant comme uniques biens mes deux sabres noir et blancs ainsi que mon monture, le reste n’était que superficialité à mes yeux et il était inutile de se sentir gêner lorsque je balançais quelques piécettes sur une table. Peut-être était-ce une caractéristique de mon peuple… Il fallait dire qu’aucun frontalier n’avait cherché à devenir riche et si je ne me trompais pas, même le général de l’empereur ne profitait pas de son salaire pourtant confortable. Modeste ? Fier ? Arrogant ? Indifférent ? Il était assez difficile de nous comprendre mais je n’en voulais pas aux autres. Qui pourrait expliquer l’harmonie que dégagent les marchombres ? L’obscurité qui vient des mercenaires ou même la férocité des pirates ? Personne…
Me relevant, je m’étirai longuement puis réajustai mes armes croisées dans mon dos avant de regarder d’un rapide coup d’œil par la fenêtre. Il faisait nuit et je me doutais bien qu’hormis les brigands, tout le monde devait dormir. Je pouvais même apercevoir les regards fatigués du tenancier qui attendait patiemment que l’on s’en aille. Proposant à Val de sortir maintenant que nous étions rassasiées, du moins moi pour ma part, nous mîmes le pied dehors et un courant d’air frais nous accueilli avec bonheur. (tu m’excuses si je te fais bouger sans autorisation, c’est pour avancer Oo mais tu peux toujours me le dire si ça te gêne, j’éditerai =) )

Il n’y a rien de mieux qu’une ballade digestive lorsque la lune est bien haute ! M’exclamais-je en écartant les bras.

Fermant les yeux, immobile, j’inspirai à plein poumons les agréables senteurs de fleurs, de nourritures et autres de ce quartier plutôt aisé puis laissai tomber mes bras le long du corps avant de me tourner vers l’apprentie marchombre. Encore plus enjouée que je ne l’étais, j’affichai un sourire radieux et m’exprimai d’une voix on ne peut plus heureuse…

C’est vraiment un plaisir de t’avoir rencontré, Val. Tu as des projets pour cette nuit ? Ou un petit tour avec moi te tente ? On rencontre toujours des choses intéressantes une fois que le soleil a fermé les yeux…

« Comme des brigands, mais c’est plutôt sympa pour perdre des calories… »





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16.10.11 18:40
Ma remarque la fit joue machinalement avec ses cheveux, et elle me sembla redécouvrir l'inhabitualité de leur couleur. Pourtant on devait souvent le lui faire remarquer … ou alors c'était tellement malvenue de faire une telle remarque à une frontalière que personne n'en pipait mot. Avais-je donc commis une bourde ? Le regard qu'elle planta sur moi me prouva que non. Je n'allais pas avoir droit un duel ! Ouf … il faudrait peut-être un jour que j'apprenne à surveiller mes paroles …

Sa première remarque me fit comprendre que j'avais mal du m'exprimer en parlant. Je voulais lui dire que j'allais faire le mouton par rapport à mon destin qui m'avais coincée pour trois ans avec Marie, mais j'étais sure que celle-ci allait au contraire m'aider à m'extirper du droit chemin habituel. A m'envoler vers la liberté. Je n'avais pas la moindre idée de quelle méthode elle allait appliquer, mais j'étais sure que je n'aurais pas l'impression d'être un mouton vis-à-vis d'elle. Elle était là pour m'apprendre, cependant moi aussi j'avais surement beaucoup à lui apprendre en retour. D'une manière ou d'une autre.

Puis Heiwa se mit à parler d'elle et un peu de son ordre, confirmant que ce milieu était marqué par des règles strictes, donc contraignantes. Je n'aurais pas aimé être élevée dans une atmosphère pareille, même si la sécurité relative de la forteresse devait valoir mille fois mieux que les taudis de mon enfance. Moi j'avais été laissée à moi-même alors que mon esprit prenait conscience de ce qui l'entourait. Soit, j'avais été autant enchainée que cette frontalière, mais en un sens, j'avais gardé ma liberté de penser et d'agir.
Ensuite je m'étais éloignée d'eux … la phrase d'Heiwa fit écho à cette pensée, nous rassemblant sur un nouveau point. Quels qu'aient été nos passés, nous essayions de nous en extirper en allant voir ailleurs. Rester dans un moule est d'un ennui mortel … plutôt mourir dès maintenant que rester enfermé dans une cage, aussi dorée soit-elle.

Je me demandai si le fait qu'elle ait choisi de vivre au jour le jour avait rapport à des projets qui avaient échoués, à une quelconque blessure qui la poussait à agir ainsi. Mais ses yeux ne m'offrirent aucune réponse valable, et son arrêt ne me fit rien comprendre de plus. Peut-être était-ce juste un choix après tout …

Heiwa reconnut ensuite son absence de connaissance vis-à-vis de l'espoir, ce qui me surpris. Tout être possédait en lui un but qu'il nourrissait, et ce simple but portait en lui l'espoir. Qu'elle dise ne pas le connaitre ne pouvait qu'être faux. Tout le monde espère un jour, que ce soit dans son enfance en voyant un bonbon et en espérant que son parent va l'acheter pour lui, ou que ce soit dans la vie d'adulte, en aspirant à une vie meilleure ou différente, en aspirant à la vie avec un être cher. Toutes ces situations lui étaient-elles inconnues ? C'était vraiment trop étonnant pour être vrai … il fallait lui ouvrir les yeux, mais pas maintenant car je ne savais comment faire.

Sa dernière phrase cependant releva chez moi une nouvelle question. Edwin Til'Illan ? J'avais déjà entendu ce nom dans les rumeurs de la ville. Un guerrier légendaire, aux côtés d'une femme légendaire qui avait rendue la paix à Gwendalavir. Ewilan Gil'Sayan. C'était tout ce que je savais. Ces gens ne m'avaient jamais intéressés, car malgré leur aide, ils ne m'avaient jamais sortie de la boue des bas-quartiers d'Al-Jeit. Le continent était sauvé, mais cela m'avait tellement peu affecté que je n'avais jamais cherché à en savoir plus.
J'étais si bête et inculte …
J'esquissai une question sur cet Edwin quand le serveur vint nous présenter l'addition. Je m'apprêtai à payer quand Heiwa lui tendit une somme supérieure à nos deux commandes, m'indiquant d'un geste que toute protestation serait vaine. Je souris, la remercia et rangea mes sous dans ma bourse.

Nous étions les dernières personnes attablées à l'auberge, et je compris au geste de la frontalière et au regard du patron qu'il était temps pour nous de rejoindre nos tanières.
Emboitant le pas à ma compagne, je quittai le lieu lançant un au revoir souriant au personnel. Ils avaient du me prendre pour un rat d'égout, mais je m'en fichai pas mal. Ils n'en restaient pas moins des humains qui nous avaient bien servies.

L'air frais me fit frissonner, autant de bonheur que de froid. J'y étais habituée et ne me sentit pas mal dans la nuit noire. Au fond, j'étais ici chez moi car la nuit appartient aux chats. Et puis il faut ajouter que pour moi, la clarté de la pénombre était réelle. Une vision nocturne était mon principal atout, ce qui m'avais aidé à échapper à bien des situations périlleuses. C'était un avantage en hors pour échapper aux brigands qui ornaient les rues à la nuit tombée. J'espérais ne pas avoir à m'en servir ce soir, car les quartiers bourgeois n'étaient pas réputés pour être des coupe-gorges.
Je ne pensais pas qu'Heiwa remarquerait mon aisance à m'orienter dans la nuit, du fait de la lune bien ronde qui nous éclairait de ses rais bienveillants.

Imitant ma compagne, je m'étirai devant la porte, faisant craquer au passage les muscles de mes épaules. Puis je me frottai les mains pour leur faire quitter l'emprise du froid qui trainait. Il fallait que nous bougions ou j'allais geler sur place.

Quand Heiwa parla, l'air ravie, je crus un instant qu'elle allait faire ses adieux et rentrer se coucher, en gentille fille de dix-huit ans qu'elle aurait du être. Cependant, avec un rien de malice, elle m'enjoignit de venir me balader avec elle. J'hésitai un instant à accepter, pensant à la journée du lendemain qui promettait d'être chargée, mais l'appel de la ville revint à mes oreilles me suppliant de ne pas retourne à la tour de jade. Je doutais d'être capable de retrouver le logement de Marie si je m'en éloignais trop, mais l'envie d'une balade fut plus forte que tout.

"Comme des étoiles tombées du ciel ?"

C'était plutôt des poubelles rendues invisible par la pénombre qu'on risquait de rencontrer … heureusement à ce niveau là je ne risquais rien.

"On va en chercher ?"

Quelle blague … ça ne risquait évidemment pas d'arriver, mais il fallait bien une raison de partir se promener …
Je l'entrainai à ma suite jusqu'à une gouttière que j'utilisai pour me hisser sur un toit. Cette soirée allait être l'occasion de voir de quoi étaient fait les frontaliers. Je me doutais que l'escalade urbaine ne serait pas vraiment le truc d'Heiwa, mais je voulais tout de même la tester.

Une fois qu'elle m'eut rejoint sur l'arête du toit, je prenais le temps de lui poser une question …

"J'aurais jamais cru qu'une frontalière soit une fille de la nuit … les guerriers c'vit plutôt en journée non ?"

… avant de repartir en écoutant sa réponse, marchant agilement sur la crête. Pourvu qu'Heiwa ait assez d'équilibre pour ne pas glisser.
Je me tournai pour voir comment elle se débrouillait, et, jugeant que ce n'était pas trop mal, je décidai de la tester un peu plus.

"On fait la course ? La première arrivée … disons au pied de la tour là-bas."

Je pointai un instant un tige en pierre s'élevant hors des quartiers aisés, surement une tour de garde illuminée par la lanterne du soldat à son sommet.
Puis je m'élançai, vive comme le vent, savourant l'expérience de mon corps rompu à ce genre de bêtise. Je n'avais aucun mal à me mouvoir sur les toits, aussi pentus soient-ils, aussi glissants soient-ils. Je m'arrêtai à peine au bord des toitures, posant mon pied à leur bord un demi-seconde pour mieux me propulser dans les airs et rejoindre le suivant.
Un même mouvement.
Une même course.
Sans regarder en arrière.
Heiwa avait peut-être choisi de rejoindre les ruelles, chose tout à fait possible puisque la tour était visible du sol.

Je crochetai une dernière gouttière pour m'aider à descendre au sol, et me retrouvai au pied de la tour.
Première ou seconde ? J'observai les environs pour obtenir la réponse, espérant quHeiwa ne m'avait pas abandonnée seule dans mon jeu.




[Ne te presse pas pour répondre, vu que je suis absente jusqu'au WE prochain, voir un peu plus.
Je te laisse l'honneur de faire intervenir des brigands ou autre personne douteuse ;) On se retrouve dans des quartiers moins bien famés à la fin de mon Rp, ce qui devrait justifier de tels personnages ^^]
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