Mon personnage Sexe et âge: Homme, la trentaine Aptitudes: Tueur à gages / Volonté implacable / Tu ne peux pas m'échapper
Karlson Hrejo Voïshinta
Citoyen de l'Est
11.04.12 22:08
۞ TERRE D'EXIL / EN CAPTIVITE ۞
Les paupières du Valinguite s'ouvrirent fébrilement. Sa vision était floue, il apercevait à peine les torches accrochées aux murs de pierre nues qui dispensaient une lumière tamisée dans la pièce. L'air sentait le renfermé, et le sang. Il devait se trouver dans quelque cachot en sous-sol. Il savait qu'il était en danger, qu'il devait ouvrir les yeux, réfléchir et s'évader, en faisant payer cher ceux qui l'avaient piégé de préférence. Mais sa tête était pesante, ses idées n'étaient claires, sa vision carrément brouillée, et une douleur lancinante au niveau de la tempe l'empêchait de reprendre ses esprits. Il tenta de bouger, mais son corps ne répondait pas. La grande quantité de drogue qu'on lui avait administrée et les coups dont on l'avait criblé alors qu'il était inerte l'avaient terrassé.
Comment cela avait-il pu arriver ?
Il se souvenait avoir embarqué avec son cheval sur un important navire de pêche alavirien. Il avait monnayé son passage avec une importante quantité d'or, achetant par la même occasion le silence des hommes de la mer quant à ses origines. La traversée devait durer trois jours. Comme on l'avait installé dans la chambre commune de la vingtaine de marins qui œuvraient sur le navire, Karlson avait passé la plupart du temps sur la proue, seul, enfermé dans ses pensées, le regard rivé vers l'Ouest. Sa présence étrangère parmi l'équipage avait attiré les regards et alimenté les discussions, mais il ne s'était pas tracassé outre mesure de ces ragots.
Finalement, la traversée avait duré près de cinq jours complets. Alors que le soleil était descendu lentement derrière une chaîne de montagnes à l'Ouest, il avait enfin aperçu les rives de l'Empire de Gwendalavir. Certes, ça ne payait pas de mine, mais il s'attendait à mieux comme premier aperçu du continent occidental. Derrière l'épais rideau de brume apparaissait petit à petit une bourgade crasseuse, un village calé contre le porte de pêche qui prenait plus de place que toutes les habitations rassemblées. Il faisait froid et la bruine froide mouillait les vêtements et rendait le sol boueux, jalonné de flaques brunâtres et odorantes. Les animaux de ferme se promenaient dans les rues, les habitants étaient sales et aucune auberge valable n'était à l'horizon.
Grimaçant, le Valinguite était descendu pour rassembler ses affaires et prendre son cheval. Rien que l'amarrage du navire au quai avait pris une heure durant laquelle Karlson avait dû se retenir d'égorger quelqu'un. Il lui tardait de quitter ce rafiot qui empestait le poisson. Quand enfin il avait été libre de partir, il s'en était allé sans un mot, sans une pièce supplémentaire pour service rendu.
Dehors, la nuit était rapidement tombée et il était parti à la recherche d'une auberge valable qui ne sentait pas le poisson. Il avait besoin d'un bain et de manger autre chose que de la soupe et du pain sec. Malheureusement pour le Valinguite, la seule auberge du village était complète. Karlson s'était alors douté que son air sombre et taciturne n'avait pas joué en sa faveur. Il avait donc décidé de quitter l'endroit. Il avait enfourché sa monture et s'était enfoncé dans la nuit.
Suivant son instinct, il avait suivi une piste à travers les bois et s'était installé près d'une rivière où il avait enfin pu se laver de toute odeur de poisson. L'eau était glacée, mais cela lui avait fait du bien. Le lendemain matin, il pourrait prendre la route pour la capitale, grâce à la carte qu'il avait prise au capitaine du navire de pêche. Il était encore ruisselant d'eau quand il enfila son pantalon. Le froid était mordant, mais il appréciait les frissons qui le secouaient ; il se sentait vivant.
C'était alors qu'il s'était penché pour attacher ses bottes qu'il avait senti une présence étrangère. D'un geste sec, il avait tiré le poignard caché dans sa botte avant de se plonger dans l'imagination. Le Valinguite se rappelait la scène avec précision.
Flash-back
Montre-toi.
L'ordre était direct, implacable. L'ordre rencontra un mur dans l'imagination. Karlson s'immergea à nouveau dans les spires et y rencontra son adversaire. Une présence lui faisait obstacle. Bien, il allait avoir sa première confrontation avec un de ces « dessinateurs » alaviriens. Un sourire carnassier était apparu sur son visage quand il avait lancé toute sa volonté contre l'intrus. Le choc ébranla les spires et des réseaux entiers de possibles se brisèrent sur son passage. Son ennemi avait reculé et Karlson avait encore augmenté la pression sur son esprit. C'est alors qu'il était sur le point de vaincre son adversaire qu'un deuxième dessinateur rejoignit le premier. Ensemble, les deux Alaviriens se liguèrent contre le Valinguite qui commença à perdre du terrain.
D'un commun effort, ils le boutèrent hors des spires. Karlson reprit contact avec la réalité pour constater que ses ennemis avaient profité de son combat mental pour approcher. Ils étaient huit. Huit hommes vêtus de noir. Deux d'entre eux étaient les dessinateurs qui l'avaient assaillis, il pouvait le sentir. Ils se tenaient en retrait, derrière les six guerriers qui avaient tiré leurs épées hors de leur fourreau. Un des dessinateurs parla.
Les Mercenaires du Chaos te souhaitent la bienvenue en Gwendalavir, Karlson Voïshinta de Valingaï. Notre Maîtresse a hâte de faire ta connaissance.
Mercenaires du Chaos... Le nom ne lui disait rien. Une sorte de guilde certainement et, à en entendre le nom, celle-ci ne lui voulait certainement pas du bien. Il répondit sèchement à l'émissaire.
Dis à ta Maîtresse qu'elle peut garder son invitation et que si elle veut faire ma connaissance, qu'elle vienne me chercher elle-même.
Le ton lugubre du Valinguite ne sembla pas plaire au dessinateur qui, s'il avait reculé au son de sa voix, ne se démonta pas pour autant.
Malheureusement pour toi, notre ordre est de t'emmener à notre quartier général, de gré ou de force, et comme tu ne nous laisses pas le choix... Il fit un signe aux six guerriers qui l'accompagnaient. Attaquez-le. Ne le tuez pas, elle le veut vivant.
Et les six guerriers fondirent sur lui comme un seul homme. Karlson s'élança, fit un roulé boulé et attrapa son cimeterre avant de se relever et de le plonger jusqu'à la garde dans la gorge du premier Mercenaire, pile au défaut de son armure. Il retira vivement son arme du corps qui répandait une fontaine de sang dans l'herbe et se mit en garde alors que les cinq guerriers restants tournaient autour de lui, en attente d'une ouverture.
Le combat était largement inégal. Ils étaient cinq hommes en armure, alors que lui-même se battait torse nu, et ils étaient soutenus par deux puissants dessinateurs qui n'allaient pas tarder à entrer dans la danse. Karlson eut un rire suave et amusé qui fit sursauté ses adversaires. Désormais, il allait pouvoir juger de lui-même de quoi étaient capables ces Alaviriens qui avaient fait tomber la grande Valingaï.
Vif comme un serpent, le Valinguite, son poignard dans une main et son cimeterre dans l'autre, fonça vers le Mercenaire le plus proche. L'homme leva son épée à deux mains et attaqua, une botte redoutable, mais Karlson était plus dangereux encore. Il se glissa sous la lame de son adversaire et frappa de son poignard dans l'aine. Sa lame s'enfonça profondément dans la chair. Profitant de la surprise pour rendre son attaque mortelle, il tourna le poignard dans la plaie et remonta jusqu'à l'estomac. Il retira sa lame et, d'un même geste fluide, fit volte face et lança son arme qui se ficha profondément dans la poitrine d'un des dessinateurs. Plus que cinq; un dessinateur et quatre guerriers.
Les cinq hommes se concertèrent du regard. Deux hommes s'élancèrent vers le Valinguite qui bloqua leurs attaques de son cimeterre. Le niveau d'escrime de ceux-ci était haut, leurs coups puissants et précis, mais pas encore assez pour Karlson qui déjouait chaque botte et chaque audace avec une adresse renouvelée. Les lames s'entrechoquaient avec force et les trois autres Mercenaires observaient le combat en silence. Non, pas trois, deux. Le dessinateur venait de plonger dans l'imagination.
Le Valinguite réalisa ce détail trop tard. Une chaîne surgit hors du sol et s'enroula autour de son bras gauche, l'attirant vers le sol, serra ses muscles jusqu'à ce qu'il lâche son poignard. Il poussa un grognement de douleur en forçant sur son bras malmené pour garder l'équilibre. C'était de mauvais augure. Un des guerriers restants fondit sur lui, lame en avant. Karlson parvint à le désarmer et à le blesser à la cuisse, mais ne coup ne fut pas mortel. A un autre Mercenaire qui s'approchait, il décocha un atémi du pied fulgurant qui assomma son adversaire. Mais son pied touchait à peine le sol qu'une autre lourde chaîne de métal s'enroulait autour de sa jambe, de la cheville à la cuisse. Une autre encore surgit et le prit à la gorge. Le Valinguite écarquilla les yeux, porta sa main libre à sa gorge, lâchant son cimeterre. La chaîne se serra, le faisant suffoquer. Une nouvelle chaîne enserra son torse et le fit basculer sur le sol gorgé du sang de ses adversaires.
Les Alaviriens, leurs lames tendues vers le Valinguite qui se démenait pour respirer, s'avancèrent.
Eh bien, voilà le loup muselé, ricana le dessinateur.
Mais Karlson n'avait pas dit son dernier mot. De sa main libre, il parvint à faire passer un mince filet d'air à travers l'étau qui l'étranglait. Un des guerriers s'approcha après avoir observé les corps sans vie de ses compagnons et asséna un puissant coup de pied dans l'abdomen du Valinguite de sa botte renforcée de métal. Le captif cracha du sang et, toisant le Mercenaire d'un regard empli de haine, il prononça :
Meurs.
Le Mercenaire l'observa sa broncher, puis son visage se crispa en une grimace de douleur, faisant palpiter les veines sur son front. Et il tomba en un gargouillement d'agonie. Un sourire victorieux en coin, Karlson fixa le dessinateur restant, se délectant de son expression horrifiée. Ce dernier empoigna son arme et, se penchant vers lui, en abattit violemment le pommeau sur la tempe du Valinguite. Karlson perdit connaissance.
Fin du flash-back
Karlson n'était pas dans un cachot, il était dans une cage. Une fois sa vision rétablie, il avait pu prendre conscience de l'endroit où il se trouvait. Il était assis, dos contre un mur. Sa cage était en demi-cercle, d'un côté un mur droit, de l'autre une courbe de barreaux épais. Du sang presque séché, noirci, recouvrait la moitié de son visage et avait coulé sur son torse. Il se palpa la tête et grimaça.
Dans la pièce qui donnait sur sa cage, deux Mercenaires l'observaient en silence, deux hommes en armure et en armes. Quand il remarqua que le captif avait repris connaissance, l'homme le plus proche souffla quelques mots à son comparse qui sortit, certainement parti prévenir la « Maîtresse » que son prisonnier était éveillé.
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Viladra Memphis
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11.04.12 23:30
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Karlson Hrejo Voïshinta
Citoyen de l'Est
12.04.12 23:58
La porte de sa cage grinça lourdement sur ses gonds en s'ouvrant en grand. Dans l'embrasure de la porte se tenait une femme richement vêtue. Elle devait avoir dans les vingt ans. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules, sa peau était de porcelaine, sa silhouette longiligne et toute en courbes généreuses. Dans ses yeux de titane étincelait une lueur malsaine et puissante. La « Maîtresse » des Mercenaires du Chaos, le doute n'était pas permis. Malgré son apparente jeunesse, une aura écrasante émanait d'elle. Karlson braqua sur elle ses pupilles rouges pleines de mépris. Les yeux de la jeune femme glissèrent sur lui, le détaillant lentement de la tête au pieds. L'air satisfaite, elle esquissa un sourire.
Karlson Voïshinta... Navrée que le trajet ait été aussi inconfortable... Mais votre refus de collaborer nous y a forcé. Soyez le bienvenu dans la forteresse des Mercenaires du Chaos, je suis Viladra Memphis, chef de cette guilde.
Le Valinguite, toujours au sol, adossé au mur, retroussa les lèvres en un rictus carnassier. Qui qu'elle soit, quelle que soit sa force ou son pouvoir, elle n'avait pas idée du monstre auquel elle avait à faire et, bien qu'il n'appréciait guère d'abîmer une si belle créature, Karlson allait se faire un plaisir de donner un leçon à cette inconsciente qui avait osé s'attaquer à lui. Sans se presser, il se redressa, faisant glisser la peau nue de son dos contre le mur de pierre humide, rouvrant quelques plaies sur son torse et ses épaules qui firent couler un peu plus de sang sur son blême épiderme. Ses cheveux noirs poisseux d'hémoglobine étaient plaqués sur son visage et sur ses épaules, laissant à peine paraître son faciès anguleux et agressif.
Son corps tout entier était douloureux, mais la souffrance importait peu, elle était le combustible, le carburant dont son âme avait besoin pour nourrir sa force destructrice et guider son bras meurtrier. La douleur embrasait son esprit et rendait son don encore plus dangereux. Il sentait monter en lui la chaleur dévorante et avide de sang, de toujours plus de sang. Il voulait les cris, la douleur, les suppliques. Il voulait que cette femme qui l'avait enfermé comme un animal demande pardon à ses pieds, crie grâce à ses genoux.
Il fit un pas vers elle. Elle ne broncha pas. Il approcha encore et tous d'eux s'affrontèrent du regard. Rouge et gris. Ruby et diamant. Sang et acier. Viladra ne reculait toujours pas. Et derrière elle, la porte de la cage était ouverte, largement ouverte. Il n'y avait pas un seul garde dans la pièce, elle les avait tous congédiés et, apparemment, les alentours étaient sûrs également. Sa fuite était assurée, et ces Mercenaires du Chaos qui l'avaient piégé allaient payer cher, très cher. Ils allaient payer par le sang. Il allait déchaîner sa fureur et tout détruire sur son passage. Tuer, tuer, tuer, … Son sang bouillonnait déjà dans ses veines à l'idée d'assouvir la soif de sang de sa lame. Il sentait un grondement animal résonner au creux de ses entrailles.
Il se pencha d'un coup vers sa victime, approchant brusquement son visage à quelques centimètres du sien. Il pouvait sentir l'odeur parfumée de sa peau, voir ses longs cils noirs immobiles, encadrant ses yeux de titane qui le toisaient de toute leur verve. Les bras du Valinguite étaient appuyés contre les barreaux de sa cage et la chef des Mercenaires, son corps frêle et délicat, était le seul obstacle entre lui et la liberté. Il approcha encore plus son visage ensanglanté du sien, jusqu'à ce que son souffle fasse bouger ses longues mèches noir jais autour de son visage parfaitement ovale et lisse.
La haine embrasa la puissance de son don et sa volonté brisa toutes les barrières de l'imagination, fusant à travers les spires comme un animal enragé. Les mots qu'ils prononça étaient froids comme le Nord, durs comme l'acier et aussi corrosifs que l'acide.
Hors de mon chemin, chienne.
Un sourire narquois s'étira sur le visage de Karlson alors que sa volonté heurtait la conscience de Viladra. Si elle voulait tant le garder captif, elle allait devoir l’enchaîner dans une meilleure cage et surtout, surtout... ne jamais, jamais... le sous-estimer.
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Karlson Hrejo Voïshinta
Citoyen de l'Est
13.04.12 23:00
Karlson filait dans les spires. A une vitesse hallucinante, il traçait sa voie telle une flèche de volonté pure et implacable, dirigée droit vers la Mercenaire. Il était près de heurter sa conscience quand, au dernier moment, elle érigea une barrière dans son esprit, tentative futile pour arrêter sa fureur. Elle fut balayée comme un fétu de paille. Une deuxième barrière mentale s'éleva dans les spires. Cela devenait agaçant. Il n'était pas d'humeur pour un combat de pouvoirs. L'embuscade l'avait épuisé, cela faisait des jours qu'il n'avait pas mangé et qu'il n'avait pas dormi. Ses ressources étaient limitées. Il se concentra et donna plus de puissance à sa poussée de volonté. La deuxième barrière mentale éclata comme du verre, en un millier d'éclats qui disparurent dans l'imagination. A peine l'obstacle était-il surmonté qu'un nouveau barrage se dessina sur sa route. Le Valinguite aurait poussé un juron s'il n'était pas immergé dans l'autre dimension. La fatigue se faisait de plus en plus sentir, l'épuisement total menaçait. Cette femme était puissante, beaucoup plus puissante qu'il ne l'avait imaginé. S'il avait été prêt à ce combat, il aurait sans doute pu faire face, mais là, il devait avouer, et avec amertume, qu'il allait certainement rester plus longtemps que prévu dans cette cage. Dans un dernier accès de rage, il envoya tout ce qu'il lui restait d'énergie et de rage. Son dernier assaut fit exploser la barrière mentale de Viladra. Puis son ordre se désintégra dans les spires.
Quand il revint à la réalité, Viladra le toisait d'un air de défi. La jeune femme savait qu'elle l'avait surpassé, qu'elle venait de prouver son indéniable supériorité sur le Hrejo. Naturellement, elle savourait sa victoire sur son captif. Karlson détestait, abhorrait ce regard. Il se sentait comme un animal sauvage que son maître venait de mâter. Il n'avait pas de maître, il n'appartenait à personne, il était libre et il se jura de reconquérir sa liberté, d'une façon ou d'une autre.
D'un autre côté, elle était puissante, et elle était vraisemblablement à la tête d'une guilde puissante. Une guilde qui, apparemment, s'opposait au pouvoir en place et ne rechignait pas à trancher quelques gorges pour se faire entendre. Peut-être y avait-il moyen de tirer avantage de la situation, ou tout du moins de ne pas faire partie des gorges tranchées par les Mercenaires du Chaos.
Un dessin, comme en faisaient les Alaviriens, bascula dans la réalité. Du vent. Un coup de vent, puissant mais pas violent, le repoussa. Il fut légèrement soulevé de terre et renvoyé au fond de la cage, contre le mur. Son large dos toucha la pierre nue et humide et il reprit l'équilibre. Sans se rapprocher, en restant sagement à distance, là où Viladra l'avait repoussé.
Voilà qui fut fort excitant pour une première rencontre... Mes espoirs n'étaient pas infondés, tu es un merveilleux spécimen... Dommage que l'on ne t'ait pas dressé un peu plus efficacement, mais j'ai toujours eu de l'intérêt à la discorde... Tu as mis les pieds sur un territoire qui ne t'appartient pas... Selon les raisons qui t'ont poussé à poser tes pattes ici, je verrai dans quel état je te laisserai repartir.
Il pencha la tête sur le côté, secouant ses mèches noir jais et se mit en mouvement. Il s'avança vers la droite, puis vers la gauche, faisant les cent pas en observant la chef des Mercenaires. Inconsciemment, il se comportait comme l'animal qu'elle voyait en lui, comme un animal qui observait un autre animal, un animal qui observait une phénomène nouveau, un phénomène plus dangereux que lui peut-être, qu'il hésitait à attaquer, car il doutait de lui, il se demandait s'il était toujours le chasseur et s'il n'était pas devenu la proie.
Les paroles de Viladra faisaient petit à petit leur chemin dans son esprit. Pourquoi l'avait-elle capturé ? Était-ce pour connaître les secrets du don des prêtres ahmourlaïs ? Cela lui semblait fort probable. Après tout, ce don pouvait se révéler rudement efficace pour un tueur, il en savait quelque chose. Il réfléchissait tout en continuant à faire les cent pas, le regard toujours fixé sur la jeune femme qui, à elle seule, faisait barrage entre le Valinguite et la sortie. Il s'arrêta, grimaça, et lança un nouveau regard noir vers sa geôlière.
Mon nom est Karlson Voïshinta, je viens de la cité-état de Valingaï qui a été détruite. Ma tête est mise à prix, j'ai été trahi et il m'a fallu quitter ma terre natale.
La voix rauque de Karlson résonnait étrangement dans le sous-sol vide. Elle voulait savoir qui il était ? Eh bien elle allait être servie, surtout si elle pensait avoir à faire à un simple dessinateur valinguite.
On m'appelle le « Hrejo ». Cela signifie que je suis un banni, déclara-t-il, prononçant le dernier mot avec mépris. J'ai été choisi par un maître qui m'a enseigné la traque et l'art de la mort. Je loue mes services en échange d'argent. Ce sont les grands hommes du pays qui ont recours à mes services et nombreux sont ceux qui veulent ma tête. Je ne suis peut-être pas le meilleur dessinateur des contrées de l'Est mais j'en suis le plus grand artiste de la mort.
Les yeux écarlates du Hrejo étaient animés d'une flamme obscure et sanglante. L'épuisement l'empêchait de se concentrer et son désir de vengeance était grand. Il pouvait rester plusieurs jours sans manger et sans dormir, mais il avait besoin d'eau. Et aussi d'un bain.
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Viladra Memphis
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13.04.12 23:53
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Karlson Hrejo Voïshinta
Citoyen de l'Est
15.04.12 0:34
Voila ce que je te propose… Tu mets tes talents à mon service. C'est-à-dire que si je te demande de massacrer quelqu’un, enfant, femme, homme comme simple chien… Tu le feras. En échange tu recevras un toit, l’assurance d’être en vie plus ou moins efficacement… car mes propres hommes peuvent se montrer dangereux sauf si j’assure moi-même ta protection, du sang à satiété et l’or que tu ramasseras dans tes missions. Nous n’en avons pas besoin… Moi-même je possède une certaine réserve de par ma famille… Et nos meurtres nous ont assuré une réserve plus que suffisante. Tu peux aussi refuser… Mais je suis trop honnête en ce moment pour te garantir une belle escapade. A vrai dire je pense que je te tuerai maintenant. Ce serait dommage d’abîmer un si joli corps… Ça a du demander beaucoup d’entraînement pour en arriver là. L’idée de le voir dégoulinant de sang serait jouissif, mais un cadavre reste un cadavre… Une belle image inutile.
Depuis le fond de sa cage, Karlson écouta la proposition de Viladra d'une oreille attentive. Il entendit la porte de sa cellule grincer, se refermer derrière le dos de l'Alavirienne. A les voir ainsi, on aurait pu penser qu'elle était à la merci du tueur, mais le statu quo avait changé, et elle ne manqua pas de le lui faire remarquer en faisant cliqueter le fourreau de sa lame contre les barreaux de la cage, de manière à lui rappeler que, si elle pouvait le tenir en joue à la seule force de son esprit, elle appréciait visiblement tout autant faire couler du sang. La prudence était de mise.
Viladra lui proposait donc un toit, la sécurité... à condition de mettre sa lame à son service. Alors c'était comme cela que ça se passait ? Elle lui proposait tout. Absolument tout. Et elle demandait bien peu en échange. Le Valinguite fronça les sourcils. On n'offrait pas une telle chance à un inconnu, sur un plateau d'argent, à moins d'avoir une idée derrière la tête, et, s'il n'était pas du genre à se laisser avoir à ce jeu-là, la jeune femme mince et à l'apparence fragile qui à elle seule faisait barrage à sa liberté, à lui, Karlson Voïshinta, l'assassin le plus craint du continent de l'Est, ne semblait pas non plus être le type de personne à faire preuve d'une telle générosité sans avoir un projet plus ambitieux à l'esprit.
Mais la proposition n'était pas une proposition. Elle n'en avait que l'apparence. La voix de l'Alavirienne, il en connaissait le ton pour l'avoir lui-même déjà utilisé par le passé. C'était une menace qu'elle proférait, une voie à sens unique. Elle savait qu'elle l'avait acculé et qu'il n'aurait pas d'autre choix sinon de dire oui et de se soumettre à sa volonté impérieuse. Et le Hrejo n'aimait pas cela, être mis au pied du mur. Meurs ou obéis, et va savoir quel sort je te réserve pour la suite.
Il releva le menton et plissa ses yeux de grenat.
Mais encore ? Il marqua une pause. Mettre ma lame à ton service ne sera pas un grand sacrifice, surtout au vu de ce que tu proposes de m'offrir en échange.
Nonchalamment appuyée sur la porte de la cage, Viladra avait croisé les bras et le fixait sans ciller, arborant le même sourire que lorsqu'elle avait réalisé sa victoire lors de leur joute mentale, ce sourire fin qui se voulait hautain mais qui cachait son profond sentiment de victoire sur son prisonnier. Si les dieux de ce monde avaient décidé de mêler grâce et violence, force et fragilité, sang et pétale, mort et plaisir, ... pour donner naissance à une être hybride et unique en son genre, il en avait devant lui l'incarnation. Lui-même ne s'était jamais considéré comme totalement humain, non, il était plutôt une créature de l'obscur, comme son maître Ysiphyrus et ses semblables restés sur le continent de l'Est. Il comprenait petit à petit qu'il avait sous-estimé Gwendalavir et ses habitants. Après tout, pourquoi ces terres seraient-elles plus pauvres en phénomènes bipèdes que les terres orientales ? En somme, beaucoup de défis en perspective. La prochaine fois que l'occasion se présenterait de se confronter à un de ses voisins alaviriens, il ne raterait pas sa chance.
Karlson se tint immobile, tourna légèrement la tête pour observer la chef des Mercenaires de biais. Ses molaires grincèrent alors qu'il serait la mâchoire et retroussait la lèvre pour découvrir une canine limée en pointe.
A quoi joues-tu ? Penses-tu vraiment pouvoir me berner si facilement ? Quelles mentions du contrat as-tu préféré taire ? Ce n'est pas pour le plaisir que tu m'as capturé, emprisonné et battu comme on mâte un chien récalcitrant parce qu'il refuse d'obéir, n'est-ce pas ? Alors, dis-moi...
Le ton avait changé, il était devenu suave, enjoué presque. Mais la voix profonde et grinçante du Valinguite, comme une lame qu'on aiguise contre la pierre, ne cachait ni sa rancœur ni son désir d'étrangler celle qui se jouait de lui, qui le manipulait tel un pantin depuis qu'il avait été jeté dans cette cage. Mais plus encore, il éprouvé de l'antipathie envers sa propre stupidité. Il se mordait les doigts d'avoir été ainsi enchaîné. Et enchaîné, il l'était au sens littéral comme au sens figuré. Il avait le choix, entre la mort et ce que Viladra lui proposait. Mais ce n'était pas un choix, car le Hrejo comptait bien vivre encore quelques années, le temps tout au moins de tenir la promesse qu'il avait faite à son maître, et que son maître lui-même avait faite à son maître, de perpétuer la tradition millénaire des artistes de la mort du continent de l'Est. Il avait bon espoir de se faire connaître ici comme il l'était sur ses terres, de se faire connaître comme ennemi notoire de l'Empire, pour que jamais les dignitaires de ce pays ne dorment sur leurs deux oreilles et qu'ils mouillent entrejambes et aisselles à chaque bruit suspect et à chaque sursaut.
Sa grimace se mua lentement en sourire carnassier. Cela, la chef des Mercenaires semblait être en mesure de pouvoir lui offrir. Le seul et unique bémol était que Karlson travaillait seul, toujours. Il n'avait confiance qu'en lui-même et refusait catégoriquement de dépendre de qui que ce soit... Voyons voir ce que Viladra allait répondre à ses questions. Ensuite, il aviserait en fonction de la réponse. Au pire, il ferait en sorte qu'elle le laisse en vie, dans l'espoir de le soumettre plus tard à sa volonté. Et quand les gardes seraient de retour, il leur ordonnerait de le libérer et tuerait tous ceux qui oseraient se dresser sur son chemin vers la sortie. Une fois dehors, il se fonderait dans l'obscurité comme il savait si bien le faire et disparaîtrait pour quelques temps, histoire de restaurer ses forces et de s'armer pour la suite des opérations.
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Viladra Memphis
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15.04.12 22:33
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Karlson Hrejo Voïshinta
Citoyen de l'Est
17.04.12 23:07
Prendre du plaisir à maîtriser les hommes comme lui... Excitant... Maîtriser son pouvoir... Faire de lui une pièce de ses projets... Un futur qu'elle voulait dicter... Une loyauté infaillible pour une liberté de mouvement optimale... Les mots de Viladra roulaient dans son esprit et roulaient encore et encore comme le flux et le reflux. Elle avait prononcé ces vœux en le transperçant du regard de ses yeux de titane. Alors tel était son plan, étalé devant lui. Le voile était levé sur la voie qui s'imposait à lui et l'avenir que lui réservait son alliance avec les Mercenaires du Chaos. Alliance, car même s'il acceptait de collaborer, il ne désirait pas rejoindre les rangs des chaotiques, pour puissants qu'ils soient. Il collaborerait et, s'il devenait un nouveau pion sur l'échiquier de Viladra, il comptait bien endosser le rôle d'une pièce neuve, jamais vue, un électron libre, un carnivore solitaire détaché de la meute et œuvrant dans l'ombre, en son propre nom. Il assouvirait son appétit en chassant pour elle.
La seule part du contrat qui le dérangeait n'était autre que l'autorité que Viladra décrétait, son autorité sur lui. Selon ses dires, elle deviendrai pour lui une maîtresse à contenter... Dans un certain sens, cela ne poserait aucun problème, il se ferait un plaisir de pallier à toutes ses demandes, à toutes sortes de demandes. Cependant, malgré la liberté d'action qu'elle lui proposait et les avantages qu'il trouverait dans cette collaboration, le Valinguite était et resterait un fauve enchaîné, muselé, dont elle ne lâcherait la laisse ou n'ouvrirait la cage que pour dévorer l'adversaire qu'on lui présentait et répandre autant de sang qu'elle le désirerait, et, il n'en doutait pas, elle en désirait beaucoup. C'était ce collier cranté, ce collier étrangleur et cette laisse, cette laisse qui, aussi longue qu'elle fût, restait une laisse, que cette femme séduisante et dangereuse voulait lui passer autour de la gorge. Non, qu'elle lui avait déjà passé autour de la gorge. Elle savait. Elle savait qu'il le savait. Elle tenait déjà la laisse en mains et, à chaque minute qui passait, tirait un peu plus sur le lien, jouissait de voir le collier se resserrer sur mon cou et de sentir son pouvoir sur moi. Puissante Viladra, puissante Valkyrie... tu me tiens maintenant, mais un jour je serai en mesure de reconquérir ma liberté, d'une façon ou d'une autre.
Karlson secoua la tête pour dégager les mèches noires qui bouchaient sa vue, leva le menton et huma l'air humide, l'air qui sentait le renfermé. Il promena son regard de grenat sur la pièce, sur les barreaux, sur sa cage, … sur sa geôlière. La jeune femme l'observait en silence sans se départir de son sourire, un sourire qui révélait une dentition parfaite et éclatante, une bouche sensuelle et carnassière, une bouche souriante et acérée, avec des lèvres rouges comme du sang frais. Le Hrejo inspira, faisait glisser le vent entre ses dents, entre ses lèvres craquelées. Sa réponse monta dans sa gorge, vibra dans sa gueule, et sortit de son être comme un grondement de tonnerre.
J'accepte.
Deux mots. Deux mots brefs, lâchés sèchement, qui résonnèrent longuement dans le sous-sol vide de la forteresse des Mercenaires du Chaos. Karlson ne regardait pas Viladra, il fixait le mur de pierre nue, ruisselante d'humidité. L'écho de son consentement s'atténua dans l'air, jusqu'à disparaître complètement, comme si les paroles du Valinguite n'avaient été qu'une illusion. La jeune femme avait posé le couperet sur sa nuque et il avait prononcé les mots fatidiques qui étaient les seuls à pouvoir éloigner la lame qui menaçait sa vie. C'était fait, il avait baissé les armes et cessé de se battre contre l'inévitable. Elle l'avait forcé à courber l'échine et, malgré que c'était pour lui une première et qu'il fulminait d'être ainsi bridé, il avouait qu'elle était une adversaire de taille, et cela rendait sa défaite moins douloureuse. En outre, verser du sang pour les Mercenaires du Chaos ne serait pas une véritable corvée. Si Viladra décidait de l'utiliser intelligemment et de mettre ses capacités à profit, il serait un élément efficace dans ses rangs, elle le réaliserait rapidement. Par contre, si c'était le cas contraire... Il avait perdu une bataille, mais cela ne signifiait pas encore qu'il avait perdu la guerre. Il avait encore bien des ressources...
Quand il daigna enfin se tourner vers Viladra, celle-ci arborrait le mince sourire qui lui était désormais déjà familier. Son regard gris clair, lunaire, brillait d'une lueur maligne. Alors, chef... que vas-tu faire de moi désormais ? Des mèches noires retombèrent devant les yeux carminés de Karlson alors qu'il penchait la tête sur le côté, impassible et taciturne. Il remettait son destin entre les mains de velours de la chef des Mercenaires.
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Viladra Memphis
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Karlson Hrejo Voïshinta
Citoyen de l'Est
21.04.12 15:03
La porte de la cellule grinça en coulissant, s'ouvrant en grand pour laisser sortir Viladra qui s'avança sans un regard en arrière pour le Valinguite qui lui emboîta le pas sans un mot. Elle s'engagea dans un couloir sombre et il la suivit. Karlson observait en silence les couloirs qui défilaient, ne prêtait pas la moindre attention aux Mercenaires qui croisaient leur route et le détaillaient impunément. Il lisait aisément dans leurs regards toute la haine qu'ils portaient déjà à son égard, alors même qu'il n'avait décidé de collaborer quelques minutes auparavant. Ils avaient beaucoup de raisons de le haïr. A leurs yeux, il n'était qu'un étranger, un inconnu, et l'inconnu inspirait la crainte, et la crainte menait à la violence. L'homme veut toujours comprendre, et quand il ne comprend pas, il éradique. Karlson était devenu cette menace à éradiquer. Et plus encore, sa présence dans ces murs, accompagnant la chef des Mercenaires du Chaos elle-même, ne faisait qu'attiser la jalousie. Il avait le sentiment qu'il aurait dû mourir dans le sous-sol. Mais la puissance de son don semblait avoir attiré l'attention de leur matriarche, assez pour qu'elle lui épargne la vie. Son instinct lui disait qu'il allait devoir casser os et corps pour se faire une place. Il sourit intérieurement. Voilà qui n'était pas pour lui déplaire. Il avait beau faire en quelque sorte partie des Mercenaires du Chaos désormais, il avait toujours une dent contre ceux-là qui l'avaient capturé et enfermé ici.
Viladra, toujours sans un regard en arrière, l'entraînait dans un dédale de couloirs. Ils gravirent plusieurs paliers, croisant toujours plus de Mercenaires, et surtout, d'après ce que le Valinguite pouvait observer, plus ils montaient, plus les quartiers étaient cossus, vraisemblablement réservés aux tueurs les plus hauts gradés. Apparemment, il était dans les faveurs de leur chef... Il allait lui falloir prendre garde à ne pas baisser dans son estime. Au moins, il était bien parti. Son objectif, sur le long terme, était de prendre avantage de sa position, de rester dans le cercle de Viladra pour assurer sa place dans la forteresse et, par la suite, graver les échelons qui lui donneraient autorité et respect, ou plutôt, qui feraient de lui un homme craint et puissant. Être un meneur d'homme ne l'intéressait pas. Il agissait toujours en solitaire, il n'avait confiance qu'en lui et en lui seul.
Un hommes s'adressa à Viladra, Karlson n'y fit pas attention. Elle le fit pâlir d'un regard avant de reprendre sa route. Elle l'emmena au neuvième étage, et ils débouchèrent sur une série de pièces communes.
Bains... cuisine... garde-manger... prison pour ceux que je ne souhaite pas trop abîmer... salles d'entraînement...
Elle s'arrêta devant une chambre qu'elle désigna comme la sienne et précisa :
Tes armes te seront restituées dans peu de temps. En général ce sont des mercenaires de bas-étage qui s’occupent de l’intendance de la forteresse… Certaines sont potables, tu peux les utiliser pour ton plaisir si tu le souhaites… Elles auront l’ordre de satisfaire tous tes besoins sans exception, après tout. Je t’attends dans une heure dans la salle d’entraînement. Je veux voir de quoi tu es capable avec du métal entre tes mains… Car le don ne fait pas tout et s’il s’agit de ton seul talent, je reverrai notre marché…
Fermant la porte, elle le laissa seul dans sa chambre. Karlson observa les lieux. La décoration était plutôt spartiate. Les murs étaient de pierre nue, quelques meubles de bois vides étaient disposés ci et là. Mis à part, un grand lit couleur sang contre le mur et de longs rideaux dans les mêmes tons qui pendaient de part et d'autre des hautes fenêtres, la pièce était vide. Un bassin avait été creusé dans la pierre et de la vapeur émanait de son eau bouillante. Bien, il allait commencer par se laver. Ensuite, il chercherait de quoi manger léger. Il ne tenait pas à faire face à Viladra de la même manière que dans la cage. Son don était puissant, mais il n'était rien comparé à ses prouesses lame en main, et il comptait bien le lui prouver.
Il se déshabilla, se lava, désinfecta ses plaies avec des plantes et produits médicinales qu'il trouva dans un bahut près du lit et ligatura puis pansa soigneusement celles qui menaçaient de saigner trop abondamment. Il était du genre à guérir vite et ses blessures datant de sa capture ne seraient pas un handicap pour son combat. Après s'être vêtu de l'armure de cuir noire qui lui avait été apportée, il se dirigea ensuite vers les cuisines de la tour, qui étaient vides à cette heure, et grignota sur le pouce un peu de viande séchée avant de boire de l'eau fraîche à satiété. Désormais, il lui fallait récupérer ses armes. Sa lame au métal clair, gravée de runes inconnues en Gwendalavir, était un héritage de son maître et il était prêt à faire un carnage si un autre que lui osait poser les mains dessus.
Quittant la tour, de mémoire, il retourna dans les sous-sol pour demander ce qu'on avait fait de son équipement. Le Mercenaire, affalé derrière son bureau, se moqua ouvertement de lui, ce qui déplut fort au Valinguite qui, se penchant en avant, attrapa l'homme à la gorge d'une seule main et le souleva à vingt centimètres du sol. Après avoir menacé de le torturer et de le faire mourir dans d'atroces souffrances, Karlson obtint enfin de lui qu'il lui amène son cimeterre et ses poignards. La lame n'avait pas été abîmée. Les Mercenaires n'utilisant pas ce genre d'arme, elle avait traîné au fond de la remise, attendant d'être amenée au forgeron qui allait la fondre pour façonner une nouvelle lame. En apprenant ça, un sourire carnassier s'étira sur son visage. D'un coup de poing, il fit voler le Mercenaire à travers la pièce. L'homme atterrit dans un coin, assommé – inerte dans tous les cas, mort ou pas, ça n'avait pas d'importance, sa lame seule valait mieux que cents hommes comme lui.
Remontant dans sa chambre, il y rangea ses poignards avant de sortir en la fermant à clé, en route vers la salle d'entraînement. Les Mercenaires qu'il croisait ne cessaient de le toiser avec animosité, mais cela ne le dérangeait pas. La vie promettait d'être intéressante dans les murs de la forteresse de Viladra. Il arriva enfin dans la salle d'entraînement. Viladra l'attendait là, faisait étinceler la lame sombre de son épée dans la lumière rougeoyante du crépuscule. Des Mercenaires l'observaient dans un silence respectueux et ne manquèrent pas de commencer à chuchoter quand Karlson entra. Il dégaina son arme et se posta face à la chef des Mercenaires.
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Viladra Memphis
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06.05.12 19:52
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Karlson Hrejo Voïshinta
Citoyen de l'Est
09.05.12 23:31
Karlson était entré dans la vaste arène. Les Mercenaires spectateurs avaient cessé de bouger, un murmure s'était élevé alors qu'il s'était approché de Viladra, vêtu d'une armure de cuir noir ajustée de plaque de métal, une armure de Mercenaire. Il pouvait sentir les regards appuyés des guerriers et guerrières de la forteresse, les commentaires acerbes qu'ils se partageaient, la jalousie dans les rides qui creusaient leurs fronts, … Décidément, leur chef lui avait réservé un traitement de faveur, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il avait été gracié, engagé dans la guilde – forcé, mais ce n'était à présent qu'un détail, propulsé à un grade élevé, richement logé, …
Tss, d'une certaine façon, je peux comprendre. Après tout, s'il était sur le continent de l'Est un maître tueur, craint, à la fois haï et révéré, dont les services particuliers étaient achetés par les plus grands et grandes pour les causes les moins nobles, il était ici en territoire inconnu. Et il était surtout un animal inconnu, jamais vu en Gwendalavir, une nouvelle expérience, immaculée, inviolée, vierge de toute attache, un canevas blanc qu'elle désirait peindre de la couleur rouge sang du chaos, un minéral veiné d'or et de métaux inconnus avec lesquels elle voulait forger une dague sacrificielle, … En avait-elle seulement les moyens ?
Le Valinguite aspirait naturellement à devenir plus fort, plus dangereux, plus efficace. Mais, si le rôle de tueur qu'elle lui proposait lui convenait, il n'était pas prêt à devenir une marionnette entre les doigts de Viladra, aussi doux et fuselés qu'ils soient. C'est quand on est piégé et mis en cage qu'on réalise enfin que la liberté n'a pas de prix. En attendant, il allait devoir composer.
Posant les yeux sur lui, la Mercenaire eut une mimique amusée. Elle tira sur un cordon de soie de son vêtement et révéla sa tenue de combat. Sa tunique tomba, glissant le long de sa silhouette longiligne, découvrant le haut de son corps, nu mis à part un pan de tissu noir couvrant sa poitrine. La finesse de son corps et la pâleur de sa peau n'étaient que des illusions qui masquaient ses muscles fins mais durs comme de l'acier, un corps entraîné à tué, aussi délectable que meurtrier.
Commençons ! J'ai hâte de voir la couleur de ton sang, Karlson !
Et sa attendre, épée à la main, elle s'élança. Le Valinguite esquiva aisément sa première attaque d'un mouvement du buste, dégaina son cimeterre et frappa. Elle attaqua à nouveau et les deux adversaires oublièrent tout ce qui le entourait pour se concentrer sur le ballet de lames qu'ils partageaient. La chef des Mercenaire était redoutable, pas brutale ni féroce, mais mortellement précise et agile. Elle se mouvait et cherchait l'angle parfait et l'instant fatal pour porter son attaque, vive et implacable, telle une vipère qui guettait la faiblesse de sa proie pour planter ses crochets et envenimer sa proie. Leurs mouvements se firent de plus en plus rapides, jusqu'à ce que leurs armes deviennent floues, formant entre eux une barrière de métal presqu'invisible à l’œil nu. Les lames décrivaient dans l'air des arcs meurtriers, s'entrechoquaient, rebondissaient l'une contre l'autre pour attaquer de plus belle. Les Mercenaires du Chaos qui observaient leur valse meurtrière étaient abasourdis et éprouvaient le plus grand mal, non seulement à suivre la joute, mais également à déterminer lequel des deux combattant avait le dessus.
Même si ceci n'était qu'un entraînement, Karlson devait avouer que Viladra était une virtuose de l'épée. Certes, elle n'était pas aussi dangereuse que son maître Isyphyrus dont la mort elle-même craignait de venir cueillir la vie, mais son talent et sa fougue au combat étaient indéniables, et c'était une des nombreuses raisons pour lesquelles elle dirigeait cette guilde d'une main de fer. La première blessure, Viladra la lui porta à l'épaule gauche, du tranchant de son épée. Elle était peu profonde et n'handicapait en rien le combat, ce n'était qu'un mince filet de sang qui coulait sur une plaque de métal avant de tacher le cuir noir et neuf de son armure. A son tour, il porta une attaqua qui blessa la chef des Mercenaires. Son cimeterre décrit un arc dans l'air, capta le regard de la jeune femme et, alors qu'il allait de toute évidence frapper de face, il fit passer son cimeterre dans sa main gauche et frappa à droite. La lame traça un trait écarlate sur le bras nu et les spectateurs poussèrent des jurons.
Puis ils rompirent le combat. Viladra effectua un saut périlleux et s'écarta et tous deux laissèrent leur arme pendre le long de leur corps. La chef des Mercenaires afficha un sourire satisfait. Visiblement, les performances physiques de son prisonnier valaient la peine de l'avoir libéré. Au fond de lui, l'animal assoiffé de sang ronronna de plaisir.
C'est à cet instant qu'un imprudent s'élança vers Karlson. Il entendit distinctement le chuintement métallique de la lame qu'on tirait du fourreau. Eh bien, après l'armurier, une nouvelle occasion se présentait pour prouver aux Mercenaires qu'on ne marchait pas impunément sur ses plates bandes. Il esquissa un mouvement et... la tête du Mercenaire voltigea, atterrissant rudement contre un des murs de l'arène, laissant l'assemblée de spectateurs sans voix. Viladra avait bougé, elle avait tué un de ses hommes pour... avait-elle vraiment cru qu'il ne pourrait se défendre contre une attaque surprise.
Sur le visage du Valinguite apparut soudain la colère et la frustration. Tuer cet importun aurait été pour lui une occasion idéale, parfaite, tombée à point pour verser le sang d'un des nombreux Mercenaires qui n'appréciaient guère sa présence dans la forteresse, au sein de la guilde. Viladra éleva la voix pour allègrement menacer les siens, et il fut contraint de ravaler sa bile.
Navrée pour ce contretemps. Certains éléments de cette forteresse ont du mal à se tenir... Nous pouvons reprendre si vous voulez ou arrêter. J'ai vu vos capacité et elles me suffisent.
Karlson essuya son cimeterre et rengaina sa lame dans son fourreau, faisant rouler les muscles de ses épaules pour s'étirer et se passant distraitement une main sur la nuque. Il secoua ses cheveux couleur plumes de corbeau et fixa Viladra, non sans une certaine amertume... Si la jeune femme n'avait pas été sa supérieure mais sa véritable adversaire, il aurait rompu la trêve et se serait lancé à corps perdu dans la bataille. Malheureusement, il n'était pas là en position de force et devait se résoudre à faire profil bas, littéralement même. Il inclina la tête.
J'agirai selon vos désirs... dame Viladra...
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