Roxane était assise sur le bord de la fontaine, nez en l’air. Elle détestait les départs. Elle détestait s’attacher aux gens. Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir un cœur de pierre, comme certaines personnes semblent l’avoir ?
Tout serait tellement plus simple. Ne pas se lier d’amitié avec les personnes. Ne pas tomber amoureuse du premier venu. Ainsi, si la mort devait les toucher, elle ne serait pas affectée. Et lors des séparations, elle se contenterait d’hocher la tête et de passer son chemin.
Elle aurait tellement aimé être juste une machine, bonne à soigner et à rien d’autres. Au lieu de ça, elle était toujours souriante, accueillante, et avait des millions d’amis sur la planète. Et chaque fois que l’un d’eux partait, elle se sentait terriblement mal.
Un léger mouvement à ses côtés lui fit comprendre qu’Eris venait de s’asseoir près d’elle. Un long moment ils restèrent ainsi, côte à côte, laissant pour seule discussion celle des oiseaux environnant.
Chacun écoutait les moindres bruits, Roxane fermant les yeux à s’en faire mal. Elle ne voulait pas pleurer.
-Tu es rétablie ?
La rêveuse hocha la tête, incapable de proférer le moindre mot. A nouveau, le silence s’installa entre eux. Mais au lieu d’apporter la paix, il s’infiltrait dans Roxane en lui laissant un sentiment de mal profond.
Elle ferma durement les poings, se mordit sauvagement les lèvres pour ne pas éclater en sanglot. Elle aurait bien voulu se laisser aller à ses sentiments, mais elle se devait de se montrer forte. Mais lorsqu’Eris rouvrit la bouche, elle aurait voulu hurler pour le faire taire. Il ne pouvait pas dire qu’il s’en allait ! Il devait à nouveau se faire mal ! Comme ça…Comme ça, il resterait encore à Ondiane. Et elle pourrait en apprendre encore plus sur lui. Et…et la séparation serait d’autant plus dure. Non. Il devait partir maintenant, et c’était tout. Toutes façons, il n’y avait pas vraiment de choix. Il devait partir avant qu’elle ne s’attache d’avantage à lui.
-Bien, je vais devoir partir, je vais rendre visite à ma famille à Al Jeit. Moi et mon maître resteront encore trois jours mais nous serons contraints de partir bientôt.
Roxane releva vivement la tête. Ainsi, elle avait encore trois jours pour lui parler. Mais était-ce vraiment la bonne solution ? Ne devrait-elle pas se tenir à l’écart, plutôt que de se rapprocher de lui ?
Elle ne dut finalement pas faire le choix elle-même. Eris se leva, la fixant une dernière fois dans les yeux, puis tourna les talons. Il partit vers sa chambre, signe pour Roxane qu’elle ne devait pas l’ approcher.
Tant mieux. Elle détestait faire des choix.
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Le matin du deuxième jour, alors que Roxane était en train de roupiller calmement dans sa chambre, l’esprit tranquille, un léger bruit à la porte la réveilla brusquement.
Elle haussa un sourcil, encore incertaine de ce qu’elle avait entendu étant encore à la lisière du sommeil, et tendit l’oreille.
Un autre coup, plus fort cette fois, l’avertit de la présence de quelqu’un. Et avant même qu’elle n’ait pu ouvrir la bouche, la voix d’Eris lui parvint, timide, lui proposant de s’entraîner avec lui.
Elle accepta doucement, espérant que leur entraînement serait tellement prenant qu’ils ne sauraient même pas parler.
Mais elle savait au plus profond d’elle-même que ce ne serait pas le cas. Seulement, elle était tout simplement incapable de refuser.
Ainsi, pendant deux jours, ils se battirent. Il lui apprit de nouvelles techniques, et elle put perfectionner ce qu’elle avait appris auprès de Neleam. Elle saurait enfin plus ou moins se défendre, même si elle était certaine d’oublier rapidement.
Comme elle le redoutait, ils se parlèrent d’avantage et elle en apprit beaucoup sur lui. Plus le temps s’écoulait, plus son cœur se serrait à l’idée qu’il partirait.
Mais chaque fois, elle refoulait cette pensée très loin dans son esprit, l’empêchant de se construire un mur sentimental pour se préparer à la séparation.
Alors lorsque vint le moment fatidique, devant l’immense porte d’Ondiane, la rêveuse ne put retenir ses larmes.
Eris se tenait devant elle, son maître à part, et attendait patiemment qu’elle se soit calmée pour pouvoir lui parler. Seulement, à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, ses sanglots reprenaient, plus forts que jamais.
Aussi, il déclara finalement, assez haut pour qu’elle comprenne malgré ses larmes :
-Je… Roxane, je vais partir… Je reviendrai pour une simple visite ou pour une blessure grave mais je t'assure que c’est à ta porte que je toquerai, sans la moindre hésitation, je viendrai, un jour…Adieu.
Et, ne s’attardant pas d’avantage, il lui tourna le dos. Voilà. Ce n’était pas les adieux qu’elle s’était imaginée. Mais c’était sans doute mieux ainsi.
Seulement, il ne comprenait pas l’esprit volatile de Roxane. Il ne comprenait pas qu’il y avait peu de chances pour qu’ils se croisent à nouveau. Elle était tout le temps en chemin, après tout. Mais elle préférait lui laisser ses espoirs.
Elle parvint néanmoins à articuler ces mots, juste au moment où la porte se fermait sur lui :
-A bientôt, Eris ! Je te souhaite le meilleur ! J’te promets que, quand on se reverra, je serais tellement forte que tu me reconnaîtras pas !
Elle ferma les yeux, laissant les larmes couler le long de ses joues, et espéra entendre une réponse.
Elle resta un long moment ainsi, même s’il devait être très loin, à attendre. Elle le détestait d’être parti.
Mais il n’avait pas eu le choix. Non…Au fond, personne n’avait eu le moindre choix dans l’histoire. C’était le Destin le maître du jeu. Jamais ils ne pourraient s’y opposer.
Alors pourquoi lui en voulait-elle tellement… ?
[Il est bof mais tant pis! FINIIII!!! :) c'était chouette de rp avec toi :]