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Meurs un autre jour - Part 1. [Ellana]
Edwin Til' Illan
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Edwin Til' Illan
Frontalier



25.11.15 14:40
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Malgré toute l’attention qu’il portait à rester silencieux, une malheureuse brindille craqua sous son talon. Mécontent, l’homme s’immobilisa. L’empennage de sa flèche, qui chatouillait presque sa joue, suivait le rythme de sa respiration. Inspiration… La flèche reculait, tendant la corde de l’arc. Expiration… La tension refluait, mais la flèche n’était pas libérée. Inspiration… Le regard rivé sur sa proie, le chasseur ne bougea pas d’un pouce, conscient que le moindre relâchement de sa concentration pouvait gâcher sa traque. Expiration… Le trait fut si rapide qu’il trancha l’air épaissi par une brume légère dans une invisibilité parfaite. Dès qu’il fut sûr que la flèche avait atteint sa cible, la respiration du chasseur redevint normale. Nullement handicapé malgré l’obscurité du soir tombant et les racines qui semblaient vouloir gêner sa progression, il alla récupérer sa flèche et le lièvre qui lui servirait de dîner. Il ne s’attarda pas. Il semblait même pressé. D’une foulée souple, il se mit à courir pour rebrousser chemin. Il était pressé, en vérité. Car une malheureuse seconde pouvait suffire pour le départager de son concurrent.

Sans la moindre hésitation quant au chemin qu’il souhaitait emprunter, il retrouva vite la lisière du bois. Et marqua un temps d’arrêt. Son concurrent, ou plutôt sa concurrente, venait de déboucher du couvert des arbres, elle aussi, de l’autre côté de la petite clairière qui leur servait de lieu de campement pour cette nuit. Vêtements de cuir sombres mettant en valeur une silhouette parfaite, longue tresse d’ébène qui se coulait délicatement le long de son épaule ; le chasseur sentit les battements de son cœur accélérer. Restée à cette distance, elle brandit le fruit de sa chasse. Il fit de même, un sourire amusé aux lèvres.
Ex aequo…






Les premiers murs d’Al-Far entrèrent dans le champ de vision des deux cavaliers.

Edwin n’avait aucune idée de la mission qui l’attendait. Ou plutôt, qui les attendait. Car s’il avait été le seul à être convoqué par le seigneur d’Al-Far, ils étaient finalement deux pour mener à bien cette expédition. Si sa première réaction, lorsqu’Ellana lui avait annoncé – plus qu’elle ne le lui avait proposé – qu’elle l’accompagnait, avait été de se dire, pour la forme, qu’il ne devait pas la mêler à ses missions politiques, l’idée d’un voyage en tête à tête avec la marchombre s’était très vite accaparé son esprit. Sa décision fut vite arrêtée : si le seigneur Cil’ Karn requérait la plus grande discrétion, qui d’autre que la meilleure représentante de la guilde des Chevaucheurs de brume pouvait lui prêter main forte ? Par ailleurs, ils ne sauraient qu’une fois arrivés à la cité quel était le motif de cet urgent déplacement ; si jamais l’ordre de mission ne s’avérait pas être aussi exaltant que ce à quoi s’attendait Ellana en l’accompagnant, ils en auraient été quittes pour une traversée des Marches du Nord en amoureux.

Certes, cette traversée n’avait pas été des plus reposantes, loin de la conception ordinaire des promenades entre amants. Il avait constamment fallu être sur ses gardes pour ne pas avoir affaire à la faune inhospitalière de la contrée. Mais le bonheur de leurs retrouvailles dans ce paysage glacé et la simplicité de la vie de voyageurs, agrémentée s’une petite touche d’adrénaline, suffisaient largement à les combler.

C’est donc presque à regret que les premiers contours de la ville d’Al-Far s’offrirent à eux. D’un simple mouvement d’épaules, Edwin arrêta sa monture. Il resta un instant silencieux avant de reporter son attention sur la cavalière qui s’était arrêtée à ses côtés. Ses iris argentés détaillèrent le visage fin de la jeune femme, s’attardant sur le moindre détail, peinant à ne pas sombrer dans son regard charbonneux. Lorsqu’il sembla enfin rassasié de sa contemplation, il se dressa sur ses étriers pour se pencher vers elle, et déposer un fugitif baiser sur ses lèvres.

- Merci, se contenta-t-il de prononcer avant de remettre l’étalon au pas.






Le seigneur d’Al-Far n’y alla pas par quatre chemins. Après avoir salué les visiteurs – non sans avoir marqué un léger temps d’arrêt sous, agréablement surpris en voyant Ellana – il s’empressa de leur exposer le motif de sa requête.

- Je m’excuse de devoir requérir ainsi votre présence, mais la situation m’empêche de faire appel à de simples mercenaires… Il y a quelques mois, face à l’ampleur que prenait un groupe de criminels au sein de la cité, tous les moyens ont été mis en œuvre pour tenter de les écrouer. Mais ces scélérats étant précautionneux, nous n’avions jusqu’alors pas réussi à les identifier. C’est là qu’intervient Kenn Danvou, modeste barde qui officie dans les tavernes. Il est l’unique témoin qui permettra d’écrouer plusieurs de ces misérables pour de bon. Nous l’avons discrètement placé sous garde rapprochée le temps que l’enquête se termine, mais il a tout de même failli y rester cette semaine, lors d’un attentat à son domicile. C’est pourquoi nous devons le conduire en lieu sûr au plus vite.

Edwin, dans la verticalité et l’impassibilité qui le caractérisaient, n’avait pas bougé à l’écoute du discours du souverain.

- Et où devons-nous l’emmener ?

Il avait ainsi épargné à son interlocuteur la pénible tâche de réitérer sa demande d’appui pour cette mission, ornementée de nombre de politesse, d’excuses et de remerciements. Malgré cette prévention, la réponse leur parut particulièrement ingrate en raison de la destination choisie.

- Nous devons absolument mettre Danvou hors de portée de ces monstres. Aussi n’avons-nous pas d’autre choix que de traverser Astariul. Une cache se trouve sur les plateaux.

Edwin frémit intérieurement. Voilà pourquoi le souverain n’avait pas pu recourir à un dessinateur pour emmener discrètement le témoin avec un pas sur le côté. Aucun des dessinateurs au service de la cité et maîtrisant le grand pas ne connaissait les plateaux. Astariul, la contrée la plus sauvage de l’Empire.
Ce devait être une blague.

Inquiet de l’absence de réaction du seigneur des Marches du Nord, Cil’ Karn s’empressa de se justifier.

- Nous avons bien essayé de le cacher près d’ici, mais il a de nouveau risqué sa vie…  Si nous laissons maintenant filtrer son témoignage, nous ne tiendrons que quelques membres de la bande. Je suis gêné de vous « imposer » ce dangereux voyage, mais vous êtes mon unique chance de voir Danvou arriver sain et sauf à destination. Une escorte de la Légion noire serait bien trop voyante, et attirerait à coup sûr ces malfrats bien renseignés.

Edwin inspira, visiblement prêt à dire quelque chose qui avait à voir avec les missions-suicide, avant de se raviser. Il cligna lentement des yeux et reporta finalement son attention sur Ellana. Sa décision était déjà prise, mais elle n'était pas tenue aux mêmes obligations que lui. Et il savait combien sa liberté lui importait. Aussi lui laissait-il le loisir de formuler toutes ses objections. Ou son assentiment.

Dans tous les cas, cette mission semblait dangereusement prometteuse.
Il ne savait juste pas encore à quel point.


 

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Ellana Caldin
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Ellana Caldin
Marchombre



01.12.15 22:57
Légèreté divine, qui dans chacun de mes pas s’exprime.
L’ombre futile s’agite et s’évite, poursuivant sans relâche cette proie qu’elle se doit d’attraper.
Puis soudainement, la brise s’étiole et s’envole, ne laissant au demeurant qu’une âme amusée de ce jeu qui ne se lasse plus de durer.

Immobile, Ellana sourit.

Sa longue tresse ballote un instant, caresse le creux de son dos avant de se figer à son tour. Elle inspecte les alentours, tous sens aux aguets. De toutes leurs parties de chasse, celle-ci se hisse sans peine parmi les trois meilleures de son palmarès. Sans compter qu’une victoire supplémentaire permettrait à la marchombre de remporter ce pari fait presque trente minutes auparavant… Une idée aussi irrésistible qu’elle n’est alléchante, en vérité.

Un mouvement. Sur sa gauche, à trois mètres devant. Le sourire qui ourle ses lèvres s’accentue. A allure mesurée et silencieuse, la jeune femme se fond entre les arbres. Là, juste là. Sous ses yeux, à moins d’un mètre à peine, un magnifique lièvre grignote quelques brins d’herbe, inconscient du danger qui rôde. Un moment hypnotisée par la beauté de son pelage – ce mélange de gris qui n’est pas sans lui rappeler l’éclat d’un certain regard – elle manque de rater son approche. Frisson. Excitation. L’adrénaline que lui procure cette course poursuite à travers la forêt est un bonheur à lui seul. Jouissant de l’énergie nouvelle qui coule dans ses veines, Ellana entre en action. D’oiseau immobile, elle se meut fauve imprévisible.

Lames décolorées, entre mes doigts effilés jaillissent.
Six lames. Prolongement parfait de ses phalanges qui toujours resplendissent.
L’animal n’a pas le temps de comprendre. D’un mouvement bien placé, la prédatrice entaille la douceur de ce pelage innocent, prenant garde à ne pas se laisser distraire par la frayeur qu’elle lit dans ses yeux. La fin justifie les moyens, n’est-ce pas là l’expression utilisée ? En l’occurrence, ce serait plutôt la faim qui justifierait tout cela… La marchombre secoue la tête, amusée, et s’empare d’une main de sa jolie prise. L’instant suivant, elle a d’ores et déjà  virevolté sur ses appuis et s’éloigne entre les arbres. Pressée, elle se sait pressée. Incapable de contenir un instant de plus cette incroyable énergie qui fourmille en elle. Ses foulées s’agrandissent, son rythme cardiaque s’accélère. Encore quelques pas et… Elle dépasse la lisière de la forêt et s’arrête brutalement. Devant elle s’étend la prairie dans laquelle ils ont décidé d’établir leur campement pour la nuit. Pas âme qui vive sur des kilomètres… Enfin presque.

Une étincelle de joie pétille dans les prunelles d’Ellana tandis qu’elle couve du regard l’homme qui lui fait face, à l’opposé de la clairière. Le souffle court, elle dévisage sans retenue les traits de son compagnon, ses cheveux en bataille, son armure qui couvre ses muscles saillants… Et puis, il y a cet air à la fois admiratif et réjoui qui s’est greffé sur son visage sans lui demander son avis. La marchombre laisse échapper un éclat de rire et, levant le bras, montre à Edwin la proie qu’elle tient entre ses doigts. Comme seule réponse, le Frontalier lui offre à son tour un aperçu de sa prise, sourire aux lèvres.
Ellana secoue doucement la tête et esquisse quelques pas en direction du campement. Il semblerait bien qu’il n’y ait pas de gagnant pour ce soir... Ou du moins, pas à ce jeu-là.

*


Le regard perdu en direction de la cité qui leur fait face, Ellana se noie une nouvelle fois dans ses songes. Même en étant encore à plusieurs kilomètres de distance, elle sent graviter autour d’elle le poison de cette ville. Al-Far, berceau des gangs et trafics en tout genre. Al-Far, véritable labyrinthe de rues crasseuses et sombres. Al-Far, lieu de famine et de cris nocturnes. La marchombre réprime un frisson devant la puissance de ses souvenirs.
Al-Far, commencement de son existence en tant qu’humaine.

Murmure s’immobilise, ramenant la jeune femme à la réalité. Il n’est plus question que de quelques heures avant qu’ils n’atteignent les portes de la ville. A-t-elle hâte ? Non, pas nécessairement. Si d’un côté la curiosité d’en savoir plus sur cette soi-disant mission l’attire vers la cité, elle ne ressent pas l’envie de voir ces derniers instants de tranquillité s’estomper. Bien sûr, le voyage depuis la Citadelle n’avait pas été de tout repos, mais ce trajet avait au moins eu pour avantage de leur donner quelques moments bien à eux dont elle avait savouré chaque seconde. Abandonnant Al-Far, les iris de la marchombre se tournent vers Edwin, arrêté à sa droite. Il la contemple. Les années passent sans changer la nature de ce regard qu’il pose sur elle. Ellana frémit, cligne des yeux et ne réagit pas lorsque d’un mouvement, le Frontalier dépose sur ses lèvres la douceur d’un baiser.

« Merci. »



Tandis que son compagnon se remet en route, la marchombre chancèle. Inspire. S’équilibre et finalement, soupire. Un mot unique, des émotions à n’en plus finir. Lorsqu’elle pose l’éclat de ses prunelles sombres sur le dos d’Edwin, ce n’est que pour laisser l’amour qu’elle lui porte la submerger davantage.

*


« Je m’excuse de devoir requérir ainsi votre présence, mais la situation m’empêche de faire appel à de simples mercenaires… Il y a quelques mois, face à l’ampleur que prenait un groupe de criminels au sein de la cité, tous les moyens ont été mis en œuvre pour tenter de les écrouer. Mais ces scélérats étant précautionneux, nous n’avions jusqu’alors pas réussi à les identifier. C’est là qu’intervient Kenn Danvou, modeste barde qui officie dans les tavernes. Il est l’unique témoin qui permettra d’écrouer plusieurs de ces misérables pour de bon. Nous l’avons discrètement placé sous garde rapprochée le temps que l’enquête se termine, mais il a tout de même failli y rester cette semaine, lors d’un attentat à son domicile. C’est pourquoi nous devons le conduire en lieu sûr au plus vite. »

Ellana n’écoute que d’une oreille distraite les propos du Seigneur d’Al-Far. La seule chose qui retient son attention en ce moment, c’est cette énorme tête d’ours empaillé qui surplombe celle de leur interlocuteur. Perplexe, la marchombre examine l’animal sous tous les angles. Quel genre d’homme peut accrocher une horreur pareille dans son bureau ? S’il s’agit d’assoir son autorité sur les représentants qu’il reçoit, elle serait bien tentée de lui dire que c’est peine perdue. Ou alors, que la seule chose qui risque d’effrayer ses invités serait ses goûts douteux en décoration.

« Et où devons-nous l’emmener ? »



La voix tendue d’Edwin trahit l’intensité de sa concentration. Contrairement à sa compagne, le Seigneur des Marches du Nord n’a que faire du regard inquisiteur de l’ours sur sa personne. La jeune femme soupire et parcourt de long en large le reste du bureau, tâchant d’écouter la réponse de leur employeur.

« Nous devons absolument mettre Danvou hors de portée de ces monstres. Aussi n’avons-nous pas d’autre choix que de traverser Astariul. Une cache se trouve sur les plateaux. »

Une cache. Sur Astariul. Les plateaux les plus dangereux de l’Empire. Il est certain qu’être attaqué par une goule ou doté d’un nouveau brushing grâce à la bonne volonté d’un brûleur est nettement plus sécurisant que de rester ici, bien au chaud dans l’une des nombreuses cachettes dont cette maudite ville regorge. Incrédule, Ellana dévisage le Seigneur d’Al-Far comme s’il avait un troisième œil au milieu du front. Cela collerait parfaitement avec le reste de la décoration, remarque.

Sur sa gauche, Edwin s’était raidit. Sûrement en prenant conscience que cette petite promenade à travers champ n’avait rien de réjouissant, finalement ; au contraire de la marchombre qui trouvait cette mission de plus en plus intéressante. Prenant l’absence de réaction du Frontalier comme un risque de refus potentiel, Cil’Karn croit bon de rajouter quelques explications quant à ce choix de destination.

« Nous avons bien essayé de le cacher près d’ici, mais il a de nouveau risqué sa vie…  Si nous laissons maintenant filtrer son témoignage, nous ne tiendrons que quelques membres de la bande. Je suis gêné de vous « imposer » ce dangereux voyage, mais vous êtes mon unique chance de voir Danvou arriver sain et sauf à destination. Une escorte de la Légion noire serait bien trop voyante, et attirerait à coup sûr ces malfrats bien renseignés. »

Bla, bla, bla. Tant de mots inutilement prononcés. Un véritable gaspillage. Contrairement au noble qui lui fait face, Ellana sait parfaitement que la décision de son amant est déjà prise. Il partira. Quant à elle ? Est-elle prête à le suivre ? La marchombre avait accepté de se joindre à cette mission pour l’idée de passer un peu de temps avec le Frontalier. Doit-elle nécessairement partir gambader sur les terres rocailleuses d’Astariul, flanquée d’un barde qui ne connait sûrement rien aux expéditions de ce genre ? Non, bien évidemment. Mais depuis quand Edwin a-t-il le droit de s’amuser sans elle ? Il n’y a définitivement aucune raison qu’il aille cajoler du brûleur en solitaire. Un sourire effleure ses lèvres et ses cils papillonnent, attirant irrésistiblement l’attention du Seigneur d’Al-Far sur la beauté de ses traits. D’un geste distrait, elle passe ses doigts le long de la tresse qui se dégage sur son épaule.

« Et où se trouve le rescapé ? Peut-être pourrait-il nous jouer un petit air avant de partir, histoire de voir s’il ne serait pas préférable de le laisser s’amuser avec ses nouveaux amis. Pour le bien être de l’Empire, j’entends. »



Surpris par la moquerie d’Ellana, Cil’Karn demeure un instant éberlué, son regard passant successivement de la mine amusée de la jeune femme à celle, indescriptible, du Frontalier. Evitant soigneusement de tourner la tête en direction d’Edwin, la marchombre se glisse dans la pièce attenante que leur désigne un Cil’Karn balbutiant. Elle s’immobilise devant ce qui lui semble être le pire cliché de barde qu’elle n’ait jamais vu. Vingt-cinq ans, tout au plus. Des cheveux blonds mi-long encadrent un visage carré, dont la particularité se révèle être son nez. Quel mot pourrait-elle trouver pour ne pas être trop blessante au premier coup d’œil ? Prédominant. Oui, voilà, c’est cela. Ce nez domine tout le reste, écrasant sans préavis les lèvres fines et les petits yeux azurés qui l’entourent. Ellana jette un œil à Edwin mais n’a tout simplement pas le temps de jauger sa réaction. Comme s’il était pris d’assaut par une multitude de spasmes, Kenn Danvou se jette auprès d’eux avant qu’elle n’ait le temps de prononcer un seul mot.

« Oh ! Mais c’est vous ! Vous êtes ceux qui vont me sortir de ce pétrin et m’emmener loin de ces bouses de siffleur ! Qu’attendons-nous ? Il faut partir, et vite ! »

Ellana a beau ne pas avoir sourcillé, elle envisage d’ores et déjà une quatrième solution visant à faire taire le trop plein d’énergie de Danvou. En est-il de même pour Edwin ? Impossible à dire, sous ce masque d’impassibilité qu’il arbore. Cil’Karn profite d’un moment de silence – Par la Dame, enfin un – pour faire les présentations.

« Kenn, je vous présente le Seigneur des Marches du Nord Edwin Til’Illan, ainsi que sa compagne, Ellana Caldin. Ces deux jeunes gens se feront un plaisir de vous mettre en sécurité. »

Un plaisir, c’est vite dit. Ellana lève les yeux au ciel, ignorant les dernières informations que leur livre le Seigneur d’Al-Far et qui concerne certainement les préparatifs pour leur départ. Finalement, peut-être aurait-elle du s’abstenir de partir à la chasse aux goules…

*


« Mais bien sûr, que je sais monter à cheval. Vous me prenez pour quoi ? Une crevette des sables ? »

La marchombre croise les bras sur sa poitrine et suit des yeux le barde tandis qu’il s’approche de sa monture, l’air décidé. Lorsqu’il place le pied dans l’étrier, elle ne réagit pas. Pas plus que lorsqu’il se retrouve en selle, à l’envers et incroyablement gêné par la situation. Lentement, elle réduit la distance qui la sépare du jeune homme, un sourire ironique sur les lèvres, et tapote la jambe du cavalier en herbe.

« Vous y êtes presque. Ne vous découragez pas. »


Elle se détourne et s’éloigne, laissant Kenn pester contre sa propre stupidité. Après s’être mise en selle, Ellana flatte l’encolure de Murmure. Elle croise le regard d’Edwin et, sans se départir de son sourire, désigne d’un coup de tête Kenn en sac à patate sur sa monture avant de souffler :

« Quelque chose me dit qu’on va bien s’amuser. »


Elle ne sait juste pas encore à quel point.
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Edwin Til' Illan
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Edwin Til' Illan
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09.12.15 16:06
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Le Frontalier attendait donc la réponse de sa compagne, prenant sur lui pour ne pas s’attarder sur la douceur de ses lèvres, ou sur la délicatesse de sa nuque. Les cils de la jeune femme papillonnèrent, un sourire charmeur étira ses lèvres. Toute son attitude clamait que sa réponse ne risquait pas de le décevoir…

- Et où se trouve le rescapé ? Peut-être pourrait-il nous jouer un petit air avant de partir, histoire de voir s’il ne serait pas préférable de le laisser s’amuser avec ses nouveaux amis. Pour le bien être de l’Empire, j’entends.

Si Edwin sourit intérieurement au pragmatisme de sa compagne, il n’en laissa rien paraître. Se demandant si ce trait d’esprit était une blague entre le couple charismatique qui lui faisait face, le seigneur d’Al-Far guetta le moindre signe sur le visage de ses deux interlocuteurs. Mais Mademoiselle Caldin conservait son affabilité, tandis que Til’Illan demeurait, comme à son habitude, aussi expressif qu’une statue de marbre. Alors pourquoi sentait-il son regard peser sur lui alors qu’il perdait ses moyens en désignant la pièce voisine ?

Edwin n’avait pas perdu une miette de son bafouillage. Pourquoi donc avait-il perdu toute contenance ? L’attitude ou la beauté d’Ellana n’avaient pu à eux seuls faire perdre tout sang-froid au souverain. Quoique…  Pour tenter de résoudre ce mystère, il suivit silencieusement la marchombre, les mains croisées dans le dos. Il ne mit pas longtemps à comprendre pourquoi Cil’Karn avait perdu son assurance.

- Oh ! Mais c’est vous ! Vous êtes ceux qui vont me sortir de ce pétrin et m’emmener loin de ces bouses de siffleur ! Qu’attendons-nous ? Il faut partir, et vite !

Le temps d’une seconde, les sourcils du maître d’armes se rehaussèrent sensiblement, alors que le principal intéressé bondissait à leur rencontre. Une interjection, une intonation, et il avait tout de suite su que ce type-là n’allait guère lui plaire. Sa surprise s’effaça toutefois bien vite de son visage, sous les mots du seigneur qui semblait avoir retrouvé l’usage de la parole.

- Kenn, je vous présente le Seigneur des Marches du Nord Edwin Til’Illan, ainsi que sa compagne, Ellana Caldin. Ces deux jeunes gens se feront un plaisir de vous mettre en sécurité.

Edwin tiqua sur le mot « plaisir », observant à nouveau l’individu qui leur avait été présenté. De haut en bas. Il était certain que cet homme ne savait pas se défendre. Certes, il était barde, pas guerrier ; mais comment avait-il réussi à survivre jusqu’à ce jour alors qu’une bande de meurtriers était après lui ?
Cil’ Karn, qui n’avait pas remarqué son antiphrase, s’empressa de définir les modalités du voyage, comme s’il avait eu peur – à juste titre – que l’exubérance de son protégé ne lui coupât une fois de plus la parole.

A l’évocation de leur itinéraire et des probables dangers qu’ils risquaient de rencontrer, Edwin ne put s’empêcher d’ajouter que leur dernière traversée des plateaux les avait amenés à rencontrer une goule, créature aussi rare que mortelle. Apparemment friand de morceaux de bravoure à conter dans ses chansons, Danvou n’avait pu s’empêcher de témoigner son intérêt pour ce genre de dangereuse créature, et avait demandé au Frontalier de lui décrire le monstre. Sans en avoir l’air, le maître d’armes s’en donna à cœur joie. Un peu trop peut-être, puisque le barde blêmit et se recroquevilla sur lui-même dans une apparente chute d’exaltation. Sous le regard goguenard du conteur.

Les derniers détails réglés, ils prirent congé du seigneur. Leur départ n’était prévu qu’au lendemain matin, pour permettre aux deux voyageurs de profiter du confort d’un lit avant de reprendre les routes, et de faire le plein de denrées nécessaires à l’expédition.






Le Frontalier n’avait pas suivi l’échange, revenant des écuries les bras chargés des sacoches de vivres que leur témoin avait omis d’accrocher à sa selle. Mais lorsqu’il arriva, ce fut pour constater que le drôle d’individu était à l’envers sur son cheval. Et qu’Ellana s’amusait apparemment de son ridicule. Il laissa échapper un soupir, alors que Danvou mettait en œuvre toute sa souplesse pour retrouver le sens de la marche. Ce qui se déroula dans une succession d’épisodes de sac à patate et de gigotements aussi vains que ridicules. Edwin, qui était prêt à lui tendre les sacoches, prit finalement la précaution de les accrocher lui-même. Dès que ce fut fait, il se hissa en selle sur son étalon gris, qui n’avait pas bougé d’une oreille aux côtés de Murmure. Il interrogea Ellana du regard, curieux de connaître la raison de son large sourire.

- Quelque chose me dit qu’on va bien s’amuser.

Le maître d’armes ouvrit la bouche pour répondre, mais Kenn, qui avait fait avancer son cheval jusqu’à eux après avoir enfin trouvé le moyen de s’asseoir convenablement dans sa selle, leur déclara d’un ton enjoué :

- Au fait, maintenant qu’on est compagnons de route, on peut se tutoyer non ?

Sans prendre la peine de lui répondre, Edwin, peu convaincu, s’adressa à Ellana :

- Il semblerait, en effet.



Après s’être assuré d’un coup d’œil panoramique que rien ne les menaçait, Edwin donna le départ d’un signe de tête. Même si ce détail était un peu léger, ils avaient pris la peine de travestir le barde le temps de l’éloigner de la cité. Une longue tresse blonde prolongeait donc sa coiffure originale. Si, vu de près, son visage carré trahissait quelque peu le subterfuge, la fragilité de sa silhouette et l’absence totale de muscles qui marquait son corps maintenaient l’illusion à distance. Au moins ne lui avaient-ils pas fait l’affront de lui faire passer une robe.

Après seulement cinq minutes de trajet, Danvou se sentit obligé de briser le silence concentré qui régnait autour des deux cavaliers qui l’accompagnaient.

- Je suis très ému de voyager à vos côtés, vous savez ! Les chansons que j’ai écrites sur vos exploits ont lancé ma carrière ! Vous les avez déjà entendues ?

Le regard effaré qu’échangea Edwin avec Ellana valait bien toutes les paroles de ces fameuses chansons de geste.
Souhaitant couper court à la discussion, le Frontalier lui répondit d’une voix dénuée de tout engouement :

- Nous n’avons pas eu ce loisir, non.

Sans percevoir la nuance de sarcasme qui enveloppait délicatement la réponse du maître d’armes, le barde continua :

- Enfin, je ne parle pas de vos exploits personnels, monsieur Til’ Illan, parce qu’il faut dire que vous étiez déjà un peu dépassé à l’heure du renouveau thématique auquel je voulais appartenir...

Dépassé...? Aurait-il remarqué le regard interloqué que lui adressait le « monsieur » en question, Kenn aurait sans doute préféré s’en tenir là dans la présentation de son métier. Mais le barde continuait à fixer le lointain et à s’exprimer avec des grands gestes enjoués tout en continuant son histoire.

-  … mais j’évoquais les exploits que votre groupe d’aventuriers téméraires a relevés pour sauver l’Empire à moult reprises ! Quand même, trouver Ewilan Gil’ Sayan, libérer les Figés, vaincre la méduse… Pfiou ! Vous n’avez pas dû vous ennuyer, tous les deux ! En tout cas, ça n’a pas ennuyé mon public, haha !


Il s’interrompit une seconde, attendant sans doute un compliment sur son travail ou des remerciements mais, ne se rendant pas compte que ses deux interlocuteurs étaient trop médusés pour lui répondre, il reprit :

- Quand on y pense, vous vous êtes vachement bien refait, Edwin ! – Vous permettez que je vous appelle par votre prénom, hein ! –  Pile au moment où vos campagnes militaires ne plaisaient plus autant qu’avant aux appréciateurs de bonne musique, pouf ! Vous revenez pour sauver l’Empire et être de nouveau le sujet favori des paroliers ! C’est ce que j’appelle avoir du nez !

Et il appuya la fin de sa tirade d’un léger tapotement de la narine gauche de son protubérant organe olfactif. Organe qui, apparemment, n’était pas très affûté, puisqu’il n’avait pas senti l’orage qui se préparait juste à côté de lui.

Le visage du Frontalier s’était fermé. S’il se fichait  du contenu des chansons de cet individu et de sa carrière musicale comme de sa première dent de lait, il appréciait nettement moins le jugement déplacé et totalement erroné d’un freluquet sans la moindre once de jugeote.

Le sourire du ménestrel décrut considérablement sous l’effet de la voix glacée qui s’adressait à lui, pour ne plus laisser place qu’à un rictus crispé.

- On va s’épargner quelques pénibles conversations et profiter du silence ainsi acquis pour veiller à ne pas se faire attaquer ; enfin… si votre imagination débordante et votre désagréable manie de porter un jugement aberrant sur des personnes que vous ne connaissez pas me le permettent.

Considérant la parenthèse close, il détacha ses pupilles du jeune homme qui s’était étrangement un peu tassé dans sa selle, pour prêter de nouveau toute son attention à leur environnement, alors qu’il se plaçait légèrement en tête.

Supportant difficilement le lourd silence qui était tombé sur lui, Kenn en profita pour se pencher vers Ellana, et lui glisser sur le ton de la confidence :

- Il a pas l’air rigolo-rigolo, votre petit-ami…


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Ellana Caldin
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Ellana Caldin
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18.01.16 11:51
« Au fait, maintenant qu’on est compagnons de route, on peut se tutoyer non ? »

Ellana jette un coup d’œil au barde qui vient de s’approcher d’eux. Elle se retient de justesse de pouffer de rire devant la perruque blonde que Kenn porte ; même le pire des ivrognes ne voudrait pas d’un laideron pareil. Il ne manquerait plus qu’il papillonne pour que tout soit parfait…

« Il semblerait, en effet. »

La marchombre sourit à son compagnon. Edwin semble déjà désespéré par leur colis avant même qu’ils ne soient partis. Elle lui adresse un clin d’œil taquin puis, après s’être tournée vers le travesti, s’exclame :

« Evidemment, Très Chère. Plus de chichis entre nous. »

Kenn la dévisage quelques secondes, se demandant certainement à quel point Ellana se moque d’elle malgré son air innocent, mais n’a pas le temps de tergiverser bien longtemps. D’un geste de la main, la jeune femme l’invite à se mettre en route sur l’ordre d’Edwin.

Denvou ne tient même pas dix mètres avant de refaire des siennes. Lassée, Ellana tâche de concentrer son attention sur l’effervescence de la ville qui les entoure plutôt que sur les paroles du barde.

« Je suis très ému de voyager à vos côtés, vous savez ! Les chansons que j’ai écrites sur vos exploits ont lancé ma carrière ! Vous les avez déjà entendues ? »

Oh non. Pas une chanson, pas dès le matin et encore moins sur eux. Se mordillant pour ne pas laisser libre-court à la tirade qui lui brûle les lèvres, la jeune mère attend impatiemment qu’Edwin réagisse pour leur éviter l’affront.

« Nous n’avons pas eu ce loisir, non. »

Un sourire effleure ses lèvres. Combien de temps avant qu’il ne cède à la tentation de lui envoyer un poing en pleine figure ? Deux heures ? Peut-être trois, soyons optimistes.

« Enfin, je ne parle pas de vos exploits personnels, monsieur Til’ Illan, parce qu’il faut dire que vous étiez déjà un peu dépassé à l’heure du renouveau thématique auquel je voulais appartenir... »

… Plutôt trois minutes, en fait. Surprise, Ellana tourne la tête en direction de Kenn, comme pour s’assurer que de telles absurdités proviennent bien de sa bouche et se retient d’éclater de rire. Par la Dame, s’il connaissait le quart des aptitudes d’Edwin, il ne prendrait sans doute pas des risques pareils. Mais, insensible à l’étonnement qu’il provoque chez ses compagnons, Denvou poursuit sans s’arrêter.

« … mais j’évoquais les exploits que votre groupe d’aventuriers téméraires a relevés pour sauver l’Empire à moult reprises ! Quand même, trouver Ewilan Gil’ Sayan, libérer les Figés, vaincre la méduse… Pfiou ! Vous n’avez pas dû vous ennuyer, tous les deux ! En tout cas, ça n’a pas ennuyé mon public, haha ! »

Ni Edwin ni elle ne réagissent. Outrepassant la vision du barde, la marchombre se penche et observe un court instant l’expression du Frontalier. Il commence d’ores et déjà à se refermer comme une huître. Si cette jolie blonde ne ferme pas son clapet dans les dix secondes à venir, elle aura sans doute le droit à une remise en place en bonne et due forme.

« Quand on y pense, vous vous êtes vachement bien refait, Edwin ! – Vous permettez que je vous appelle par votre prénom, hein ! – Pile au moment où vos campagnes militaires ne plaisaient plus autant qu’avant aux appréciateurs de bonne musique, pouf ! Vous revenez pour sauver l’Empire et être de nouveau le sujet favori des paroliers ! C’est ce que j’appelle avoir du nez ! »

La jeune femme a de plus en plus de mal à contenir son rire, sa volonté se trouvant une nouvelle fois mise à l’épreuve lorsqu’il tapote sa narine gauche. Edwin a sûrement un instinct démesurément efficace pour bien des choses, contrairement au barde qui ne verrait pas le danger dans un troupeau de karzhagantes effrayés.

« On va s’épargner quelques pénibles conversations et profiter du silence ainsi acquis pour veiller à ne pas se faire attaquer ; enfin… si votre imagination débordante et votre désagréable manie de porter un jugement aberrant sur des personnes que vous ne connaissez pas me le permettent. »

Et voilà, il l’a fâché. Ellana promène ses prunelles amusées sur Denvou qui, bien malgré lui, a perdu une dizaine de centimètres en quelques secondes. La répartie Til’Illian fait cet effet, en général. Tandis que le Frontalier presse sa monture pour passer en tête, le barde se rapproche discrètement de la marchombre. Tiens, c’est son tour ? Quelle chance elle a aujourd’hui.
Il se penche vers elle et murmure :

« Il a pas l’air rigolo-rigolo, votre petit-ami… »

Le sourire étire un peu plus la commissure de ses lèvres. Elle tourne la tête vers lui et s’avance de quelques centimètres sur sa selle, choisissant d’adopter également le ton de la discrétion.

« Edwin? Oh vous savez, il est dans sa mauvaise période… ». Elle désigne d’un doigt la perruque que Kenn porte parfaitement bien. « Vous devez connaître ça. »

Elle se redresse et lui adresse un clin d’œil amusé. Puis, caressant du regard le dos puissant de son amant qui chevauche devant eux, Ellana finit par lâcher :

« Néanmoins, si vous ne voulez pas finir avec une nouvelle coupe d’ici les portes d’Al-Far, je vous conseille de vous limiter aux chants militaires pour le voyage. »

Elle hausse les épaules et clôt ainsi la discussion, sans se préoccuper outre mesure du regard inquiet du ménestrel. Il n’a absolument aucune idée de ce à quoi ressemble un Edwin en rogne et elle doute qu’il ait envie de le découvrir un jour. Denvou reste silencieux environ une minute – le record est battu – avant d’apercevoir une boutique sur leur droite.

« On peut faire une pause ? J’ai besoin de faire un dernier achat. »

Ellana s’immobilise, laissant Edwin en faire de même, et regarde d’un air curieux le barde sauter de sa monture puis entrer dans l’échoppe. A ce rythme, ils seront encore à Al-Far d’ici la nuit… Elle croise les prunelles exaspérées de son compagnon et ne peut s’empêcher de réagir.

« Ne te vexe pas, mon Amour. Denvou a dû trouver ton côté « dépassé » dans ces quelques cheveux gris que tu portes. »

Elle rit légèrement et s’approche pour déposer un chaste baiser sur les lèvres du Frontalier afin de l’adoucir. L’amusement prime sur l’agacement chez elle, du moins pour le moment.

« Tu auras tout le temps de le transformer en pâté pour brûleur sur le chemin. »

Effleurant d’une dernière caresse le visage d’Edwin, Ellana se décale et reprend finalement sa place, juste à temps pour assister au retour de Kenn. Oui, bon… Au retour de Kenn vêtu d’un poncho rayé multicolores dont il ne possède que le nom. Denvou tourne devant eux à la manière d'un mannequin sur un défile de mode. La marchombre se passe une main sur le visage pour essayer de dissimuler son hilarité, en vain.

« Alors, qu’en pensez-vous ? »

La jeune femme hausse les sourcils et reprend un peu de contenance avant de lui répondre.

« Très seyant. J’aime beaucoup, et je suis sûre que les prédateurs vont adorer également. »

Le barde la dévisage avec effarement et s’empresse de retirer le vêtement avant de le mettre dans son sac. Il soupire puis, balayant la question d’un geste de la main, tâche de se remettre en selle – à l’endroit, cette fois, et en moins de dix minutes.

Denvou est incapable de garder le silence jusqu’aux portes d’Al-Far, et ne se prive pas non plus de monopoliser la conversation une fois celles-ci dépassées. Puisque le récit de la façon dont il a trouvé les paroles pour la dernière chanson sur l’Empereur est quelque peu rasoir, Ellana décide de pousser un peu le jeune homme, pour le plus grand plaisir d’Edwin.

« Et si vous nous faisiez une petite démonstration ? Mais attention, choisissez bien votre titre. Il faut nous impressionner. »

Elle n’a pas particulièrement envie d’entendre Denvou chanter mais au moins, il se tairait le temps de réfléchir à un possible chant. En attendant, la marchombre surveille innocemment les alentours, évitant soigneusement de croiser les iris d’Edwin, puisqu’il n’est pas sûr qu’il l’entende de cette oreille…
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Edwin Til' Illan
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19.02.16 12:17
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- On peut faire une pause ? J’ai besoin de faire un dernier achat.

Non mais c’est pas vrai ! J’vais l’bouffer. Le BOU-FFER.
Edwin avait arrêté sa monture et se retourna pour lui dire que c’était tout bonnement hors de question. Avant qu’il n’ait pu l’enguirlander en bonne et due forme, la ménestrelle avait glissé à terre avec l’élégance d’un pachyderme anémié et caracolait comme une gazelle jusqu’à la boutique.

- Ne te vexe pas, mon Amour. Danvou a dû trouver ton côté « dépassé » dans ces quelques cheveux gris que tu portes.

Définitivement mis en rogne par la stupidité de leur protégé, Edwin ne répondit pas, scrutant la porte de cette maudite échoppe. Ellana semblait s’amuser de la situation, comme à son habitude, tandis qu’il maudissait l’imprudence du barde à perruque. Et comme à son habitude, elle parvint, d’un simple contact physique, à le rasséréner un peu.

- Tu auras tout le temps de le transformer en pâté pour brûleur sur le chemin.

Tentant.

A la pensée du commerçant voyant arrivé un tel spécimen, ainsi affublé, le Frontalier ne put s’empêcher de se dérider légèrement. Avec un peu de chance, il serait mis à la porte rapidement car jugé trop effrayant.
L’insouciant fut vite de retour. Affublé d’un poncho rayé. Un horrible poncho rayé. Multicolore. Même un Raï daltonien n’en aurait pas voulu.

- Alors, qu’en pensez-vous ?

Sa question s’était bien entendu accompagnée d’un défilé en bonne et due forme. Il entrait complètement dans le rôle de son personnage féminin.
J’en pense que je ne vais pas attendre de me remettre en route pour te faire bouffer ton pardessus, crétin.
Heureusement, Ellana le devança.

- Très seyant. J’aime beaucoup, et je suis sûre que les prédateurs vont adorer également.

Comme pour s’assurer qu’elle ne plaisantait pas, Danvou se sentit obligé de chercher du regard la réaction d’Edwin. Le léger mouvement de tête et le sourire carnassier qui lui répondit acheva de le convaincre. Il remballa bien vite son horreur, la fourrant sans ménagement dans ses bagages, et remonta à cheval, un peu moins vite. Il venait donc à lui seul de tuer presque dix minutes de voyage. Rien que pour cette raison, Edwin prit le temps de lui adresser un dernier mot avant de se remettre en route.

- Ah, Kenn, la prochaine que vous nous faussez ainsi compagnie, je vous donne moi-même en pâture à vos soupirants.

Le principal intéressé chercha attentivement une trace d’humour dans ces yeux gris. N’en trouva pas. Déglutit. Et oh, magie ! opta pour le silence. Le répit fut de courte durée, puisqu’il voyait en Ellana une audience friande de ces récits artistiques. (Nous avons bien fait remarquer que le petit n’était pas fûté.)

Le Frontalier parvint (tant bien que mal), à faire abstraction des interminables tirades de Danvou. Toutefois, l’habitude l’empêchait d’ignorer les réponses laconiques que lui lançait Ellana. Jusqu’à ce qu’elle craque. Il n’y avait pas d’autre mot, pour lui planter un tel couteau dans le dos.

- Et si vous nous faisiez une petite démonstration ? Mais attention, choisissez bien votre titre. Il faut nous impressionner.

Les gros yeux que lui fit Edwin en se tournant à moitié sur sa selle ne parvinrent pas à accrocher son regard volontairement fuyant. Elle ne payait rien pour attendre.

Mais le miracle opéra. Danvou s’était tu pour réfléchir. Le Frontalier envisagea même de la remercier à la deuxième minute de calme.

- JE SAIS !

Le maître d’armes retint un profond soupir. Fier de sa découverte, le barde en perruque prit une profonde inspiration, un sourire béat aux lèvres, et dans un geste théâtral, donna le rythme avec son index.

- ♪Mon petit oiseau
A pris sa volée
Mon petit oiseau
A pris sa volée
A pris sa-
A la volette
A pris sa-
A la volette
A pris sa volée

Est allé se mettre
sur un oranger
Est allé se mettre
sur un oranger
Sur un o-
A la volette
Sur un o-
A la volette
Sur un oranger. »

La branche était sèche,
et elle s'est cassée
La branche était…


Non, il n’allait définitivement pas la remercier.

- Merci, je crois qu’on en a assez entendu.

- Mais, je n’ai pas fini ! Je ne suis même pas arrivé au mariage !

- On en a assez entendu.

Son ton ne souffrait plus aucune réponse, et Edwin montra clairement que la discussion était close. Et la pause chansonnette aussi.
Renfrogné, Danvou marmonna à l’intention de la seule alliée qu’il pensait avoir :

- Ces guerriers. Aucune sensibilité artistique.

La suite du voyage, bien que tout aussi fatigante grâce à cet inépuisable moulin à paroles, se déroula sans arrêt non prévu. Les propos de Danvou avaient légèrement changé d’orientation. Commençant à comprendre qu’Ellana n’était pas tant friande d’entendre parler d’expérimentations poétiques –peut-être que ses profonds soupirs n’étaient finalement pas les soupirs de la demoiselle déçue de ne pas attirer l’attention de son homme – il avait décidé de parler d’autre chose.

«  On s’arrête bientôt ? » « J’ai terriblement mal aux cuisses. » « Je ne pensais pas que monter à cheval était aussi physique. » « N’êtes-vous pas humains ? » « J’ai l’impression que le cuir me brûle, surtout au niveau de mes plus virils attributs. » « Quand arriverons-nous ? » « Vous ne trouvez pas qu’il y a un bruit bizarre ? » « J’ai mal aux jambes » « Vous n’auriez pas pu me trouver un cheval plus confortable » « Je pourrais pas essayer votre canasson ? »

En somme, le barde était passé de « légèrement chiant » à « clairement insupportable ». Mais le couple tenait bon. Après tout, ce n’était que la première journée de voyager, il fallait l’aguerrir, voilà tout. Il fallait juste ne pas penser aux nombres de lieues qu’il leur restait à parcourir en sa compagnie.

Leur piètre chanteur avait oublié d’ôter sa perruque, bien que la ville ait depuis longtemps disparu de leur champ de vision. Mais aucun de ses deux accompagnateurs ne prit la peine de l’en avertir. Une fois encore, Danvou mit les sourires et regards qu’ils échangeaient sur le compte de leur comportement d’amoureux transis. Comme c’était mignon !

Le soir tomba enfin, et ils s’établirent dans une petite clairière pour la nuit. Danvou marchait comme un drôle d’animal blessé, mais ni Edwin ni Ellana ne se hasarda à le lancer sur le sujet. Ils réunirent du bois pour le feu, pas franchement aidé par le jeune homme, qui s’attela toutefois à panser les chevaux, bien qu’il sursautât au moindre de leurs mouvements.

Dès que le camp fut prêt, Edwin, l’œil joueur, s’approcha de la marchombre.

- Le voyage m’a légèrement crispé. Que dirais-tu d’un petit entraînement ?

Comme on bon vieux temps.


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Ellana Caldin
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19.10.16 18:17
La demande semble ravir Danvou, qui se met immédiatement à la recherche d’une chanson pouvant leur convenir à tous. Et par tous, Ellana entend « à lui », puisqu’en tournant la tête, elle aperçoit sans forcément s’en émouvoir le regard interloqué d’Edwin. Un sourire innocent sur les lèvres, la marchombre aurait même eu l’audace de dessiner de son index l’auréole qui soi-disant brille au sommet de son crâne si Kenn – une fois encore – ne l’avait pas interrompue dans son élan.

« JE SAIS ! »

A la bonne heure. Elle est curieuse de voir sur quel choix s’est portée l’attention de Kenn et surtout, de découvrir la complexité et la portée de ses paroles. Elle est pressée de rire, aussi – notamment de la tête d’Edwin lorsqu’il entendra les premiers mots du barde.

« Mon petit oiseau, a pris sa volée… »

Médusée, la marchombre observe avec amusement l’expression du chanteur et la manière avec laquelle il bat la mesure de son index. Elle ne l’interrompra pas, pas tout de suite du moins. Elle attendra au moins le cinquième couplet pour ça. Edwin n’a pas autant de patience qu’elle ; la branche n’est même pas encore cassée qu’il interrompt le jeune prodige.

« Merci, je crois qu’on en a assez entendu. »
« Mais, je n’ai pas fini ! Je ne suis même pas arrivé au mariage ! »
« On en a assez entendu. »

Ellana se mordille la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire – plus que la colère de Danvou, la jeune femme ne voudrait pas trop solliciter la morosité du Frontalier. Non pas qu’elle la craigne, loin de là. En vérité, elle s’inquiète plus de la vie – si futile, il est vrai – de leur protégé. Avec un peu de chance, il aurait un minimum d’instinct de survie pour en faire de même.

« Ces guerriers. Aucune sensibilité artistique. »

Ou peut-être pas. La marchombre tourne la tête vers le jeune homme, décrivant dans un moment de silence les traits de son visage de ses prunelles charbonneuses avant de lui répondre.

« On ne leur lit pas assez d’histoires quand ils sont jeunes. Partant de là, ça s’annonce déjà mal. »

Elle est ironique, trop peut-être. Mais Kenn ne décèle pas la pointe de moquerie qui perce dans sa voix, aussi sensible qu’un siffleur à ce genre de détail.

« Ah mais si ce n’est que ça ! Je peux remédier à ce problème ! Je peux lui raconter l’histoire du rêveur d’Ondiane… Ou encore celle du cheval à trois jambes ! Elle est géniale celle-là, écoutez. Alors en fait… »

Ellana barre d’un doigt impérieux la bouche de Kenn, scellant à jamais le sort du merveilleux conte qu’est celui du cheval à trois jambes. Elle a beau affubler ses traits d’un sourire avenant, il n’en est pas moins qu’une menace plane dans ses paroles.

« Je crois qu’il vaudrait mieux réserver cette histoire pour une autre fois. »

Son index ainsi que le reste de sa main reviennent trouver l’encolure de Murmure, qu’elle flatte d’un geste tendre. Abasourdi, Kenn est resté muet pour une poignée de secondes – une courte pause dans leur trajet avant qu’il ne recommence à parler sur tout et n’importe quoi.

« Peut-être pourrions-nous parler poésie alors ? Il y a quelques vers que j’ai écrit récemment, vous pourriez me donner votre avis sur la question… »

Ellana ne retient plus le profond soupir qui lui monte à la gorge. Tout en posant les yeux sur le vêtement de cuir d’Edwin et le creux de son cou, la marchombre songe qu’elle prendrait bien la tête de leur petit groupe pour s’accorder un moment de répit, elle aussi.

*

Les heures passées à cheval n’auront pas eu raison de la volonté de Kenn à leur gâcher le voyage. Si Ellana a su faire abstraction des plaintes incessantes du barde, elle sent bien qu’il ne reste à sa patience qu’une moindre réserve avant de disparaître. Qui sait ce qu’il adviendra de Danvou, après ça ?

Le regard perdu sur la clairière qui l’entoure, la marchombre pose le bois qu’elle porte sur le tas qu’Edwin et elle ont déjà commencé à former. Si elle se fie à ses sens, il n’y a pour l’heure aucun signe de danger proche. Ce qui n’est pas plus mal, à bien y regarder : Kenn est indéniablement capable de faire l’animation à lui seul.

Elle tourne la tête pour apercevoir le barbe près des chevaux, à tenter de retenir ses bonds de terreur pour les panser. Avec son ignoble perruque, il effraierait de toute manière le moindre prédateur qui chasserait dans les alentours.

Un souffle glisse subtilement dans son dos, attisant le nouveau sourire venu  s’épandre sur ses lèvres.

« Le voyage m’a légèrement crispé. Que dirais-tu d’un petit entraînement ? »

Elle fait volte-face, posant au passage une main audacieuse sur le torse du Frontalier.

    « C’est vrai que tu m’as l’air tendu. Elle penche la tête sur le côté. Je me demande ce qui peut bien te mettre dans un tel état… Ses doigts descendent le long de son pectoral gauche, s’attardent sur son plexus. Va pour l’entraînement. Et après, je demanderai un massage personnel à Blondie pour dénouer tout ça. »


Sur un clin d’œil, Ellana s’éloigne à la fois de lui et du campement. Suffisamment pour qu’ils aient assez d’espace pour évoluer, pas trop loin cependant pour qu’ils puissent garder un œil sur Kenn. Joueuse, la jeune femme s’immobilise finalement, avant de reporter son attention sur son compagnon.

« Tu es sûr que tu veux qu’il assiste à ta défaite ? Déjà qu’il te prend pour un vieux croulant… »

Elle rit – une étincelle de joie dans la pénombre du jour tombant. Elle sait bien qu’elle ne parviendra pas à l’offusquer comme ça, aussi s’empresse-t-elle d’ajouter d’une voie taquine :

« Enfin. Le cas échéant, il aura peut-être l’inspiration pour une nouvelle chanson. »

Elle hausse les épaules, fataliste, avant de se placer pour accuser le premier combat. Pas d’armes en mains. Même sa greffe restera soigneusement dissimulée, ce soir. Elle n’a pas besoin de ça pour profiter d’un combat au corps à corps avec Edwin.

Gracile, la jeune femme attend qu’il esquisse un pas dans sa direction pour se mettre en mouvement. Et les coups pleuvent, indomptables, seulement interrompus par le bruit sec des parades et l’écho de l’engouement d’Ellana. Le souffle court, la marchombre s’apprête à attaquer une nouvelle fois lorsqu’un cri, en provenance du campement, suspend son geste.

« AHHH ! A moi, au secours ! »

Sans prendre le temps de jeter un œil à Edwin, elle se précipite en direction de Danvou.


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Edwin Til' Illan
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19.06.21 23:16
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Enfin l’ombre d’un sourire était réapparu sur les lèvres du Frontalier. Même si le barde boulet n’était pas pleinement sorti de ses pensées puisqu’il se devait de le surveiller du coin de l’œil, il pouvait enfin focaliser son attention sur une activité et une compagnie bien plus… attirantes.

La danse implacable dont ils avaient le secret s’épanouit entre les arbres, animant d’un esthétisme  animal et furtif le clair-obscur que le soir tombant offrait à la scène, nimbant la chorégraphie de contrastes mouvants. Le spectacle était hypnotique pour qui s’intéressait un tant soit peu à l’art de combattre. Mais le seul spectateur humain présent n’avait aucune sensibilité technique.

- AHHH ! A moi, au secours !

Dans un ensemble parfait, uke et tori s’immobilisèrent et esquissèrent l’élan vers l’origine du bruit. Pour n’y insuffler aucune réalisation. Le barde était debout, entier, et les regardaient fixement. Devant leur absence de réaction, il se décida à en remettre une couche.

- Ahaaahaaa (le trémolo était bien trop marqué pour être réaliste, bien trop… chantant) je suis en danger !

Il avait assaisonné cette phrase d’un ample mouvement de bras, un cure-pied à la main, et même sa monture l’observait avec une sorte de curiosité lasse, comme si elle avait espéré que de le côtoyer pied-à-terre le révélerait moins pénible.

Grognant de mécontentement, Edwin réduisit la distance qui le séparait de l’importun de quelques enjambées décidées.

- Qu’est ce qu’il y a, encore ?!

L’agacement en était presque palpable. Danvou avait encore perdu un ou deux centimètres de son attitude théâtrale.

- Eh bien, c’est la seule distraction que j’ai trouvée pour te retenir de lever la main sur ta femme.

Si la mâchoire du Frontalier avait pu se décrocher, elle aurait probablement atterri à ses pieds devant tant de stupidité. Trop estomaqué pour lui répondre, Edwin perdit une occasion précieuse de reprendre l’ascendant sur cette discussion.  Tournant ostensiblement le dos à Ellana restée sur les lieux du drame qu’il avait réussi à éviter – il irait réconforter la pauvre femme après cette petite discussion d’homme à homme – Kenn posa une main fraternelle sur l’épaule du Frontalier, qui chassa instinctivement la tentative d’un dégagement brusque de l’épaule, mais il ne s’en formalisa pas, les Frontaliers étant reconnus comme un peu rustres dans son imaginaire. Sans se démonter donc, il lui glissa sur le ton de la confidence :

- Je sais à quelle point la gente féminine peut nous pousser à bout. Mais la violence n’est pas la solution, mon frère.

Pendant toute sa tirade, bien trop entiché de ses propres mots, Danvou n’avait nullement remarqué le volcan qui commençait à gronder à un pas de lui. Après tout les Frontaliers étaient la glace, pas le feu.

- Je vois bien que ta demoiselle n’est pas commode-commode, mais avant que tu ne commettes quelque chose que tu pourrais regretter, viens me voir. Je t’ai déjà dit que j’aspirais à rentrer chez les Rêveurs avant que la musique ne…

Il avait changé de sujet comme on change de … Non, aucune comparaison n’était assez forte pour imager ce propos. Il s’était remis à parler dans une attitude de séducteur, agitant son cure-pied au rythme de ses propos, oubliant tout le discrédit que portait la longue perruque à sa démarche.

Sa voix s’éteignit sur un couinement qui n’avait rien de viril. Il allait lui péter le poignet à le tordre ainsi ! Comment avait-il pu l’empoigner aussi vite ?

Edwin profita de sa main libre pour libérer le cure-pied de la main par laquelle il maîtrisait le barde.

- Je ne vais pas perdre une minute de plus à t’écouter débiter des inanités pareilles. En revanche, manque encore une fois de respect à ma femme et je fais descendre ce cure-pied dans ta trachée. Compris ?

Il avait imprimé l’image évoquée en tapotant l’outil métallique contre le sommet du crâne de l’intéressé. D’un subtil mouvement de la main, il finit de soumettre  l’importun – et par la Dame que le mot était faible ! – qui se retrouva le nez dans l’humus pour ne pas voir son poignet se briser. Sans un regard en arrière, le Frontalier disparut dans l’ombre des arbres, conscient qu’il avait encore des envies meurtrières à étouffer. Il profita du calme que leur offrait encore cette partie du voyage pour se mettre en quête de viande fraîche pour le dîner.

Danvou se releva, écarta distraitement une mèche blonde de son visage pour tenter de recoller les morceaux de son ego, oubliant une fois de plus que son ego était mort sous cette perruque, et se reprit afin de réconforter la seule véritable victime de cette histoire.

Revenu auprès d’Ellana, il chercha quelques secondes la meilleure approche à adopter avant de prononcer, incertain :

- Il est un peu violent ton conjoint…

Prenant le silence de la marchombre pout de l’assentiment et non pour de l’atterrement, il continua :

- Mais ne t’inquiètes pas ! Il ne t’arriveras rien tant que je serai à tes côtés ! Vois-tu, ce genre de types craignent ma parole, car mes chansons sont écoutées dans tout l’Empire ! Sinon, pourquoi crois-tu que je me retrouve à aller me terrer dans les fin fonds de la campagne ?  La chanson a plus de pouvoir que n’importe quelle brute, et de mon vivant jamais on ne me fera taire !

Il avait fini sa tirade en brandissant un poing victorieux, soucieux d’impressionner la demoiselle qu’il venait de secourir.
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