Reagan est excellent lorsque vient le temps de manier l’épée ou toute autre arme blanche, bien que le sabre soit son arme de prédilection. Ses réflexes sont particulièrement rapides, ce qui lui permet plus facilement de prédire les coups de ses adversaires afin de les parer – ou de s’enfuir, s’il réalise qu’il n’est pas à la hauteur de son opposant. Il ne possède malheureusement pas de capacités extraordinaires comme certaines personnes, mais a fait de son mieux pour compenser au niveau de la débrouillardise et est un pilleur hors pair. Alors que certains ont le nez fin et peuvent sentir un festin à des milles à la ronde (ou le vieil ivrogne du village, par exemple), Reagan possède un œil aiguisé qui lui permet de repérer les objets de valeur qui traînent un peu partout et est assez doué pour se les approprier, qu’ils soient sur un être vivant ou pas. Bien entendu, il ne réussit pas à tous les coups, mais il arrive sans peine à déguerpir comme un lapin et se terrer dans un trou pour se cacher, et peut facilement manipuler pour sauver ses fesses.

Élevé sur un bateau depuis sa plus tendre enfance, Reagan n’a rien connu d’autre que les pratiques et habitudes des pirates. Alors que certains d’entre eux font preuve d’un grand savoir vivre digne de la noblesse, la majorité sont plutôt rustres, et le jeune matelot ne fait pas exception à la règle. On pourrait d’ailleurs croire qu’il possède plus de défauts que de qualités, mais c’est simplement parce que ces dernières sont bien cachées. Tout d’abord, bien qu’il respecte les règles de piraterie, les autres ne s’appliquent pas à lui. Il suit son propre code de conduite, construit autour de celui des pirates, et se fiche assez des conséquences provoquées par les actes qu’il peut parfois poser – du moins, pour l’instant. On pourrait dire qu’il est assez téméraire, et toujours à la recherche d’une activité palpitante pour l’occuper, qui s’avère bien souvent être illégale pour le commun des mortels. Malgré son besoin incessant de causer des ennuis et provoquer les autres autour de lui pour croiser le fer, Reagan n’est pas non plus un écervelé qui cherche à tout prix à terminer sa vie de façon prématurée. Il est un excellent stratège et malgré son flagrant manque d’éducation et de bonnes manières, il arrive presque à faire croire n’importe quoi à n’importe qui. Il ne vous le dira d’ailleurs pas, mais il est assez sensible et bien qu’il ait déjà bien plus de sang sur les mains qu’il ne le faudrait, il déteste les confrontations qui ont des fins catastrophiques, au point de lui faire faire des cauchemars. Mais il est bien trop fier pour perdre la face devant les autres, évidemment. Il manque généralement de maturité et, au fil du temps, est devenu un kleptomane professionnel, rusé et assez moqueur. Malgré son adoration pour les femmes en général et l’attention que celles-lui lui portent bien souvent, il n’en respecte vraiment que quelques-unes, convaincu que les demoiselles n’ont pas leur place au centre d’une bataille et que celles-ci se trouvent sous les hommes. Il ne faut toutefois pas tout de suite le condamner : Reagan n’a jamais connu quoi que ce soit de mieux, et ne cherche qu’une façon de pouvoir se trouver lui-même.

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il serait difficile de dire de Reagan qu’il n’a pas été gâté par la nature. Évidemment, les goûts sont personnels à chacun et ne peuvent pas être discutés, mais ses traits ne sont tout simplement pas déplaisants et même si ses géniteurs lui sont complètement inconnus, il est possible de dire en le regardant qu’ils devaient former un charmant couple. Sur son visage, parsemé de taches de rousseur et d’un seul grain de beauté sous l’œil droit, est presque toujours dessiné un sourire espiègle, bien ancré sous un petit nez lui donnant souvent l’air d’être un peu plus jeune qu’il ne l’est en réalité. Il est toutefois possible de voir une certaine maturité au fond de ses yeux, qui sont bleus et presque aussi foncés que l’océan. Pour faire un joli contraste, des mèches couleur de feu aux reflets blonds encadrent son visage et s’arrêtent juste à la limite de sa mâchoire, ni trop carrée ni trop ronde. D’ailleurs, celle-ci est toujours dépourvue de poils, bien qu’il ait essayé de les faire pousser pendant un long moment avant d’abandonner. Jonché sur des jambes solides, Reagan est d’une taille respectable, souvent plus grand que les autres mais quand même assez petit pour se faufiler un peu partout et réussir à passer inaperçu. Il faut l’avouer, le jeune matelot n’est pas particulièrement impressionnant au niveau de la carrure, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne possède pas de muscles et qu’il manque de force. Comme beaucoup de ses comparses, Reagan a quelques tatouages, qui n’ont pas été exécutés sans douleur, dont un représentant un grand corbeau avec des ailes déployées de sa nuque à son épaule.

« Regarde devant toi. Et puis regarde derrière aussi, tant qu’à y être. Tu vois l’horizon ? C’est à peine si tu peux faire la différence entre la mer et le ciel. Eh bien dis-toi mon garçon que le monde est encore plus grand. Si j’étais toi, j’arrêterais d’espérer. Si tu t’es retrouvé ici, ce n’est pas pour rien. Et puis même si vraiment, quelqu’un voulait te retrouver… Encore une fois, regarde autour de toi. Il ne saurait même pas où commencer à chercher. »

Au fil des années, Reagan s’y était fait. L’absence de figure parentale avait laissé un trou béant à l’intérieur de lui, mais il avait dû se rendre à l’évidence. Jamais il n’avait vu le visage de son père ou de sa mère, et jamais il ne les verrait – du moins, pas en étant en vie et bien en santé. On lui avait parfois dit qu’il avait les cheveux de sa mère, et les yeux de son père, mais on lui disait aussi le contraire. Il avait bien fini par comprendre que les membres de l’équipage ne faisaient que s’amuser avec lui, et par ne plus croire un seul mot venant de qui que ce soit.

Il s’imaginait parfois être un enfant illégitime d’un personnage important, forcé de l’abandonner à contrecœur. Ou bien encore, le seul survivant d’un naufrage ou d’une catastrophe similaire, recueilli par l’équipage du navire. Une petite voix à l’intérieur de lui ne cessait de lui répéter qu’il avait probablement été délibérément abandonné, mais il refusait depuis toujours de l’écouter.

Son enfance n’eue rien de bien extraordinaire. Il n’était qu’un bambin lorsque l’équipage l’avait pris sous son aile, mais les souvenirs étaient trop flous pour qu’il puisse se rappeler de quoi que ce soit. Pourquoi on lui avait donné une chance, il n’en avait aucune idée. Durant longtemps, le rouquin avait été le petit matelot de service par excellence. Nettoyer le pont à quatre pattes et éplucher les pommes de terre faisait partie de son quotidien, ainsi qu’écouter les ordres de ses supérieurs en se roulant la langue trois fois dans la bouche pour éviter de répondre d’un ton insolent. Malgré les tâches qu’on lui balançait sans cesse au visage à tous les jours, Reagan avait trouvé le temps de s’entraîner en secret, jusqu’à ce que le capitaine réalise son potentiel.

Son adolescence fût plutôt chaotique, et très loin de ce que n’importe quel parent sain pourrait souhaiter à son enfant. Il prenait plaisir à piller et adorait l’adrénaline que lui procurait toute l’action autours de lui, mais préférait de loin se retirer discrètement pour aller voler quelques objets de valeur plutôt que de participer aux confrontations armées lorsqu’elles dégénéraient. Plus jeune, alors qu’il avait toujours l’esprit d’un enfant, il s’était imaginé de nombreuses fois échanger des coups de sabres avec ses opposants et trépidait d’excitation à l’idée que son tour arrive – jusqu’à ce qu’il réalise que les beaux combats colorés qu’il voyait dans sa tête prenaient plutôt une teinte de rouge en réalité, qui lui donnait encore plus la nausée qu’une tempête sur la mer.

Malgré son amour pour la piraterie, Reagan ne pouvait s’empêcher de regarder au loin et de se demander qu’est-ce qui pouvait bien se trouver au bout de l’horizon. Sa grande curiosité le faisait aussi s’intéresser aux grandes terres de l’autre côté, sur lesquelles il posait seulement pied lorsque son capitaine décidait qu’il était temps d’attaquer autre chose que des navires perdus sur leur territoire. Il finissait toujours par se mettre à l’écart et visiter les environs, tout en dénichant des trésors. Il n’avait jamais le temps d’aller bien loin, toutefois, et devait toujours s’assurer de pouvoir retourner sur le bateau avant. Ne pas s’y présenter au moment déterminé ferait de lui un déserteur, et bonne chance pour y retourner.

Depuis un certain temps, cependant, Reagan envisageait cette possibilité d’un autre œil. Certes, déserter équivalait à laisser sa vie et tout ce qu’il connaissait derrière lui et la perspective l’effrayait un peu mais d’un autre côté, il connaissait déjà les eaux comme sa poche. Le besoin d’être son propre maître, de respecter ses propres règles et l’envie d’aventure le dévoraient lentement de l’intérieur depuis quelques années…