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À la frontière des grands arbres (Pv Heiwa)
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01.01.12 19:52
Lentement, le matin naissait dans l’air. De timides rayons de soleil commençaient à percer les frondaisons des arbres et venaient, pour certains, s’accrocher aux gouttes de rosée. Des oiseaux, de ci de là, se répondaient dans l’air encore frais. Lys avait marché une bonne partie de la nuit et elle s’octroya enfin une pause près d’un ruisseau qui dégringolait le flanc d’une pente peu abrupte. Avec des gestes presque révérencieux, la Faëlle mit ses mains en coupe et se mit à boire l’eau froide qui s’écoulait en clapotant doucement. Une fois désaltérée, elle resta assise en tailleur et leva la tête pour observer les vols chaotiques de petits oiseaux granivores. Ils passaient et repassaient, toujours en train de s’activer, piaillant avec énergie comme s’il y avait fête. Une fois qu’elle jugea en avoir eu assez de leur bal incessant, Lys se releva souplement et poursuivit son chemin d’un pas résolu. Sa pause s’était éternisée plus que nécessaire, et elle savait pourquoi.

La veille, elle avait délaissé un petit hameau habité par ses congénères Faëls. La morsure de la séparation était encore douloureuse. Lys avait passé plusieurs mois en leur compagnie, ils l’avaient accueillie et traitée comme s’ils l’avaient vue naître. La Faëlle n’aurait eu aucun mal à s’établir là, comme dans tous les autres endroits dans lesquels elle avait séjourné. Seulement, voilà : elle était partie. Elle partait toujours. C’était ainsi.
Déchirée, une part de Lys brûlait de faire demi-tour et ralentissait la cadence de son périple. L’autre part savait que ça ne servait à rien de s’attrister. Il fallait continuer à avancer. Si un oiseau migrateur désobéit à sa nature à la veille de l’hiver, il meurt. Au fond, c’était un peu la même chose pour Lys.

***

La Faëlle était parvenue à la frontière de la forêt de Baraïl, les arbres ici étaient encore hauts mais ils étaient plus frêles que ceux qui se trouvaient au cœur de la forêt. Plus espacés également. Lys suivait le cours d’une piste qui longeait la lisière des arbres et elle avait conscience d’être un peu à cheval entre deux mondes. Elle avait déjà croisé quelques Alaviriens et elle apercevait au loin des habitations humaines qui se dressaient tant bien que mal. Lys connaissait un peu le village Alavirien dont elle s’approchait, les Faëls avec qui elle avait cohabité en parlait souvent. Pourtant, jamais encore elle ne s’y était rendue et elle décida que le moment était sans doute le bon. Si la chance lui souriait, elle croiserait peut-être des caravaniers cherchant quelqu’un pour les guider à travers les bois ou voulant simplement commercer. Au fond, peu importait; les rencontres avec les humains se révélaient souvent intéressantes pour Lys d’une façon ou d’une autre.
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04.01.12 21:51


.:I Une grande rencontre avec un petit personnage... I:.


"Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté."

À la frontière des grands arbres (Pv Heiwa) 432354Sanstitre

Désolée du retard! Je suis assez occupée avec la reprise des cours (et la fleme), je fais un peu vite mais je me rattraperai aux prochains posts, promis ^^

J’étais juchée sur mon étalon noir qui semblait se ficher totalement du paysage qui nous entourait tandis que je m’extasiais devant tant de beauté. Oui, j’ai l’âme sensible il faut dire, et me tenir loin de la civilisation pour contempler ne serait-ce que quelques heures ce que la nature nous offrait valait à mes yeux tous les trésors du monde. Après mes sabres, bien évidemment.
J’avais quitté la cité des rêveurs, Tintiane, tard la veille et avais chevauché toute la nuit afin de profiter de la fraicheur de la nuit et de la lumière bienveillante des étoiles. Me trouvant dans les sud de Gwendalavir, je n’avais pas croisé de monstres particuliers et hormis quelques brigands malchanceux, mon périple jusqu’à la forêt de Baraïl s’était plutôt bien déroulé. Eternelle solitaire, ce qui était un peu contraire à nos principes à nous, les frontaliers, je comptais effectuer un dernier passage dans les alentours des grandes villes avant de remonter vers le nord où je reprendrai par la suite mes fonctions de gardiens des marches de glace. Un conseil, si jamais vous avez l’occasion de choisir un peuple dans lequel vous vous réincarnerez, ne prenez pas les frontaliers… Certes, on a la classe et même les célèbres marchombres le reconnaissent, mais niveau éclate c’est vraiment pas top. A vrai dire, seule Siam, la sœur de notre héritier, est quelqu’un qui vaille la peine qu’on la rencontre. Bon, il y a Ludwiga aussi qui, parait-il est quelqu’un de formidable, mais je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de la rencontrer… Pourtant c’est notre chef, c’est pour dire à quel point j’entretiens peu de liens.

L’aube venait tout juste de pointer le bout de son nez lorsque j’aperçu quelques fumées s’élever à une centaine de mètres de là où j’étais. Le barrage vert émeraude de la forêt s’étendant à ma droite, j’hésitai une fraction de seconde à m’y engouffrer et choisis finalement d’aller toucher quelques mots aux habitants de ce hameau afin d’avoir quelques nouvelles sur l’empire… Je n’aimais pas la guerre, je n’aimais pas la violence, bref, c’était toujours bien de savoir s’il y avait des problèmes dans le coin… Non pas que je les fuirais, hein ? Je préférais juste éviter d’y aller tête baissée à cause d’une inattention de ma part…
Tirant donc légèrement sur la rêne gauche, Nocturne changeant nonchalamment de direction, me rapprochant à chaque seconde un peu plus des hommes.

...

… Quelques ours élastiques qu’viennent parfois nous piquer d’la ripaille ! Rien d’autre, ma p’tite dame !

Finalement, pour l’odeur de son haleine et sa sale… Enfin, son visage disgracieux, j’aurais plutôt fait de me taire.
Remerciant néanmoins les renseignements inutiles de cet homme, je pris congé de sa présence et tirai la longe de Nocturne avant de l’attacher un peu plus loin. Le soleil était désormais bien apparent dans le ciel… Peut-être devrais-je repartir avant qu’il ne soit trop tard ? J’aurais aimé atteindre le prochain village pas trop tard… A force de passer mon temps à l’extérieur de la citadelle, j’allais me faire taper sur les doigts. Au sens propre.

… commerces avec les faëls… Ces lutins des bois, t’sais…

Des faëls ? Créatures discrètes, ils se montraient peu et les rares objets qu’ils acceptaient de vendre ou d’échanger valaient très chers. Je n’avais jamais vraiment vu d’artisanat faëlique mais je n’étais pas contre pour y jeter un coup d’œil… Délaissant donc mes projets de départ, je me dirigeais vers le centre du… de cet entassement de baraques et observai les divers étalages dont les propriétaires vantaient les mérites avec force cris. Oui, il y avait de jolis bijoux mais de belles étoffes mais la plupart étaient de mauvaise qualité… La beauté était si trompeuse pour ceux qui ne savaient pas voir.
Esquissant un léger sourire, je ramenai négligemment ma chevelure bleutée en arrière et retournai sur mes pas pour retrouver mon cheval.
Alors que je tournai à l’angle d’une rue, je vis une petite ombre rapide fuser vers moi et je n’eus que le temps de m’écarter pour éviter la collision. Rattrapant mon équilibre de justesse, je pivotai souplement pour me mettre face à l’obstacle, reflexe que ma formation de guerrière avait aiguisé avec le temps. Quand je vis le visage juvénile d’une jeune faëlle (ou naine ?) qui n’avait rien d’effrayant, je me redressai légèrement et lui adressai un grand sourire.

Salut ! M’exclamais-je, encore un peu surprise. Désolée, je ne regardais pas où j’allais. Je ne t’ai pas fait mal ?

« Enfin, lui faire mal sans la toucher c’est dur mais… »

Elle aurait bien pu se cogner quelque part en m’évitant, après tout…
Souriante, j’attendis sa réponse patiemment.



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18.01.12 2:59
À mesure que Lys s’était approchée du village, le flot des passants n’avait fait que croître. Il n’y avait pas foule, il était très aisé de progresser sur la longue route, mais si elle se risquait à prêter attention à ce que ses sens lui hurlaient, Lys avait l’impression d’être prise dans le courant d’une rivière. Il y avait si longtemps qu’elle avait été en présence des humains… Si longtemps qu’elle n’avait pas humé les mille et une odeurs qu’avait à offrir leur culture. Si certains parfums qui avaient le bonheur de lui parvenir la charmait, la plupart la dégoûtaient. Pourtant, tous étaient suffisamment étranges pour qu’elle ait envie de continuer de progresser. Les prunelles avides de Lys passaient sur les visages et suivaient les mouvements les plus infimes. Et que dire des sons…À croire que les Alaviriens cherchaient à enterrer le silence centenaire de la forêt non loin. En avait-il peur? Craignaient-ils la solennité des arbres comme certains Faëls craignaient l’agitation de leurs bourgs?

Arrivée au sein du village, somme toute assez modeste, Lys s’arrêta. Oui, il y avait longtemps qu’elle n’avait pas été à la rencontre des humains, mais, à la vérité, elle ne souvenait tout simplement pas en avoir vu un tel nombre. Ils étaient partout. Tous les habitants semblaient être là, dans les rues, comme pour être sûrs de tirer tout le profit possible des premières heures de la journée.
Lys avait toujours rencontré les Alaviriens seuls ou par petits groupes, afin de marchander ou de leur donner des indications. La dernière fois qu’elle les avait vus vaquer simplement aux occupations de leur quotidien remontait sans doute à sa prime jeunesse, alors que son clan était voisin d’un village en tout point semblable à celui-ci. C’était avant que le dit village ne brûle. C’était avant que la fragile alliance entre humains et faëls ne se brise et ne force ces derniers à s’enfoncer dans la quiétude et le réconfort qu’offrait leur chère forêt. Lys renoua pendant un instant avec le désarroi qu’elle avait ressenti à ce moment-là. Ce fut brusque et douloureux, mais ça passa. Il était curieux parfois de constater que les évènements les plus anciens de l’existence laissent les marques les plus profondes. Il fallait si peu pour raviver les anciennes blessures, nœud d’émotions dont on ne se départit jamais tout à fait.

La Faëlle avançait maintenant avec plus de parcimonie, laissant son instinct la diriger. Ses yeux avaient perdu un peu de leur gaieté, mais pas de leur curiosité. Elle dévisageait les gens et ceux-ci le lui rendaient parfois avec autant de franchise. Néanmoins, la majorité d’entre eux étaient familiers avec la présence des Faëls et ne lui portaient guère d’attention. À un moment, Lys aperçut même un congénère à une extrémité d’une place public où différentes marchandises étaient vantées. À cet endroit précis, sans que la Faëlle n’y ait pris garde, la foule se resserrait et elle se sentit soudain étouffée. C’en fut trop! Son émerveillement s’éteignit pour lui laisser une impression de sursaturation. Les humains gesticulaient trop, ils criaient sans même s’écouter. Ils formaient une muraille autour d’elle de leur corps et n’avait même pas conscience de l’emprisonnement qu’ils lui infligeaient. Lys ne s’était pas préparée à ce genre d’immersion. Comment l’autre Faël pouvait-il seulement supporter d’être là? Elle s’éloigna à vives enjambées, cherchant avec tant d’application à se couper du foisonnement environnant qu’elle n’aperçut que trop tard le mouvement malheureux que fit une humaine. Elle bouscula Lys qui, aussitôt, eut un violent mouvement de recul. Raidie, les jambes fléchies, la Faëlle regardait l’Alavirienne, déroutée comme si elle l’avait giflée sans raison.

Salut ! dit l’humaine avec bonhomie Désolée, je ne regardais pas où j’allais. Je ne t’ai pas fait mal ?

L’espace de quelques secondes, Lys ne comprit pas. Mais elle se ressaisit vite. Elle allait décidemment devoir apprendre à calmer ses nerfs si elle voulait avoir des rapports harmonieux dans ce village.
Après tout, cette humaine, dans son attitude, n’était pas menaçante, juste incroyablement maladroite…comme tous les siens.

-Bien sûr que non! Même si tu l’avais voulu, tu n’aurais pas pu. répondit Lys avec son accent chantant.
Une lueur espiègle dansait à présent dans ses iris à la couleur douce et étrange. Elle en profita pour détailler un peu plus son interlocutrice; elle semblait venir des terres plus au Nord comme Lys. Ça se reconnaissait, ça se sentait dans sa posture et dans ses yeux. Ceux qui luttent contre le froid et contre de longues nuits portent en eux des signes qui les distinguent des autres. Lys le savait.
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29.01.12 19:41


.:I Quand deux créatures de glace se rencontrent... Ca fait de la neige! I:.


" "

À la frontière des grands arbres (Pv Heiwa) 432354Sanstitre

Lorsque je baissai mon regard sur l’étrange créature qui me faisait face, je me retins de dire un truc dans le genre ‘’Et on parle de mes cheveux bleus !’’ pour opter pour une expression joyeuse doucement surprise. La femme qui était devant moi, ou la jeune femme, je ne sais pas, était très petite de taille et seul son accoutrement me permit d’affirmer qu’elle était de ce petit peuple qui vivait dans la forêt de baraïl. Bref, de petite taille comme je viens de le dire, elle avait de longs cheveux blancs comme la neige coiffés en dread locks qui encadraient joliment son visage harmonieux. Des yeux gris bleus qui ressemblaient à deux miroirs, elle affichait un visage serein où une lueur sauvage semblait briller dans son regard. Habillée de vêtements simples mais pratiques, elle n’affichait aucune arme hormis un arc effilé comme ses yeux. Bref, un joli petit bout de femme qui devait sans doute attirer bien des regards curieux. Vous savez quoi ? C’était assez génial ! Les gens arrêtaient de pointer mes cheveux du doigt, trop occupé à baisser le regard sur elle ! Rien que pour ça, je resterai à coté d’elle pour l’éternité. Evidemment, je rigole…
Sa voix, mélodieuse comme tous ceux de son peuple, s’éleva alors, légèrement amusée tandis qu’elle disait que ce n’était pas grave puisque de toutes manières, je n’aurais jamais pu l’atteindre. Etonnée d’une telle remarque, j’allais me demander si je n’avais pas eu la malchance d’être tombée sur une pimbêche prétentieuse mais l’éclat espiègle dans son regard me convaincu du contraire.

Bon bah c’est l’essentiel alors ! Répondis-je tout simplement, en souriant.

« J’ai un bouton sur le nez ? »

Je voyais ses yeux parcourir mon corps furtivement, non pas pour me reluquer comme les hommes faisaient mais pour me détailler. Oui, tout comme elle j’étais une femme qui avait vécu dans le grand froid. Mes cheveux étaient bleutés comme la glace des hautes montagnes et les siens blancs comme la neige. Amusant, non ? Non ? Tant pis. Je garderais cette blague pour moi, dans ce cas.
Le blanc s’installa entre nous, comme la neige (ok j’arrête) dit en passant, je fus brusquement passionnée par les cuticules de mes ongles. Vous savez, je suis quelqu’un de sociable mais je ne sais pas du tout tenir une conversation… Ce sont toujours les autres qui doivent trouver quelque chose à dire, parce que toute seule, ça partirait dans du grand n’importe quoi… Ce fut donc presque avec soulagement que j’entendis des rires gras derrière moi. A vrai dire, je sentis presque l’odeur de l’alcool et de la sueur mélangés avant de les entendre…

« chic, chic ! Merci, dieu du sauvetage de conversation… »

Ces hommes aussi n’ont aucune chance de te toucher ? Demandais-je d’un ton gentiment amusé.

En réponse à ma question l’un d’eux nous pointa du doigt et deux individus tenant plus de l’ours que de l’humain se dirigèrent vers nous d’un pas chancelant. Nous apostrophant d’une voix pâteuse, j’évitai les postillons en remerciant silencieusement l’entrainement d’esquive que m’avait donné la citadelle. C’était finalement très pratique…
Me redressant en retenant une mine de dégout par politesse, car je suis quelqu’un qui a horreur de ne pas restée respectueux, j’inclinai légèrement la tête devant eux.

Quelle belle journée, messieurs ! M’exclamais-je alors. Il y a, parait-il, une auberge follement amusante qui pourrait vous…

On t’a pas demandé de parler toi ! M’interrompit l’un d’eux, me fixant de ses yeux bouffis. Alors t’vas nous suiv’, ta copine ac’toi et bien sag’ment !

« Pourquoi faut-il toujours que ça se déroule ainsi ? »

Mais… Répondis-je plus doucement, en admettant qu’on n’en ait pas envie ? Enfin, je parle pour moi hein ?

Qui sait, peut-être que la faëlle avait des goûts sordides ? A vue d’œil on penserait le contrairement, mais chez les frontaliers on nous avait toujours dit de ne pas nous fier aux apparences. Enfin… Quel type de femmes pouvait apprécier la compagnie de deux ivrognes puants ? Des goules, à la limite… Mais même les filles de joie ne toucheraient pas de ce pain là.
Un mouvement sur ma droit m’avertit que l’un d’eux tentait de m’attraper le poignet. Plus par dégout qu’autre chose, j’esquivai sa tentative de séduction et reculai d’un pas. Non, non ! Si cet homme me touche, c’en est fini de mon hygiène ! J’avais eu l’habitude d’être pleine de boue, trempée d’une eau croupie, j’étais même jusqu’à marcher dans une bouse ou dans du crottin, oui je l’avouais, mais jamais au grand jamais une telle répugnance ne m’avait gagné.

J’te d’mande pas ton avis, p’ite d’moizelle !

Voila qui clôture donc notre pitoyable tentative d’échange. Conclus-je, alors, peinée.

Quand mon interlocuteur, las d’attendre que je m’approche de moi-même, sortit un couteau, je me tournai vers la faëlle et lui adressai un grand sourire.

On ne s’est pas présentées, désolée ! Je me nomme Heiwa Shiroame. Je suis sincère ravie de faire ta connaissance et j’espère que la réciproque est de mise !

Un bras poilu passa entre nous lorsque je me décalais pour éviter une lame mal aiguisée, coupant nette la conversation que j’avais de nouveau amorcé entre la faëlle et moi. Du coin de l’œil, je vis le coéquipier de mon chef ami se diriger vers la jeune fille, pensant sans doute avoir une chance de la séduire mais je ne m’inquiétais pas pour elle. Pourquoi ? Déjà parce qu’elle m’avait évité tout à l’heure avec finesse et habitude, et de plus parce que chacun de ses gestes montraient que si elle n’était pas une combattante hors pair, elle dépassait néanmoins de très loin les abrutis qui tenteraient de l’embarquer dans je ne sais quel coin sombre.

On pourrait discuter ? Tentais-je quand il s’avança à nouveau vers moi.

Sans vouloir me venter, j’étais à même de faire manger le sol à cet individu déplaisant mais je ne voulais pas user de ma lame, moyen trop excessif pour un problème aussi minime. Le problème était que je ne voulais pas non plus y aller avec mes poings, l’idée de le toucher me révulsant. Bref, j’optai pour un compromis et de mon pied envoyai en l’air un morceau d’une planche de bois qui heurta son front avec un bruit sourd, le faisant tituber. Rattrapant mon arme improvisée avant qu’elle ne retombe, je n’attendis pas et pivotai souplement sur mes hanches, abattant d’un coup net l’objet sur la nuque de mon agresseur qui s’affala au sol.

« Et voila ! Propre et toujours aussi pure ! »

Oui, contrairement à ce que l’on croit, les frontaliers ne sont pas des meurtriers. De tous les peuples, nous devons être ceux qui recherchent le moins le conflit… Certes, nous manions les armes blanches sans doute mieux que personne de part nos enseignements dès la naissance, mais nous voulions toujours éviter les conflits inutiles. Pour ma part, hormis des raïs, je n’avais jamais tué que deux personnes. Enfin, peut-être un Thüls en plus mais là ce n’était pas volontaire, en plus je ne suis pas sure. Donc bref, tout ça pour en venir au fait que lorsque nous en avons la possibilité, nous ne faisons que neutraliser. Moi qui n’avais jamais affronté un guerrier assez fort pour me mettre en difficulté, j’avais toujours répugné à tuer. Mais en était-il de même pour les autres ? Je savais que les pirates se moquaient de la vie des autres et que même des sentinelles avaient assassiné pour le pouvoir et l’appart du gain. La légion noire devait plutôt être rouge et les chevaliers n’étaient pas non plus innocents… Qu’en était-il des faëls ? A mon départ de la citadelle, six ou sept ans plus tôt, j’avais découvert ce peuple discret mais très intéressant. M’ayant accueillit autant qu’ils ne m’intégraient pas, je les avais observais durant des semaines, notant leur symbiose avec la nature et leurs étranges coutumes. La plus belle et la plus triste était bien sur l’amour sans limite qu’ils éprouvaient pour leur compagnon, se tuant si jamais il venait à mourir. Ensemble jusqu’à la mort, diraient les chanteurs de bas-étage… Mais moi qui avais assisté au dépérissement de l’un d’entre eux qui avait perdu son âme-sœur dans les griffes d’un bruleur, je ne voulais jamais revivre cette scène.

Halala… Soupirais-je, après être revenue à la réalité.

La faëlle que je venais de rencontrer était-elle aussi comme ses congénères ou possédait-elle des particularités qui la différenciaient de son peuple ? C’est alors que je reportai mon attention sur elle, découvrant les actions qu’elle venait d’exécuter pour se débarrasser du badaud mal éduqué qui avait voulu s’en prendre à elle.




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03.02.12 16:48
Lys dévisageait la Frontalière avec insistance, oublieuse qu’un tel comportement pouvait être mal perçu dans les sociétés humaines. À dire vrai, la Faëlle était intriguée par la couleur surprenante des cheveux de la jeune femme en face d’elle. Bleus. Et lustrés. Pour un peu, elle aurait tendu la main pour les examiner comme un enfant qui doit toucher les choses pour les concrétiser et les comprendre. Heureusement, Lys savait que les codes des humains ne lui permettaient pas une telle familiarité. Alors, elle analysait avec ses yeux brillants et trop francs.
- Bon bah c’est l’essentiel alors ! finit par répondre la Frontalière à sa boutade.
Lys sourit à son tour en penchant la tête sur le côté comme un jeune chat curieux.

-Oui! répondit-elle gaiement. Et elle n’ajouta rien. Le malaise de son interlocutrice transparut dans ses manières, mais la Faëlle ne chercha pas à l’en dépêtrer. En ce qui la concernait cette situation ne présentait rien de problématique. Son sentiment d’inconfort vis-vis la foule qui l’avait encerclée un peu plus tôt avait disparu de façon aussi rapide qu’il était apparu. Comme une brusque averse pendant la saison chaude. Il n’était pas rare que la Faëlle passe ainsi d’un état à un autre en véritable lunatique. Un rien suffisait à faire diversion sur ses préoccupations, même pressantes. Et le village humain étalait manifestement toutes les distractions imaginables.

D’ailleurs un groupe d’hommes bruyants, odorants et visuellement bizarres s’approchèrent des deux femmes qui se tenaient un peu en retrait du gros de l’activité animant le matin encore jeune. Lys les scruta en sentant la menace sans en pour autant être en mesure d’en évaluer la portée. Sur son visage se dessina une expression soucieuse, mais pas véritablement alarmée.
Et ces hommes aussi n’ont aucune chance de te toucher ?

Non, certainement pas. Cela allait de soi. Elle était une Faëlle resplendissante de santé et ces hommes semblaient éméchés par une de ces substances que se partageaient les Alaviriens. L’alcool. Où est-ce que la Frontalière voulait en venir exactement?
À peine la question fut-elle posée que les marauds les désignèrent du droit et entreprirent de les aborder. Lys observait la scène ébahie. Rarement avait-elle vu des êtres vivants négliger autant leur propre bien-être…

-Quelle belle journée, messieurs ! lança la femme aux cheveux bleus. Il y a, parait-il, une auberge follement amusante qui pourrait vous…


On t’a pas demandé de parler toi ! coupa aussitôt l’énergumène à la tête du groupe Alors t’vas nous suiv’, ta copine ac’toi et bien sag’ment !

Mais… en admettant qu’on n’en ait pas envie ? Enfin, je parle pour moi hein ?

Lys comprenait peu à peu de quoi la situation retournait réellement. Elle put lire sans s’y tromper la concupiscence dans les regards torves de ces hommes. La voyageuse éprouvait en quelque sorte de la pitié pour ces villageois qui ne savaient plus ce quels abominations ils perpétraient. Depuis quand avaient-mis au rebut la dignité propre à chaque être pensant? Qu’est-ce qui les avait menés à cette déchéance?

-J’te d’mande pas ton avis, p’ite d’moizelle !

-Voila qui clôture donc notre pitoyable tentative d’échange

Le même homme qui s’était adressé à elles avec rudesse tendit un bras vers l’Alavirienne, geste auquel cette dernière se défila. Le bonhomme, ce qui acheva d’étonné Lys, n’apprécia pas le moins du monde, et il dégaina avec hargne une lame en mauvais état.

On ne s’est pas présentées, désolée ! Je me nomme Heiwa Shiroame. Je suis sincère ravie de faire ta connaissance et j’espère que la réciproque est de mise ! eut le temps de s’exclamer la Frontalière avant que le combat ne s’engage.

Un autre des hommes, aux yeux verts et aux sourcils épais, se glissa jusqu’à la Faëlle avec la sournoiserie d’un charognard. Lys l’observait d’un air grave. Elle ne voulait pas engager les hostilités et tentait de le disuader de façon muette. Ce qui, bien évidemment, n’était voué rien d’autre qu’à l’échec…

L’homme tenta de la traîner contre un mur pour l’immobiliser. Cependant, si Lys avait paru se tenir tranquille jusqu’à maintenant la métamorphose s’opéra de façon brutale. Elle suivit le geste du villageois pendant une fraction de seconde, et s’effaça dans un mouvement souple, si vif et si naturel qu’elle aurait aussi bien pu s’être volatilisée. Profitant de l’élan de son adversaire, elle se faufila derrière son dos, et le poussa. Le choc qu’il encaissa contre le mur de pierre froide n’en fut que plus violent. Sonné, il tituba, la bouche en sang, ses mains cherchant à prendre appui contre la façade pour éviter de tomber. Lys le fit chuter sans mal. Un autre homme, le dernier, se précipita à son tour, sa colère envenimée par la déconfiture que subissaient ses comparses. Il décocha un coup de poings, plus puissant que précis. La Faëlle l’esquiva aisément de même que les autres qu’il enchaîna. Du tranchant de la main, elle répliqua par un coup dans ses côtes. Il gronda comme un chien malmené, mais Lys compris que son attaque, bien que nette et précise, n’avait pas eu la force nécessaire pour le déstabiliser. Dans ses jeunes années, Lys avait appris à se défendre, mais l’offensive pure lui faisait défaut. De plus, elle avait rarement eu l’occasion de mettre ses connaissances en pratique…encore moins contre un humain bien bâti. Il faudrait qu’elle remédie à cet état des choses….
Une voix éclata soudain derrière eux :

-Hé, vous là bas! Arrêtez ça immédiatement!

Un représentant de la milice du village se précipitait vers eux, un air scandalisé peint sur ses traits. Lys crut que cet autre homme (à tort sans doute) venait pour les martyriser à son tour. Elle avait deviné que son statut hiérarchique était différent, ne serait-ce que par l’aspect propre de ses vêtements. Aussi préféra t-elle s’enfuir, agile comme une couleuvre. Un loup solitaire agirait de la même façon face à l’arrivée d’un ours. Elle fila entre les doigts de son second adversaire, et elle attrapa la Frontalière par la manche en l’entraînant à sa suite. Les deux femmes s’enfuirent à travers les ruelles du village….Pendant ce temps, les ivrognes reprenaient leur esprits en décrivant de manière confuse l’attaque dirigée contre eux. Le milicien crut voir (à tort) dans la fuite de Heiwa et de Lys une preuve les incriminant. Rageur, il convint avec lui-même que la situation ne passerait pas sous silence. Bien sûr, de temps à autre, les gens se faisaient agressés par des malotrus, mais l’aspect inhabituel de la scène plus que sa gravité motiva sa résolution à en découdre.

-En passant, Heiwa, je me nomme Lys Kalwë, lâcha innocemment la Faëlle alors qu’elles couraient dans les rues.
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