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Bah tu vois! T'en as un vivant cette fois[PV Kiki et Kerïm]
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Roxane
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Roxane
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03.09.12 20:47
Roxane était morte de peur. Elle crevait de trouille. Et le mot était faible.

Passé le moment de stupeur, elle s’était approchée de la fenêtre pour y voir de plus près. Elle entendait les hurlements, mais ne voyait rien. Et elle n’aurait su dire si ça lui convenait ou non…
Parce-que, sans voir, des images déferlaient dans son esprit, plus horribles les unes que les autres. Mais si les Raïs commençaient à assassiner les habitants devant ses yeux…Elle ne savait pas si elle pourrait supporter.
En fait, non. Elle ne le supporterait pas.

La rêveuse avalait sa salive, redoutant qu’un des guerriers cochons déboule dans la pièce et vienne la tuer à son tour.
Elle était sur les nerfs, agitée, n’osant plus faire autre chose que regarder par cette fichue fenêtre pour tenter de voir. Ses mains se crispaient à l’appui, incapables de s’en détacher.
Il fallait qu’elle sache. Est-ce que les Raïs gagnaient la bataille ? Vu les multiples cris de guerre, ils avaient l’air nombreux.
Donc, les hommes n’avaient aucune chance.

Roxane secoua la tête : il ne fallait pas être aussi pessimiste. Elle devait faire affluer les pensées positives qu’elle tentait de rassembler tout le temps.
Ils allaient gagner. Il restait peut-être de l’espoir. Ils devaient gagner. Ils ne pouvaient pas faire autrement.
Sinon…Non. Il ne fallait pas y penser.

Quelqu’un ouvrit la porte doucement. La jeune femme se retourna, sur le qui-vive, prête à lancer un coussin à son assaillant. Certes, ce n’était pas une arme digne de ce nom mais au moins, cela le distrairait un moment…
Mais elle fut soulagée en découvrant Killian qui s’approchait d’elle, la rassurant par des paroles. Elle vint se mettre à ses côtés, et lui demanda, la voix pleine d’inquiétude :

-Tu as vu Anton ?

« Non. Non, je ne l’ai pas vu. Et tu sais quoi ? Il est peut-être mort. Par ma faute. Il est mort, tué par des Raïs, et tout ça parce-que j’ai joué mes rabat-joie et que je n’ai rien fait pour le retenir lorsque j’en avais l’occasion. »
Roxane eut envie de formuler ses pensées à voix haute, seulement aucun son ne sortit de sa gorge. Parce-qu’elle était certaine qu’elle allait se mettre à pleurer, et elle n’en avait aucune envie. Ce n’était pas le moment de jouer les sentimentales !
Et aussi, parce-que, si elle le disait vraiment, elle réussirait sans doute à se convaincre qu’elle avait raison. Hors, elle voulait garder à l’esprit l’espoir qu’il soit encore vivant…

De nouveaux cris retentirent, déchirants. La jeune rêveuse eut envie de hurler à son tour, pour tenter de camoufler l’agonie de ses hommes.
Elle se laissa tomber à terre, plaquant ses mains jusqu’à s’en faire mal à ses oreilles. Elle beugla, brisée :

-Faites-les taire ! Faites-les taire, bon sang !

Killian s’abaissa à sa hauteur, tenta de la prendre dans ses bras. Seulement, Roxane la repoussa, se levant.
Elle allait devenir folle.
Les plaintes continuaient et, cette fois, en regardant par la fenêtre, elle les vit très clairement.
Les hommes affrontant les Raïs en bas, avec des armes pas plus utiles que des babioles à leurs mains. Ils ne savaient pas se battre, s’était évident.
Ils courraient à leur perte. Ils allaient tous mourir, abandonnant femmes et enfants aux mains de ses cochons perfides.

Roxane vit le sang couler, des membres se disloquer, la douleur percer. (ça rime !) Roxane vit la souffrance sur leurs visages innocents, vit la tristesse de perdre et surtout…
Elle vit la mort.

-Killian ! Killian, il faut que je fasse quelque-chose ! Il faut que je fasse quelque-chose !

La rêveuse balaya la salle du regard, cherchant une arme. Elle allait elle aussi se battre. Elle allait les aider, les soigner ! Il y avait encore un espoir ! Ils allaient vivre ! Elle allait les sauver de la mort ! Après tout, ce n’était pas une maladie grave, n’est-ce pas ? Pleins de personnes étaient atteints de la maladie de la mort et il y avait toujours une guérison possible. Elle la trouverait !

La marchombre s’avança vers elle, essaya de la retenir. Elle se débattit avec force, lui chuchota quelque-chose à l’oreille qu’elle ne comprit pas. Qu’elle ne voulait pas comprendre.
Roxane la repoussa, hurlant à travers les larmes :

-Tu ne comprends pas ! Je dois y aller ! Je dois les sauver ! Regarde-les ! Ils sont justes à bout de force, rien d’autre ! Ce n’est pas parce-que leur cœur ne bat plus qu’ils vont mourir ! Je les sauverai, tu verras ! J’y arriverai ! Laisse-moi, Killian ! LAISSE-MOI !

Killian la prit par la force. Si elle n’arrêtait pas cette furie maintenant, elle descendrait et se tuerait en vain. Elle la serra dans ses bras et Roxane pleura sur son épaule, fermant les yeux. Elle ne voulait plus voir le sang…C’était trop dur pour elle. Elle n’avait que dix-sept ans.
Et si son amie lui parla, elle n’entendit rien. Le son de la bataille était beaucoup trop fort…
Elle chuchota d’une toute petite voix :

-Je dois y aller…Ils ne peuvent pas mourir…Je ne veux pas…

Puis vint le silence. La rêveuse leva la tête, la peur lui tordant le ventre. Le silence était parfois pire que les cris d’agonies. Elle n’entendait plus rien et n’osait pas s’approcher de la fenêtre. Ce manque de bruits était redoutable.
Effrayant.
Avaient-ils gagné ? Ou était-ce tout à fait le contraire ? Qui était vivant ? Et mort ?

Roxane serra la main de son amie, retenant son souffle. Elles entendirent quelqu’un monter dans l’escalier, d’une démarche lasse.
Elles gardèrent les yeux fixés sur la porte, prête à se battre s’il le fallait.

-Si je meurs…Je tiens à te faire mes aveux…Une fois, alors que tu étais partie…j’ai mangé tous les biscuits de ta sacoche. Ce n’était pas ton cheval, non…

Le battant s’ouvrit alors, laissant place à…Kerïm. Il était vivant. Avaient-ils réussi ?
Il leur sourit, comme pour les rassurer, mais il semblait horriblement triste. Roxane sentit une boule se former dans sa gorge et des larmes commencèrent à pointer au bout de ses yeux.
Oui. Ils avaient réussi. Mais à quel prix ?

-Moi qui pensais vous trouvez endormies comme deux belles princesses alaviriennes, je n'aurais pas rechigné à vous réveiller d'un baiser. Vous êtes bien belles, mais vous n'êtes pas endormies... et je ne suis pas un beau prince.

Il s’assit lourdement sur une chaise, tendant une jambe devant lui. Un long silence s’ensuivit pendant lequel Kerïm laissa ses mains sur son visage.
La rêveuse resta muette, ne sachant ce qu’elle devait faire ou dire. Elle remarqua alors que la jambe tendue était salement amoché, et elle se leva pour le soigner.
Pour tenter de soigner ses blessures. Physiques…ou non.

Roxane se laissa tomber près de lui, s’asseyant sur ses genoux pour être à hauteur de son visage. Elle déposa ses mains sur les siennes, les retirant doucement et d’une voix où tintait la tristesse, chuchota :

-Je te comprends mieux que quiconque, Kerïm. Tu es habitué à la beauté de la vie, n’est-ce pas ? Tu es habitué au joyeux monde qui nous entoure, rempli de couleur. Tu vas me dire que non, tu as déjà vécu des choses terribles, comme tout le monde. Mais la souffrance sur ton visage démontre qu’auparavant, tu n’avais jamais assisté à un tel massacre. Kerïm…Je veux juste que tu saches que ça me fait le même effet. Parce-que je suis une rêveuse, et que la vue de la mort m’insupporte, mais aussi parce-que j’ai vu de terribles choses…Kerïm, regarde-moi…elle leva son visage, le fixant dans les yeux. Ce n’est pas la dernière fois que tu verras ça. Il faut que tu sois fort. elle serra ses mains dans les siennes. Je ne te laisserai pas t’abattre. Je ne te laisserai pas tomber. Je sais.

Elle savait comment il se sentait. Pour avoir vu pire, pour avoir subi des choses horribles, elle comprenait ses sentiments parfaitement.
Sans un mot, elle lâcha ses doigts, parcourut sa jambe et entreprit son rêve. Elle se risqua même jusqu’à atteindre son cœur, lui envoyant une vague de douceur. Il fallait qu’il s’en sorte.
Sinon il deviendrait fou. Sinon, les visages de la Mort le suivraient partout avec lui, ne lui laissant aucun répit.
Et il envisagerait le pire. Roxane ne le souhait pour rien au monde. Pour lui, pour elle, mais surtout pour Killian.
Elle ne permettrait pas qu’un autre de ses amours ne meurt. Parce-que c’était évident qu’ils devaient finir ensemble pour toujours.
Et s’il venait par succomber, la rêveuse viendrait le rechercher en enfer.
Tandis qu’elle se relevait doucement, elle s’en fit la promesse.
Elle ferait tout pour que leur couple persiste.
Quitte à se sacrifier.
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Killian Delkaïron
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Killian Delkaïron
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03.09.12 22:02
Killian paniquait. Elle l'avouait. Elle était terrifiée. Les cris étaient horribles, le bruit des affrontements affreux. Oui, elle avait déjà vu tout ceci, mais avec ses hormones, la violence semblait comme décuplée. Elle était toujours à la fenêtre, aux côtés de Roxane, tout aussi pétrifiée.
Aucune parole n'avait été échangée depuis son entrée dans la pièce et les seuls bruits provenaient de l'extérieur. Killian voulait regarder, trouver Kerïm dans la cohue et vérifier que rien ne lui arrive, tenter de trouver Anton aussi si jamais, mais en même temps, elle redoutait cette vision du corps sans vie du Dresseur si elle le faisait. Parce qu'elle ne pourrait pas le supporter. Pas maintenant. Il représentait un pilier pour elle. Le pilier central. Et s'il s'écroulait, elle suivrait.

D'un coup, Roxane s'affaissa au sol, la tirant de ses pensées, en hurlant :


-Faites-les taire ! Faites-les taire, bon sang !

Tant bien que mal, la Marchombre se mit à sa hauteur et voulut la prendre dans ses bras, l'aider à supporter cette horreur. Elle savait très bien que Roxane ne supportait pas le sang, les morts et les batailles. Mais celle-ci la repoussa et se releva. Retrouvant son équilibre pour ne pas tomber, Killian eut peur que son amie soit toujours en colère contre elle, à cause du Dresseur, à cause de leurs sentiments réciproques, et non énervée à cause des Raïs. Mais elles ne dirent rien de plus et Killian la laissa regarder dehors. Les hommes tombaient, ne sachant pas se battre convenablement et surtout, n'ayant pas d'armes ou armures correctes. Elle chercha à nouveau Kerïm du regard, pria pour qu'il ne fasse pas partie de tous ses innocents à terre, rappelés par la Faucheuse beaucoup trop tôt.

-Killian ! Killian, il faut que je fasse quelque-chose ! Il faut que je fasse quelque-chose !

Roxane était dans un état de panique totale. Elle tremblait, scrutait la pièce à la recherche de quelque chose. Killian ne pouvait pas la laisser faire une bêtise pareille. Oui, elle devait faire quelque chose mais pas maintenant. Si elle y allait maintenant, elle courrait vers sa propre mort et Killian ne le voulait pas.

Alors elle s'avança et tenta de la retenir. Mais avec sa grossesse, Roxane devenait plus forte qu'elle et se dégagea brutalement. Killian ne se résigna pas et la reprit au bras, la forçant à rester avec elle. Roxane parla, murmura quelque chose, mais la Marchombre ne le comprit pas. Et, une nouvelle fois, elle se dégagea en pleurant et hurlant :


-Tu ne comprends pas ! Je dois y aller ! Je dois les sauver ! Regarde-les ! Ils sont justes à bout de force, rien d’autre ! Ce n’est pas parce-que leur cœur ne bat plus qu’ils vont mourir ! Je les sauverai, tu verras ! J’y arriverai ! Laisse-moi, Killian ! LAISSE-MOI !

Killian ne se laissa pas atteindre, ignora ses vociférations et la rattrapa aux bras de force. C'était pour son bien. Parce que maintenant Killian savait que Roxane n'était pas en colère contre elle mais bel et bien contre son impuissance face au massacre qui se déroulait toujours dans les rues, en contre bas. Et Killian avait toujours peur pour Kerïm, pour Anton aussi. La collant à elle, Killian la prit dans ses bras, la berça lentement, la laissant pleurer contre son épaule. Killian ne disait rien, la laissait se calmer du mieux qu'elle pouvait avec les bruits ambiants.

-Je dois y aller…Ils ne peuvent pas mourir…Je ne veux pas…

Elle parlait avec une petite voix et Killian lui caressa les cheveux, la consolant de plus belle. Et c'est là qu'elle sentit leur odeur. Les odeurs des animaux. Des chevaux plus précisément. Au milieu, elle réussit à tirer celle de Taï'Dashar. Donc, si son cheval était en bas…le troupeau de Kerïm ! Les bruits des sabots se firent soudain entendre, comme des tremblements de terre. Combien en avait-il déjà ? Il le leur avait dit durant le dîner…ah oui ! Deux cents. Deux cents chevaux qui piétinaient les Raïs. Roxane toujours serrée contre elle, Killian fût abasourdi par le vacarme hurlant de ce silence soudain.

Elles retinrent leur souffle, n'osant pas bouger. Elle serra également la main de son amie et elle se retint de crier en entendant du bruit dans l'escalier. Elle se tint prête, au cas où, pour pouvoir les défendre, Roxane et elle.


-Si je meurs…Je tiens à te faire mes aveux…Une fois, alors que tu étais partie…j’ai mangé tous les biscuits de ta sacoche. Ce n’était pas ton cheval, non…

Killian regarda son amie, étonnée par cet…aveux. Donc ce n'était pas Taï'Dashar ? Elle l'avait puni pour rien…elle lui avait fait la tête pendant deux heures pour rien ! Mais bon. Elle ne put empêcher un demi-sourire de naître sur ses lèvres. Roxane garderait à jamais son humour irrésistible. Le bruit se fût alors plus proche et elle se tendit comme elle put, alors que la poignée s'actionnait et que la porte s'ouvrait, laissant place à…

Kerïm.

Son cœur sauta littéralement de joie dans sa poitrine. Il était en vie. Il était là, n'était pas parti…elle voulut pleurer, hurler, rire…
Mais elle ne fît rien. Ce petit rouage, en elle, s'était remis en place et maintenant, elle était moins inquiète. Il ne manquait plus qu'Anton…
Elle avisa son air triste, malgré son sourire qui se voulait rassurant et écouta ses paroles, cette musique qu'elle aimait tant entendre :


-Moi qui pensais vous trouvez endormies comme deux belles princesses alaviriennes, je n'aurais pas rechigné à vous réveiller d'un baiser. Vous êtes bien belles, mais vous n'êtes pas endormies... et je ne suis pas un beau prince.

Elle voulut lui dire que justement, il était un prince, même un roi, un merveilleux roi, un magnifique roi, mais il se laissa tomber plus qu'il ne s'assit sur une chaise, laissant une jambe tendue devant lui.
Il mit ses mains sur son visage, et elle voulut se jeter à genoux près de lui, l'aider à surmonter cette tristesse. Il devait être comme Roxane, et ne pas supporter le sang et la mort.

Ensuite, descendant le long de son corps, elle vit sa jambe en sang. Elle voulut hurler à Roxane d'aller le soigner, mais cette dernière se leva et s'approcha du Dresseur. Killian était immobile, ne savait pas quoi faire, n'osait rien faire. Roxane leur en voulait peut-être toujours.

La Rêveuse lui prit les mains et les retira de son visage, à genoux près de lui, et lui parla. Killian, de là ou elle se trouvait, n'entendit que le chuchotis, et non les mots. Elle devrait elle aussi le réconforter, l'aider, mais n'osait pas. Elle ne voulait pas que son amie souffre encore.

Puis Roxane se détacha et mit ses mains sur la jambe blessée. Killian vit la plaie se résorber et cicatriser plus vite. Elle sourit en regardant Kerïm, plongeant dans son regard. Elle n'allait pas lui montrer un visage triste elle aussi. Il fallait qu'il surmonte. Alors, si elle pouvait l'aider, juste en souriant, elle le ferait.

Puis, alors que Roxane se relevait, ils entendirent un nouveau bruit dans les escaliers. Un bruit de course. Killian se leva et se mit près de Roxane et de Kerïm. Elle les défendrait si elle le pouvait. Kerïm était épuisé et avait mal, ne pouvait pas se défendre, et Roxane ne savait tout simplement pas. Killian devait faire rempart, et elle pouvait encore lancer des couteaux, si jamais elle en avait le temps.

La porte s'ouvrit brusquement et lorsque la surprise retomba, tous écarquillèrent les yeux en découvrant Anton, le visage déformé par la peur, mais souriant. Il s'avança dans la pièce et déclara, de son ton joyeux habituel :


-ROXANE! Je pars une seconde, et tu fais tout un tapage! Sérieusement, qu'est-ce que je vais faire de toi!

Il se jeta ensuite sur la Rêveuse et la serra dans ses bras. Killian soupira de soulagement. Ils étaient tous en vie. Même son enfant reprit ses coups, alors qu'il s'était tut durant toute la bataille. Elle se rapprocha de Kerïm et lui prit la main, la serrant dans la sienne. Elle laissa Anton et Roxane ensemble et s'agenouilla pour être à la hauteur du Dresseur.

-J'étais si inquiète…

Une nouvelle fois, elle plongea dans son regard turquoise, caressant sa main. Elle espérait encore que Roxane ne lui en veuille plus…
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17.10.12 14:23
Ce fut sûrement un sanglot qui étrangla Kerïm lorsque les mains de Roxane vinrent se poser doucement sur les siennes. Il les pressa davantage contre ses yeux, les fermant aussi fort qu'il le put. Kerïm était certes un preux chevalier, mais un chevalier qui jusque là n'avait jamais eu à se mettre du sang sur les mains. Et surtout, il n'en voyait pas l'importance. Pour lui, un chevalier devait être loyal, courageux et le cœur plein d'honneur. Un chevalier n'était pas un boucher de campagne. C'était ce qu'il était devenu, durant un instant. Il avait fauché des têtes raïs comme certains avaient fauché le blé. Était-il pourtant un assassin ? Absolument pas, il avait combattu avec cette pensée protectrice envers ses amis et son amour. Il n'avait eu aucune haine contre ses rais. Il avait seulement contracté cette peur passionnelle et dévastatrice. Qui pouvait d'ailleurs être bien plus dangereuse qu'une simple volonté de tuer...Mais Kerïm ne voyait plus qu'une chose : ce sang qui marquait ses mains.

Gentille Roxane. Douce Roxane. Quel amour pouvait-elle avoir pour pouvoir soutenir les autres lorsqu'elle même était terriblement apeurée ? Roxane était la joie de vivre incarnée. Une flamme de vie plongée dans un monde pourri par le fléau. Dans ses paumes, Kerïm hocha docilement la tête. Ses larmes s'étaient envolées sur les joues d'une autre personne. Ses mains se resserrèrent sur son visage, sur ses yeux frissonnants de terreur. Kerïm était un homme terrorisé par la violence de la vie. Cette même violence qui avait accompagné ses élans passionnels. Cette indéniable violence qu'il avait envoyé à la gueule d'une dizaine de raïs puants. Sa peur lui rongeait les yeux et déployait sur son cœur des voiles dorées. Le jeune noble inspira difficilement tant sa poitrine s'était resserrée contre son cœur. Une vague de chaleur le submergea et Kerïm serra doucement Roxane contre lui, ses lèvres murmurant un « merci » inaudible.

Kerïm posa sa tête contre l'épaule de Roxane lorsque celle-ci entreprit de soigner sa blessure. Son regard croisa celui ombrageux de Killian. Son amour qui persistait dans ce massacre sans nom. Son illumination qui chantait tel un chorifé, son âme à l'écoute de ses moindres notes. Kerïm s'accrochait à Killian comme une chaire déchirée soignée sous les mains délicates de Roxane. Ils étaient tous des écorchés.

Brusquement, les yeux de Killian s'écarquillèrent. Soudainement, le cœur de Kerïm rata un battement. Sournoisement, le plancher se mit à grincer dans le couloir.Précipitamment Killian les rejoins dans le coin de la pièce. Doucement Kerïm décala la jeune rêveuse pour pouvoir l'expédier en sûreté si jamais surgissait l'affreuse gueule d'un raïs. Et puis, tout se précipita, les piétinements devant la porte, les respirations dans la chambre. La porte qui s'ouvrit fut comme une explosion dans le crâne de Kerïm. Une explosion de sourire. Anton était là, devant eux, son regard étincelant dans le silence soudain. Roxane se précipita dans ses bras et Kerïm se précipita de prendre Killian entre ses bras.

_J'étais si inquiète.
_J'étais terrorisé.

Il la garda contre lui, son visage enfouit dans la chevelure épaisse de sa belle. Killian, sa Lucifer, sa porteuse de lumière. Elle était son illumination, celle qui l'avait initié à sa passion amoureuse. Le jeune chevalier la libéra quelque peu de son étau, la regarda droit dans les yeux. Sa voix sonna faux un instant. Il défaillait totalement devant la sombre beauté de sa compagne.

_Nous allons aider ces villageois jusqu'à ce que chaque mort soit rendu à la terre. Après je partirais Killian. Je ne pourrais pas rester plus longtemps ici, je dois partir. Je dois voyager. Killian, j'ai envie que tu restes avec moi. Que l'on marche ensemble dans notre nouvelle vie. Parce que... Parce qu'on ne peut pas se le cacher. Il faut que l'on soit côte à côte désormais. J'ai des terres et une propriété près d'Ombreuse, j'ai envie que ça soit chez nous. Chez nous Killian. Kerïm, s'arrêta pour respirer. Pour la regarder, elle, son âme vivante. Puis il tourna la tête vers Roxane, sa chère Roxane. Pour toi aussi la maison sera ouverte. Tu y seras chez toi tant que tu vivras. Et j'espère bien que l'on fera encore un bout de chemin ensemble.
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Roxane
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Roxane
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24.10.12 20:39
Roxane releva la tête. Un bruit de pas, visiblement pressés, s’échappaient de derrière la porte. Tous les protagonistes retinrent leur respiration, de peur que l’ennemi ne soit de retour. Mais la démarche du mystérieux….marcheur était bien trop légère pour que ce soit un Raïs. Bien trop…frivole. Bien trop….Antonnien.
Aussi, avant même que le jeune homme ait ouvert la porte, la rêveuse comprit de qui il s’agissait. Qui d’autre pouvait courir, déraper, sautiller comme ça ? Ahah ! Personne ! Bonne réponse.
Bref, Anton et Roxane se sautèrent littéralement dans les bras – manquant de très peu de se cogner violemment sur l’autre – et le garçon déclara entre deux reniflements :

-ROXANE! Je pars une seconde, et tu fais tout un tapage! Sérieusement, qu'est-ce que je vais faire de toi!

Pour toute réponse, la jeune fille éclate de rire et s’empara de ses lèvres. Il émit un grognement de satisfaction et déposa sa tête sur son épaule une fois le baiser rompu. Aaah…Comme il était heureux le pt’i Antonichou ! Là, dans les bras de sa bien-aimée, à pouvoir l’embrasser à sa guise…Dans une chambre modeste, bien sympa, loin de toute agitation extérieure…Qu’il était bien à contempler le visage de sa chère et tendre, qui regardait dans la direction des deux autres amants, derrière eux. Il suivit doucement son regard, et se rassura lui-même : elle dévorait Kerïm du regard, rien d’autre.



Attendez ? Vous voulez que je répète ? Bien, ce n’est pas dans mes habitudes de narratrice de faire ça mais…Oh, oui je sais, j’ai une super belle voix. Aller, je vous accorde ce désir, mes lecteurs adorés ! Vous me faites tellement rougir !
Je disais donc : ‘Il suivit doucement son regard, et se rassura lui-même : elle dévorait Kerïm du regard, rien d’autre’. Oui. Voilà. Vous aviez bien lu !
Doonc, Anton, lorsqu’il se recala au creux de l’épaule de sa chérie, tout rassuré qu’il était, se mit à sourire bêtement. Sourire qui, vous l’imaginez, une fois que la scène lui était enfin montée au cerveau, se figea. Il prit le visage de Roxane dans ses mains, planta son regard dans le sien et afficha une mine boudeuse en marmonnant :

-Arrête de le regarder ! Je vais finir par me sentir vexé !

-Roh, toi… ! Je ne fais que regarder…

-Oui, mais c’est propriété privée !

La demoiselle ne put s’empêcher de laisser un sourire amusé lui échapper. Anton était vraiment adorable, tout jaloux qu’il était.
Elle décida de laisser loin dans sa tête le fait qu’il ne serait jamais son véritable amoureux. Qu’il avait raison d’être jaloux, car des amants elle en aurait pleins. Elle le savait. Elle était faite comme ça : indécise, libre. Elle détestait s’attacher aux gens. C’est parfois pour ça qu’elle ne restait pas très longtemps avec des personnes. Qu’elle bougeait sans cesse. Mais elle pouvait au moins clamer que ses hommes étaient prévenus. Ils savaient à quoi s’attendre, alors ils ne devaient pas se plaindre.
Non…Roxane n’avait jamais été jalouse comme Anton. Peut-être simplement car elle n’avait jamais été véritablement amoureuse. Elle n’avait pas encore eu la chance – si elle l’aurait un jour – de rencontrer l’être qui ferait changer le cour de sa vie. Pas comme Killian et Kerïm qui s’était trouvé du premier regard…

Quoiqu’il en soit, elle passa sa main sur la joue de l’artiste de cirque, front contre front. Elle devait lui parler pour le faire redescendre sur terre, car elle ne désirait pas qu’il s’envole trop haut. Sinon sa chute serait d’autant plus douloureuse…
Aussi, elle chuchota doucement, même si lui faire de la peine lui déchirait le cœur – bah si, elle a tout de même des sentiments humains :

-N’oublie jamais que ce n’est qu’une longue soirée…

Son regard s’éteignit. Lui seul pouvait comprendre ses mots, douloureux, qu’elle venait de prononcer. Mais comme je suis une gentille narratrice, je vais vous éclaircir les idées…
Roxane n’avait-elle pas prévenu Anton, la première nuit qu’ils avaient scellée entre eux, qu’il n’était qu’un coup d’un soir ? Elle le lui avait rappelé, par la suite, mais il tenait fermement à elle. Alors elle avait fermé les yeux, et leur soirée se prolongeait inlassablement…
Anton prit toutes les peines du monde à recouvrer son sourire mais lui répondit avec un rire qui sonnait horriblement faux :

-Je sais, je sais ! Mais ça a pas trop d’importance, pas vrai ?

La demoiselle le fixait dans les yeux, l’ombre de la tristesse planant au-dessus d’elle. Il attendait une réponse. Il voulait l’entendre dire qu’elle l’aimait. C’était tout ce qu’il demandait. Un ‘je t’aime’. Rien de plus…C’est tellement facile, de prononcer ces trois mots ! Alors pourquoi avait-elle tant de mal à le faire ?

-Pas vrai ? répéta-t-il.

Roxane garda encore un moment le silence. Elle ne supportait pas de voir la détresse sur son visage. Il avait l’air tellement désespéré !
Aussi se reconstruisit-elle un sourire et répondit délicatement :

-Je suppose.

C’était peu, mais il sembla s’en contenter.
Les deux interlocuteurs se rendirent alors compte que Kerïm avait cessé de chuchoter avec sa chérie, et il leur sembla qu’il s’adressait à tout le monde et personne en particulier.
Roxane et Anton se regardèrent, visiblement consternés et légèrement honteux de n’avoir rien écouté et commencèrent à dialoguer doucement, pour qu’eux seuls entendent :

-Il a dit quoi ?

-Je pense qu’il a parlé d’une maison…

-Une maison ? Pourquoi une maison ? Il veut qu’on aille dans une maison ?

-Peut-être. Probablement. Ou bien y vivre?

-Vivre dans une maison ? Mais quelle idée !

-Je dois avouer que c’est étrange…

En fait, c’était surtout eux qui étaient étranges. Pour ne pas dire complètement bizarre. Ou écervelé. Ou bizarrement écervelé. Ou…okokjemetais.
Mais pour eux, vivre dans une maison était impensable. Roxane comme Kerïm avaient besoin de voyager et n’éprouvaient aucune envie à s’implanter quelque-part pour y vivre à jamais. Hé oui ! Ce sont des personnes libres, indépendantes, généreuses, astucieuses, géniallissimes, ///excusez-moi pour cette brève interruption. Mais la narratrice semble s’être légèrement emportée, alors je vous la ramène une fois calmée…///

Roxane se mit donc à réfléchir longuement sur la question, et ne se rendit pas compte que les amoureux attendaient une réponse.
Ce n’est uniquement lorsqu’elle sentit de longs regards appuyés dans sa direction, et entendit le silence soudain de la pièce, qu’elle trouvât que quelque-chose clochait.
Elle jeta un coup d’œil dans la direction d’Anton, qui souriait bêtement. S’ensuivit une double conversation impossible à suivre pour autres personnes qu’eux :

-Pourquoi ils me regardent ?

-Parce-que tu es belle.

-Oui, ça je le sais. Mais, à part ça… ?

-Tu pourrais au moins être modeste…A part ça, ils veulent une réponse.

-Pas la peine, tu me dirais automatiquement que si, je suis splendide et blablabla. Et toi ? T’en as pas donné une.

-Ca te dérange peut-être ? Oui mais ils savent que je te suivrai, de tout façon.

-Non, tu as raison. Je suppose que je dois dire quelque-chose, alors.

-J’ai toujours raison. Et oui.

La rêveuse se tourna alors vers ses compagnons et leur sourit de toutes ses dents. Elle faisait en fait une brève diversion, pour tenter de comprendre exactement ce qu'ils attendaient d'elle. De tout ce qu’elle savait, ils avaient mentionné une maison.
Et vu comme ils se tenaient collés l’un contre l’autre, c’était sûrement pour vivre à deux. Peut-être qu’ils lui demandaient de passer, de temps à autres ?
Puis, finalement, après une grande hésitation, elle se contenta de répliquer, toujours ultra souriante :

-…Oui !

La demoiselle vit que, à ses côtés, Anton était fier d’elle. Il bomba le torse, et hocha vigoureusement la tête. //JE SUIS RELAAA !// Oui oui. Fier. Parce-qu’elle avait réussi à les dépêtrer de leur drôle de situation. Encore fallait-il qu’elle ait bien répondu.
Et, pour se donner plus de contenance, la jeune femme prit un ton supérieur en déclarant :

-Je propose qu’on aide ses villageois à enterrer leur mort.

-Excellente initiative. Je suis de la partie.

Bien sûr, ils ignoraient que Kerïm leurs avait dit la même chose quelques instants plus tôt. Ils quittèrent la pièce ensuite, bras dessus bras dessus, le menton haut.
Ils attendirent alors d’être assez loin dans le couloir pour écarquiller grands les yeux et annoncer en s’esclaffant à demi :

-J’ai rien compris à ce qui c’est passé !

-Moi non plus !

Mais ça n’avait pas vraiment d’importance. Ils s’étaient réconciliés. Ils étaient heureux, prêts à aider les villageois. Prêts à tout, en fait.
Alors, que ce soit pour un soir ou non, à cet instant, non, ça n’avait aucune importance. Pas vrai ?
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Killian Delkaïron
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Killian Delkaïron
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24.10.12 22:49
[bon j'espère qu'il vous convient ! S'il y a un souci, dites le et je change illico ! Kerïm, tu pourras intercaler des paroles si tu le souhaites...j'ai fait le saut dans le temps pour faire avancer le rp mais sinon dis moi !!!]



Kerïm se leva et la prit dans ses bras. Elle le serra contre elle, s'enivrant de son odeur et le rassurant du mieux qu'elle pouvait.

-J'étais terrorisé.

Il la relâcha légèrement et la regarda droit dans les yeux, y plongeant comme elle plongeait dans les siens avant de parler :

-Nous allons aider ces villageois jusqu'à ce que chaque mort soit rendu à la terre. Après je partirais Killian. Je ne pourrais pas rester plus longtemps ici, je dois partir. Je dois voyager.

Killian eut un hoquet de stupeur silencieux. Partir ? Ou ? Ainsi il…allait la laisser là ? Sur le point d'accoucher ? Non, impossible. Se raisonnant, elle décida d'écouter la suite avant de paniquer :

-Killian, j'ai envie que tu restes avec moi. Que l'on marche ensemble dans notre nouvelle vie. Parce que... Parce qu'on ne peut pas se le cacher. Il faut que l'on soit côte à côte désormais. J'ai des terres et une propriété près d'Ombreuse, j'ai envie que ça soit chez nous. Chez nous Killian.

Elle se remit d'un coup à respirer, retrouvant un faible sourire et regardant Kerïm avec amour. Chez eux…ensemble à vie. Un nouvel avenir se dessinait pour elle. Mais aussi pour son enfant. Elle voulait vraiment rester avec Kerïm. Jusqu'à leurs vieux jours. Il tourna ensuite la tête vers Roxane et ajouta :

-Pour toi aussi la maison sera ouverte. Tu y seras chez toi tant que tu vivras. Et j'espère bien que l'on fera encore un bout de chemin ensemble.

Killian tourna aussi la tête vers son amie qui était toujours dans les bras d'Anton mais qui ne semblait pas tout comprendre. Ils se regardaient en haussant les sourcils. Kerïm comme Killian les observaient, attendant une réaction quelconque de leur part. Killian souriait en coin devant l'air de Roxane. Un air qu'elle connaissait…

-Pourquoi ils me regardent ?

Gagné ! Ils n'avaient pas suivis ! En même temps, ils étaient si heureux de se retrouver…De se savoir l'un l'autre sain et sauf après l'attaque…Anton lui fît un compliment qu'elle confirma et qui "choqua" Anton :

-Pas la peine, tu me dirais automatiquement que si, je suis splendide et blablabla. Et toi ? T’en as pas donné une.

Killian sourit, toujours collée au Dresseur, regardant sa meilleure amie assembler les pièces du puzzle pour répondre ce qu'il fallait :

-…Oui !

Elle était vraiment extraordinaire. Toujours à réussir à s'en sortir…rien que pour cela Killian l'admirait. Et pour bien le prouver elle continua :

-Je propose qu’on aide ses villageois à enterrer leur mort.

Kerïm et Killian se regardèrent en souriant. Kerïm avait dit les mêmes choses dix secondes auparavant. Anton la suivit, prêt à mettre la main à la pâte et ils sortirent de la chambre, les laissant seuls.

-Ils sont impayables tous les deux…murmura-t-elle avant de replonger son regard dans celui de Kerïm.

Il était si beau…si gentil…si sensible. Elle mit sa main sur sa joue, la caressant du pouce.

-Je te suivrais ou tu veux, Kerïm…et…sache que…j'aimerais volontiers voyager avec toi, j'aime parcourir les routes mais…

Elle se mordit la lèvre, mettant son autre main sur son ventre, le regardant un instant avant de continuer :

-Mais je vais avoir un bébé…et je voudrais qu'il ait un foyer, pour grandir et évoluer pleinement…et…tu dois…sacrifier ton spectacle…enfin…je ne sais pas comment te le dire…

Elle cherchait ses mots, et lui la regardait, attendant.

-Je t'impose l'enfant alors qu'il n'est pas de toi…

Elle se tut, reprenant conscience que Roxane et Anton les attendait toujours pour aller enterrer les morts de cette affreuse nuit. Elle lui avait tout lancé, d'un coup sans réfléchir. Peut-être allait-il être effrayé ? Ou non…elle ne savait pas et ses hormones s'amusaient de nouveau à la faire tourner en rond niveau émotion. Elle avait envie de pleurer mais aussi de l'embrasser. Elle avait envie de hurler mais aussi de lui murmurer qu'elle l'aimait…

Au final, elle inspira et, lui laissant tout juste le temps de la réflexion, elle lui prit la main et l'entraîna à l'extérieur. En fait, c'était à lui de décider au fur et à mesure. S'il voulait partir, au final, n'acceptant pas le rôle de père forcé, il pouvait. Elle…elle respecterait son choix, malgré leurs sentiments. Elle…elle ferait le nécessaire pour s'en remettre…

Dehors, Roxane et Anton avaient déjà débuté leur tâche macabre. Roxane épaulait les familles, les consolant du mieux qu'elle pouvait, soignant les blessés. Anton aidait à transporter les corps des cochons plus loin, vers un bûcher. Mais que pouvait-elle faire elle ? Creuser n'était plus dans ses cordes, pas plus de soulever des corps. Et pour réconforter des familles en deuil, elle n'était pas la plus douée. Roxane l'était. Ses mots apportaient du baume au cœur à chaque fois. Elle…elle ne trouvait jamais les mots justes. Alors que pouvait-elle faire ? Elle ne voulait surtout pas rester bras croisés pendant que tout le monde s'activait.

Ce fût l'aubergiste, blessé au visage légèrement, qui trouva la solution :


-Venez m'aider à servir les gens en boissons et pâtisseries pour leur remonter le moral.

Elle regarda Kerïm qui hocha de la tête et elle suivit l'homme jusqu'à une table improvisée. Elle mit du gâteau dans les assiettes, versa du chocolat chaud dans les tasses. Autour d'eux, tout le monde s'activait et enterrait les corps, les prêtres priant pour chacun d'eux. La nuit se termina ainsi, tout comme le jour suivant. Enterrer et nettoyer.

Puis, deux jours plus tard, ils décidèrent de s'en aller. Kerïm, avec ses chevaux, Anton et Roxane et elle-même avec Taï'Dashar qu'elle avait retrouvé avec joie. Elle avait hâte de découvrir la maison dont Kerïm parlait…

******

Un mois environ après les évènements, ils étaient arrivés à destination depuis quelques temps, la rénovation avait commencé immédiatement. Elle n'était pas trop délabrée, mais un bon coup de neuf lui ferait du bien. Elle était entourée d'une immense plaine, d'une écurie adjacente. Tout était prévu. Et Kerïm semblait vouloir rester, pour l'heure. Elle espérait qu'il reste. Son amour pour lui n'avait fait qu'augmenter, et elle n'avait plus peur de vexer son amie. Elle embrassait Kerïm aussi souvent que possible.... Roxane était toujours là, avec Anton, et tous deux disparaissaient de longues heures à visiter le coin. Sauf que la Rêveuse revenait bien vite vérifier l'état de Killian. Étant à son neuvième et dernier mois, celle-ci était presque tout le temps couchée.

Couchée à ne rien faire et cela l'énervait. Il y avait tant de choses à faire et elle restait couchée ! Mais en même temps, si elle se levait, elle soufflait comme une forge au bout de trois pas. Alors elle gardait sa colère intérieure, ses hormones s'en mêlant également. Chaque jour pouvait être le dernier, elle sentait les coups de l'enfant devenir de plus en plus réguliers.

L'endroit était superbe et le regarder à travers la fenêtre de la chambre n'était pas pratique. En effet, seules les pièces vitales avaient été faites en priorité : cuisine, salle de bains, chambres. Le reste était en cours.

Killian soupira, à moitié assise sur son lit. Elle entendait les bruits des travaux, en bas, diminuer. C'était la fin de journée, le soleil se couchait lentement. Mais elle ne s'en souciait pas. Les contractions étaient proches les unes des autres. Roxane le lui avait expliqué en chemin. Elle lui avait dit que plus elles se rapprochaient, plus l'heure fatidique venait. Et maintenant, Killian commençait à paniquer. Elle avait peur. Une main sur le ventre, elle fronçait les sourcils, respirant profondément comme son amie le lui avait conseillé.

Il allait venir, dans la soirée, si ce n'était là tout de suite. Elle avait trop mal. Trop souvent. Elle appela :


-KERÏM ! ROXANE !

Et grimaça tout de suite de douleur. Ils arrivèrent rapidement et, une fois entrés, elle les regarda en disant, même si Roxane avait déjà compris :

-Je crois qu'il va venir…
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19.02.13 16:06
Un mois que Kerïm n'était pas parti sur les routes avec sa sœur. Un mois que ses chevaux ne voguaient plus fiévreusement devant une foule passionnée. Nïssa lui manquait terriblement depuis qu'elle était retournée sur les terres du clan Val'Dor. Il n'avait pas revu sa famille depuis et sa grand-mère devait encore lui coudre des vêtements, oubliant chaque minute de ses journées qu'il était parti. Ses chevaux avaient perdu l'habitude des foules en délires clamant leurs exploits. Mais Kerïm n'oubliait pas de les faire virevolter dans l'immense prairie de sa propriété. Ils étaient toujours aussi beaux et débordants de virtuose. Mais le Dresseur sentait bien que les grands tournées de spectacle sur les routes de Gwendalavir leurs manquaient. Ses chevaux étaient comme lui des voyageurs, ils aimaient user leurs os sur les chemins rocailleux de l'Empire.

Mais cela faisait un mois qu'il vivait aux côtés d'un bonheur au doux nom de Killian. Elle était devenue sa vie en une soirée sanguinaire. On lui avait ouvert la poitrine alors qu'il respirait encore. On lui avait arraché le coeur pour y glisser le regard de la jeune femme. Il avait tout quitté pour vivre à ses côtés. Et « tout » pour lui, c'était les routes de Gwendalavir. Enceinte lorsqu'ils s'étaient rencontrés, Kerïm avait dû faire le choix de trouver un logis pour l'enfant qui allait arriver au monde. La question n'avait pas durée et ils s'installèrent dans une des propriétés qui lui revenait de droit, étant l'héritier direct du clan Val'Dor. Elle était située dans un vallon près de la forêt d'Ombreuse. Elle était néanmoins assez isolée et assez éloignée de celle-ci pour éviter le passage des divers bandits qui vidaient Gwendalavir de ses richesses. Les terres qu'il y possédait n'avaient pas de limites et de la ferme fortifiée, on ne pouvait voir qu'un terrain verdoyant. L'herbe y était haute et grasse, ployant sous la force du vent qui aimait à s'engouffrer dans le petit vallon. Il n'y avait, aux yeux de Kerïm, pas endroit plus calme. Ce lieu était une idylle pour l'homme qu'il était. Une idylle qu'il partageait avec la femme qui observait en lui-même. Il ne passait pas un moment sans qu'il sente ses yeux profondément noirs posés sur son âme. Kerïm leva les yeux vers les fenêtres qui donnaient sur leur chambre. Killian s'y reposait, l'enfant ayant redoublé d'ardeur ces derniers jours. Et quel enfant... bien qu'il n'en soit pas le père, Kerïm avait du mal à se faire à l'idée qu'il allait devoir en jouer le rôle. Il espérait seulement que la tâche ne soit pas trop dure. Mais il n'avait pas de raison de s'inquiéter, les enfants l'aimaient naturellement. Le Dresseur envoya un dernier regard amoureux à Killian et se détourna de la maison.

Au bout de quelques mètres, Kerïm s'arrêta. Son oreille ne percevait que le doux bruit de la brise ; pas d'appels, pas de cris. Il devait se l'avouer, depuis quelques nuits il ne dormait plus. Il ne faisait qu'écouter les gémissements de Killian, quand certaines contractions persistaient. C'était dans ces instants qu'il sentait cette chaleur monter en lui. Cette chaleur qui le poussait à croire que l'enfant qui allait naître, commençait déjà par venir habiter son coeur. Cela faisait des nuits qu'il venait se glisser contre sa jolie femme, qu' il venait presser son ventre contre le sien, habité. Ce faisait des jours qu'il se sentait enceinte jusqu'aux dents. Il avait l'impression d'accoucher tous les jours.

-KERÏM ! ROXANE !

Autant dire que le doux bruit du vent avait été remplacé par les hurlements écorchés d'une femme prête à donner la vie. Kerïm porta aussitôt ses mains calleuses à son abdomen. Il respirait comme il n'avait jamais respiré. Il respirait bruyamment, retenait ses gémissements de douleur.

-KILLIAN ! ROXANE !
-MAIS QU'EST-CE QUE TU FAIS ?! Lui hurla Roxane qui courrait déjà vers la maison.
-J'ACCOUCHE !

La course de Roxane eut un instant de suspension, où Kerïm pu voir un de ses sourcils se lever spontanément. N'avait-elle jamais vu un homme accoucher de nervosité pendant que sa femme se débattait pour donner la vie ? Sa respiration accéléra aussitôt et soudain, une contraction le prit au ventre. Une des pires contractions qu'il n'avait jamais connu jusque là. Elle lui fit ouvrir les yeux, soudainement. Killian avait besoin de lui. Oubliant les contractions qui le tiraillaient, le Dresseur bondit à la suite de Roxane, la rattrapa bien vite. Il réussi même à la dépasser au seuil de l'entrée. Les pères enceintes était l'espèce d'homme la plus débordante de vivacité et de nervosité qui soit. Kerïm ouvrit toutes les portes qui barraient leur chemin. Il les envoyaient claquer contre les murs, surtout. Sans aucune délicatesse. Il ouvrit tout aussi brusquement celle de leur chambre. Killian en eut un petit sursaut, et Kerïm eut un petit sursaut de la voir sursauter. La nervosité de Kerïm découla doucement de lui en voyant sa jolie femme.

-Je crois qu'il va venir...
-Killian ! J'allais te le dire c'est fou cette symbiose qui nous habite nous ne faisons réellement qu'un cet enfant est ton enfant cet enfant est mon enfant cet enfant est notre enfant oh mon dieu mais tu es en train d'accoucher je suis en train d'accoucher tu as mal au ventre j'ai mal au ventre mais je suis heureux tu sais très heureux merveilleusement heureux j'espère que toit aussi tu es délicieusement heureuse il faut surtout pas que tu t'inquiètes non non ne t'inquiètes pas tout va bien se passer je suis là vraiment là regardes donnes moi ta main je t'embrasse sens mes lèvres tu les sens je t'aime comme un beau diable ma dulcinée ma dulcinée je te trouve ravissante bon c'est vrai la sueur et les râles ce n'est pas très attirant mais ce que je préfère c'est ton regard aimant d'aimant tu comprends jamais je ne t'aimerais aussi puissamment qu'aujourd'hui...

Les paroles débordaient de la bouche de Kerïm. Il ne pouvait les arrêter, trop nerveux pour cela. Il s'était installé auprès de Killian, lui caressait le visage d'une main et de l'autre soutenait son ventre. Il n'observait que le regard nuit de Killian, les lèvres charnues de Killian, le nez si droit de Killian, le front si épuré de Killian, les fossettes si tiraillées de Killian. Sa belle Killian, il n'avait d'yeux que pour sa belle Killian. Il ne murmurait plus que ce nom, Killian, Killian. Car jusqu'à maintenant, Killian n'était pas Killian. Killian était Killian à qui s'ajoutait ce petit corps, ce petit être qui désormais voulait quitter son enveloppe. Jusqu'alors, Killian était Killian et un autre. Mais aujourd'hui, alors qu'il lui tenait la main, oui ! Killian redevenait Killian et le petit corps, le petit être, allait devenir plus qu'une moitié de Killian. Il allait devenir lui-même.

-Vas-y crapule ! Extirpe-toi, laisse Killian redevenir elle-même ! Laisse Killian redevenir Killian ! Et toi, deviens toi ! Parce qu'il faut dire que tu n'as pas encore eu l'occasion de devenir toi c'est vrai tu es encore trop jeune mais c'est vrai tu es encore bien trop jeune même les deux pieds sur terre tu es trop jeune pour être toi ça veut dire que Killian ne sera pas encore Killian Killian sera la mère de toi mais moi aussi je serais devenu quelqu'un d'autre je serais le père de toi et toi tu seras l'enfant de nous enfin presque puisque je ne suis pas ton père si tu ne comprends pas tout de suite ce n'est pas très grave mais il faut tu le saches tu sais je ne suis pas ton père...

Un gémissement de Killian vint perturber ses paroles débordantes. Il regarda successivement Killian qui se mutait en Killian mère d'un être les deux pieds sur terre, et Roxane, qui tentait de ne pas perdre pied face à la situation. Kerïm se sentait à la fois inutile et utile. Inutile car il ne participait par activement à la mise au monde. C'est vrai, il n'appuyait pas sur le ventre pour que l'enfant sorte plus rapidement, il ne jetait pas ses mains en avant de la tête sanguinolente et imminente. Non, il restait près des deux femmes et du futur petit corps. Il était une présence chaleureuse qui apaisait les douleurs de l'une, la solitude professionnelle de l'autre et enfin, la nervosité du dernier petit être. Kerïm tourna la tête vers la jeune rêveuse, qui opérait avec dextérité. Il attendait le moment où elle tendrait la main vers lui, sans quitter des yeux la tête sanguinolente et imminente en lui ordonnant : « Lame frontalière, beau gosse. Il va falloir que j'opère. »

-Roxane. Je suis une grosse chaleur.
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Roxane
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10.03.13 18:53
La petite troupe de bras cassés aidèrent du mieux qu’ils purent les villageois sinistrés. Et le temps s’écoula. Lentement. Kerïm trouva une charmante petite maison pour sa dulcinée et leur futur enfant, tandis que Roxane commençait à s’impatienter. Elle se sentait de trop, dans leur petit couple. Et puis…Et puis…Elle avait terriblement envie de voyager. Elle n’en pouvait plus de rester enfermée dans ce village ! Certes, les personnes y étaient admirables, mais cela ne suffisait pas à la retenir.
Mais elle était obligée de rester auprès de Killian. Pour veiller sur elle. Elle le lui avait promis. Alors, lorsque la jeune femme faisait des siestes, il lui arrivait souvent d’engueuler le bébé parce-qu’il n’avait vraiment pas l’air pressé de sortir de là. Une fois, Anton la découvrit en train de grogner contre le ventre, comme un chat. Mais, connaissant bien son amante, il n’en fut même pas étonné.

Et enfin, le jour J arriva. Anton était parti en ville, offrant des spectacles de rues pour gagner un peu d’argent et Roxane traînait à la cuisine pour s’essayer à de nouvelles expériences culinaires. Mais vu la teinte que…la chose prenait, cela ne devait pas être des plus agréables à avaler. Elle était même presque sûre que si elle la laissait se reposer dans un coin, ce truc verdâtre se mettrait à bouger tout seul. Sans rire. Elle venait de créer un monstre. D’ailleurs, autant s’en assurer sur le champ. Elle s’arma d’une nouvelle spatule et, un couvercle de casserole pour se protéger, s’avança lentement vers sa concoction :

-Arrière ! Arrière ! Je suis venue en paix, étrange mixture qui fait de grosses bubulles ! Alors baisse les armes et ne me dévore pas toute crue…

Le mélange illicite ne réagit pas. Alors ou il n’était pas vivant, ou il était sournois…Elle le transperça de part en part avec sa cuillère et constata avec soulagement qu’il ne réagissait pas. Ca va. Tout allait pour le mieux. Elle n’avait pas engendré une créature qui détruirait tout Gwendalavir. Elle n’était pas aussi désespérée qu’elle ne le pensait.

-Bien. Tout danger est écarté, désormais. Je m’en vais rejoindre le monde hostile du dehors, sans que personne ne sache quel exploit je viens d’accomplir. Mes amis…Je serais une héroïne cachée aux yeux de tous toute ma vie. C’est un lourd fardeau que je dois porter, mais je saurais supporter cette charge sur mes épaules grâce à la satisfaction de vous voir, chaque jour, sain et sauf. Merci à tous.

Roxane ponctua la fin de son discours par une magnifique courbette, adressée à elle-même. Puis elle se saisit de la casserole où trônait encore la substance nauséabonde et vida son contenu dans l’évier. Mieux valait ne pas exposer son ‘exploit’ aux yeux de tous…

Enfin, elle sortit dehors et se dirigea non loin de Kerïm, se donnant un repos ‘bien mérité’. Elle admira le jeune homme sous tous les angles, dans toute sa beauté, rendue resplendissante grâce aux doux rayons du soleil. Et pour la millième fois depuis qu’ils s’étaient rencontrés, elle le maudit d’avoir préféré Killian à elle. Qu’avait-elle de plus qu’elle ? (je sais pas moi…Quelque-chose du genre…La maturité ?)
Et alors qu’elle s’apprêtait à démarrer une conversation avec l’Apollon, un cri déchirant venu de la maison l’arrêta en plein élan (s’imaginer ici une Roxy en pause se voulant sexy. Du genre dans Raiponce, quand Flynn se présente à Raiponce :D) :

-KERÏM ! ROXANE !

Aussitôt, la gamine de Roxane laissa place à la Rêveuse. Celle qui possédait un brin de sagesse et qui ne se départait jamais de son calme. Celle qui pouvait guérir toutes les blessures, opérant avec un des visages les plus sérieux et les plus concentrés qui soit.
Celle qui était trop peu souvent présente. Malheureusement.

Elle courut vers la maison, dépassant Kerïm qui respirait bruyamment, comme en proie à une immense douleur. Sauf que, vu l’exagération que ses traits avaient pris, il était fort peu probable qu’il ait véritablement mal. S’agissait-il d’une comédie pour échapper à l’accouchement ? Si c’était le cas, Roxane ne le laisserait pas faire. Il avait juré à Killian qu’il serait près d’elle lorsqu’elle mettrait au monde son enfant. Et la rêveuse détestait au plus au point les mensonges.
Elle lui hurla, courant toujours, écoutant avec étonnement ses gémissements :

-MAIS QU'EST-CE QUE TU FAIS ?!

-J'ACCOUCHE !

Roxane hocha la tête, continuant encore un moment sa course. Oui. Il accouchait. C’était donc ça, la respiration difficile…C’était pour ça qu’il semblait tellement épris de douleur ! Ah, elle comprenait mieux maintenant. Il accou…
Pardon ?! Il accouchait ?! La demoiselle s’arrêta, surprise. Elle qui se croyait folle. Elle qui se croyait totalement perdue. Sans espoir.
Elle ne connaissait pas assez Kerïm, c’était pour cela. Si quelqu’un devait être enfermé, c’était lui. M’enfin. Il était beau. Terriblement beau. Et donc pardonnable, selon la logique de notre magnifique rêveuse.

Elle se remit à courir et atteignit rapidement la chambre de Killian, où son visage commençait déjà à se crisper de douleur. Elle la rassura du regard tandis qu’elle lui affirmait que le bébé naîtrait aujourd’hui même.
Roxane l’allongea sur son lit, lui expliquant comment elle devait se tenir et ce qu’elle devait faire, tout en préparant serviettes et eau en excès. Puis elle s’approcha de son bas-ventre, posant les mains sur son nombril pour calmer la douleur. Kerïm était là, à ses côtés, ne sachant trop que faire, parlant énormément pour ne rien dire. Mais la rêveuse n’écoutait pas. Elle n’écoutait plus rien. Il n’y avait plus qu’elle, Killian et l’enfant.
Elle allait donné la vie. A sa façon, bien sûr, puisque c’était surtout Killian qui faisait le boulot. Mais elle permettrait à un bébé de vivre, et cela valait tout l’or du monde.

Le travail dura longtemps, sans grandes complications. Kerïm resta près de la femme de sa vie pendant tout l’accouchement, détournant légèrement l’œil lorsqu’il vit le sang qui s’écoulait du ventre de Killian. Mais il était là. Comme promis.
Ce gars…Ce gars était formidable. La marchombre s’en rendait-elle compte ? Savait-elle à quel point elle avait de la chance ? Roxane l’espérait. Parce-qu’elle, depuis toujours elle cherchait quelqu’un comme lui. Et si elle décidait de le laisser tomber, ou de le tromper pour une quelconque raison…Elle ne pourrait lui pardonner.
Il ne le méritait pas.

-Bravo…C’est un garçon.

Roxane sourit, montrant avec fierté l’œuvre de la toute jeune mère. Ils semblaient un peu surpris face à ce petit tas de chair encore mauve, encore rempli de sang. Il hurlait, le passage de son premier bol d’air étant insupportable, et la rêveuse s’occupa de couper le long fil qui le reliait encore à sa mère. Puis doucement, elle appela le père près d’elle en lui donnant délicatement le bébé dans ses bras :

-Va le laver, tu veux ? Mais fais attention, d’accord ? Il est encore très fragile. Fais très gaffe à sa tête, surtout.

Son crâne était encore tout mou, le cerveau ayant encore besoin de se développer. Il sembla ravi, inquiet et étonné à la fois. Il était magnifique dans son rôle de papa. Il serait vraiment formidable.
La demoiselle se pencha sur Killian, impatiente de découvrir son enfant et lui sourit chaleureusement. Elle avait fait un excellent boulot. Encore quelques minutes, et il serait totalement terminé – le temps, en fait, que le placenta se libère à son tour.

-Il est très beau, Killian ! Tu verras. Une petite merveille. A vue de nez, il doit faire trois-quatre kilos. Le poids parfait. Pour un enfant parfait. Pour une maman parfaite !

Elle s’approcha d’elle, excitée, et lui déposa un bisou claquant sur sa joue. Elle semblait vraiment épuisée. Mais heureuse. Tellement heureuse.
Elle rêva encore une fois sur elle, pour diminuer la douleur des dernières contractions, puis l’aida à se nettoyer et à changer les draps. Lorsque Kerïm revint avec le bébé dans les bras, émerveillé, Roxane sortit de la chambre pour les laisser dans leur intimité. Elle resterait encore quelques jours, le temps de s’assurer que tout aille bien, puis elle partirait.
Elle avait besoin de s’en aller, maintenant. Terriblement. Pas qu’elle ne se sentait pas bien, ici, au contraire. Mais elle avait besoin de voyager. Un électron libre. Un oiseau, prisonnier dans une cage. Elle avait besoin de sa liberté. D’ouvrir la porte, et de s’envoler voir le monde.
Elle était comme ça, depuis toujours. Incapable de tenir en place. Traversée d’un désir insistant de bouger. De voir ailleurs. De voir comment la vie se portait, à deux pas de là. Elle avait toujours eu besoin de se sentir libre.
De sentir que c’était elle qui dirigeait sa vie. Qu’elle était assez grande pour se débrouiller sans l’aide de quelqu’un. Qu’elle était plus forte que ce que l’on pensait.

Roxane se rendit dehors, appuyée contre le mur de la façade. Elle était heureuse. Parce-que Killian l’était. Parce-que Kerïm existait, et qu’il lui avait été permis de rencontrer un homme aussi beau. Parce-que Anton était toujours là, à l’attendre, même s’il savait pertinemment qu’elle ne lui appartiendrait jamais complètement.
Elle était heureuse de vivre si intensément…

-Roxane ? C’est normal que j’entends un bébé là-haut ? Je disparais au matin et quand je reviens au soir, y’a une nouvelle personne dans cette maison ?! Hé bah ! Faut pas que je m’absente trop souvent !

La rêveuse sursauta puis sourit à Anton qui, justement, venait d’arriver. Il avait sa bourse pleine à craquer, signe que ses petits spectacles avaient beaucoup plu. Il s’approcha d’elle, rayonnant, et l’embrassa doucement dans le cou, déposant ses mains gourmandes autour de sa taille.
Il lui demanda, toujours niché contre son épaule :

-J’imagine que je dois un peu attendre avant de voir le bébé ! C’est une fille ?

-Hé non…Un petit garçon !

-Oh mon dieu…Avec Kerïm comme père, ça promet !

Il éclata de rire, tandis qu’elle lui tapa sur le haut du crâne. Il savait qu’elle détestait qu’on critique « le Bô Kerïmounet ». Il s’écarta d’elle, l’admirant sans réserve, amusé qu’elle se vexe si facilement. Il ne se doutait pas qu’elle allait bientôt plier bagages.
Et il ne le saurait pas. En fait, personne dans cette maison ne s’en douterait, jusqu’à ce que l’évidence se fasse. Elle ne voulait pas leur dire au revoir. Elle détestait se séparer des personnes. Et si Anton lui en voudrait, ce qui serait certainement le cas, ça ne ferait rien. Il se déciderait peut-être enfin à la laisser tomber, après tout. Il devait arrêter de s’accrocher ainsi à elle. Elle ne serait pas toujours avec lui.

Ainsi, les jours passèrent. Killian nomma l’enfant Nathan, en souvenir de ses deux anciens amoureux. Roxane expliqua tout ce qu’elle savait à la marchombre pour être une bonne maman, tellement elle semblait paniquée de mal faire. Mais elle se débrouilla comme un chef. Elle semblait être née pour être une mère…
Kerïm s’occupa lui aussi extrêmement bien de l’enfant et de sa femme. Il était continuellement aux petits soins de ses deux chéris, jamais épuisé d’être autant excité.
Et Anton aidait lui aussi du mieux qu’il put, bien qu’il passait ses journées en ville ou à traîner avec Roxane. Personne ne se doutait de son départ. Sauf peut-être Killian, qui était sensible aux émotions des personnes. Elle avait s’en doute deviné à quel point elle avait de plus en plus de mal à tenir en place. Elle ne pourrait plus la retenir.
Elle se doutait que d’un jour à l’autre, lorsqu’elle s’éveillerait, il n’y aurait personne dans la cuisine pour chanter en préparant le petit-déjeuner. Que la maison serait vidée de cette présence si vivante. Mais elle savait aussi qu’il était strictement inutile d’essayer de la retenir. Alors elle ne dit rien. Elle ne fit qu’un minuscule geste, la veille de son départ. Quand Roxy apporta le souper de sa meilleure amie dans son lit. Killian lui prit la main, doucement. Et la fixa. Intensément. Elle la fixa d’un regard long, appuyé, qui signifiait qu’elle la laissait la quitter. Qu’elle ne l’empêcherait pas. Et qu’elle l’attendrait. (ça fait un peu qu’elle est amoureuse d’elle comme ça XDD)
La rêveuse ne put que baisser la tête, légèrement honteuse de l’abandonner ainsi. Et elle sortit de la chambre, d’un pas rapide, pour ne pas à avoir à pleurer devant elle. Elle devait partir. C’était ainsi. Mais pourquoi était-ce si dur ? Pourquoi, alors que son cœur le désirait tant ?

Lorsqu’elle se coucha, cette nuit-là, et qu’Anton l’attendait en souriant dans leur lit, elle eut un horrible pincement au cœur. Jamais elle n’aurait pensé que s’en aller en douce comme cela serait aussi douloureux. Elle s’était imaginée que, justement, cela soulagerait son cœur de ne pas avoir à leur dire au revoir. Elle faillit même céder, lorsqu’elle eut donné l’amour désiré de son amant, pour la dernière fois. Elle voulait le combler encore une fois. Mais lorsqu’il la prit contre son torse, en caressant amoureusement sa chevelure de feu, et qu’il lui murmura qu’il l’aimait terriblement, elle se sentit horriblement mal. Elle se sentit même obligée de souligner méchamment :

-Arrête de dire que tu m’aimes. T’espères quoi ? Que je te réponde que moi aussi ? Tu rêves Anton. Et tu le sais bien.

Il cilla légèrement, mais il soutint son regard. Bien sûr qu’il le savait. Mais il ne pouvait s’empêcher d’espérer. Il l’aimait de tout son cœur. Depuis toujours. Et il voulait qu’elle éprouve les même sentiments. Qu’il ne soit pas qu’un simple amant. Qu’il soit toute sa vie, toute son âme. Il le voulait. Mais ce rêve lui semblait tellement loin, inaccessible.
Ses yeux s’embuèrent légèrement et la douleur envahit Roxane de nouveau. Il baissa la tête et elle ne put s’empêcher de soupirer, en chuchotant d’une toute petite voix :

-Désolée…Je ne voulais pas dire ça…C’est juste que…Oh, tu le sais bien, Anton…J’ai tellement besoin de cette…de…

-De ta liberté. Je sais…Je sais. Mais je ne renonce pas. Personne ne peut résister longtemps à ma beauté exceptionnelle…Faudra t’y faire, ma ptite Roxy. C’est tout.

Son sourire revint, mais la souffrance était toujours présente dans son regard. La jeune femme lui caressa le visage en l’embrassant doucement, sachant pertinemment que cela suffirait à lui pardonner. Comment allait-il réagir, lorsqu’il trouverait le lit vide, au matin ? Mieux valait ne pas y penser. Mieux valait profiter de cette dernière nuit.

-Demain, on ira faire un tour dans la forêt ? J’ai repéré une clairière bien sympa, avec une rivière tout près.

-Oui. Mais, à propos de demain…

Anton l’observa, interrogatif. Les mots avaient dépassé sa pensée. Elle avait failli tout lui dire mais avait su se retenir avant le moment fatidique. Il ignorait toujours ses intentions. Mais il attendait la suite. Il fronça les sourcils, et elle crut qu’il arrivait à déceler son âme. Alors rapidement, elle se confondit en explications :

-Non rien…Juste que je sais pas…Enfin bon…Ouais la forêt, c’est bien…Sinon…Non, ce sera chouette. Je serais peut-être un peu fatiguée…Tu vois ? C’est ce que je voulais dire là…Quand j’ai dit à propos de demain…Voilà. Hem. Bon. Bonne nuit, Anton.

Elle lui tourna le dos, rouge pivoine, en se mordillant férocement les lèvres. Il fallait espérer qu’il ne comprenne rien…
Elle sentit ses bras l’entourer et son corps contre le sien et se rassura. Non. Il ne savait pas. Comment l’aurait-il pu ? Il était persuadé qu’elle serait toujours là, à ses côtés. Il le pensait vraiment. Comme la dernière fois. Jusqu’au jour où elle se décide à mettre les voiles sans demander l’avis de personne. Mais cette fois, il n’était pas sûr qu’il se revoit. Il ne pourrait pas l’attendre au village à un moment donné, certain de pouvoir admirer à nouveau sa reine. Il ne pourrait qu’espérer. Toujours espérer.

Le lendemain, Roxane se réveilla une heure avant le soleil. Elle avait déjà préparé ses affaires et les avait entreposées dans un coin, à l’abris des regards. Il ne lui restait qu’à partir. Anton s’était détachée d’elle et il respirait paisiblement, encore inconscient de ce qu’elle convoitait de faire. (j’ai trop mal au cœur…C’est tellement horrible de partir comme ça =(
Elle lui caressa longuement le visage, n’arrivant pas à se décider. Puis lorsqu’elle fut suffisamment imprégnée de ses traits, elle l’embrassa tendrement et se leva, s’habillant en vitesse. Il fallait faire vite, maintenant. Et être silencieuse, pour ne réveiller personne.
Elle prit son sac, le déposa sur ses épaules et mangea quelque-chose en vitesse. Elle fit même la vaisselle, en dernier acte de amitié. Et elle hésita à entrer dans la chambre de Kerïm, Killian et Nathan pour les regarder eux aussi une dernière fois. Mais comme le soleil se levait, à l’horizon, elle se décida à partir dès maintenant. Et puis, avec les sens aiguisés des marchombres, il y avait de fortes chances que Killian se réveille. Elle ne pourrait dès lors plus terminer son projet…

-Bien. Hé bien...Au revoir, tout le monde. Vous allez me manquez.

Roxane était debout, dos à la porte. Ca y était. Pour de bon. Elle ne pouvait plus se trouver des raisons de rester un peu plus longtemps. Dans quelques heures, la maison se réveillerait. Et elle devait être partie. C’était comme ça. Il le fallait, un point c’est tout.
Elle prit une grande inspiration, laissant les multiples odeurs de cette maison la traverser une dernière fois, puis se tourna et, posant la main sur la clinche, se décida à ouvrir la porte qui la mènerait à sa liberté.
Les premiers rayons de soleil vinrent lui chatouiller le visage et un vent frais s’amusa à emmêler ses cheveux. Elle sourit. Elle se retrouvait enfin dans son élément.

Roxane commença à marcher, d’un pas décidé, vers d’autre ailleurs. Elle ne se retourna pas. Elle ne regarda pas vers cette maison qui l’avait si généreusement accueillie, et ne vérifia pas si quelqu’un l’observait à la fenêtre.
Elle partait. Enfin. Elle partait.

Elle se mit à chantonner, heureuse de retrouver les chemins de terre et le sentiment de pouvoir faire ce dont elle voulait. Elle était elle, complètement. Si on la privait de ça, elle ne serait plus rien. C’était certain.
On ne pouvait pas lui enlever ça.
Oh, bien sûr, elle avait conscience d’être injuste et égoïste. Mais après tout, elle n’y pouvait pas grand-chose. Elle était comme cela et personne ne pourrait la changer.

Elle sourit, partant en avant vers l’inconnu. Elle ne savait pas ce qu’elle y trouverait. Ce qu’elle traverserait ou ce qu’elle serait condamnée à faire. Mais elle y allait. Elle avait une direction où marcher, même si c’était le hasard, et seul cela importait vraiment. Parce-qu’elle était libre. Définitivement libre.
Et cela lui plaisait. Terriblement.




~The End~
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Killian Delkaïron
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Aptitudes: Sait ce battre contre toutes sortes d'armes, n'a pas peur et viendra toujours en aide aux autres
Killian Delkaïron
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10.03.13 21:46
Kerïm approcha d'elle, complètement nerveux. Les douleurs augmentaient au fil des minutes, et ce qu'il dit fût incompréhensible :

-Killian ! J'allais te le dire c'est fou cette symbiose qui nous habite nous ne faisons réellement qu'un cet enfant est ton enfant cet enfant est mon enfant cet enfant est notre enfant oh mon dieu mais tu es en train d'accoucher je suis en train d'accoucher tu as mal au ventre j'ai mal au ventre mais je suis heureux tu sais très heureux merveilleusement heureux j'espère que toit aussi tu es délicieusement heureuse il faut surtout pas que tu t'inquiètes non non ne t'inquiètes pas tout va bien se passer je suis là vraiment là regardes donnes moi ta main je t'embrasse sens mes lèvres tu les sens je t'aime comme un beau diable ma dulcinée ma dulcinée je te trouve ravissante bon c'est vrai la sueur et les râles ce n'est pas très attirant mais ce que je préfère c'est ton regard aimant d'aimant tu comprends jamais je ne t'aimerais aussi puissamment qu'aujourd'hui...

Il caressait son visage, son autre main posée sur son gros ventre de femme enceinte. Elle l'observait, ce noyait dans son regard comme à chaque fois. Il était merveilleux…
Sauf qu'une nouvelle fois il parla sans qu'elle ne saisisse le sens de ses paroles, adressées apparemment au bébé à venir :

-Vas-y crapule ! Extirpe-toi, laisse Killian redevenir elle-même ! Laisse Killian redevenir Killian ! Et toi, deviens toi ! Parce qu'il faut dire que tu n'as pas encore eu l'occasion de devenir toi c'est vrai tu es encore trop jeune mais c'est vrai tu es encore bien trop jeune même les deux pieds sur terre tu es trop jeune pour être toi ça veut dire que Killian ne sera pas encore Killian Killian sera la mère de toi mais moi aussi je serais devenu quelqu'un d'autre je serais le père de toi et toi tu seras l'enfant de nous enfin presque puisque je ne suis pas ton père si tu ne comprends pas tout de suite ce n'est pas très grave mais il faut tu le saches tu sais je ne suis pas ton père...

Elle voulut lui demander s'il allait bien, mais une autre contraction l'en empêcha et elle gémit. Roxane l'avait prévenue que ce serait douloureux, mais elle n'avait pas imaginé ça ainsi. La Rêveuse l'avait allongée et indiquée comment se tenir, préparant eau et serviettes en abondance, une main sur son nombril, évacuant un peu de douleur.

Elle agrippa la main de Kerïm tout du long. Elle poussait, hurlait même. C'était atroce ! Le temps défilait, et elle avait l'impression que jamais son enfant ne verrait le jour, jusqu'à ce qu'elle sente, en une dernière poussée, qu'il s'extirpait enfin de son enveloppe protectrice pour hurler à son tour.

Soufflant un grand coup, elle redressa la tête alors que son amie annonçait :

-Bravo…C’est un garçon.

Elle le montrait fièrement à ses parents qui souriaient. Un petit garçon…certes il était encore couvert de sang, mais Killian l'aimait déjà. Elle avait la gorge serrée par l'émotion. Roxane ce chargea de couper le cordon qui avait relié la mère à son fils durant neuf mois puis elle appela le jeune père. Enfin…le faux père puisque l'enfant n'était pas de lui. Mais promis, le prochain le serait. Un Kerïm junior…

Roxane lui fourgua tendrement le poupon dans les bras, lui disant d'aller le laver et de faire très attention à sa tête principalement. Il semblait inquiet soudainement, mais Killian l'encouragea du regard. Elle lui faisait entièrement confiance, et avait hâte de tenir enfin le fruit de ses entrailles dans ses mains…
Seulement son ventre faisait toujours des siennes et elle l'ignora comme elle put tandis que son amie approchait en souriant. Killian se sentait trempée de sueur aussi…

-Il est très beau, Killian ! Tu verras. Une petite merveille. A vue de nez, il doit faire trois-quatre kilos. Le poids parfait. Pour un enfant parfait. Pour une maman parfaite !

Une maman parfaite ? Elle avait affreusement peur oui ! C'était l'inconnu maintenant, malgré les conseils de Roxane ! Celle-ci lui fît un bisou sur la joue au même moment, l'observant. La Marchombre était comblée. Tout c'était bien passé, et maintenant elle était mère d'un beau petit garçon qui était avec son papa. Papa formidable…

Roxane éloigna les douleurs qui persistaient en rêvant lentement, puis elle nettoya Killian, dont les jambes étaient couvertes de sang. Après, elle se leva lentement. Cela faisait étrange ! Après des semaines allongée, se relever était vraiment étrange…elle allait reprendre des forces et retrouver son corps de Marchombre rapidement…déjà là, ne plus avoir ce gros ventre qui lui bouchait la vue lui faisait bizarre ! Mais en voyant ce qui en était sortit, elle ne regrettait absolument rien. Elle changea les draps avec Roxane puis se rallongea, déjà essoufflée.

Alors, quand le jeune père revint avec son fils, souriant, Roxane les laissa entre eux. Killian la regarda partir, la remerciant en silence. Sans Roxane…la vie ne serait plus pareille et Killian ne la remercierait jamais assez pour tout ce qu'elle faisait, même sans le savoir…

Le petit criait encore, jusqu'à ce qu'il se retrouve dans les bras de sa maman. Killian souriait en voyant cette petite bouille, le bébé tentant vainement d'ouvrir les paupières. A qui ressemblerait-il ? Elle ou Ethan ? Bah pour l'heure…il lui fallait son prénom.

Le serrant contre elle, emmitouflé dans sa couverture, ses petites mains se refermant sur le gros pouce de son père, elle dit :

-Il se nomme Nathan.

Elle regarda son Dresseur et l'embrassa en souriant. Nathan…en hommage à Natael et Ethan. Le début d'un et la fin de l'autre…

Les deux parents restèrent silencieux, admirant ce petit ange qui disait à peine bonjour à la vie. Killian sentait ce lien qui l'unissait à lui, savait que jamais elle ne pourrait l'abandonner, que jamais elle ne le laisserait dans les ennuis, qu'elle serait toujours là pour lui, même lorsqu'il se comporterait en idiot. Parce que tout le monde se comportait en idiot un jour ou l'autre.

C'est ainsi qu'elle se coula dans la peau de maman. Avec l'aide de Roxane, bien sûr, mais surtout avec le soutien de Kerïm. Il jouait son rôle de père à la perfection, acceptant Nathan comme s'il était de lui. Killian avait eu tellement peur qu'il n'y parvienne pas malgré son amour pour elle…franchement il était extraordinaire et elle se demandait parfois s'il était bel et bien réel ou si elle rêvait.

Elle apprit à allaiter, même si le lait n'abondait pas de ses seins, remplacé rapidement par les biberons. Elle apprit à le langer, le laver sans lui faire mal parce qu'il était encore très fragile, apprit à le bercer et le consoler.

Toutes ses peurs de faire quelque chose de travers ou de ne pas être à la hauteur s'envolèrent. Parce qu'elle avait toutes les personnes chères à ses yeux pour l'aider. Kerïm était aux aguets et veillait à ce qu'elle ne manque de rien, tout comme Nathan. Il s'en occupait avec la plus grande délicatesse, lui montrait toute la maison dans tous ses recoins, alors qu'évidemment, le bébé ne pigeait absolument…rien. Mais Killian était heureuse. Profondément heureuse.

Cependant, au fil des jours, elle sentit autre chose. Pas qu'avec ses talents Marchombres ou autre. Avec son cœur et son instinct. Roxane allait partir. Et…au fond d'elle, Killian l'avait toujours su. Roxane faisait parti de ses êtres qui ne seraient jamais enchaînés et qui voleraient selon leurs envies d'aventures en aventures. Elle avait tenu ses engagements et fait naître le bébé de Killian, lui avait appris à être une bonne mère. Rien ne l'a retenait ici. Et Killian, pour ne pas en être fan non plus, savait également qu'il n'y aurait pas d'au revoir formels.

Seulement, la Marchombre voulait montrer à son amie qu'elle savait et qu'elle la laissait partir. Elle ne voulait pas que Roxane pense qu'elle lui en voudrait. Alors, un soir comme d'habitude, elle lui apporta son repas. Oui Killian n'était pas encore sortit de la chambre, elle faisait tout dans la salle de bains qui la jouxtait. Là, la Marchombre lui prit la main délicatement et la regarda. Dans les yeux. Elle lui fît un infime sourire qui, mêlé au regard, signifiait : "Va. Pars et envole-toi. Je ne t'en empêcherais pas. Sois heureuse. Et reviens me voir un jour…"

Bah oui quoi ! Roxane devait revenir lui dire bonjour non mais ho ! Bref cela suffit à gêner Roxane qui s'en alla rapidement, tête basse. Seule, Killian mangea tranquillement, vite rejointe par Kerïm qui, comme toujours, fît escale par le berceau de Nathan qui dormait déjà profondément.

Lorsqu'il s'assit à ses côtés, elle l'embrassa en murmurant :

-Je t'aime… Elle sourit et reprit Roxane va partir, Kerïm. Mais elle ne nous dira pas au revoir. Elle est comme ça, Roxane. Irremplaçable.

Elle posa le plateau sur la petite table de chevet puis se blottit contre son homme.

-Merci d'être là, Kerïm.

Ils se couchèrent rapidement, leur vie de nouveaux parents les fatiguant, en plus du dressage de chevaux pour Kerïm, et s'endormirent. Killian dormait tout en étant aux aguets, au cas où Nathan s'éveillerait la nuit…

Au matin, elle entendit les pas discrets de Roxane. Très discrets et elle était sans doute la seule à les entendre. Couchée de moitié sur le torse de Kerïm, elle sourit faiblement, souhaitant bon voyage à son amie mentalement. C'était difficile, elle aurait aimé se lever et la serrer contre elle en la remerciant une dernière fois. Mais elle la respectait, et Roxane ne voulait pas faire effusions d'au revoir. Elle se serra un peu plus à Kerïm qui dormait profondément pour se retenir.

Elle se força à ne pas regarder son amie s'éloigner par la fenêtre et tenta de se rendormir…

Pour être réveillée par d'autres bruits de pas, plus rapides. Cette fois, Kerïm s'éveilla aussi et Nathan commença même à pleurer dans son berceau alors qu'Anton entrait précipitamment, s'en fichant de l'intimité.

-Vous n'avez pas vu Roxane ? Je ne la trouve pas ! Ou est-elle ?

Kerïm bailla à ses côtés, ne comprenant pas. Killian fixa le jeune homme, extrêmement calme. Nathan attendait qu'on vienne le chercher, et elle le ferait, dès qu'elle aurait parlé à Anton.

-Roxane est partie, Anton.

Ce dernier fût sous le choc, écarquillant les yeux.

-Comment ça ? Mais elle n'a pas dit au revoir ! Elle n'a rien dit !

-Elle ne l'aurait de toute façon pas fait, Anton. Elle est libre et le restera. Elle t'aime beaucoup et je suis sûre que vous vous retrouverez un jour ou l'autre.

Anton était dépité, ne comprenant pas comment Roxane avait pu faire ça. Mais en même temps, elle lui avait dit qu'il devait arrêter. Cependant, il n'arrêterait jamais.

-Intérêt qu'on se revoie ! Que je lui fasse payer ça !

Il avait retrouvé un semblant de sourire et ressortit, sans doute pour pleurer le départ de celle qu'il aimait dans un coin à l'écart des regards. Killian se leva, soupirante, ouvrit la fenêtre et prit son fils dans ses bras.

-Maman est là mon cœur…chhhtt…

Elle le berça, Kerïm s'arrêtant derrière elle. Ils étaient tous les trois ensembles, heureux.

-Dès qu'il sera un peu plus grand on ira dans ta famille d'accord ? Je te suivrais pour tes spectacles…

Elle ne voulait pas l'enfermer ici. Surtout qu'elle voulait voyager aussi et connaître les siens. Quelques mois à attendre, le temps que Nathan grandisse….

Le bonheur était venu frapper à la porte de cette famille. Ils avaient tout pour être heureux. Et Killian comptait bien savourer ces moments dans leur totalité. Avec Kerïm et Nathan.


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