Le Deal du moment :
Display One Piece Card Game Japon OP-08 – Two ...
Voir le deal

 :: Côté Hors-Jeu :: RP d'Antan :: Sud Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Vertigo. [Roxane/Edwin]
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Edwin Til' Illan
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Elyssa Cil'Darn
Messages : 140
Date d'inscription : 02/01/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Frontalier - 46 ans
Aptitudes: Résiste au chant marchombre
Edwin Til' Illan
Frontalier



26.08.15 19:38
https://ewilan.forumactif.fr/t2324-journal-de-bord-d-edwin-til-il

    Vertigineux. Du sommet de la colline que son cheval venait de gravir, les Dentelles Vives s’offraient pleinement à sa vision. Il avait beau avoir parcouru l’Empire, en connaître presque toutes ses routes et tous ses recoins, il était écrasé par la beauté sauvage de cette chaîne de montagnes, pourtant bien différente de ses Frontières de Glace adorées. Il en est de certains endroits comme de vieilles connaissances : les souvenirs qu’on en garde restent précieux, latents, bien au chaud au fond de notre mémoire. Parfois, une réminiscence nous offre, le temps d’une seconde, un parfum, un coup d’œil à la dérobée, une impression. Mais en dehors de ces instants, rien ne nous ramène à la puissance de cette rencontre.  Si l’on se souvient de cette longue attache rocheuse, qui relie le lac Chen aux rives de l’Océan, on en oublie facilement la force qu’elle dégage. Car les souvenirs peinent à acheminer l’enchevêtrement de sensations que l’on ressent face à un tel gigantisme. Jugez par vous-même : des pics rocheux qui peuvent s’élever à plus de trois cents mètres, des plateformes qui ne se dressent qu’à partir de cinquante mètres de hauteur pour s’arracher à la présence humaine, une base d’un lisse quasi parfait… Une écrasante sensation d’absolu, en somme. Il avait laissé Al-Vor derrière lui il y avait déjà quelques heures de cela, déclinant la proposition de faire appel à un Dessinateur pour rejoindre la capitale. Le voyage ne lui prendrait qu’une poignée de jours, et il avait besoin de cette solitude trop longtemps étouffée sous la charge de la direction de la Citadelle. Cette solitude qui le ramenait parfois au temps où, maître d’armes de l’Empereur, il voyageait en son nom pour diverses missions. Une grande bouffée d’air frais restait souvent le meilleur remède au poids des préoccupations quotidiennes.Le regard métallique du Frontalier se détacha des sommets affilés du lacet de pierre qui le surplombait déjà malgré la distance alors que, d’une pression de mollets, il remit sa monture en marche. La piste serpentait en une longue et douce pente qui débouchait sur une vaste étendue herbeuse, parsemée de quelques siffleurs qui paissaient sans lui accorder le moindre regard. Aucun prédateur dans les environs. Aucun Raï non plus, ne pouvait-il s’empêcher de penser, en souvenir du jour où tout le groupe avait failli céder sous l’assaut de deux hordes de guerriers-cochons. Au bout de cette grande prairie que rien ne semblait troubler, le pied de la montagne, qui ne laissait aux voyageurs que de rares ouvertures pour atteindre son autre versant. Les sabots de son cheval couvraient la distance qui le séparait du mur rocheux sans qu’il ne s’en aperçoive, trop occupé à se repaître de la beauté du paysage.
Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



01.09.15 15:57
VertigoRoxy feat Edwin

Je fermai les yeux un instant, profitant de la caresse du vent dans mes cheveux. Leur roux flamboyant contrastait tellement avec le gris alentour des montagnes, de sorte qu’une seule note vive miroitait entre les flans rocheux. Combien de temps passé à m’arrêter pour contempler le monde ? Trop, peut-être. Mais ça ne me suffisait jamais. Je ne me rappelai pas m’être attachée à un endroit, un jour, ni même véritablement à quelqu’un. C’était facile : je souriais, j’étais là où je le devais, mais lorsque mon cœur commençait à être lourd à l’idée de partir, je quittais mes amis sans prévenir. Je ne voulais pas être un fardeau pour ces personnes. Je ne voulais pas qu’ils me demandent de rester. J’avais envie de vivre comme je le souhaitai, d’aller où bon me semblait, sans avoir cette impression de laisser tomber une âme.

J’avais tellement grandi, et malgré ma maladresse coutumière et mon air encore enfantin, j’avais la sensation de m’être assagi. J’étais certaine que si l’une de ces personnes autrefois croisées me revoyait, comme Neleam ou Killian, elles ne me reconnaîtraient pas. Et puis il y avait cet éclat brisé dans le fond de mes prunelles, un voile qui au fil du temps s’était lentement installé. Je n’étais plus celle que j’étais, non. Peut-être un peu moins vive. Un peu moins vivante. Mais toujours là.

Je caressai d’une main distraite l’encolure de mon cheval, que j’avais emprunté pour l’occasion. Il dévorait avec une gloutonnerie non feinte une masse d’herbe qui se présentait à quelques pas de la roche, se préparant à escalader le mont. Où allais-je ? A vrai dire, je ne le savais pas moi-même. Souvent, il m’arrivait de me lever un matin avec cette envie de partir, de voyager, et c’est tout simplement ce que je faisais. Je savais qu’à ces moments, quelque-chose devait être accompli ; c’était comme si le destin me murmurait à l’oreille des mots que je ne percevais pas, mais qui pourtant me forçaient à me lever. Et en chemin, il y avait toujours cette personne qui avait besoin d’aide, un voyageur blessé, un convoi à protéger. Mes dons étaient mes seuls vrais alliés dans cette nature et si beaucoup étaient réticents en voyant que j’étais une femme pratiquant le rêve, ils finissaient par se laisser convaincre. J’étais plus douce, paraît-il. Peut-être qu’un jour j’arriverai à m’affirmer comme celle que j’étais, et que d’autres filles finiraient par suivre ma voie.

-Les hommes sont stupides, tu sais. T’as de la chance d’être un cheval. Au moins vous ne devez pas vous farcir tous leurs discours et leurs problèmes débiles. Ou bien ta femme te crie dessus aussi quand tu rentres en retard ?

Je souris à ma propre remarque, presque déçue de n’avoir aucune réaction de sa part. Après tout, j’avais entièrement raison : la gente masculine était particulièrement agaçante. Enfin, cela ne me dissuadait tout de même pas de rechercher les beaux spécimens. Mais disons que cela ne s’arrêtait toujours qu’à des draps partagés dans l’espace d’une nuit. Le besoin de partir, vous savez…Ca ne pardonne pas. J’avais cru pouvoir aimer, autrefois, mais j’avais fait trop de mal pour me convaincre que ça pouvait marcher. C’est toujours dans une jalousie mêlée de peine que j’admirais les couples qui se pavanaient devant moi, étalant leur bonheur gluant à tous ceux qui s’en seraient bien passés. Hé oui, malgré toutes ses années, Roxane n’avait toujours pas de fiancé. Mais peut-être était-ce bien mieux comme ça.

Je redressai soudainement la tête, mes pensées arrêtées par un bruit reconnaissable entre tous : des sabots s’écrasant lourdement sur la pierre. Quelqu’un approchait. Il n’y avait qu’à prier pour que cette personne soit admirablement gentille, ou profondément idiote, si je voulais m’en sortir vivante. Après tout, il existait toujours des mercenaires de mauvais poil qui avaient envie de chairs fraîches au beau matin. Et ce n’était pas les maigres enseignements que j’avais reçus de Neleam il y a bien longtemps qui m’aiderait à me défendre. Je retins ma respiration, serrant les dents rien qu’à l’idée de devoir me battre. Si j’étais pacifiste dans l’âme, la mort était quelque-chose de parfois inévitable, comme je l’avais souvent appris à mes dépends.

Ma main agrippa la petite dague pendant misérablement à ma cuisse, tandis que j’attendais avec une certaine appréhension l’arrivée de l’inconnu. Il ne se fit pas attendre. En quelques secondes, un homme armé se dressait devant moi, ralentissant à ma vue. Je lui offris un sourire irréprochable, tentant s’il avait de mauvaises intentions d’au moins l’amadouer. Et c’est avec ce pitoyable mot que je l’accueillis, ma cervelle semblant le préférer parmi tant d’autres formules de politesse bien plus appropriées.

-Heum…Salut !  

Au moins, ma rudesse légendaire n’avait pas changé.

Spoiler:




Revenir en haut Aller en bas
Edwin Til' Illan
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Elyssa Cil'Darn
Messages : 140
Date d'inscription : 02/01/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Frontalier - 46 ans
Aptitudes: Résiste au chant marchombre
Edwin Til' Illan
Frontalier



08.09.15 14:54
https://ewilan.forumactif.fr/t2324-journal-de-bord-d-edwin-til-il
Spoiler:


    Son regard n’avait pas quitté les sommets. C’est pourquoi il n’avait dans un premier temps pas aperçu la cavalière aux cheveux flamboyants. Celle-ci laissait son cheval se régaler des rares touffes d’herbe qui parvenaient à se frayer un chemin si près du pied rocheux. Edwin était encore trop loin pour distinguer ses traits, mais la silhouette n’était pas dans une position menaçante. Elle ne prêtait d’ailleurs même pas attention à ce qui l’entourait, la tête inclinée vers sa monture. Aussi put-il se rapprocher sans qu’elle ne prenne conscience de sa présence.

    S’il avait décidé de parcourir à cheval la route entre les deux villes, et non pas à l’aide d’un Dessinateur qui l’aurait amené en une poignée de secondes à destination, c’était bien pour assouvir son besoin de solitude. Toutefois, rencontrer un voyageur sur son chemin ne troublait en rien sa quiétude. Quelques paroles échangées, un salut, une direction à indiquer… Les rapports entre voyageurs étaient assez simples pour ne pas peser sur la tranquillité que la plupart d’entre eux recherchait. Si tant est que le voyageur croisé ne soit évidemment pas animé de sombres intentions…

    C’est ce dernier point que le Frontalier tentait de déceler dans la posture de la cavalière au fur et à mesure que le cheval qu’il avait loué le menait à elle. Lorsqu’il fut assez près pour que leur rencontre soit inéluctable, les sabots de l’étalon alezan, qui avaient quitté le bruit ouaté de l’herbe foulée, sonna distinctement en rencontrant le sol pierreux. La jeune femme sembla brusquement tirée de ses pensées alors qu’elle reportait son attention sur lui, sans doute pour tenter de deviner à son tour à quelle catégorie de voyageurs il appartenait. Il la vie porter instinctivement la main à sa dague. Une main crispée, qui clamait son appréhension. Cette jeune femme, qui devait avoir une vingtaine d’années, n’était en rien une combattante.
    Alors que faisait-elle, apparemment seule, en ce lieu des plus isolés ?

    Les deux cavaliers n’étaient plus qu’à quelques mètres. Edwin rassembla le pas de son cheval de façon à pouvoir promener un regard circulaire sur les environs, qui n’offraient pratiquement aucun recoin capable de cacher des bandits embusqués. Car utiliser une jeune fille comme appât était monnaie courante pour des voleurs. Mais tout restait résolument calme. Peut-être que les hommes de l’Empereur étaient momentanément parvenus à délester les alentours de la capitale de leurs brigands.

    Une fois arrêté à quelques pas d’elle, toute l’attitude de la fille rousse clamait qu’elle n’était pas là pour l’attaquer, ou pour participer à un quelconque larcin. Son sourire d’abord : loin d’être assuré. Son regard ensuite : légèrement fuyant, s’accrochant difficilement à ces pupilles résolument braquées sur elle. Sa manière de le saluer, surtout.

    - Heum…Salut !

    Il avait appris à renoncer à son anonymat, d’autant plus depuis qu’il avait succédé à son père. Sans s’en rendre compte, cette cavalière lui offrait une bouffée d’oxygène inespérée. A cette pensée, l’ombre d’un sourire étira le coin de ses lèvres.

    - Salut.

    Etrange mot de la part d’un homme qui se tenait à cheval dans la posture fière des Frontaliers, exacerbée par des années de vie militaire. Pas si étrange que ça pour un homme qui n’était pas dévoré par l’arrogance.

    Tentant de choisir ses mots pour ne pas la rendre plus mal à l’aise, ni pour attiser son inquiétude, le maître d’armes demanda :

    - Je peux t’aider, peut-être ?

    Il se doutait que certaines personnes éprouvaient ce même besoin de se retrouver seules face à l’inépuisable nature alavirienne. Mais l’attitude crispée de la jeune femme lui indiquait aussi qu’elle aurait difficilement pu se défendre s’il avait fait partie des « mauvais » voyageurs. Incapable de deviner ce qu’elle faisait seule au pied de la montagne, il ne pouvait pas mieux orienter sa question, bien qu’il fût quasi certain qu’elle déclinerait sa proposition.


Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



13.09.15 12:59
VertigoRoxy feat Edwin

Il y avait de ces personnes avec un regard si intense qu’il parlait pour eux. Il était inutile de laisser les mots prendre une place importante dans le silence, et encore moins de permettre aux gestes de compléter le tableau ; leurs simples prunelles renfermaient toute leur vie, et peut-être aussi tous leurs espoirs. Qu’avait vécu cet homme ? Je l’ignorai, mais dans ses céruléennes argentées, je décelai une fatigue, de celle qui indique que l’on a déjà essuyé de nombreux combats. Il y avait aussi un certain voile de joie, qui prouvait que, malgré tout, il était heureux d’être là. Etait-ce un mirage ? Certains étaient tellement convaincus d’être heureux qu’ils finissaient par le croire, ou était-ce leur besoin pour rassurer leur entourage. Le regard ne mentait jamais – mais la personne, toujours.

Je ne savais pourquoi je m’attardai autant sur un détail, peut-être pour me rassurer, pour voir en lui s’il serait vil avec moi ou non. D’apparence, il semblait calme, dépourvu de toute envie de tuer. La fierté qui rehaussait ses épaules, et son allure propre à certains hommes me portaient à croire qu’il n’était qu’un simple passant, et pour cette raison, la sourde inquiétude qui murmurait dans mon cœur s’était tue, laissant place à une tranquillité nouvelle. Je ne savais pas qui il était, mais en vue de son accoutrement, et de sa posture, il avait tout de quelqu’un d’habituer à lutter pour sa vie.

Ses lèvres s’entrouvrirent alors, pour me saluer de la même façon atypique dont j’avais usée. Un sourire amusé vint étirer mes lèvres, et je finis de me détendre ; mes doigts s’ôtèrent du mince fourreau de ma dague, persuadés de ne pas devoir m’en servir. Le cheval à mes côtés relevait la tête, curieux de trouver un autre quadrupède en ce chemin quelque peu désertique. Il sembla évaluer la bête de ses petits yeux noirs, puis avança quelque peu vers elle, m’obligeant à me décaler pour me rapprocher de l’homme. Peut-être perçu-t-il cela comme une demande car il reprit la parole, d’une voix plus assurée :

- Je peux t’aider, peut-être ?

-Alors on se tutoie directement ?

Un sourcil s’éleva sur mon visage, tandis que mon sourire perdurait sur la commissure de mes lèvres. Cela m’amusait chez les adultes : dès qu’une personne plus jeune se présentait à leurs yeux, ils se sentaient obligés de laisser tomber les barrières, sans même se demander si cela les gênait ou non. Ou bien était-ce une technique de drague bien sertie des hommes plus mûrs, qui tentaient d’une façon très directe d’atteindre leur but – que je n’exprimerai pas, car je suis certaine que vous m’avez très bien comprise. Je ne savais dans quelle tranche il se situait, aussi valait-il mieux s’en assurer dès le début. Ce n’était pas qu’un tel individu me dérangerait, après tout, l’amour pouvait se trouver partout, mais je préférai être certaine de sa catégorie. Par mesure de sûreté, dirions-nous.

-Pour répondre à votre question, je n’en ai nul besoin, mais merci beaucoup de ce service. Comme vous le voyez, je ne fais que faire paître mon cheval avant la longue escalade qui m’attend. A moins que vous ne vouliez mâcher par avance pour lui faciliter la tâche, je ne vois pas comment vous seriez utile.

J’insistai lourdement sur le pronom, cherchant quelque peu à le taquiner, mais certainement pas à le mettre dans l’embarras. Enfin, mon effronterie aura tôt fait de le fixer sur ma personnalité – et ce serait à lui de décider s’il pourrait me supporter longtemps pour cela. Pour ma part, sa fierté un peu trop placée m’agaçait quelque peu, mais ce n’était peut-être qu’une simple façade.

-Mais peut-être est-ce une manière délicate d’indiquer que vous avez un problème. Après tout, se targuer d’être en pleins dans les soucis devant une femme, cela peut être troublant, n’est-ce pas ? A moins que vous n’ayez envie de ma compagnie pour traverser les montagnes ?

Je penchai légèrement la tête sur le côté, laissant mes longs cheveux roux encadrer mon visage pâle. J’avais envie d’éclater de rire face à mon langage très élevé, tellement en contraste par apport à ma manière de saluer. Mais ce n’était pas tous les jours que je pouvais me moquer de ces hommes si nobles de sauver leur patrie chaque jour, et peut-être que le faire redescendre sur terre lui toucherait alors ses braves compagnons – car il n’était pas dit qu’il faisait partie de ce monde-là si arrogant.

Spoiler:




Revenir en haut Aller en bas
Edwin Til' Illan
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Elyssa Cil'Darn
Messages : 140
Date d'inscription : 02/01/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Frontalier - 46 ans
Aptitudes: Résiste au chant marchombre
Edwin Til' Illan
Frontalier



13.09.15 20:51
https://ewilan.forumactif.fr/t2324-journal-de-bord-d-edwin-til-il
Spoiler:


    - Alors on se tutoie directement ?

    Les yeux du Frontalier se plissèrent imperceptiblement alors qu’il tentait de déceler ce que cachait cette mine narquoise.

    - Pour répondre à votre question, je n’en ai nul besoin, mais merci beaucoup de ce service. Comme vous le voyez, je ne fais que faire paître mon cheval avant la longue escalade qui m’attend. A moins que vous ne vouliez mâcher par avance pour lui faciliter la tâche, je ne vois pas comment vous seriez utile.

    Si l’effronterie qu’elle arborait en choisissant soigneusement de le vouvoyer – subtile façon de lui renvoyer son manque de courtoisie à la figure – tendit plutôt à l’amuser, la seconde partie de sa déclaration théâtrale lui plut nettement moins, tant elle le prit par surprise. Il fallait dire que peu de personnes se permettaient de l’envoyer paître.
    Encore moins littéralement.

    Sa réaction instinctive se tourna à son tour vers la dérision. Cette même dérision qui pétillait dans le regard de son interlocutrice, se disputant toutefois le terrain avec une certaine prudence.
    Doux anonymat.

    - Mais peut-être est-ce une manière délicate d’indiquer que vous avez un problème. Après tout, se targuer d’être en pleins dans les soucis devant une femme, cela peut être troublant, n’est-ce pas ?

    Son visage était resté impassible pendant toute la tirade de la jeune femme. Fichu caractère.

    - A moins que vous n’ayez envie de ma compagnie pour traverser les montagnes ?

    Apparemment, la méfiance n’était plus de mise. Edwin prit tout son temps pour lui répondre, sans que ses iris métalliques ne se détachent d’elle, s’amusant à faire vaciller son assurance. Fichu caractère, aussi.

    - Pour répondre à tes questions, commençant-il en reprenant sciemment sa formulation et son accentuation du pronom, j’ai suffisamment déjeuné ce matin ; j’ai donc le regret de devoir décliner ton invitation à partager le repas de ta monture. Je te prie de bien vouloir m’excuser si mon tutoiement t’incommode, j’ai tendance à oublier que les gens du Sud sont bien moins chaleureux dans leur façon de s’exprimer.

    Il ponctua cette déclaration d’un haussement d’épaules désinvolte, sans pour autant renoncer à son choix de pronom.

    - Si ma question a pu te paraître indélicate, elle n’en était pas moins honnête, je m’interrogeais quant à la sécurité d’une jeune femme seule au pied de la montagne. Mais si tu manies cette dague aussi bien que la rhétorique, me voilà rassuré.

    Le maître d’armes ne chercha pas à dissimuler l’éclat d’amusement qui dansait dans son regard, en dépit de l’air goguenard qu’il affectait. Il avait bien vu qu’elle avait sondé son regard avant de se décontracter et de lâcher le manche de son arme. Elle ne s’était donc pas méprise sur ses intentions. Il avait également bien vu qu’elle n’était pas une combattante. Aussi sonda-t-il particulièrement sa réaction en réponse à cette dernière phrase, avant de poursuivre :

    - Si toutefois ta façon de me demander si je souhaitais ta compagnie était en fait une manière délicate de requérir la mienne, je te prie de bien vouloir me le formuler clairement, car j’ai bien peur de ne pas être assez vif d’esprit pour être capable d’interpréter tous tes propos.

    Il avait expressément fait le choix de l’autodérision pour qu’elle ne se méprenne pas quant à son plaisir de lui répondre. Il acheva alors sa tirade :

    - Après tout, devoir demander la compagnie d’un voyageur, cela peut être troublant, n’est-ce pas ?



Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



28.09.15 18:55
VertigoRoxy feat Edwin

Le silence étouffait l’atmosphère, rendant ce contact muet lourd. Nos regards se croisaient avec insistance, comme lors de ces jeux d’enfants où il ne faut pas laisser détourner le sien au risque de perdre. Sauf que cela n’avait rien d’un amusement quelconque, et que ses yeux avaient l’air plus sévère qu’innocent. Je crus même pendant un instant qu’il allait me faire regretter mon effronterie – après tout, il avait les armes nécessaires pour cela, mais il n’en fut rien. Oh non, c’était bien pire que cela : il rentrait dans mon petit manège, et dieu sait comme c’était la pire chose à faire avec moi. Nous étions loin d’en finir, si vous voulez mon avis. Sortez le transat et sirotez une bonne bière gwendalavirienne, car cela risque de prendre du temps.

L’homme déclina presque poliment ma charmante invitation à dîner, en ne renonçant pas de sitôt avec le choix du pronom, ce qui me fit sourire malgré moi. Il semblait têtu et fort peu enclin à garder ses distances, mais cela me plaisait. Les formules de politesse et toute la musique qui allait avec, cela marchait un peu avec moi, mais j’étais bien vite lassée. Par contre, si cette approche un peu brusque était réellement une tentative de séduction, je ne le savais décidément pas. Mais après tout, je serais bien vite fixée : en général, les hommes ne perdaient jamais leur temps pour ses choses-là.

Ses pupilles brillèrent tout à coup, lorsqu’il m’annonça son inquiétude quant à ma sécurité – vantant, d’une certaine façon, mes talents d’épéiste qui devaient pour ainsi dire sauter aux yeux. Je ne pus empêcher le rouge me monter aux joues, gênée que je sois ainsi mise à nue aussi facilement, et qu’il prenne cette vision d’une jeune rousse écervelée et pseudo-armée  pour une pure fantaisie. A vrai dire, vu le ton qu’il arborait, je n’aurais su dire si je pouvais réellement me fier à lui, mais je décidai de rapidement laisser tomber : de toute façon, cet homme, je ne le reverrai plus jamais – et puis, je n’avais pas besoin de son aide. J’avais toujours su me débrouiller jusqu’ici, la chance semblant se poser tel un oiseau sur mon épaule, et je ne pouvais croire qu’elle s’en irait d’un battement d’ailes. Il fallait croire qu’après les péripéties de mon enfance, elle ait décidé de m’accompagner jusqu’à la fin de ma vie – ce qui, en soit, n’était pas plus mal.

L’homme armé reprit alors la parole, me toisant du même air amusé en retournant mes propres propos, ce qui me fit éclater de rire. C’était bien joué. Ma main se balada quelques instants dans mes lourds cheveux roux, tandis que je l’englobai de mon regard émeraude en me joignant à son visage pétillant. Malgré quelques côtés qui m’agaçaient déjà chez ce garçon, je dois avouer qu’il me plaisait plutôt bien. Il avait de la répartie, lui aussi, et je ne risquais pas de m’ennuyer si j’acceptais sa demande qu’il formulait comme la mienne. Restait à savoir si on aurait la force de se supporter longtemps…mais c’était un pari que je voulais volontiers me risquer à tenter.

-Après tout, devoir demander la compagnie d’un voyageur, cela peut être troublant, n’est-ce pas ?

-Vous manquez pas de culot, vous ! Enfin, je veux dire… « tu » ?

Je lui souris de plus belle, lui présentant ma main frêle comme un gage de plaisir de faire sa connaissance. C’était clair que c’était un drôle de bonhomme, celui-là, mais je pourrais en dire autant de moi. Pouvais-je tomber sur meilleur voyageur ? En examinant son air tranquille mais avisé, j’étais certaine que non. Surtout que c’était un homme. Et mon penchant pour tout ce qui était abordable et assez beau ne me privait en rien d’admirer ce magnifique spectacle à mes yeux. Après tout, il n’y avait pas honte à avoir que de baver de plaisir, non ?

-Enchantée, en tous cas. Je suis Roxane…Roxane tout court, le nom de famille importe peu.

Ou autre moyen détourné pour ne pas à avoir à le révéler. Honnêtement, c’est par un choix de taille que j’avais décidé de bannir mon autre patronyme, cherchant à ne plus avoir d’attaches à ce qui avait été ma famille. Et il faut dire que cette négation m’avait plutôt bien réussi, car j’avais véritablement fini par l’oublier. C’est ce que j’aimais du moins à croire, mais ce genres souvenirs restaient d’une manière ou d’une autre ancré en nous, malgré notre peine pour les chasser. C’était pire que les belles-mères : elles revenaient bien trop souvent.

-Je ne pensais pas avoir besoin d’aide jusqu’ici, mais je crois que tu m’as convaincue. Après tout, avoir un homme avec soi pour une telle traversée peut être une aubaine. Enfin, j’espère que ma présence ne t’incommodera pas trop, parce que je peux être sacrément chiante quand je m'y mets.

Je lui fis un clin d’œil, pouffant quelque peu de rire face à ma propre remarque. Le pauvre ne savait pas à quoi il s’engageait – mais si c’était un homme de paroles comme bien souvent l’étaient les gens armés comme lui, il ne pourrait revenir sur ses propos.

Je pris les rênes de mon cheval dans ma main, prête à reprendre ma route à ses côtés s’il le souhaitait véritablement. La suite de l’aventure ne dépendait que de lui, et pourtant, je sentais que déjà elle commençait à me plaire.



Revenir en haut Aller en bas
Edwin Til' Illan
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Elyssa Cil'Darn
Messages : 140
Date d'inscription : 02/01/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Frontalier - 46 ans
Aptitudes: Résiste au chant marchombre
Edwin Til' Illan
Frontalier



20.10.15 10:11
https://ewilan.forumactif.fr/t2324-journal-de-bord-d-edwin-til-il
    La jeune femme aurait pu se vexer mais, bonne joueuse, elle prit le pas de rire à sa répartie une fois la surprise passée. Edwin se demandait de quelle façon elle allait lui répondre : l’éconduire, le suivre, poursuivre la joute ? Il semblait que son interlocutrice se posait la même question ; il lui semblait lire dans le mouvement de sa main – qui se perdait dans sa longue chevelure rousse – une certaine hésitation. La même hésitation qui l’avait animé avant qu’il ne décidât de rentrer dans son jeu.
    Elle trouva pourtant rapidement la réponse qu’elle lui offrit.

    - Vous manquez pas de culot, vous ! Enfin, je veux dire… « tu » ?

    La mine moqueuse du Frontalier se fondit en sourire espiègle en réponse à ce dernier compliment. Il inclina ensuite la tête en guise d’assentiment. Il lui serra la main de bon cœur, avant qu’elle ne se présentât.

    - Enchantée, en tous cas. Je suis Roxane…Roxane tout court, le nom de famille importe peu.

    Elle n’avait pas idée du cadeau qu’elle venait de lui faire en esquivant ainsi le patronyme.

    - Je ne pensais pas avoir besoin d’aide jusqu’ici, mais je crois que tu m’as convaincue. Après tout, avoir un homme avec soi pour une telle traversée peut être une aubaine. Enfin, j’espère que ma présence ne t’incommodera pas trop, parce que je peux être sacrément chiante quand je m'y mets.

    Appuyant ses propos d’un clin d’œil, Roxane av ait définitivement abandonné la posture de conflit qu’ils avaient feinte durant leur premier échange. Espérant que l’évocation de son prénom ne lui mettrait pas la puce à l’oreille, Edwin se décida tout de même à ne pas le taire. Il n’avait d’ailleurs aucune raison de le faire, sinon pour son confort personnel.

    - Edwin ; ravi de faire ta connaissance, Roxane. Et merci de m’avoir mis en garde, ajouta-t-il dans un sourire en faisant référence à sa dernière phrase.

    La voyant rassembler ses rênes tout en attendant sa décision, il fit de même, éloignant la tête de sa monture de la maigre touffe d’herbe qui trônait au milieu de la pierre. D’un accord tacite, les deux voyageurs remirent leurs montures en marche. L’entrée de la passe se rapprochait tranquillement, au rythme du pas des deux équidés. La hauteur de la roche n’en était qu’un peu plus écrasante à chaque foulée.

    Après une poignée de secondes de silence pendant laquelle le Frontalier avait promené par habitude un regard circulaire sur les alentours, il se décida à relancer la conversation.

    - Tu voyages souvent ?

    La passe ne fut pas longue à traverser. Le son des sabots de leurs montures se répercutait de façon singulière sur les parois rocheuses. Tout en devisant, le Frontalier promenait son regard sur les hauteurs, à la recherche des agiles silhouettes qu’il avait déjà eu le loisir de croiser sur ces plateformes rocheuses.

Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



31.10.15 18:57
VertigoRoxy feat Edwin

-Edwin ; ravi de faire ta connaissance, Roxane. Et merci de m’avoir mis en garde.

-Pas de quoi !

Mon sourire enorgueillit de plus belle mon visage, heureuse du retournement de situation. Sa révérence était digne d’un gentleman : je pouvais m’estimer chanceuse d’être tombée sur lui par apport à la bande d’idiots mâles qui peuplaient Gwendalavir. Cet Edwin ferait de ma traversée un chemin plus agréable à suivre et, en ayant simplement vu la répartie dont nous faisions tous deux usage, j’étais certaine que jamais nous ne nous ennuierions.

C’est à cette pensée que mon esprit vacilla légèrement. Edwin ? LE Edwin ? Il fallait être sorti tout droit d’un monde parallèle pour ne jamais avoir entendu parler de lui. Beaucoup de gens avaient conté ses exploits, et tous savions aussi que sa vie était déjà partagée avec quelqu’un….Des sentiments contradictoires se mêlèrent dans ma cervelle, m’empêchant de penser concrètement : j’étais déçue de savoir, quelque-part, que notre rencontre n’irait pas plus loin que cela – et d’un autre côté, j’étais presque vexée qu’il ne se soit pas nommé entièrement. Mais pouvais-je vraiment le blâmer pour cela ? Je venais de lui affirmer que le nom de famille n’avait aucun intérêt ; peut-être trouvait-il ça reposant d’en faire de même – s’il était égocentrique, il se serait targué de me le dire – ou peut-être, simplement, n’était-ce pas la même personne.

J’haussais les épaules pour moi-même : après tout, ça n’avait pas d’importance. Je passerais ce bout de voyage avec lui ; le destin avisera du reste. Je raffermissais alors mon emprise sur mes rênes, décidée à chasser ce flot de pensées de ma tête, et attendis qu’il en fasse de même pour reprendre la route. Les sabots de nos chevaux résonnèrent rapidement dans la montagne, accompagnant nos bavardages de petites notes de musique infinies. Bientôt, les premiers toits de maisons abritées dans un creux ou l’autre de la roche firent leur apparition, alors que le chemin se faisait plus vert. Nous serions là dans quelques instants à peine ; et une auberge nous accueillerait alors avec ses femmes et ses hommes au regard festif, pour que la dureté de la selle sous nos fesses ne soit plus qu’un vague souvenir…jusqu’au lendemain.

-Tu voyages souvent ?

Edwin me sortit de mes pensées, tandis que je dus freiner quelque peu mon cheval pour qu’il aille derrière celui de mon compagnon de route, le passage se rétrécissant doucement. Il ne put ainsi voir le sourire énigmatique sur mon faciès, mais ma voix chantante traduisit à elle seule ces choses que je dissimulai :

-On peut dire ça, oui. Si ce n’est pas souvent, c’est régulièrement. En fait, je vais là où mes pas me portent, sans vraiment réfléchir à un parcourt déterminé. Je n’ai pas d’attaches, alors ça simplifie tout.

Un silence s’installa entre nous, que je m’amusais moi-même à perpétrer. Il devait être bien trop poli pour me demander ce que j’entendais par « attaches », mais j’étais presque certaine que cela l’intriguait (ou étais-je devenue trop vaniteuse et cette impression était erronée…). Il devait se demander comment une si jolie femme se retrouvait sans homme, ou encore quels parents me restaient-ils pour qu’ils me laissent vagabonder sans remord….Cependant, je ne répondrais pas à cette question, pas tout de suite du moins.

-Et toi ? Vu l’attirail que tu transportes, tu dois être un guerrier. Ca fait partie de ton quotidien tout ça, n’est-ce pas ? T’es en mission ?

Je profitai que le passage s’éclaircisse pour me mettre de nouveau à ses côtés, lui décochant un regard appuyé. Mais mon visage se figea en des traits soudainement tendus, alors que l’air se chargeait d’une odeur reconnaissable entre toute. Le feu. Cela aurait pu passer pour insignifiant – après tout, bon nombre de maisonnées allumaient l’âtre en ce jour déclinant – s’il n’y avait pas eu cet amas de flammes au loin, rougeoyant les roches alentour. Et puis il y avait ces cris, tant de cris de terreurs qui jonchaient l’air d’une allure sinistre. Mes yeux se tournèrent vers Edwin, le dévisageant sans gêne, la frayeur s’instillant à son tour en moi. Que s’était-il passé ici ? Qu’allait-on découvrir ?

-Edwin. T’es un guerrier, non ? Alors c’est le moment de le prouver.

Et, sans attendre, je lançai mon cheval au galop, en direction de ce village touché par on ne sait quel malheur. Je crevais littéralement de trouille, mais il était hors de question de laisser ces gens livrés à eux-mêmes. Il y avait peut-être là-bas beaucoup d’âmes à sauver. Et jamais je ne pourrais les abandonner.





Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Edwin Til' Illan
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Elyssa Cil'Darn
Messages : 140
Date d'inscription : 02/01/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Frontalier - 46 ans
Aptitudes: Résiste au chant marchombre
Edwin Til' Illan
Frontalier



09.11.15 9:04
https://ewilan.forumactif.fr/t2324-journal-de-bord-d-edwin-til-il
    Le maître d’armes ne manqua pas de remarquer le regard que Roxane portait vers les toits qui s’offraient par intermittence à leur vision. Une halte dans ce premier village semblait la tenter. Il ne se sentait pas de refuser un arrêt, bien qu’il ne se sentît pas fatigué. Cette traversée lui permettait de se vider l’esprit, et sa compagne de route était des plus sympathiques. Il se contenterait de travailler plus dur une fois rentré.
    Lorsqu’il lui demanda si elle voyageait souvent, la cavalière disparut de son champ de vision, le temps d’appréhender un chemin particulièrement étroit. Aussi dut-il se contenter de ses mots.

    - On peut dire ça, oui.

    Il entendit plus qu’il ne vit un sourire accompagner cette première phrase.

    - Si ce n’est pas souvent, c’est régulièrement. En fait, je vais là où mes pas me portent, sans vraiment réfléchir à un parcours déterminé. Je n’ai pas d’attaches, alors ça simplifie tout.

    Le Frontalier, qui avait incliné la tête vers son épaule pour écouter sa réponse, hocha la tête sans relever la dernière phrase de la jeune femme. Il était d’un naturel peu loquace, ce qui pouvait s’avérer être une qualité pour respecter les non-dits de chacun. Ce trait de caractère ne l’empêchait pas de porter un grand intérêt à ces silences, mais il était trop humble pour se permettre de s’immiscer dans la vie des autres sans y être invité.
    Le silence répondit donc à cette première réponse. Une fois de plus, Edwin était bloqué par cette constante recherche du juste. Lui demander des précisions sur son manque d’attaches aurait été grossier, du moins de son propre point de vue. Faire dériver la conversation vers un sujet anodin aurait donné l’impression qu’il se moquait éperdument de ce qu’elle venait de lui confier.
    Voilà pourquoi, une fois de plus dans sa vie, Edwin avait choisi le silence, et s’était contenté de hocher la tête. Mais ce silence n’était pas de ces silences pesants, lourds d’impressions ; plutôt un silence partagé, respectueux, dans lequel chacun menait sa propre réflexion.

    Après quelques dizaines de mètres, Roxane se hasarda à son tour à lui poser une question.

    - Et toi ? Vu l’attirail que tu transportes, tu dois être un guerrier. Ca fait partie de ton quotidien tout ça, n’est-ce pas ? T’es en mission ?

    Un fin sourire étira les lèvres du Frontalier à la suite de l’avalanche de questions qui avaient fait écho à la sienne. Avisant le chemin qui s’élargissait de nouveau, il poussa les hanches de sa monture pour se décaler vers la gauche et lui faire de la place, et attendit qu’elle fût de nouveau à sa hauteur pour lui répondre. Le regard fixe qu’elle lui adressa alors, qui témoignait de son intérêt pour la réponse – et de son empressement à l’entendre – l’amusa. Mais très vite, avant qu’il n’ait ouvert la bouche, la mine de la jeune femme rousse changea radicalement, pour se revêtir du masque de l’anxiété. Alerté par ce brusque revirement d’attitude, Edwin tendit ses sens à la recherche du danger. Une odeur d’abord. Celle du brûlé. Son regard scruta instinctivement le paysage pour tenter d’en déceler l’origine. Le village était en feu. Mais là n’était pas le plus angoissant. Des cris perçants s’élevèrent des toits enflammés, rendant compte d’une horreur qu’ils auraient préféré ne pas imaginer.

    Le maître d’armes sentit le poids du regard alarmé de Roxane. Ses propres pupilles se posaient tour à tour sur le nuage de fumée et sur sa voisine, le temps de décider quelle était sa meilleure option pour aider ces gens sans la mettre en danger.
    La jeune femme ne lui laissa pas d’option.

    - Edwin. T’es un guerrier, non ? Alors c’est le moment de le prouver.

    - Rox…

    Avant qu’il n’ait pu finir de prononcer son prénom pour lui demander de rester derrière lui, elle avait lancé son cheval au galop, inconsciente – ou peut-être pas – des dangers auxquels elle pouvait s’exposer en passant ainsi en première ligne. Sans la laisser le distancer d’avantage, le Frontalier planta ses talons dans les flancs de l’étalon, qui réagit au quart de tour, peu habitué à une sollicitation de la sorte depuis le début du voyage. En quelques foulées puissantes, l’alezan se rapprocha du cheval qu’il poursuivait, mais le village était encore trop proche au goût de son cavalier. Il voulut lui hurler de l’attendre, mais craignit que son cri ne les trahisse plus que le son de leur galop sur le chemin de terre. Ce dernier s’étrécissait de nouveau, alors qu’il arrivait à la croupe du cheval de Roxane. Le Frontalier se mit debout sur ses étriers, cherchant à voir au devant de la jeune femme. Le chemin s’élargirait bientôt pour qu’il puisse l’arrêter.
    Au bord du village.

    Puisqu’il n’avait pas d’autre possibilité, le cavalier amena son cheval à doubler à la première occasion, avant de tenter le tout pour le tout. Dans un nuage de poussière et un puissant ronflement de naseaux, il arrêta sa monture en urgence en travers du sentier, coupant la route à l’imprudente, restant en selle malgré la brusquerie de la manœuvre. Sans prêter attention à la réaction de la jeune rousse, qui allait sûrement lui en vouloir, il se retint de la sermonner sur sa façon de se jeter tête baissée vers le danger pour énoncer son plan. Enfin… « plan » était un bien grand mot ; il ne savait absolument pas ce qui se passait ici. Le seul indice qui leur était offert était l’angoisse des cris dont le volume s’était considérablement accru suite à leur approche.
    Le feu semblait avoir pris naissance au centre du village, ou à l’extrémité opposée ; toujours était-il que le côté par lequel ils étaient arrivés était encore épargné par les flammes.

    - On laisse les chevaux ici, déclara-t-il en mettant souplement pied à terre. On ne peut pas se permettre de les laisser paniquer.

    Il s’arrangea pour que le nœud avec lequel il attachait les montures fût assez solide pour qu’elles se sentent entravées, mais aussi qu’il se défît rapidement si elles prenaient peur. D’un signe de tête, il indiqua à Roxane de rester derrière lui et, dans un doux chuintement, laissa sa lame quitter le fourreau. Toute bonhomie avait disparu de son visage, pour ne laisser place qu’à une froide expression de concentration.

    Avec précaution, ils contournèrent ainsi l’angle du premier bâtiment. Ce côté du village était désert, les habitants semblaient avoir convergé vers le foyer de l’incendie, ou s’être barricadés chez eux. Les cris et le crépitement du feu résonnaient pourtant toujours aussi sourdement aux oreilles des deux voyageurs.

    Les deux silhouettes se déplacèrent ainsi avec prudence entre les maisons, et arrivèrent bientôt au centre du village, tout en ayant pris garde à toujours rester à couvert. Leurs autres sens les avaient avertis, mais ce que leur vision leur révéla les glaça d’effroi.
    Un bûcher. Humain.

    Un homme venait d’être exécuté devant son entourage. L’odeur insupportable, la dévastation palpable des spectateurs, et les rires sadiques des hommes armés qui les encadraient se mêlèrent pour exploser à la figure du Frontalier. Les mâchoires crispées, tout comme la main qui tenait la poignée de son sabre, le maître d’armes bouillait d’une rage difficilement contenue. Pourtant, lorsqu’il s’adressa à Roxane, sa voix se fit parfaitement calme. Presque douce.
    Presque.

    - Va te mettre à l’abri.

    Trop habitué à voir ses ordres respectés, et ignorant que la jeune femme aurait pu porter secours à certains villageois, Edwin inspira profondément, et se força à relâcher la tension de son cou et de ses épaules. Pupilles et iris s’étaient teintés d’une lueur inquiétante. Sombre et animale. Mortelle.

    Il n’avait aucune idée de ce qui avait mené à ce massacre. Mais il avait nettement distingué les armes, les expressions et les vêtements des hommes qui encerclaient presque la place du village. Ces détails qui ne collaient en rien avec la terreur qu’il pouvait lire sur les visages des villageois. Son parti fut vite pris.

    Aussi discret qu’un soupir, il se glissa dans le dos d’un premier ennemi. Durant les trois secondes que dura son mouvement, il nota que plusieurs corps jonchaient déjà la terre, et que certains villageois étaient pris en otage, lame sur la gorge. Et qu’un autre bûcher avait été préparé, à côté du premier. Une femme, dans un état proche de l’hystérie, y était ligotée. Ce fut son unique instinct protecteur qui interpela le maître d’armes. Elle se contorsionnait, entravée par de solides cordes, pour tenter de dégager son ventre rebondi des liens. Sans avoir laissé d’autre impression que celle d’un léger courant d’air, Edwin se détacha de sa première proie pour contourner la place, profitant de l’attention générale qui convergeait – avec difficulté au milieu des pleurs – vers un orateur.

    - Séchez vos larmes chers amis, ceci n’était qu’un juste retour des choses. Notre ami Elriq n’a simplement pas tenu parole. Que ses cendres vous rappellent qu’il ne faut jamais revenir sur sa parole.

    Conscient que son effet de surprise ne lui donnait qu’un coup d’avance, se maudissant de ne pas s’être encombré de son arc pour ce court voyage, le Frontalier était parvenu à s’approcher de sa nouvelle cible, l’homme qui tenait la torche. Mais il restait tenu à distance par son choix de rester dans l’ombre jusqu’à posséder l’instant T, celui qui lui offrirait le meilleur avantage, malgré l’urgence de la situation. C’est alors qu’il remarqua l’enfant. Celui qui portait des regards embués de larmes et d’une indicible terreur vers la femme attachée sur le bûcher.
    Et qui était sous la menace directe d’un coutelas aiguisé.

    - Et pour bien graver ce simple précepte dans vos esprits simples, sa femme va partager sa sentence !

    Rageant intérieurement de se retrouver seul face à tous ces ennemis et victimes à protéger, Edwin se tint prêt à bondir. La place n’était pas large, ce qui forçait les brutes à se tenir proches les unes des autres, mais aussi les villageois à se tenir près d’eux. Le pari était osé. Mais les chances de réussites, quoique toujours infimes, se rehaussaient légèrement.

    L’orateur, qui semblait avoir une certaine autorité parmi les brutes, fit un signe de tête et un sourire retors à l’homme qui détenait le feu. Celui-ci, dont le sourire réjoui découvrait des trous dans la dentition, s’amusa à approcher et à reculer la torche de la paille. Alors que toute la tension et toute l’attention se focalisaient sur la flamme malmenée par les gestes du bourreau, Edwin trouva enfin l’opportunité d’intervenir.

Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



28.11.15 18:40
VertigoRoxy feat Edwin

L’odeur était bien plus âcre à chaque pas. La fumée était plus dense, s’insinuant quelque peu dans les pores de ma peau – et, c’était irrémédiable, mes yeux commençaient à me piquer. Il m’était tellement facile d’imaginer les flammes lécher les charpentes, s’introduire dans les maisons en faisant fi de l’intimité de chacun. Elles sèmeraient leurs progénitures sur chaque objet délaissé, qui se verraient tour à tour dévorer sans plus aucun remord. C’était si simple pour ces déesses de ruiner tout une vie, toute l’histoire d’une famille. Il ne leur fallait que quelques instants, contre des années de labeur pour arriver à tout ceci. Que c’était-il donc passé là-bas ? On entendait de vagues cris, semblant de plus en plus effrayés à mesure que nous nous rapprochions. Etait-ce un simple incident ? Ou une émeute ? Mes membres étaient crispés à cette idée, alors que j’essayais de recouvrer mon calme. Il était inutile d’imaginer le pire. Avec un peu de chance, il n’y aurait que des blessés à sauver, aucun mort à déplorer. Mais peut-être était-ce trop demander.

J’étais prête à les aider, peu importe dans quel était je trouverais le village. L’adrénaline parcourait mes veines à une vitesse folle, de sorte qu’aucune pensée n’osait franchir la limite de mon esprit. Je ne pensais plus à rien, sinon à ces pauvres gens. Peut-être était-ce là mon erreur. Foncée tête baissée n’amenait jamais rien de bon – mais avais-je seulement, un jour, fait autrement ? Edwin fut là pour m’empêcher de m’engouffrer tout droit dans ce qui pourrait être un piège – la prudence primait avant tout. Il me dépassa, me barrant la route avec son propre cheval. Le mien se cabra, manquant me faire tomber par terre, mais je me retins de toutes mes forces sur les rênes.

-Idiot ! Tu veux nous tuer, ou quoi ?!

Je lui lançai un regard incendiaire – qui se tarit peu à peu, à mesure que je prenais conscience de ma propre bêtise. Le visage sévère d’Edwin me fit quelque peu rougir, et je ne pus que détourner les yeux, gênée comme une enfant que l’on surprendrait la main dans un bocal de biscuits. Inutile de deviner qui était le guerrier entre nous deux. Agir comme je le faisais était pire que stupide – c’était probablement plus suicidaire qu’autre-chose. Je m’éclaircis la gorge, tentant de reprendre une allure neutre, m’exécutant dès ses premiers ordres donnés. Après tout, il savait très bien ce qu’il faisait. S’il y avait vraiment des truands là-bas, il valait mieux que je l’écoute sagement.

Les chevaux furent laissés à quelques pas de l’entrée du village, et je priais intérieurement pour qu’ils soient encore là lorsque nous en aurions fini avec tout ça. J’avais payé une somme assez importante pour emprunter ce cheval, et je me doutais fortement que le propriétaire attendait encore mon retour pour que je lui rendre. Je n’imaginais pas l’état de ma bourse si je lui annonçai que je l’avais tout simplement perdu…Et même mes yeux de Roxy sous la pluie ne marcherait pas, sur ce coup-là. Jamais quand il s’agissait d’argent !

Nous avançâmes alors à travers les bâtisses encore sauves, suivant l’odeur de la fumée comme principal indice pour trouver notre chemin. Mais je crois que toute l’horreur du monde n’aurait pu même imaginer une chose pareille. Je m’attendais vraiment à tout, sauf à ça. Dissimulés entre deux murs étroits, nous étions face à un véritable bûcher humain. Une femme trônait au milieu d’une montagne de bois, prête à être sacrifiée pour je ne sais quelle raison. La terreur sur ses traits valait tous les cris des autres villageois, désemparés face à cette monstruosité. Puis je remarquai le ventre bien rond de la demoiselle, et cet enfant, plus tremblant que les autres, qui semblait la regarder avec plus d’intensité. Mon cœur rata un battement. Ce n’était pas possible. Je devais être en plus cauchemar, un simple rêve, qui s’effacerait dès les premières brumes du réveil. Mes doigts se glissèrent le long de ma bouche, tentant comme ils le pouvaient de retenir mon cri. Ce n’était pas un rêve. Je ne le savais que trop bien. Ce n’était que la plus cruelle des réalités.

-Va te mettre à l’abri.

La voix d’Edwin me glaça davantage le sang. Ce n’était plus un homme qui parlait – mais une arme, tranchante, aiguisée, prête à faire subir une mort atroce à ces vagabonds, digne de ce qu’ils méritaient. Il disparut rapidement de ma vue, sans que je ne puisse même protester. Cela se voyait qu’il ne me connaissait pas. Me mettre à l’abri ? J’en étais incapable. Je ne pouvais pas ne rien faire, alors que cette femme était proche d’une mort injustifiée. Le sang me montait aux joues, alors que mes doigts tremblaient de frayeur, mais tout cela n’avait que peu d’importance. J’attraperai ces hommes, avant qu’Edwin ne les tue. J’ignore comment, mais j’y arriverai. Il était inconcevable pour moi qu’ils finissent agonisant – c’était tout ce que l’enseignement des rêveurs réfutait. Même le plus cruel des hommes ne méritait pas la mort. Il y avait d’autres façons de punir, parfois plus horribles encore. Comme les laisser se noyer dans leurs propres remords. Les laisser devenir fous lorsqu’ils comprendraient l’intensité de leurs actes. Eux ne tiendraient pas longtemps.

-Et pour bien graver ce simple précepte dans vos esprits simples, sa femme va partager sa sentence !

Cette fois, mes pensées cessèrent de s’éparpiller, tandis que l’un des brigands approchaient dangereusement les flammes d’une torche près des de la jeune mère. Je n’avais pas saisi un traitre mot de la raison d’un tel carnage, mais cela n’avait pas d’importance – il fallait que je les arrête, le reste n’était alors que trop peu dérisoire. Je tentais pendant un instant qui me parut bien trop long de me maîtriser, laissant Edwin agir avec sa tête, puisque, de toute évidence, j’étais bien trop prise par mes émotions pour agir comme le guerrier qu’il était. Mais l’attente fut terrible. Je ne pus continuer ce jeu bien longtemps. Et peut-être fis-je la pire erreur qui soit, que je finirais par regretter amèrement. Mes jambes me portèrent d’elles-mêmes vers le lieu du massacre. Je n’eus pas même le temps de penser, de réfléchir à une stratégie envisageable – mes mains entouraient déjà les bras de l’homme à la torche, tentant de lui faire tomber son arme. Un cri de rage déferla de ma gorge, que je ne pouvais plus arrêter. Mais qui étais-je, pour arrêter des hommes aussi dangereux ? Je n’étais qu’une simple rêveuse. Je n’avais aucune chance. Aucune.

-Arrêtez ça, espèces de fous ! Arrêtez !

-Attrapez cette furie !

L’homme se débattait, essayant vainement de me faire tomber de son emprise. Certains villageois semblèrent se réveiller avec mon arrivée, et ils tentèrent de se mesurer, par un élan d’héroïsme insensé, de se libérer du joug de ces crapules. Mais ils n’étaient pas entraînés au combat, et je vis nombre d’entre eux mourir sous les dagues affamées des brigands.

Mes dents vinrent alors férocement mordre le bras de l’homme à la toruche, lui arrachant un cri de douleur. Ce fut peut-être la deuxième erreur que je commis à ce moment-là. La seule chose que j’arrivai à faire était de le faire redoubler de colère, et il me donna un coup violent dans le ventre, qui me courba en deux sous la douleur. Je vis le flambeau tomber doucement à terre, frôlant les pieds de la femme, embrasant en quelques secondes les branches qui caressaient ses pieds. Elle était foutue. Elle allait mourir, et ce serait entièrement de ma faute.

-Non !

-Tu veux la rejoindre, fillette ?!

L’homme m’attrapa par les cheveux, me faisant crier à nouveau, et il me jeta avec violence près de la dame. Ma tête vint se cogner avec force contre sa potence, et je vis une multitude de couleurs danser sous mes yeux. Ma vision faiblissait à mesure que des frissons me parcouraient l’échine, et je tendis la main vers la femme, comme pour la rassurer, mais je ne sus terminer mon geste. J’eus le temps infime de voir Edwin prendre part au combat.

Puis ce fut le noir.




Revenir en haut Aller en bas
Edwin Til' Illan
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Elyssa Cil'Darn
Messages : 140
Date d'inscription : 02/01/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Frontalier - 46 ans
Aptitudes: Résiste au chant marchombre
Edwin Til' Illan
Frontalier



04.12.15 15:41
https://ewilan.forumactif.fr/t2324-journal-de-bord-d-edwin-til-il
    Le maître d’armes était prêt. Sa cible déterminée, il était fin prêt à bondir afin de libérer le garçonnet, avant de régler son compte à l’homme à la torche. Seul face à une vingtaine d’ennemis, d’après ceux qu’il avait pu compter, le pari était risqué. Car s’il ne doutait pas de ses capacités à se défendre, il craignait que ces faces de Raïs ne s’en prennent aux à leurs otages en guise de représailles. Soit, il ne pouvait se permettre de laisser cette pensée parasiter sa concentration. Il attendait l’Instant.
    Maintenant.

    Edwin bondit, pour atterrir juste derrière son objectif. D’une clé imparable au poignet, il contrôla la lame qui menaçait l’enfant. D’une agressive clé au cou, il contrôla le reste du corps de son adversaire, le forçant à s’éloigner du garçon terrorisé.
    C’est au moment exact où il avait agi que Roxane s’était jetée dans la gueule du loup. Alors qu’il avait pensé pouvoir se défaire discrètement de son premier ennemi, afin de ne lancer le véritable assaut qu’au deuxième, la diversion de la jeune femme avait radicalement inversé la situation. La vingtaine de regards ne convergeaient plus vers l’orateur, mais s’étaient brusquement tournés, dans un même mouvement, vers la frêle silhouette qui les invectivait en accourant, et qui s’opposait à l’homme à la torche.

    - Arrêtez ça, espèces de fous ! Arrêtez !

    - Attrapez cette furie !

    La situation lui échappa complètement. Il ne prêta pas attention à l’écœurant craquement qui répondit au mouvement sec qu’il avait donné à son bras. L’homme glissa au sol come une poupée de chiffon, tandis qu’Edwin poussa sans ménagement l’enfant à s’enfuir. Il dégaina son sabre, et se précipita au contact de l’homme qui tentait de se défaire de son alliée. La place n’était plus qu’un désordre sans nom, les villageois harassaient leurs oppresseurs mais, pour nombre d’entre eux, y laissèrent la vie.

    - Elle n’est pas seule !

    La discrétion n’était donc plus envisageable. Avant de parvenir jusqu’à elle, le Frontalier dut se défaire de trois gros bras qui, s’ils n’étaient pas des combattants hors-pair, l’empêchaient momentanément de secourir Roxane. Sa lame entreprit de lui frayer le passage tant convoité. L’agacement se querella avec la froide concentration au cœur de ses pupilles alors que les trois adversaires se complétaient pour le pousser sur la défensive. Et donc à ne pas avancer. Il avait bien remarqué qu’elle n’était pas une combattante, bon sang ! Et ces trois idiots l’empêchaient de la rejoindre.

    - Non !

    Le cri de Roxane agit comme un détonateur en lui. Il passa à l’attaque, tellement rapidement que son mouvement en devint flou. Cette ruée lui avait laissé pour souvenir une légère blessure au flanc, causée par un coup d’estoc qu’il n’avait pu esquiver qu’à moitié afin de pouvoir se défaire proprement de ses assaillants. Son regard s’attacha immédiatement à la chevelure rousse qu’il cherchait, avant même que son dernier adversaire n’ait poussé son dernier souffle. Mais ce n’était pas pour elle qu’elle avait hurlé. Ses yeux verts étaient obstinément fixés droit devant elle.
    Vers un bûcher naissant.

    Dans une folle impulsion, Edwin se rua en avant. Il n’avait pas pu détailler le bûcher, aussi espérait-il que le poteau sur lequel se recroquevillait la femme pour empêcher les flammes de lécher ses pieds cèderait facilement. Roxane aussi était proche du feu. Trop proche, puisqu’elle gisait au pied du tas de branchages combustibles. Ayant replacé son sabre dans son dos, rasant l’homme qui contemplait, un sourire pervers aux lèvres, le feu commencer à rejoindre la potence, le Frontalier bondit, en un mélange de plongeon et de saut en longueur. A la seconde même où les flammes avaient commencé à s’en prendre au bois de la poutre. Si celle-ci s’arracha de terre sous le choc, son poids lui fit perdre ce précieux élan qu’il lui fallait pour atterrir comme il le souhaitait. Se plaçant sous la femme qu’il venait de tirer des flammes, il se reçut lourdement sur l’épaule droite, lui arrachant un cri de douleur. Ses jambes traînèrent une seconde au dessus du feu, mais le cuir qu’il affectionnait tant remplit son rôle protecteur.

    L’ex-homme à la torche ne souriait plus du tout. Il sortit deux faucilles de son ceinturon et se dirigea d’un pas décidé vers le trouble-fête.

    Le maître d’armes se redressa dans un douloureux grognement. Il voulut sortir de nouveau son sabre pour libérer la femme en pleurs des cordages, mais son bras ne répondit pas à sa sollicitation. La douleur de son épaule irradiait dans tout son bras, qui refusait obstinément de bouger. Il ne manquait plus qu’une épaule luxée… Il passa le fourreau au dessus de sa tête avec son bras gauche, et trancha les liens qui entravaient la victime. Il perdit une seconde dans le regard saturé de terreur et de reconnaissance qu’elle lui adressa.

    Doux bruit d’acier. Les deux lames chantaient sous le mouvement que leur imposait le pyromane l’une contre l’autre. Tout en pivotant pour lui faire face, Edwin se releva lentement, le moindre mouvement lui provoquant une décharge. Il allait devoir se débrouiller tout seul pour remettre son épaule en place… et regretta pour le coup l’absence d’un rêveur. D’autant plus que l’œil vil de son adversaire lui laissait comprendre qu’il n’aurait pas le temps de se soigner lui-même.

    Un coup d’œil lui assura que Roxane était encore hors de portée des flammes, mais elle demeurait désespérément immobile. Il profita que l’ordurier personnage se délectait de tourner autour de sa proie, visiblement satisfait de lire la souffrance sur son visage, pour jeter un regard circulaire autour de lui. Sur la vingtaine de bandits, quatre avait péri sous ses attaques. Il ne repéra que trois corps supplémentaires, tués par les villageois… Il chercha des yeux celui qu’il avait identifié comme le chef, mais ne parvint pas à le distinguer.

    - Ca ne sert à rien de chercher à fuir. Tu as voulu jouer, tu as perdu. Viens donc chercher ta mort.

    Edwin le laissa venir à lui. Si ses réflexes dévièrent sans mal l’attaque, la vibration qui en résulta et qui se répandit dans tout son côté droit le fit vaciller. Tant de douleur pour une maudite épaule. Il devait en finir vite. Au deuxième assaut, l’une des deux faucilles s’envola, offrant une arme inespérée à un villageois qui s’en empara. Grognant de frustration, son propriétaire se défit de la seconde pour s’armer d’une courte épée, afin de bénéficier d’une plus grande distance.

    Le Frontalier chassa son arme d’un coup sec, offrant délibérément une ouverture à son adversaire. Un combattant avisé se serait méfié d’une telle facilité. Pas celui-ci. Après tout, le fou n’était-il pas blessé ?
    Le brigand bondit en avant, bien décidé à percer de part en part cet homme qui avait osé retarder son second feu de joie. Mais le maître d’armes, qui avait amené le mouvement de son assaillant comme un marionnettiste, s’effaça sur la droite, et d’un mouvement fluide, lui trancha la gorge.
    L’assaut n’avait duré que deux secondes.

    Sans accorder le moindre regard au corps qui venait de choir, il se remit en marche. La femme qu’il avait libérée n’était pas visible. Il espérait qu’elle fût parvenue à se cacher. Il se força à ne pas rejoindre Roxane. Il n’avait toujours pas pu s’enquérir de son état, mais tant qu’elle restait immobile, elle n’attirait pas l’attention de ces sauvages. Un angle. Il lui fallait un angle de bâtiment. Mais l’action qui abreuvait cette place étroite l’empêchait de parvenir à son but. Aussi se contenta-t-il de faire ce qu’il savait faire mieux que quiconque.
    Se battre.

    Il avait beau perdre quelques précieuses bottes du fait de son handicap, il ignorait la douleur qui grondait sourdement en lui pour tenter de défendre le plus de villageois possibles. Ralenti par ce bras inutile, il récolta quelques blessures superficielles quand les agresseurs, qui avaient décelé le danger qu’il représentait, s’étaient présentés à quatre contre un. Deux d’entre eux gisaient déjà au sol, lorsqu’une vois fit cesser toute action de la part des bandits.

    - Stop.

    Une voix inflexible, qui s’était clairement élevée sans se transformer en cri. La distraction permit à Edwin d’embrocher un dernier ennemi avant qu’il ne se risquât, en dégageant sa lame, à jeter un œil circulaire sur la scène étrangement silencieuse. Il s’immobilisa. L’orateur, le chef, tenait Roxane.
    Une lame sous la gorge.

    - Il semblerait que de nouveaux amis aient souhaité se joindre aux festivités.

    La concentration qui pouvait se lire dans les yeux du Frontalier céda peu à peu sa place à une froide détermination. Cet homme était sa prochaine cible. Son calme, son amusement et sa perversité hérissaient toutes ses fibres. Ces mêmes qualités qui faisaient de cet être un dangereux adversaire. Sans compter l’obéissance aveugle que lui vouaient ses brutes.

    - Pose ton arme, étranger. Ou j’abime cette jolie poupée.

    Obtempérant à sa façon, il planta son sabre dans le corps fraîchement tombé à ses pieds, le visage exempt de toute émotion. Ce qui redoubla le sourire du coordinateur de tout ce massacre. L’homme était malheureusement hors de portée. Et il ne pouvait risquer la vie de Roxane.

    - Bien, bien. Et maintenant tu vas nous suivre sans faire d’histoire.

    Sur la centaine de villageois qui devaient peupler le village, une trentaine était encore debout. Certains étaient sans doute parvenus à se cacher, à l’instar, il l’espérait, de la femme et de son enfant, mais de nombreux corps jonchaient aussi la place.

    Les survivants, Roxane et lui furent escorté jusqu’à la première grange qui leur apparut.

    - Vous allez m’attendre bien sagement ici, j’ai à parler à ces braves gens.

    Il fut vivement invité à entrer le premier dans cette grange exiguë, leurs ravisseurs étant trop prudents pour ne pas se tenir à sa portée. Le corps de la jeune femme inanimée lui fut jeté sans ménagement, ce qui lui tira une grimace de douleur dans tout le côté droit, mais il parvint à la poser plutôt délicatement au sol. La porte de la grange fut refermée, barrée, et la voix enjouée retentit de nouveau.

    - Mes amis, tout le monde à l’auberge ! C’est moi qui invite !

    Les bruits de pas s’éloignant furent les seuls à troubler le silence de mort qui pesait sur la procession. Edwin bouillonnait intérieurement d’être enfermé, mais prit immédiatement le pouls de Roxane, avant de soupirer de soulagement. Il essaya de l’amener à ouvrir les yeux, l’appelant et la secouant, mais rien n’y fit. Il entreprit donc de faire le tour de la pièce. La première chose qui le frappa fut cette poutre verticale, en bois, qui soutenait le toit de la grange. Parfait.

    Il se plaça face à elle, inspira un grand coup et, d’un mouvement sec, écrasa son épaule droite contre elle pour la remettre en place. Un mélange de cri et de grognement lui échappa, avant qu’il s’adosse à la poutre porteuse et se laisse glisser au sol, la vue embuée par la souffrance. Il fit jouer son coude avec précaution. Bon, un bras lourd et engourdi par la douleur, mais un bras retrouvé tout de même.
    Il ne lui restait plus qu’à trouver un moyen de les tirer de là…

Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



19.12.15 13:38
VertigoRoxy feat Edwin

Ce fut d’abord une sensation désagréable qui m’éveilla. Mes yeux étaient clos, alors que je n’avais plus même la force d’ouvrir mes paupières – mais je sentais que tout était devenu bien pire que ce que je ne concevais. Il y avait comme une aura pesante autour de moi, et puis, surtout, ce silence si froid. Qu’était-il arrivé ? J’avais vaguement conscience de m’être évanouie, dans un moment critique que j’avais moi-même provoqué. Peut-être…Peut-être que si je m’étais tenue à distance, si j’avais laissé Edwin faire son travail, rien de tout cela ne se serait passé. Tout ceci était ma faute. Les remords assaillirent ma poitrine. Lourds. Douloureux.

Ce fut par un effort qui me parut surhumain que je finis par tourner mon visage vers le peu de bruit que j’entendais, deux émeraudes scrutant tout à coup l’obscurité. Edwin était là, me tournant le dos, mais je devinais à ses épaules affaissées qu’il n’avait pu maîtriser comme il l’aurait voulu les événements. Oh, bien sûr, le simple fait que nous soyons tous deux isolés dans une sorte de grange était significatif – sans nul doute, nous étions faits prisonniers. Il devait sûrement profondément regretter de m’avoir accompagnée sur le chemin. S’il avait continué sa route seul, il aurait pu davantage sauver des villageois. Je passai une main lasse sur mon visage, tentant de déplier les traits d’angoisse qui y figuraient, et me relevai silencieusement.

-Edwin ? murmurai-je. Que s’est-il passé, au juste ?

J’avançai doucement vers lui, mes yeux baissés vers le sol. Je n’attendais pas vraiment de réponse ; à vrai dire, je serais plus rassurée si j’ignorais la teneur des évènements. Sans mot dire, je m’enfonçai dans ses bras, mon front appuyé sur son torse alors que mes mains s’agrippèrent à sa chemise. Je restai un moment comme ça, luttant vainement pour ne pas laisser échapper quelques larmes. La mort de quelqu’un était douloureux pour un rêveur, peut-être plus que n’importe qui pouvait se le figurer. Alors que nous nous battions sans cesse contre la faucheuse au prix de notre propre vie, alors que nous étions nés pour servir l’humanité en soignant ses plaies, il arrivait que nous soyons impuissants. C’était comme si notre lutte n’avait plus de sens. Comme si toutes ces existences arrachées injustement était le fruit de notre propre poigne. Tout ça parce que nous n’avions su être compétents. Tout ça parce que j’avais ôté ma confiance en ce chef de guerre.

-Je suis désolée…je suis tellement désolée…Tout ça…je n’aurais pas dû. C’est ma faute, entièrement ma faute.

Comment un pardon pouvait réparer les souffrances de toutes ces familles ? C’en était presque ridicule de s’excuser, mais je n’arrivais pas à faire autrement. Je savais que je ne pourrais pas me racheter, que tout ceci était terminé, à oublier – mais en attendant, mon cœur criait, et je ne pouvais l’ignorer.

C’est alors que je remarquai les blessures qui jonchaient le corps du guerrier. Si je n’avais pas su aider tous ces gens comme il se devait, je pouvais au moins l’aider lui, tant qu’il était encore devant moi. Et puis il me fallait quelque-chose pour m’ôter toutes ces images de mon crâne, pour arrêter de ressasser ses remords qui ne nous aideraient en rien. Lentement, je fermai les yeux, glissant sans prévenir mes mains sous les tissus de sa poitrine (…ouais je profite un peu 8D) ; et d’un geste doux, presque maternel, m’immergeait dans le rêve.

-Laisse-toi faire, chuchotai-je.

Il me suffit d’imaginer les plaies blessées guérir, de voir chaque étape que le corps humain ferait de lui-même, mais en bien plus longtemps, pour que je sente sous mes doigts les effets de mon rêve. Lorsque j’ouvris les yeux, Edwin n’avait plus une trace de ses précédentes batailles, sauf peut-être de fines cicatrices qui ne seraient qu’un vague souvenir. Mais je fus incapable de m’éloigner de cet homme. Cette proximité que je recherchai bien souvent me calmait, bien que je ne sache pas réellement si c’était partagé. Ma tête vint à nouveau se reposer sur son torse, mes yeux clos pour m’éloigner de cette antre qui déjà me hantait. Je ne pouvais pas effacer ce qui avait été fait. Cependant, avec un petit effort, je pourrais au moins l’oublier.






Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Edwin Til' Illan
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Elyssa Cil'Darn
Messages : 140
Date d'inscription : 02/01/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Frontalier - 46 ans
Aptitudes: Résiste au chant marchombre
Edwin Til' Illan
Frontalier



09.02.16 22:23
https://ewilan.forumactif.fr/t2324-journal-de-bord-d-edwin-til-il
    Le Frontalier s’était relevé, prenant sur lui pour ignorer la douleur sourde qui pulsait dans tout son bras droit. Il entreprit de faire le tour de la grange, cherchant une quelconque issue. Il s’arrêta face à la lourde porte en bois, barrée de l’extérieur, et laissa ses yeux vagabonder à la recherche de la solution qui lui faisait défaut. Tout à sa réflexion, il n’entendit Roxane approcher que lorsqu’elle prononça son prénom.

    - Edwin, que s’est-il passé, au juste ?

    Vaste question. Il avait tout foiré ? Quelque chose lui disait que ce n’était pas la réponse dont Roxane avait besoin. Avait-il seulement une réponse acceptable à lui offrir ? A voir son regard fiché dans les brins de paille qui jonchaient le sol de la grange, il était tenté de penser que non. Incapable de trouver les mots justes, il la laissa venir à lui et se contenta de la réconforter gauchement, réprimant toute manifestation de son piètre état.

    -Je suis désolée…je suis tellement désolée…Tout ça…je n’aurais pas dû. C’est ma faute, entièrement ma faute.

    Le maître d’armes inspira, sur le point de prendre la parole, mais il renonça à se lancer sur un énième discours traitant de la bassesse des instincts humains. Il opta pour une phrase concise et directe, qui n’attendait aucune réponse. Le genre de phrases qu’il affectionnait le plus.

    - Tu n’as tué personne.

    Il recula d’un pas, tenant la jeune femme – qui n’avait plus rien à voir avec le personnage effronté et rieur qu’il avait rencontré de l’autre côté de la Passe – par les épaules pour mieux accrocher son regard.

    - Tu m’entends ?

    Il suivit le regard émeraude de Roxane qui glissait sur les quelques estafilades qui avaient entamé le cuir de son vêtement. Il s’apprêtait à lui dire qu’il leur fallait maintenant agir, mais sa réaction le prit totalement au dépourvu, puisqu’il sentit deux mains se glisser sous son vêtement. Il demeura interdit quelques secondes, se demandant si elle réagissait ainsi au choc émotionnel, mais la chaleur familière qui reformait sa peau à ce contact lui ôta tout soupçon. Il connaissait cette sensation, pour y avoir eu recours à plusieurs reprises. Elle agissait comme un Rêveur. Du moins, le résultat était le même.

    Le Frontalier était trop abasourdi pour bouger. Immobile, il sentit la douleur de son bras et de son épaule refluer jusqu’à n’être plus qu’un mauvais souvenir. Il voulut lui demander si elle avait fréquenté les confréries de Rêveurs, qui n’admettaient pourtant pas de femmes en temps normal, mais elle s’était de nouveau cachée entre son abondante crinière rousse et son propre torse. Il tut sa question et fit jouer lentement son bras, constatant avec satisfaction que toute gêne s’était évaporée. Un avantage pour la suite des opérations.

    La suite justement. Edwin ne voulait pas troubler la quiétude que Roxane semblait enfin retrouver à son contact, mais il n’avait pas le choix : s’ils ne faisaient rien, le pire arriverait. Il se détacha doucement de la jeune femme.

    - Il nous faut trouver une issue, sans tarder.

    Un grincement se fit alors entendre à l’entrée de la grange. Le maître d’armes ne perdit pas une seconde et se plaça devant la jeune femme. Une voix inaudible se fit entendre, ainsi qu’un nouveau grincement. Comme si quelqu’un tentait de débloquer la porte. Il indiqua à Roxane de rester derrière la poutre, à une distance respectable de l’entrée, et se déplaça silencieusement pour rester dans l’ombre de la porte. Ainsi masqué, il dressa l’oreille et décela une voix féminine qui chuchotait. Un bruit sourd lui indiqua que ce qui avait été utilisé pour bloquer la porte venait de tomber. Grincement, une fois encore. Le Frontalier se força à rester calme, alors que tout son être lui faisait signe du danger qui s’annonçait. La porte s’entrouvrit, lentement. Hésitante, une tête aux longs cheveux bouclés passa par l’entrebâillement. Edwin sentit la tension refluer de ses épaules. La femme qu’il avait sauvée du bûcher. Elle était vivante.

    - Ne restez pas là, je ne sais pas où ils sont mais ils risquent de revenir à tout moment.

    La terreur qui animait sa voix à l’évocation de ce « ils » était presque palpable. Elle était pourtant là, risquant sa vie pour la leur, comme ils l’avaient fait une demi-heure plus tôt.

    Peu démonstratif comme à son habitude, Edwin lui adressa un regard reconnaissant et se glissa le premier hors de la grange. Tout était calme autour de lui. Trop calme. Il s’assura que les deux femmes le suivaient de près et se glissa le long du mur de bois. Contre toute attente, il s’arrêta derrière le bâtiment, à l’abri des regards. Il ne pouvait continuer à foncer tête baissée, cette méthode avait failli leur coûter la vie à tous les trois. Elle avait d’ailleurs coûté la vie à d’autres villageois, mais il évita d’y penser. Personne n’aurait pu prédire ce qui se serait passé s’ils n’étaient pas intervenus.
    Le temps pressait, aussi n’était-il plus question d’avancer à l’aveuglette.

    - Où est l’auberge ?

    Localiser l’ennemi, d’abord. Il avait attrapé la phrase du cinglé au vol : il dirigeait les survivants vers l’auberge.
    La mère désigna un bâtiment du doigt, à quelques dizaines de mètres de la grange.
    Le Frontalier ne s’encombra pas de la pression que la question suivante allait probablement provoquer chez son interlocutrice, il leur fallait avoir le maximum de cartes en main pour pouvoir gagner une chance de survivre au carnage qui se perpétrait ici. Il était tout bonnement hors de question pour lui de s’enfuir sans un regard en arrière.

    - Que veulent-ils ?

    La femme s’agita nerveusement tout en réprimant un sanglot. Edwin commençait à perdre patience; ils n’avaient pas le temps pour les états d’âme. Aussi agrippa-t-il la mère aux épaules pour tenter de focaliser son attention.

    - Que s’est-il passé ?

Revenir en haut Aller en bas
Roxane
Féminin
Âge : 27
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 8130
Date d'inscription : 22/09/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme, 20 ans
Aptitudes:
Roxane
Rêveur__Membre



07.04.16 22:27
VertigoRoxy feat Edwin

Le contact se brisa ; la magie de l’instant n’opérait déjà plus. Le réconfort que j’avais trouvé il y a seulement quelques instants auprès d’Edwin disparut dès le moment où il se sépara de moi. Les choses scellées trouvèrent leur chemin vers mon cœur et à nouveau, l’angoisse et la peine joua avec mes sentiments. Je dus respirer longuement, le regard fixé vers d’autres pensées pour ne pas m’accabler davantage. Ce n’était pas l’endroit pour pleurer. D’ailleurs, les morts jonchaient les souvenirs des vivants depuis une éternité. Je ne pouvais pas m’arrêter ici parce qu’il y en avait quelques-uns de plus. Ils faisaient déjà partie du passé ; l’avenir était encore devant, bien que compromis. Il me fallait me concentrer sur un espoir de fuite. Le reste serait pour plus tard.

- Il nous faut trouver une issue, sans tarder.
-A moins que tu m’aies caché des talents de dessinateur, je ne vois pas comment sortir d’ici.

Avais-je parlé trop vite ? A peine avais-je fini de prononcer mes mots qu’un grincement se fit entendre du côté de la porte, ainsi que le bruissement de quelque voix. Le ou les individus agissaient trop doucement pour être des ennemis ; ils auraient certainement été plus secs, plus vifs s’ils avaient voulu nous infliger une correction, ou nous quémander quoi que ce soit. La question de savoir leur identité importait peu – il nous fallait, avant tout, savoir s’ils seraient avec ou contre nous.

Edwin m’indiqua de me dissimuler derrière une poutre, tandis qu’il se cachait sous l’ombre que lui offrirait la porte, une fois ouverte. Nous retînmes tous deux notre souffle, les boisements de l’entrée se penchant davantage vers nous. Ce ne fut pas un visage débonnaire qui apparut dans l’encadrement, mais bien une femme d’un âge certain, qui nous observait tour à tour, les traits du visage ne sachant se décider entre de l’angoisse ou du soulagement. Je crus reconnaître la femme qui était sur le bûché – et je fus réellement heureuse de voir qu’elle au moins s’en était sortie. C’est même par un pauvre sourire auquel elle répondit par des paroles empressées que je m’adressai à elle. Elle avait raison : nous devions partir au plus vite, avant que quelqu’un se rende compte de ce subterfuge. Qui sait ce qu’ils seraient capables de faire à ces villageois.

Nous sortîmes sans bruit, prenant soin de bloquer la porte à nouveau, feignant ainsi leur présence toujours actuelle dans les lieux. Puis sans tarder, nous nous dissimulâmes derrière le bâtiment, où pas une âme ne daignait errer. On entendait non loin de là des clameurs et des instruments de musique, signe que les brigands fêtaient déjà dignement leur réussite. Mais à voir l’air sévère et décidé d’Edwin, ils ne s’en tireraient pas aussi aisément.

-Bon et bien, on fait quoi maintenant ?

Ma question se perdit dans le vide, bientôt remplacée par une foule d’autres que le maître d’armes adressa à la femme, qui parut troublée par tant d’empressement. Peut-être que la situation lui apparaissait clairement pour la première fois, comme moi il y avait quelques secondes. Mais le ton d’Edwin, peut-être un peu froid et autoritaire pour cette situation, ne parut pas calmer la dame, qui étouffa vainement un sanglot entre ses doigts. Mon pauvre cavalier, si tu savais comme le peuple ne réagissait pas comme ceux que tu commandais peut-être. Il avait d’abord le cœur dans leur bouche avant les idées claires. Répondre après de tels événements étaient beaucoup plus difficiles qu’il ne pouvait se l’imaginer – tout le monde n’était pas habitué à une effusion de sang.

-Imbécile, fis-je simplement.

Je lui décochai un regard presque agacé, mais qui lui témoignait que je prendrais les choses en mains. Je m’approchai de la femme, dégageant doucement ses mains qui dissimulaient son visage. Mes doigts vinrent sécher ses larmes une à une, avant de s’échouer simplement derrière sa nuque, la forçant à me regarder en face. Mes yeux étaient emplis de douceur, de calme, et tout en ma personne dégageait quelqu’un de confiant ; une mère presque, cherchant à réconforter son enfant. J’ignorai ce qu’il s’était passé pour elle, ce qu’elle avait vu – cependant, elle devrait s’efforcer d’oublier cela pour le moment. Comme je devais le faire. Comme je le faisais depuis si longtemps. Oublier, ou du moins croire être capable de pouvoir le faire ; et puis être accablée par les souvenirs. Mais elle ne devait pas savoir. Sa peine durerait longtemps, mais elle devait croire le contraire. C’était la seule solution pour qu’elle parle.

-Je suis désolée pour ce qu’il s’est passé. Je sais que c’était terrible, je sais aussi que tu as perdu beaucoup. Mais tu nous as sauvé, n’est-ce pas ? Tu attendais quelque-chose de nous, je me trompe ? On va libérer ce village, parce que c’est ce que tu désires. Mais on a encore besoin de toi, d’accord ? Encore un peu, et puis tout ceci ne sera plus qu’un mauvais rêve. Aide-nous, et dès demain, tout sera déjà oublié. Tu…t’en sens capable ?

La femme jeta un œil du côté d’Edwin, comme si elle cherchait définitivement sa confiance. Puis elle hocha lentement la tête, se dégageant par la même occasion de mon étreinte. Je lui fis un petit sourire pour qu’elle se laisse aller aux confidences, et c’est par des paroles encore mouillées de larmes qu’elle débuta son discours :

-Mon mari…je lui avais dit de ne pas s’engager là-dedans, mais il n’a rien voulu savoir…Il est…il était ? Il…il est têtu, vous savez…Tellement, tellement… elle fit une pause, comme si elle avait de nouveau s’épancher dans les larmes, mais son visage changea, pris dans une nouvelle force. Il était dans le marché noir. Pour une histoire de dettes, ou pour le confort des villageois, je ne sais vraiment. Je sais que ce n’était pas une mauvaise intention, mais le fait était que tout est devenu rapidement trop cher, et il n’a pas été capable de payer les produits qu’on lui livrait pourtant. Des hommes…Je suis certaine d’avoir entendu des hommes plusieurs fois venir, des inconnus, et je n’ai entendu qu’un ton menaçant. Je crois qu’ils ont voulu le prévenir que s’il ne payait pas, il s’en prendrait à lui, à ceux qu’il aime….Il…il n’a pas dû les croire. Il m’avait dit que tout irait bien, qu’il maîtrisait les choses…Mais…j’ai eu tort de le croire, j’aurais peut-être pu…

-Vous avez fait votre possible. Et vous continuez maintenant à le faire. Nous allons sauver le reste des gens ici…Ils vous devront beaucoup.

J’essayai de la rassurer par un dernier sourire, mais elle n’eut pas le courage d’y répondre. Elle détourna simplement le visage, s’empêchant sans doute de pleurer. Mon attention se vira alors à nouveau vers Edwin, jusque-là silencieux – il devait sûrement être en train d’élaborer un plan. Je croisai mes bras sur ma poitrine, penchant la tête sur le côté d’un air presque curieux, et ouvris à nouveau la bouche pour le questionner :

-Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ? Je nous vois mal nous mesurer à eux. Nous ne sommes pas beaucoup, et les villageois ne sont pas des combattants. Je ne sais pas ce que tu pourrais faire à toi tout seul.




Revenir en haut Aller en bas
Edwin Til' Illan
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Elyssa Cil'Darn
Messages : 140
Date d'inscription : 02/01/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Frontalier - 46 ans
Aptitudes: Résiste au chant marchombre
Edwin Til' Illan
Frontalier



18.04.16 11:43
https://ewilan.forumactif.fr/t2324-journal-de-bord-d-edwin-til-il
    - Imbécile.

    Deux iris argentés se vrillèrent dans l’émeraude qui avait laissé échapper l’insulte. L’inexpressivité y régnait en maître, comme d’habitude, laissant planer sur le visage du Frontalier une certaine froideur. L’émeraude ne se démonta toutefois pas, en dépit de l’étrange silence qui pesait autour d’eux suite à ce simple mot. Même leur triste alliée s’était immobilisée sous le coup de la tension qui claquait au cœur de ce vaste champ de bataille, tant extérieur qu’au sein de leur petit comité.

    Roxane l’observa avec insistance avant de prendre en charge le réconfort de la femme. Incapable de tenir en place alors qu’ils perdaient de précieuses secondes, mais conscient qu’il ne pouvait y échapper, Edwin retint un soupir et sonda les alentours, à la recherche d’une quelconque clé à l’impasse dans laquelle ils se trouvaient.

    - Mon mari…je lui avais dit de ne pas s’engager là-dedans, mais il n’a rien voulu savoir…Il est…il était ? Il…il est têtu, vous savez…Tellement, tellement…

    Les lèvres du Frontalier se serrèrent imperceptiblement. Ce « là-dedans » ne lui augurait rien de bon. Il ne savait juste pas encore à quel point.

    - Il était dans le marché noir. Pour une histoire de dettes, ou pour le confort des villageois, je ne sais vraiment. Je sais que ce n’était pas une mauvaise intention, mais le fait était que tout est devenu rapidement trop cher, et il n’a pas été capable de payer les produits qu’on lui livrait pourtant.

    Sur tous les mauvais choix qu’il avait pu effectuer en occupant la fonction de chef de village, cet homme n’aurait pu faire pire. Les créanciers étaient pires que des charognards, puisqu’ils venaient s’alimenter sur des hommes bien vivants. Il ne perdit pas un seul des détails que la femme d’Elriq leur délivrait, toujours à la recherche de cette solution qui s’obstinait à lui faire défaut.

    - Des hommes…Je suis certaine d’avoir entendu des hommes plusieurs fois venir, des inconnus, et je n’ai entendu qu’un ton menaçant. Je crois qu’ils ont voulu le prévenir que s’il ne payait pas, il s’en prendrait à lui, à ceux qu’il aime….Il…il n’a pas dû les croire. Il m’avait dit que tout irait bien, qu’il maîtrisait les choses…Mais…j’ai eu tort de le croire, j’aurais peut-être pu…

    L’ancien général ne pensa même pas à réconforter leur unique source d’information, trop occupé à croiser les maigres données qu’il avait à disposition, le regard fixement concentré mais tous les sens aux aguets, puisqu’il n’oubliait pas que leur situation était quelque peu… précaire. Il estimait à une quinzaine le nombre de bandits qui avaient survécu à l’assaut mené sur la place. Une quinzaine d’ordures qui détenaient une trentaine d’otages.

    Les propos de Roxane se frayèrent un chemin distrait jusqu’à sa conscience.

    - Nous allons sauver le reste des gens ici…Ils vous devront beaucoup.

    Edwin retint l’unique éclat de rire amer qui faisait pression pour s’échapper de ses lèvres. Ils étaient deux, face à quinze dangereux bandits et une trentaine de victimes à sauver. Il avait beau avoir confiance en sa science des armes, il connaissait aussi les statistiques. Et ce genre d’ordures ne reculait devant rien. Sauf face à plus fort qu’eux. Mais à un contre quinze, la balance jouait invariablement en leur défaveur. A moins que…

    Roxane le tira momentanément de l’idée folle qui germait à son esprit en s’adressant à lui.

    - Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ? Je nous vois mal nous mesurer à eux. Nous ne sommes pas beaucoup, et les villageois ne sont pas des combattants. Je ne sais pas ce que tu pourrais faire à toi tout seul.

    L’intéressé cligna une fois des yeux avant de croiser le regard de la jeune femme avec toute sa concentration. Durant ce simple battement de cils, l’acier de son regard s’était affermi dans un éclat de froide détermination, animé par une lueur indéchiffrable, mais presque animale.

    - Eux aussi l’ignorent. Et c’est là-dessus que je vais jouer.

    Jouer. Etrange verbe pour une telle situation. Jouer sa vie, assurément. Jouer un rôle en même temps que son espérance de vie. Il se tourna vers la femme qui avait plus ou moins repris ses esprits, espérant que son sauvetage du bûcher lui accorderait la confiance nécessaire pour son projet.

    - Ecoutez… Je suis conscient que nous vous en demandons beaucoup compte tenu des circonstances…

    Il avait horreur d’envelopper ses paroles, de ne pas aller droit au but, mais Roxane lui avait clairement démontré que son pragmatisme n’était pas très bien reçu de la part de la récente veuve. Choisissant ses mots avec la même assurance que s’il marchait sur des œufs, il continua lorsqu’il fut certain qu’il avait accroché le regard de leur protégée.

    - Mais je vais avoir besoin de votre aide. Pour vous débarrasser une bonne fois pour toutes de ce fléau.

    Devant le regard empli d’espoir et de gratitude qui émanait progressivement des pupilles de la femme, Edwin coupa court à sa réaction.

    - C’est plus que risqué. C’est carrément suicidaire même, ajouta-t-il pour lui-même, mais sa vie avait été jonchée de situations désespérées dans lesquelles l’adjectif « suicidaire » avait souvent rimé avec « salvateur ». C’est pourquoi j’ai besoin de savoir si vous me faîtes confiance. Je vais avoir besoin de vous, et de votre confiance. Quoiqu’il arrive.

    Et de mon sabre, qui est resté planté au beau milieu de la place.
    Il tut ce détail – qui n’en était décidément pas un pour lui – pour ne pas affoler davantage ces mines à la fois curieuses, concernées et… foncièrement inquiètes.

    - Roxane, emmène-là, rejoignez les chevaux et partez chercher les survivants qui sont aptes à se battre. Je vais avoir besoin d’aide pour venir à bout des bandits qui gardent les prisonniers. Faites au plus vite. Il doit rester des armes sur la place.

    Edwin était bien conscient que le temps qu’il allait devoir tenir son personnage était une donnée essentielle. Plus longtemps il allait devoir le vendre, plus de faux-pas il pouvait commettre. Car de cette vraisemblance dépendait leur survie, à lui et aux villageois enfermés. Il espérait au moins pousser la comédie jusqu’à offrir le temps aux villageois prisonniers de se libérer.
    Le Frontalier sembla chercher quelque chose autour de lui, avant de se souvenir de l’arme blanche que Roxane avait instinctivement saisie en le rencontrant.

    - Tu me prêterais cette dague ? J’ai besoin d’une arme discrète.




    La porte de l’auberge s’ouvrit à la volée, avant que la voix du maître d’armes ne résonne comme un glas sur l’assemblée.

    - Tu m’as mis en colère, tout à l’heure, Janek.


Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
Sauter vers: