Al-Far.
La cité du crime.
La voilà officiellement de retour dans le monde des Humains!

Étant bloquée chez les Alaviriens, Myya ne savait plus trop quoi faire. Elle était fauchée et à pied, son cheval ne l’ayant point suivi à travers ce foutu arbre passeur. Après quelques journées de marche la Faëlle avait ainsi atterri à Al-Far. La ville n’avait pas spécialement changé depuis le temps, du moins rien de spectaculaire. Mais bon Myya s’en contrefichait du paysage, là seule chose qu’elle désirait c’était un endroit pour passer la nuit.
Elle profita de son avantage de taille pour dérober une ou deux bourses par ci, par là, histoire d’avoir de quoi payer le couvert et le logis. Les tarifs n’étant pas spécialement élevés par ici, elle arriva rapidement à son compte. Pue désireuse de continuer à se mêler à la population humaine qui fourmillait dans la rue, elle décida de passer par les toits pour atteindre l’endroit qu’elle connaissait. Du moins si celui-ci existait toujours.

Les citadins ne sont pas habitués à croiser des étrangers, encore moins des Faëls, c’est pourquoi à peine pénétra-t-elle dans l’auberge qu’elle senti des regards curieux se poser sur elle. Qu’importe! Plus on la trouvait étrange moins on venait lui parler et mieux elle se sentait.
Elle s’isola dans un coin de la salle, il faisait assez sombre et elle était assez éloigné de la plupart des humains présents.  

Tandis qu’elle se détendait, on lui apporta un ragout chaud et une pinte, sa soirée venait de s’améliorer en un instant.

C’est alors qu’une personne pénétra dans l’auberge, le visage dissimulé sous une capuche , corpulence fine et délicate. Celle-ci balaya la salle d’un regard puis d’un pas déterminé elle vient troubler la tranquillité de Myya.

- Cela fait longtemps que l'on ne s'est pas vu.. Comment vas-tu ?

« Aussi bien qu’une Faëlle puisse aller lorsqu’elle est entourée d’humains. Entre nous je ne sais pas ce qui me surprend le plus, le fait que leur ragout n’ait pas le gout de chaussette ou que ma route croise la tienne une fois de plus! »

Le sourire aux lèvres, la présence de sa jeune amie de l’AutreMonde la fit sourire.

« Alice Blanc, à moi de faire ma curieuse et te demander quel bon vent t’amène dans cet endroit qui, si je puis le dire, reste très peu recommandable?

- J’ai quelques affaires à vérifier. Tu sais la fois à Al-Chen..

La jeune femme n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’un groupe d’individus pénétra en trombe dans la salle. Des gardes royaux. Étrange, car ceux-ci venaient rarement jusqu’à Al-Far, cela devait être une patrouille mobile résidant en ville. Toutefois Myya devina assez rapidement qu’ils n’étaient pas là pour le plaisir, ils avaient le visage fermé et étaient armés jusqu’aux dents.

Nous recherchons quelqu'un. Alice Blanc. Elle est recherchée pour meurtre et organisation criminelle.

Alors là, si elle s’attendait à ça. La Faëlle tourna les yeux vers sa jeune amie, celle-ci restait impassible. Avec un léger sourire elle regarde la Faëlle.

Je crains que  notre conversation doive se finir là. Je dois m'occuper de ces monsieur..

Puis, sans pression, l’humaine se lève comme si de rien n’était.

Je crois que c'est moi que vous cherchez monsieur.. Même si je me déclare innocente pour les méfaits  que vous déclarez..
Vous allez nous suivre et nous allons éclairer toute cette affaire au poste.

Mais Alice ne semblait pas l’entendre de cette oreille, car elle se mit en position de combat, tout en ayant sorti un étrange objet de sa veste. Cet objet semblait être défensif et Alice l’enfila comme un gant entre ses doigts. Avec un tel poing armé, la Faëlle n’avait pas spécialement envie de se prendre une beigne.

Je ne crois pas que j'ai envie de vous suivre.. Mais vous pouvez toujours tenter de venir me chercher..

Aussitôt dit aussi tôt fait. Un combat s’engagea. La patrouille comptait environ cinq individus. Bien que Myya ne doutait plus des talents de combat de la jeune Terrienne, cela semblait être problématique pour elle de s’en sortir avec ce simple bout en acier. Toutefois la Faëlle avait déjà vu la jeune femme à l’oeuvre, elle avait la technique et elle se défendait comme une tigresse.

Myya n’était pas spécialement anxieuse ou surprise. Loin de là, après tout chacun sa vie. Si elle survivait l’humaine lui fournirait certainement des explications, sinon … elle envisagea les geôles d’Al-Far. Cette cité avec un système pénitencier particulièrement dysfonctionnel, et la plupart du temps les prisonniers se ressortaient pas vivants. Alors si en plus les gardes royaux lui faisaient un interrogatoire… elle ne savait pour quelle raison l’humaine avait des ennuis mais elle ne voulait pas spécialement se retrouver à sa place.

C’est alors qu’Alice fut mise en difficulté, elle venait d’être encerclée. Ils n’avaient pas sorti les armes, ils devaient avoir pour mission de la capturer vivante. Si elle se faisait choper Myya ne lui donnait vraiment pas cher de sa peau. C’est alors qu’un sentiment d’agacement vient percuter la Faëlle, quelque part elle n’avait pas envie que l’humaine se fasse capturer, et surtout Myya n’aimait pas les combats inéquitables.

Se levant calmement, elle effectua alors un bond et atterrit non loin du cercle qui se refermait sur Alice. Elle avait toujours sa chope de bière en main (vide bien évidemment!). Elle en profita pour la lancer comme projectile sur le garde se tenant devant elle, histoire d’attirer l’attention. Cela semblait fonctionner car il se retourna, visiblement pas très content. Il se jeta vers la Faëlle, le bras tendu en avant. Quel combattant inexpérimenté. D’un mouvement circulaire la Faëlle évita facilement le coup, et sans attendre elle se retrouva dans le dos de l’humain. Il devait mesurer au moins un mètre quatre vingt, la Faëlle ne lui arrivait même pas au milieu du dos. Mais peu importe, elle lui assena un coup de pied tendu dans les mollets. Perdant ses appuis, son adversaire vacilla. Aussitôt la Faëlle lui porta trois coups dans les côtes, un craquement lui indiqua qu’elle venait d’en briser une. Son assaillant se plia en deux, le souffle coupé. La Faëlle porta alors le coup de grâce, un coup de coude au niveau de la nuque pour que son adversaire perde connaissance. Le combat avait duré à peine quelques instants, satisfait Myya constata qu’elle n’avait pas perdu la main.

Elle se retourna alors vers son amie, celle-ci avait réussi à mettre au tapis un des des individus, il n’en restait alors plus que deux. Ceux-ci, observant leurs compagnons au sol, comprirent qu’ils étaient en position de faiblesse. La situation s’était retournée contre-eux. Ils adoptèrent une formation serrée, se mettant dos à dos. Mais ils avaient abandonné l’idée de se battre qu’avec leurs poings car ils venaient de sortir les armes.

« Voyons… »

Un sourire aux lèvres la Faëlle dégaina son sabre, cela faisait une éternité qu’elle ne s’était pas battue en duel. Les deux combattants s’avancèrent en même temps, il attaqua le premier. Ses gestes étaient simples mais précis. Myya para sans difficulté les coups portés, toutefois bien que brouillon, son adversaire attaquait rapidement et avec force, ce qui ne laissait qu’une petite fraction de seconde à la Faëlle pour contre-attaquer. Une fois qu’elle repéra son ouverture elle s’engouffra dedans. D’un revers d’estoc, elle désarma son adversaire aussi rapidement qu’elle avait dessiné sa parade. Elle utilisa alors sa main libre pour lancer un uppercut puissant sous le menton du garde, il s’évanouit presque aussitôt.

Satisfaite elle étudia alors comment la situation se déroulait pour Alice.

Projectile direct.
Myya évite de justesse l’assiette remplie de nourriture qui se dirigeait droit vers sa face. Surprise, elle observe l’arme s’exploser contre le bar dans un fracas de verre brisé. De la sauce encore fumante dégouline sur un garde assommé au sol. La Faëlle se retourne vers sa jeune amie, impressionnée. Voilà un style de défense qui n’était pas banal. Elle parcours la pièce des yeux, les deux amies avaient fait le ménage. Des plaintes émanaient des corps rampants, et au fond de la pièce les quelques clients s’étaient planqués, avec le barman, derrière leur table.

Alice acheva alors son oeuvre, et sans tarder elle se dirigea vers la Faëlle. Celle-ci se retrouva entraîner vers la sortie.

Toujours aussi efficace à ce que je vois. Bon il faut qu'on se taille maintenant !

Un sourire s’étira sur le visage de Myya, bien que la compagnie des humains ne lui était plus agréable, elle ne pouvait s’empêcher de penser que certaine personne restaient les même à ses yeux, et sa jeune amie de l’Autre Monde faisait partie d’elles.
À la sortie de l’auberge elles aperçurent une patrouille à une centaine de mètre, celle-ci se déplaçait rapidement et semblait se diriger tout droit vers les deux jeunes femmes.

« C’est elle ! » Un des gardes avait crié, pointant du doigt Alice.
« Deux escouades rien que pour toi ?! …. Bon bah je ne sais pas ce que tu leur as fait, mais il semblerait qu’ils tiennent beaucoup à te voir ! 

Myya ne réfléchit pas plus,  et sans hésiter elle prit ses jambes à son cou. Les deux amies n’étaient pas de taille à affronter toute une escadrille de gardes impériaux, la fuite restait leur meilleur option. L’avantage du terrain était de leur côté, car rien de mieux que les rues d’Al-Far pour se carapater. De plus la nuit commençait à tomber et très rapidement elles allaient pouvoir semer leurs poursuivants dans la pénombre. Mais bon, facile à dire, encore faut-il le faire, car leur comité d’accueil semblait bien déterminé à ne pas leur lâcher les bottes.

Elles s’élancèrent dans la rue principale, bousculant les passants se tenant sur leur passage. Rapidement Myya pris la direction d’une rue sur la gauche, étroite et peu fréquentée, elle savait que celle-ci rejoignait la Basse Ville. Myya connaissait bien la cité, notamment les endroits à éviter : les culs de sac, les rues des voleurs, la Haute Ville et la Basse Ville. Bien qu’ayant disparue de la circulation pendant trois années, la Faëlle n’avait pas perdu la main.

La ruelle déboucha donc sur un autre axe principal : la partie Nord de la ville, ou la Basse Ville comme l’appelait les habitants. C’est ici que régnait le véritable crime d’Al-Far, dans ce quartier malfamé se retrouvaient assassins, escrocs, mercenaires, commerçants, macs et voleurs. Ici les gardes impériaux venaient rarement, si ce n’est qu’à l’occasion de descentes organisées, c’est pourquoi ils n’étaient pas du tout les bienvenus ! Un regard en arrière, peu importe l’endroit où elle les menait ils n’avaient pas encore abandonné la poursuite. Myya regarda la place quasi déserte, au milieu se dressait une fontaine, du moins ce qu’il en restait car celle-ci tombait en ruine. Vide et asséchée, elle servait désormais d’aire de jeu aux orphelins des rues. Parcourant l’endroit des yeux, elle repéra enfin ce qu’elle cherchait, à une centaine de mètre.

« Par ici! »

Myya traversa la place en diagonale, se dirigeant tout droit vers un bâtiment éclairé faiblement, qui donnait directement sur une autre rue. La Faëlle pénétra la fameuse ruelle, qui à son souvenir donnait sur la porte de la Basse-Ville d’Al-Far. Si avec de la chance elles réussissaient à sortir de la ville, les Gardes Impériaux ne les suivraient pas sans l’accord du Seigneur. Le manque d’effectif à Al-Far ne permettait pas de faire des excursions hors de la ville sans raison valable. Cela leur aurait accordé du temps pour s’organiser. Mais elle fut alors coupé dans son élan, devant elle se tenait une montagne de caisses et cageots en bois : la rue était condamnée!

Myya regarda Alice, les deux femmes avaient pris de l’avance sur leurs adversaires, mais ceux-ci étaient tenace et ils allaient arriver d’une minute à l’autre. Elle observa la pyramide haute d’une dizaine de mètre, puis son regard glissa vers la paroi. Avec agilité les deux jeunes femmes pouvaient se servir de l’obstacle pour monter sur les toits.

« Il faut grimper! Si on monte sur les toits on a une chance de les semer! »

La course sur les toits fut moins ardue que celle des rues. Après une quinzaine minutes elles se cachèrent dans l’ombre d’une cheminée. Les deux jeunes femmes avaient réussi à se cacher suffisamment des rues principales, ce qui leur offrait une bonne protection désormais. À ce point là elles devaient avoir semé les gardes impériaux. Toutefois il ne fallait pas tenter le diable, et une jeune humaine aux cheveux bleus flanquée d’une Faëlle s’était plutôt reconnaissable comme duo, en soit les deux jeunes demoiselles ne pouvaient pas se permettre de rester en ville. Il leur fallait sortir de la ville. La Bouche de la Basse-Ville n’était pas loin, la Faëlle apercevait les remparts de la ville à une centaine de mètres. Toutefois des gardes devaient y être postés, et elles ne pouvaient se risquer à une sortie en toute discrétion, cela lui semblait impossible.

Myya se tourna vers Alice, mais celle-ci semblait perdu dans ses pensées, remplie de colère.

« Hey l’humaine! Pas le temps de se perdre dans son esprit, ne réfléchit pas à ce qui est arrivé, mais réfléchit à ce que l’on va faire pour sortir de la ville. »

Sur ces mots la Faëlle s’assit en tailleur dans l’ombre de la pierre, elles allaient devoir patienter désormais.

« On ne peut pas passer par la porte de la Basse-Ville, même si elle n’est pas très bien gardée, reste pas moins que des gardes seront postés. De plus, au vue de l’escouade qui nous poursuivait, je pense qu’ils tiennent pas mal à te choper. Or une Faëlle et une Humaine aux cheveux bleus, sans être méchante c’est reconnaissable, même planquées sous un capuchon. »

La Faëlle souffla quelques instants, reprenant son souffle.

« L’idéal serait d’attendre une heure ou deux heures du matin et de passer par les remparts. Il suffit de les escalader, elles ne sont pas énormes et en plutôt mauvais état, soit les prises sont simples et on peut s’en sortir facilement. Qu’en penses-tu ? »

La Faëlle n’en avait pas grand chose à cirer du pourquoi et du comment elles étaient dans cette situation, après tout si Alice voulait lui en parler qu’elle le fasse, mais la Faëlle n’avait pas besoin d’argumentation. Un peu d’adrénaline après tout ce temps, ça ne faisait pas de mal….