Doucement Luned clôt ses yeux gris. La Lune d'argent baignait le monde de sa clarté, un flot serein et distant opalin. Ses filles scintillaient dans le manteau de la nuit, riant des mortels qui s'agitaient jours et nuits sous leurs yeux incandescents. Misérables pantins, ridicules fourmis qui ne vivaient qu'un battement de cils comparé à leurs longues existences célestes, passant tout cette dérisoire période à se torturer l'esprit, les uns les autres. Se questionner sur tout ce qui les entouraient, sans jamais obtenir ne serai-ce que le centième du millième du début de la vérité, chercher une raison à leur vaines existences sans jamais totalement s'en satisfaire.
Alors qu'elles lovées dans l'étoffe céleste elle détenaient et formaient le canevas de leurs destinées, s’emmêlant et s’entre-déchirants. Et elles portaient en elles le secret de leurs vies et du monde, à la disposition du premier venu pouvant déchiffrer leur idiome sibyllin et glacé, il leur suffisait de lever la tête au fond.
Les astres nocturnes se gaussaient des humains sous l'égide de leur mère qui elle restait sereine et bienveillante envers ses filles comme les mortels menant leurs vies sous son éclat changeant.
Enfants moqueurs et malicieux mais qui ne pouvaient détacher leurs regards des passions humaines, suivants avec émois le cours tumultueux de leurs vies. Tout comme eux étaient irrésistiblement attirés par ces éclatantes beauté.
Luned se sentait soudain plus libre, enfin c'était plus comme si une porte c'était ouverte en même temps que la boite de Pandore de son enfance c'était ouverte.
Elle avait des choses à régler avec elle même. Et elle devait le faire seule. Eryn l'avait bien compris. Elle avait besoin de faire un grand ménage avec elle même, pour pouvoir avancer sereinement et en harmonie.
- Voilà bien pourquoi je pense qu’il ne faut pas croire connaître une personne en se fiant seulement sur ses origines…Un sourire un peu amère fleurit sur les lèvres de la jeune femme. Si il savait à quel point elle en était l'illustration.
- En veux-tu ? Pour ma part, je n’ai pas encore mangé.
Silencieusement elle se leva et se dirigea vers Brise, plus particulièrement vers les sacoches que la jument portaient accrochées à sa selle. Elle en sortit un grand sachet de papier brun soigneusement fermé encore plein de biscuits salés.
Puis avec la grâce des marchombres elle rejoint son presque demi-frère dans l'herbe en lui tendant le paquet ouvert et saisit une lanière de viande dans laquelle elle mordit à pleines dents.
Il n'y eu que le silence durant tout leur repas. Il faudrait du temps pour qu'ils s'apprivoisent totalement.
Mais la scène démontrait déjà une certaine affection et peut-être le début d'une complicité.
Ce n'est qu'une fois tout deux repus que Luned parla.
-Slipth te rejoindras à l'auberge de La Chouette Endormie. Dis lui que je suis désolée de ne pas la rejoindre mais que j'ai besoin de rester seule un petit moment. J'ai toujours voulu voir l'Océan et c'est l'occasion. Quand à notre affaire commune je te contacte bientôt par missive. J'ai trouvé un presque-demi-frère, je n'ai pas envie de le perdre de vue. Enfin si il veut bien d'une petite sœur. Elle avait le sourire et un ton enjoué en disant ces mots.
Elle se dirigea vers Brise flatta la belle jument, lui remit ses mords puis l'enfourcha. Avant de s'engager sur la route et de perdre de vue le marchombre, elle lui adressa un signe de tête en guise d’au-revoirs
puis elle disparue entre les arbres, se dirigeant vers le Sud et l'Océan.