Pour faire simple, Ikaro est doué de capacités physiques mais aussi intellectuelles étonnantes. Capable de courir plus vite, sauter plus haut, réfléchir plus profondément, comprendre avec plus de finesse que n'importe quel humain, à l'image de son père et de tous ses ascendants paternels dont il a reçu l'héritage génétique. Il est en outre doté d'une capacité de mémorisation excéptionnelle et d'une faculté de mimétisme absolu qui lui permet d'apprendre uniquement en observant de façon immédiate et avec une telle perfection qu'il lui suffit de quelques heures d'apprentissage chez un maître, musicien, peintre, artisan, pour en assimiler les techniques parfaitement. Cette capacité est l'héritage qui lui vient de sa mère et de tous ses ascendants maternels. Fruit de l'union de ces deux phénomènes extraordinaires, il n'a pas encore pris la pleine possession de ses capacités.

Ikaro est souvent solitaire. D'un naturel calme et posé, il s'emporte rarement et est adepte du compromis. Froid et analyste dans les situations de crise, il est souvent le point fixe et modérateur. Souvent sardonique, son humour est parfois très cassant, sans que ce soit toujours désiré. Assez sociable cependant, il se lie facilement, pourvu que l'on respecte son espace vital.
D'humeur généralement joviale, généreux par nature, prêt à porter secours, il combattra jusqu'à la mort pour une juste cause. Il n'est par contre pas un leader, et préférera suivre ses compagnons de route plutôt que de les guider, mais il aura au préalable su donner son avis sur la question et évaluer les possibilités. Au combat, il sait se montrer impitoyable avec ses ennemis mais saura se montrer clément, suivant en cela son sens moral.
Ce n'est pas un assassin dans l'âme et il ne tuera jamais un adversaire désarmé ou en position défavorable, s'il n'y est pas obligé. En amitié, il est sincère et saura aider ses amis. Malheur à celui qui le trahit, sa vengeance sera radicale et le temps qu'il mettra à l'accomplir ne lui importe pas.
Sa patience n'a d'égale que son endurance : il peut supporter bien des maux avant de perdre son sang-froid.
Comme tout le monde (ou presque), il a sa part d'ombre et ses limites. Lorsque ces dernières sont franchies, ou dans une situation de stress intense, il peut "péter un plomb", avec des conséquences qu'il ne calculera pas.

Ikaro est un homme de haute taille (1m85), bien bâti, de corpulence moyenne (76 kg). Son visage aurait été très agréable, si une impressionnante cicatrice ne lui barrait pas la joue droite. Ses cheveux, qu'il coiffe généralement en catogan, châtains à l'origine, sont désormais plutôt poivre-et-sel. Il a les pommettes saillantes, le nez grec, la mâchoire carré et le menton puissant, qu'une barbe taillée en bouc bien soigné couvre. Ses lèvres sont fines et bien dessinées et ses dents sont blanches et bien rangées. Il a le teint halé par le vent et la vie au grand air. Ses yeux, vifs et pénétrants, sont d'un bleu azur métalique. Un léger sourire de quiétude flotte sur ses lèvres, la plupart du temps. Son corps musclé trahi son entrainement régulier et intensif.

D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Ikaro ne s'est jamais senti à sa place. Déjà au foyer pour l'enfance ou dans les différentes familles d'accueil où il fut placé, sa vivacité d'esprit et ses capacités physiques entraînaient souvent l'étonnement, parfois la jalousie, plus sûrement la méfiance, malgré tous ses efforts pour les dissimuler - suivant en cela le seul et unique conseil qu'un vieil homme étrange quoique très gentil lui confia avant de le déposer à la porte du presbytère de Draguignan, à l'aube d'un frais matin de printemps, avant de disparaître à jamais.
De son enfance et son adolescence, il ne décida de ne garder que peu de souvenirs. Rien de ce qu'il vécut ne valait la peine qu'il encombre sa mémoire avec. Seules comptent les connaissances et l'expérience qu'il acquis durant cette période.
De sa prime enfance, Ikaro n'a que peu de souvenirs. Il se souvient comme dans un songe du visage de ses parents, le couvant visiblement de leur amour, de l'impression de sécurité et d'être précieux. Plus douloureusement, il lui arrive de faire un cauchemar, où il se trouve dans un véhicule avec ses parents, un sentiment de peur irrépressible, de désespoir, le vacarme, des cris, des pleurs.

Cela fait maintenant 5 ans que les choses ont empiré de manière drastique. Jusque là, il vivait de petits expédients, des petits boulots, rien de bien stable, mais suffisant. Puis un jour il est tombé sur un os, du genre qu'on n'aurait jamais dû chatouiller si l'on avait su. D'ailleurs savoir pourquoi l'aurait bien comblé en l’occurrence, mais rien à faire. Il faisait depuis l'objet d'une véritable chasse à l'homme, à travers toute la planète. Où qu'il aille, que ce soit par avion ou par train, de New-York au fin-fond de la Sibérie, par il ne savait quel miracle ... cauchemar, "ils" le retrouvaient et il devait fuir à nouveau. [...]

... Un matin froid, son souffle court fumant telle une locomotive, il vient de glisser pour la énième fois, manquant s'étaler dans l'épais manteau neigeux craquant. Le soleil a déjà bien entamé sa course dans le ciel, pourtant il cours , encore. Cela fait des heures maintenant. Derrière lui, les aboiements des chiens se rapprochent, implacables chasseurs. Tous ses membres lui font mal, sa poitrine va exploser tant l'effort est dur. Pourtant il court. Cette fois-ci, "ils" avaient réussi à l'isoler et avaient mis le paquet ! L'espoir de s'en sortir s'amenuisait à mesure que sa course s’affaiblissait. Pourtant il courait toujours et encore, dans cette forêt du Jura, la forêt de la Joux, si belle, en temps normal. D'ailleurs, pourquoi courait-il ? Pourquoi ne se rendait-il pas, ne "les" laissait-il pas le supprimer ? Il n'avait rien à perdre, rien à protéger ... si ce n'est sa vie. Et malheureusement (ou heureusement), il y tenait. Les chiens aboyaient de plus en plus près. Il tourna la tête et vit avec effroi l'un des molosses qui s'était nettement détaché et le talonnait presque. Quelques secondes encore et il l'aurait rattrapé. Il fit soudain volte-face, surprenant son poursuivant et lui assena une terrible manchette, l'étalant sur le coup. Puis il reparti de plus belle. Les autres chiens ne s’arrêtèrent pas même un instant. Rapidement, les bois perdirent de leur épaisseur et il vit avec effroi le rebord d'une falaise escarpée devant lui. C'était la fin. Impossible d'avancer, les chiens refermaient le passage. Il n'avait plus d’échappatoire. Vivement il se retourna et s’apprêta à encaisser l'assaut, une lueur sauvage dans les yeux : il allait vendre chèrement sa peau. Le premier chien apparut, suivi de près par trois autres. Fort de son élan, la bête sauta à la gorge d'Ikaro qui le réceptionna en se baissant et le fit basculer dans le vide, derrière lui. Le chien disparu dans un couinement de stupeur, puis un long cri. Les autres chiens étaient sur lui et se mirent à le harceler. Bien que sa veste en cuir amortit les morsures, la douleur le foudroya ... et décupla sa rage sous la poussée d'adrénaline. Sans difficulté, il saisit par le dos l'un des chiens et le jeta sur les autres. Puis il s'empara d'une branche morte et tenta d'écarter les quatre bêtes. Cela fonctionna relativement, les chiens furent plus circonspects dans leurs attaques. Ce fut alors qu'il aperçut encore loin la silhouette d'un premier chasseur, vêtu tel un seals. Calmement, l'homme arma son fusil, pointa et tira. Ikaro senti une douleur fulgurante fuser de son bras qui tenait son arme improvisée, qu'il lâcha. Les chiens se jetèrent alors sur lui. Dans un effort surhumain, il réussit à les éviter, leur flanquant de furieux coups de pieds, reculant sans cesse. Un deuxième chasseur fit son arrivée et à l'instar du premier, tira sur sa proie. La balle traça un profond sillon sur le visage du jeune homme, tandis qu'une seconde le toucha à la jambe. Déséquilibré, il bascula en arrière et disparut dans le vide.
Sa chute dura quelques secondes avant de s'interrompre brutalement sur une corniche plusieurs mètres en contrebas. Au bord de l'inconscience et à moitié disloqué, Ikaro rampa et s'adossa à un petit arbre qui avait eu la force de s'accrocher et poussait sur cette fragile corniche. Il ne se faisait aucune illusion, ses blessures étaient mortelles et ses agresseurs ne lui laisseraient pas l'occasion de s'en remettre. Adossé mollement au tronc solide du petit épicéa, il ferma les yeux et attendit la mort. [...]

- Voila c'est tout ce dont je me souviens.
Cela faisait plusieurs semaines qu'il était alité. Enfin c'est ce que l'homme lui avait annoncé à son dernier réveil. Aujourd'hui, c'était le premier jour où il pouvait rester éveillé plus d'une minute d'affilée et celui-ci lui avait enjoint de lui raconter son histoire. Ikaro, pour une raison qu'il ignorait, se sentait en confiance et il put enfin, après des années emmuré dans son silence, confier à quelqu'un toute son histoire. L'effort lui coûta et il put tout juste achever son récit qu'il retombait dans un profond sommeil.
trois semaines plus tard, Ikaro marchait, doucement encore, dans les allées du parc du monastère. Le rêveur qui l'accompagnait n'était pas seulement là pour le soutenir, il entreprenait d'enseigner au jeune homme les notions de base de la vie en Gwendalavir, sa désormais nouvelle patrie. En effet, depuis qu'il avait recouvré une grande partie de ses facultés, le sentiment de solitude et de rejet qu'il éprouvait depuis l'enfance s'évaporait. C'était comme s'il était rentré chez lui en quelque sorte. Les rêveurs lui avaient expliqué qu'ils l'avaient trouvé, gisant au pied d'un résineux majestueux à quelque distance du monastère. Il était quasi-mort et ils eurent toutes les peines du monde à le ramener à la vie. Ils le soignèrent, tout en restant perplexes sur la nature de ses blessures, ainsi que ses vêtements.
Au début, il avait été très choqué par ce qu'il apprenait. Il lui semblait en effet inconcevable qu'il ait quitté son monde, ce qui s'apparentait en définitive tout de même à sa mort effective. Puis il assimila toutes les données et finit par admettre la réalité des choses. Dans un sens, c'était une renaissance : tout était nouveau, tant le langage, que le mode de vie et ses ennemis inconnus n'étaient plus en mesure de lui nuire. Il allait s'adapter et vivre, enfin, du moins l'espérait-il.