Luna était parti chercher Merkin, elle était décidée à devenir Marchombre. Elle avait mit 6 jours à arriver jusqu’ici. Moon, son cheval, était dans une écurie pour la nuit. Luna profita donc de se moment de tranquillité pour visiter Al-Far.

Il n’y avait pas grand monde dans les rues et les gens qu’elle croisait ne prédisaient rien de bon, il faisait nuit et il faisait frais. Les étoiles et la lune était sorti de leur cachette et se montraient ce soir, brillants de fierté.

Elle grimpa sur un toit et pensa à son apprentissage chez les Marchombres. Elle redoutait les 3 ans d’apprentissage, s’il y avait quelque chose qui l’empêchait d’être sûr de devenir Marchombre, c’était ça. Luna se consolait en se disant qu’après ses 3 ans, elle serait Marchombres et que tout serais fini. Elle aurait réalisé ses rêves. Mais 3 ans, c’était long, long et dur. Elle s’allongea sur le toit de la maison et regarda les étoiles. Elles étaient belles. La lune était pleine et brillante. Elle pensa à son enfance, son père, sa mère, Edwige.

Sa mère….. Luna n’avait qu’un souvenir flou de sa mère. Une belle femme, blonde, de grands yeux violets et une gentillesse infinie. Elle repensa à Merkin, qui l’avait connu. Quand il lui en avait parlé, il était aux bords des larmes, elle devait beaucoup compter pour lui.

Ici, les gens n’étaient pas très accueillants, surtout de nuit. Elle se mit à regretter sa belle ville qu’était Al-Chen. Edwige devait dormir. Demain, il reprendrait l’entrainement en se demandant ce que devenait Luna. Sa Luna.

Elle se rassit et laissa ses jambes se balancer dans le vide, au dessus des gens. Demain matin, elle demanderait aux passants, si ils connaissaient Merkin et où le trouver. Elle baissa les yeux sur la rue, une jeune femme la regardait. Elle était vêtue d’une longue cape, ses cheveux étaient attachés en une tresse qui pendait sur son épaule.  Luna l’apostropha :
- Bonsoir !

Assia arrivait d’Al-Chen. Elle avait mit 8 jours, son cheval, Hope, s’était montré très paresseux durant ce voyage. Il s’arrêtait très souvent, pour brouter ou juste par envie. Quand elle arriva à Al-Far, il faisait nuit. Elle trouva une écurie pour Hope et décida d’aller visiter la ville.

Assia était vêtue d’une grande cape noire. Les passants la regardaient d’un air méfiant, comme si elle allait s’en prendre à eux. A deux reprises, un enfant lui déroba sa bourse, à deux reprises Assia courut après lui. Ayant pitié du pauvre enfant, Assia lui donna de quoi se payer un repas. Jamais elle n’avait vu un enfant dans cet état, à Al-Chen, les enfants étaient gais et jouaient entre eux, ils ne volaient pas les bourses des passants.

Elle se demanda ce qui avait pu l’emmener ici. Sa curiosité peut être, ou simplement pour découvrir le monde. Ou alors c’était pour manipuler « l’espoir ». L’espoir. Elle se souvint du jour où elle s’était rendu à Ondiane et qu’on l’avait recalé. Sans rien lui demander, sans même lui faire passer un test. Rien et tout ça parce qu’elle était une femme. Assia détestait ce genre de choses. Pourquoi une femme n’avait elle pas les mêmes droits que les hommes ? Pourquoi les femmes n’avaient pas les mêmes chances que les hommes ? Assia assumait parfaitement le fait d’être une femme, c’est pourquoi elle avait décidé d’apprendre à maitriser l’espoir, seule. Elle avait décidé de le nommer autrement, pour ne plus avoir à se souvenir de cette journée.

Elle pensa à ses parents. Sa mère qui avait été médecin dans sa jeunesse, l’aurait aidé à maitriser ce « pouvoir », qu’elle aussi possédait peut être. Son père. Elle n’aimait pas penser à son père, ça lui rappelait le mauvais souvenir de la période où il ne s’occupait plus d’elle.

Assia leva les yeux vers la lune. Elle vit une silhouette se balancer sur un toit. La silhouette l’apostropha :
- Bonsoir !  
Assia répondit poliment :
- Bonsoir ! Attends j’arrive !
Assia grimpa rapidement par la gouttière et vint s’assoir aux côtés de la jeune femme.
- Que fais-tu ici ?

La jeune femme l’avait rejoins sans même lui demander son avis. Que lui voulait-elle ? Luna la regarda s’assoir à ses côtés. Elle ne devait pas être beaucoup plus vieille que Luna, si elle n’était pas plus jeune !
- Que fais-tu ici ?

Luna hésita sur la réponse. Comment pouvait-elle expliquer que c’était le seul endroit où d’habitude elle était tranquille. Elle ne pouvait pas dire ça. Trois fois, une personne était venue à sa rencontre sur les toits. Edelwein, Killian et maintenant, elle.

Luna la regarda, une chose l’interpella. La jeune fille avait les cheveux gris, presque blanc. Pourtant elle n’avait pas l’air d’être vieille. Etait ce une particularité qui s’était révélé à sa naissance ou était-ce une teinture, ce qui était plutôt rare. Luna remarqua aussi que la jeune femme était armée, d’une épée qu’elle portait à sa ceinture, dans un étui de cuivre. Ici, à Al-Far, c’était une chose plutôt normale. Mais cela troubla Luna, quand on était armée, on avait plutôt tendance à dissimuler ses armes, non ? Pour pouvoir, justement surprendre l’adversaire.

Malgré tout ça, la jeune femme ne faisait pas peur à Luna. Au contraire, Luna l’a trouvait plutôt joyeuse et imprévisible, tout ce qu’aimait Luna.

- Ce que je fais ici ? C’est simple, j’admire la vue et je rêve. C’est tout bête, mais cela me plait de me poser et d’oublier les problèmes de la vie quotidienne. Je m'appelle Luna, et toi ?

Grimper sur toit juste pour admirer la vue et rêver ? Bizarre.

C’est tout bête, mais cela me plait de me poser et d’oublier les problèmes de la vie quotidienne.

Assia n’avait pas beaucoup de problèmes. Elle vivait sa vie et les autres la leur, elle ne se mélangeait pas beaucoup à la foule. Elle n’aimait pas se sentir dépendante des gens, elle s’est toujours débrouiller toute seule, pour tout, alors ce n’est pas aujourd’hui, du haut de ses 20 ans, qu’elle allait avoir besoin de quelqu’un. Avec Luna, elle se sentait bien, Assia n’éprouvait que très rarement ce sentiment.

Elle aussi aimait bien se sentir seule au monde, sans que personne ne vienne la déranger. Par contre, elle n’aurait jamais eu l’idée de monter sur un toi. Déjà parce qu’elle n’était pas une bonne grimpeuse, monter sur ce toit lui avait pris 5 minutes. Mais aussi parce qu’elle n’aimait pas se sentir loin des gens. Elle souhaite toujours être là si quelqu’un à besoin d’elle. Assia adore se servir de l’espoir. Pour prouver au gens, qu’elle aussi en tant que femmes, elle peut soigner par le biais du « rêve ».

Assia s’allongea sur le toit et admira les étoiles et la lune.
Luna. Lune. Elle aimait bien se prénom. Les prénoms sont toujours uniques. Que ce soit Luna, Assia ou d’autre, car la personne qui le porte n’est jamais la même.

- Je m’appelle Assia, Assia Moon.

Ce nom provoqua un fou rire chez Luna. Moon. Cette fille, ou du moins Assia, avait le même nom que son cheval ! Quand Luna eu fini de rire, elle regarda Assia, couché sur le toit, comme elle quelques minutes plus tôt. Elle s’excusa et s’allongea à ses côtés.

- Il fait nuit noire désormais, il serait plus sûr de nous trouver une auberge, tu ne crois pas ? Ici, à Al-Far, les gens que nous croisons la nuit, et même le jour, ne présagent rien de bon. Je regrette presque ma ville natale, Al-Chen. Tout est plus beau là-bas. Les gens sont aimables et souriant. Les enfants sont toujours gais et aimable, ils respirent la joie de vivre. Je connais une auberge pas très loin d’une écurie.

Luna se leva, s’étira et regarda la rue en dessous d’elles. Pas un chat, ou du moins pas l’ombre d’un homme ou d’une femme, ou d’un enfant. Une fois descendu de ce toit, il leur suffirait de tourner à droite puis à gauche et de continuer tout droit sur 500 mètres environ et elles se retrouveraient devant une auberge près de l’écurie où se trouvait Moon.

Elle se tourna vers Assia qui s’était également levée.

- Tu es originaire d’Al-Far ?

Si Assia était originaire D’Al-Far, Luna avait intérêt de courir le vite possible. En plus de ça, elle était armée et prête à attaquer Luna qui se tenait près du bord du toit. Luna se prépara à sauter, si la situation s’aggravait. Elle posa une main sur la manche de sa dague.

Luna parlait d’Al-Chen, comme de sa ville natale. Cela tombait bien Assia aussi était née là bas ! Il se pourrait alors, qu’elles se soient déjà rencontrées sans le savoir. Al-Far n’était pas sûr surtout de nuit, Assia acquiesça en silence. Elle se leva. Prête à suivre Luna.

- Tu es originaire d’Al-Far ?

A cette question, Luna s’était mit sur la défensive. Prête à l’attaquer aux moindre de ses mouvements.

- Non, pas du tout. Je viens d’Al-Chen, comme toi apparemment.

Luna se détendit. Assia sauta souplement du toit, elle préférait descendre d’un toit, plutôt que de le grimper. Luna la rejoignit rapidement. Luna la guida dans les rues d’Al-Far. Assia engagea la conversation ou du moins essaya.

- Pourquoi es tu venue à Al-Far ? Moi, je suis ici, pour soigner la population, pour utiliser l’espoir, et aussi voir du pays, même si ce n’est pas la plus belle ville de Gwendalavir. Tu as raison quand tu dis qu’Al-Chen est une belle ville. Mon père était boulanger, il y a longtemps, cela m’étonnerait que le connaisses. Ma mère, quand à elle, était médecin, jusqu’à sa mort, il y a 14 ans, donc il est possible que tu l’es connue, ou alors du en as entendu parler. Tu sais qu’il est possible que nous nous soyons croisées dans les rues d’Al-Chen ?

Assia n’était pas d’Al-Far, heureusement. Elle était d’Al-Chen. Comme elle. En plus de cela ses parents travaillaient là bas. Moon. Ce nom de famille ne lui disait rien. Elles arrivèrent devant l’auberge. Luna entra la première suivit d’Assia. Elles s’installèrent à une table au fond de la salle. Les gens étaient bruyants, peut être même complètements ivres. Une phrase lui revint en tête.

Moi, je suis ici, pour soigner la population, pour utiliser l’espoir.

Utiliser l’espoir ? Elle ne comprit pas cette phrase, qu’est ce qu’était l’espoir ? Un don ? Une nouvelle méthode de soin ? Sa mère ayant été médecin, elle devait si connaître en soin médicaux. Etait ce comme le rêve ? Assia était elle une rêveuse ?

Un serveur arriva près de leur table. Luna commanda de l’eau. Assia fit aussi son choix.
Pour la nuit, Luna louerait peut être une, ou deux chambres dans cette auberge, tout dépend de ce que déciderait Assia. Luna avait assez d’argent pour leur payer deux chambres, cette fois elle y avait pensé.

Elle pensa à Finnick, qui lui aussi habitait Al-Far. Elle pourrait lui rendre visite demain, quand elle aurait trouvée Merkin. Comment allait-elle les trouver ? En demandant aux passants ? Non, les gens n’étaient pas assez aimables pour ça, mais elle essaierait quand même. Elle demanderait à l’aubergiste, ou à Assia. Le serveur revint pour qu’elles passent leur commande. Luna choisit de la viande de coureur. Elle laissa choisir Assia.

- Qu’est ce que l’espoir ? Tu en parlais tout à l’heure. C’est un don ? Une méthode de soins ?

Assia commanda de l’eau et de la viande de siffleurs. Elle adorait ça. Contrairement à Luna, elle n’aimait pas la viande de coureur. Assia comptait rester dormir ici, elle paierait les chambres puisque Luna payait le repas.
Un serveur arriva et déposa leurs plats respectifs. Elles mangèrent en savourant leur viande. Autour d’elles, les gens parlaient fort, certains étaient ivres, d’autres faisait des bras de fer, ou des jeux de cartes…  Elles étaient les seules à manger.

- L’espoir, c’est simple, c’est le rêve, mais je ne peux pas être une rêveuse, cette guilde n’accepte que les hommes ! Pas de femmes ! Tu te rends comptes !

Volontairement, Assia s’ouvrit une petite plaie dans le doigt, et utilisa l’espoir pour la refermer. Elle recommença une deuxième fois, pour prouver la réalité des faits à Luna. Elle but une gorgée et se remit à manger. Durant son voyage, elle n’avait pas beaucoup mangé, et le peu qu’elle mangeait ce n’était pas de la viande de siffleur.

- Tu vois, c’est magique ! Au fait tu comptes rester ici ? Si tu dors ici, je paye les chambres !

Elle s’arrêta de manger pour regarder Luna. A l’intérieur de l’auberge, il faisait chaud, Assia enleva sa cape et la déposa sur le dossier de sa chaise. Elle regarda sa cicatrice et se souvint de la première fois qu’elle avait touchée son épée. Ce jour là, elle avait fait tomber son arme et étant très maladroite, elle s’était ouvert le bras.

Luna suivit Assia dans le dédale d’escaliers qui menaient aux chambres. La chambres possédait deux lits simples et une petite salle de bains, Assia avait du se ruiner pour payer tout ça. Assia lui laissa choisir son lit, Luna prit celui le plus prêt de la fenêtre, le plus loin de la porte. Assia, quand à elle, se rua dans la salle de bains. Elle y resta longtemps, pendant ce temps, Luna rêvassa, allongée sur le lit. Elle pensa à Edwige, à Merkin et à Finnick. Comment allait-elle faire pour les retrouver ? Toutes ces questions auraient peut être une réponse demain matin. Luna ferma les yeux, quelques heures de sommeil ne lui ferait pas de mal.

- Quel âge as-tu ?

Luna tourna vivement la tête vers Assia, elle ne l’avait pas entendu arriver.

- J’ai 18 ans. Et toi ?

Elle referma les yeux. Luna aimait bien la jeune fille, mais demain matin, elles allaient devoir se séparer. Luna devait continuer seule, la suite des événements ne concernait qu’elle et elle seule, personne d’autre. Un peu plus tôt dans la soirée, Assia n’avait pas répondu à sa question, elle ne lui avait pas dit comment elle s’était fait une cicatrice pareille, peut être avait elle des choses à lui cacher.

Luna s’endormit, sans attendre la réponse, si elle lui en avait fournie une.

Elle est plus âgée, elle est Marchombres désormais. Elle est debout sur une petite colline, il n’y a personne, elle est seule face au monde entier. Luna, grâce à des années d’entrainements, peut maintenant chevaucher la brume. Un homme, elle ne voit pas son visage, avance vers elle. Il est armé et il commence à courir. Il lève son épée. Luna ne peut pas bouger, elle est bloquée, la peur la paralyse. Elle va mourir.

Luna se réveilla en sursaut, elle était toujours en vie et personne à l’horizon. Ce n’était qu’un cauchemar.

Elle se leva et regarda par la fenêtre, il faisait déjà jour et le soleil brillait. Assia dormait toujours. Elle alla dans la salle de bains, se doucha rapidement et ressortit.

Assia était réveillée.

Luna suivit Assia dans le dédale d’escaliers, il y avait plus de lumière qu’hier soir. Elle prit place à la même table. Elle laissa Assia discuter avec l’aubergiste. La salle n’était pas pleine et les gens qu’il y avait n’étaient pas ivres. Le serveur arriva, Luna commanda un verre de lait, comme Assia.

Il fallait que Luna fasse part de leur imminente séparation, elle devait continuer seule.

- Assia, comprend que je ne te dis pas ça méchamment, mais nos routes doivent se séparer. Je dois continuer seule.

Le serveur revint avec leurs deux verres de lait. Il les déposa délicatement sur la table. Luna leva les yeux vers Assia. Son visage était impassible. Luna se sentait un peu coupable. Elle ne pouvait pas continuer avec Assia, ce serait trop compliqué. Elle se leva, elle ne laisserait pas Assia seule au milieu de cette salle, elles finiraient leurs déjeuner ensemble et leur routes se sépareraient.

Elles finirent leurs verres. Luna se leva et se dirigea vers l’aubergiste, elle lui demanda si il connaissait un certains Merkin. Négatif, il n’en avait jamais entendu parler. Assia et Luna sortirent de l’auberge. Luna regarda Assia droit dans les yeux. Elle l’enlaça comme elle enlacerait une amie, puisque désormais, elles étaient amies.

- Merci pour tout Assia, j’espère sincèrement que nos routes se recroiseront. Apprend à utiliser l’espoir, tu en est capable, même si tu es une femme.

Luna enlaça une dernière fois Assia et partit sans se retourner en direction de l’écurie où elle avait déposé Moon hier soir, en arrivant.

- Assia, comprend que je ne te dis pas ça méchamment, mais nos routes doivent se séparer. Je dois continuer seule.

Assia ne prit pas cela mal, elle sourit. Luna avait raison, elles devaient se séparer. Assia continuerait à arpenter les rues d’Al-Far, pour soigner ceux qui en ont besoin. Elles finirent leurs verres et se levèrent. Assia sortit et attendit Luna devant la porte de l’auberge.

Luna l’enlaça et Assia lui rendit son étreinte. Elles étaient amies maintenant. Assia pouvait désormais compter sur elle maintenant. Elle se sentait moins seule, toute sa vie elle avait dut se débrouiller seule, mais maintenant, elle avait Luna.

- Merci pour tout Assia, j’espère sincèrement que nos routes se recroiseront. Apprend à utiliser l’espoir, tu en est capable, même si tu es une femme.
 
Sur ces dernières paroles Luna tourna les talons et partit.

- Prends soins de toi Luna.

Assia partit à son tour, à l’opposé de Luna. Elle allait chercher son cheval, Hope, dans l’écurie où elle l’avait laissé, un peu loin d’ici. Elle parcourrait les rues d’Al-Far en quête de personnes à soigner. Elle irait trouver des médecins, pour apprendre. Luna avait raison ce n’est pas parce qu’elle était une femme, qu’elle devait laisser tomber. Elle y croyait dur comme fer, elle deviendrait la meilleure rêveuse.