- Vous acceptez les animaux ?

L'homme était la caricature même de l'aubergiste : Il avait le ventre rond, de petit bras potelés et un visage souriant. Lilith espérait que sa première impression ne serais pas faussée.
C'était la dernière auberge. Elle avait parcouru toute la ville et aucune n'acceptait de loups dans leurs établissement. Elle n'avait pas dormis dans un lit depuis au moins un mois et elle commençais à sentir le manque de sommeil et les courbatures. Son cheval fatiguait lui aussi et avait besoin de repos.

- Ça dépends un peu de vous. Dis l'aubergiste tout en essuyant des chopes avec un chiffon si sale qu'il les salissaient plus qu'autre chose.

La Frontalière compris l'allusion et sortit quelques pièce supplémentaire de sa bourse. Elle n'avait presque plus d'argent mais tous le monde sait qu'une nuit dans un bon lit n'a pas de prix...

-Je sens qu'on va s'entendre vous et moi, fit-il en empochant ses pièces, si vous voulez bien m'suivre...

Il la conduit à sa chambre. Ce n'était pas le grand luxe : Un lit, un lampion et un baque en guise de bain. La jeune fille avait connu pire et, au moins, Loup pouvait dormir avec elle. Elle demanda à l'homme de lui faire couler un bain et paya le supplément. Ce que ces gens étaient profiteurs.

Une heure plus tard, après s'être lavée et changée, elle descendit pour manger un petit quelque chose de chaud. Pendant plus d'une demi-heure elle savoura le plat qui lui avait liquidé ses derniers sous. Le goût amère de la nourriture lui importait peu. Elle était enfin dans une ville. Elle se tassa dans sa chaise, laissant ses pensée divagué...

Un mois plus tôt, elle était partie d'Al Jiet. Elle voulait revoir du pays et, surtout, passer par la Citadelle. Endroit qu'elle avait déserté depuis au moins un an.
Pendant une petite période elle avait entendu parler de combats contre les raïs mais elle n'avait pas sentie le besoin d'aider les siens. Après tous, les Frontaliers sont un peuple et non une guilde... Elle était libre... Libre mais loyale. En effet, quelques semaines après avoir appris que ses frères et sœurs d'armes se battaient elle partit et contait arriver le plus vite possible.
Le trajet n'était sensé duré que trois semaine. Seulement, quand elle avait programmé son chemin, elle avait commis une erreur de débutant : Elle avait oublié la pluie. C'est pourquoi, après trois jours de trajet elle avait dû faire de multiple détour pour pouvoir s’abriter et manger. Par contre, elle n'avait pas faillit à son objectif : faire un voyage solitaire et, le plus important, survivre grâce à ses propres ressources... Jusqu’à aujourd'hui. Lorsqu’elle avait vu la petite ville de Tintiane, elle ne pu résister à la tentation d'un bon lit et de pouvoir arriver un peu plus présentable à la Citadelle.

Soudain, elle sursauta. Une voix l'avait sortie de sa torpeur.

Elle était entrain de pensé à son voyage depuis Al-Jiet quand une voix l'avait ramenée à la réalité.

-Je me présente, Océ Abjarg. Je me rends à la Citadelle des Frontaliers.

La frontalière se retourna, une jeune femme la regardait d'un œil intriguée. Elle ne semblait pas bien méchante mais Lilith demeura quand même sur ses gardes. Après tous elle restait une frontalière et la méfiance était, malheureusement, comme une deuxième nature chez elle. Elle jeta un coup d’œil discret à Loup, ce dernier ne semblait pas inquiet, plutôt curieux. Ce dernier point renforça un peu la confiance aveugle qu'elle avait vis-à-vis de cette personne. Elle ne se demanda pas une seconde comment elle avait vu qu'elle se rendait à la Citadelle : après tous où un Frontalier irait dans ces parages ?! Par contre elle se demanda ce qu'elle pouvait bien aller faire à la Citadelle chez les Frontaliers. Elle resta silencieuse... Refoulant ses instincts de bavardes... Et attendu un supplément d'information de son interlocutrice.

-Je voulais vous proposer de partager une chambre pour cette nuit. Vous êtes la seule autre femme de cette auberge, et la chambre qu'ont m'a donnée est assez vaste pour y faire rentrer trois ours-élastiques !

Lilith essaya de faire honneur à la réputation de son peuple en restant de marbre mais se fut mission impossible, elle sentit les muscles de ses joues se contacter... Une fille qui utilisait un humour pareil ne pouvait pas avoir de mauvaise intention... Elle allait faire sa dure et refuser quand elle se rappela l'état de sa chambre et la solitude qu'elle avait éprouvée durant son trajet. En effet, autant passer une semaine seule avec Loup, c'est le rêve, autant le manque de présence d'humain fini par se sentir. Elle ne put résister....

-Bonjour, je m’appelle Lilith, et voici Loup, se présenta-t-elle avec un sourire franc, j'accepte avec grand plaisir votre proposition... Si vous saviez la chambre que cet aubergiste m'a donner...

Elle se leva et marqua un temps d’arrêt.

-Mais avant d'aller plus loin... commença-t-elle, si on se tutoyait ?! Ça faciliterait beaucoup de chose non ?!

Loup Jappa pour témoigner son accord.

- J'accepte ta proposition avec plaisir... je t'avoue que je suis à sec question argent, ajouta t-elle avec un sourire d'excuse.

Dans un élan d'honnêteté, Océ lui révéla sa vraie identité, le fait qu'elle était Sentinelle, et qu'elle se rendait à la Citadelle pour une mission top secrète. Elles discutèrent de tout et de rien devant leur joue de siffleur, qui avait fini par arriver. Puis, elles allèrent se coucher ensemble dans la grande chambre qu'Océ avait louée.

• • •

Au matin, elles prirent la route ensemble, comme de vieille amies. Océ chevauchait Prune, son cheval de course qu'elle avait acheté à Illuin, en pays Faël, alors qu'elle était en mission pour l'Empire. Elle était tout de suite tombée amoureuse de sa magnifique robe noire, tellement noire qu'on en distinguait des reflets couleur prune au soleil. Prune s'était d'ailleurs révélée très intelligente, et avait pleinement confiance en sa cavalière, qui la bichonnait dès qu'elle le pouvait.
Mais leur relation n'avait rien à voir avec celle qu'entretenaient Lilith et son loup gris. Il les avait laissées peu de temps après leur départ de Tintiane, pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Pendant se temps, les deux amies papotait de tout et de rien, au soleil. C'est ainsi qu'elles en vinrent à parler de Loup, et de sa rencontre avec Lilith.


- Comment se fait-il qu'il te suive partout et te protège ? Les loups sont des animaux libres et sauvages. Je n'en avais jamais vu d'aussi près. Vivant, en tout cas, ajouta-t-elle avec un léger sourire. J'adore les sciences, la découverte, et comprendre comment les choses fonctionnent. Excuse-moi si tu me trouves trop curieuse !


Certaines personnes n'aiment pas des questions, de peur de ne pas savoir y répondre. Océ le savait, et sa fichue tendance à tout vouloir savoir lui avait déjà causé quelques problèmes. Depuis qu'elle était petite, elle pausait des questions à ses parents, sur tout et rien. Pour comprendre le monde. Elle était très terre-à-terre, et pour elle, les questions n'avait qu'une seule réponse : celle du savant. Cette idée lui avait déjà causé des différents avec certains marchombres, qui n'acceptent pas que les autres pensent différemment d'eux.

Elle regarda Lilith. Les questions n'avait pas l'air de l'effrayer. Elle souriait et préparait sa réponse.

- Comment se fait-il qu'il te suive partout et te protège ? Les loups sont des animaux libres et sauvages. Je n'en avais jamais vu d'aussi près. Vivant, en tout cas. J'adore les sciences, la découverte, et comprendre comment les choses fonctionnent. Excuse-moi si tu me trouves trop curieuse !

Lilith et Océ était partie un peu plus tôt dans la matinée... Elle avait continuée leur discutions de la nuit passée. Discutions qui restait comme un des plus beau souvenir de la frontalière. En effet, le bar puis la chambre avait semblé pour elle débordant de luxe, ajoutez ça au fait qu'une amitié c'était rapidement tissée entre les deux femmes et vous comprendrez.

Durant les préparatifs de départ, elle avait laissé Loup chasser. Quand il les avait rejoint, quelques kilomètre plus loin, la conversation avec dévié vers son ami.

Lilith sourit, encore une fois, et se laissa un temps de réflexion pour répondre du mieux qu'elle pouvait à la question.

- je ne suis pas sûr que ma réponse va satisfaire ton côté scientifique, débuta-elle, mais je vais essayer de t'expliquer quand même.

Elle se redressa dans sa selle puis reprit la parole.

- Je l'ai trouvé blessé alors que je me promenait près de la citadelle. Dès que nos regards se sont croisés, j'ai sentit qu'il n'était pas ordinaire. La première fois qu'il a grogné j'ai compris ce qu'il me disait... on est très vite devenu amis. Je ne veut pas le perdre et c'est pour ça que j'ai été voir un mai à moi un peu magicien.

La frontalière observa Loup pour laisser un petit moment de suspens.

- Il a accordé nos cœur ensemble pour qu'il ne meurt pas tant que mon cœur bat. Elle fit une énième pose, je ne peut pas te dire plus que ce que c'est passé. Peut-être est-ce parce que j'habite à la Citadelle et que ce lieux regorge de magie... je n'en sait rien...

Lilith regarda son interlocutrice dans les yeux. Elle était consciente de ne pas avoir vraiment répondu à sa question mais elle ne pouvait pas faire plus. En même temps, quelqu'un qui utilisait l'Imagination et qui demandait des réponse concrète était un peu bizarre. Elle décida que c'était à son tour de poser une question.

- Dis, pourquoi tu es devenu Sentinelle ?

Il lui paraissait en effet inconcevable, pour elle, de devenir quelqu'un qui sacrifie sa vie pour l'Empire sans plus d'aventure que ça... En même temps c'est ce que font les Frontaliers à plein temps. Arrêtant de se poser des questions à la tous va, Lilith leva les yeux vers Océ et attendit la réponse.

[HRP: désolée pour les fautes d'orthographes]

- Dis, pourquoi es-tu devenue Sentinelle ?


Ça c'est de la question. Reprenant ses esprits pour former une réponse complète et chronologique, Océ mit un petit moment à répondre.


- C'est le récit de toute ma vie que tu me demandes-là ! Accroche-toi bien, c'est pas la plus simple des histoires à raconter, fit-elle avec un sourire. Elle n'avait pas l'habitude de raconter sa vie aux autres, elle était plutôt solitaire et calme. Tout a commencé alors que j'étais toute petite. Mes parents avaient une petite bicotte de pêcheurs, qui tombait en ruines, au bord du Lac Chen. Mon père n'était jamais là, il partait sur son bateau, pour aller à l'autre bout du Lac, et ma mère, pendant ces moment-là, allait chez sa sœur, ma tante, qui tenait une auberge non loin de chez nous. Leur mariage battait de l'aile, ils ne s'aimaient plus. On ne peut pas dire que se fut un jour le grand amour, entre eux... Mais ils se sont rencontrés au moment où tous leurs amis commençaient à avoir des enfants, et pour faire comme tout le monde, il m'ont eu. L'un comme l'autre étaient déçus que je sois une fille ; je n'allais pas pouvoir aider en mer. J'étais destinée à rester à la maison, inutile. Drôle d'ironie quand on voit ce que je suis devenue...

Océ fit une pause dan son récit et arrêta Prune. Cette courte séquence émotion l'avait troublée, elle n'était pas habituée à fouiller ainsi son passé. Elle descendit de son cheval, et le mena au bord du ruisseau qui courait non-loin. Elle s'assit ensuite par-terre, et sortit de son sac de quoi manger.


- Tiens, du siffleur. Pas très bon, mais nourrissant.


Océ mordit à pleines dents dans son morceau de siffleur. Elle aurait pu en améliorer le goût, mais ça faisait parti des aléas de la vie de voyageur. Si elle transformait tout, quel attrait aurait la vie, la nature ?


- Quand j'allais avec ma mère à l'auberge de ma tante, je servais en salle les commandes des clients. Je détestais faire ça. C'était comme... Contraire à ma nature. Obéir aux ordres donnés par ma tante et aux clients... Ma mère était dans ces moments-là complètement ivre. Peu de mariages allaient aussi mal que le sien, et elle s'en voulait de ne pas réussir à le faire aller droit. Et elle noyait tout ça dans l'alcool.


Océ marqua une nouvelle pause.


- Puis mon père a fait parti des disparus en mer. Était-il mort ? Avait-il trouvé une autre femme ? Je ne sais pas. Et j'ai pas franchement envie de le savoir. Ma mère a laissé tomber la vie, sa vie. La maison qu'on avait au bord de l'eau s'est effondrée un nuit, et je suis allée définitivement habiter chez ma tante. C'est à ce moment-là de ma vie que mon Don pour le Dessin s'est manifesté. Je sais, c'est plutôt tard. Au début, je ne faisais pas grand chose... Je réchauffais l'eau de mon bain, j’entraînais les assiettes à se laver toutes seules pour ne pas avoir à faire la plonge... Personne dans ma famille ne maîtrisait le Dessin. Je ne savais même pas que ça existait. Je me cachais, je voulais être normale, comme tout le monde, pour être mieux acceptée. Et un jour, un grand homme est passé à la taverne. Je ne savais pas qui il était, juste que je devais le servir comme un roi, ne m'occuper que de lui. Réagir au moindre souffle. Je n'ai pas posé de questions, et j'ai obéis. Et c'est à ce moment-là que c'est arrivé.


Océ venait de finir son morceau de siffleur. Elle pris une pomme dans son sac, et en lança une à Lilith. Tous ses souvenirs lui revenaient en tête. Elle revivait tout. Les hauts et les bas... Tout. La Frontalière était suspendue à ses lèvres. Elle attendait la suite.


- Au moment de lui servir son dessert, j'ai glissé, et le magnifique gâteau de ma tante s'est envolé. C'est magique. Une image merveilleuse... Océ sourit à cette pensée. Puis le vol du gâteau a atteint son apogée, et il a commencé à retomber... Directement sur la figure de ce gars. Alors, j'ai pas réfléchis, j'ai dessiné, et le gâteau est retombé bien à plat dans son assiette. Toute l'auberge nous regardait. Les clients ont compris que l'homme était un dessinateur plutôt doué, et sont retournés à leur affaires. Mais l'homme ne me quittait pas des yeux. Nous n'étions que deux à savoir la vérité à propos de ce qui venait de se passer. Il m'a longuement regardé, et a demandé à me parler en privé à la fin du service. J'ai eu peur, j'ai faillis ne pas y aller. Beaucoup de clients me donnaient rendez-vous dans leurs chambres, la nuit. Mais je me refusais de tomber la dedans, même si ce commerce, selon certaines autres serveuses, était très rentable.
Mais ce jour-là, mon instinct fut plus fort, et je suis allée le voir. Il m'a demandé de faire quelques petites bizarreries, comme je les appelais, et m'a demandé de faire mes valises pour le lendemain matin. Je l'ai écouté, et il m'a amené à Al-Jeit, notre belle capitale...

Océ sourit à son interlocutrice, en rangeant ses affaires. Elle avait fini sa pomme, et se préparait à repartir.


- Et là, tout s'est enchaîné. Il m'a amené voir un analyste, qui a révélé que mon don pour le Dessin était presque parfait. Il a cru halluciner en voyant mon résultat. J'avais une meilleure analyse que les meilleures Sentinelles du Royaume ! Les meilleurs professeurs se sont penchés sur mon cas, et je suis devenue l'une des plus jeunes Sentinelles ayant existé. Depuis, je voyage beaucoup. Je ne ne travaille pas pour l'Empereur depuis si longtemps... Je me forme en voyageant, en faisant des rencontres, comme avec toi, fit-elle en regardant Lilith.


Sur ce, Océ remonta sur Prune, et attendit son amie, qui finissait de manger sa pomme.