Mon personnage Sexe et âge: Homme de 29 ans Aptitudes:
Kem Alran
Itinérant
14.07.12 21:21
[voilà donc tu me dis hein ?! Je me suis un peu emmêler sur la fin je crois mais bon...si jamais je modifie ^^]
Kem restait parfaitement immobile et tentait de maîtriser les infimes tremblements qui agitaient ses mains. Dans la ruelle, rien ne bougeait. Même pas eux. Il était aux côtés de Viladra. Son ancien Maître. Celle qui était son mentor, même si elle ne le savait pas. Même si pour l'heure il avait peur de ce qu'elle prévoyait pour lui.
Elle l'avait réveillé le matin même. Un réveil des plus…agités. Il dormait, torse nu, Misao dans ses bras, lorsqu'il eut la respiration coupée. Il s'était réveillé en sursaut, prêt à toutes les situations. Toutes sauf celle qu'il avait sous les yeux. Viladra était penchée sur lui et retirait son pouce et son index de son nez. Elle lui avait bouché le nez pour le réveiller ! Il avait tenté de parler, mais n'avait réussit qu'à balbutier, encore à moitié endormi. Misao s'était elle aussi réveillée, mais ne disait rien et se couvrait avec les draps. Viladra lui avait alors tout expliqué. Elle lui avait dit qu'elle l'emmenait en mission. Seuls. A Al'Jeit. Apparemment, un Légionnaire avait tué un apprenti Mercenaire lors de sa mission. C'était un légionnaire d'élite, extrêmement dangereux, qui vivait avec son frère Légionnaire, sa femme et ses enfants.
Alors, le sourire mystérieux peint sur ses lèvres, Viladra lui avait dit qu'ils allaient tuer les proches du Légionnaire, pour le faire souffrir, et ensuite qu'ils s'amuseraient avec lui, sans pour autant le tuer. Il avait plongé son regard bicolore dans celui, clair, de son ancien Maître, qui détourna son regard pour ajouter, préférant observer la réaction de Misao, qu'il allait devoir jouer le rôle de fiancé. Avec tout ce que cela impliquait. Son cœur avait accéléré et il avait sentit le regard de Misao sur ses épaules, le regard qui le prévenait que s'il osait ne serait-ce qu'embrasser Viladra elle le tuerait. Mais si son rôle le forçait à le faire, il le ferait. Elle n'avait rien à dire là-dessus. Et il pourrait toujours mentir. Elle ne serait pas à ses côtés. Oui, mais elle avait les étoiles. Tant pis. Kem ne pensait pas encore à cela. Il s'était levé en hâte, avait enfilé une simple chemise, s'était coiffé tant bien que mal, avait attaché dague et couteaux sur lui et avait rejoint Viladra. Il avait voulu embrasser une dernière fois Misao, s'en était abstenu. Pas devant Viladra. Alors il ne dit rien et ne fît rien envers la Rêveuse. Il devait la laisser seule dans la forteresse, sans défenses et cela l'inquiétait déjà.
Sauf que Misao s'en était chargé, des au revoir. Elle s'était jetée sur lui et l'avait embrassé à plein bouche, longtemps, sous le nez de Viladra. Comme pour la narguer et lui faire comprendre qu'il lui appartenait, à elle et non plus à la Chef des Mercenaires. Kem avait profité, oubliant son Maître, jusqu'à ce que celui-ci tousse bruyamment pour le rappeler à la réalité. Il n'avait pas osé lever les yeux sur elle. Il savait qu'il était descendu dans son estime et même qu'il l'avait déçue. C'est aussi pour cela qu'il ne comprenait pas pourquoi elle l'avait choisit lui pour cette mission.
Cette pensée le fît retourner au présent, dans la ruelle sombre d'Al'Jeit. Pourquoi lui ? Il se doutait qu'elle avait un but particulier en tête. Mais que lui réservait-elle ? Voulait-elle le punir ? Le pousser dans une mission d'où il ne ressortirait plus ? Ou juste énerver Misao ? Ou encore les séparer ? Peut-être voulait-elle simplement voir s'il lui était toujours fidèle, à elle et aux Mercenaires…Il ne savait pas.
Il voulut lâcher la main de Viladra qu'il avait prise pour le pas sur le côté, mais elle serra plus fort. A oui, fiancés. Alors qu'ils commençaient à marcher, il observa son Maître en coin, comme si c'était la première fois. Ses longs cheveux noirs cascadaient le long de ses épaules, mettant en valeur sa peau diaphane et ses yeux clairs. Mystérieuse, dangereuse, mais belle. Séduisante. Il l'avait toujours trouvée séduisante, mais était tombé amoureux de Misao. Au moins, il était sûr que Misao ne le tuerait le lendemain…
Il jouerait son rôle. Il l'embrasserait si elle le voulait et ferait plus si la nécessité se faisait ressentir. Mais serrer sa main lui semblait être des chaînes. Il avait peur, il l'avouait. Lorsqu'il était son élève, il n'avait jamais eu peur. Parce qu'il savait qu'elle était là pour l'aider si jamais. Qu'elle le défendait tout de même un peu. Mais là…tout avait changé. Déjà, il n'était plus son élève. Ensuite, il l'avait déçue. Il se doutait qu'elle ne lui viendrait pas en aide en cas de danger. Et il n'en avait pas besoin. Il n'était pas Maître Mercenaire pour rien. Il savait se battre, quoiqu'elle puisse penser. Mais si jamais il devait mourir, elle ne lèverait pas le petit doigt pour empêcher le meurtre. Elle en serait ravie il en aurait mis sa main à couper. Parce que s'il mourrait, Misao ne poserait plus de problèmes non plus. Il était bien décidé à vivre.
Alors il marcha dignement, à côté de Viladra, main dans la main, sortant de la ruelle où ils avaient pu faire n'importe quoi, comme de vrais fiancés. Il avait peur pour lui, mais aussi pour la Rêveuse. Tout pouvait lui arriver à la Forteresse. Peut-être que Viladra avait tout monté. Elle l'avait éloigné exprès, chargeant un Mercenaire en qui elle avait un minimum de confiance de tuer Misao. Lorsqu'il reviendrait, il découvrirait un cadavre en putréfaction. Fronçant les sourcils, il éloigna l'image. Non. Viladra n'était pas aussi…prévisible. Elle agirait autrement pour le faire souffrir ou pour l'éliminer, lui ou Misao.
Mais il se força à arrêter de penser. Pour l'heure, il avait un rôle à tenir, une mission à accomplir et une estime à regagner…
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Viladra Memphis
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15.07.12 16:44
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Kem Alran
Itinérant
15.07.12 17:47
Avant d'être complètement sortis de la ruelle, un homme surgit de nulle part. Une trentaine d'année, les cheveux châtains, longs. Il semblait connaître Viladra.
-Apparemment, tu préfères les jeunes de ton âge, Leane. Dommage, ils n’ont pas tous la même expérience…
Leane ? Viladra ne donnait donc pas sa véritable identité à tout le monde. Les jeunes de son âge…Kem resta imperturbable. Et encore plus lorsque Viladra lui caressa la joue en répondant. Ce simple geste lui donna des frissons.
L'homme se concentra tout de suite et donna toutes sortes d'informations sur Lio Saker, le Légionnaire qu'ils devaient faire souffrir. Parmi ses proches il y avait donc sa famille, ses amis, des Rêveurs, des commerçants… Un bon paquet de cibles donc. Viladra avait l'embarras du choix pour le tester, ou pour l'éliminer. Il lui suffisait de lui donner en adversaire quelqu'un de trop élevé pour lui. S'il devait affronter deux Légionnaires d'élite il était perdu.
-Kem, il va falloir que je t’apprenne deux trois choses sur un domaine que l’on n’a jamais vu ensemble. En fait, tu as du expérimenter avec ta rêveuse… Alors je suppose que tu ne t’en sortiras pas trop mal.
Il fronça les sourcils. Que voulait-elle dire par là ? Pas le temps de réfléchir plus qu'elle faisait un pas sur le côté, atterrissant devant une auberge. Entrant en silence, elle lui désigna une serveuse qui se déhanchait devant les hommes, son plateau en main.
-Va, va donc lui arracher les éléments de protection de la maison du légionnaire. Je te laisse carte blanche… Mais sache que je te surveille, Kem.
Avalant sa salive, Kem lâcha son Maître et avança dans l'auberge, se fondant dans la foule. Il s'installa à une table, près des escaliers. Les sous-entendus de Viladra étaient clairs et nets. Sa première phrase lui montrait que la serveuse ne lâchait pas facilement les informations. Qu'il faudrait lui faire plaisir pour briser son silence. Et la seconde phrase lui avait à nouveau glacé le dos. Il ne voyait déjà plus Viladra, mais savait qu'elle n'était pas loin, guettant ses moindres faits et gestes. Oserait-il passer à l'acte en se sachant observé ? Et surtout, il y avait Misao…Il lui avait juré d'être fidèle et de ne pas la tromper…oui mais c'était différent, parce que là il était en mission pour les Mercenaires. Sa Voie. Il était fidèle aux Mercenaires comme à Misao. Il contrôlait le tremblement de ses mains lorsque la serveuse arriva, lui offrant un joli sourire et se mettant dans une posture plus que…suggestive. Kem la regarda, lui donnant à son tour son plus beau sourire. Elle haussa les sourcils au vu de ses yeux, mais ne dit rien et demanda :
-Que puis-je pour vous ?
-Du vin. Je vous invite.
Elle sourit en pouffant stupidement et s'éloigna. L'inviter à sa table, espérer que l'alcool délie la langue et qu'il n'ait pas à faire ce que les sous-entendus de son Maître disaient…
Mais vu sa démarche, son regard et son corps en entier, elle devait être une femme qui aimait coucher avec les hommes. Les chances d'éviter l'inévitable s'amenuisaient donc s'il avait raison. Elle revint, posa son plateau avec la carafe et deux verres, regarda le tavernier du coin de l'œil puis s'installa. Elle avait mis sa tête entre ses mains et le regardait étrangement.
Lui opta pour l'allure d'un homme sûr de lui, calé contre le dossier, d'apparence détendue. Il ne savait pas comment débuter, alors il posa la première question qui lui vint :
-Cela fait longtemps que vous travaillez ici ?
Elle sourit, dessinant une jolie fossette et répondit, aguicheuse :
-Si longtemps que je connais chaque recoin discret…
Il déglutit. Elle allait vite en besogne.
-Mais je ne fais pas que ça. Je ne pourrais pas rester ici tout le temps !
-Vous ne faites pas que cela ?
-Non ! Je sers dans une grande maison !
Il touchait le sujet. Il sourit et rétorqua après avoir bu une gorgée de vin :
-Je suis curieux de connaître cette maison, ou une si jolie femme est de service.
Elle pouffa et lui frôla la main avant de boire à son tour.
-Il n'y a rien à dire sur cette maison…
Et voilà, elle se refermait.
-Je pense que si. Peut-être serez-vous plus bavarde dans un endroit isolé ?
Là, elle se retint de crier de joie. Il ne savait pas pourquoi, mais elle se leva rapidement, lui agrippa le bras et l'emmena à l'étage sous les regards des clients. Elle le poussa presque dans une chambre et referma la porte à clé. Il ne voulait pas. Pas maintenant. Il n'arrêtait pas de penser à Misao, mais à Viladra aussi. A la mission. Misao avait été prévenue. Et là, il n'avait guère le choix, c'était une dingue doublée d'une accro qu'il avait devant lui. Elle se tortillait sous ses yeux, le poussant vers le lit.
-Attendez…je…
Elle lui plaqua sa bouche contre la sienne et força le passage jusqu'à ce qu'il cède. Il n'arrivait à rien faire et elle continuait sans relâche. Lorsqu'elle se détacha enfin, il lui dit :
-D'abord vous me parlez de cette maison...
-Non. Ce n'est pas important. Peut-être après…
Il ne voulait vraiment pas. Misao s'imposait dans son esprit. Que dirait-elle en l'apprenant, si elle l'apprenait ? Elle le tuerait sans doute. Ses jambes touchèrent le bas du lit et il tenta de conserver l'équilibre mais elle le poussa et il s'affala dessus.
-Je ne pense pas avoir le temps…
Il cherchait une excuse, n'en trouvait pas. Il était trop engagé. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Et, effectivement, cela semblait être la seule façon de lui délier la langue… Elle commença à se déshabiller, enlevant un à un ses habits, lentement. Comme Misao…sauf que là fois là il s'était tout de suite excité. Là…il était inquiet. La serveuse avait un corps de rêve, certes, mais il ne pouvait pas. C'était contre ses principes ! Et contre ses promesses ! Il avait promis qu'il ne tromperait pas la Rêveuse… Une fois nue, elle s'installa sur ses jambes et commença à déboutonner sa chemise, s'emparant de sa bouche. Il résista moins que la première fois, se résignant à l'inévitable. Qu'était le pire ? Misao qui s'énerverait en l'apprenant ? Ou de savoir que Viladra voyait toute la scène ?
Elle s'occupa de son pantalon immédiatement après et l'entraîna avec elle. Il y était forcé. Il n'avait pas le choix. Il écarta du mieux qu'il put Misao et se laissa faire, jouant son rôle comme il le devait, donnant du plaisir à la serveuse comme elle l'attendait de lui.
Elle hurla même si fort à un moment qu'il eu peur que toute la taverne l'entende. Et le temps défila…
******
S'allongeant sur le lit, Kem était pris d'un remords atroce. Il venait de tromper Misao. Et pas par gaieté de cœur. La serveuse s'allongea près de lui, le collant.
-Alors ? Cette maison ?
-A oui…un Légionnaire avec sa famille. Il est parano je crois bien.
-Pourquoi ?
Il lui caressait le bras de haut en bas, ne pouvant empêcher les brûlures du remord de le harceler.
-Il met des protections partout ! Rien que pour entrer je dois montrer patte blanche ! Chaque visiteur est délesté de ses armes ! Et il poste des gardes un peu partout. Et chaque fois il les mets ailleurs.
Intéressant…
-Et pourquoi il fait tout ça ?
-J'en sais rien moi ! Je viens, je sers et je repars! Ya qu'ici que je trouve des hommes ! Comme toi !
Kem sourit, d'un sourire pincé. Si elle savait mon dieu…
-Mais le plus marrant c'est qu'il sort jamais sans au moins un à deux de ses gardes pour le défendre ! Un Légionnaire qui sait pas ce défendre !
-Peut-être a-t-il peur de quelque chose ?
-Je sais pas et m'en fiche ! Tant qu'il me paie et qu'ensuite je peux avoir des hommes au pieu je m'en moque.
Il voulut reposer une question mais elle lui sauta dessus et se tortilla sur lui, caressant son torse.
-Tu sais que tu as un magnifique torse…j'aime ça…
Il déglutit et la laissa reprendre possession de son corps…
******
La nuit tombait lorsque Kem réussit enfin à sortir de la chambre. Elle dormait profondément, heureusement. Il s'était décollé d'elle, épuisé. Trois fois tout de même ! Misao allait le tuer. Mais vraiment. Elle mettrait fin à son statut de non-violente et le tuerait, l'étriperait, l'égorgerait… Le seul point positif était qu'il avait les informations. Il s'attendait à un commentaire de Viladra sur ce qu'il avait fait. Il était sûr qu'elle avait tout vu. Elle s'était peut-être délectée du spectacle, sadique comme elle l'était. Il avait le cœur pincé. Il avait trahi sa promesse. Il le supportait pas….
Il tentait de se convaincre. Il avait été forcé. Il n'avait pas eu le choix. Il sortit de l'auberge en silence. Les clients ne le regardèrent pas, la moitié étant ivre mort. Dans la rue, il chercha Viladra. Elle ne devait pas être loin. En effet, il l'aperçut sur un toit en face. Il s'empressa de la rejoindre, grimpant souplement et agilement. Une fois en haut, il murmura :
-Il met des gardes en patrouille partout dans la maison mais pas aux même endroits à chaque fois qu'il les change. Il ne sort jamais sans être escorté d'un ou deux de ses gardes et enlève les armes des visiteurs pour être sûr. Il est parano.
Il regarda Viladra dans les yeux. Elle pouvait penser ce qu'elle voulait. Il n'avait pas eu le choix. Les cris de la serveuse avaient été violents à un moment, et il s'était demandé si elle ne faisait pas exprès. Les cris qu'il entendait toujours dans sa tête s'étaient eux aussi rajouté. Maintenant, ils n'étaient à nouveau plus que des murmures.
Qu'allait-elle dire ? Elle n'allait pas laisser passer une si belle occasion de le rabrouer et de l'humilier. Il le savait…
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Viladra Memphis
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15.07.12 19:48
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Kem Alran
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15.07.12 20:34
Elle vrilla ses yeux dans les siens à son tour et il ne put soutenir le regard plus longtemps. Regardant ailleurs, mais ne baissant pas la tête, cela lui aurait fait plaisir, il l'écouta :
-Excellent travail, Kem… Tu es quelqu’un de très influent quand tu t’appliques…
Il ne répondit rien. Il n'y avait rien à redire. Il n'avait pas eu le choix. Point final. Mais le remord était toujours là. Viladra sauta du toit souplement, se rattrapant à deux mètres du sol. Kem l'imita, tout aussi agile, agrippant les prises et se laissant tomber au sol en silence. Ils se remirent alors en route, en silence. Les rues étaient quasi-désertes et le ciel se couvrait, leur offrant la meilleure couverture qui soit. Kem savait qu'il allait devoir faire des choses bien différentes qu'avant.
Pour Viladra, c'était un apéritif. Elle lui réservait sans doute autre chose. Parce qu'elle pouvait penser qu'il y avait pris du plaisir, à coucher avec la serveuse. Mais non. Pas du tout. Ce n'était pas la même chose que lorsqu'il était avec Misao. Et il l'avait trahie. Rien que cela le faisait se sentir mal. Ils s'arrêtèrent soudain devant un pavillon à l'écart, stoppant les pensées de Kem.
Viladra ouvrit en silence le portique et ils entrèrent. Une grande fontaine était au centre du jardin et le bruit de l'eau couvrait leurs pas comme leurs voix.
-Un rêveur vit à l’intérieur. Tu vas aller me le tuer, proprement et sans bruit. Ha, je crois qu’il s’agit d’un proche de l’oncle à Misao, ou de Misao elle-même… Mais je suppose que ça ne sera pas un problème pour toi. Je t’attends dehors, fais vite.
Elle le regarda et s'éloigna avec grâce. Kem soupira en silence et se retourna. La maison était grande. Mais elle ne semblait pas gardée. Avait-elle fait exprès de préciser que c'était un proche de la famille de Misao ? Si elle n'avait rien dit, cela aurait été simple. Mais là, elle semait à nouveau le doute.
Il se morigéna. Non, pas de doute à avoir. Il le tuait point. Elle pouvait très bien bluffer. En fait, elle ne savait rien sur l'arbre généalogique de Misao. Ce pouvait être un Rêveur comme un autre. Enfin, bref, il approcha d'une fenêtre et écouta. Rien.
La poussant, il fût surpris de la voir ouverte. Il entra en silence et la referma pour ne pas éveiller de soupçons. La pièce était plongée dans l'obscurité et il ne discerna qu'un divan et un piano. Le piano lui fît penser à Misao. A ce qu'il avait fait. A ce qu'il avait OSÉ lui faire. Il ferma et rouvrit les yeux. Le mal était fait. Il fallait assumer. Il sortit de la pièce et longea les murs jusqu'à entendre un bruit de vaisselle. La porte était entrouverte et il jeta un coup d'œil.
Un homme était attablé et mangeait tranquillement, son domestique près de lui. Flûte ! Kem se tapit dans l'ombre et attendit. Il fallait qu'il le tue discrètement. Et tant que son serveur serait là, il ne pourrait pas agir. Il sortit sa dague et testa son tranchant. Puis il regarda une nouvelle fois. Le domestique était repartit en cuisine.
Entrant délicatement, Kem s'approcha du Rêveur et lui mit la main sur la bouche pour l'empêcher de crier. Il avait de courts cheveux grisonnants, mais ses yeux étaient tout aussi violets que ceux de Misao…Simple coïncidence, pur hasard ? Kem sentit son cœur se pincer. C'est comme s'il tuait Misao. L'homme le regardait, lui comme la dague, avec des yeux fous, ne comprenant pas.
Ne pas hésiter. Le faire. Maintenant. Il ne faisait pas partit de la famille de la Rêveuse. Il n'avait pas le temps. Kem rangea sa dague. Pas d'effusion de sang pour lui. Il lâcha l'homme et lui fît signe de se taire.
-Qu'ais-je fais pour mériter la mort ?
Kem fût étonné qu'il lui pose une question au lieu d'alerter son domestique ou la garde.
-Rien. La mort se mérite en ne faisant rien la plupart du temps.
Kem le regarda une dernière fois, inspira un grand coup, prit sa tête entre ses mains et lui brisa la nuque dans un craquement d'os effroyable mais silencieux. Le corps s'effondra sur la table, flasque dans la mort et Kem marcha jusqu'à la porte, se faufila dans le couloir et se mit à courir discrètement. Il n'entendait rien derrière lui, donc personne n'avait été alerté. Ses mains tremblaient sans qu'il puisse les arrêter.
Les yeux du Rêveur le hantaient avec les cris et l'acte qu'il avait fait dans la journée. Et il était sûr que tout était fait exprès ! Il sortit par la même fenêtre et chercha Viladra.
Assise sur un rocher bleuté, elle avait un genou contre sa poitrine, un bras l'entourant, la joue posée dessus. Personne ne pouvait deviner qu'elle était la Chef des Mercenaires du Chaos, cruelle, froide, tuant sans états-d'âme. Il se hissa à ses côtés et s'assit en silence.
-Te voilà de retour…Alors, raconte moi la façon dont tu as procédé.
Tiens, elle voulait savoir comment il avait fait ? Ou voulait-elle juste vérifier qu'il avait bel et bien tué le vieil homme ? Kem réfléchit un instant, choisissant ses mots. Les yeux étaient gravés sur sa rétine. Les yeux semblables à ceux de Misao. Tout se rapportait à elle, comme pour lui faire comprendre qu'il avait commis une grave erreur en tombant amoureux de la Rêveuse. C'était peut-être une erreur pour certains, mais lui ne voyait pas en quoi c'était si grave. Il était devenu trop mou pour être Mercenaire ? Sans doute. Mais de là à le torturer psychologiquement… Il ne se plaignait pas. Il savait parfaitement que le pire était à venir. Et il y arriverait. S'il arrivait à écarter Misao de son esprit, ce qui n'était pas gagné…
-Je n'ai pas fait couler le sang.
Il sentit son regard sur lui. Un regard qui croyait déjà qu'il l'avait épargné… Il sourit en coin en regardant l'horizon.
-J'ai préféré briser sa nuque. Plus propre.
Il inspira un grand coup, cachant tant bien que mal le tremblement de ses mains. Il ne fallait pas que Viladra le voie, même si elle voyait énormément de choses…
Les cris résonnaient dans sa tête, en même temps que les yeux du Rêveur. Il se demandait ce que serait sa prochaine épreuve. Parce qu'il avait compris maintenant. C'était des épreuves, destinées aussi bien à le tester qu'à le punir et le mettre devant ses erreurs. Tester sa loyauté envers les Mercenaires. Le punir de s'être trop écarté et d'être avec Misao. Les erreurs commises à cause de toutes ses histoires…Il était heureux avec elle, mais finalement, il aurait mieux fait de ne pas la capturer…cela aurait évité pas mal d'ennuis, surtout pour la Rêveuse…
Il espérait aussi que Viladra le croie. Il ne faudrait pas qu'elle interprète mal son regard dirigé au loin. Son cœur était toujours tiré, mais il obéirait à Viladra. Il n'avait pas le choix et ne voulait pas mourir…Et ses mains tremblaient toujours…
[je pari que tu as cru qu'il l'avait épargné !!!]
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Viladra Memphis
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16.07.12 20:31
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Kem Alran
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16.07.12 21:27
Viladra ne fît aucun commentaire, ce qui le surprit de prime abord. Puis elle se releva et s'étira avec grâce et finesse, comme pour tous les gestes qu'elle faisait. Elle commença alors à courir, s'élançant sur une maison, prenant de l'élan, s'agrippant à un toit, s'y hissant et continuant. Kem ne réfléchit plus et la suivit. Il aimait courir, grimper. Cela l'apaiser plus que tout autre chose. Et, en ce moment, il en avait besoin. Il n'arrêtait pas de penser à Misao, à sa réaction lorsqu'elle apprendrait ce qu'il avait fait, à ce que lui devrait dire…et surtout, il imaginait les pires scénarios pour les autres missions que Viladra allait lui donner.
Crochetant un rebord de fenêtre, il se hissa à la force de ses bras derrière son Maître qui, accroupie, observait une tour, face à eux. Il ne bougea pas et ne la perturba pas. Il tenta à son tour de voir ce qu'il y avait, mais il faisait bien trop sombre. Il devait donc faire confiance à Viladra…
-Un petit plongeon, ça te tente ? De quoi nous rafraichir les idées…
Kem regarda dans la direction pointée. En bas, il voyait un bassin d'eau. Une cinquantaine de mètre, au moins. Il ne voyait pas bien, juste les reflets de l'eau que les rares rayons de lune éclairaient. Il se sentit sourire, involontairement. Sans tout ce qui était en jeu, sans ses erreurs, il se serait cru revenu au temps ou il était encore son élève.
Il savait que tout avait changé, mais le plongeon lui donnait envie. L'air sous son corps, accélérant la chute, l'entraînant vers la mort s'il ne calculait pas bien son saut…De loin, il voyait clairement que le bassin était étroit. Il devait donc ajuster son tir avant de sauter.
Viladra n'attendit pas de réponse et se releva, mit ses bras à l'horizontale de chaque côté de son corps et se laissa tomber en arrière. Kem se mit au bord et la regarda s'éloigner de lui, plongeant vers le bassin. Il savait qu'elle ne raterait pas son coup. Avait-il espéré qu'elle le fasse? Inconsciemment peut-être. Il la vit plonger, disparaître dans l'eau pour en ressortir deux secondes après et s'éloigner dans la ruelle.
Kem inspira. Elle aussi pouvait peut-être prier pour qu'il rate. Mais il réussirait. Misao s'imposait encore dans son esprit, ses actes, les yeux du vieux, les cris qu'il entendait depuis son enfermement…il les mit tant bien que mal de côté et se laissa tomber dans le vide.
Le corps bien droit, il sentait les courants du vent se glisser sur lui pour le contourner, certains s'infiltrant même et le faisant frissonner. Au milieu de la descente, il glissa les bras le long de son corps et se retourna, juste à temps pour retenir son souffle et percuter l'eau. Mains tendues en avant, il attendit qu'elles touchent le fond pour se propulser vers le haut, vers l'oxygène.
Ressortant de l'eau en silence, trempé, il souriait. Le vent avait chassé certaines pensées, comme les yeux du vieux. Il était mort, tant pis. S'il était réellement de la famille de Misao, elle ne l'avait sans doute pas connu. Mais de l'avoir trompée…c'était toujours bien présent.
Ne perdant pas de temps, il rejoignit son Maître discrètement. Elle était adossée au mur, bras croisés et il était sûr qu'elle l'avait entendu, malgré sa discrétion. Et pour preuve :
-J’ai failli attendre… Occupe-toi de la larve qui escalade cet escalier naturel. Je vais régler le compte de l’autre abruti…
Il s'approcha et regarda la cible. Une silhouette grimpant sur la tour qui faisait face à la leur. Une seconde était au sol, observant celle qui grimpait. Des Marchombres. Élève et Maître. Il n'avait donc pas intérêt à échouer. Se faire battre par un apprenti Marchombre serait la honte pour lui, Maître Mercenaire. Enfin, en ce moment, il ne savait plus ce qu'il était. Traître ? Mercenaire ? Commun des mortels ? Simplement Kem ? Tout dépendait de la mission et de lui, il en était persuadé.
Laissant son Maître, il contourna la maison et avisa la scène sous un autre angle. S'il agissait dès à présent, le Marchombre en bas le verrait avant qu'il atteigne l'apprenti. Devait-il alors attendre que Viladra agisse pour avoir, lui, liberté de mouvements ? Il ne savait pas trop, mais s'en fichait. Il contourna la place, restant dans l'ombre, en silence et arriva sur la façade opposée de la Tour. Une tour simplissime à escalader, qui plus est. Il commença son escalade et, arrivé à mi-hauteur, commença à contourner la tour pour arriver sur le même flanc que sa cible. De temps en temps, il tentait de voir le Maître Marchombre, mais ne voyait rien dans la pénombre. Il entendit les ahanements de l'apprenti avant de le voir. Lui n'était même pas essoufflé. Il attendit que l'autre le dépasse en hauteur pour se glisser dans son sillage. Lui crocheter la cheville et le tirer vers le bas. Tout en l'éloignant de la paroi, pour qu'il ne se rattrape pas. Il agit donc, agrippant fermement la cheville de sa proie.
Mais ce dernier, surprit, se retourna et rua, voulant le retirer. Kem se retint de tomber, n'ayant qu'une main et les pieds accrochés. En ayant assez, Kem tira un coup sec sur la jambe, détachant l'autre de la paroi. Il cria et chuta, mais Kem n'avait pas prévu qu'il l'entraîne avec lui. L'apprenti Marchombre réussit à lui choper le col de sa chemise et, entraîné par le poids de son corps, à tiré Kem loin de la Tour.
Se débattant, Kem sortit sa dague alors que l'autre le retenait toujours et était déterminé à mourir avec le Mercenaire. Kem voyait le sol se rapprocher dangereusement. D'un coup sec, il planta sa dague dans le cœur de l'apprenti, qui, mourant, le relâcha. Kem se retourna, le sol de plus en plus proche, et se raccrocha à la tour, glissant sur quelques mètres avant de se stopper, s'écorchant les doigts.
Sautant au sol, Kem se maudit de ne pas l'avoir poignardé immédiatement. Il faisait toujours compliqué et il avait failli y rester. Serrant les poings, ignorant les gouttes de sang qui tombait de ses doigts ouverts, il rejoignit son Maître. Et elle, cela faisait apparemment longtemps qu'elle avait achevé sa proie. Encore quelque chose qu'elle pourrait lui reprocher.
Allait-il réussir à la satisfaire ? A être un bon Mercenaire tout en restant avec Misao et sans passer pour un traître ? Ou allait-il la décevoir une fois de plus ?
Il ne dit rien, restant sagement à ses côtés, la laissant l'analyser à sa guise. Il tremblait encore légèrement, voyait encore Misao et sa réaction, et sentait le sang couler de ses doigts. Mais il tenta de montrer un air calme et imperturbable.
Il n'était pas faible. Ne l'avait jamais été. Et ne le serait jamais.
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Viladra Memphis
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22.07.12 16:56
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Kem Alran
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22.07.12 18:10
Viladra prit le temps de s'attacher les cheveux, les ramenant derrière la nuque, pour qu'ils ne la gênent pas, avant de répliquer calmement :
-Bien, il n’en reste plus que deux avant de passer au plat principal…
Il ne répondit rien et la regarda sortir une feuille de papier froissée de sa poche. Elle barra quelque chose puis la déchira en deux, tendant un bout dans sa direction. Il regarda la feuille, son Maître, puis agrippa le papier pour le lire. Dessus était inscrit d'une fine écriture un nom et une adresse.
-Je veux que ça soit accompli avant une heure avant l’aube. On essaye de rester discret aux yeux de la population, seule notre chère proie doit savoir que nous ne sommes pas loin derrière elle. On se rejoindra au miroir d’eau une fois notre tâche terminé.
Kem hocha de la tête mais déjà elle avait disparu. Alors il se mit en route. Sa destination était à l'autre bout de la ville si ses souvenirs étaient justes, et il n'avait pas le pouvoir de faire un pas sur le côté, lui. Rester discret tout en allant vite. Il évita les toits, la lune aurait pu le trahir, et se glissa dans les ruelles. Ce n'est que dans l'ombre qu'il courut, le plus vite possible, évitant les patrouilles de gardes, se dissimulant aux yeux des derniers ivrognes qu'il croisait ça et là dans les rues ou aux abords des auberges.
Il n'arrêtait pas de penser à Misao, toujours encore. Et surtout à la mission qu'ils avaient faite et fait rater. Cette mission n'était qu'une vengeance de la part de son Maître. En plus de ça, il n'avait plus d'épée. Il fallait donc qu'il évite les combats au corps à corps. Il maniait très bien la dague, mais n'aurait plus une bonne rallonge en cas d'affrontement avec un adversaire maniant une épée. Il aurait des chances, oui, mais devrait la plupart du temps éviter et parer plutôt qu'attaquer.
Il mit un certain temps à rallier sa destination, avec tous les détours qu'il avait pris pour éviter les grands-places, les gardes, et autres citoyens nocturnes. Il attirait déjà l'attention avec ses yeux, ne pas en rajouter trop. Regardant la feuille qu'il avait glissée dans sa poche, il vérifia l'adresse et redressa la tête pour observer la maison qui lui faisait à présent face. De simple facture, elle avait deux étages. C'était bien là. Il s'approcha dans l'ombre et entendit une musique s'élever d'une des fenêtres du haut. Du violon. Comme Misao. Il serra les dents. Fais exprès encore une fois ! Le Rêveur, le musicien…
Mais il n'avait pas le temps et avait une mission. Il s'en voudrait plus tard. Il contourna la maison, et chercha un mur à grimper. Toujours discret, il agrippa une fenêtre, se hissa avec ses bras, crocheta une prise plus haut, grimpant souplement, en silence, sans être pour le moins du monde essoufflé. Il avait légèrement faim, il n'avait rien avalé de la journée, mais heureusement pour lui son ventre ne criait pas suffisamment pour attirer l'attention. Il grimpa jusqu'à la fenêtre d'où sortait le son. Restant immobile, il regarda. La pièce était grande, recouverte d'un tapis, un immense lit dans un coin, une armoire. Un piano, quelques instruments qu'il ne connaissait pas et au milieu, l'homme, jouant du violon doucement, sa partition posée devant lui. Les notes s'élevaient, graves, doucereuses, une mélodie paisible qui contrastait avec ce qu'il s'apprêtait à faire.
Appuyant sur la fenêtre, il fût heureux qu'elle soit ouverte. L'ouvrant juste pour s'y glisser, il entra dans la pièce sans attirer l'attention de sa cible, trop absorbée par sa musique. Il referma la fenêtre et tira le rideau délicatement. Sortant sa dague, il approcha de sa victime. Et, à quelques centimètres d'elle, la musique cessa soudainement et il se figea. Il arrêta de respirer, priant pour qu'il commence une autre chanson. Mais non. Le musicien retira l'instrument de son cou, le rangea et d'un coup se releva. Kem hésitait toujours. Une voix lui disait : "Maintenant ! TUE-LE ! VITE !", tandis qu'une autre lui racontait : "Et si Misao le connaissait ? Vas-tu une nouvelle fois tuer ses amis ? Comme ceux de l'auberge ?"
Et lui il répondait mentalement : "Je suis Mercenaire. Et ma mission est de le tuer."
"Tu n'es qu'un lâche.", "Pense à Misao."
Il ne savait pas quoi faire. Il restait là, la dague en main. L'autre buvait, toujours en lui tournant le dos. "Tu t'en fiches s'il la connaît ou non. Elle saura rien." "Tu en as trop fait. Tu l'as trop fait souffrir."
Il devenait fou. Il entendait des voix. Des voix qui n'étaient même pas d'accord entre elles. L'autre se retournait lentement, et Kem commença à stresser. Il devait le tuer, maintenant, avant qu'il ne donne l'alerte ! Et le temps défilait ! Il devait être auprès de son Maître avant l'aube.
Alors, au moment ou les yeux du musicien se posaient sur lui, se rendaient compte de sa présence, de l'arme, au moment ou il ouvrit la bouche pour crier, Kem se jeta sur lui, le plaquant au sol, mettant sa main sur sa bouche, étouffant le cri.
-Chut…tais-toi.
L'autre bougeait, tentait de se dégager, de prendre quelque chose pour frapper…Kem le retenait, les jambes en appui sur les siennes. Mais le musicien continuait à bouger, lui compliquant l'affaire.
-Ne complique pas la tâche…
Il avait dit pareil à Misao. Et elle ne l'avait pas écouté. Lui non plus. Les voix se querellaient toujours dans sa tête mais il n'avait plus le temps. Serrant sa dague, il posa la lame sur la gorge de l'homme qui se mit à transpirer. Et, d'un coup souple et rapide, Kem lui trancha la gorge, regardant sans bouger les yeux de sa cible devenir vitreux, son corps rendre les derniers spasmes, son nez exhaler son dernier souffle…
Retirant sa main recouverte de sang, il nettoya sa dague, lava sa main et ressortit par où il était entré, toujours dans l'ombre. Et, au dernier instant, il vit une image. Posée sur l'étagère. Une image du musicien, dans une auberge. Avec…une fille à ses côtés. Plus jeune, certes, mais Kem la reconnut. Et cela lui brisa une nouvelle fois le cœur. Cet homme avait bel et bien connu Misao. Sans doute lorsqu'elle débutait, ou qu'elle passait ses soirées à jouer pour les autres.
"Tu vois ? Tu vas à nouveau la faire souffrir."
"Non, il n'a fait que ce qui était attendu de lui."
Retenant les larmes, il détacha son regard de l'image, du corps, de la pièce et redescendit souplement. Une fois dans la ruelle, il se mit à courir. Le plus vite possible. Pourquoi ? Pourquoi toutes ces histoires ? Pourquoi lui ? Se camouflant dans une ruelle adjacente, il s'adossa contre un mur et reprit son souffle, calmant son cœur qui battait la chamade, contrôlant ses mains qui se remettaient à trembler avec force et vigueur. Il ne fallait pas que Viladra le voie ainsi. Il fallait qu'il lui apparaisse sûr et maître de soi. Regardant la lune, il vit qu'il n'avait plus beaucoup de temps. Reprenant sa course, il reprit le même chemin, évitant gardes et places éclairées. S'il arrivait en retard, il dirait qu'il avait dû éviter beaucoup de patrouilles.
Courant, il arriva enfin au lieu de rendez-vous. Comme toujours, Viladra était déjà là, et on aurait dit qu'elle s'impatientait. Tant pis. Marchant, il contrôla son souffle pour qu'elle ne remarque pas son essoufflement. Il fût à peine surpris lorsqu'elle tourna la tête dans sa direction alors qu'il était silencieux. Il observa rapidement les poissons qui nageaient paisiblement et reporta son regard sur Viladra.
-C'est fait.
Au moins sa voix ne trahissait pas sa réelle émotion et était en apparence sûre, calme et tranquille.
Maintenant, le plat principal, comme elle l'avait dit. Et il était persuadé que ce qui l'attendait était pire que ce qu'il avait déjà fait.
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Viladra Memphis
Mentaï
15.10.12 14:45
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Kem Alran
Itinérant
15.10.12 21:15
-Je n’en doute pas, Kem.
Elle se leva ensuite, souplement, une main sur la hanche dans une position de réflexion. Kem se débattait toujours intérieurement, restant neutre et calme à l'extérieur.
"Elle l'apprendras. Tu le sais qu'elle le saura."
"Tu t'en fiches de ce qu'elle pense. Tu es avant tout un Mercenaire."
Les voix…maudites voix et les cris qui résonnaient toujours… Il reporta son attention sur Viladra qui le regardait en souriant :
-Tu vas tuer les enfants de notre cible lorsqu’ils se rendront à l’école. Ni vu, ni connu, évidemment… Tu rapporteras leur corps dans leur maison ; entre temps je me serais déjà occupée de la femme. Ensuite, et bien nous attendrons chez eux le temps que les deux légionnaires reviennent… Je m’occuperai personnellement de celui qui a osé bafouer notre guilde, je te laisserai son frère.
Les…enfants ?! Il maîtrisa son visage pour ne rien laisser apparaître de ses réelles émotions.
"Tu vois…si tu les avais tout de suite tués sur le convoi, tu n'en serais pas là aujourd'hui…"
"Misao n'aurait pas supporté de te voir les tuer. Ceux-là, elle le verra pas."
-Les deux enfants de notre proie ont huit et onze ans. La plus jeune se nomme Lisy et a de longs cheveux blonds, l’autre est roux et n’est pas très grand pour son âge. De ravissants bambins… N’oublie pas, personne ne doit te voir les tuer. Tu es déjà assez connu à Al’far pour que tu viennes te créer une nouvelle notoriété ici… De plus, je compte prochainement infiltrer l’académie des dessinateurs, alors ne viens pas compromettre mes plans avec une erreur idiote. Si tout est compris, on se retrouve donc au quartier nord avec les cadavres des gosses. Ne tarde pas trop… Ca ne devrait pas te prendre des heures non plus.
Il enregistra toutes les informations, acquiesçant légèrement de la tête. Puis elle disparut sans laisser de trace, le laissant seul devant la fontaine, le soleil commençant à se lever à l'horizon. Il inspira un grand coup, serrant les poings, et se dirigea au pas de course sur le chemin de l'école. Il fallait qu'il l'analyse, qu'il voie ou il pouvait agir en toute discrétion…
Des enfants…huit et onze ans…
"Tu n'as que ce que tu mérites, imbécile"
"Misao en souffrira encore…"
Il voulait hurler tant il en avait marre de ses voix qui se disputaient dans sa tête ! Il n'arrivait même plus à réfléchir ! Il courut pour tenter de se calmer et se posta le long du chemin, camouflé dans l'ombre d'une maison, d'où il pouvait voir tout le monde sans être vu. C'était une rue assez calme, surtout à cette heure si matinale. Avant de voir les enfants, deux personnes passèrent, discutant entre eux à voix basse. Il serrait sa dague dans sa main, tremblant, tentant de se maîtriser.
"Tu n'avais qu'à pas l'emmener. Non, mieux. Tu n'avais qu'à pas tomber amoureux…"
"Misao t'aime et tu l'aimes. Tu ne peux pas lui faire ça. Pas maintenant. Pas avec ce que tu lui as déjà fait endurer."
Et lui répondit violemment, mentalement : "TAISEZ-VOUS !"
Cela les calma, mais il était sûr qu'elles reviendraient, tout comme les cris. Puis il entendit deux voix guillerettes. Il regarda du coin de l'œil et vit deux enfants. Une fillette qui tenait la main d'un garçon, tout sourire d'aller à l'école. Il serra la dague dans sa main, un sourire cruel peint sur les lèvres. En fait, il pouvait peut-être réparer son erreur là. Tuer ceux-là à la place de ceux qu'il avait épargnés et éponger légèrement la déception de son Maître…
"Oui, c'est ça tu as compris…"
Il les suivit jusqu'à l'angle de la rue et, sortant du couvert des arbres, se posta devant eux. Ils furent surpris mais lui dirent bonjour, heureux et innocent. Il aurait pu craquer devant leur bouille, s'il avait été avec Misao. Ou s'il n'avait pas cette carapace de fer en lui. Une carapace fragile, mais qui commençait à prendre place en lui. Le faisant devenir ce que Viladra s'acharnait à bâtir.
-Il y a là-bas un énorme carton de bonbons rien que pour vous les enfants…
-Des bonbons ? Ou ? Ou ?
Ils sautèrent presque jusqu'à l'endroit que Kem leur indiqua, ce dernier les suivant lentement, telle la Faucheuse, tel l'Enfant de la Mort…
Se redressant, il nettoya sa dague couverte de sang sur le tapis d'herbe qui couvrait l'endroit. Les deux enfants gisaient à ses pieds, la gorge tranchée nettement et proprement. Ils n'avaient opposé aucune résistance. Il s'était occupé du garçon en premier, après les avoir attachés, bâillonnés et rendus aveugles avec un bandeau. Il n'avait tout de même pas pu obliger la sœur à voir l'assassinat de son frère…
Maintenant, il devait se rendre au point de rendez-vous avec les corps, discrètement. Dans sa tête, une voix était sereine, apaisée, alors que l'autre hurlait :
"PAUVRE FOU ! QU'AS-TU FAIT ?! MISAO NE TE LE PARDONNERAS JAMAIS ! TU SAIS QU'ELLE LE SAURA ! IMBÉCILE !"
Cette voix l'immobilisa dans ses gestes, alors qu'il se penchait pour agripper les petits corps. La carapace s'était à nouveau fissurée. Il était un monstre, elle n'avait pas tort…il venait de tuer deux enfants innocents, de sang-froid. Et lui qui avait dit à Misao vouloir des enfants avec elle si possible…il doutait maintenant. Sa vie ne tenait que sur un fil, tout comme celle de la Rêveuse qui sombrait lentement dans la folie, sans qu'il le voie. Il avait eu raison, l'autre fois…il avait brisé sa vie…il avait tout foutu en l'air ! Tout ! Il aurait mieux fait de choisir une autre cible, à l'époque, pour récupérer de l'argent, rien de tout ceci ne serait arrivé !
Il serra les poings, chassant tout de sa tête. Pour l'heure il avait encore une mission à accomplir. Ensuite il verrait. Mais que se passera-t-il si la Rêveuse s'en allait ? Le quittait ? Elle ne pourrait pas partir de la Forteresse. Serait condamnée à le croiser. Condamnée à être leur prisonnière…
Il ferma et rouvrit les yeux sur les cadavres et les agrippa vivement, les soulevant et les calant du mieux qu'il put. Il longea les maisons, rebroussa chemin de là ou ils étaient venus. Il resta dans l'ombre, trottant le plus vite possible. Il avait respecté les conditions. Personne ne l'avait vu. Il arriva près de la maison et glissa à l'arrière, contre le mur. Entrer par la grande porte n'était peut-être pas la meilleure solution pour être discret…
Il avisa une fenêtre donnant au rez-de-chaussée, dans l'ombre toujours, et poussa sur le vitrage. Ouverte aussi. Tant mieux…il l'ouvrit, prit les corps qu'il transféra à l'intérieur avant de s'engouffrer lui-même dans ce qui s'avéra être la chambre à coucher des parents. Il prit les enfants après avoir refermé la fenêtre et sortit de la pièce, rejoignant le couloir principal. Là, aussi silencieux qu'un chat, il se faufila dans la maison, cherchant Viladra. Ce fût la marque de sang qui le mit sur la piste. Il la suivit et atterrit dans le salon, ou Viladra l'attendait, assise nonchalamment sur un fauteuil, un livre en main, le cadavre d'une femme trônant sur le canapé. S'avançant, il déposa à ses côtés les enfants et recula. Sa chemise était tâchée de sang maintenant…super…
Il inspira en silence, ne regardant plus les corps.