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Entre tourments et naïveté [Killian/Isis]
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22.01.18 18:33
Un voyage… une suite d’événements inattendus

[Isis Sil'Marion & Killian Delkaïron]



La nuit allait tombée et toujours aucune trace de ce village.

En quittant l’auberge le matin même, le propriétaire lui avait annoncé des habitations à une journée de marche en suivant la route. Le soleil se couchait, laissant lentement une obscurité inquiétante glisser sur le paysage qui l’entourait.
Elle frissonna.
Lorsqu’Isis avait pris ce chemin une année auparavant, son innocence avait rendu ce voyage sympathique et lui avait offert les joies de l’indépendance.
Cette fois-ci, il avait une toute autre atmosphère, car elle comprenait maintenant ce que danger signifiait réellement.
Elle quittait Al-Chen après des semaines d’emprisonnement sous le dôme où elle avait découvert monstres, violence et survie. La peur ne l’avait toujours pas quittée et ce fut sans doute pour cette raison que ses pas la faisaient longer le lac, en direction de la ferme de ses parents.
Retrouver la vie tranquille qu’elle avait connue était tentante, très tentante.
Pourtant avant la catastrophe qui s’était abattue sur Al-Chen, elle avait apprécié sa vie en ville, son travail, son appartement,… Et ce fut sans doute pour cela qu’elle hésitait encore. Retenter sa chance à Al-Jeit était une idée attrayante qui revenait souvent.
Dans deux jours elle arriverait chez ses parents, il lui faudrait choisir.
S’arrêter ou bifurquer.
Elle soupira face à ce dilemme encore non résolu.
Le voyage serait long et dangereux jusqu’à la capital, elle le savait. Tout comme elle savait qu’elle ne retrouverait pas la vie qu’elle s’était construite à Al-Chen...

Ses pensées furent interrompues par des bruits au loin. Le chant cinglant de métaux s’entrechoquant parvint à ses oreilles et elle cessa de respirer. La route qu’elle empruntait tournait et le virage l’empêchait de voir ce qu’il se passait au loin. Elle entendait des cris, sans distinguer si les mouvements qu’elle apercevait étaient ceux des hommes ou l’ombre des arbres.

Des voyageurs ? Des soldats ? Des bandits ?

Il faisait presque nuit et un village devait être à proximité, bien qu’elle ne l’ait toujours pas trouvé, cela semblait parfait pour une embuscade.

Son cœur s’accéléra. Elle hésita. Devait-elle aller aider ? Peut-être y avait-il des blessés. Peut-être… Elle secoua la tête et ces pensées s’envolèrent. Isis n’était pas une combattante. L’idée de donner la mort la révulsait et elle ne possédait aucune arme, son intervention ne pourrait qu’être inutile. Le mieux était sans doute d’éviter le conflit.

Elle se glissa dans le sous-bois avec l’intention de contourner la route. L’entreprise s’avéra plus difficile que prévu car la nuit était rapidement tombée, lui rappelant que l’été touchait à sa fin. La végétation était dense et les ronces accrochaient ses vêtements. Elle avançait lentement, piétinant les branches mortes, dégageant son poncho à chaque pas.
L’obscurité était traitresse. Si elle distinguait nettement les moindres détails sur le sol, elle n’avait aucune perception du relief. Les racines et les pierres lui apparaissaient à la même hauteur et elle trébuchait sans cesse. Elle marchait aussi vite qu’elle le pouvait, attentive aux moindres bruits qui l’entouraient.
Lorsqu’elle rejoignit enfin un sentier, le vacarme du combat s’était estompé. Ainsi exposée, elle craignait d’être vue, mais seul un chemin pouvait la mener jusqu’à des habitations.
Elle n’avait jamais eu le sens de l’orientation et ne s’était pas intéressée aux explications de sa mère, lorsqu'elle avait voulu lui montrer comment se fier aux étoiles pour naviguer dans le noir. Cela lui avait paru si inutile, car jamais elle ne se serait imaginée voyager de nuit, encore moins seule. Les savoirs de l’ancienne itinérante lui auraient été bien utiles si elle y avait un jour prêté attention. En pensant à sa mère, les larmes lui montèrent aux yeux.
Aussi essaya-t-elle de s’occuper l’esprit en tentant de se situer.
Rien. Pas la moindre petite lueur, seulement des branches sombres se détachant sur le tapis d’étoiles.

Une silhouette surgit dans le noir à deux pas d’elle et elle manqua de la percuter de plein fouet. Réprimant un cri, elle fit volte-face pour prendre la fuite, mais une poigne d’acier lui agrippa le bras. Elle se débattit comme une forcenée, mais l’homme parvint à l’immobiliser contre lui sans la moindre difficulté. Un bras suffisait à la tenir pendant que l’autre main lui retirait son sac et fouillait ses poches. Les murmures à son oreille semblaient la rassurer quant à ses chances de survie. Visiblement l’homme n’avait pas l’intention de lui faire du mal, si elle collaborait. La panique qui s’était emparée d’elle lui martelait frénétiquement les tympans et elle faisait de son mieux pour la contrôler.

Il y eut comme un sifflement au-dessus de sa tête, suivi immédiatement d’une ombre traversant rapidement son champ de vision et d’un bruit sourd de chute. L’instant suivant, l’homme gisait à ses pieds, conscient, mais visiblement sonné.
L’ombre réapparut, prit la silhouette d’une femme qui approcha de son agresseur en amorçant un geste pour l'assommer, ou pire.
La peur, qui n’avait pas quitté Isis, s’amplifia, mais l’idée d’être témoin d’un tel acte lui offrit suffisamment de courage pour s’interposer.

- Non, laisse-le, souffla-t-elle en avançant d’un pas.

Elle se retrouva face à la jeune femme dont l'obscurité masquait les traits. Mal à l’aise, elle détourna rapidement le regard et se baissa vers son agresseur toujours immobile. Elle récupéra sans difficulté son sac et son argent et, après quelques hésitations, vérifia la santé du bandit. Elle ne put s’empêcher de soupirer de soulagement en sentant un pouls et une respiration régulière. Le coup lui avait fait perdre connaissance, mais à première vue il s’en remettrait sans problème.

La main qui avait provisoirement empêché les attentions peu honorables de cet homme se referma sur l’avant-bras d’Isis pour la relever.
Encore étourdie par la succession rapide des événements, elle ne comprit pas les mots prononcés par l’inconnue qui, n’observant aucune réaction de sa part, finit par l’emmener avec elle. Isis suivit sa sauveuse qui marchait dans le noir comme en plein jour sur une route pavée. A sa grande surprise, elle ne la lâcha pas une seconde, la soutenant chaque fois qu’elle trébuchait contre des pierres et des racines. Elle escalada ensuite rapidement un talus rocailleux et cette fois-ci, Isis fit de même avec souplesse.
Cela lui remémora le terrain qu’elle avait l’habitude de parcourir lorsqu’elle veillait sur son troupeau de siffleurs et cette soudaine nostalgie permit à son corps de retrouver un peu de calme. La peur de l’attaque mêlée à ce souvenir sécurisant, la convainquit de retourner chez ses parents.
Ce ne fut qu’une fois l’autre flanc du talus dévalé qu’Isis trouva assez de souffle et d’esprit pour lui demander :

- Sauriez-vous s’il y a un village à proximité ?

Elles contournèrent un rocher et arrivèrent sur la route qu’elle avait fuie.
Pour toute réponse, elle lui lança un regard surpris.

Peut-être aurait-elle d’abord du la remercier pour son aide...
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Killian Delkaïron
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Killian Delkaïron
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22.01.18 20:36
 

Après avoir survécu à l’épreuve du dôme, Killian se promenait aux alentours d’Al’Chen, ne parvenant pas à croire qu’elle y avait été enfermée. A la voir ainsi, la ville ne semblait pas vulnérable. En fait, la jeune femme se demandait toujours encore comment on avait pu y placer un dôme. Cela restait des compétences et des sujets bien trop élevés pour son intellect, et elle laissait cela aux Dessinateurs et autres érudits.
 
Longeant le bord du lac, elle bifurqua pour être à l’abri des arbres. Elle ignorait où elle allait, ni ce qu’elle allait faire. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus eu de contacts avec Caym. Ni même avec les Marchombres. D’un côté, elle en était soulagée ; personne pour la juger ni lui dire quoi faire. Mais de l’autre, elle ressentait un immense sentiment de vide qu’elle n’appréciait guère.
 
Alors elle faisait ce qu’elle faisait de mieux : errer et voir ce qui se passait. C’était toujours comme ça qu’elle s’était attiré des ennuis ou qu’elle avait fait d’étonnantes rencontres. Comme à présent.
 
Ils pensaient qu’elle ne les avait pas vus ou entendus, ils se trompaient. Sa Greffe l’aidait et en comptait au bas mot quatre. C’était le coup classique de l’embuscade. Les bandits pullulaient maintenant que le dôme était brisé. Ils profitaient de la situation, comme toujours. Alors quand ils l’entourèrent, elle sourit juste. Enfin un peu d’action, et son épée ne passerait pas à travers eux comme dans celui des créatures marines. Elle dégaina sa dague, souriante. Et ils comprirent aussitôt qu’ils n’avaient pas affaire à une femme sans défense.
 
Le combat s’engagea, et Killian ne fit pas de quartier. Elle dansa entre eux, apportant la mort à chaque entaille qu’elle créait. Très vite, les quatre hommes gisaient au sol, morts. Essoufflée mais ce sentant vivre à nouveau, la jeune femme sourit et nettoya sa lame.
 
Reprenant sa route, elle perçut un autre problème non loin. Elle contourna la zone et malgré l’obscurité ambiante, elle aperçut une femme avec un couteau sous la gorge, son possesseur la volant de tous ses biens. Agrippant son arme, Killian grimpa et prit de l’élan, passant comme une fumée dans la zone de l’agression pour frapper l’homme avec sa garde. Retournant l’arme, Killian approcha de l’homme, qui n’était qu’assommé, et se prépara à mettre fin à ses jours.
 
Quoi ? L’inconnue venait de lui demander de le laisser. Et sous quel prétexte ? Il lui aurait tout prit, et pire encore, il aurait pu la tuer ! Elle prit le temps de récupérer ses affaires, mais ensuite, elle s’occupa de… soigner le voleur ? Non mais… !
 
Killian, exaspérée, lui agrippa le bras et la traîna à sa suite, grommelant des mots qu’il ne valait mieux ne pas comprendre. Elle la mena à travers la forêt, n’hésitant en rien, l’aidant quand elle trébuchait. Arrivée à un talus rocheux, Killian l’escalada souplement, de même que la femme, ce qui l’étonna, puis elles descendirent de l’autre côté. Là, elles étaient un minimum à l’abri et en sécurité et elles pourraient rejoindre la route principale, ce qu’elles firent lentement
 
- Sauriez-vous s’il y a un village à proximité ? 
 
Un village ? Killian respira un grand coup.
 
-Oui, il est à quelques heures de marche devant nous.
 
Pour le coup, Killian allait s’y rendre aussi. Elle se réapprovisionnerait puis irait récupérer son étalon, resté à Al’Chen, enfin elle l’y avait laissé. Puis elle repartirait.
 
-Je vais vous accompagner. Ce serait dommage que vous tombiez dans une embuscade si proche du but.

 
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25.01.18 21:29
- Oui, il est à quelques heures de marche devant nous.

Encore quelques heures ? Elle soupira. On lui avait pourtant dit une journée de marche, elle était partie à l’aube pour éviter de voyager de nuit et tout cela pour quoi ? Sillonner les routes au clair de lune en prenant le risque de tomber sur des bandits à chaque contour…

- Je vais vous accompagner.

Elle soupira. Encore. Mais de soulagement cette fois-ci. Sorties du bois, l’obscurité était à présent moins épaisse et la jeune femme apparut plus nette grâce à la lumière apaisante de l’astre argenté.
Elle était vêtue d’un tissu aussi foncé que ses cheveux et son corps gracieux contredisait le message qu’envoyaient les armes à sa ceinture.
D’où sortait-elle ?
Qu’elle fût là au bon endroit, au bon moment lui paraissait peu vraisemblable…

- Ce serait dommage que vous tombiez dans une embuscade si proche du but.

Elle sentit ses joues chauffer et remercia la nuit d’être là pour le dissimuler.
Était-ce une simple observation ou se cachait-il un brin de moquerie derrière cette phrase pleine de bienveillance ?  

Le bruit de l’acier résonnait encore dans sa tête. Qu’étaient devenues les personnes attaquées ?
Elle avait évité le conflit, ne leur était pas venue en aide, les condamnant peut-être à mort.
L’événement terminé, la culpabilité faisait surface et, sans état d’âme, se propageait dans sa poitrine.

- Nous devrions faire marche arrière pour voir s’il y a des blessés.

A sa voix, elle entendit qu’elle-même n’était pas convaincue et ses pas, qui continuaient à marcher en direction du sud, le prouvaient. Guettant du coin de l’œil les réactions de l’inconnue, elle cessa de fixer le sol et trébucha sur un caillou.
Sa guide parut ignorer la remarque et elle repensa au bandit qu’elle avait mis hors d’état de nuire.
Une question lui brulait les lèvres et la nuit tranquillisa sa timidité, créant un voile entre les deux femmes, une impression de distance, d’irréalité.

- Qu’auriez-vous fait à cet homme si je n’étais pas intervenue ?

Elle pouvait encore sentir le corps du bandit contre son dos, son bras la maintenant immobile, sa main parcourant son corps, son souffle à son oreille… Elle frissonna.
Isis ne lui laissa pas le temps de répondre, se sentant obligée de justifier son geste.

- Vous m’avez sans doute trouvée idiote, à vouloir aider mon agresseur.

Les mains dans les poches de son poncho, elle regardait ses pieds. Si elle levait la tête maintenant, elle savait que le peu d’assurance qui lui permettait de parler s’évanouirait et qu’au passage, elle trébucherait encore.

- Comprenez, je ne porte aucune valeur ou du moins rien qui ne vaille le prix d’une vie. Le blesser davantage n’aurait rien apporté puisque de toute manière j’ai récupéré mes affaires.

Isis fit une pause pour reprendre ses esprits et garda son regard rivé sur ses bottes. Le silence entre elles lui semblait pesant. Elle sentait sa confiance se désagréger et son cœur accélérer. Elle n’avait plus qu’une chose à lui dire avant de retrouver son calme et de pouvoir apprécier la sérénité offerte par les étoiles.

- D’ailleurs, je… Merci pour votre aide, balbutia-t-elle en laissant peu à peu son embarras prendre le dessus. Je me rends bien compte que votre intervention était… disons… nécessaire, même si je ne peux m’empêcher de désapprouver les méthodes. Je… Isis. C’est mon nom, Isis.

Sa voix se termina en murmure et elle doutait que sa voisine ait tout compris, mais espérait que les remerciements soient passés.
Elle prit une longue inspiration et savoura l’air frais, le laissant purifier une partie de son malaise.
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Killian Delkaïron
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Killian Delkaïron
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26.01.18 16:18
 

Les deux femmes continuaient la route, Killian veillant à ce que l’inconnue suive convenablement et à ce que rien de désagréable ne leur tombe dessus. Mais la nature semblait rudement calme, si on oubliait les animaux nocturnes qui s’aventuraient sur les sentiers. Perdue dans ses pensées, la jeune femme se « réveilla » quand sa compagne de route déclara qu’il fallait faire demi-tour pour voir s’il n’y avait pas de blessés. Comment ça ? Où ? L’homme qui l’avait agressé était en vie, il aurait juste mal à la tête en reprenant conscience.
 
Ne comprenant pas, Killian ne répondit pas, et de toute façon, l’inconnue ne lui en aurait pas laissé le temps, enchaînant avec une autre question tout aussi inattendue. Pour le coup, la Marchombre tourna la tête vers elle mais peine perdue, l’obscurité lui masquait son visage tout comme le fait qu’elle ait la tête baissée. En tout cas, Killian décida d’attendre qu’elle ait totalement finit de palabrer, écoutant tout en veillant à leur environnement. Si elle comprenait bien, cette fille était du genre… pacifique. Réellement. Pourquoi pas, Killian le respectait. Mais la mort faisait partie de la vie. Et la vie elle-même nous ôtait parfois des êtres chers. Pourquoi ne pas agir comme elle ? Pourquoi ne pas jouer le rôle de la vie et enlever des êtres appréciés par d’autres ? Cela fonctionnait ainsi, et Killian jonglait sans cesse entre la philosophie Marchombre et celle du Chaos, toutes si proches et si opposées à la fois, et qui s’entrechoquaient dans sa tête.
 
La femme conclue par un remerciement, qui fit sourire la Marchombre. Elles continuèrent un peu leur route, et c’est au prochain virage qu’elle répondit enfin.
 
-Je vais être honnête avec toi Isis, puisque tel est ton prénom, j’aurais tué cet homme. C’est un bandit. Parce qu’il aurait continué à voler. Tout le temps et tout le temps. Même à présent, je doute qu’il en tire une leçon. Au contraire, il fera plus attention. Mais il continuera à voler. Et d’autres auront moins de chances que toi.
 
Elle déglutit et observa la forêt qui les entourait ; calme.
 
-Tu peux trouver cela égoïste ou méchant, mais c’est ainsi. La vie est comme ça. Elle ne te demande pas si c’est bien ou mal de tuer quelqu’un. Elle le fait. Je fais pareil. Et tu as le droit de me désapprouver, cela ne changera rien pour moi.
 
Le silence reprit ses droits, et elles avancèrent ainsi un bon moment. Une grosse heure acheva de s’écouler et enfin le village apparut.
 
-D’ici moins d’une heure tu seras au village. Là, nos routes se sépareront.
 
Elle ne s’était pas présentée, rien. A quoi bon puisqu’elles ne se reverraient pas ? Killian était contente d’avoir pu aider quelqu’un, cela l’aidait à rester tout de même… humaine, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’elle allait se lier à tout le monde non plus.
 
 

 
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01.05.18 19:28

On voyage pour changer, non de lieu, mais d’idées.

Comment pouvait-on faire preuve d’un tel dédain de la vie ?
Rarement encline aux débats, les paroles de la jeune femme avaient réveillé en elle une curiosité mêlée d’incrédulité.
Le tutoiement avait fusé chez sa sauveuse, par condescendance ou sympathie… peu importait, cela ne la dérangeait pas. Par contre le caractère d’Isis l’avait toujours empêché de faire pareil.

Au fond d’elle, elle se fichait que cet homme continua à voler. Il poursuivrait sa vie, et elle la sienne avec la conscience tranquille.
Même si leurs points de vue s’opposaient, elles étaient finalement deux égoïstes.
Une par méchanceté, l’autre par lâcheté, bien qu’elle ne pensait pas que cela soit vrai dans les deux cas.

La nature était faite de vie. Précieuse et harmonieuse.  
Choisir de l’arracher, la détruire… Isis n’imaginait pas que l’on puisse ressortir indemne de telles expériences. Tuer était donc pour elle contre nature.
Elle ne trouvait pas les propos de sa guide égoïstes ou méchants, seulement prétentieux. Car il fallait l’être pour se croire capable de se défaire du chemin que la vie nous réservait, encore plus de s’imaginer pouvoir prendre sa place.
Quel pouvoir lui permettait d’empiéter sur la liberté des autres en choisissant ceux qui avaient droit ou non à la vie ?
Un bandit, un pirate ou un mercenaire méritait-il moins de vivre qu’un itinérant, un soldat ou un dessinateur ?
Si, elle venait à commettre une erreur et échouait à soigner un malade, mériterait-elle la mort pour autant?
Et cette femme qui tuait, méritait-elle de trépasser pour ses crimes ?

Elle n’aimait pas juger et ne voulait pas le faire, ce fut pourquoi elle ne partagea pas ses interrogations avec l’inconnue.

Isis prit une grande bouffée d’air, un parfum de terre et de feuilles sèches emplit son nez. Les étoiles brillaient dans le ciel et la lune jetait de grandes ombres sur les prés. De profondes ornières, laissées par les roues de chariots, avaient été lissées par le passage de nombreux voyageurs ce qui signifiait qu’elles atteindraient bientôt leur destination.

La vie était un enchevêtrement de chemins, en supprimer un sciemment pouvait avoir de terribles conséquences.
Tuer un homme pouvait en condamner des dizaines d’autres, car personne n’était capable de deviner ce que le futur lui réservait. Tout comme en sauvant Isis, la femme avait peut-être sauvé les personnes qu’elles soigneraient dans le futur.

Une vie était précieuse.
C’était ce que son père lui avait appris et pour le moment elle n’avait jamais rencontré d’arguments assez percutants pour la faire revenir sur ce constat.
Mais peut-être sa voisine avait-elle raison. Peut-être qu’en tuant cet homme, elle en aurait sauvé d’autres. Une vie sacrifiée pour le bien de tous…
Un doute s’insinua, imperceptible, mais présent.

-D’ici moins d’une heure tu seras au village. Là, nos routes se sépareront.

Sa voix la fit sortir de ses rêveries. En levant la tête, elle perçut au loin quelques points lumineux et pria pour encore trouver une chambre à cette heure-ci.
Elle jeta un bref regard vers la fine silhouette à ses côtés.
Il était difficile de donner un âge à une voix, mais pour tenir de tels propos, sa voisine n’avait pas dû avoir une vie aussi douce que la sienne.

Le dernier kilomètre ne fut qu’un grand flou. Elle dut mobiliser ses dernières forces pour suivre le rythme de sa compagne de voyage. Quand enfin elles s’arrêtèrent, il lui fallut quelques instants pour s’apercevoir qu’elles avaient déjà passé des habitations.
Les rares habitants qu’elles aperçurent dans la rue se pressaient vers leur destination. Personne ne traînait, ne bavardait ni ne flânait. Elle distinguait encore quelques silhouettes dans la petite auberge dont l’intérieur était légèrement éclairé par de petites lanternes. Elle semblait calme.

- J’imagine que c’est ici que nous nous séparons, dit-elle avec un sourire.

Elle la remercia une dernière fois et avant de la quitter, elle fit sortir les mots qui lui brûlaient les lèvres depuis d’interminables minutes.  

- Oter la vie n’est pas facile, mais quand elle le devient à force d’habitude, cela peut être dangereux. Pas seulement pour les autres, mais pour soi-même, dit-elle pour conclure son long débat intérieur.

Elle ne connaissait pas le nom de la jeune femme et cela avait finalement peu d’importance puisque les chances de se recroiser frôlaient l’impossible.
Elle lui avait partiellement offert le sien, car, dans l’immédiat, c’était bien la seule chose qu’elle pouvait lui donner en échange de son aide.
Lui livrer son nom de famille était dangereux car un nom noble pouvait parfois rapporter de l’argent et donc mettre en danger son porteur. Elle doutait que la femme à ses côtés soit avide, mais elle préférait jouer la carte de la sécurité.
Elle lança un dernier regard vers l’ombre qui l’avait protégée et entra dans la petite auberge. La pièce, inondée de lumière par des bougies qui chauffaient l’air, diffusaient un parfum de fruits et de fumée.
L’aubergiste lui tendit une clé, Isis donna quelques pièces.
Elle traversa ensuite aveuglément les couloirs, aiguillonnée par un seul désir : trouver son lit.

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Killian Delkaïron
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Killian Delkaïron
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02.05.18 10:09
 

Elles parvinrent au village en silence. Et ce n’était pas pour déplaire à Killian, perdue dans ses pensées mais toujours en alerte. Ledit village aussi était bien silencieux, normal à cette heure avancée de la nuit. Seule l’auberge était éclairée et des silhouettes visibles derrière les rideaux. Les deux femmes s’y dirigèrent donc, Isis énonçant l’évidence : elles se séparaient ici et maintenant.
 
Killian ne lui répondit que par un sourire et s’apprêtait à faire demi-tour pour se trouver un endroit pour dormir, ne souhaitant pas aller à l’auberge, quand Isis déclara :
 
- Oter la vie n’est pas facile, mais quand elle le devient à force d’habitude, cela peut être dangereux. Pas seulement pour les autres, mais pour soi-même
 
Peu après, Killian était seule sur la place. La phrase de la jeune femme tintait encore à ses oreilles. Elle le savait, que c’était dangereux et que plus on tuait facilement et plus on basculait dans le chaos. C’était bien ce qu’elle était en train de faire, et sauver des innocents comme Isis cette nuit l’aidait à rester entre les deux camps. Sur un soupir, elle se retira à nouveau vers le bois, et tâcha de s’endormir, pelotonnée contre un arbre.
 
Le lendemain, c’est le soleil et surtout l’activité humaine qui la tira de ses songes. Killian s’étira et se leva, accomplissant quelques mouvements d’assouplissements pour réveiller son corps. Le village, si calme quelques heures auparavant, grouillait à présent d’activité. Les fermiers se rendaient à leurs champs, les bûcherons en forêt, les femmes allaient au ruisseau laver le linge et les enfants jouaient en riant à tue-tête. Le ventre grondant, Killian alla à l’auberge pour manger. Elle n’y vit pas Isis. Soit elle était déjà partie, soit elle dormait encore, ce qui était bien plus probable.
 
Quoiqu’il en soit, la jeune femme mangea en observant l’activité autour d’elle, et s’en alla vite fait. Elle devait rejoindre Al’Jeit. Ce n’était pas pressant, mais plus vite elle se mettrait en route, mieux ce serait. Si ses souvenirs étaient bons, il y avait une autre petite bourgade à quelques kilomètres. Elle pourrait s’y arrêter pour la nuit. Peut-être même que Taï’Dashar la trouverait en route ? Elle l’espérait, parce que marcher jusqu’à Al’Jeit ne l’enchantait pas.
 
Laissant une pièce à côté de son assiette vide, elle sortit, prête à marcher sous le beau soleil qui illuminait le pays. En cours de route, elle se permit quelques exercices, ne souhaitant pas perdre la main. Elle grimpa là où c’était possible, joua avec les rivières qu’elle croisait… fit même un peu de gestuelle, même si cela ne lui procurait plus le même effet. Ce qui lui laissait toujours un goût de cendre en bouche. En fin de journée, elle parvint donc à la bourgade qui s’était encore étendue depuis la dernière fois qu’elle était passée. Pour peu d’ici quelques années les deux villages formeraient une nouvelle ville. Le soleil se couchait quand elle entra dans l’auberge. Déjà elle était pleine d’ouvriers et autres personnes venus se détendre après une dure journée de labeur. Les ignorant, Killian prit une chambre, demanda à ce qu’on lui monte le repas une heure après, et monta. Petite mais douillette, la chambre lui convint directement. Elle passa par la case bain, puis aiguisa ses différentes lames. Des occupations dotées d’un automatisme pur, ce qui laissait ses pensées libres de vagabonder. Elle repensait souvent à son passé, à ce qu’elle avait perdu, à ce qu’elle était devenue. Souvent elle se demandait si c’était parce qu’elle était trop faible qu’elle était ainsi. Elle se maudissait la plupart du temps également. Comment avait-elle pu prétendre former des êtres sur la Voie alors qu’elle-même ne la parcourait qu’à moitié ?
 
Ce genre de pensée lui nouait la gorge et une fois qu’elle eut finit, elle rangea ses armes, soupira, et alla à la fenêtre. Le soleil était couché à présent et la bourgade plus ou moins silencieuse. On lui amena le repas, qu’elle mangea et apprécia, puis se remit à la fenêtre. Peut-être même grimperait-elle sur le toit ? Plus tard, quand tout le monde dormirait.
 
-Allez… viens ma jolie…
 
La voix, tremblante et enivrée, venait de sous sa fenêtre, derrière l’établissement. Killian se redressa en sursaut. Elle était allée se coucher un peu. Même sa Greffe lui faisait sentir un danger. Elle enfila ses chaussures et descendit en silence. L’aubergiste terminait de nettoyer les verres, pendant qu’un serveur s’occupait des tables. Ils l’ignorèrent royalement et Killian sortit dans la nuit. Elle contourna le bâtiment et aperçut deux silhouettes. Un homme, vu la corpulence de celle qui lui tournait le dos. La seconde était presque entièrement dissimulée par l’homme, mais de ce que Killian voyait, c’était une femme. Et il ne fallait pas être Merwynn pour comprendre ce qui se passait ; l’homme, ivre, essayait de séduire la pauvre fille, voire même de la forcer. Elle s’avança, prête à lui faire la fête. Mais les mots d’Isis lui revinrent en mémoire et elle se ravisa.
 
Silencieuse, elle se campa derrière l’homme, puis lui attrapa le bras et le tordit en arrière.
 
-Aah ! Que ?! Qui t’es toi ! Lâche-moi !
 
-C’est vilain de s’en prendre à des jeunes femmes innocentes.
 
Killian avisa un abreuvoir pour chevaux non loin et traîna l’ivrogne dans sa direction. Là, le bras toujours tordu, elle lui plaqua le pied dans le dos pour qu’il s’agenouille. De son autre main, elle lui enfonça la tête dans l’eau des chevaux. Elle attendit quelques secondes et lui permit de respirer.
 
-Alors ? Tu as décuvé ? Tu as de nouveau l’esprit en place ?
 
-Ar…oui… oui pardon !
 
Killian le repoussa de côté et l’homme ne se fit pas prier pour détaler, trempé. Là, Killian se tourna vers la femme, et reconnut Isis sous les rayons de lune.
 
-Comme quoi…
 
Killian ricana un peu et soupira.
 
-Tu vas bien ? Viens, j’ai une chambre à l’auberge.
 
Elle entraîna la jeune femme dans l’établissement et elles montèrent dans sa chambre. Killian ferma à clé et soupira.
 
-C’est la seconde fois que je te sors du pétrin. Et là c’était un simple poivrot trop soûl pour comprendre ce qu’il faisait. Tu ne vas pas te laisser violer par simple principe de pacifisme ?!
 
Elle chercha dans ses affaires un poignard et le tendit à Isis.
 
-Tiens prends le. Même sans savoir s’en servir, ça peut faire peur. Peut-être pas à des bandits aguerris, mais à des poivrots. Et si tu veux apprendre à t’en servir, je peux te montrer les bases, ou alors il y a assez de maîtres d’armes un peu partout. Tu as raison de dire que tuer n’est pas forcément la solution. Mais se laisser marcher dessus n’est pas mieux.
 
Elle mit le poignard dans la paume d’Isis et lui referma les doigts dessus.
 
-Ne t’en fais pas, cette arme n’a ôté la vie de personne. Elle est neuve. Apprends à te défendre, Isis. Tu ne tomberas pas toujours sur quelqu’un comme moi qui te viendra en aide. Et de nombreux dangers parcourent les routes de l’Empire. Si tu veux voyager tranquillement, tu peux essayer de te faire engager dans un convoi. Il y a des soldats et c’est plus tranquille.
 
Killian lui désigna alors le lit.
 
-Tu peux prendre le lit. Repose-toi. Tu en as besoin.
 
Elle-même s’assit dans le fauteuil près de la fenêtre, attendant la réaction de la jeune femme. S’il le fallait, Killian la mettrait elle-même dans un convoi pour être sur qu’elle arrive à destination entière et vivante. Mais tout dépendait d’elle à présent, postée au milieu de la chambre, le poignard en main.
 
 
 
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