Cela faisait maintenant quelques jours que Jill avait mis fin à ses errances fantaisistes et avait suivi de gré ces quatre individus porteurs d'armures sombres. Quelque part, cette rencontre inopinée avec ces gens avait ravivé une curiosité éteinte depuis belle lurette. À en croire le long voyage qui s'en suivit, ces étranges guerriers étaient venus de loin pour le quérir. Ils l'avaient retrouvé au cœur d'un bosquet, assis en tailleur sur un dolmen incliné, vêtu d'un pardessus noir couvrant la quasi-totalité de son corps. Il gardait aussi un bâton vieillissant mais élégamment taillé sur ses genoux, lui conférant, avec le reste de son attirail, des airs de magicien vagabond. Les explications qu'on lui avaient données étaient aussi nébuleuses que peu abondantes, les étrangers s'étaient contentés de lui dire :
- Le Maître veut te voir, suis nous.
C'était à la fois concis et énigmatique, qui donc pouvait désirer rencontrer un homme de sa nature : Un mystérieux artisan aux dons singuliers et potentiellement destructeurs ? Il avait rejoint ce monde depuis une dizaine d'années, et il ne cessait de s'étonner des réponses que pouvaient trouver ses questionnements intimes. Il imaginait se retrouvait rapidement dans un tribunal où il aurait à expier ses crimes passés, bien que sa responsabilité à l'époque eut étée des plus limitée, compte tenu de sa méconnaissance des pouvoirs latents qu'il avait éveillés lors de son adolescence.
Il n'en était rien, leur périple les mena dans une forêt sombre et inhospitalière. Où tout ne semblait insufflé que d'une demie vie. Les arbres et les plantes étaient ternes et moroses, comme des spectres lassés de leur subsistance terrestre. Ils marchèrent longuement dans ce cadre cauchemardesque infiniment silencieux, jusqu'à ce qu'ils traversent une étrange paroi transparente qui se troubla à chacun de leur passage, comme une étendue d'eau dans laquelle on jetterait une pierre. Jill traversa le mur invisible en dernier, non pas sans une once de doute. Il se retrouva ainsi aux pieds d'une imposante forteresse qui lui était invisible quelques secondes plus tôt.
Les sombres murailles cyclopéennes s'élevaient à des hauteurs imposantes, comme si elles osaient défier les Dieux eux-mêmes. Le plus impressionnant restait le portail d'entrée, des portes démesurément grandes imposaient le respect depuis une hauteur vertigineuse, mettant en avant l'emblème que revêtait les résidants des lieux. À bien y regarder, Jill constata qu'il s'agissait du même symbole qui ornait les cuirasses de ses 'accompagnateurs'.
Le portail s'ouvrit dans un grincement antédiluvien et donna l'impression à Jill de sentir une bouffée d'air froid le frapper en plein visage. Il emboîta le pas des guerriers noirs et fronça les sourcils en sentant ses narines s'imprégner de l'atmosphère poussiéreuse et humide du hall d'entrée. Plus qu'un problème d'entretien, c'était comme une aura incommodante qui baignait ces lieux et lui faisait clairement comprendre que la mort pouvait l'attendre à tout détour de couloir.
Le hall d'entrée s'élargissait trois mètres plus loin en une vaste salle où était alignée deux rangées de tables face à un double escalier, le tout éclairé de torches ajustées aux murs. Les quatre soldats sombres s'avancèrent jusqu'aux escaliers et intimèrent à leur Jill de monter, leurs pas résonnèrent dans la pièce le temps qu'il rejoigne l'étage supérieure. Ils parcoururent un nouveau couloir, plus long cette fois-ci, et s'immobilisèrent face à une porte ouvragée. Le premier soldat jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, et incita à ses confrères de passer devant, chose qu'ils refusèrent de faire. L'homme en tête soupira donc avant de frapper trois fois fermement à la porte.
- Maître, nous vous amenons l'homme que vous vouliez voir.
Il se tourna ensuite vers Jill et lui indiqua d'entrer d'un geste ferme de la main, au moment où il allait ouvrir la porte, il le retint un instant par l'épaule.
- Soyez respectueux, et attendez qu'il vous adresse en premier la parole.
Jill cilla à ce conseil et hocha doucement la tête avant qu'il ne le lâche et le laisse entrer dans la pièce suivante. Le changement d'ambiance était aussi brutal qu'appréciable, il faisait plus chaud dans cette pièce et les décorations semblaient nettement plus inspirées que celles précédemment observé par l'artisan. Leur abondance avait malgré tout quelque chose de dérangeant, il s'avança avec circonspection et se déchaussa en remarquant qu'il foulait un tapis d'une grande finesse. Il continua plus loin et leva les yeux vers 'le Maître' qui, chose surprenante à ses yeux, était en vérité une femme. Une femme élégante dont émanait une respectable force de caractère, un charisme détonnant qui fit apparaître l'ombre d'un sourire sur le visage de Jill qui daigna retirer sa capuche par respect pour cette belle Dame. Il ne s'inclina que sobrement, sans prendre la peine de poser genou à terre, il se doutait qu'il avait affaire à une personne puissante, mais n'aimait pas se perdre dans des farandoles cérémonieuses un brin hypocrite. Car après tout, il ne la connaissait nullement et n'avait actuellement aucun lien. Il demeura silencieux, la fixant droit dans les yeux sans ciller, conservant un visage à la teneur parfaitement neutre, un faciès toutefois emprunt de curiosité et qui souleva une question muette : Pourquoi m'avez vous amené ici ?
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Viladra Memphis
Mentaï
02.05.12 20:24
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02.05.12 22:37
L'échange de regard entre les deux protagonistes dura quelques secondes qui semblèrent bien longues aux yeux de Jill qui était partagé entre une impatience impertinente, et un intérêt certain pour cette belle femme qui avait su faire sienne un ordre de guerriers à la discipline probablement discutable. La Dame semblait le juger corps, étudiant son corps légèrement vieilli par de tristes expériences passées, tel un grand livre aux écrits vastes et complexe. Quelque part, Jill se sentait flatté de cet intérêt, bien qu'il éprouvait une certaine méfiance vis à vis de cette chef charismatique. On n'avait jamais cessé de le lui dire dans ses jeunes jours : Le Diable se révèle souvent séduisant. L'hypothétique démon estima l'instant propice pour faire entendre sa voix séduisante, séduisante mais autoritaire tout en restant posé. Un sourire discret gagna alors le visage du jeune homme, qui en son for intérieur, se doutait que cette femme cachait une force exceptionnelle sous ses airs aguicheurs. Une rose aux épines létales, maculé du sang de ses ennemis. Elle prétendait éprouver un intérêt prononcé pour sa personne, plus particulièrement pour ses capacités latentes, et des fins réjouissantes qu'elles pouvaient amener.
Jill se contenta de l'écouter sans détourner ses yeux des siens, acquiesçant de temps en autre pour lui indiquait qu'il la suivait. En vérité, il buvait ses paroles tel un nectar exquis et s'en délectait, ce qui confirmait ses premières impressions sur la Dame. Celle-ci se leva alors de son élégant fauteuil pourpre, avec une grâce respectable, et se lança dans un discours à la hauteur de sa prestance. Elle ne venta pas véritablement les mérites de son ordre, elle se contenta d'exposer les faits. Cette femme et les siens semaient le chaos, et en récoltait les cendres au nom de leur Seigneur. Pour servir une œuvre supérieure qui avait déjà un autre nom dans l'esprit de Jill : Le Projet Global.
Un sourire satisfait conféra un air sinistre au visage de l'artisan, la cause servie par ces gens semblait entrer dans le cadre de sa singulière philosophie, estimant que le chaos amènerait le chaos. Toutes ces personnes seraient un raccourci vers une nouvelle félicité guidée par les Forces Supérieures. Il n'écouta qu'avec un vague intérêt ce qu'il adviendrait en cas de trahison, Jill était suffisamment intelligent pour saisir les conséquences d'un tel acte auprès d'une personne qui s'était forgée une telle autorité. Il pouvait encore ressentir la peur des hommes de main qui l'avait amené à elle, une crainte respectueuse telle celle que l'on voue à certaines déités capricieuses. Une fois que la belle eut finit de poser son discours, Jill s'inclina légèrement, une vague référence qui pouvait sembler ironique, et qui était pourtant bien sincère.
- Vous êtes particulièrement convainquante ma chère. Vous formulez joliment des idées que je partage. Je ne prétends pas servir directement le Seigneur Noir, mais je crois avoir jusqu'ici agi en son sens.
Il émit un rire léger presque aussi glacial qu'un soupir fantomatique porté par le vent. Le jeune homme s'avança alors vers Viladra, conservant tout de même un mètre de distance avec elle, il s'adressa à elle en levant doucement les bras dans un geste emprunt de ferveur.
- Mais j'avoue être surpris, une personne de votre prestance qui vient quérir le soutien d'un être extérieur aux vôtres, susceptible d'être un venin indicible au cœur même de votre organisme, parasitant votre bras oeuvrant au nom du chaos.
Il fit un pas vers la charismatique leader, la fixant droit dans les yeux, lui imposant la vision de ses sombres pupilles.
- Vous dites connaître mes pouvoirs, vous savez donc combien ils peuvent corrompre sans que nul ne les soupçonne.
Le sourire de Jill s'élargit un peu plus, révélant ses dents effilés, une mâchoire avide, d'un être prêt à croquer dans une affaire pour en récolter le meilleur.
- Mais je vois les intérêts que j'ai à tirer de notre alliance, et de ceux que je suis susceptibles d'apporter.
Il approcha son visage du sien, s'y trouvant si proche qu'ils pouvaient sentir leur souffle mutuel. Son sourire regagna une teneur plus saine tandis qu'il déviait son visage sur le coté, susurrant à l'oreille de la Dame.
- Je suis donc votre. Corps et Âme. Si cet accord demeure du donnant-donnant, je n'ai aucune raison de me dérober à votre autorité.
Il baissa légèrement sa tête au niveau du creux de l'épaule de Viladra, humant son parfum enivrant avant de se retirer. Mais pendant un court instant, ses lèvres effleurèrent son cou, caressant subrepticement cette peau douce, interdite, caressant les pétales de la Rose Létale. Là dessus, l'homme recula d'un pas, satisfait du pacte qu'on lui présentait. Il se tourna vers la fenêtre et s'avança vers celle-ci, contempla le temps bistre et désolant à l'extérieur, pensif.
- Mais je connais toujours pas votre nom, ma chère. Il serait bon de savoir comment je dois appeler celle que je suis amené à servir, pas vrai ? Par ailleurs, dois je prêter serment ou mener je ne trop quel office pour vous prouver mon engagement ?
Il fit volte-face vers la charismatique Viladra en s'asseyant sur le bord de la fenêtre. Toujours affublé de cet air réjoui sur le visage. Il attendait ses premières instructions, avec une curiosité et un intérêt manifestes. Pour sûr, Jill semblait être un allié fiable pour peu que l'on marche dans son sens, restait plus qu'à veiller à s'assurer de sa loyauté sur le long terme, ce qui ne serait pas nécessairement des plus facile.
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Viladra Memphis
Mentaï
06.05.12 18:53
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08.05.12 20:56
Le pacte était signé. Les deux noirs esprits s'étaient accordés en vue d'assouvir leurs sombres desseins, individuels et communs. Si le fond de l'accord était désormais clair, restait à en définir les formes exactes, ce qui attendait et ce qu'on attendait de Jill l'artisan infernal. Il venait visiblement de se faire octroyer le statut 'd'apprenti' qui lui conférait quelques avantages privilégiés. L'un des premiers, des plus évidents, était l'acquisition d'un toit. Le fief des Mercenaires du Chaos lui était ouvert jusqu'à nouvel ordre. Mieux encore, il disposait d'un espace personnel que Viladra allait lui présenter, avant de révéler dans un premier temps une capacité de déplacement spatio-temporel qui surprit le sombre jeune homme. Cela lui rappela quelque peu l'être qui l'avait amené dans ce monde parallèle, cette capacité était peut être plus répandu qu'il ne le croyait. Ils se trouvaient désormais dans un autre couloir et Jill put constater d'un coup d'oeil à la fenêtre qu'il avait changé d'étage, et gagné en hauteur. L'homme suivit sa supérieure d'un pas tranquille, détaillant chaque élément rencontré, notamment les décorations plus nombreuses que précédemment. Il dénota aussi un nombre plus important de portes, ce qui le laissa deviner qu'il devait s'agir d'une zone de la tour aménagée en dortoir. Viladra s'arrêta face à l'une d'entre elles et lui rappela combien ce qu'il avait ici n'était dû qu'à son rang, une façon habile de lui faire remarquer qu'elle en attendait beaucoup de lui. Cette constatation le fit sourire en coin, il avait idée de qui pouvait attendre ceux qui ne répondaient pas à ce genre d'attente, ce n'était guère réjouissant, mais il trouvait cette pression stimulante.
Jill découvrit les lieux en détails dès l'instant où elle l'invita à entrer, une pièce large et conventionnelle clairement aménagée pour une vie de soldat. De soldat privilégié, mais de soldat malgré tout. Il y régnait une atmosphère étrange et l'endroit était baigné d'une légère odeur estival, peut être issu d'un procédé magique. Jill admira le tout longuement, notamment le bassin déjà rempli d'eau chaude qu'il estimait un peu grandiloquent pour sa personne. Il regarda aussi un moment l'ample lit, et bifurqua un instant son regard sur Viladra en se surprenant à rire doucement. Il n'insista pas, et se demanda si ce sous-entendu n'était pas de trop. Il hocha négativement la tête en réponse à son propre sens de l'humour et tâta une tapisserie murale du bout des doigts, constatant la finesse de leur tissu. Quand sa Maîtresse le questionna sur un éventuel besoin quelconque, il releva la tête vers elle et la gratifia d'un sourire un brin sarcastique.
- Aurais-je mal compris quelque chose ? Il me semble pourtant... que selon notre accord...
Jill abandonna la contemplation de la tapisserie pour s'avancer vers la belle femme, s'arrêtant une fois encore à un mètre d'elle comme pour marquer une distance respectable entre eux. Il répéta à nouveau une de ces révérences un brin trop solennels pour sembler vraies, quand bien même il la réalisait avec une véritable volonté de se montrer courtois.
- La question n'est pas de savoir si ma personne a besoin de quelque chose mais si VOUS avez besoin de quelque chose. N'oubliez pas, je suis votre apprenti, je suis votre ombre.
Sur un autre rire discret, il se tourna vers le bassin et s'accroupit devant pour glisser ses doigts dans l'eau pure et chaude qui y coulait. Bien qu'il trouvait ce luxe de trop pour sa personne, il devait avouer que l'idée d'y tremper le ronger, d'autant plus que la route jusqu'ici avait été direct et peu reposante. Il se redressa en se promettant d'y revenir plus tard, s'adressa de nouveau à sa Maîtresse, l'air plus sérieux cette fois-ci.
- J'aurais toutefois une seule question, abritez vous une forge aux alentours ? Je suis avant un artisan et j'avoue que la création est un élément indispensable à mon... équilibre. Pourrais-je m'y adonner de temps à autre ? Il va sans dire que mes œuvres serviront les nôtres...
Il croisa les bras, pensif. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la forge semblait avoir une importance véritable à ses yeux. Et on pouvait lire en lui qu'il souhaitait vraiment qu'il y ait un endroit ici où il pourrait se laisser aller à ses fantaisies. Peut être s'agissait-il là de la seule passion qu'il avait su garder intact au fil des années. Bien qu'il n'ait pu la satisfaire régulièrement, son errance l'ayant habitué à ne jamais fréquenté bien longtemps les lieux où il était en mesure de s'adonner à ce qu'il estimait être à la fois un loisir, et une vocation. Il scruta de façon significative les emplacements muraux techniquement réservés à des armes qui demeuraient vide. Son esprit artistique imaginait déjà quel genre de lame pouvait prendre place et s'imposer au regard d'autrui, mais pour l'heure, il devait se contenter de ce vide décevant.
[PS : Vraiment pas beaucoup d'inspiration décidément, j'en suis désolé. =/]
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Viladra Memphis
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26.05.12 19:26
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17.06.12 17:12
Jill était satisfait de constater que si elle tenait à ce que demeure une distance entre eux, Viladra semblait lui accordait une certaine confiance, malgré le fait qu’il ne s’agisse là que de leur première rencontre. Quelque part, cela laissait transparaitre un peu de sa personnalité, ce comportement altier qui animait sa personne. Bien sûr, la vérité était autrement plus complexe et ne pouvait être appréhendé aisément par une personne extérieure. Quoi qu’il en soit, ces bribes du caractère singulier de la Rose Létale titillaient la curiosité du sombre homme, perceptible au sourire malicieux qui gagna son visage.
Viladra Memphis semblait être un être fort, doté d'une aura attirante susceptible de convaincre le premier des sceptiques. Tel était la force d'un charisme savamment développé qui, pour Jill, suffisait à le convaincre de la capacité de cette femme à changer son monde. Le genre de personne que n'importe qui accepterait de suivre, quand bien même cela ne serait qu'une réponse à un caprice due à une curiosité exacerbée.
Par ailleurs, le fait de savoir qu’il jouirait d’une forge personnelle, probablement à la hauteur de ses appartements privés, le détendit aussitôt. Rien n’aurait pu lui manquer davantage que la chaleur du four et le crépitement des flammes, ce son si singulier qui précédait ce qu’il se plaisait plus que tout à faire : Créer. Donner naissance à des armes ou outils animés d’une volonté latente, la quintessence d’une émotion, tout ce qu’un artiste se plait à délivrer. Et il était ravi de voir que la leader des mercenaires accordait un certain respect au soin des belles lames. Pour sûr, si la Dame aimait la finesse, il la satisferait surement. Qui travaille avec passion et perfectionne son expertise ne peut que donner naissance à de jolies pièces. Peut être aurait-il l’honneur de forger une œuvre qu’elle daignerait porter ? Il verrait cela en temps voulu, pour l’heure, il devrait faire ses preuves, et non pas seulement en temps que forgeron mais surtout en tant que porteur de la volonté de ce… Seigneur Noir. Ce ne serait surement pas une partie de plaisir.
- Ne vous inquiétez pas, je saurais me montrer à la hauteur de vos attentes. J’aurais soin de vous surprendre et de vous… satisfaire. Après tout, il en va de ma vie, et je tiens encore à fouler le sol de cette terre.
Le regard de Jill riva alors sur la lame suspendue à la ceinture de sa maîtresse, sans nul doute une belle pièce qui aurait vite fait de l’éviscérer en un glissement de poignet. Après quelques dernières recommandations, Viladra s’éclipsa avec élégance sous le regard amusé de Jill qui alla s’installer un moment sur le lit, la route avait été longue jusqu’ici. Non pas le trajet récent qu’il avait effectué avec quelques laquais mercenaires, ce n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan d’évènement l’ayant porté depuis son arrivé en Gwendalavir, un flux chaotique qui allait peut être commençait à revêtir un sens. Il prit une expression pensive en glissant les mains sous la tête, posée sur l’oreiller, fixant le plafond marbré impersonnel qui lui rappelait le monastère de ses jeunes jours. Mais cette fois, il savait que demain, lorsqu’il ouvrira les yeux, il aurait un but et une véritable raison de se lever. Tout ce qu’il avait traversé n’avait pas été vain, il ne lui restait plus qu’à se montrer digne de la tâche qui l’incombait : Être le bras droit de cette curieuse femme, si sa fortune était bien de la suivre dans son entreprise. Les jours prochains sauraient surement éclaircir son esprit à ce sujet.
Devenir un combattant n'était pas donné au premier venu, mais son vécu avait endurci son corps et son activité de forgeron développé sa force physique. Et au-delà de ça, il était pourvu d'une confiance absolu en ses capacités et était persuadé qu'il était loin d'avoir exploré le plein potentiel de ses talents. Il sentait cette vocation guerrière raisonner en lui comme un appel, peut être était-ce une réponse naturelle à l'aura persuasive de Viladra ? Il se le demandait lui-même, mais se fichait concrètement de l'origine de la volonté qui le gagnait peu à peu. Jill savait qu'au fond, il était fort, et ceux qui demeurent forts mentalement sont les seuls responsables de leur destin. Et si c'était Viladra qui lui tendait l'épée, c'était lui et lui seul qui déciderait de s'en armer ou non.
Peu à peu, la fatigue mise de coté jusqu’à lors vint se manifester dans tout son être. Il eut une pensée pour les bougies autour de lui qui s’éteignirent en réponse à son désir silencieux d’obscurité. Il ferma alors les yeux et se laisser bercer par l’écoulement de l’eau dans le bassin adjacent au lit. Peu à peu, le mouvement des flots l’embarqua sur une mer emprunte de rêverie, là où il saurait se requinquer, en attendant demain.