Mon personnage Sexe et âge: Homme de 32 ans Aptitudes: Maîtrise du don du dessin et très doué avec les armes. Séducteur
Caym Cali
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13.12.15 13:11
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Elyssa
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14.12.15 11:05
Je frémis sous l’assaut des bourrasques. Ces rafales de vent, lourdes de menaces, qui viennent de se lever et me taquinent sans parvenir à me faire ployer. Je reste de marbre, tandis que tout autour de moi est charrié, bousculé, ébranlé. Je suis inflexible, le menton relevé dans un air de défi. Tout semble fragile autour de moi, alors que je suis inébranlable. Ca se lit dans mes yeux, d’ailleurs. Ils ont sans doute la même teinte que toute cette grisaille qui fait grincer les meubles, envoie voler mes cheveux et hurle autour de moi. J’ai l’impression que la pièce est trop confinée, mais je n’en ai que faire. J’ai l’impression que j’ai mes raisons d’être en colère, mais je les ai déjà oubliées. J’ai la sensation de personnes autour de moi, mais je n’arrive pas à déceler qui m’entoure.
Sans savoir pourquoi une terrible tempête sévit autour de moi sans m’occasionner plus de dégâts qu’une désastreuse coupe de cheveux, je ne ressens plus rien. Je m’en remets simplement à l’impétuosité du spectacle qui se déroule sous mes yeux sans me concerner. La rumeur enfle, prometteuse. Je me languis déjà du clou du spectacle.
La jeune dessinatrice fut extirpée de sa transe par la colère de son camarade.
- Tu vas te calmer sale fille de Ts’lich ?! Tu te prends pour quelle maudite princesse ?! Tu crois que tu peux faire des pas sur le côté quand bon te semble sans en avertir ceux que tu embarques avec toi ?! NON !
Elyssa oublia instantanément toutes les raisons de la rancœur de Caym – elle était pour le moment incapable de les entendre – pour ne retenir que ses insultes. Le taux d’électricité dans l’air allait croissant sous l’influence de ces deux débordements de colère, tandis que le vent continuait de s’époumoner autour d’eux. Car si Elyssa ne contrôlait pas consciemment son dessin, elle restait avant tout sensible à toutes les émotions qu’elle s’appropriait en laissant ses sens éponger la fureur qui animait tous les acteurs de cette scène.
- Parce que tu as toujours eu avec une facilité déconcertante tu te crois meilleure et que tu peux te comporter ainsi ? Tu as mis ma vie en danger ! Tu ne te contrôle pas ! Tu es une garce impolie et incapable de faire le moindre effort sur toi ! Je pensais que tu avais enfin réalisé la fragilité de la vie mais il semble que tu sois aveugle à ce qui t’entoure et hyper égocentrique. Alors prépare-toi !
Le vent gonfla, gonfla encore, jusqu’à envahir la pièce entière. Elle sentait pourtant que ce dernier phénomène n’était nullement sa faute, même inconsciemment. En revanche, les yeux du Dessinateur reflétaient sa concentration. Il s’efforçait d’élargir son dessin. Se rendait-il seulement compte de ce qu’il faisait ?
De grosses gouttes, annonciatrices d’une pluie d’orage, commencèrent à choir du plafond, sous le cri hystérique de la propriétaire des lieux. Elyssa était incapable d’influer de nouveau sur les éléments : ses dessins « d’émotion » lui échappaient déjà d’ordinaire ; cette fois il ne lui appartenait même plus.
- Je suis une garce impolie ? Tu n’es qu’un petit con manipulateur ! Que dis-je ? Un GROS con manipulateur !
Sans crier gare, une fois de plus, l’Imagination se rouvrit à sa colère. En une seconde, elle repéra la création, et s’en empara de nouveau. Presque consciemment. Elle n’avait pas eu le temps de réfléchir, mais voyait pour une fois clairement le dessin dans les Spires. Ou plutôt le gouffre qui s’y trouvait. Tandis que les deux dessinateurs s’arrachaient la création, un éclair, puis deux, fendit l’air à quelques centimètres d’eux. Sous leur dispute, les éléments devinrent tout bonnement incontrôlables. Les tableaux se décrochaient des murs pour voler dans les escaliers, les commodes se renversaient, les éclairs frappaient sans relâche.
- Tu n’apprécies pas ma façon de me déplacer ? Et bah débrouille-toi pour rentrée à l’Académie, ça te fera les pieds !
En réponse à son exclamation, un éclair vint le frapper. Elle ne l’avait pourtant nullement dirigé. Il restait toutefois stoïque ; l’avait-elle rêvé ? Tout à leur fureur, les deux dessinateurs ne se rendaient pas compte qu’ils mettaient leur vie en danger, car leur création leur échappait totalement. Un sourire mesquin prit possession de ses lèvres. Elle n’avait qu’à le laisser là, en tête à tête avec son horrible mère. Qui saurait à coup sûr lui faire payer les dégâts occasionné sur ce palier. Et puis, elle allait être en retard à son cours préféré à cause de ses conneries !
Un magnifique bras de foudre vint s’abattre à l’endroit exact où elle se tenait. S’était tenue. Une fois de plus, un pas sur le côté lui avait sauvé la vie.
Sur le palier, il ne restait d’elle que la délicate odeur de son parfum, charriée par le vent.
♦
Sans personne pour la distraire, son pas sur le côté l’amena directement dans la pièce où devait commencer le cours de Jil’ Falkhu. Une étrange apparition pour les élèves présents et leur professeur : les cheveux presque dressés sur la tête, de lourds cernes sous les yeux, une pâleur inquiétante, un sourire exsangue flottant sur ses douces lèvres… Elyssa perdit connaissance. On jurait avoir entendu l’air crépiter…
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Caym Cali
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23.12.15 14:32
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Elyssa
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14.01.16 10:28
Elyssa ouvre les yeux. Elle se sent terriblement faible. Pire qu’un lendemain de soirée trop arrosée. Une gueule de bois sans avoir bu, en somme. Tous les inconvénients sans les avantages.
Après avoir cligné plusieurs fois des paupières, dans un vain espoir de se faire à cette violente luminosité, elle entreprit d’observer la pièce. Elle mit de longues secondes à reconnaître l’infirmerie de l’Académie. Elle n’eut pas le temps de rassembler ses derniers souvenirs qu’une voix désagréable lui vrilla les tympans.
- Te voilà réveillée, il n’est pas trop tôt ! Je m’en vais chercher le guérisseur.
Un maigre trait narquois vint étirer ses lèvres. Pas de spectateur, pas de mère modèle. Elle se trouvait définitivement en terrain connu, malgré son incapacité à situer les événements récents.
Les deux silhouettes ne tardèrent pas à reprendre possession de son espace. Tout en l’auscultant sommairement, le guérisseur l’interrogea :
- Mademoiselle Cil’ Darn, vous souvenez-vous de la raison de votre présence ici ?
Elle grommela une réponse négative, amusée par le soupir exaspéré que cette attention portée à ne pas articuler provoquait chez sa mère.
- Vous vous réveillez d’une dépense trop importante d’énergie, due à un dessin trop gourmand. Mais pourquoi elle me regarde comme ça ? Je sais bien que l’accès libéré aux spires est enivrant, mais ne forcez pas trop. Bien, vous êtes en pleine forme. Ils n’avaient apparemment pas la même définition de l’expression. Je vais vous préconiser encore quelques jours de repos chez vous - la bonne blague ! - et vous pourrez faire votre grand retour parmi nous ! Tâchez juste de vous tenir loin des Spires pendant encore un jour ou deux.
L’homme ne s’était apparemment pas rendu compte de son hasardeuse association des mots « repos » et « maison » puisqu’il s’éloignait avec une moue satisfaite. Etonnamment, sa mère semblait pressée de la raccompagner à la maison. Ce pressentiment n’augurait rien de bon pour elle.
♦
La première chose qui frappa Elyssa à la sortie de l’infirmerie fut le bruit. Non pas que les couloirs soient silencieux en situation ordinaire, mais le bruit d’aujourd’hui ne sonnait tout simplement pas de la même manière. L’Académie semblait secouée par un état de liesse générale. Les élèves parlaient encore plus fort que d’habitude, les professeurs déambulaient tout sourire parmi eux, et les dessins éphémères envahissaient l’air.
C’est alors que les paroles du guérisseur lui revinrent en mémoire. « Je sais bien que l’accès libéré aux spires est enivrant » Bien trop occupée à analyser la posture de sa mère, elle n’avait prêté qu’une oreille distraite aux paroles de l’homme. Les Spires étaient libres. Malgré son absence de véritable don en dessin, elle ne pouvait, en tant qu’élève de l’Académie, qu’imaginer à quel point la nouvelle était salvatrice pour les Alaviriens. A son échelle à elle, bien plus modeste pour l’heure – mais elle ne désespérait pas de devenir Sentinelle, la maîtrise de son don lui prenait juste plus de temps, voilà tout – elle devinait qu’enchaîner plus de deux pas de côté n’aurait bientôt plus de secret pour elle. Le large sourire qui s’épanouit sur ses lèvres, parfait reflet de l’humeur ambiante, s’évanouit bien vite dès lors qu’il eût croisé les lèvres pincées et le regard incisif de sa génitrice. Quelques jours de repos, hein…
♦
- Alors ? Je t’écoute. Qu’as-tu à dire pour ta défense cette fois ?
La question avait explosé dans l’ambiance feutrée de l’entrée des Cil’Darn, bien que sa mère n’ait que légèrement haussé le ton. L’acidité de sa voix valait bien les décibels de la rumeur d’une section de Raïs marchant au combat. Incapable de lui répondre, la dessinatrice se contenta de la fixer en plissant les yeux. Non pas qu’elle perdait ses moyens dès qu’on haussait le ton avec elle, loin de là, mais elle ne voyait tout simplement pas ce qu’elle avait à se reprocher.
- Tu crois que c’est en jouant les innocentes que tu vas éviter de me rembourser les dégâts sur mon palier ?!
Mais qu’est-ce qu’il lui prenait à cette hystérique ? Trop fatiguée pour laisser éclater une nouvelle colère, la soi-disant fautive choisit sa seconde option favorite. Le sarcasme.
- Ecoute, « maman » - mot qu’elle prononçait toujours avec une voix bosselée, comme s’il lui écorchait les lèvres ; mot qui avait le don d’accroître la colère de l’intéressée – je n’ai aucun indice sur la raison de ta crise de nerf. Le guérisseur m’a prescrit du repos, c’est envisageable tu crois ?
La jeune fille faillit flancher sous l’assaut de la colère noire qui anima les traits de sa mère en guise de réponse. Faillit. Car flancher n’était pas compatible avec son entêtement ni son caractère.
- Un indice ? Tu as besoin d’un indice alors que tu es l’unique responsable de la démolition de ma maison ?
Elle tira sans ménagement sa fille par le bras en direction des escaliers. Elle avait omis de préciser que la jeune fille n’était pas la seule responsable du carnage, mais dans son esprit elle était bel et bien l’unique coupable, comme toujours.
Dès que les plus hautes marches lui offrirent la vue du palier, Elyssa s’immobilisa. Il manquait de nombreuses pièces de décoration, un cadre gisait au pied du mur, des traces d’humidité résidaient à plusieurs endroits… un carnage. Qui détonnait particulièrement avec l’obsession d’ordre et de propreté de la matriarche.
La brunette haussa un sourcil éloquent.
- Tu as invité des Raïs en mon absence ?
Peut-être avait-elle légèrement dépassé les limites avec cette dernière boutade. La rambarde qu’heurta sèchement son dos lorsque sa mère, excédée au point de vouloir en venir aux mains, la bouscula au passage, le confirma.
♦
Je frémis sous l’assaut des bourrasques. Ces rafales de vent, lourdes de menaces, qui viennent de se lever et me taquinent sans parvenir à me faire ployer. Je reste de marbre, tandis que tout autour de moi est charrié, bousculé, ébranlé. Je suis inflexible, le menton relevé dans un air de défi. Tout semble fragile autour de moi, alors que je suis inébranlable. Ca se lit dans mes yeux, d’ailleurs. Ils ont sans doute la même teinte que toute cette grisaille qui fait grincer les meubles, envoie voler mes cheveux et hurle autour de moi. J’ai l’impression que la pièce est trop confinée, mais je n’en ai que faire. J’ai l’impression que j’ai mes raisons d’être en colère, mais je les ai déjà oubliées. J’ai la sensation de personnes autour de moi, mais je n’arrive pas à déceler qui m’entoure.
Ses cils papillonnèrent un moment avant qu’elle n’ouvrît les yeux à la rencontre de l’obscurité de sa chambre. Ce rêve la marquait étrangement, bien qu’il ne lui en restât que des bribes de sensations embrumées. Elle avait l’impression d’avoir réellement vécu la scène.
Elle repoussa ses couvertures et se leva, légèrement chancelante. Sa décision fut vite prise : vite, l’Académie. Mais avant, rien de tel qu’un bon bain chaud pour se redonner des forces.
♦
- Nous n’en resterons pas là, Elyssa. Et je te préviens, tes notes ont intérêt à rattraper tes frasques !
Elyssa pinça les lèvres pour ne pas relever la menace d’un « Sinon quoi ? » désabusé, et se prépara mentalement à effectuer le pas sur le côté qui la sauverait de cette maison de fous. Elle n’avait qu’aperçu son père, comme d’habitude, mais ne s’en formalisa pas. C’est alors que la phrase du guérisseur lui revint en mémoire : « Tâchez juste de vous tenir loin des Spires pendant encore un jour ou deux. ». Après tout, une promenade dans les rues de la ville ne lui ferait que du bien.
Avant qu’elle n’eût refermé la porte derrière elle, la voix de sa mère résonna une dernière fois dans l’entrée. - J’espère au moins que tu réserves le peu de décence que tu as pour t’excuser auprès de ce charmant jeune homme que tu as failli tuer ce jour-là.
Elyssa s’immobilisa. De quoi parlait-elle encore? Spontanément, les traits de Caym, déformés par la colère et rendus flous par la violence de l’orage qui les enveloppait, s’imposa à son esprit. Elle avait la désagréable sensation que les pièces d’un puzzle dont elle ignorait l’existence se recollaient malgré elle.
- Et, avant que je n'oublie, la prochaine fois que tu ramènes un garçon dans ta chambre sans me demander la permission, je te mets à la porte. Ma maison n'est pas un lupanar.
Incrédule, la jeune Dessinatrice cherche une faille quelconque sur l'expression de sa mère, comme si elle cherchait l'ombre d'une mauvaise blague. Mais sa mère était on ne pouvait plus sérieuse. Qu'est-ce qu'elle racontait encore? Lors de leur pas sur le côté, Caym et elle avaient atterri sur le palier. Après tout, elle avait probablement juste extrapolé. Elle claqua la porte plus qu’elle ne la referma et prit le chemin de l’Académie.
♦
Le trajet jusqu’à l’Académie lui permit de réfléchir et d’être sûre de deux choses : elle devait être en partie responsable du carnage du palier, de près ou de loin, et ce carnage était, de près ou de loin, lié à Caym. La voilà bien avancée, mais c’était déjà mieux que rien au vu de son état et de son ignorance complète des événements récents.
Une fois parvenue à l’intérieur de l’établissement, elle put constater que si la bonne humeur était toujours de rigueur, les couloirs s’étaient un peu aérés avec la reprise des cours. Elle passa par la case Intendance pour signaler son arrivée – ou son absence, elle n’était plus tout à fait sûre de sa démarche – et eut la surprise d’apprendre sa convocation chez Maître Elis, le responsable de sa promo.
Elle avait la désagréable sensation que les ennuis ne faisaient que commencer.
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Caym Cali
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31.01.16 16:32
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Elyssa
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08.03.16 14:12
Comme un automate, la jeune fille traversa les différents couloirs qui la séparaient du bureau de Maître Elis. Elle qui considérait l’Académie comme le foyer le plus accueillant qu’elle eût jamais connu se sentait aujourd’hui comme une étrangère. Elle avait l’impression de s’être absentée pendant des semaines, alors que seuls quelques petits jours l’avaient mise sur la touche. Pour ne pas arranger les choses, elle avait du mal à se faire à la nouvelle ambiance de joie diffuse qui se répercutait sur les murs. Elle avait complètement raté ce moment. Le Verrou avait éclaté, et elle avait raté ce moment. Par conséquent, elle n’arrivait presque pas à comprendre le bonheur des Dessinateurs. A moins que cette nouvelle situation ne lui permette enfin de Dessiner. Réellement.
Elle en était à ces réflexions lorsqu’elle arriva à destination. Elle frappa à la porte ouverte et tira le professeur de sa lecture.
- Entrez, Elyssa, et asseyez vous je vous en prie. Comment allez-vous ?
Persuadée qu’elle avait été convoquée pour se prendre un savon monumental, la jeune fille dessina tant bien que mal un faible sourire pour lui répondre poliment.
- Ca va mieux, merci. - Bien, bien, répondit-il en se frottant les mains. Je ne vais pas tourner autour du pot pendant des heures, jeune fille. Votre malaise et votre absentéisme récents m’inquiètent.
Interdite, redoutant la suite de ses propos, Elyssa se composa un visage indéchiffrable, dans une posture purement défensive. - Tout va bien ?
Imperceptible soupir.
- Oui, Maître Elis, pardon pour ce petit… passage à vide. Quelques soucis personnels mais rien de bien inquiétant.
J’ai juste tué un homme, ajouta-t-elle pour elle-même dans un sourire rassurant.
- Bien, bien. Car j’ai le regret de vous annoncer que vos résultats de ce dernier mois sont en baisse. De manière assez marquante pour que je vous en parle aujourd’hui, de façon à ce que vous puissiez y remédier dès maintenant.
Elyssa acquiesça. C’était bien sa fête, tout compte fait.
- Il va falloir en plus rattraper votre retard de cette dernière semaine, mais je suis tout à fait serein. Ah oui ? Pourquoi ne partageait-elle pas cet état d’esprit ?
Néanmoins, elle fut rassurée de constater que sa mère n’avait apparemment pas ébruité son dernier chef d’œuvre. Elle avait toujours prêté toute son attention à la réputation de la famille.
- Bien sûr.
- Vous n’êtes pas sans savoir que le verrou ts’lich a cédé. J’espère donc que cette nouvelle vous apportera le soutien nécessaire pour vous remettre d’aplomb et vous remotiver. Tout le monde connaît des petites baisses de forme, mais sachez que vous pouvez venir me trouver quand vous le souhaitez si jamais vous ressentiez le besoin de parler.
Pour le coup, Elyssa peina à trouver que répondre. Elle n’avait juste pas l’habitude de faire face à tant de sollicitude. Elle balbutia un vague « Merci », perdant momentanément l’aplomb qu’elle se composait habituellement, avant que le professeur ne prît congé d’elle.
En sortant du bureau, Elyssa reprit pleinement conscience de ce que représentait l’Académie pour elle. Elle avait eu tendance, ces derniers jours, à perdre de vue la chance et le bonheur que lui offrait ce nouveau chapitre de sa vie, mais se promit de sortir la tête de l’eau pour ne pas perdre sa place ici.
♦
Elyssa avait passé la matinée à courir à droite et à gauche pour essayer de récupérer les cours qui lui manquaient. Elle jonglait entre les camarades qui pouvaient lui prêter leurs notes et les professeurs qui pouvaient lui rendre des copies ou lui demander des devoirs de rattrapage. Elle parvint à ne pas arriver en retard au cours d’histoire du Dessin grâce aux pas sur le côté qui lui avaient permis d’éviter de traverser toute l’Académie à chaque démarche. Elle se sentait encore un peu fatiguée, mais Maître Elis avait su trouver les mots qui manquaient à sa motivation. Elle se devait de réussir cette année et, le verrou ts’lich disparu, ce n’était que plus de possibilités qui s’ouvraient à elle.
Elle prit donc place dans une classe à moitié vide, sous l’œil mécontent du professeur.
- Bien. Au vu de vos résultats, je vais consacrer ce cours à la correction de votre devoir sur Merwyn. Je m’excuserais bien du temps passé avant de vous le rendre, mais vous comprendrez dès que vous aurez les copies en main qu’il m’a fallu de longues heures de correction.
Le message était bien passé. Quelques élèves gigotèrent sur leurs chaises, mal à l’aise. Elyssa avait pour sa part complètement occulté cet événement, et grimaça en voyant la note que lui tendait le professeur.
- Mademoiselle Cil’ Darn, je préfère vous avertir que l’humour ne saurait masquer vos lacunes. Ainsi pourrons-nous tous les deux espérer une progression au prochain devoir.
La jeune fille entrouvrit les lèvres, imperceptiblement, mais retint le souffle qui s’apprêtait à délivrer une réponse cinglante à ce professeur qu’elle n’avait jamais su apprécier. A la place, elle redessina sa bouche d’un fin sourire entendu, bien que son regard ne sût pas accompagner ce nouvel élan.
- Bien sûr, maître, je m’en souviendrai.
Sa nouvelle résolution devait bien s’agrémenter de quelques sacrifices. L’heure de cours qui suivit était parfaite pour le lui rappeler. Tout comme la référence que leur vit le maître à propos des entretiens individuels, qui avaient lieu le surlendemain. Encore un détail qu’elle avait totalement occulté.
♦
A la pause déjeuner, Elyssa entreprit de chercher Flynn, mais ne put le trouver. Elle était consciente d’avoir érigé un mur entre son petit ami et elle récemment, et espérait recoller les morceaux. Mais le beau brun n’était visible nulle part. C’est sur le temps libre que lui offrait son unique cours de l’après-midi qu’elle parvint à le croiser, au détour d’un couloir.
- Te voilà enfin ! Je te cherche depuis des heures ! l’accueillit-elle avec un sourire sincère, le premier, peut-être, de la journée.
Mais Flynn arrêta le mouvement qu’elle amorçait vers lui d’un geste. - Au moins tu vois ce que ça fait de ne pas croiser ta petite amie de la journée. Et encore, j’aurais bien aimé que tu me cherches encore quelques jours, juste pour te rendre compte.
Le sourire de la jeune dessinatrice s’évanouit pour faire place à une mine concernée.
- Je suis désolée Flynn, j’ai…
- Te fatigue pas, la coupa-t-il, j’en ai assez. Assez de te chercher, même quand tu es là à côté de moi.
- Qu’est-ce que tu veux dire ? - On s’entendait plutôt bien, toi et moi. Enfin, c’est ce que je croyais. Et puis il y a eu ce type, et tu me files entre les doigts depuis que tu le fréquentes.
Elyssa ne joua pas les innocentes, elle voyait clairement de qui Flynn parlait. Elle lui en voulait juste de la façon dont il envisageait leur relation. Mais comment lui expliquer que Caym n’était en aucun cas un potentiel concurrent quand tous les signes jouaient en sa défaveur ?
- Ecoute, j’ai horreur de ce type de phrase, mais ce n’est pas ce que tu crois. Caym est juste un ami. Et encore, je ne suis pas bien sûre de vouloir continuer à le fréquenter. Tu n’as rien à craindre de lui, crois moi. Je suis et je reste exclusivement tienne, Flynn. Je suis sincère.
Le jeune homme était clairement partagé entre l’envie de la croire et la désillusion. - Je dois y aller. J’ai encore cours.
Et il la planta là sans plus de cérémonie, l’air affecté par cette entrevue mais décidé à ne pas regarder derrière lui. A ne pas voir les larmes qu’il faisait couler sur le visage de la jeune fille. Elle essuya bien vite ses yeux et redressa le menton, ayant aussi retrouvé aujourd’hui la volonté de ne laisser personne voir ses failles. Elle avait juste un dernier point à régler avant de pouvoir pleinement se redonner les moyens d’avancer.
♦
Ayant retrouvé plus vite qu’elle en le pensait son influence auprès de ses camarades et des résidents de l’Académie, elle fut informée que le garçon qu’elle cherchait était en quelques sorte collé par leur professeur d’histoire. Elle n’eut pas à l’attendre longtemps, appuyée avec élégance, comme toujours, contre le mur du couloir, à côté de la porte de la salle.
- On devrait parler. En tout cas, j’ai à te parler.
Elle n’était pas encore vraiment sûre des mots qu’elle allait devoir choisir. Comme toujours, quand on en revenait à Caym. Il avait le don de déconstruire tous les codes qu’elle avait su s’approprier, la laissant presque vulnérable. Elle haïssait ce manque de contrôle, et tendait à haïr par la même occasion le principal fautif. Elle prit une inspiration, prête à en découdre dans ce couloir désert, lorsqu’un détail eut le pouvoir de lui faire froncer les sourcils. Depuis quand Caym portait-il des chemises aussi bien coupées ? Aussi… chères ? Ni une, ni deux, Elyssa joua sur la surprise pour pousser le dessinateur contre le mur en face d’elle. Lui faisant toujours face, elle se mit sur la pointe des pieds, même si ses talons lui permettaient de conserver une taille déjà pratique, et entreprit de retourner le col de Caym, pour s’assurer de la marque du vêtement. Depuis quand Caym portait-il des vêtements de la boutique de ses parents ? Le regard farouche, elle relâcha le tissu, sans trop s’éloigner de lui. Pas tant qu’il n’aurait pas répondu à sa question muette. Pas tant que cette colère n’aurait pas décru.
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Caym Cali
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19.03.16 18:58
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Elyssa
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13.04.16 23:22
La colère de la jeune dessinatrice allait croissant au fil des secondes que mettait Caym à réagir, avant d’avorter, sous le coup de la surprise, lorsqu’il la plaqua à son tour contre le mur opposé. Son détestable camarade appliquait à la lettre la plus primitive des lois ; la loi du talion. Sauf qu’il profitait de sa position de force pour laisser ses mains sinuer jusqu’à sa nuque et sa taille. La surprise, l’incertitude, un frisson d’émotions antinomiques, la crainte même, ainsi qu’un nouvel élan de colère noire se disputèrent au creux de sa gorge et de son ventre. Son corps n’était plus que tension sous l’assaut de toutes ces sensations opposées. Une retenue méfiante, une violente fierté, une attention électrique… Tout se mêlait en une incroyable énergie, bridée jusqu’à la limite de l’implosion par la prise du dessinateur.
Elyssa cessa toute tentative de s’extirper de la poigne doucereusement menaçante. Le dessin trouva sans mal son chemin, dans les Spires fraîchement libres et dans le regard azuré de Caym. Oppression. Une brume sombre, de faible consistance d’abord, glissa à leurs pieds, se mouvant le long du couloir. Sa créatrice ne s’en soucia pas. A vrai dire, elle n’en avait même pas conscience, puisqu’elle se préoccupait surtout de relever son fin menton en une moue définitivement provocatrice. Et maintenant ? suggérèrent ses prunelles cerclées d’argent.
- Je ne pensais pas t’avoir manqué à ce point Cil’Darn. Mais si c’est véritablement ce que tu désires, je pense pourvoir te combler…
Sous l’action conjuguée de ses paroles et de sa caresse, les iris de l’Alavirienne prirent la teinte du granit et fixèrent, presque sans le voir, leur interlocuteur. Et l’ombre s’épaissit, commençant par la même occasion à envelopper la silhouette des deux Dessinateurs, dans une urgence difficilement explicable. Cali s’approcha encore, si ce fût possible, et la pression s’alourdit d’un poids supplémentaire sur les épaules de sa proie. Cette brume lui pesait tout autant que cet odieux égal, elle qui semblait se gorger d’encre de Chine à mesure qu’elle absorbait les émotions de son initiatrice, laissant cette dernière harassée et perdue. Que se passait-il ? A quoi jouait Caym ? Elle n’aurait su dire s’il avait conscience de la menace qui affleurait sur leurs échines, remontant vertèbre par vertèbre pour assoir sa suprématie. Toujours était-il qu’il ne réagit pas franchement à ce danger inédit.
La brume se dispersa progressivement à mesure que le Dessinateur lui rendait son espace vital, jusqu’à ne plus subsister que sous la forme d’un quelconque brouillard hivernal. Elle l’observa arranger sa chemise, interdite face au phénomène auxquels ils venaient d’échapper et qui ne lui avait laissé, du moins lui semblait-elle, qu’une sensation d’angoisse et d’épuisement. Seuls témoins de la scène, ses iris avaient conservé leur teinte basaltique.
- C’est… un cadeau. Un présent de… maman.
Il semblait particulièrement fier de sa répartie, mais la jeune fille se contentait de le fixer d’un air altéré. Elle avait l’impression qu’elle devait réagir, sûrement se mettre en colère ; peut-être l’eût-elle-même giflé si elle n’avait pas été aussi étrangère à elle-même. Mais elle se contenta de le fixer, la pensée ralentie par ce qui venait de se produire dans son état de semi-conscience, replaçant machinalement son blouson de cuir, dans un geste qu’elle avait répété jusqu’à l’automatisme.
- On doit parler, je suis d’accord. Mais j’ai à faire Cil’Darn. Donc soit tu m’accompagnes rapidement, soit on voit ça plus tard.
La brume avait disparu. Elyssa s’en était rendu compte car ses pensées commençaient à tourner de nouveau dans son esprit, quoique toujours parasitées par l’incompréhension qui planait sur elles et par la désagréable sensation qui découlait de tout cela. Deux prunelles de nouveau actives se plantèrent dans le regard saturé d’orgueil du dessinateur. Mais comment avait-elle pu tenter d’approcher ce type ? Au moins cette étrange brume lui avait-elle offert une prise de conscience : depuis qu’elle avait abordé ce gars, au réfectoire, les emmerdes s’étaient déversées sur elle comme un seau d’eau glacée. Il y avait eu cet homme, à l’auberge, celui qu’elle avait…tué. Cet orage ensuite, dont elle ne conservait que des souvenirs flous, mais dans lesquels elle était sûre de l’implication de Caym. Et maintenant, ça. Mais qui était-il ?
Devant l’inactivité apparente de la brunette, Caym se mit en marche dans l’optique de la laisser su place. Dans un geste impulsif, Elyssa retint son bras, sourcils délicatement froncés et paupières plissées. Elle avait un besoin viscéral de réponses. Sans oublier que le dessinateur semblait pressé, elle annula la distance qui les séparait d’un pas presque assuré, et le suivit.
- Que s’est-il passé ? Je veux dire… l’orage.
Le regard qu’elle posa sur lui en énonçant sa question valait tous les apaisements possibles, puisque toute trace de colère s’était évaporée dans son dessin inconscient. Elle paraissait concernée et démunie mais malgré tout, conservait son maintien altier. Seuls ses bras croisés devant elle dans le but de réprimer un éventuel frisson tranchaient avec sa fierté apparente.
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Caym Cali
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19.04.16 10:47
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Elyssa
NEWBIE
18.05.16 13:17
Devil Like You ♪
Etonnamment, comme si sa propre lassitude avait déteint sur son camarade, Caym semblait plus calme.
- L’orage…
Et cette même difficulté à rassembler le souvenir.
- Disons que ça a commencé avec ton délicieux copain.
Génial. Elle en avait presque oublié pourquoi elle était venue empoigner le dessinateur.
- Je… J’ai eu envie de lui coller mon poing dans la figure.
Elyssa hausa un sourcil stupéfait, prise de court. Depuis quand Caym se souciait-il d’elle ? S’intéressait à elle ? Enfin, en dehors de leur stupide jeu ? Elle n’eut pas le temps de l’arrêter sur ce détail, bien qu’elle eût voulu le piéger à ce sujet, car elle attendait tout autant la suite du récit. Le braquer compromettrait facilement les réponses dont elle avait besoin.
- Alors je t’ai peut-être un peu… collée. De manière à le rendre jaloux. Rien de bien méchant, juste un bras dans ton dos.
Oh le… Raï. La crispation retrouva lentement le chemin de ses nerfs, mais elle continua de prêter toute son attention à son interlocuteur.
- Mais tu étais en colère et tu as brusquement fait un pas sur le côté qui nous a menés tout droit dans ta chambre. Je déteste les pas sur le côté, cette sensation de…
Lentement le souvenir reproduisit ses éclats dans la mémoire de la jeune fille.
- Bref, j’étais en colère, ta mère nous a surpris, tu t’es énervée, on s’est insulté. Tu as commencé à dessiner une petite tempête, l’air crépitait, le vent tournoyait… Mais tu ne te calmais pas.
Une tempête ? Elle qui n’était pas foutue de dessiner une minuscule fleur éphémère en moins de cinq minutes ?
- J’étais furieux et tu refusais de demander pardon pour ton acte.
Elyssa lâcha momentanément des yeux le visage du garçon, serrant les lèvres. Mm. Ce détail était plus que probable.
- J’en ai eu plus qu’assez et j’ai amplifié ton dessin. A nous deux on a créé une véritable tempête. Ton dessin, qui était brouillon je l’ai rendu précis et nous l’avons tous les deux nourri de notre rage. Et il nous a échappé bien que nous continuions à l’alimenter.
Je frémis sous l’assaut des bourrasques. Ces rafales de vent, lourdes de menaces, qui viennent de se lever et me taquinent sans parvenir à me faire ployer. Je reste de marbre, tandis que tout autour de moi est charrié, bousculé, ébranlé.
- Ta mère était furieuse, tu étais furieuse, j’étais furieux. Tu as fait un pas sur le côté et tout a brusquement cessé.
La brunette ralentit le pas, se plaçant ainsi légèrement en retrait de Caym tandis qu’elle digérait à la fois informations et souvenirs partiellement reconstruits. L’attitude de sa mère l’autre matin trouvait donc son début d’explication. Elle déboucha dans le hall deux pas après lui, sans prêter attention au brouhaha euphorique qui se glissait jusqu’à leurs oreilles. Elle se rendit pourtant vite compte que toute tentative de conversation était vaine, et se laissa guider par l’étudiant vers les marches de l’escalier principal.
- Tu…
Ce n’est qu’après avoir entamé sa phrase qu’elle crut voir Caym vaciller, trop légèrement pour qu’elle en ait la certitude. Un bruit incongru et une animation soudaine avorta la phrase qui venait de naître entre ses lèvres rosées. Dans un instinctif élan de curiosité, Elyssa se retourna. Un frisson glacé, né au creux de ses reins, lui brûla l’échine en se frayant un chemin jusqu’à sa nuque. Le corps désarticulé en bas des marches ne lui rappelait que trop bien la masse sans vie de l’ivrogne de l’autre soir. Les cris qui lui parvenaient du pied de l’escalier suffirent à confirmer le malaise qui s’attaquait insidieusement à son cœur et à ses poumons. Elle était incapable de rejoindre l’attroupement paniqué qui se formait dans le hall. Le seul mouvement qu’elle put se permettre fut de s’agripper à la rambarde, à s’en blanchir les phalanges. L’étrange silence qui succéda au brouhaha d’hystérie bourdonnait tout autant aux oreilles de la jeune dessinatrice, figée par l’anxiété. Ses yeux se posèrent sur Caym, mais elle n’aurait su y lire quoi que ce soit.
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Caym Cali
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12.06.16 13:18
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Elyssa
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14.07.16 14:28
Un pas après l’autre, Elyssa se laissa entraîner par Caym. Elle n’aurait rien su faire d’autre, Elie, car son cerveau tournait à pleine vitesse sans parvenir à articuler la moindre pensée cohérente. Et au milieu de cet enchevêtrement de brouillons d’émotions, des images subliminales s’imposaient en force. La forme improbable qu’avait prise la mort au pied de l’escalier. Le visage crispé de Caym, qui serrait les dents à en faire exploser l’os de sa mâchoire. Son pas pressé et sa poigne sur son bras, qu’elle ne parvenait à expliquer. S’inquiétait-il de leur sécurité ? Craignait-il qu’on les accuse de l’accident ? Pouvait-on lier cette chute de la chute de l’ivrogne de cette fameuse soirée ? (Elle était une meurtrière.) Lorsque les deux jeunes dessinateurs furent enfin dehors, la brise légère qui déplaça une mèche de cheveux de la jeune fille lui remit plus ou moins les idées en place. Elle ferma les yeux le temps que quelques longues secondes impriment sur son visage la chaleur du soleil, sans voir que son camarade avait agi exactement de la même manière. Il l’avait lâchée d’ailleurs, elle ne s’en rendit compte qu’une fois que ses paupières eurent dévoilé au monde ses iris d’argent.
- Je ne sais pas qui de nous deux attire les… accidents, mais on devrait arrêter ça parce que ça risque de finir vraiment mal.
Excellente question. Quoiqu’elle fût convaincue que les problèmes avaient commencé à la cantine, le soir de leur première confrontation. Il était donc le principal responsable. C’était aussi simple que cela. Et elle était une meurtrière. Aussi simple que cela.
- Alors quoi maintenant ?
La brunette ajusta son blouson de cuir, et planta son regard - un regard chargé de tellement d’émotions contradictoires qu’il en devenait illisible – dans les yeux de son interlocuteur. Elle approcha d’un pas, voulant par-dessus tout se faire entendre. Il avait assez parlé. Il en avait assez fait.
- On arrête les frais ? C’est comme ça que tu veux présenter la chose ?
Un pas de plus. Elle ne se rendit même pas compte qu’elle agissait de la même manière qu’il avait employée un peu plus tôt.
- Ne voulais-tu pas dire « il vaudrait peut-être mieux pour toi que je cesse de constamment piétiner ton quotidien, de te foutre dans des situations pas possibles sans me soucier le moins du monde des conséquences de mes actes » ?
Le motif initial – les motifs, à vrai dire – pour lesquels elle était venue l’attendre une dizaine, une vingtaine de minutes plus tôt (elle avait perdu la notion du temps dans cette suite d’événements… perturbants) avaient lentement refait surface au sein de sa conscience. Elyssa s’approcha encore, annulant quasiment la distance qui tentait encore de les séparer.
- Qu’est-ce que tu cherches, Caym ?
Elle accentua étrangement son prénom, bien décidée à ne pas le lâcher, comme son regard ancré en lui pouvait déjà en témoigner.
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Caym Cali
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15.07.16 23:29
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Elyssa
NEWBIE
12.08.16 22:52
Le pendule martelait les secondes avec une rigueur insupportable. Bras et jambes croisés, regard fixé droit devant dans une expression fermée, Elyssa n’accorde pas un regard aux deux garçons assis de part et d’autre à ses côtés. Il faut dire qu’elle en est à se demander lequel étrangler en premier.
Le visage de maître Elis, en rien amusé, apparait hors de son bureau.
- Jeunes gens, veuillez entrer.
♦
Le sourire qui se dessina sur les lèvres du Dessinateur – sur ses lèvres, et non sur son visage ; ce garçon n’avait jamais les yeux qui souriaient en même temps que ses lèvres – ne l’aida pas à trouver réponse à ses questions. Le geste qui suivit, en revanche, l’éclaira plutôt sur ses intentions.
- Cil’Darn…
La dessinatrice plissa les yeux, de multiples frissons lui parcourant l’échine.
- La question serait plutôt, ce que toi tu veux.
Elle avait envie de l’étrangler, là tout de suite. Du moins tentait-elle de s’en convaincre. Etait-il possible d’être aussi attirée et dégoûtée à la fois ? Elle abhorrait la façon dont il se jouait d’elle, comme personne ne se le permettait. Et pourtant… Pourtant elle recherchait inconsciemment son contact. Dès qu’ils se retrouvaient seuls tous les deux, tout partait de travers (doux euphémisme). Mais ils se retrouvaient encore. Tel deux drogués en manque d’adrénaline.
- Ne t’es-tu jamais sentie plus vivante qu’en ma compagnie ? N’est-ce pas… incontrôlable ?
Les yeux gris de la brunette ne l’avaient pas lâché. En était-il arrivé aux mêmes conclusions ? Etait-elle aussi son élan ? sa poussée d’adrénaline ? Il était bien la seule personne avec laquelle ses masques ne fonctionnaient pas. Et, quelque part, ça la terrorisait.
Il s’écarta d’elle, insensible au rythme cardiaque croissant de la demoiselle, qui n’avait pas desserré les mâchoires. Elle était encore partagée entre l’idée de lui sauter dessus pour l’étouffer et… d’autres desseins moins avouables. Sans masque, plus de codes. Et sans code, plus de règles.
La brunette se mordit la lèvre inférieure pour réprimer toutes les émotions qui menaçaient de la gouverner, mais avant qu’elle n’ait pu arrêter son choix sur l’une d’elles, un cri arrêta instantanément leur petit jeu. Flynn, bien évidemment. Eh merde.
- Sauvée par le gong…
Le ricanement qui accompagna son petit commentaire l’amena à tourner la tête vers lui, à lui faire face, une fois encore. Sauf qu’il l’amena aussi à laisser cette sourde colère reprendre possession de tous ses muscles, de tous ses os. Sa main se referma en un poing quand il joua une dernière fois avec ses nerfs, mais la présence de Flynn la paralysait. Elle se sentait prise la main dans le sac, comme une gamine découverte au beau milieu d’une belle bêtise dans la maison parentale. Et ce sentiment la poussait un peu plus vers cette colère qui ne faisait qu’aller croissant ces derniers jours. Tout le monde n’était là que pour la pousser dans ses retranchements, pour la pousser au faux pas et la montrer du doigt. Elle regarda froidement Caym tourner les talons. Oh que oui, ils allaient continuer, et elle pourrait enfin lui ficher son poing dans la figure. Un second pas attira son attention. Sur sa gauche, Flynn, le visage déformé lui aussi par la colère, franchissait la distance qui le séparait d’eux. L’orage n’avait pas quitté les yeux de la dessinatrice lorsqu’ils se posèrent sur l’être aimé. A moins qu’elle ne s’en fût convaincue jusqu’à lors, qu’elle l’aimait. Car pour l’instant, elle rêvait tout autant de redessiner ses pommettes à l’aide d’une claque bien placée. Toujours était-il que Flynn avançait… et ne s’arrêta pas devant elle. Il ne lui accorda même pas un regard.
- Reviens là, enfoiré !
Qu’ils aillent au diable. Lâchant des yeux le combat de coqs qui venait de naître, la jeune fille réajusta son blouson de cuir et tourna les talons, bien décidé à rayer de sa vie ceux qui n’y avaient eu leur place que pour lui causer des ennuis. Elle n’eut pas le temps de faire trois pas que le visage crispé de deux professeurs qui passaient au mauvais endroit au mauvais moment se dessina très nettement sous son nez.
♦
- Jeunes gens, veuillez entrer.
Comme si ses bottines avaient été montées sur ressorts, Elyssa fut la première debout. Menton légèrement relevé, elle entra la première, sans un regard pour ses camarades. Maître Elis leur fit prendre place face à son bureau, et un silence pesant leur tomba dessus lorsqu’il les considéra longuement sans émettre le moindre son.
- Je suis déçu de votre attitude. Qu’elle soit ou non le fruit d’une réaction émotionnelle au triste accident que nous avons vécu, elle n’en est pas moins inacceptable.
Il laissa à chacun le temps d’intégrer ces mots, avant de se focaliser sur Elyssa.
- Elyssa, je suis bien conscient que ces derniers jours n’ont pas été de tout repos pour vous, mais je ne peux que vous enjoindre à vous plonger dans vos études avec tout votre sérieux.
Le visage fermé et les bras croisés comme si elle essayait de se fondre dans le dossier de sa chaise, la concernée se contenta de hocher la tête silencieusement. Mais Maître Elis n’avait pas terminé.
- Flynn, je suis particulièrement surpris de votre comportement. Ne laissez pas vos états d’âme nuire à votre apprentissage. Vous êtes un élève brillant, il serait dommage que votre parcours scolaire soit ralenti par des futilités.
Le sourcil de la brunette s’arqua involontairement. Devait-elle considérait sa personne comme une futilité de la vie de Flynn ? Elle en voulait à l’Empire entier, calmement assise sur sa chaise.
- Quant à vous Caym, vos résultats sont en hausse ce mois-ci, ne gâchez pas tout je vous prie, je suis persuadé que vous n’avez pas dit votre dernier mot parmi nous.
Deux yeux gris goguenards coulèrent en direction de Caym. Tiens donc, voilà que monsieur terreur s’appliquait en cours. On aura tout vu !
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