Comme toute Frontalière qui se respecte, il va sans dire que Wilelmine pratique assidument la couture, la cuisine, la poterie et le jardinage… Ahem… vous y avez cru ? Non de non ! Wilelmine, en plus d’être un cas social, est une dure de dure ! Elle a le cuir épais la chipie ! Elle manie le sabre comme un diable, jure comme un charretier, et peste comme un tigre qui aurait mangé une goule ! Lame à la main, Wilelmine, qui fait un mètre les bras levés et vingt kilos toute mouillée, est un démon à éviter. Elle fonce, elle frappe, elle encaisse et refrappe encore. Déjà, pour un garçon, il est rare de voir un tel caractère de tête brûlée, une telle brute, une telle machine à zigouiller, mais pour une fille… La vie a des bons côtés, Wilelmine est née dans les Marches du Nord ! Alors, non, elle n’est pas une brute ni un garçon manqué. Pour les Frontaliers, la petite Wilelmine est une belle fleur aux pétales délicats, perlée de rosée, aux couleurs douces et au parfum envoûtant et plein de finesse. C’est une jeune femme généreuse, qui distribue amour et pêches dans la figure, qui chante comme une sirène et rugit comme un brûleur, aux manières aussi délicates qu’un Raïs qui aurait la migraine, … Wilelmine est une charmante Frontalière aux multiples qualités ! Et si on devait mettre l’une d’elle sur un piédestal, ce serait sans conteste son fichu caractère qui n’a d’égal que son égo gros comme la lune. « Hé, la morveuse ! T’es perdue, où sont tes parents ? Tu veux une sucette ? » « @%*&@§è*µ$@ !!!!! Grouaaaah !!! » « Au secours, maman… »

Ce que Wil a dans la tête ? On est tenté de répondre : « pas grand-chose doc’ ! » Mais on va s’abstenir. Non, ma mignonne, ne me regarde pas comme si t’allait me bouffer, j’ai même pas peur ! Hein quoi ? Allô ? Ma conscience ?

Wilelmine, quand on la connaît, est très très très attachante. Déjà, elle a une personnalité marquante, à la fois brute et charmante, qu’on a du mal à oublier. Son air mutin est à tomber par terre. Avec ce petit sourire en coin et ces yeux brillants, elle semble toujours prête à faire un mauvais coup. Clairement, elle place la famille sur la première marche du podium de son cœur. Et quand elle dit famille, c’est famille au sens large – son cheval fait partie de sa famille, tout comme son père, le voisin, la vieille tante qui a perdu les pédales, le chien du boucher et le Seigneur de la Citadelle (tout dans le même sac). A partir du moment où elle vous aime, où elle s’attache à vous et sent qu’elle peut vous faire confiance, Wilelmine s’avère être une amie drôle et chaleureuse, qui partagera toujours sa bière avec vous, vous laissera tuer le dernier Raïs de la horde et vous ramassera dans la rigole à la sortie du bar. C’est souvent ce qui arrive avec elle. Les Frontaliers ont une sacrée bonne descente, alors attention à ne pas les provoquer en duel de beuverie ! Il est donc clair que, pour une Frontalière, Wilelmine est totalement saine d’esprit. Elle frappe, parle fort, boit beaucoup, mange énormément, aime son père, sa mère, son sabre, collectionne les dents de tigre (arrachées à mains nues à l’animal vivant, un petit jeu quand elle était gosse), aime pas les goules qui ressemblent à sa vieille tante qui a perdu les pédales, … La vie est belle, la vie est douce dans les Marches du Nord ! Et avec un caractère aussi implacable et un sens de l’honneur à toute épreuve, c’est un destin resplendissant qui attend notre héroïne ! Son amie Ludwiga, qui fut son professeur d’escrime pendant un temps, lui répétait souvent que « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». A l’heure actuelle, elle médite encore là-dessus.

Ahem… reprenons-nous ! Wilelmine est une belle jeune femme de vingt-trois ans tout rond. Petite, à peine un mètre soixante, elle passe pour une naine parmi ses pairs qui la charient souvent ! Et ce même si les Frontaliers ne sont pas réputés pour être les plus grands habitants de Gwendalavir. Fort heureusement, la grandeur de l’ego de la demoiselle est inversement proportionnel à sa taille ! Elle a un petit visage rond avec des pommettes hautes et un petit nez pointu. Ses grands yeux et ses longs cils envoutent tous les princes des Marches du Nord quand elle papillonne des paupières. Son air mutin a fait d’elle la coqueluche de ses professeurs qui l’appelaient la chipie, et ses lèvres roses, ah, tous les garçons rêvent de les embrasser ! Elle a un charme fou, malgré sa petite taille et ses muscles épais. Elle n’est pas comme ces beautés aux longues jambes, mais bien avisé sera celui qui la traitera de gobelin ! Si ses jambes sont petites, son sabre, lui compense tout le reste ! Et gare à celui qui osera rire de son insolence, Wilelmine a la tête dure comme du bois ! Ses doigts sont courts et fins, et ses poings sont d’acier. Son corps est solide, taillé par les interminables entraînements des Frontaliers. D’ailleurs, elle s’est tant investie dans sa tâche qu’elle a même fini par trancher sa natte ! Elle porte ses cheveux courts, coupés aux épaules. Ils sont d’un blond très pâle, presque blanc, tout comme ses yeux gris clair, clairs comme un ciel d’hiver, quand la neige s’apprête à tomber. Ah, que c’est poétique !

La petite Wilelmine naquit un jour de novembre, dans la pluie, alors que, dehors, les chevaux pataugeaient dans la boue et qu’une épidémie de grippe fulgurante s’était répandue. Bref, c’était pas une belle journée, et, si la mère de la gamine avait su que le travail durerait douze heures, elle y aurait pensé deux fois avant de dire qu’elle voulait un enfant. D’ailleurs, après ça, elle ne tenta plus jamais l’expérience. En plus, sérieux, avec Wilelmine, c’était pas d’une fillette qu’elle avait accouché mais d’une armée de yaknills des cavernes. Parce que, voyez-vous, jeune déjà, il fallait qu’elle fasse deux fois plus de bruit que les autres (étant donné le caractère des jeunes Frontaliers, je vous laisse imaginer l’état des tympans de ses parents), qu’elle mange deux fois plus, et, misère, qu’elle grandisse deux fois moins vite que les autres ! Alors non, franchement, deux, c’était juste inimaginable ! Allez Wil, du calme, voilà ton hochet-gourdin et ta tétine en dent d’ours, ne pleure pas !

Passées les premières années, la situation finit tout de même pas s’arranger quand Wilelmine découvrit un nouveau passe-temps, se battre avec à peu près tout ce qui était découpable et cognable. Ca commença avec l’arbre au fond du jardin, puis avec leur vieux chien Ernest (paix à son âme), suivi du voisin et de sa vieille tante (celle qui n’a plus toute sa tête). Un jour, elle manqua de s’en prendre à Edwin Til’Illan qui passait par là. Ce fut la rencontre la plus marquante de sa vie ! Pendant quelques minutes, et alors qu’il était attendu de toute urgence au palais, il lui donna des conseils et apaisa sa colère. Ce type avait un don, Wilelmine en était certaine. Plus tard, elle appellerait ça « l’art de parler aux folledingues ». Pour l’instant, disons qu’elle en avait retenu que son sabre n’était pas un jouet, enfin pas toujours, et qu’elle pouvait s’en servir « pour autre chose que la mort ». Elle cherche toujours le sens de cette phrase.

Vers la fin de son adolescence, Wilelmine avait fait d’étonnantes découvertes. Déjà, les gens comme Ludwiga et Edwin disaient des choses bizarres qu’il ne fallait pas toujours chercher à comprendre. Ses professeurs appelaient ça « la rhétorique », pour elle, c’est juste un mot compliqué. Ensuite, elle s’est rendue compte que non seulement son sabre était beau, mais elle était belle elle aussi. Peut-être pas autant que son sabre, mais tout de même. Et comme la gamine a l’esprit de compétition, elle n’a pas tardé à charmer tout ce qui était charmable : à commencer par le nouveau chien Kito (paix à son âme), puis sa vieille tante qui a perdu les pédales et qui vit dans une bicoque dans la montagne (elle dit qu’elle voit des singes et des poissons clown – mais y’a pas de singes et de poissons clown dans les Marches !), ensuite il y a eu les chevaux, et enfin les garçons ! Elle s’est beaucoup amusée, elle s’est fait plein d’amis, à remporté plein de duels et distribué presqu’autant de claques que de coups de pieds (elle a perdu le compte une fois passé le milliard). Une jeunesse dorée en somme !

Et puis les vingt ans, l’âge de raison… Déterminée à suivre l’exemple de son père qui avait vaillamment servi Hander Til’Illan et ensuite son fils Edwin Til’Illan, elle est entrée dans l’armée des Frontaliers et est partie combattre les Raïs au Nord. Manque de bol ! Avec les Sentinelles sur les talons et la Légion noire à côté, c’était vraiment chiant. Genre, rien à faire, les Raïs ils partaient en courant et en plus on marchait dans la boue. Trop nul. Pas cool. Wilelmine aurait voulu naître plus tôt, à peu près au milieu de la guerre, histoire d’avoir quelque chose à faire. Les Raïs, c’est plus ce que c’était ! Avant, c’était tellement bête que ça fonçait sur n’importe quel ennemi sans réfléchir. Maintenant, c’est devenu plus intelligent, quand ça voit un Frontalier, ça se barre en courant. Et punaise, ça court vite, faut y aller pour les rattraper ! Et Wilelmine, avec ses petites jambes, bah elle s’essouffle vite, elle préfère les sprints. Alors bon, il reste les tigres, les goules, les brûleurs, les loups du Nord, … mais qu’est-ce qu’elle fera une fois que toutes les espèces potentiellement dangereuses et amusantes se seront éteintes ?