Nous marchons. Lentement. Trop peut être. Ses membres sont lourds. La douleur irradie de chaque plaie. Combien il y en a ? Alice en a perdu le compte ou y a t-elle réellement prêté attention ? Plus tard. Faut qu'on se sorte d'ici Les yeux sombres se posent sur son frère. Elle aurait dû se poser des questions. Pourquoi lui semble t-il si trouble ou parfois si net comme un mirage ? Pourquoi ressemble t-il à ça alors qu'il n'a jamais atteint un âge aussi avancé que le sien ? Non elle s'en fiche la bleutée. La fatigue lui fait griller un peu plus de neurones, manipule la réalité. Voix fraternelle qui est devenu presque réel depuis qu'ils ont fui. Loin, très loin de ce massacre. Un instant ses yeux se ferment, des flashs viennent s'inscrire sous sa rétine. Des hurlements. Ces monstres verdâtres au corps grotesques. Les armes au clair, le fracas de l'acier. La peur qui lui noue le ventre alors que ses mains se referment sur l'épée qu'on lui a jeté. Inutile. Elle était inutile. Puis l'instinct de survie a surgit. La jeune femme a couru, couru, toujours plus loin. L'épée lui a échappé alors c'est le poignard qui est venu se loger dans sa paume. Son regard s'abaisse. Il est toujours là. Taché d'écarlate, tremblant à cause de la tension qui ne la quitte pas. Les doigts sont blanchis autour du manche. Le lâchera t-elle à un moment ? A cette instant, aucunement, peut être plus jamais. Elle a eut, elle a si peur Alice. Chaque bruissement semble être la rumeur de l'arrivé des Raïs. Tu ressemble à un lapin sous coke rigole t-Elle. Mais la bleutée n'a même pas la force de répliquer.
Soudain elle ne la voit pas. Cette racine qui s'élève vicieusement hors du sol. Le pied se prend dedans, le corps s'écroule. La butte est dévalée. Les coups viennent abîmer un peu plus la peau couleur miel, avant que la chute se stoppe soudainement. Il lui faut un instant à Alice pour reprendre ses pensées puis l'odeur est là. Celle du sang. Un haut le cœur vient la secouer, rien ne sort le ventre est si vide.. Mais c'est bien cette odeur qu'elle pensait avoir quitté qui revient. Violente. Alice, on s'en va » Mais la demoiselle reste statique, les yeux braqués sur la monstruosité étalé au sol. De l'écarlate gorge l'herbe, le sol. Le corps semble avoir été éventré, révélant sa chair à vif au ciel, au monde entier. Un ours. On dirait un ours. Qu'est-ce qui peut être plus dangereux qu'un ours ? Dans ce monde, tant de chose il semblerait. Précipitamment Alice tente de se relever, trébuche, murmure, gémit le nom de son frère. Mais il n'est pas là. Pas là. Et.. Un homme se tient à côté du cadavre. Il a l'air si calme. Civilité dans ce paysage sauvage.. Mais il y a le sang qui macule ses habits. Touches d'écarlates qui la remplit d'horreur. Cela ne cessera donc jamais ?