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Sur le seuil de l'Eternité.
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24.07.13 5:34



"la femme que j'aime"
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Eyrim m’avait dit quelques minutes plus tôt qu’elle aimait les histoires d’amour qui finissent mal.

A partir de là, je suppose que j’aurais dû m’interroger sur la raison pour laquelle elle m’avait dit une chose pareille, ou s’il y avait un quelconque rapport avec nous, mais je me demandais simplement ce que je devais en penser.

Etant d’un naturel à vivre l’instant et demain, on verra demain, je ne suis pas allé plus avant dans mes réflexions, et ai préféré laisser cette phrase planer un peu dans les airs avant que, à défaut d’obtenir une substance au travers d’une réponse que j’aurais éventuellement du ou pu apporter, elle ne s’évanouisse dans le temps. Qui sait, peut-être reviendra-t-elle s’imposer à moi un jour, alors que les évènements convergeront tous en ce sens.

Mais pour l’heure, il n’y a que moi, l’eau, et les étoiles. A vrai dire, je dois avouer que j’ai bien du mal à discerner où s’arrête le lac, et où commencent les étoiles. Ou inversement. Mais tout cela m’est bien égal, puisque je me sens chez moi en l’un comme dans l’autre.

Je ferme les yeux et prends une grande inspiration. J’ai l’impression d’inhaler la nuit elle-même. J’ai l’impression que la pâleur diaphane de la lune elle-même investit mes veines. J’ai l’impression de me fondre dans la nuit. Mes sens aiguisés au maximum, je peux sentir la forêt non loin, celle où je chasse. Mon ouïe lupine détecte les bruissements des feuilles, un léger animal qui saute d’une branche à une autre. L’odeur de terre que la rosée a humidifiée m’envahit les narines. J’aime cette odeur. Désireux de faire le tour de mes cinq sens, je me passe la langue sur les lèvres, geste que j’ai pris du loup. J’y sens la rosée, fraîche, du soir. Mes doigts caressent la surface de l’eau comme s’il s’agitait d’une étoffe qu’un geste trop brusque déchirerait. Mais l’eau, sublime, se referme derrière me doigts, comme si leur extrémité ne l’avait jamais entrouverte pendant une folle seconde baignant de magie. J’aime l’eau. Dans sa fluidité, sa malléabilité. Dans ce calme qu’elle peut avoir et le torrent déchainé qu’elle peut être. Je l’aime pour son double aspect. Quand mon esprit s’envole, j’aime à penser que je lui ressemble.

Je me tiens debout dans le lac, l’eau au niveau des hanches, dans le plus simple appareil. Nul besoin de me cacher de la terre qui m’a vu naître.

Nul besoin de me cacher d’elle.

Je la sens approcher plus que je ne l’entends. C’est plus fort que moi, ma peau s’est légèrement électrisée à son approche. Comme si mon corps tout entier répondait à son contact. Je souris à la nuit alors que je sens ses bras s’enrouler autour de mon torse.

Tout est là. Tout ce dont j’ai besoin pour être heureux. Mes mains quittent l’eau et se posent sur celles de la femme que j’aime. L’instant est si intense, si pur, que j’ai l’impression qu’il est l’essence même d’un ensemble au sublime indicible. Mon âme est à vif, en feu. Je sens les gouttes d’eau ruisseler sur mon avant-bras et glisser lentement sur le sien, comme pour nous lier. Un pacte inviolable, la nuit en est témoin. La synesthésie méritant d’être au complet, j’ouvre les yeux. Des yeux d’enfants devant tant de beauté que de la nommer ne serait que la trahir. Les étoiles se reflètent dans l’eau et dans mes yeux. Je presse légèrement les doigts d’Eyrim. Elle est juste derrière moi, serrée contre moi. Je sens que ni l’un ni l’autre n’a envie de parler, que ni l’un ni l’autre n’a envie de briser la magie dans laquelle nous baignons. J’apporte une de ses mains à mes lèvres et la frôle du bout de mes lèvres.

Un flash illumine mon esprit. Souvenir.

Elle est allongée, magnifique, ses cheveux noirs étalés autour de son visage pâle, et elle rit. Je m’allonge de moitié sur elle en lui demandant d’une voix enjouée la raison  de son hilarité. Elle secoue la tête comme pour chasser ma question, et, soudain redevenue sérieuse, elle attrape ma nuque et plaque ses lèvres sur les miennes..


J’ouvre les yeux. Ça a recommencé. Les flashes. Un an et demi que je suis parti, et elle hante encore mes rêves. Son rire résonne dans la nuit. Son odeur, sa peau. Mon cœur s’est accéléré et tout mon corps s’est tendu. Encore une fois. Je peux presque voir le sourire désolé qui anime faiblement les lèvres d’Eyrim. Je lui presse les doigts légèrement et fais un pas en avant. On est soudain détachés, et je me sens seul. Terriblement seul. J’ai froid. Je prends une légère inspiration et m’enfonce dans l’eau noire du lac. Son immensité m’intimide, et je ne me sens plus de rester fort devant lui. Alors je laisse libre cours à ma peine, et dans l’eau sombre du lac, caché du monde qui ne les comprendraient pas, je laisse s’échapper les larmes.


***


Assis sur le bois de notre embarcation, je regarde les embruns fouetter le visage d’Eyrim et lui plaquer les cheveux sa le visage. Ainsi, elle est irrésistible. Elle me regarde avec une intensité peu commune, comme plongée dans des réflexions aussi houleuses que notre environnement, et je me dis que je serais fou de vouloir deviner ce qu’elle peut bien être en train de se dire. Elle a fait des manipulations au niveau des cordages qui me sont inconnues, et maintenant qu’elle a l’air de ne plus savoir comment s’occuper les mains, elle se torture l’esprit.

- Evan.

Mon nom qui s’est échappé de ses lèvres entrouvertes. Elle a l’air de chercher ses mots. Je ne sais pas vraiment ce qui m’a pris de l’embrasser, j’imagine que j’en avais terriblement envie. J’espère que je n’ai pas fait d’erreur. Je capte son regard et mes doutes s’évanouissent quelque part dans le vent qui fouette les voiles. Je lui souris. C’est tout ce que j’ai envie de faire, je crois.

- Je ne veux plus que tu me sois inconnu, je veux t’apprendre.

Je ne lui réponds pas. Ce n’est pas une question, et je pressens qu’il n’y a rien à ajouter. Comme pour me montrer que j’ai raison, elle se lève à demi, comme l’espace exiguë du voilier le lui permet et se serre contre moi. Je l’enroule rapidement de mes bras dans l’espoir de diffuser en elle une chaleur rassurante. Je n’ai pas froid, et sa présence, ce contact intime, son cœur que je sens battre tout contre ma poitrine, me réchauffent plus que de coutume. Je n’irai(s) pas jusqu’à dire que j’ai des papillons dans le ventre, mais même si je sais les effets différent, je ne peux décemment pas feindre d’en ignorer la cause.

Je crois que je suis en train de tomber amoureux.

- Quel âge as-tu, me demande-t-elle.

Capturé par l’instant, me remémorer mon âge me prend un temps qui s’étire de manière affolante. C’est pourquoi elle poursuit avant que je ne puisse lui répondre :

- Pour ma part cela fait dix-sept années que le monde a eu le grand bonheur ou la plus triste désillusion, à toi de choisir entre les deux, de me voir apparaitre parmi les siens.

Du bout des doigts, je repousse quelques mèches qui lui barrent le visage.

- J’ignore ce que tu peux bien penser de ce que pense le monde de ton apparition ici, mais il est certain que pour ma part loin s’en faut de parler de désillusion. La désillusion serait plutôt pour le coup de ne pas admettre que c’est un grand bonheur pour ce monde que de t’avoir accueilli en son sein. Mon choix est fait. Pour ma part, il y a vingt et un ans que je t’attends.

Elle se retourne, visiblement surprise, et je lui souris alors que mon regard se perd dans l’océan.


***


Trois mois. Trois mois qu’elle m’a invité dans son cœur et dans sa maison. Trois mois que je vis avec elle. Trois moi que je me couche à ses côtés en me faisant la promesse de veiller sur ses nuits, et trois mois que je me réveille le matin en me jurant de pouvoir refaire la promesse le soir.

Trois mois de bonheur simple et vrai. On s’aime en tout liberté, chacun vacant à ses occupations la journée, et on se retrouve le soir. On discute beaucoup.

Cela fait trois mois, c’est il n’y a que deux semaines que je me suis enfin livré à elle.


***


- Evan ? Evan ?

- Je suis là.

Eyrim apparaît sur le seuil de la porte. Assis sur la marche en bois du perron, je contemple le lac que la pluie heurte en mille points. Je n’ai rien pour m’en protéger, je l’accepte. Elle dégouline le long de mon visage. J’ai les cheveux plaqués contre le front, et la mâchoire qui tremble imperceptiblement. Je vois Eyrim s’assoir à côté de moi.

- Qu’est-ce qui se passe Evan ?

Un sanglot m’échappe. Le premier depuis des mois.

- Je suis hanté, Rim.

Elle semble ne pas me comprendre.

- J’ignore comment je pourrais te l’expliquer…

Un éclair déchire le ciel tout près, et quelques secondes après, le tonnerre fait trembler la terre.

- C’était il y a un an et demi. Je me suis rendu à une fête, non loin de Fériane. J’y ai rencontré une femme, une marchombre.

Je laisse ma phrase quelques secondes en suspens, le temps pour Eyrim de digérer l’information. Un nouveau coup de tonnerre me remet les idées en place.

- Elle s’appelait Killian.

Eyrim relève le passé. Elle m’interroge sur son emploi, me demande si Killian est morte.

- Non, Eyrim, elle n’est pas morte. Je tourne enfin la tête vers elle et la regarde droit dans les yeux. C’est moi qui suis mort.

« Ce soir-là, nous avons dansé ensemble pendant plusieurs heures. A la fin, nous nous sommes embrassés, puis nous avons passé la nuit ensemble dans une auberge. C’était sa première fois. C’était fantastique. Malheureusement, le lendemain, un Mercenaire du Chaos a enflammé l’auberge dans laquelle nous nous trouvions, elle et moi.

« J’ai pu la faire sortir par la fenêtre avant de moi-même me précipiter au rez-de chaussée. Le Mercenaire se tenait là. Il ne maîtrisait pas le dessin, et le feu nous entourant, j’ai pu facilement me débarrasser de lui, lui calcinant au passage la moitié du visage, de telle manière qu’il était méconnaissable.

« J’ai alors dû prendre la décision la plus importante de ma vie, dans doute. Rester avec elle, et lui faire courir le risque de nous faire attaquer n’importe quand, ou bien partir. J’ai décidé de fuir. De l’abandonner. Le mercenaire me ressemblant et étant peu identifiable, elle l’a sûrement confondu avec moi. Elle me croit mort, et c’est mieux ainsi.

« Je suis sûr qu’elle sera en sécurité maintenant. Mais quel n’est pas le prix à payer… Son souvenir me hante, quelquefois. Comme ce soir, d’où ma peine.


Un léger silence suit ma confession. Eyrim a le visage fermé. Je souris tristement. Quand je passe mon bras autour de ses épaules, elle ne réagit pas.

- Eyrim, je t’aime. Je t’aime toi, et pour toujours. Ne doute jamais de cela.

Elle se lève et rentre dans la maison.

Je ne me rappelle pas combien de temps je suis resté ainsi sous la pluie.


***


Aujourd’hui.

Je me réveille en douceur, la chaleur du soleil caressant agréablement ma joue. Mon bras cherche Eyrim, ne la trouve pas. A côté de moi, les draps sont vides. Elle a sûrement dû se lever tôt. Je me lève à mon tour et enfile rapidement un pantalon. Je me rends dans a cuisinette et grignote allègrement un morceau de pain aux herbes que je trempe volontiers dans une tisane absolument divine de la confection de ma Faëlle préférée. Ma tristesse de la veille n’est plus qu’un lointain souvenir. Mon petit déjeuner terminé, je vais jusqu’à la salle d’eau où j’entreprends de me couper la barbe avec mon couteau à la lame parfaitement aiguisée depuis ma rencontre avec Myya il y a de cela quelques années. Son souvenir me fait sourire.

Soudain, un hurlement de terreur pure déchire la quiétude matinale, et je me coupe sévèrement la joue en sursautant. Le hurlement retentit un seconde fois, puis une troisième fois. Je mets une fraction de seconde à percuter.

- Eyrim !

Sans plus y réfléchir, je bondis par la fenêtre de la salle d’eau qui donne directement sur la forêt et m’enfonce à l’intérieur à toute vitesse.

- Eyrim, Eyrim !!!!

Je m’époumone comme un forcené en fonçant à travers les branches. Une seconde, je songe à me métamorphoser mais repousse immédiatement l’idée. Je ne suis pas sûr de pouvoir garder un total contrôle de moi-même.

Un nouveau cri retentit, tout proche. Je bifurque dans sa direction et déboule dans une clairière. Eyrim se tient là, debout, comme figée, dos à moi.

-Eyrim ! Eyrim ?

Je veux m’approcher. Je me fige instantanément. Mes yeux jaunissent dans la seconde et un grognement sourd monte de ma gorge.

Une chose est sûre, quelque chose vient de réveiller l’animal.

Et avant tout, le besoin de protéger la femme que j’aime.

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28.09.13 10:45

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Que la pluie témoigne de sa détresse


La vie était belle pourtant, il y avait de cela à peine quelques heures. La vie était heureuse pourtant, la vie était simple, douce enfin, et j’étais libre, et j’étais heureuse. Evan ne constituait pas ma vie, mais il la comblait, il y a de cela à peine quelques temps. Quelques minutes peut-être, j’ai l’impression de ne plus rien savoir.

Comment est-il possible d’affirmer avec autant d’aplomb à quelqu’un que l’on n’aime qu’elle, après lui avoir révélé qu’une autre hante encore sa mémoire ? Comment peut-on ainsi l’avoir regardé dans les yeux en lui faisant des promesses alors même que ces promesses avaient déjà été faites à une autre à peine plus d’une année auparavant ? Comment enfin ai-je pu être aussi naïve et m’imaginer qu’il serait à moi, à moi pour toujours, et que rien n’y pourrait jamais rien, imaginer qu’il disait vrai, qu’il était sincère enfin ?

Car enfin j’aurais dû savoir que les hommes sont comme cela. Briseurs de promesses. Moi qui pensais être une fine observatrice, avant ce jour funeste je n’avais en réalité jamais saisi l’ampleur de l’horreur de ce que l’amour fait à ceux qui dans l’union pensent oublier un peu qu’on est triste ici-bas. J’aurais dû ne jamais accorder ma confiance sans doute, j’aurais dû prendre les choses comme elles venaient, sans me poser de questions et sans y mêler de sentiments, j’aurais dû simplement profiter de l’avoir, lui, à mes côtés, sans jamais m’interroger sur ce qu’il y aurait après, et sans jamais prendre les choses sérieusement. J’aurais dû prendre tout cela plus à la légère, la chute eût été moins douloureuse.

Sans doute l’eût-elle été ; mais maintenant je tombe, je m’enfonce, et je ne comprends plus, je ne vois plus et n’entends plus, je ne suis plus que peine et obscurité. Une grande vague noire me menace, je la sens, oppressante, elle veut m’enfoncer un peu plus profond encore, elle veut que je souffre et menace à chaque instant de s’abattre définitivement sur moi. Je suis en équilibre, au bord du gouffre, parce que je viens tout d’un coup d’être rappelée à l’amère réalité de l’existence qui veut que le temps ne souffre aucun amour durable.

Je l’avais oublié, mais je ne suis pas comme eux. Je ne suis pas humaine, et l’incompréhension qui surnage me fait presque oublier la douleur. Peut-être sommes-nous trop différents. Peut-être que ce qu’il vient de m’annoncer ne sonnerait pas comme le glas d’une condamnation aux yeux d’une humaine. Mais je suis faëlle, je suis faëlle et lui humain, je ne suis pas cette fille qu’il a aimée, je ne suis pas celle qui fermerait les yeux et laisserait passer sans rien dire de peur de l’orage.

Moi, l’orage ne me fait pas peur.

En réalité, il me terrorise ; mais plus encore me révulserait de vivre dans une demi-mesure, ou même une demi-démesure. Moi je veux la démesure dans son ensemble, je veux tout, tout de suite, et que ce soit aussi beau que quand j’étais petite… ou mourir.

Alors je regarde l’orage en face, j’ai presque envie de lui hurler de venir me chercher s’il en a envie, que je suis la plus forte, que la détresse qu’il dégage et qui noierait n’importe qui d’autre, moi je nagerai dedans parce que je suis née dedans, que j’ai apprivoisé la détresse et qu’elle est aujourd’hui presque comme une vieille amie. Peut-on contracter une accoutumance au malheur ?

Il y avait trop longtemps que j’étais heureuse et épanouie, la vie me le signifiait de cette façon-là.

Mais que la vie décidât soudain de cela, que le Hasard, grand maître du jeu, ait voulu cela,  cela ne dédouanait pas Evan. Avait-il menti ? Non, il n’avait rien dit. Mais il avait omis. Il avait omis et il m’avait en ce sens trahie.

J’eus mal aux poumons, j’eus du mal à respirer. J’eus envie de me rouler en boule et de disparaitre. Je me tins bien droite pourtant, devant Evan, aucune larme ne vint mouiller mes yeux, ma respiration ne s’accéléra pas. Je me comporterai cette fois-ci en humaine, puisque lui ne s’était pas comporté en faël. Je ne lui hurlai pas à la figure que je le détestais, je ne le sommais pas de partir sur l’heure. Je me levai simplement, et m’éloignai sans rien dire.

En serrant les dents, je souhaitai qu’il ait mal lui aussi. Pas longtemps, non, et pas autant que moi, mais je souhaitai qu’il sache ce que moi je traversai –en me jurant pourtant au passage que jamais il n’en saurait rien par ma bouche.

Je m’éloignai donc, partit un peu plus loin, beaucoup plus loin, atteignit les abords du lac. Là je pus m’effondrer, non intérieurement car Eyrim ne s’effondre pas intérieurement, mais mes jambes cessèrent de me porter et je dus faire un effort de volonté pour continuer à respirer. Je laissai la pluie s’abattre sur moi, l’orage gronder et se déchainer autour de moi, la vie s’éteindre peu à peu en moi.

La vie ne s’éteint pas en toi Eyrim. Tu es un brasier, peu importent les gouttes de pluie qui cherchent à t’éteindre, elles ne sont rien que des beautés éphémères.

Je me réveillai le lendemain avec un souffle de vent. Le vent, peut-être mon meilleur ami ? Il ne trahit pas, lui, n’omets pas, lui, n’oublie pas. Ne s’éloigne pas. Il demeure inconstant et frivole et pourtant aide celui qui sait comment lui parler.

Ma peine s’était un peu atténuée. Je n’étais plus décidée à ce que tout s’arrête là, cette relation comme ma vie, comme j’avais pu l’être la veille. Je me sentais un peu lavée peut-être, par la pluie et la violence de l’orage qui s’était déchainé pendant la nuit ; pour l’heure, surtout, je voulais me concentrer sur ce que j’étais moi, en entier, sur mon essence, dont personne d’autre que moi ne faisait partie. Je me déshabillai en partie et entrai dans le lac pour me laver, sa fraicheur me fit frissonner mais j’aimais son contact sur ma peau.

Les sens encore un peu amortis certainement, je n’entendis pas arriver le groupe de truands qui surgit derrière moi. Que voulaient-ils, je l’ignore. A l’origine de l’or probablement, mais pourquoi venir en chercher ici ? Ils auraient eu plus de succès dans un endroit plus fréquenté par la population. Il n’y avait guère que moi qui venait sur minuscule portion du lac de temps en temps, même Evan ne m’accompagnait pas quand je venais ici.

Seulement ma vision avait dû les détourner de leur but premier, quel qu’il soit, et je n’avais sur moi rien pour me défendre que moi-même. Ni mon arc, ni mes couteaux, pas même une toute petite lame. Quand l’un d’eux de jeta sur moi, j’eus peur. J’eus très peur. Je tentais de lui envoyer un coup de poing dans la mâchoire, mais il n’eut pas l’air de s’en formaliser. Ces gars-là n’étaient pas de simples brigands comme on en trouve dans les quartiers mal famés.

Il me ceintura de ses bras, et je hurlai. Ce n’était plus du sang qui coulait dans mes veines mais de la terreur pure. Oui, j’avais peur, je voulais que ce cauchemar s’arrête tout de suite mais je ne pouvais l’empêcher et ça me rendait folle.

Je devins sourde, un bourdonnement emplit mes oreilles, je crus que j’allais sombrer et perdre connaissance. Un instant en tout cas j’eus une absence. Quand je repris pleinement conscience, je n’étais plus dans les bras immondes de l’odieux personnage. J’étais à terre, je me frottais convulsivement les bras, et je pleurais. Quand je levai enfin les yeux, je vis Evan aux prises avec ces ordures. Je ne savais que faire, je ne comprenais plus rien, je ne voulais que me débarrasser de cette impression d’être sale qui me collait à la peau. Dans un mouvement de rage, j’avisai un couteau qui trainait par terre, et le lançai de toutes mes forces dans l’œil d’un des brigands. Il atteignit sa cible en plein milieu, et je ne pus m’empêcher de ressentir de la satisfaction en le voyant ainsi souffrir.

Plus tard, quand tout fut fini, Evan s’approcha de moi ; mais si ma détresse immédiate était un peu passée, ma colère et ma rancune, elles, étaient toujours bien vives. Je ne sais pas comment cela était possible, il venait tout de même de me sauver, mais il me semble aussi qu’une des choses que je voulais en l’instant présent le moins au monde était un contact physique. Que surtout, aucun homme ne m’approche.

« Ne me touche pas », lui soufflai-je entre mes dents serrées.

Je crois que s’il me touchait, là maintenant, j’allais vraiment m’évanouir.

Je me redressai enfin, fit quelques pas et allai vomir dans le lac. Puis je m’effondrai de nouveau et pleurai doucement.

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31.10.13 20:06
Un, deux, trois, nous irons au bois,
Quatre, cinq, six, cueillir des cerises,
Sept, huit, neuf, dans mon panier neuf…


Et là j’arrête de chanter. J’étais tranquille ici moi, pourquoi il faut toujours qu’on vienne me déranger ? Je vous explique : j’étais tranquillement en train de jouer au bord du lac, c’était chouette, y a plein de trucs à faire au bord d’un lac ! Mais je vous raconterai quand vous serez plus grand parce que j’ai peur que vous tombiez dans les pommes sinon. Bon, donc je jouais tranquillement, l’herbe était mouillé parce que la veille il avait plu et d’un seul coup, paf, y a des types qui arrivent. Ils sont grands, laids, et ils ont l’air pas vraiment intelligents. Tout le contraire de moi, leur vie doit vraiment être nulle, les pauvres. J’ai presque envie de les laisser en vie, juste pour qu’ils continuent à être nuls en tout ! Bon alors je trempe mon petit poignard dans l’eau et je l’essuie un peu, parce que sinon ça va me tâcher ma robe. J’en porte une blanche aujourd’hui, je suis super belle avec ! Comme d’habitude, en fait. C’est pas très grave s’il y a du sang sur ma robe, mais les gens ils font plus confiance quand il y en a pas quand même. Je sais pas trop ce qu’ils viennent faire là ces gars, qu’est-ce qu’ils sont moches ! Ça m’énerve ça, c’est vraiment des imbéciles, qu’est-ce qu’il leur a pris d’être aussi laids ?

Je les déteste, ça y est. Mais il y a un truc que j’aime encore moins qu’eux, c’est les faëls. Et justement j’en ai vu une pas loin, qui dormait encore. Les faëls ça sert à rien, c’est tout, j’aime aucun d’entre eux. Et là elle, elle est comme les autres, alors d’un coup j’ai une idée. Je vais voir le grand type moche.

« Bonjour monsieur ! Moi je m’appelle Nour, et je crois qu’il y a une fille qui est toute seule et perdue là-bas, peut-être que vous pourriez aller l’aider. »

Et je lui montre la direction du doigt. Et puis pendant qu’il tend le cou pour regarder (il a l’air intéressé d’ailleurs), moi je m’en vais discrètement et je vais me cacher dans un buisson, comme ça je pourrai tout voir et  personne pourra me voir. Hihi, je sens que ça va être drôle… De là, je peux tout regarder, et je vois tout quand ils trouvent la fille, qu’ils lui sautent dessus, et que l’autre type arrive, et la bataille, et tout. Ah tiens, la faëlle a balancé un couteau sur un des gars… C’est intéressant, si à la fin il reste le cadavre je pourrai peut-être aller jeter un coup d’œil. Bon, en attendant là, ils ont fait du bon travail les deux ! Je pensais pas qu’il serait aussi fort l’autre type qui est arrivé après, mais il avait l’air sacrément en pétard quand même, ça compense un peu. J’ai remarqué ça aussi, des fois Viladra ou Caym, ils font exprès de me mettre en colère, pour que je sois plus forte. Ça marche bien, et puis de toute façon c’est pas très compliqué de me mettre en colère !

Bon, maintenant les deux imbéciles là, ils ont tué tout le monde. C’est malin, j’en aurais bien gardé un ou deux pour moi. Et puis j’aurais bien aimé qu’ils tuent la faëlle aussi. L’autre type, je crois que c’est un dessinateur, ça va encore. Il a l’air de plus savoir se battre, il est pas aussi débile que sa faëlle. Et puis je les écoute, tiens, ça me donne une idée ça… Ça devait être lui que j’ai entendu raconter une histoire hier. Je sais ce que je vais faire. Je vais me venger de la faëlle qui a accaparé un guerrier pour elle toute seule.

Je sors du buisson, et je fais comme si j’avais très peur à cause des cadavres ; vu que la cruche ne veut plus toucher personne, c’est au dessinateur de me consoler, il me prend dans ses bras. Et alors là, je dis :

« Papa, pourquoi tu veux pas revenir à la maison ? Maman, depuis qu’elle t’a revue, elle est encore plus triste qu’avant… S’il te plait Papa, reviens à la maison ! Je sais que t’es pas mon vrai Papa à moi, il est mort le mien, mais mon petit frère il est né il y a pas longtemps et Maman des fois, elle arrive même plus à s’en occuper, alors c’est moi qui suis obligée de le faire. Je suis trop fatiguée, j’en ai marre, je veux que tu reviennes. »

Et là, je me mets à pleurer en serrant mes bras autour de son cou. Bien sûr, ça rate pas, il me chope et il me remet par terre direct. Moi, je reste immobile en le regardant juste un instant, et puis je pars en courant, toujours en faisant semblant de pleurer. Je sais très bien faire ça, c’est très pratique parfois.

Dès que je me suis éloignée, j’arrête de pleurer et je commence à rire. Quand je repense à la tête d’Eyrim ! C’est trop drôle… !
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08.02.14 21:00
Sur le seuil de l'Eternité. Dhij

Un brigand ceinture ma compagne figée par ce que je comprends être de la peur, et quatre hommes se tiennent armés de mauvaises intentions. Je ne prends pas plus le temps de réfléchir et me jette sur eux. Le poing du premier manque mon visage d'un cheveu, et j'en profite pour le frapper dans les côtes.
La colère m'anime, me galvanise, mais même si je n'ai plus que pour unique désir de cogner de toutes mes forces ceux qui ont fait hurler ma Eyrim, seul contre cinq opposants, je n'ai aucune chance.
Je ne suis pas un guerrier.
Mais je suis un Dessinateur.
Je me maudis soudain de n'avoir pas pris d'armes avec moi, pas même mon couteau à la lame si acérée que j'ai lâché au moment de bondir par la fenêtre, et me rue dans les Spires. Le premier assaillant reçoit un caillou gros comme un poing en pleine tempe, à toute vitesse, ce qui le tue sur le coup.
De l'eau !
Pas une seule goutte d'eau à disposition, et pas la moindre flamme. Sans deux de mes quatre éléments, je suis quasiment désarmé.
Quasiment.
Le vent se lève soudain alors que mes yeux passent au gris clair. Une bourrasque projette un homme vingt mètres en arrière, qui s'éclate le squelette en retombant. Le sol se soulève de part et d'autre d'un autre bandit et il est écrasé entre les grandes parois que je bouge avec mon esprit.
Je fixe le dernier homme avec intensité, droit dans les yeux, et il peut lire ma colère. Un sourire carnassier fend mon visage et se met soudain à hurler, le sang en ébullition.
Quand je me tourne vers l'ultime assaillant, il s'effondre sur le sol, une lame en travers de l'oeil, un flot de sang coulant de la plaie.

C'est alors que je me tourne vers elle. Eyrim. Elle est prostrée sur le sol, dos à moi, et ses cheveux tombent sur son visage. Je ne peux pas la voir. Et je sais que même si es longs cheveux ne formaient pas un rideau devant ses traits, je ne la verrais tout de même pas. Parce qu'elle s'est cachée à moi. Parce qu'elle souffre, et elle a repris tout ce qu'elle m'a donné. Parce que je l'ai blessée.
Tout est ma faute.
Moi et mes histoires de passé. Elle ne me croit plus, maintenant. Peut-être même qu'elle ne m'aime plus, maintenant.

Eyrim...

Je tends la main vers elle. Un ordre sec jeté entre ses dents serrées interrompt mon geste. Elle ne veut pas que je la touche.
J'ai mal, là. Je sens quelque chose se déchirer. Ce n'est pas possible qu'elle ne veuille plus de moi. Je n'envisage pas qu'elle ne veuille plus de moi. J'ai besoin d'elle. J'ai besoin de son sourire et de ses mots, besoin de sa présence, de son silence. Besoin de ses grands yeux qui découvrent le monde et de son esprit qui colore les choses. J'ai besoin de sa peau contre la mienne.
Je serre les dents, c'est la seule parade que je trouve contre le chagrin qui me submerge soudain.
Je tombe à genoux à côté d'elle, décidé à l'attendre quoi qu'il arrive, peut-importe combien de temps.
Puis les buissons se déchirent et une fillette en robe blanche court dans la prairie où nous nous trouvons, en larmes. Aussitôt, je pense aux cadavres qui jonchent le sol et à quel point elle doit être effrayée. Quand elle court se blottir contre moi, j'ouvre les bras et la serre fort pour la rassurer.
D'où vient-elle ? A-t-elle assisté au combat ? Quelle horreur ! Une petite si innocente !
Je la pose sur mes genoux et compte bien l'interroger lorsqu'elle prend la parole.

Papa, pourquoi tu veux pas revenir à la maison ?

Quoi !?

Du coin de l’œil, je vois Eyrim redresser la tête.

Maman, depuis qu'elle t'a revu, elle est encore plus triste qu'avant... S'il te plaît Papa, reviens à la maison ! Je sais que t'es pas mon vrai Papa à moi, il est mort le mien, mais mon petit frère il est né il y a pas longtemps et Maman, des fois, elle arrive même plus à s'en occuper, alors c'est moi qui suis obligée de le faire. Je suis trop fatiguée, j'en ai marre, je veux que tu reviennes.

C'en est trop. Je soulève la gosse de mes genoux et la pose un peu trop violemment sur le sol. Sans que je n'aie le temps de dire quoi que ce soit, elle se retourne et repart en pleurant dans la forêt où elle disparaît. Je songe une seconde à la poursuivre.
Renonce.
Ce n'est pas le problème.
Je me tourne vers Eyrim qui me fixe dans les yeux. Je crois voir dans ses prunelles la frêle reconstruction de son âme s'écrouler une fois encore, puis tout se trouble lorsque les larmes naissent.
Je suis tellement abasourdi que j'ouvre et referme la bouche sans savoir quoi dire. Évidemment, ce qu'a raconté cet enfant est un tissu de mensonges ! Je ne la connais pas !
Mais elle avait l'air si triste... Etait-il possible qu'elle dise la vérité ? Non, bien sûr que non. J'étais la première fois de Killian, elle n'avait pas de fille. Ou alors elle m'aurait menti ? Elle aurait... profité de moi ?
Je me serais fait rouler ? Impossible, je l'aurais senti...
Mais alors cette petite fille ?
Un coup monté, une mascarade. Pas possible autrement.
« … mon petit frère il est né y a pas longtemps... »
Est-il possible ? Que cette nuit-là...

Je repousse toutes ces pensées, ces doutes. Ça m'est égal. C'est faux. Ma vérité, c'est Eyrim. Ma réalité, c'est Eyrim. Mon présent, c'est Eyrim.
Mon passé, il ne compte pas.

Eyrim, n'écoute pas cet enfant. Elle ment. Je n'ai jamais eu d'enfants, et depuis que tu es dans ma vie, il n'y a jamais eu que toi. Peu importe mon passé. Tu es mon présent, mon essence. Comprends que j'ai besoin de toi, et que je ne suis pas prêt à renoncer à toi. Jamais.
Je t'aime Eyrim.


Ma voix se brise, envahie par l'émotion. Il semble que la réalité s'impose à moi comme une évidence. Mes drapeaux portent son nom, mes pas concordent avec les siens. Je veux chanter la lune et conquérir le jour avec elle. Je ne veux pas que mon monde perde la couleur Eyrim sans quoi je suis aveugle.

Je t'aime, et il faut que tout ceci reste derrière nous. Toi et moi on vit le présent et on prépare l'avenir. Ces mensonges ne doivent pas ébranler nos convictions. J'ai pensé chacun des mots que je t'ai dits, et aimé chaque seconde que j'ai passée avec toi. Tu es ma vie, fille des vents, il faut que l'on continue de courir les bourrasques ensemble. Nul horizon ne m'effraye avec toi, nul océan. Il n'y a pas de limite que je ne me sente pas capable de franchir avec toi. Tu es mon unique faiblesse, mais tu es de loin ma plus grande force.

Son regard reste énigmatique, indéchiffrable pour moi, mais quand je lui prends la main, elle ne me repousse pas. Mes doigts serrent les siens, et elle ne répond pas, mais elle ne me repousse pas. Je me lève et lâche ses doigts, puis je me tourne vers la lisière de la forêt. D'un regard, je l'invite à me suivre. Je l'invite à retourner avec moi jusqu'à notre maisonnette de bois au bord du lac.

Mais par-dessus tout, je l'invite à retourner à la normale.
Retourner à l'essentiel.
Retourner à elle et moi.
Ensemble.
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01.02.15 19:14
Prostrée; je suis là mais il me semble regarder la scène depuis un lointain détachement. Même la douleur me semble comme une fatalité à accepter étrangère à mon corps. Mes pensées sont un tumulte chaotique incompréhensible, et c'est ce qui me sauve. Je ne peux que me laisser porter doucement dans la lutte que mon esprit met en place avec un automatisme fulgurant qui m'étonne. Quand ai-je donc contracté ainsi cette façon de me battre instinctivement contre mes tendances les plus profondes ?

Et pourtant cette tendance au combat il me faut encore la combattre puisqu'elle fait elle-même partie d'un de ces miens penchants parmi les plus dangereux peut-être. Si je n'y prends garde, elle pourrait bien me faire passer à côté de ma vie.

Je relève la tête sans savoir vraiment pourquoi. Mon premier instinct serait pour l'instant plutôt de rester roulée en boule par terre pour tenter de disparaître dans les racines de la terre. Mais il se passe quelque chose : je crois le regard d'Evan, et j'y trouve de la souffrance. Je l'y vois, l'y lis, et l'en reçois. Je comprends et intègre cette souffrance en moi comme un don ultime qu'il me ferait.

Comprenez que mon amour n'est pas altruiste, ni oublieux de soi ; il est tout ce qu'il y a de plus égoïste et si j'aime Evan -car il est évident que je n'aurais pas mal comme cela si je ne l'aimais pas- c'est avec toute la violence de quelqu'un qui veut l'autre pour soi, près de soi, toujours, pour la simple raison que cela est indispensable à la marche de son univers. J'aime Evan pour moi et non pour lui, parce que ce qu'il est est pour moi. Si sa douleur m'atteint à ce point, ce n'est pourtant pas par renoncement de ma personne que le désir de revenir vers lui m'envahit à nouveau.

Je ne conçois que ce qui est essentiel. Mes désirs les plus intimes et vrais, les plus primaires aussi sûrement, sont contradictoires ; ils oscillent dans un coexistence épuisante.

Je suis faëlle, je ne réfléchis pas à ce qui pourra arriver, ne me torture pas l'esprit avec les disputes qui pourront survenir après, l'éventualité d'une rupture future, de l'infidélité d'Evan ou de ses possibles responsabilités envers cette femme que je ne parviendrai jamais à accepter. Je ne songe pas aux sentiments qu'il pourrait lui arriver de retrouver pour elle si elle venait à faire irruption de nouveau dans sa vie,  ne me demande pas si je peux lui faire confiance, ni si ce que cette peste de sale gosse qui s'enfuit au loin dans un bruit de froufrou enfantin a raconté est vrai.

Dans le même temps cependant je désire fort partir loin d'ici, de cette maison et de cet attirail matériel sédentaire qu'il appelle son essentiel.

Lorsqu'il attrape ma main, ce qu'il prend pour mon absence de réponse est en fait tout à la fois ces deux tendances qui s'équilibrent en moi pour me faire perdre le sens commun. La pression de ses doigts sur les miens met ma raison au supplice.

Tu es ma vie, fille des vents.

L'aimais-je comme une faëlle, dans cet emploi qui ne peut s'employer au passé ?
Le quitterai-je comme une humaine, avec la promesse d'une consolation future ?

Que l'on continue de courir les bourrasques ensemble.

Il s'éloigne. Je ferme les yeux. Ce qui me pose le plus de problème est-il cet être ou la relation que nous partageons ?
Fille des vent.

« Attends. »

Courir les bourrasques.

Ses dernières paroles résonnent en moi comme une langue de feu et d'air, brûlantes et obsédantes. Je rouvre les yeux.

« Peut-être que tu mentais quand tu promettais l'éternel ; peut-être tes dernières paroles ne sont-elles encore que des mensonges qui s'ignorent ; le futur nous apparaîtra troublé. Mais je ne veux pas le savoir, je ne me trahirai pas. »

Il me regarde à présent, je plante mon regard dans le sien aussi loin que je le peux, je tente de lui faire comprendre toute l'urgence de mes paroles.

« Viens me chercher. »

Saisira-t-il la portée des mots ? Tout a commencé avec eux, ce serait erreur de croire que la fin serait issue du même art. Ce sont eux qui alimentent le feu, comme toujours.

« Mérite-moi, Evan. »

Mon ton était celui de la supplique. Je retiens mon souffle en laissant retomber mes cheveux devant mes yeux. Je ne veux pas connaître sa réaction avant qu'il ne soit temps. Mes lèvres se mettent à fredonner toutes seules en langue faëlle.

I'm a fountain of blood
In the shape of a girl
You're the bird on the brim
Hypnotised by the Whirl

Drink me, make me feel real
Wet your beak in the stream
Game we're playing is life
Love is a two way dream

Leave me now, return tonight
Tide will show you the way
If you forget my name
You will go astray
Like a killer whale
Trapped in a bay

I'm a path of cinders
Burning under your feet
You're the one who walks me
I'm your one way street

I'm a whisper in water
Secret for you to hear
You are the one who grows distant
When I beckon you near

Leave me now, return tonight
The tide will show you the way
If you forget my name
You will go astray
Like a killer whale
Trapped in a bay

I'm a tree that grows hearts
One for each that you take
You're the intruder hand
I'm the branch that you break.
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