Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

 :: Côté Hors-Jeu :: RP d'Antan :: Terre Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Intrus. -Suite. (&Roxane)
avatar
Invité
Invité



03.01.13 20:11
L'instinct de Lavrenti l’avait toujours sauvé, parfois de justesse, de situations critiques ou qu’il trouvait tout simplement inconfortables et auxquelles il souhaitait échapper. Le sculpteur de branches était un être solitaire, un animal qui ne s’attachait que temporairement à d’autres, et quoi de plus triomphant que l’instinct de celui qui vit seul ? Il sentit un instant de malaise, comme s’il était prit entre deux bourrasques qui se heurtaient de plein fouet. Lavrenti sentit les mains de Roxane se poser sur les siennes, mais le voyageur n’était plus qu’instinct. Il prit le visage du dessinateur entre ses deux mains, le forçant à lui faire face. Il tiqua en se rendant compte que le dessinateur n’était plus dans les Spires ; en effet il lui retournait son regard avec intensité et extrême contentement. Lavrenti avait réagit trop tard. Il se rendit aussi compte que le malaise qui fulminait dans son estomac avait été causé par le dessin du jeune homme. Par le pas sur le côté qu’il leur avait imposé. Il n’avait jamais fait de pas sur le côté, en effet un tel phénomène était contre ses principes et intérêts. Lavrenti vivait pour les voyages ; arriver à destination plus rapidement, sans les dangers de la route, étaient deux avantages qui n’avaient pas de valeur à ses yeux. Ainsi fut-il surpris par le malaise qui l'atteint soudainement. Les bras de l'ex-Fils du vent tombèrent à ses côtés et il recula de quelques pas, s’appuya sur un arbre et régurgita son repas.
Il respira profondément, mais s’étouffa presque sur l’épaisseur toxique de l’air. Lavrenti ne comprenait pas pourquoi il avait été entrainé là.
Il avait peur, certes, mais n’était pas terrifié. La peur lui était venue en apercevant l’air satisfait du dessinateur ; ce dernier voulant se venger, cet endroit où il les avait emmenés devait donc être terrible, non ? Parmis les émotions qui tourbillonnaient en Lavrenti, il identifiait plutôt de l’incompréhension et de la déception à l’égard du dessinateur ; il avait violé leur volonté personnelle sans prendre en considération les conséquences que ses actions pouvaient avoir sur les autres –bref, la pire erreur que l’humanité se plaisait à répéter encore et encore. Le sculpteur de branches se consola en se disant qu’au moins, il ne s’était pas résous à la violence pour étancher sa vengeance. Puis, après cette incompréhension et cette déception, suivaient la peur et le sentiment d’être subjugué par ce nouveau. Enfin, après tout le cela, il y avait l’excitation, l’anticipation, la curiosité. Après tout, il s’était, toute sa vie, imposé des changements successif d'environnements. Il était habitué à côtoyer l'inconnu. Lavrenti avait appris à poser exclusivement ses ancres sur des facteurs internes. L’environnement n’était pas une menace à l’intégrité de sa personne.

Il revint vers les deux autres en constatant que le dessinateur était toujours là, bien destiné à profiter de tous les aspects que prenait sa vengeance.
Lavrenti Esmerol regarda autour de lui. L’orée de la petite forêt –quoique le sculpteur de branches reconnaissait bien qu’il y avait trop peu de végétation pour que ce regroupement d’arbres fut appelé une forêt comme il en connaissait en Gwendalavir ou dans les pays de l’Est– était à proximité. Puis il y avait un genre de pavé, qui traversait d’ailleurs la forêt, et des gens marchaient prestement dans une direction ou dans l’autre. Tout était différent ; vêtements, attitudes, pesanteur immonde de l’air. Dans un éclair de lucidité, il se dit, au fond de son esprit, qu’il était surpris que sa folie n’ait pas refermé son enveloppe sur lui, après tout ce qu’il venait de se produire. L’ex-Fils du vent remarqua quelques créatures animales, et lorsqu’il posa sa main sur un arbre voisin il ressentit en lui des vibrations de vies semblables à celles qui vibraient dans les arbres de son monde. Cela le rassura.

Puis il se rendit compte de ce qu’il venait de penser : « de son monde ». Au même moment, Roxane posa la question qui lui traversait l’esprit.


-Où sommes-nous ? Où nous as-tu conduis ?

Lavrenti regarda le dessinateur se rapprocher tout près de Roxane, et le sadisme qu’il repéra dans ses yeux le dégouta davantage. Roxane était terrifiée, et ce jeune homme vénal en était infiniment réjouit.

-Tu es dans la ville que nous appelons ‘Paris’. C’est un tout autre monde ici, bien différent de Gwendalavir. Il est vraiment très dangereux. Voilà ma punition. Bonne chance ici, jeune demoiselle, et j’espère pour toi que ton ‘Lavrenti’ pourra te protéger.

Il prononça sa dernière phrase en les observant bien attentivement tous les deux, comme pour rapporter avec lui l'entierté du souvenir de sa vengeance réussie. Puis il se projeta dans les Spires et s’en fut. Roxane et le sculpteur demeurèrent silencieux quelques instants.
D’un côté, Lavrenti voyait cet évènement inattendu comme une opportunité de découvrir ce monde inconnu. De l’autre, il voyait bien que Roxane voulait avant tout retrouver le monde des Alaviriens. Lavrenti savait, aussi, que c’était aussi ce qu’il voudrait, à la longue. Le « comment », cependant, le laissait sans réponse. Il courait dans Gwendalavir des histoires sur ce monde parallèle, dans lequel je me trouve à présent, se força-t-il à se dire. Le seul moyen de se mouvoir d’un monde à l’autre était par le don du Dessin, ou encore par ces pièces qui permettaient à n’importe qui d’effectuer le pas sur le côté. Mais existaient-elles vraiment ? Et sinon, comment allaient-ils faire pour trouver un dessinateur ? Lavrenti avait douté de l’existence de ce monde, jusqu’à ce jour. Les habitants, étranges, de Paris allaient de toute évidence les croire fous si Roxane et lui leur disait la vérité. Interessante situation, se dit-il.


-Bon, eh bien, fut la réponse de Lavrenti au regard de la rêveuse.

Il laissa échapper un petit rire à la fois franc et nerveux. Ils devaient se fier à leurs capacités de survie, et à la bonté des humains de Paris. Mais ils respiraient, et ils maintenaient leur aptitude à penser et bouger, c'était tout ce qui importait. Et Lavrenti était en bonne compagnie.


-Il fait relativement beau, malgré cette odeur épouvantable, tu ne trouve pas ? lança-t-il avec un sourire à la rêveuse. On se promène ?

Ils choisirent une direction au hasard et se mirent en route.

-Quel affreux personnage, ce Pailletoman, commenta Lavrenti.

Le sculpteur de branches avait trouvé cela curieux que le dessinateur avait fait le pas si rapidement, comme s'il savait exactement où il allait les abandoner. Comme s'il y était déjà allé. D'ailleurs, si Lavrenti pouvait dessiner ainsi, il en profiterait certainement pour faire un pas sur le côté et parcourerait l'autre monde. Peut-être le dessinateur faisait-il fréquemment de la magie dans les rues de Paris, comme il le faisait à Al-Jeit, et peut-être réussissait-il à amasser des sommes considérables avec son don du dessin. Lavrenti avait pris une chance, car il aurait tout aussi pu avoir tort.


-Je n'en suis pas fier mais... j'ai piqué sa bourse, et à voir le contenu, il semblerait que ce n'était pas son premier voyage dans l'autre monde.

Il montra à Roxane les billets, colorés et étranges, qui indiquaient des chiffres; la monnaie courante de Paris.

-Je n'ai absolument aucune idée combien ça vaut, mais considérant qu'il y a beaucoup de billets et que les chiffres sont élevés, je crois que ça pourrait nous aider à survivre en attendant que nous trouvions une... solution.

Lavrenti ne voulut pas parler de ce qui viendrait après qu'ils eureut utilisés tous les billets. Au lieu de quoi, il crut plus sage de vivre un jour à la fois, ça leur évitait de s'en faire pour un futur incertain.
Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



06.01.13 19:12
-Bon, eh bien…

Roxane jeta à Lavrenti un regard implorant. Ce n’était pas tout à fait la réponse qu’elle attendait…Elle aurait espéré quelque-chose d’un genre plus…romantique. Il aurait très bien pu dire « Ne t’en fais pas, ma douce, je suis là… » ou encore « Ma belle et tendre Roxane, ne t’inquiète pas ! Je te protégerai jusqu’à la mort ! » mais non. Il a fallu qu’il dise un « bon, et bien » tout bête, sans aucune trace d’attachement pour la rêveuse.
La demoiselle aurait très bien pu se sentir vexée mais elle décida de passer outre. Le pauvre ignorait encore qu’il l’aimait éperdument…Bah ! Quand il saurait, il arriverait à se faire pardonner de son impudence !
Et puis, il venait d’éclater de rire, rendant son visage lumineux. Il rayonnait de tout son être, chassant l’ombre de la peur de Roxane. Aucun mot n’était nécessaire. Il suffisait de le voir pour savoir qu’il ne la laisserait pas tomber.

-Il fait relativement beau, malgré cette odeur épouvantable, tu ne trouve pas ? On se promène ?

Roxane hocha la tête, souriant à son tour. Elle observait les lieux, les personnes, cherchant à comprendre où ils avaient atterri. Les personnes qui les croisaient les regardait étrangement, comme s’ils étaient sortis de nulle part. Ce qui…était le cas. Mais bon.
La jeune femme en vit certains les montrer du doigt ou murmurer à leurs voisins, en les observant avec méfiance. D’autres, au contraire, éclataient de rire en les dévisageant.
Elle n’était décidément pas à l’aise, ici. Paillettoman avait visé juste en la conduisant à Paris. Il parvenait à la rendre comme phénomène de foire, chose qu’elle détestait plus que tout. Comment feraient-ils pour rentrer, maintenant ?!
Elle ne connaissait rien, d’ici. C’est à peine si elle était au courant de l’existence de ce monde. Ceux qui en parlaient, en Gwendalavir, elle ne les écoutait pas. Car elle pensait qu’il était tout à fait inutile de s’intéresser à un monde qu’elle ne verrait jamais. Hé bien, elle avait eu grand tort.

-Quel affreux personnage, ce Pailletoman….

La demoiselle ne répondit pas. Il savait très bien ce qu’elle pensait de lui ! Elle était plongée dans ses pensées, se demandant s’il reviendrait pour les ramener chez eux. Il n’allait tout de même pas les laisser ici à jamais ?! Si… ? Si. Bien sûr que oui. Vu le regard victorieux qu’il leurs avait lancé lorsqu’il les avait conduits ici…Et puis, maintenant, il ne devait plus du tout s’inquiéter de leur sort ! Il s’était débarrassé d’eux, point. Le reste ne l’intéressait pas.
Il leur fallait donc être doté d’une chance inouïe et tomber sur un autre dessinateur…

-Je n'en suis pas fier mais... j'ai piqué sa bourse, et à voir le contenu, il semblerait que ce n'était pas son premier voyage dans l'autre monde.

Roxane se tourna vers lui, le dévisageant. Il a volé sa bourse, lui ? Mais elle pensait qu’il était noble, tout à fait incapable de faire le moindre faux pas ! Elle était surprise mais aussi comblée : il avait pensé à tout ! C’était vraiment l’homme parfait.
Elle se pencha sur le contenu, admirant les billets de toutes les couleurs. Au moins, dans ce monde, ils avaient le sens de l’esthétique…Cette monnaie était des plus ravissantes ! Elle s’en saisit de plusieurs, fronçant les sourcils sur la personne dessinée sur les pièces. Qui était-ce ? Leur roi ?

-Je n'ai absolument aucune idée combien ça vaut, mais considérant qu'il y a beaucoup de billets et que les chiffres sont élevés, je crois que ça pourrait nous aider à survivre en attendant que nous trouvions une... solution.

-Oui, c'est déjà ça de gagné! On en aura besoin pour survivre ici... fit-elle, retrouvant son assurance. En tous cas,ils sont très jolis, ces billets!

Roxane remit subitement tout l’argent à sa place. Certains individus avaient regardé en leur direction, l’air intéressé. Cela voulait donc dire que, ici, Paillettoman était riche. Ils avaient au moins cette sécurité, mais ils risquaient de se faire voler à tout moment…
Elle entoura rapidement ses bras autour de la nuque de Lavrenti, s’approchant de son visage. (UN BISOU, UN BISOU !)Elle n’avait pas le temps de penser que cette attitude était très compromettante…Les personnes qu’elle avait aperçues s’approchaient, l’air méchant.
La demoiselle se mit sur la pointe des pieds et chuchota à l’oreille du sculpteur de branches :

-Cache cette bourse. Vite. Ces hommes, là-bas. Ils veulent cet argent.

Roxane se détacha de lui (Oooooh !) lentement, prenant le temps néanmoins pour effleurer sa joue de ses lèvres.
Elle le quitta des yeux et vit la troupe s’approcher d’eux, les invectivant ainsi, avec un accent prononcé :

-Hé les guignols ! Vous sortez d’la foire ? Hinhinhin ! C’quoi ça pour des déguisements ?!

Ils firent un cercle autour d’eux, se moquant ouvertement de Roxane et Lavrenti. Elle serrait les dents, chassant les images qui lui venaient à l’esprit. Elle détestait cette tournure. D’autant plus qu’ils se rapprochaient encore d’avantage, jusqu’à ne plus être qu’à un souffle de leur visage.
Le plus grand, avec une sorte de chapeau sur la tête – mais vraiment sur, à peine déposée sur le crâne ! Bouah, quel manque de goût !- leur demanda, l’air menaçant :

-Où c’qu’il est, vot’ fric ? Filez-le nous, sinon on vous tabasse.

Roxane ne répondit rien. Ils étaient sur le point de les fouiller, n’hésitant sûrement pas à jouer des poings. Et en aucun cas elle avait envie que tout se termine comme ça.
De son côté, elle était trop pétrifiée pour se permettre quoi que se soit. Elle essayait en vain de se souvenir des entraînements de Killian ou de Neleam pour se débarrasser des gars dans leur genre.
Encore une fois, leur sort se trouvait entre les mains de Lavrenti…

-Fais quelque-chose, murmura-t-elle.

-Qu’ess’t’as dit ?!

Elle secoua la tête, ne leur répondant rien du tout. Ce qui eut pour effet de les énerver encore plus. Ils l’empoignèrent violemment, la faisant hurler de terreur. Elle avait déjà vécu ça. Mais cette fois, Lavrenti était là, n’est-ce pas ? Tout serait différent. Ils n’allaient pas…
Elle entendit des coups fuser du côté du jeune homme, et n’osa pas regarder. Pourquoi fourrait-elle toujours tout le monde dans le pétrin ?!
Roxane ferma les yeux, attendant la suite, attendant que tout s’arrange à nouveau. Elle voulait fuir.
Elle ne voulait pas revivre ça. Pas encore.



[TINTINTIIIIIIIIN ! La suite au prochain épisode !-3-…Sinon, j’espère qu’il te va ! Dis-moi ce que je dois changer sinon]


Edit Nel : Ha ha ! Ca fait combien de temps que tu n'as pas vu un billet ma chère ..? ^^' Dessus y a des étoiles, un plan, une signature et des bouts de bâtiments et autres édifices architecturaux ! :P
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



09.01.13 23:13
Les deux Alaviriens attiraient l’attention. Parce qu’ils étaient immobiles alors qu’autour d’eux chacun se rendait quelque part ; parce qu’ils étaient vêtus différemment, parce qu’ils jetaient des coups d’œil autour d’eux qui indiquaient clairement qu’ils étaient étrangers. Montrer ouvertement l’intérieur de la bourse n’avait fait que figer le regard de ceux qui les regardaient déjà, et attirer le regard des autres qui ne les avait pas encore vus. Lavrenti avait oublié à quel point l’argent déclenchait une faim instantanée et inaltérable chez l’humain. Il voulait simplement montrer à la rêveuse cette nouvelle acquisition qui pourrait les aider. Et Roxane, en sortant les billets de la bourse et en les observant à bouts de bras, avait seulement été captivée par ce qui était inscrit dessus. Par ces deux inoffensives intentions, ils venaient de se mettre dans une délicate situation.
Roxane s’approcha de lui et lui murmura rapidement


-Cache cette bourse. Vite. Ces hommes, là-bas. Ils veulent cet argent.

Le sculpteur de branches tenta d’apercevoir les hommes en question, mais la chevelure rousse de la rêveuse lui empêchait de voir quoi que ce soit. Il profita que Roxane cacha son corps pour sortir les billets de la bourse et les placer dans une poche intérieur de sa veste. Cela ne lui plaisait pas, mais ils avaient besoin de cet argent. La rêveuse recula et l’ex-Fils du vent avait toujours dans la main la bourse qui ne contenait désormais que quelques sous Alaviriens. Les hommes qui approchaient avaient-ils repéré le manège ? Lavrenti se maudissait de devoir dépendre ainsi d’argent ; ce fait le dégoutait au plus haut point puisqu’il n’avait pas grand estime pour ce système et préférait de loin se fier à la bonté des gens. Mais qui étaient ces gens ? Pouvait-il leur faire confiance ? Aux hommes qui s’étaient dangereusement rapprochés et qui les encerclaient à présent, la réponse à la question était non. Lavrenti regarda autour d’eux, cherchant les autres personnes qui, une minute plus tôt, éclataient de rire en voyant leur pauvre allure. Ils s’étaient tous éclipsés. Lavrenti souleva un sourcil et laissa échapper un « Hm. » en constatant cela, acceptant le fait qu’ils devraient s’en sortir seuls.
Autour d’eux, le cercle se referma.


-Hé les guignols ! Vous sortez d’la foire ? Hinhinhin ! C’quoi ça pour des déguisements ?!

S’il avait été seul, Lavrenti aurait pu user des habiletés que lui avaient laissées son enfance chez les Fils du vent et tenter une fuite par les arbres. Il pensa soudainement à Iaknill, et comme il aurait été facile de s’éclipser si sa fidèle monture avait été là. L’homme avait laissé son cheval dans une écurie et il souhaita que les propriétaires de l’écurie ne décident pas de se débarrasser d’Iaknill, ou de le vendre, puisque Lavrenti ne revenait pas le chercher à la date prévue. Puis, il se rendit compte par cette réflection qu’il pensait encore pouvoir revenir en Gwendalavir, alors qu’en réalité c’était une chose totalement improbable.
Il n’y avait aucun chevalier en cet endroit, aucun cheval attaché à l’entrée d’une auberge qu’ils auraient pu emprunter pour échapper à ces hommes. Les gens semblaient tous se promener à pied, ou dans ces grosses boites qui glissaient dans un sens et dans l’autre.


-Où c’qu’il est, vot’ fric ? Filez-le nous, sinon on vous tabasse.

Le chef de cette tribu approcha son visage tout près de celui de Lavrenti. Ce dernier constata alors que ce n’étaient pas tout à fait des hommes ; l’ex-Fils du vent leur donnait vingt ans maximum. Cela, cependant, ne tournait pas les choses en leur faveur. Ils étaient cinq ; mais savaient-ils se battre ? Lavrenti n’avait pas l’impression qu’ils étaient des guerriers; il ne ressentait pas cet aura oppressante, signe de fortes capacités physiques, qui se dégageait des frontaliers, des légionnaires ou encore, celle plus discrète, des marchombres. Leur force se basait-elle donc sur leur nombre ? Pourquoi les citoyens s’étaient-ils esquivés ? Il me semble, pensa Lavrenti, que si cela se serait produit à Al-Jeit, il y aurait certainement eu un chevalier, un garde, un légionnaire, parmi les passants et qui serait intervenu sans hésiter. N’y avait-il donc aucun combattant dans ce monde étranger ?

Lavrenti était écrasé par la confusion et les incertitudes de ce monde qu’il ne comprenait pas. Il se força à oublier le reste et à se concentrer sur la situation précise dans laquelle il se trouvait. Roxane, non plus, n’avait toujours pas ouvert la bouche pour répondre aux remarques menaçantes des étrangers. Ils commençaient à s’impatienter.
Quand Roxane lui murmura de « faire quelque chose », Lavrenti s’indigna ; Qu’est-ce que qu’il pouvait bien faire ? Était-ce à lui de régler la situation parce qu’il était le plus âgé ? Parce qu’il était l’homme ? Le chef de la tribu empoigna la rêveuse qui n’avait pas répondu à sa question, et deux autres s’approchèrent du sculpteur de branches. Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire ? Il n’avait pas le temps de sculpter. Cette tribu semblait avoir autorité du territoire, il ne fallait donc pas s’attendre à l’aide d’autrui. L’argent n’était, aussi, qu’un intérêt secondaire ; ces hommes avec un désir sadique de se battre et d’abattre ; leur donner la monnaie n’allait pas les empêcher de tenir leur promesse et de les tabasser.

Une pesanteur d’incertitude morale s’écrasa sur ses épaules. Lavrenti avait toujours été pacifiste ; c’était un des principes qui étaient à la base de son existence. Était-ce justifié que, dans cette situation, il réponde à la violence par la violence ? Cette énigme insoluble, ainsi que d’autres incertitudes, lui avait couté une partie de sa raison. Il tenta de réfléchir, se demandant s’il y avait une autre échappatoire que celle-ci, car cette alternative les mènenait directement à l'échec. Il voyait bien que Roxane était terrifiée –comme si elle revivait une expérience passée– et se rendit compte que la décision qu’il allait prendre pourrait non seulement décider de ce qui allait lui advenir, mais ce qui allait advenir à Roxane. Il s’accrocha à cette pensée qui lui offrait une sortie du labyrinthe d’incertitudes.
Un poing se dirigeait vers son visage mais il l’évita d’un effacement d’épaule. Il surprit son adversaire d’un croche-pied et le Parisien tomba le visage sur le pavé. Déjà un autre empoignait ses bras derrière lui ; Lavrenti se plia brusquement en deux, la tête entre les deux jambes, et l’autre tomba dos contre sol. Le sculpteur de branches n’avait aucune chance.

Une autre bande surgit des arbres. Le chef de cette nouvelle tribu, constata rapidement Lavrenti, était beaucoup plus intimidant. L’attention des agresseurs de la première bande fut absorbée par les nouveaux venus, et leurs gestes perdirent de l’assurance. Ils reculèrent d'un pas.


-Qu’est-ce que vous faites ici ? Z’avez pas compris que c’est notre territoire ici ?

Il n’y eut pas de réponse.
Lavrenti en profita pour abandonner la bourse, dépouillée de billets Parisiens, bien en vue sur le sol. Il empoigna Roxane par le bras et ils s’écartèrent.
Puis la seconde bande s’approcha dangereusement de la première qui fut, à son tour, lentement encerclée. Pour l’instant, leur attention était absorbée par la troupe qui prétendait posséder la petite forêt. Le sculpteur de branches et la rêveuse reculèrent davantage dans l’ombre.
Le chef de la seconde tribu leur jeta un bref coup d’œil et remarqua
:

-Ça signifie que, ce que vous trouvez de valeur sur notre sol, nous appartient. Mais pour l’instant, commençons par vous apprendre, correctement cette fois, à ne pas vous introduire dans le territoire des autres.

Les deux chefs se firent face, tandis que les autres membres se lançaient des regards mortels. Si sa vie n'avait pas été en danger, Lavrenti aurait sourit en voyant que ces gens commençaient à ressembler à des Raïs à force de se faire des grimaces d'haine sadique. Il constata, plutôt, que personne ne faisait attention à la rêveuse et lui, du moins pendant qu'ils étaient immobile.
Arriveraient-ils à s’esquiver ?



[J'arrive pas à imiter comme toi le language de rue ! x)]
Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



13.01.13 13:02
Roxane refusait d’ouvrir les yeux. Comme si, si elle exécutait ce tout petit geste, elle allait se retrouver avec ses démons du passé. Elle serait encore une fois dans les entrailles d’un bois sombre, à attendre que le mauvais moment passe. Que l’homme, avachit au dessus d’elle, soit repus ; qu’il s’en aille pour laisser la noirceur des feuillages pénétrer son cœur. Pour lui faire oublier qu’elle n’était encore qu’une enfant, la forçant à arpenter trop vite le monde des adultes.

L’étreinte sur son cou se desserra et la jeune femme sentit à nouveau le sol sous ses pieds. Elle perçut une légère crainte dans l’air, aussi se décida-t-elle à ouvrir les yeux, la curiosité l’emportant sur tous ses autres sentiments.
Une autre bande de garçons arrivèrent, plus rocambolesques les uns que les autres. Ils essayaient d’impressionner les personnes autour d’eux, mais leur pantalon étaient tellement bas qu’ils retenaient leurs mouvements. A vrai dire, leurs vêtements étaient vraiment ridicules. Si le regard ne se posait que sur cela, jamais ils n’auraient pu intimer le respect.
Ce qui était en revanche saisissant, c’était la dureté de leur visage. L’aura menaçante, cruelle qui se dégageait de leur être. La première tribu reculèrent d’un pas dans un ensemble parfait, tandis que les autres se rapprochaient.
Le chef, celui à l’air le plus agressif, déclara d’un ton dur :

-Qu’est-ce que vous faites ici ? Z’avez pas compris que c’est notre territoire ici ?
Ils s’approchèrent dangereusement de la première bande, poings serrés. Roxane et Lavrenti ne devaient en aucun cas rester ici, sinon ils le payeraient…Et cher.
Comme s’il l’avait entendue penser, le jeune homme saisit la rêveuse par le bras et l’écarta de la troupe qui s’était formée. Quelques spectateurs s’étaient arrêtés, avides de savoir ce qui allait se passer.
Et puisque personne ne se décidait à répliquer, la seconde troupe encerclèrent la première, qui commencèrent à s’agiter doucement.
Les deux voyageurs se reculèrent dans l’ombre, profitant du fait qu’on ne prêtaient plus attention à eux. Mais le chef du ‘gang’ le plus terrifiant leur jeta un bref coup d’œil et remarqua :

-Ça signifie que, ce que vous trouvez de valeur sur notre sol, nous appartient. Mais pour l’instant, commençons par vous apprendre, correctement cette fois, à ne pas vous introduire dans le territoire des autres.

Roxane fronça les sourcils, avisant le sol. Pourquoi parlait-il d’objet de valeur… ? Elle comprit dès lors qu’elle vit la bourse gisant à terre. Jetant un regard surpris à Lavrenti, la rêveuse s’empêcha de le questionner à haute voix. Sinon, ils allaient de nouveau attirer l’attention et cette fois, ce serait les deux bandes qui allaient leur faire payer…Quoi au juste ? De se trouver à cet endroit, à cet instant ? Ridicule.

La demoiselle chercha néanmoins à saisir pourquoi le sculpteur de branches leur offrait ainsi cet argent, alors qu’ils en auraient encore plus besoin qu’eux. Evidemment, elle croyait qu’il n’avait pas eu le temps de cacher son contenu.
Elle secoua la tête, se convaincant qu’il avait été beaucoup plus malin que ça. Ben oui. Lavrenti était tout le contraire de con. C’était l’homme le plus intelligent, le plus beau, le plus extraordinaire, le plus merveilleusement barbu, le plus profondément réfléchi, ayant le plus beau sourire, le physique le plus sexy, la vision du monde la plus parfaite qu’elle connaisse. Et elle n’exagérait pas. ( :DD1 : )

Roxane ne perdit pas une seconde de plus. Dans le groupe, les coups avaient commencé à pleuvoir et elle ne voulait pas qu’ils se jettent sur eux une fois leur leçon donnée.
Elle se saisit donc de la main de Lavrenti, chassant le rouge qui lui montait aux joues, et se mit à courir de toutes ses forces, loin de ses abrutis sans nom. Elle ne savait pas du tout où elle allait, mais elle restait dans cette sorte de forêt, ayant une peur bleue de ces trucs en métal roulant. Elle ne s’arrêta que lorsqu’elle se cogna méchamment à un réverbère. Hé oui…C’était Roxy, tout de même.

-Ouawou…On peut dire qu’on l’a échappé belle, fit-elle, se frottant énergiquement le front. Bon. Où on va, maintenant ? C’est grand ici. Et il y a tellement de monde… Enfin, tant qu’on est coincés ici, autant en profiter pour visiter.

Elle lui sourit longuement, avisant les rues qui s’offraient à elle. Il y en avait tellement… C’était labyrinthique, ici ! Elle ne savait pas par où aller. Et puis, encore plus de personnes se pressaient autour d’elle, certains semblant parler tout seul, une sorte de boîte coincé contre leur oreille.
Elle écouta certaines de leur conversation, perplexe :

-Je ne sais pas si c'est un polygone ou un tétraèdre, chérie ! Comment veux-tu que je sache ça ? Oui, c’est ça. Oui, je sais. Oh, arrête d’être vexée !

-Je ne suis pas folle, je suis une coccinelle !

(yeah, j’ai réussi mon gage ! :D). Plusieurs personnes la bousculèrent, sans même s’excuser, et elle faillit plusieurs fois être séparée de Lavrenti. Ils suivirent la foule, ne sachant quel chemin prendre, et ils débouchèrent à une sorte de place où une énorme tour de fer se présentait, toutes sortes de gens se poussant en dessous, des petits appareils étranges entre leurs mains.
Deux personnes aux yeux bridés s’arrêtèrent même devant le couple insolite et leur demanda quelque-chose dans un langage inconnu.
Roxane secoua la tête, ne comprenant pas, et ils prirent ça pour un accord car l’un deux mis son bras derrière ses épaules tandis que l’autre sortait la boîte magique, aveuglant les étrangers d’une lumière sortie de nulle part.
Ils partirent sans demander leur reste, laissant la jeune femme éberluée. Elle se tourna vers Lavrenti et fit, alors que d’autres personnes se précipitaient vers eux avec leur engin infernal :

-Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Qu’est-ce qu’ils nous font ? Tu crois qu’ils prennent notre âme ? Oh, Lavrenti ! J’ai peur !

La rêveuse chercha de l’aide du regard mais quelqu’un lui agrippa le bras avant de lui coller un baiser sur la joue. Elle se tourna vers la personne, se trouvant nez à nez avec une jeune fille qui lui souriait, heureuse, la félicitant joyeusement :

-Moi aussi je vais me marier ! J’adore ton déguisement !

-Merci…bredouilla-t-elle. Le tiens aussi est…heu…réussi.

Elle était vêtue comme un gros bébé, une tétine géante pendant à son cou. Son sourire s’élargit et elle demanda à ce qui devait être ses amis de les ‘photographier’. L’un deux sorti de sa poche la boîte à lumière et la demoiselle prit plusieurs poses aux côtés de Roxane, avant de s’éloigner, guillerette.

La jeune femme observa alors les gens autour d’elle, se répétant intérieurement qu’il y avait quelque-chose qui clochait. Paniquée, elle chercha férocement, s’éloignant de plus en plus de cette immense tour.
Elle avait perdu Lavrenti. Et il y avait tellement de monde qu’il était impossible qu’elle le retrouve. Hurlant son nom, elle se mit à courir comme une dératée, complètement désespérée…

[Ouiii...Roxy va se marier avec Lavrenti-heu! :D]
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



16.01.13 3:38
Ils coururent. Loin, longtemps.
Lavrenti vit défiler autour de lui des lignées de bâtiments serrés les uns contre les autres. Il aurait voulu s’arrêter pour les contempler, mais il craignait qu’une tribu ou l’autre se lance à leur poursuite. Et Roxane le tirait par la main, l’entraînant dans le dédale des chemins étroits. Des gens étaient assis aux pieds des arbres, ou sur des bancs, complètement inconscients de la peur qui habitait les deux fous qui les dépassaient en courant à toute vitesse. Le sculpteur de branches regarda derrière lui, toujours entraîné par la rêveuse, cherchant du regard le visage furibond du chef de la bande. Il ne le trouva pas, et sentit le soulagement l’envahir. Ils étaient passés à un poil de grenouille de se faire violemment abattre. Laisser la bourse bien en vue leur avait permis de s’échapper, les hommes l’ayant vu et ayant jugé inutile de les poursuivre. C’était du moins ce qu’espérait Lavrenti, mais il savait bien qu’il y avait une chance qu’ils se soient lancés à leur trousse. Cette pensée le rendit infatigable, aussi coururent-ils encore un bon moment sans s’arrêter. Les deux tribus étaient-elle en train de se chamailler pour quelques pièces Alaviriennes ? Peut-être en avaient-ils déjà vu le contenu, et, enragés face à l’absence des billets, avaient décidé de les rattraper. La ville leur était familière, après tout. Au même moment que cette pensée inquiétante pénétra son esprit, Roxane et lui se retrouvèrent soudainement englobés par une dense foule. L’inquiétude de Lavrenti s’évanouit aussitôt. Il n’y avait aucune chance, strictement aucune, que la tribu les retrouve parmi tous ces gens. L’homme se tourna vers Roxane pour partager avec elle ce moment de sécurité retrouvée, mais elle semblait un peu interloquée et se frottait le front vigoureusement.


-Ouawou…On peut dire qu’on l’a échappé belle. Bon. Où on va, maintenant ? C’est grand ici. Et il y a tellement de monde… Enfin, tant qu’on est coincés ici, autant en profiter pour visiter.

Lavrenti eut un sourire triste lorsqu’elle dit « Tant qu’on est coincés, ici », se disant qu’ils auraient probablement le reste de leur vie pour examiner cette ville à la loupe. Cette pensée lui passa derrière la tête comme une ombre, et il la chassa par la lumière de sa positivité, et par celle de son amour de la spontanéité. Son sourire retrouva sa légèreté et sa sincérité.

-Allons-y.

Ils avancèrent dans les rues étroites, zigzaguant entre les immeubles beiges et jaunes aux balcons noirs. Il y avait des sortes de petits poteaux au milieu de la voie pour piétons, et Lavrenti ne cessait de trébucher dessus. Quelle était leur utilité ? Sa première hypothèse fut que les gens de Paris attachaient leur monture à ces piquets, mais il trouvait cela idiot parce que les chevaux pourraient facilement s’échapper. De plus, les gens ici ne semblaient pas se servir de montures, mais plutôt de ces boîtes ambulantes. Il rejeta son hypothèse, chercha davantage mais ne trouva aucune explication. Peut-être avaient-ils été placés là par simple appréciation de l’absurde.
Le sculpteur de branches fut par-dessus tout étonné par la quantité limitée de végétation de ce monde. Roxane et lui avaient quitté la petite forêt, et désormais Lavrenti ne voyait que quelques arbres solitaire, complètement détachés d'un réseau végétal. Il sentait son cœur se tordre de douleur. Le sculpteur de branches vivait au sein de la nature, il vivait pour être proche d’Elle. Il était entièrement, totalement, en amour avec elle. De la voir ainsi effacée de cette ville, réduite è quelques quasi-forêts, lui faisait mal. Cela expliquait avec quelle facilité Lavrenti s’immergeait dans la solitude ; car il ne se sentait jamais seul. Cela expliquait aussi pourquoi il avait choisit, comme voie, celle des sculpteurs de branches. C’était cet amour qui l’avait éloigné des fils du vent ; la nature l’avait appelé, il était venu.
Peut-être qu’à l’extérieur de la ville, la nature reprend ses droits sur le sol, se dit-il pour se rassurer.


Lavrenti émergea de ses pensées en entendant « Je ne suis pas folle, je suis une coccinelle ! ». Il ignora l’absurdité des paroles, son attention absorbée par la petite boîte plate dans laquelle la personne avait prononcé les mots. Encore une chose qu'il ne comprenait pas. Puis, il vit du coin de l’œil des gens en train de manger, dans une sorte de bol brun conique, des boules de matière fondante que les individus lichaient avidement. Intrigué, le sculpteur de branches s’approcha du marchand.

-Bonjour monsieur, deux bols coniques avec des boules fondantes, s’il vous plait.

Le marchand haussa un sourcil, interloqué, mais parut comprendre la demande de l’inconnu aux habits étranges.

-Six euros, dit-il en réponse, les regardant tous les deux d’un drôle d’air.

Lavrenti hocha la tête et fouilla dans sa poche, tendant à l’homme un billet au chiffre beaucoup plus élevé que les simples six demandés. Il n’en avait pas trouvé avec un chiffre inférieur. Le marchand se figea une fraction de seconde, se reprit, puis accepta le billet que lui tendant Lavrenti. En échange, il lui donna une pile de billets et quelques pièces. En la voyant, le sculpteur comprit davantage à quel point Paris avait été avantageux pour Pailletoman. Il avala sa salive, oublia Pailletoman et tendit son bol conique à Roxane.

-De la nourriture locale, s’exclama-t-il avec un large sourire.

Les Alaviriens marchèrent encore un peu, puis ils tombèrent sur une foule immense. Lavrenti en conclut qu’il se produisait un festival quelconque. Il y avait des gens qui vendaient de la nourriture, qui jouaient de la musique, et deux hommes qui marchaient sur des perches de bois, déguisés, et qui faisaient presque trois mètres de hauteur. Chaque individu, ou presque, tenait un appareil qu’il tendait devant lui et duquel jaillissait une lumière aveuglante qui s’évanouissait aussitôt. Le sculpteur suivit le regard des autres et remarqua –enfin– la grande tour de fer qui se dressait juste devant lui. Il tendit le coup pour apercevoir son sommet. Les quatre pieds se joignaient pour ne devenir qu’un et ce dernier frôlait les nuages. Était-ce donc cette chose que tous venaient voir ?
Une jeune femme s’empara soudainement de Roxane et pointa la boite vers elles ; la lumière claqua. Roxane se tourna vers lui, effrayée, et s'exlama :


-Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Qu’est-ce qu’ils nous font ? Tu crois qu’ils prennent notre âme ? Oh, Lavrenti ! J’ai peur !

Lavrenti n’eut le temps de répondre car deux femmes vinrent lui faire la même chose. Il tourna la tête, protégeant son visage de sa main, abasourdit. La photo qui fut prise ne captura que son visage de profil, sa main en couvrait la majorité. (À la Sherlock Holmes !) Il ne comprenait pas. D’autres personnes l’entourèrent à nouveau en lui souriant d’un air complice, mais Lavrenti ne comprenait pas quelle action qu’il posait indiquait à ces gens qu’ils partageaient une complicité. La question de la rêveuse lui revint à l'esprit; la lumière prenait-elle réellement son âme ? Il se sentait encore entier, et conclu donc que ce n’était pas le cas. Cela l’épuisait psychologiquement et il se débattit pour retrouver Roxane et pour quitter cette foule trop dense et ces appareils mystérieux. L’ex-fils du vent regarda autour de lui, cherchant la chevelure rousse de la rêveuse qui attiraient tant l'attention. L’homme retourna là où ils s’étaient tenus quelques instants plus tôt mais ne la trouva nulle part. Il regarda à nouveau autour de lui, sur la pointe des pieds, bouscula quelqu’un, s’excusa, se mit à marcher au travers de la foule, forçant ses yeux de fils du vent à la retrouver malgré la distance, malgré le mouvement, malgré l’émotion.
Rien.


-Fiente de Ts’lich !

Lavrenti se retira de la foule, incapable de réfléchir dans un pareil tumulte. Il se retrouva dans une autre petite forêt et s’adossa sur un arbre, assis, la tête entre les mains. Il n’arrêtait pas de penser à la terreur de la jeune rêveuse face à la menaçante tribu, face à la foule intimidante. Il se maudit d’avoir gardé la totalité de l’argent, se rendant compte que Roxane était fichue si elle n’en possédait pas.
Les pulsations de vie de l’arbre derrière lui l’aidèrent à se calmer et à regrouper ses idées.


-Fiente de Ts’lich, répéta-t-il en murmurant.

Lavrenti réfléchit ; qu’est-ce qu’il était conseillé de faire lorsque deux individus se perdaient ? De retourner au dernier endroit où ils furent ensemble. Le sculpteur de branches hocha la tête et se mit à raisonner tout haut. Retourner devant la tour de fer serait inutile et stupide ; c’était la foule qui les avait égarés. Quel était l’endroit où ils s’étaient arrêtés avant cela ? Le regard de l’ex-fils du vent s’assombrit ; la petite forêt. Le territoire des tribus. Les tribus qui voulaient certainement leur peau. Mais y avait-il une autre option ? Comment pourraient-ils se retrouver autrement ?

Des enfants passèrent devant lui avec ce qu’ils appelaient de la « glace », et Lavrenti se souvint soudainement du dernier arrêt qu’il avait fait avec Roxane avant d’être séparés. Le marchand ; les bols conique avec la matière fondante en boules ! Il devait le retrouver et attendre Roxane. Le sculpteur de branches se leva d’un bond et regarda les arbres autour de lui. Une idée lui vint à l’esprit et il se mit à sculpter.
Quand il eut terminé, quelques personnes avoisinantes se dirigeaient vers des marchands de nourriture, soudainement atteintes par une envie de manger quelque chose de sucré. Lavrenti espéra que, le connaissant, la rêveuse allait comprendre que c’était bien un indice de sa part, et non pas un caprice de son estomac. Il soupira, sachant qu’il ne pouvait rien faire de plus. Il regagna la foule amassée devant la tour, cherchant la rue par laquelle ils étaient arrivés. S’il se souvenait bien, Lavrenti avait croisé le marchand de matière fondante juste avant que Roxane et lui ne débarquent ici. Théoriquement, le sculpteur le retrouverait d’ici le premier kilomètre.
Il cru reconnaitre une rue et se dirigea vers elle, manquant de se faire écrasé par les boîtes ambulantes. En chemin, il sculpta chaque arbre qu’il croisait, lui imposant le même dessin, et à mesure qu’il avançait dans la rue, les passants s’arrêtaient dans les bistros.

Lavrenti Esmerol ne sut comment, mais il retrouva son chemin vers le marchand. Soulagé, il s’assit non loin de lui été se mit à attendre.
Et si Roxane ne pensait pas à le retrouver là où ils avaient été ensemble avant de se perdre ? Et si, dans le labyrinth de Paris, elle ne retrouvait pas le marchand ? Et si elle retournait à la forêt et tombait nez à nez avec la dangereuse tribu ? Lavrenti soupira, posa son menton poilu sur la paume de sa main et attendit que le temps lui révèle la réponse à ses questions.
Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



18.01.13 21:34
Roxane ne le trouvait plus. Mais alors là…Plus. Du. Tout. Pas moyen de le retrouver ! Elle était revenue sur ses pas, s’était égarée en ville, avait même trouvé la force de demander à des inconnus son chemin….Mais cela ne l’aidait pas. On lui parlait d’une tour Eiffel, d’un Moulin Rouge ou autre bizarrerie sans nom.
Et si elle demandait à des gens s’ils avaient croisé Lavrenti, – l’indiquant comme un homme barbu, sexy avec de beaux yeux super profond – personne ne pouvait l’aider. Car soit ils s’éloignaient en l’ignorant, soit ils explosaient de rire sans lui en apprendre d’avantage.
Elle s’était complètement perdue.

Alors la jeune femme erra, encore et toujours, et finalement, par un miracle miraculeux, retrouva la géante tour de fer à quatre pattes. Et, irrésistiblement, elle eu envie de manger ce que proposaient ces drôles de vendeurs ambulants, écarquillant les yeux devant la foule qui s’y pressait. Les marchands, eux, étaient terriblement content, prenant par liasse les billets qu’on leur tendait.
Cette foule avait quelque-chose de…Magique. Un côté surhumain, extraordinaire. Comme si quelqu’un les dirigeait vers les roulottes. Quelqu’un comme….Lavrenti !

Roxane sourit, s’approchant de l’aura entourant les lieux. Rapidement, elle vit des personnes s’amassant devant divers échafaudages vendant de la nourriture ou encore entrant dans d’immenses bâtisses d’où sortait un délicat fumet de cuisses de siffleur. Ou du moins, cela y ressemblait.
Elle suivit le chemin, confiante, manquant de se faire renverser par les boîtes de conserves ambulantes ou d’autres engins à deux roues possédant des pédales pour avancer. Elle ne pouvait s’empêcher d’observer ce petit monde, n’arrivant pas à trancher ses sentiments. Elle le trouvait attirant et repoussant à la fois.

Finalement, la rêveuse discerna un jeune homme assit, non loin du marchand de bols coniques à boules fondantes où ils avaient pris l’un de ces délicieux entremets, quelques heures auparavant.
Elle s’arrêta, se faisant bousculer et recevant plus d’une injure pour s’arrêter en plein milieu du chemin, et observa son prince charmant, Lavrenti. Il était là, encore plus merveilleux que d’habitude, à détailler la foule –sûrement en train de la rechercher. Il devait s’affoler, s’inquiéter pour elle….Roxane entendait de là son petit cœur battre et s’imaginait très bien le battement qui l’arrêterait pendant une seconde, lorsqu’il la reconnaîtrait dans la cohue. Elle était certaine qu’à ce moment, il ne pourrait contourner l’évidence frappante : il aimait Roxane. Il l’aimait et ce fut la perte d’une après-midi qui l’aurait aidé à ouvrir les yeux.

Confiante, la jeune femme ouvrit grands les bras, cognant au passage deux individus déjà de mauvais poil, et hurla un ‘Lavrentiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii’ tonitruant en se jetant littéralement dans ses bras.
Elle le couvrit de baisers, l’étreignant avec force. Inutile de vous cacher que ce n’était pas autant la peur qu’elle avait ressentie que l’amour qu’elle portait pour ce cher barbu qui la poussait à faire ce geste…
S’empêchant au dernier moment de l’embrasser sur la bouche-elle réservait ça pour plus tard !-, elle déclara :

-Oh, Lavrentiiiiii ! J’ai eu tellement peur de ne plus jamais te revoir…Mais j’ai trouvé tes indices ! Je savais que tu ne me laisserais pas tomber ! Je t’aime tellement!

Roxane se détacha vivement du cou de Lavrenti, devenue subitement rouge pivoine (on se demande pourquoi…). Elle baissa la tête, ne cherchant cependant pas à nier ce qu’elle venait de dire. Il était tant qu’il sache ses propres sentiments…Ainsi, il n’aurait plus à douter de lui et dès le soir, il l’embrasserait Lavrentiment bien et elle pourrait enfin exhausser son rêve le plus fou…
Enrouler son doigt autour de sa barbichette.
Oh yeah.

La rêveuse se releva, n’attendant pas vraiment de réponse. Elle préférait qu’ils soient tous deux au calme pour qu’il lui fasse une belle déclaration d’amour digne de ce nom. Il fallait avouer que le monde autour d’eux, se pressant comme des sardines, devenait relativement oppressant. (pressant, oppressant…Héhé !)
En plus, elle commençait à sérieusement fatiguer…Au loin, l’horizon commençait à se teinter de rouge, le soleil pliant bagages pour laisser place à la lune. En bref, il fallait trouver un endroit pour dormir.
Et dans ce quartier de fou, dans ce monde de fou, Roxane finirait par perdre patience. Alors elle accosta un passant au hasard et demanda :

-Dites-moi, gentil monsieur,…Où pourrait-on trouver une auberge pour dormir, mon ami et moi ?

-Une auberge ? Un hôtel, vous voulez sûrement dire…Ici, y’a pas d’auberges ! Enfin, accoutrez comme vous êtes…C’est pour le jeu, c’est ça ?! Ahaha…Elle est où la caméra cachée ?

-La…Quoi ? Mais non ! Une auberge ! Au-ber-ge ! Pour que nous puissions dormir, manger...Et pourquoi pas louer des chevaux pour circuler…Impossible que vous n’en ayez pas !

-Vous débarquez d’où, vous ?

-A vrai dire….Beaucoup de personnes se dispute la réflexion.

L’homme les observa tour à tour, agacé, un drôle de petit bruit sortant d’une de ses poches. Il sortit une boîte magique que tout le monde dans ce monde semblait posséder, l’observa un instant avant de déclarer « Ah, c’est ma femme ! ».
Roxane le regarda, yeux grands écarquillés, bouche grande ouverte. Il avait vraiment enfermé sa femme la dedans ?! Mais qu’avait-elle donc fait pour mériter ce sort ? Et de quel droit se permettait-il d’effectuer ce genre de magie obscure ? Ce devait être une sorte de magicien noir, très puissant. Ou un dessinateur, du genre de Paillettoman.

-Bon, écoutez, il y a un hôtel…,commença l’homme.

-Auberge. Nous voulons une auberge, le coupa Roxane.

-Oui, bon, une auberge, si vous voulez ! Là-bas, juste en face. On y mange bien, personnel accueillant.......Bref, bonne qualité prix.

-Et pour les chevaux ?

Le monsieur s’éloigna, levant la main pour signaler que leur discussion prendrait fin. Il plaqua l’objet métallique sur son oreille, s’excusant du temps de réponse. Roxane détaillait ce petit manège, cherchant un moyen de sortir la pauvre dame de là.
Elle l’entendit les traiter de ‘les deux couillons à tête de cul’ avant de se faire happer par la foule.
Elle se tourna vers Lavrenti, penchant sa tête, curieuse, et demanda… :

-Tu sais ce que c’est qu’un couillon à tête de cul ? Tu crois que ça se mange ?

…Avant de hausser les épaules et de se rendre à l’endroit indiqué, en faisant attention, cette fois, à ne pas se faire écrabouiller par les trucs en métal roulant.
Elle poussa le battant, offrant un énorme sourire à l’aubergiste, et indiqua poliment :

-Nous voudrions de quoi dormir, mon brave monsieur ! Et nous allons sûrement manger ici aussi…

-Ooooh…Mais voilà un joli petit couple ! Il ne me reste justement qu’une seule chambre ! Un coup de bol, hein mes petits tourtereaux ?!

-Oui…Un vrai coup de bol, comme vous dites, affirma Roxane dans un sourire.

(Tu m’étonnes !). Elle regarda Lavrenti d’un air amusée, empocha les clés et monta dans la direction indiqué par l’homme, qui les détaillait avec affection. Il était sûrement convaincu qu’ils venaient en amoureux, dans l’espoir de vivre une nuit d’amour Lavroxanienne…
Et quelque part, Roxane aussi !





[Bouahahaha….Bon, Roxy va faire sa déclaration d’amour quand ils vont manger alors t’as pas intérêt à passer ça ! :D]
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



04.07.13 5:36
Lavrenti observait ses ongles. Un à un, il retirait la terre qui s’y était ensevelit alors qu’il était là-bas, entre les bras enjôleurs de la flore Alavirienne. À ses pieds la crasse retombait, par de légers nuages de poussière, afin de se poser sur ce sol, dépourvu de terre,  qui lui semblait aussi dur que l’armure d’un Thül. Le temps s’égara dans la complexité de son propre caractère, et, pendant un moment, le monde ne fut que saleté qui tombe. S’était-il séparé de Gwendalavir de façon définitive ?

Il avait toujours cru être complètement indépendant, à un tel point qu’un changement d’environnement n’était pas de taille à le briser. Pourtant, à mesure que le vent éparpillait la poussière de son pays, le Sculpteur de branches se rendait compte que c’était bien plus compliqué que cela. En ce moment, l'endroit où il se trouvait ne lui plaisait pas beaucoup. Il n’était pas à l’aise sur ce sol pavé, dépourvu de végétation digne de ce nom. En sentant son ventre se tordre sous sa vieille tunique, Lavrenti comprit à quel point la présence de la Nature était pour lui un besoin essentiel. L’envie de retrouver la forêt, bandits ou pas, se forma en lui. Elle se levait devant lui, lui tendait sa main ; « Viens ».
Il déglutit avec difficulté.


-Maudit Pailleton, soupira-t-il à mi-voix à qui voulait l’entendre.

Pailletosore ? Paillettoman ? Il ne se souvenait plus du nom que Roxane avait donné au dessinateur sans scrupule. Peu importe ; le Fils du vent voulait tout simplement retrouver dans sa main celle de la Nature. Le nom de ce pauvre homme lui importait peu ; vengeance n’était pas un mot que Lavrenti connaissait bien. Il ressentait plus de pitié que de haine pour Pailleton.
Le soleil commençait à décliner et le Sculpteur de branches émergea lentement de son nuage de pensées obscures. Depuis combien de temps attendait-il ? Une foule de questions s’apprêtaient à se réanimer en lui au moment où il aperçut la rêveuse.
Arrêtée au milieu du flux d’individus pressés, elle était bousculée de part et d’autres par les passants. Elle le regarda, souriante, puis s’élança vers lui et l’étreignit avec énergie. Lavrenti soupira, soulagé. Roxane n’était pas en danger. À présent, il ne leur restait plus qu’à regagner Gwendalavir. Cette résolution s’encrait en lui alors que Roxane s’exclamait :

-Oh, Lavrentiiiiii ! J’ai eu tellement peur de ne plus jamais te revoir…Mais j’ai trouvé tes indices ! Je savais que tu ne me laisserais pas tomber ! Je t’aime tellement!
-Oui ! répondit-il aussitôt. Bien sûr que je ne t’ai pas abandonné ; je ne vaudrais pas plus que Pailleton !

Puis, la jeune rêveuse se détacha de lui et baissa la tête, soudainement devenue rouge. Lavrenti se gratta la tête ; avait-il dit quelque chose d’insultant ? Qu’est-ce que  – « Je t’aime tellement ». Il se figea, sa main encore sur l’épaule de Roxane. Amour. Qu’était-ce donc ce mot qu’il n’avait jamais véritablement compris ? Cette immuable connexion qui liait un être à un autre, qui lui semblait tout d’abord absurde et importune ? Ce désir de s’abandonner, corps et âme, à un autre, qu’il n’avait jamais ressentit ?
Qu’il n’avait jamais ressentit ?
Faux. Certes Lavrenti n’avait jamais été réellement amoureux d’une autre personne de son espèce, mais il était entièrement, complètement amoureux de la Nature. Une petite voix dans sa tête lui souffla que cette incapacité d’aimer vraiment un autre qu’Elle, contribuait fortement à sa folie. C’était à cause d’Elle qu’il était toujours en train d’errer, sans jamais s’installer ni s’attacher. Amour. Était-ce de l’amour qu’il ressentait lorsqu’il avait sous le nez les parfums des fleurs des pommiers du sud des Collines de Taj ? Lorsqu’il sentait sous ses mains l’eau qui s’écoulait le long des rochers des Dentelles Vives, après une nuit pluvieuse ? Lorsqu’il écoutait les balbutiements des ruisseaux, lorsqu’il voyait au loin la silhouette des Arbres Mondes, lorsqu’il sentait un navire bercé par les vagues suaves de la mer ? Lorsqu’il sculptait ?
« Je t’aime tellement ». Non, Roxane n’infusait pas à cette phrase la pesanteur de l’Amour. L’amitié, c’était tout ce qu’elle évoquait. Ce fut avec cette certitude que Lavrenti osa poser ses yeux sur la rêveuse en se sentant étrangement coupable, sans comprendre pourquoi. Puis, ce moment de lucidité s’évapora brusquement et il retrouva sa candeur.

La rêveuse adressa la parole à un homme qui passait, lui demandant où ils pourraient trouver une auberge. Lavrenti se rendit compte à quel point il était fatigué, épuisé par le soleil qui les avait surplombé toute la journée. Alors qu’il ressassait la question que beaucoup se posaient, soit d’où venaient Roxane et Lavrenti, une mélodie s’échappa de la poche du pantalon de l’homme. Il s’exclama que c’était sa femme, comme si cette remarque expliquait tout, et ce fut au tour des deux Alaviriens de le fixer, abasourdis. L’homme leur lança un coup d’œil, vit qu’ils n’allaient pas le laisser tranquille de sitôt, et leur indiqua une auberge de l’autre côté de la rue. Puis il posa ce qu’il prétendait être sa femme contre son oreille et tourna les talons.


-Tu sais ce que c’est qu’un couillon à tête de cul ? lui demanda Roxane, Tu crois que ça se mange ?
-Aucune idée, lui lança Lavrenti en haussant les sourcils.

Puis les deux étrangers haussèrent les épaules et se dirigèrent vers l’auberge en question.
Pendant que Roxane parlait avec l’aubergiste, Lavrenti fourragea dans sa bourse pour trouver de la monnaie pour la chambre. Il tendit quelques billets à l’aubergiste, puis ce dernier lui signala que ce n’était pas suffisant. Le Sculpteur jeta un coup d’œil à Roxane.


-Par la barbe de Merlin, c’est vachement plus cher que les boules fondantes, lui glissa-t-il. Une chance que Pailleton nous ait légué une fortune égale à celle de Sil’Afian !

L’aubergiste le dévisagea en haussant un sourcil, mais ne fit pas de commentaire. Il accepta les nouveaux billets que lui offrait Lavrenti et leur donna deux cartes avec des numéros inscrits sur le dessus.

-Vos clefs, dit-il.

Étonnés, une nouvelle fois, Roxane et Lavrenti s’éloignèrent.

-Un troll aveugle pourrait forcer la serrure de la porte ! fit remarquer Lavrenti en examinant la soi-disant clef. Heureusement qu’il n’y a pas de raïs ou de bandits dans le coin.

On leur indiqua que leur chambre était au sixième étage. Ils errèrent quelques minutes à la recherche d’escaliers, se grattant la tête, se tenant la barbiche, apercevant toute sorte de choses étranges, mais pas d’escaliers. Des gens qui attendaient debout dans une boîte, disparaissant derrière des portes coulissantes, un homme à l’accueil qui pianotait sur une grosse boîte qui changeait de couleur, un couloir qui menait à une salle avec des miroirs et des petits vestibules dans lesquels les gens s’enfermaient et d’où sortaient des sons effrayant de succion, d’autres boîtes magiques, une salle où des hommes suants tentaient de soulever des trucs en métal en grognant…

Puis ils abandonnèrent et suivirent les délicieuses odeurs qui s’échappaient des cuisines. Ils furent guidés vers une table au centre du restaurant, et Lavrenti s’assit avec soulagement, épuisé. L’absurdité de cette étrange ville commençait à lui donner le tournis. Comme il aurait aimé retrouver le désordre des rues d’Al-Jeit et ses marchands, les joyeux pêcheurs d’Al-Chen, l’accueil chaleureux des villages longeant les routes, les intrépides chasseurs de siffleurs des plaines.
Lavrenti se tourna vers la rêveuse et la regarda dans les yeux.


-Roxane, il faut qu’on trouve un moyen de retourner en Gwendalavir.

Puis la serveuse s’approcha d’eux pour prendre leur commande. Le restaurant était un peu sombre, les clients étaient peu nombreux, calmes, et une douce musique tourbillonnait entre les tables. De temps à autres, le tintement des ustensiles retentissait dans l’espace.

-Du siffleur, s’il vous plait, lui lança un Lavrenti affamé avec un sourire.
Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



24.07.13 15:02
Roxane s’abîmait dans ses pensées. Elle serait seule dans une chambre, cette nuit, aux côtés de Lavrenti. Dans le même lit. Contre lui. Il allait falloir qu’elle passe aux aveux, qu’elle lui avoue ses sentiments si elle voulait que cette nuit leur soit inoubliable – un peu de douceur dans ce monde de fous, voilà ce qu’ils avaient besoin. Et ce fut lorsque cette idée lui traversa l’esprit qu’elle se figea.
Elle voulait lui dire qu’elle l’aimait. Elle, Roxane, voulait avouer à un homme ses sentiments. Alors qu’elle détestait le faire et qu’à chaque amant côtoyé, elle n’avait jamais prononcé les mots terribles, fatidiques, qui l’attacheraient définitivement à quelqu’un : ‘Je t’aime’. Et tandis que Lavrenti payait le prix de la chambre, elle se tourna vers lui, incrédule, le visage décomposé.
Elle était tombée amoureuse. Pour la première fois de sa vie, peut-être, elle aimait un homme. Elle l’aimait vraiment . Pas d’un amour fugace, éphémère, mais de cet amour que lui avait venté Kem, il y avait quelques temps de cela. Et elle n’arrivait pas à savoir si cela lui plaisait ou non.


-Un troll aveugle pourrait forcer la serrure de la porte !  Heureusement qu’il n’y a pas de raïs ou de bandits dans le coin.



La rêveuse sursauta, la voix de Lavrenti l’ayant ramenée sur terre. Elle se remit à sourire, chassant ses pensées obscures et hocha la tête en signe d’approbation. Il avait raison : les clés d’ici étaient tout à fait ridicules. S’ils pensaient éloigner les voleurs ou autres personnes non désirables avec cette toute petite chose, ils étaient bien naïfs…Encore heureux, effectivement, qu’il n’y ait pas les monstres de Gwendalavir dans ce monde. Ces hommes n’auraient jamais été prêts à se battre si c’était le cas. Trop habitué aux périodes de paix, sans doute.

Le petit couple grotesque se mit en quête de trouver leur chambre, cherchant en premier l’escalier qui y conduirait. Maiiiiis….Ils ne trouvèrent rien qui leur permettrait d’accéder aux étages supérieurs. Il y avait bien un espèce de portail magique qui faisait disparaître les personnes s’y risquant mais il devait sans doute y avoir une formule à prononcer, un code spécial à donner à quelqu’un. Or, ils ne le connaissaient pas….S’y aventurer sans rien connaître était beaucoup trop dangereux. Et puis, qui savait si c’était un engin de confiance ? Si cela tombait, une fois les portes refermées sur eux, ils seraient conduits dans une sorte de secte ou autre association criminelle. Non, mieux valait continuer son chemin à la recherche d’une autre solution.

Ils errèrent dans cette auberge immense, remplie de salle plus étranges les une que les autres. Il y avait des salles où des hommes pour la plupart courraient sans but sur un espèce de tapi, comme si leur vie en dépendait. D’autres passaient leur temps à soulever des barres de métal, les veines ressortant sous cet effort apparemment intense.
Ils y trouvèrent d’autres pièces où, par exemple, des personnes se déchaînaient sur une boîte terminée d’un petit relief d’où ressortaient plusieurs boutons, certaines personnes plus jeunes parlant à cette chose – le plus étonnent était que la machine leur répondait.
En bref, les deux futurs amants (…c’est beau d’espérer) se perdirent plus qu’autre chose, comprenant de moins en moins la logique de cet endroit. Ils débouchèrent sur ce qui semblait être la salle de repas et ils se laissèrent tomber lourdement sur les chaises, épuisés.
C’est Lavrenti qui déclara en premier :


-Roxane, il faut qu’on trouve un moyen de retourner en Gwendalavir.



Retourner chez eux…Dans l’univers qui leur était familier, dans leur maison qui les accueillerait à bras ouverts et où ils se sentiraient enfin bien. Cela voulait donc dire que lui aussi ne se sentait pas à sa place, ici. En même temps, qui l’aurait pu ? Après l’aspect presque tranquille de Gwendalavir, où les ennemis étaient des Raïs ou autres mercenaires entraînés et où tout le monde se connaissait presque, il était impossible de se sentir bien ici. En ces lieux, tous les gens marchaient côte à côte sans se regarder, partout où l’on se déplaçait il y avait un danger, un danger inventé par les hommes eux-même. A croire que, ce qu’il cherchait, au fond, c’était à s’auto détruire. Ce monde n’était qu’un reflet obscure du leur. Plus froid, plus antipathique et amer. Non, définitivement non, lorsque l’on avait côtoyé Gwendalavir, on ne pouvait pas aimer cette terre.

Roxane voulait lui répondre, lui faire part de ses ressentis mais elle n’en eut pas le temps. Une serveuse s’approcha d’eux, souriante, tirée à quatre épingles. Elle leur demanda ce qui leur ferait plaisir et Lavrenti répondit tranquillement, presque apaisé de pouvoir enfin manger quelque-chose de consistant :


-Du siffleur, s’il vous plait !


-Pareil pour moi, fit la demoiselle en souriant à son tour. Bien cuit, s’il vous plait !


-…Pardon ?



La serveuse les regarda comme s’ils débarquaient d’une autre planète –ce qui était en effet le cas. Elle les observa tour à tour, détaillant avec attention les habits qu’ils portaient, et sa stupeur laissa place peu à peu à un rire franc, distingué. Elle leur demanda, désignant leur accoutrement :


-Deux fous du théâtre, c’est ça ? Alors, dites-moi, de quel compagnie vous venez ?


-Nous…Ne faisons parties d’aucune compagnie, fit doucement Roxane.


-Oh…Vous avez votre propre petite assemblée ! Intéressant ! Bref, ce fut très amusant mais dites-moi sérieusement ce que vous désirez…Je resterais bien bavarder mais bon, vous savez ce que c’est : l’hôtel doit tourner, les affaires prendre, l’argent affluer ! Aahah…



Roxane fut gênée car elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu’elle racontait. Comment communiquer avec ce peuple ? Il semblait sans cesse se moquer d’eux, les considérer comme deux forains ou quelque-chose de ce genre. Et puis, ils ne parlaient pas vraiment la même langue, utilisant des mots d’un vocabulaire propre à eux.
La rêveuse haussa les épaules et, d’un geste fatigué, dit :


-Ce que vous voulez, ça nous est égal. Du moment que c’est bon.


-Bon, je vous amène la spécialité du chef, dans ce cas ! Et pour boire ? Du vin ? Du Coca, du Fanta… ? Du Sprite, peut-être ?



Roxane l’observa, légèrement paniquée. Tous ces mots ne lui disaient rien du tout. Que devait-elle prendre ? Et du vin, cela lui montait vite à la tête. C’était une mauvaise idée si elle voulait avoir l’esprit clair pour ce soir…Elle demanda timidement de l’eau et la serveuse hocha la tête, confiante. Ouf ! Au moins, ils avaient ça.
La jeune fille poussa un long soupir lorsque la femme s’éloigna, se calant confortablement dans le fond de sa chaise et expliqua à Lavrenti :


-Partir, oui, au plus vite. Mais comment ? Pour ma part, je n’ai pas la moindre idée du chemin à prendre jusque là. Il faudrait que nous trouvions de l’aide mais tu l’as vu comme moi : personne ne semble prompt à nous éclairer.



Elle chipota nerveusement à la nappe tandis qu’un homme leur apportait leur eau, non pas dans une cruche comme ils avaient l’habitude d’en avoir en Gwendalavir mais dans une bouteille faite de verre. Elle remercia d’une petite voix le serveur et se pencha vers Lavrenti, décontenancée :


-Je ne me sens pas bien, ici. Tout est oppressant, déroutant…Je n’y comprends rien.



Roxane baissa la tête, laissant ses longs cheveux bouclés couvrir son visage. Ses pensées virevoltèrent, n’écoutant même plus les bruits alentours. Si Lavrenti répondit quelque-chose, elle ne l’entendit pas.
On leur apporta un repas avec un magnifique aspect, sentant merveilleusement bon. Elle commença à manger, toujours en silence puis, ne supportant plus que les mots se terrent dans son cœur, elle leva brusquement la tête et, après avoir regardé chaque trait de l’homme en face d’elle, se répétant pour la millième fois qu’il était magnifique, elle déclara, nerveuse, tournant d’abord autour du pot :


-Dis-moi, Lavrenti…Ca fait combien de temps qu’on se connaît ? Un an ? Peut-être moins ? Je ne sais plus…Je me souviens que la première fois qu’on s’est rencontrés, c’était dans ce fameux convois. Tu m’avais même protégée lors d’une attaque avec tes pouvoirs de sculpteur, une fois, elle se tut un instant, repensant à cet acte qui lui paraissait maintenant héroïque et reprit le fil, plus assurée. Bref, ça fait longtemps qu’on a conscience de l’existence l’un de l’autre. Et me retrouver ici avec toi me rends un peu contente, tu sais, parce-que j’aime bien être à tes côtés.



Roxane referma une nouvelle fois la bouche, sentant le rouge lui monter peu à peu aux joues. Jamais elle n’avait été si troublée face à un homme ! Et jamais elle n’aurait cru qu’avouer ses sentiments ne fut si difficile. Elle admira un instant tous les garçons qui lui avaient déclaré leur flamme et se sentit soudain honteuse de les avoir rembarrés, parfois avec peu de délicatesse. Il fallait qu’elle les traite plus respectueusement. Il lui avait fallu tout ce temps pour le comprendre.

La rêveuse chercha la main de Lavrenti, qu’elle prit tendrement entre ses doigts, les pressant pour se donner plus de courage. Puis, le plus doucement possible, elle amena la conversation vers ce qui l’intéressait :


-J’aime bien être à tes côtés, oui. Je dirais même que tu m’apaises. Ton être me donne une sensation de calme, de sérénité. Mais ce n’est pas tout. Quand je te vois, je me sens soudain terriblement heureuse. Et puis, si tu ne fais que m’effleurer…Lavrenti, je suis dans tous mes états. Alors voilà…Tout ces mots, assez maladroits je te l’accorde pour te dire que….Que je t’aime.



Elle déglutit. Comment allait-il réagir ? Pour l’instant, aucun des deux ne bougeaient, leurs mains toujours liées. Elle espérait vraiment qu’il comprenne ses sentiments, et encore plus qu’il les partage. Elle ne savait pas comment elle réagirait s’il la repoussait, s’il ne voulait pas d’elle comme elle le désirait. A vrai dire, elle ne voulait même pas y penser.

Roxane se concentra sur ce temps, infini, suspendu, où ni l’un ni l’autre n’osait bouger ou parler. Ce moment où tout était possible, tous les rêves accessibles, réalisables.
Où tous les rêves n’étaient pas encore réduits à néant.  Et où l’espoir n’avait pas encore totalement disparu de sa vie.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
Sauter vers: