-C'est une fille!
Un cri retenti, le nouveau-né chasse l'air de ses poumons et respire sa première bouffée d'oxygène.
-Ma petite Louan, susurre sa mère à son oreille.
Le bébé cesse de pleurer et se retourne vers la jeune femme puis vers l'homme qui la fixe d'un regard embué. Discrètement la sage-femme ainsi que son assistante se retirent de la pièce pour laisser tranquille la petite famille.

°o0o°

Une fillette de 3 ans court dans un salon. Elle est vêtue d'une simple robe blanche et porte des petits chaussons de soie. Son visage affiche un immense sourire. Elle se précipite sur sa mère.
-Dit, m'man, c'est vrai que j'vais voir l'Empereur?
La femme soulève la petite fille et l'installe sur ses genoux.
-Évidemment que c'est vrai, mais il va falloir te tenir très bien, n'est-ce-pas ?
-Oh oui, promis!
Louan ri, elle descend des genoux de Valerina et se précipite sur la terrasse de la maison. Cette dernière est taillée dans un matériau semblable à du diamant et la petite fille regarde en contrebas. Elle n'a plu peur du vide depuis quelques temps et elle s'est habituée à voir la ville, suspendue à quelques centaines de mètres de hauteur. En certains endroit, le sol de la terrasse est incurvé et l'eau dont il est rempli sert de bassin pour quelques poissons aux teintes pastels.
Lyo, la grande soeur de Louan, s'approche d'elle et la chatouille par surprise
-Stop...STOP! hurle Louan après avoir tenté de résister quelques secondes. Sa soeur s'arrête et la regarde avec un sourire au coin.
-Cette fois tu y échappe, mais c'est parce que maman veux que tu sois prête dans moins de deux heure. Tu dois te laver et te changer. La petite fille hoche la tête et se dirige vers sa chambre.

Une heure et demie plus tard elle en ressort avec Valerina. Ses cheveux bruns rassemblés en un chignon, un petit diadème en perle sur le somme du crâne et vêtue d'une longue robe mauve pâle, elle à tout l'air d'une princesse. Elle rayonne.

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-Arrête un peu de lire Louan, tu ne préfères pas sortir un peu ?
La petite fille de six ans secoue la tête, jète un coup d'oeil à son père et replonge dans sa lecture.
Elle est couchée sur un immense canapé au centre du grand salon familial. Dans la cheminée près d'elle brûle un feu allumé par sa mère. C'est est une dessinatrice médiocre, mais qui sait quand même faire apparaître des belles flammes dorées. Louan,elle, ne veux pas avoir ce Don. Elle préfère de loin les aventures et les quêtes qu'on peut trouver dans les livres.
-Chérie,insiste Valerina. Allez, ferme ce roman et viens avec nous en ville. Tu pourras voir les dompteurs d'Ours élastiques! Et puis j'aimerais vraiment que tu me montres la robe que tu veux pour le prochain bal.
La jeune fille hausse les épaules avant de fermer "20000 yeux sous terre". Elle se fiche éperdument des saltimbanques et de la robe ,mais ne refusera jamais de faire plaisir à sa mère.

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Extrait du journal intime de Louan Salment:
Cher Journal.
Il y a bientôt deux mois que j'ai eu mes 10 ans, et donc que j'ai reçu ce journal. Désolé de ne pas m'être servi de toi plus tôt, mais je n'avais rien à dire, alors qu'aujourd'hui, si. Ce matin, j'ai eu mon cours particulier de mathématiques et nous avons commencé les inéquation. Mon professeur est très content de moi, et je me rends compte que je sais beaucoup plus de choses que mes amies. Cela ne m'étonne pas beaucoup, car j'ai toujours tout compris mieux qu'elles. Mais je suis très triste car je vois qu'elles sont jalouses. A chaque fois que je les vois, elles font comme si elles m'aimaient mais j'entends leurs murmures dans mon dos, et leurs rires en ma présence sonnent faux. La seule personne qui me comprend -hormis mes parents-, c'est Lyo. Ma grande soeur chérie. elle est très belle: brune aux yeux bleu,comme mon père. Alors que moi je suis le portrait de ma mère -c'est ce qu'on me dit. D'ailleurs, à propos de ma soeur, j'ai appris une terrible nouvelle: il planifie un départ dans sept ou huit mois, pour trouver la forêt des Petits, une forêt invisible soit-disant. Je n'y crois pas, mais Lyo, si. Je vois son excitation quand elle en parle, elle a vraiment hâte de partir de la maison. Je la comprends, moi aussi j'aimerais voir un peu ce qu'il se passe en dehors des grandes villes comme Al-Jeit ou Al-Poll. Elle me manquera, mais je suis heureuse qu'elle puisse réaliser ses rêves.

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Ce matin, Louan a douze ans. Elle est assise sur une chaise confortable de la salle à manger. Sa mère et son père sont à ses côtés. Devant elle, un gâteau d'anniversaire fourré au chocolat et à la crème pâtissière est recouvert d'une substance sirupeuse dorée. Il a été fait par le meilleure pâtissier d'Al Jeit, et donne très faim.
La scène est presque parfaite. Il manque juste un personnage, le plus important aux yeux de Louan. C'est son deuxième anniversaire sans elle. Lyo. Elle reçoit des messages de sa part, transmis par l'intermédiaire d'un dessinateur. Mais ça ne change rien à la sensation de vide dans son cœur. Louan sourit malgré tout. Pour faire plaisir à ses parents.
-Tu veux voir ton cadeau d'anniversaire? Lui demande son père, en échangeant un clin d’œil complice avec Valerina. Louan hoche la tête, intriguée, et à l'instant même, un homme apparaît à sa droite. Un dessinateur qui a fait le pas sur le côté, mais il est accompagné ... d'un cheval !
Louan ouvre grand les yeux et se les frotte vigoureusement. Non, elle ne rêve pas. Un cheval. Un sourire, un vrai cette fois, lui illumine le visage.
- Oh! Merci,merci,merci,merci, il est magnifique, s'écrie-t-elle, en se tournant vers la créature à robe isabelle.
-Elle, précise Valérine. C'est une jument qui vient de finir son apprentissage. Tu devras t'en occuper correctement, elle vient d'avoir cinq ans et elle est très douce, tu verras. Elle t'attend dans nos écuries quand tu veux.
Louan aime les chevaux. Pas comme une folle qui y pense 24 heure sur 24 mais elle aime ces bêtes sensibles et amicales. Ce qu'elle préfère c'est la vitesse. C'est pour ça qu'elle court, qu'elle fait de l'équitation : pour sentir le vent dans ses cheveux et sa caresse sur la peau.

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Louan a eu treize ans il y a moins de quatre mois. La fin d'une année magnifique.

Aujourd'hui il pleut. Louan est dans son bain et regarde la pluie qui frappe aux carreau de la vitre au-dessus d'elle. L'eau chaude délie ses muscles. Elle ferme les yeux. Plusieurs heures passent avant qu'elle décide d'en sortir. Elle enfile un peignoir bleu en soie qui la réchauffe instantanément. Elle se brosse les cheveux et sort de la salle de bain en jetant un coup d'oeil à l'horloge. Huit heure et demie, ses parents sont entrain de parler avec quelqu'un dans le salon. Intriguée Louan s'approche et entre dans la pièce. Elle remarque tout de suite que quelque chose cloche. Sa mère pleure.
- Maman ! L’interpellée se retourne. Les larmes qui coulent sur son visage ne présage rien de bon. Louan se tourne vers son père. Il résiste mais ses yeux brillent, il est sur le point de craquer.
- Que se passe t'il? Elle n'aurait jamais du poser la question. La réponse semble évident. Valerine se tourne vers sa fille et lui dit d'une voix tremblante:
- C'est Lyo.Un frisson secoue Louan, elle a été retrouvé mort il y a trois heures. Un convoi de pionniers a repéré ses restes et ceux des ses gardes . Un dessinateur qui se trouvait dans le convoi a pu contacter le jeune homme içi présent.

Merde. C'est stupide mais c'est la première chose à laquelle je pense. Merde. elle a pas pu réaliser son rêve, il a pas pu me revoir. Merde.
Et après il y a la douleur. Ça fait mal je vous dit. Très mal. Mais je pleure pas, je m'assied, ne dit pas bonjour à l'inconnu en face de moi, et puis de toute façon j'en ai rien à foutre de ce mec. Je le connais pas et il viens me dire que ma soeur est morte. Morte pour toujours. Mais qu'est-ce j'ai mal.

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Extrait du journal intime de Louan Ly'Salmt:
Quand on perd quelqu'un, on le perd. Et ma soeur me manque à chaque seconde, mais j'ai appris a vivre avec. Tu as remarqué que mon nom a changé, ce n'est plus Til'salmt mais Ly'Salmt, en fait j'ai fait, j'ai échangé Til contre Ly (Lyo) pour rendre ne pas oublier ma soeur qui a toujours été là pour moi. Pendant plus un an j'ai vécu renfermée sur moi même et j'ai coupé les ponts avec ceux et celles qui se prétendaient mes amis. Ça suffit. Demain je sors.

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Une jeune fille d'environ 16 ans marche dans les rues marchandes d'Al-Jeit, sous la protection efficace et discrète de trois gardes habillés en civil.
- Je vais m'arrêter dans cette échoppe, glisse-t-elle à l'homme derrière elle en désignant une auberge de luxueuse. Je commence a avoir soif.
-Bien mademoiselle Til'Salmt. Répond le garde sur le même ton.
Louan rentre dans le petit bâtiment et s'installe à le seule table qu'il reste, à coté d'un homme dans la trentaine, une petite barbe et les cheveux coupés courts. Le genre à pas se faire remarquer.
- Bonjour monsieur.
L'inconnu lève la tête, comme si il ne l'avait pas remarqué avant.
- Mademoiselle, selon vous, du soleil ou de la nuit, qui triomphera ?
Louan s'apprête à appeler ses gardes à la rescousse, mais se retiens. Quelque chose dans l'homme l'en empêche, quelque chose qui lui fait sentir que cet homme pourrait liquider les gardes en moins de deux. Si elle lui en donnait l'occasion.
-La nuit je pense, car le soleil s'éteint alors que la nuit reste, car la nuit est l'absence de soleil.
Une réflexion à la va-vite, qui pourrait être discutée, mais l'homme sourit et d'un geste rapide, il saisit une dague, grave un mot dans la table en bois, et s'en va.
Marchombre.
Louan connait ce mot, elle l'a apprit durant un cours sur la vie en Gwendalavir. Elle en avait compris le sens. Elle croyait en avoir compris le sens.
Maintenant elle sait :Marchombre.
Déclic.

°o0o°

Marchombre, c’était la voie que j’avais décidé d’entreprendre. La plus dure des choses que je devais faire avant de commencer à parcourir ce chemin était d’avouer à mes chères parents que je partais, je ne sais pas pour combien de temps encore mais ils savaient que tôt ou tard je prendrais mon envol et ce jour était arrivé.
Les gardes me raccompagnèrent jusqu'à ma demeure. Il était tard et mes parents ne dormaient pas encore. Je les trouvais assis près du feu à bouquiner, je m’avançai, un peu tremblant.
-Père, Mère, fis-je.
-Eh bien cela fait longtemps que tu ne nous as pas appelés ainsi, remarqua mon père.
-Je sais, avouai-je, ce soir en me baladant, j’ai trouvé la voie que je veux arpenter et…
Lorsque mes parents entendirent cette phrase, ils se retournèrent vers moi avec la plus grande attention ce qui me mit mal à l’aise.
-Et ? S’enquit ma mère inquiète.
-Quelle est-elle ? Demanda mon père curieux.
-La liberté, je veux être libre de voyager, de parcourir le monde, de le découvrir…mais pour cela je dois vous quitter…
-Mais tu reviendras ? S’inquiétèrent-ils.
-La route sera longue, très longue, je ne dis pas que je ne reviendrais pas, non au contraire mais je ne serais vous dire quand.
-Et quand pars-tu ?
-Un jour, lorsque vous ne me verrez pas revenir à la maison cela voudra dire que je suis partie, cela fera mal, je ne vous le cache pas mais je vous promets que je reviendrai !
Une larme ne put s’empêcher de rouler sur ma joue.
-Nous comprenons ton désir, alors nous ne te retiendront pas ma chérie…
Ce fut une longue discussion mais je fus rassurer qu’ils comprennent ce que je voulais.

Les prochains jours furent les plus longs, chaque jours j’attendais dans l’échoppe où j’ai découvert ma voie pour que l’homme puisse me guider dans ces pas mais chaque jours il ne venait pas.
Ce fut au bout d’une semaine que ce dernier revint.
-Si tu es venue aujourd’hui comme tout les autres jours c’est parce que tu veux que je te guide dans la voix que tu désires.
-Comment savez-vous que je suis venue tout les jours ? Répondis-je étonnée.
-Donc j’ai bien raison. Attends-moi dehors.

Il sortit, il ne me prêta aucune attention et il marcha. Je le suivis. Lorsqu’on s’arrêta enfin, nous nous retrouvions dans un croisement qui mettait inconnue, sans doute un quartier de misère où je n’avais pas l’habitude d’aller. Au bout d’une rue, on trouvait deux alcooliques. Je fus surprise lorsque l’homme m’indiqua que je devais aller les rejoindre.

-Eh ! Ma belle que dirais-tu de m’accompagner ? Demanda un des ivrognes.
Je ne savais pas ce que je faisais ici et quand je voulus appeler l’homme, je m’aperçus qu’il n’était pas là. Mes jambes tremblantes, je commençai à rebrousser chemin, mais l’autre ivrogne me bloqua le passage.
-Tu crois pouvoir partir d’ici ma jolie !
Ma peur s’évanouit peu à peu pour devenir de la colère et à ma grande surprise je me retrouvai entrain de me battre contre des ivrognes. J’esquivai les coups un à un mais quand j’en eus vraiment marre je passai à l’offensive. En deux minutes, ils se retrouvèrent à terre.
-La voie des marchombres et une voie difficile à accomplir, tu ne devras jamais abandonner.
Etonnée, je me retournai rapidement et je vis l’homme appuyé contre un mur.
-Je le sais…
-Pour arpenter la voie du doit d’abord avoir suivit l’enseignement d’un maître, continua-t-il. Si tu deviens mon élève, tu ne pourras jamais plus repartir… j’ai rarement eu d’élève durant ma vie mais je t’offre cette chance car j’ai vu en toi de l’espoir.
Je n’ouvris toujours pas la bouche, j’étais tout à fait normal mais mon instinct me disait de me taire.
- Louan, la voie des marchombres ne t'apportera ni richesse ni consécration, elle t'offrira en revanche un trésor que les hommes ont oublié : ta liberté. Alors veux-tu vraiment arpenter cette voix ?
Mon souffle se coupa et laissa la place à un : « oui ».

L’homme, qui était devenue mon maître peu de temps avant m’avertit que cette nuit serait la dernière à All-Jeit car demain partiront pour un long voyage.
Nous nous séparâmes et lorsqu’il fut assez loin, je courus.
Je m’arrêtai net, et là j’aperçus à la fenêtre d’une maison, une dame s’agenouillant et pleurant toutes les larmes de son corps dans les bras de son mari qui essayait lui aussi de retenir ses larmes mais en vain ils éclatèrent en sanglot inconsolable. Adieu, papa et maman…

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C’est ainsi que commença mon voyage, et aujourd’hui je suis Marchombre.

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Battement harmonieux
Silence de l'hiver
Paix