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Retrouver la mémoire [Esrin]
Esrin Ilïen
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Esrin Ilïen
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08.03.17 15:19
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Les Larmes d'un Aveugle, Chapitre 1 : Retrouver la mémoire

Dehors j'entendis des cris horribles, des bruits d'épées. Je ne savais pas ce qu'il se passait, mais une seule chose comptait : retrouver mes parents. Avec eux je ne risquais rien, ils me l'avaient dit. Je tâtonnai devant moi, pour essayer de trouver une ouverture par où sortir de cet enfer. C'est à ce moment-là qu'un craquement horrible résonna dans tout le chariot et le toit tout entier me tomba dessus. J'étais bloqué sous la toile, je criais de douleur et pleurais mais j'essayai en fin de m’extirper de là. Des flammes dansaient autour de moi, semblant avancer irrésistiblement vers moi. Un moment je fus hypnotisé et en levant la tête je compris que c'était la fin...

Je me réveillais en sursaut, trempé de sueur et reprenant mon souffle comme si je revenais des profondeurs d'un océan sombre qui ne voulait pas me laisser partir. Ce cauchemar... Je ne comptais plus les nuits durant lesquelles il venait me hanter. Je ne savais pas l'heure qu'il était, je n'avais aucun moyen de le savoir. Néanmoins, je devinais à la température encore fraiche que le soleil ne réchauffait pas encore les volets de la fenêtre de ma chambre. J'essuyais d'un geste fébrile la sueur sur ma joue, à défaut d'être des larmes. Je ne pouvais pas pleurer. Depuis l'incendie. Comme si les flammes les avaient toutes évaporées. Si seulement elles m'avaient laissé de quoi voir...

J'avais besoin de prendre l'air, et puis de toute façon je refusais de dormir dans mes draps encore trempés de sueur. Dan dormait toujours, sinon il serait déjà venu voir si j'allais bien. Il m'a dit une fois que j'hurlais dans mon sommeil. Sa chambre était juste à côté, mais je réussis à me rendre au salon sans faire le moindre bruit. Je connaissais la maison par cœur et c'était bien le seul endroit où je me sentais à l'aise. Dès que je sortais, mes sens étaient perdus et n'importe quoi pouvait m'arriver. Dan m'avait interdit de me balader sans lui, mais jeune comme j'étais je n'écoutais que mes instincts. Malgré le plan imprimé dans ma tête de la salle, je me pris les pieds dans un tapis qui avait certainement été déplacé il n'y a pas très longtemps. Maugréant en me rattrapant de justesse, je poussai un soupir de soulagement en constatant que Dan ne s'était pas réveillé. Tâtonnant de plus belle, je réussis à atteindre la porte d'entrée de la maison, qui n'était jamais fermée. Le quartier était plutôt calme. Ouvrant la porte, j'appréciai la douce brise qui vint caresser mon visage.

L'air était frais et un frisson me parcourut alors que je m'aventurais timidement dans la rue. Tout était calme, on devait être encore au milieu de la nuit. Je n'aimais pas trop me retrouver dans les rues, où des personnages pouvaient me faire du mal, donc je décidai d'essayer d'aller sur les toits, pour apprécier le vent et en attendant que les rayons du soleil ne viennent à me réchauffer. Je connaissais un passage pas très loin, mais il fallait que je le retrouve. Avançant prudemment, j'essayais de m'aider de mon ouïe pour entendre d'éventuels dangers. Plusieurs fois je me pris un mur alors qu'il me semblait être au milieu de la rue. Je sentis alors sous mes doigts un tuyau qui courrait le long d'un porche. C'était le passage que je cherchais. J'entrepris alors de grimper la tuyauterie, cherchant mes prises maladroitement. Je manquais de tomber plusieurs fois, mais je réussis enfin à me hisser sur le toit du bâtiment. Ici le vent était plus fort, libre de ses mouvements. Je m'asseyais en face de la brise, en tailleur avant de m'étirer pour dénouer mes muscles crispés par le réveil brutal. J'appréciais chaque seconde de ses moments, pendant lesquelles j'oubliais l'enfer que je vivais. L'aveugle qui parle au vent, et le vent qui lui répond.

Plusieurs minutes passèrent, pendant lesquelles j'essayais d'oublier mon cauchemar, pour enfin être en paix. Mais c'était un échec, et plus je voulais penser à autre chose, plus il revenait à la charge. Je poussais un cri de rage pour libérer toute la pression que j'encaissais. Mes parents... Ils ne pouvaient pas être morts. Je ne pouvais le croire. Mais comment un gamin de 9 ans comme moi pouvait les retrouver. Je ne me souvenais même plus de mon nom. Mon nom... Pour tout le monde j'étais et je resterais Esrin l'aveugle. Des soubresauts me prirent, violents, signes de mon impuissance et de ma dépression. Et les larmes refusaient toujours de couler.

Je sentis sur ma peau les rayons du soleil qui commençait à se lever. Pourtant ils ne réchauffèrent pas mon âme meurtrie. Me relevant avec peine, je repartis d'où j'étais venu. Il était temps de rentrer.


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Esrin Ilïen
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17.03.17 10:20
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La ville commençait doucement à sortir du sommeil et des bruits résonnèrent, annonçant la reprise des activités des citadins. Le forgeron qui battait son fer, la ménagère qui déversait l’eau sale dans les égouts ou encore les enfants qui criaient, refusant d’aller à l’école. Tout cela était familier pour moi, mais je restais le plus discret possible, n’appréciant pas d’être le centre de l’attention. Je retrouvai tant bien que mal le chemin de la maison de Dan, plutôt fier d’avoir réussi à ne pas me prendre de murs cette fois. J’espérais seulement qu’il ne me gronde pas pour lui avoir désobéis.

Enfin arrivé à la maison, j’ouvrai la porte le plus discrètement possible. Je pestai alors que les gonds émettaient un grincement sonore.

"Esrin, tu vas bien ? Par l’Empereur, tu ne m’écoutes jamais ? Je me suis fait un sang d’encre !" Me demanda-t-il, énervé. Je sentais cependant qu’il s’était sincèrement inquiété.

Je fermai la porte puis allai m’asseoir dans le canapé, en me cognant le genou sur la table au passage. Réprimant le moindre gémissement, je refusais de me tourner vers Dan.

"J’avais besoin de prendre l’air. J’étouffe ici." Lui répondis-je en marmonnant.
"Encore un cauchemar ?"

Je ne pris pas la peine de lui répondre, me renfermant alors que le souvenir du cauchemar revenait à la charge. Je revoyais les flammes qui me dévoraient, qui m’avaient enlevé la vue. Dan avait certainement senti que je ne respirais pas la joie, car il est venu à côté de moi pour me prendre dans ses bras. Je n’ai jamais été très réceptif à l’affection, que ce soit celle de Dan ou de n’importe qui d’autre. Seules la rage et la colère étaient les sentiments que j’arrivais à exprimer. Je n’avais pas d’amis, personne n’appréciait ma compagnie. En même temps, je m’étais fermé à ce monde qui m’était interdit de voir.

"Tes bandages ont commencé à se défaire, je vais te les changer."

J’appréciai le côté paternel de Dan, lui qui m’avait recueilli et soigné. Il a pansé mes blessures et même fait appel à un rêveur. Celui-ci pourtant ne pouvait pas me rendre la vue. Je lui en étais reconnaissant, mais il n’était pas mon père. Mon vrai père était vivant, j’en étais persuadé. Comme pour ma mère. Mes parents… Je m’étais promis de tout faire pour les retrouver. Je laissais faire Dan qui retirait en douceur mes bandages encore humides de la sueur de cette nuit.

"Tu sais petit, je crois que j’ai une piste pour tes parents."

J’accueillis la nouvelle avec un saut de joie, manquant de frapper Dan dans l’excitation.

"Calme-toi jeune homme ! Je n’ai pas fini de serrer tes bandages." Me réprimanda-t-il gentiment mais fermement.

Je poussais un léger « pardon » et essayais de calmer mon impatience, en restant attentif à ce qu’allait me dévoiler Dan.

"Rien n’est certain pour l’instant, je préfère te prévenir. Lilian, un de mes amis éclaireur, a rencontré un homme qui dit être rescapé d’une attaque de caravane. Il a été recueilli par des colons au Sud des Plateaux."
"Mais pourquoi tu ne m’en avais pas parlé avant ?!"
"Je l’ai appris hier soir. Quand je suis rentré tu dormais déjà, je ne voulais pas te réveiller."
"Je vais retrouver mes parents Dan ! Je te l’avais dit !" Je ne pouvais pas réprimander toute la joie que je ressentais.
"Doucement petit, rien n’indique que le gars était bien membre de la caravane de tes parents. Ce serait le premier survivant que l’on retrouverait."
"Il faut un début à tout, c’est toi qui me l’a appris."
"Ah ah, en effet Esrin. Que dis-tu d’aller lui rendre visite ? Je peux, je pense, prendre quelques jours de congés."
"Oh oui ! Et puis ça sera mon premier voyage ! J’ai tellement hâte !"

Dan accueillit ma réponse avec un rire chaleureux et il ébouriffa mes cheveux. Je repoussais l’attaque en rigolant et en lui sautant dessus. J’étais si heureux. J’oubliais un instant mes malheurs, mon cauchemar, ma cécité. J’espérais au plus profond de moi que l’homme pouvait m’aider à retrouver mes parents, peut-être même qu’il connaissait mon nom ! Fini les « Esrin l’Aveugle », « Esrin l’incapable » ! Pour la première fois depuis l’incendie je reprenais espoir. Et cet espoir ne cessera jamais de m’alimenter.  

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Esrin Ilïen
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09.04.17 10:40
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Une silhouette floue m'attendait au détour du chemin, entourée par les flammes, mais ne semblait pas souffrir de la chaleur insupportable. Ma peau était aussi sèche que du sable et je toussais à cause de la fumée toxique. Plus je m'approchais, plus la personne devenait floue et je forçais de toutes mes forces pour deviner ses traits. Elle avait une forme humaine, gracieuse et élancée, mais les détails me restaient cachés. Qui était-elle et pourquoi se trouvait elle entourée par ce brasier ? Soudain, les flammes semblaient se jeter sur moi, sans prévenir, tandis que j'essayais de faire demi-tour. Mais mes jambes refusaient de m'obéir. Ma vision était brouillée par la chaleur et la luminosité du feu, mais je remarquais que la silhouette s'éloignait de moi. Sa démarche m'était familière et mon cœur se serra quand je la reconnu. C'est alors que les flammes m'engloutirent.

"Maman !" criais-je.

--ᚖ--

Quelqu'un me secouait fortement et je mis plusieurs minutes à me rendre compte de la réalité. J'étais en sueur, et le sol était étrangement instable, comme s'il y avait un tremblement de terre. Mes esprits revenaient doucement tandis que je me réveillais. Non, pas un tremblement de terre, mais le cheval de Dan. Je venais de faire un mauvais cauchemar, un de plus.

"Esrin, tu m’entends ?"
"Oui Dan"
"Tu étais agité comme un coureur affolé ! Un cauchemar ?"
"Oui, mais cette fois j'ai vu Maman... Mais... Je n'arrive pas à me rappeler de son visage."
"Il faut du temps à ton esprit pour se remettre du choc que tu as eu. Tes souvenirs reviendront, j'en suis certain petit."
"J'espère que tu as raison Dan, je ne le supporte plus."
"On va faire une pause"

Je ne savais pas du tout où on était, ni depuis combien de temps je m'étais endormi. Nous étions partis ce matin très tôt d'Al-Chen, une semaine après que Dan m'ait appris qu'il avait trouvé un rescapé de la caravane de mes parents. Je ne connaissais pas la région, hormis ce que l'éclaireur m'avait décrit à travers les histoires qu'il me racontait souvent. Je me souvenais que nous devions traverser les Plateaux de l'Est avant de nous diriger vers les Plateaux d'Astariul. Le village se trouvait au bord du Pollimage. Dan me l'avait décrit comme un fleuve tellement grand qu'on n'en voyait pas l'autre rive comme un océan, mais j'avais du mal à me le représenter, car je n'avais jamais vu l'océan. Du moins d'après les souvenirs qu'il me reste.

Dan fit stopper son cheval avant de m'aider à descendre. Il entreprit ensuite de préparer un feu pour le repas. Mon estomac salua cette initiative avec un très beau gargouillis. Je mourrais de faim.

"Nous venons de passer le Gour il y a une heure. Nous avons avancé plus vite que ce que j'avais prévu, c'est une bonne nouvelle. Avec un peu de chance nous pourrons arriver au Pollimage avant que la nuit ne tombe." m'annonça-t-il tandis que le feu commençait à crépiter.
"Et il est où le village ?" Demandais-je, curieux.
"De l'autre côté du fleuve, donc on devra prendre un bateau pour le traverser."
"Oh oui ! Je n'ai jamais pris le bateau ! Du moins si je souviens bien. J'ai hâte !"
"En espérant que tu n’as pas le mal de mer petit, ça secoue un peu quand on n'est pas habitué. Bon viens, assis-toi, la viande est entrain de cuire."

J'obéis sagement à Dan, tandis que mes narines furent emplies de la savoureuse odeur du coureur grillé. J'en salivais déjà. Quelques minutes plus tard, il me tendit une écuelle et j'entrepris de dévorer littéralement la viande. Je remarquai que Dan avait ajouté des herbes lors de la cuisson, ce qui rajoutait un petit goût que j'appréciai tout particulièrement. Étrangement, avec le temps j'avais l'impression que mon palet se développait de plus en temps. Je pouvais presque deviner tous les ingrédients d'un plat seulement en une bouchée, et de nombreux goûts et saveurs, qui jusque-là étaient insignifiants, étaient plus prononcés, transformant totalement ce je mangeais. Je supposais que mes sens se développaient car j'avais perdu ma vue. Je devais encore réfléchir sur cette hypothèse. Il m'arrivait de plus en plus de demander à Dan si je pouvais faire à manger. Je m'essayais à différentes combinaisons, essayant de trouver l'alliance parfaite des saveurs. Au début l'expérience n'était pas concluante, les plats étaient presque immangeables, mais je commençais à différencier les groupes d'ingrédients, à bien doser l'assaisonnement et j'étais persuadé qu'avec encore un peu de temps j'y arriverais.

"Tu as finis ?" Me demanda Dan, qui semblait avoir terminé sa part depuis longtemps.
"Je crois que me suis perdu dans mes pensées. Oui j'ai fini !"
"Alors on repart ! Nous avons encore une longue route."
"Dan ?"
"Oui Esrin ?"
"Est-ce que tu pourras me décrire ce que tu vois durant le trajet ?"
"Bien sûr petit."

Nous repartîmes alors, direction Nord-Ouest, pour rallier le Pollimage. Dan décrivit avec attention et précision les paysages et lieux que nous traversions. J'appréciais cette sensation d'imaginer ce que je ne pouvais pas voir, mettre des images sur quelque chose qui m'était inconnu. Je me voyais entrains de vivre d'incroyables aventures prenant place dans ces lieux, héros de mes propres histoires, défiant de nombreux ennemis et sauvant le monde de multiples catastrophes. L'Imagination était vraiment quelque chose de magique.


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20.04.17 23:16
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Comme l’avait prévu Dan, nous arrivâmes au Pollimage avant le crépuscule. Nous étions dans un petit village côtier, où l’odeur de poisson titillait mes narines. Dan connaissait les lieux et se dirigea sans hésiter vers le port de pêche. Là-bas il discuta quelques instants avec un monsieur qui possédait un navire pour négocier une traversée du fleuve. L’accord conclu, nous prenions place dans le bateau en attendant le départ. C’était mon premier voyage sur une embarcation, et celui me rendait joyeux et impatient. Je n’arrêtais pas de poser des questions au batelier, qui me répondait avec humour et avec un rire qui ressemblait au cri d’un de ses oiseaux qui tournaient autour du bateau.

"Et comment il avance le bateau ?"
"Grâce au Dessin. C’est compliqué, mais en gros j’imagine que le bateau avance et il le fait."
"Esrin, arrête d’embêter le monsieur !" me cria Dan qui attachait son cheval un peu plus loin
"Mais c’est magique !" Lui répondis-je, tout excité.
"On peut dire ça petit en effet. Je suis un magicien ! Bon on ne va pas tarder à partir, ne t’approche pas trop du bord du navire, il y a des méchants poissons qui pourraient te manger tout cru."

Son rire résonnait encore dans mes oreilles quand je sentis que l’embarcation bougeait, mue par une force inconnue. Le vent était fort ce jour-là, et son effet augmenta lorsque le bateau prit de la vitesse. J’adorais cette sensation, lorsque les bourrasques manquaient de m’arracher et m’emporter au loin. Je me demandais ce que pouvait ressentir un oiseau en volant. Plusieurs minutes passèrent qui me virent le sourire aux lèvres. Puis rapidement j’eu des hauts le cœur. Le navire tanguait beaucoup à cause des vagues agitées par le vent m’avait expliqué le batelier, et mon estomac était tout retourné. Délaissant les bourrasques je parti rejoindre Dan qui était attablé sous une des tentes déployées sur le pont. Il vit que je tremblais comme une feuille alors il vint me placer une couverture sur mes épaules. Une agréable odeur d’infusion aux plantes régnait dans l’abri lorsque l’éclaireur me tendit une tasse. La première gorgée manqua de me bruler la langue, mais sentir la chaleur descendre dans mon corps me fit du bien.

J’avais demandé à Dan si je pouvais aller revoir le capitaine du navire, mais il m’expliqua que celui-ci devait avoir toute sa concentration pour diriger le bateau, surtout avec ce vent. Je comprenais, donc je restai avec lui commençant à m’assoupir à cause de l’infusion et de la fatigue du voyage. La traversée du Pollimage dura toute la nuit et une bonne partie de la matinée, légèrement mouvementée à cause des bourrasques. Le navire accosta dans un nouveau village côtier et le capitaine nous salua chaleureusement, nous souhaitant bonne chance pour le reste de notre voyage. Je n’oublierai jamais son rire si particulier.

Il nous restait encore de nombreuses heures de chevauchée, et Dan semblait très préoccupé. Il ne voulait pas m’inquiété, mais je savais que nous étions dans les Plateaux d’Astariul à présent, et qu’il y avait de nombreux dangers. Je n’avais pas peur, car je savais que l’éclaireur me protègerait. A plusieurs reprises nous entendirent des cris d’animaux, mais ils étaient lointains et Dan nous faisait faire des détours pour les contourner ou nous éloigner. Nous rejoignîmes le village fortifié qui était notre destination en fin d’après-midi, épuisés mais satisfait d’avoir survécus aux Plaines. Dan parla avec le chef des colons, cherchant la personne qui selon la rumeur était un rescapé de ma caravane. Un homme s’approcha alors de moi, qui venait de discuter avec l’éclaireur, j’entendis ses pas discret sur le gravier.

"Bonjour jeune homme, je suis Nirse Tanoi. Pardonne-moi si je me montre indiscret, mais pourquoi portes-tu ces bandages ?"
"Bonjour monsieur, moi c’est Esrin ! Je suis aveugle, Dan me les met car je suis blessé aux yeux. C’est ce qu’il m’a dit."
"D’accord Esrin, ravis de faire ta connaissance. Est-ce que tu me permets de regarder ta blessure ? Je suis Rêveur, ou soigneur si tu préfères. Rassure-toi, tu ne sentiras rien."
"Ou… Oui, d’accord."
"Merci Esrin."

Le Rêveur enleva mes bandages avec précaution, comme le faisait Dan. Il semblait avoir eu un sursaut lorsque la dernière bande de tissue fut retirée, mais il se rattrapa et ses mains se posèrent sur mon visage, douces et chaudes.

"Comment as-tu eu ces blessures Esrin ?"
"A cause des flammes monsieur Rêveur, le chariot où j’étais brulait. Mais je me suis évanouis, je ne me souviens plus de tout, je suis désolé. "
"Ce n’est pas grave jeune homme. Je vais regarder encore un peu et puis je te laisse tranquille."

Le Rêveur semblait se concentrer, comme s’il voulait comprendre mes blessures. Dan m’avait parlé de ces hommes qui soignaient tous les maux. Encore une histoire de dessin, mais différent des autres, ce que je ne comprenais pas vraiment. Comme promit l’homme se releva peu de temps après et refit mes bandages.

"J’ai été heureux de t’avoir rencontré Esrin. J’espère sincèrement que nos chemins se croiseront à nouveau. A bientôt jeune homme."
"Au revoir monsieur Rêveur !"

Dan revint alors, échangeant quelques mots avec l’homme, puis il se tourna vers moi.

"Le chef va nous emmener voir le rescapé. Il s’appelle Alex Volian, ça te dit quelque chose ?"
"Non, je ne me souviens pas."
"Ce n’est pas grave petit. On y va ?"
"Oui !"

Nous partîmes donc en direction du centre du village et j’étais vraiment impatient de rencontrer monsieur Volian. J’avais l’espoir qu’il me reconnaisse et qu’il se souvienne de mon nom. J’étais heureux et encore troublé par cette étrange rencontre avec le Rêveur. Tant de sérénité s’échappait de lui. Et il semblait très gentil.

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