NOUS SOMMES DE CEUX QUI SE MAÎTRISENT DIFFICILEMENT. NOUS SOMMES DE CEUX QUI METTENT MAL A L'AISE EN PUBLIC.
Artémis tira de toutes ses forces sur l'écoute, et la scella avec difficultés au taquet. En tant que second elle n'aurait dû prêter main forte sur le pont, mais le capitaine était un incapable, et avait, en conséquence de cela, jugé pertinent d'engager des matelots à son image. Ainsi se devait-elle de sauver tant bien que mal l'honneur des pirates. Cet objectif se remplissait notamment par l’acharnement à des tâches qui ne lui revenaient pas. Prochain arrêt, nul besoin d’affirmer qu’elle changerait de bateau. La gloire l’attendait, mais ne désirait pas la rencontrer parmi ces moins-que-riens. Comment cet équipage d'altérés attardés parviendrait-il à aborder ne serait-ce qu'une barque de pêcheurs ? Comment espérer gravir des échelons si le navire avait une telle réputation de laisser-aller et de navigateurs ratés ?
Le bateau n'était, de surcroît, pas bien grand comparé aux géants qu'elle avait pu monter par le passé, toutefois un cavalier de talent sait mettre à profit la monture la plus faible. Mais comment agit un enfant sans expérience lorsqu’il chevauche une jument docile et en bonne santé ? Il ne sait pas la ménager, il l'éprouve sans prêter attention à ses signes d'épuisement. Et Artémis dans tout cela ? Elle était la mère outrée qui tente de raisonner son fils.
La pirate prends pour témoins les malchanceux que le destin avait fait parents. Le gamin est têtu et les simples remontrances ne l'atteignent guère de là où il se trouve. Il faudrait pour cela le rattraper et lui botter les fesses avec des talonnettes, et... et…
« ANTHRACITE !»
Artémis releva la tête à la mention de son nom de pirate. Elle répliqua, dans le vent de la tempête :
« OUI CAPITAINE ? »
Elle se refusait l'effort de franchir les quelques pas qui les séparaient. Elle le laissa plutôt s'approcher, alors qu'elle faisait un nouveau nœud autour du taquet afin de justifier son absence de révérence à l'égard du capitaine. Il va sans dire qu'un second appelé se doit de rejoindre son supérieur, et ce par l'emploi de ses propres jambes.
« Allez dans la cale du navire et mettez de l'ordre dans les relations de l'équipage nom d'une tempête divine ! »
Artémis plongea son regard dans le sien, absente, puis se résigna à suivre les ordres après un bref salut mi- respectueux mi- moqueur. Ce fils du continent n'avait rien à faire sur un bateau. Il n'avait l'âme d'un pirate. Pour autant il en avait l'argent, elle ne pouvait se permettre d'aller à son encontre. Il avait beau un imbécile qui croyait le métier facile et distrayant dans ses rêves d’enfant prônant l’aventure, il n'en demeurait pas moins qu'il détenait sa paye.
Le doux sifflement du vent se métamorphosa en brouhaha infâme alors qu'elle dévalait les escaliers, de plus en plus vite alors qu'un son alarmant de bagarre s'intensifiait. Elle se retrouva face à un attroupement de matelots qui, s'ils n'étaient pas ivres, puaient pourtant le mauvais vin et avaient le comportement d'ivrognes impudents. Elle se fraya un passage dans la foule qui s'écartait devant son rang.
Deux hommes se battaient, Artru (elle aurait dû s’en douter) et Fendus (surprenant). Elle cria un ordre dont elle oublia la formulation exacte. L'important était qu'ils cessent. Seul Fendus se retourna, et Artru en profita pour lui asséner un coup de poing violent au visage. Sans frayeur aucune, elle se rua sur Artru et l'envoya contre le mur. La surprise, comme toujours, était sa plus grande arme et elle se lut aisément sur le visage du matelot qui s'écrasa contre le mur.
« Que se passe-t-il ici ? Et comment espérez-vous battre qui que ce soit avec ce mental d'enfants mal éduqués ? Quitte à taper, tapez sur l'ennemi. Artru, pourquoi te bats-tu ?
- Il m'a volé ma ration du soir !
- Fendus, la vérité ?
- Il est allé voler dans les réserves, nous sommes trois à l'avoir pris dans le sac, M'dame. »
Deux autres s’avancèrent en acquiesçant. Une rage incontrôlable monta en elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle attrapait ce mécréant dans une situation similaire, et son attitude était de celle qui réduit à néant le moral instable d'un équipage. Ce fut sans émotion aucune qu’elle lâcha un :
« Jetez-le par-dessus bord, on ne refait pas les imbéciles. »
* * *
Ils avaient mis trop de temps. La nouvelle s'était répandue et tout l'équipage, même les passagers s'étaient réunis sur le pont, malgré la douce tempête et la soirée bien avancée. Elle serra les dents.
« Circulez, il n'y a rien à voir ! »
Sa phrase n'eut aucun effet visible. Pourtant cela lui sembla prévisible. Tant pis, dans quelques instants ils s'exclameraient tous d'étonnement alors qu'Artru serait jeté dans les flots, certains pleureraient même ou la haïraient de si peu de scrupules. Qui sait, peut-être auraient-ils du mal à s’en remettre. Qu'importe, qu'ils restent, qu'est-ce que cela changeait pour elle ? Il ne s’agissait que de son quotidien, elle n’interdisait personne d’y assister. C’était à leurs dépens plus qu’aux siens.
Le capitaine fut l'un des derniers à apparaître, à son grand désespoir. L’attente se faisait longue, et elle ne pouvait se permettre d’y mettre fin sans l’accord de son supérieur. Sans quoi elle serait elle-même jetée par-dessus la rambarde. Ce qui, il va sans dire, était fort peu appréciable. Elle connaissait ses limites. Alors qu’il la rejoignait, elle annonça, avec assurance, et d'une voix sans appels :
« Capitaine ! Je demande l'exécution du matelot Artru, et sur le champ, pour entorse répété au bon fonctionnement du navire et à la bienséance, ainsi que pour refus d’obtempérer à l’ordre du second ici présent en ma personne. »
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Neleam
Chevalier__Admin
19.02.14 23:26
Neleam était cachée au fond d'une barque et se concentrais pour ne pas avoir le mal de mer. Le bois flotait, c'était un bon début. Mais il y avait des trous, que la guerrière bouchait avec différentes parties de son corps. Cependant l'idée principale n'était pas de s'allonger pour faire bouche-trou, mais pour éviter de se faire repérer par des pirates. Lorsque l'eau avait coulé au fond de la coque, contre la nuque de Neleam celle-ci s'est retenue de hurler tant l'eau glacée l'avait surprise. La solution pour éviter ce genre de désagrément, et aussi de finir au fond de l'océan était de oucher les trous. Mais revenons-en aux pirates.
L'histoire était longue et compliquée. Neleam avait joué de malchance puis s'était attaquée aux pirates, sur leur propre île afin de sauver son honneur et surtout le butin qu'elle devait protéger. Mais comme si les pirates ne suffisaient pas, sur l'^^ile se trouvait aussi une mercenaire, ancienne amie de Neleam, et grande psychopathe, et pire encore : mentaï.
Le chevalier soupira du fond de sa barque. Ca avait été catastrophique. Mais une faelle, sortie de Nulle aprt l'avais bien aidé. C'était... totalement absurde. Tout autant que la clocharde qu'elle devait paraitre de l'extérieur transportait une sphère graph. En plus de l'or bien entendu. Mais l'or était plus difficile à cacher alors... Elle s'était renflouée la poitrine. Méthode discutable, certes, mais personne n'irait fouiller. Du moins sans perdre un mains au passage.
Le temps passa. Les crampes n'étaient plus qu'n lointain souvenir, Neeam s'était statufiée, et êrait entre sommeil et folie. Le roulis de la barque lui tapais sur le système alors elle tentais de faire abstraction. tout en bouchant les trous. C'est vraiment petit une barque. Et inconfortable.
Mais le tas de bois finis par s'échouer avec douceur contre un banc de sable. La guerrière, ne voyant rien d'autre que le ciel au dessus de sa tête se demanda un instant ce qui avait arrêté son bateau d'infortune, et pria pour ne pas couler. Ca serait la cerise sur le gâteau. Mais après quelques minutes d'immobilité supplémentaires (vu qu'elle était déjà immobile avant, elle était devenue encore plus immobile, et respirait à peine. elle aurait été caméléon elle serait devenue barque) elle eut la confirmation que ce n'était pas des rochers. Elle se releva, prête à quitter son navire et... En fut incapable. Ses muscles ne répondaient plus et lui faisaient terriblement mal. La jeune femme ne pu retenir un gémissement de douleur et de mordit les lèvres pur éviter d'attirer l'attention sur elle (et sa barque au cas où elle serait sur un plage bondée de pirates sanguinaires).
De très longues minutes pus tard la fière guerrière était assise. Elle s'étirait lentement, dans tous les sens. Elle avait beau être sportive elle découvrait des muscles dont elle avait ignoré l’existence jusqu'à maintenant ! Et pour être franc, elle se serait bien passé de ces découvertes.
La nuit tombait et Neleam était debout ! Elle avait réusit à s'extirper de sa barque pour ensuite faire des pas difficiles en pataugeant dans l'eau. Mais finalement elle avait réussit. la plage était déserte et au loin se découpait un port. C'était un bon début. elle trouverait de quoi manger, un endoit où dormir, certainement et... un bateau correct pour partir ! Sa chance semblait retour car une fois attablée devant un repas fumant mais guère appétissant elle eut vent d'un bateau miteux qui renait le large. Certains pirates -dont elle restait assez éloignée- se moquaient même de l'équipage du bateau mystère. Le chevalier hésita. devait elle prendre le risque de monter à bord, Le risque n'était pas de voyager entourée de pirate mais de monter sur ce bateau. La réponse était évidente : oui. Ses chances de survie si elle voyageait avec de pirates dignes de leur nom étaient nettement moins grandes. Donc elle monterais sur ce bateau et se fera petite, en espérant que les pirates en questions abordent Gwendalavir. Ce qui n'était pas gagné...
Neleam suivit la foule docilement. Pas qu'elle s'intéresse à ce qu'il se passait sur le bateau, mais elle ne voulait pas se faire remarquer. Alors elle pu observer une pirate proposer calmement de tuer un des matelots. Le chef du navire grommela des mots que la jeune femme interpréta comme une négation. Elle était d'accord avec lui, cette femme semblait se prendre pour mieux que ce qu'elle était et sa posture, tout comme sa voie, suintait la suffisance. Les gestes désordonnés du capitaine dispersa légèrement la foule de curieux et Neleam les quitta pour s'appuyer contre le bastingage. Regarder la mer détendait son estomac. Mais sa solitude fut de courte durée car la femme qui venait de se faire rabrouer s'approchait d'elle, discutant à voie basse avec quelques pirates. Leur conversation était houleuse mais le passagère ne put comprendre le sujet de la discussion. Mais lorsqu'elle vit le fouet dans la main d'un des pirates elle se mis à craindre le pire. Elle n'avait encore jamais vu personne se faire fouetter. C'était un acte de barbarie, et elle espérait de tout son cœur que ce n'était qu'un objet aussi décoratif que le chapeau de l'homme qui le tenait.
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25.02.14 17:59
QU'IL FAIT BON AVOIR ENDURE ! QUE LE PLAISIR SE GOÛTE, AU SORTIR DES SUPPLICES !
Le capitaine avait refusé. Il avait re-fu-sé. Artémis se sentit imploser. Tant de bêtise lui reflétait le regard implorant du capitaine, qui la priait de se plier à ses ordres sans rechigner. Plutôt faire flancher une Artémis, que titiller la loyauté d’un équipage effrayé par la hiérarchie et qu’il contenait déjà avec difficultés. Tel était le lâche raisonnement du capitaine El’ Meral, qui d’autorité n’avait pas celle d’une souris.
Quant à Artémis, sa famille de sang pur et tout autre Pirate des îles Alines digne de ce titre, le décès d’un homme insignifiant aurait paru utile à leurs yeux. Voire normal, accepté de tous. Mais elle avait omis le fait qu’elle n’était pas sur un navire dirigé par de véritables pirates. En prenant l’initiative d’accomplir une mission coutumière sur un bateau de renommé, elle avait perdu. L’échec était cuisant, mais son adversaire peu combattif. S’il ne souhaitait contrarier les camarades d’Artru, il ne pouvait cependant pas laisser son second complètement insatisfait. Artémis tenta le tout pour le tout.
« Faites-le fouetter. »
L’ordre claqua, provoqua un silence dérangeant. Elle avait employé l’assurance d’un dieu, et la détermination d’un chercheur d’or.
Le sourire goguenard et le soulagement, qui s’étaient affichés sur la face affreuse d’Artru au refus du capitaine, s’évanouirent au profit d’un frémissement pathétique et d’une expression malheureuse. Il tourna son regard vers le seul pirate au monde qui possédât un cœur : le capitaine El’ Meral.
Ce dernier se fit violence. Un choix décisif le taraudait, auquel personne avant Artémis ne l’avait confronté. Celui de s’imposer dans la douleur ou celui de se faire marcher dessus sans gémir. Mais si le mauvais choix il faisait, à l’eau il finirait ! En témoignait le regard assassin de son second, qui eut raison de son indécision. Il acquiesça, hocha la tête en signe d’approbation ; Artémis s'avança vers un homme. La tâche lui revenait, il était l'un des seuls hommes en qui Artémis pouvait compter. Elle pouvait surtout compter sur son sens de l'Honneur, ainsi que sur cruauté de ses actes lorsqu'il s'agissait de punir un pirate indigne.
« Tu pouvais pas plus ins'ster aurpès du c'ptaine ? La vermine chez l'pirates on'aime pas ça.
- Cela aurait été préférable, mais il est et restera une mauviette devant son équipage. Il verra bien à la prochaine escale... Pour le moment, contente-toi de donner à ce gars-là sa correction.
- Combien de fois ?
- Fouette-le, c'est tout. »
Hors de question de laisser à Artru l’opportunité d’un espoir : savoir à combien de coups nous étions destinés avait quelque chose de résignant mais également de rassurant. La fin prévue d’un malheur qui nous semble infini vaut mieux qu’un malheur qui s’éternise. Mais pour le bourreau, l’affirmation inverse est vérifiée. Une expérience est plus traumatisante si l’on ne peut s’accrocher à un certain laps de temps, à un décompte …
Un … Deux … Chaque coup lancinant retentissait, tel un coup de tonnerre qui rend sourd plusieurs secondes.
Trois... Quatre... Le dos dénudé du matelot prenait de nouvelles couleurs, au fil des coups.
Cinq ... Six ... Le rouge écarlate s’y disputait au violacé, lorsque le sang commença à perler.
Sept... Huit... Des estafilades formaient un ensemble presque artistique s’il n’avait été taillé dans la chair.
La pirate, bras croisés et menton haut, observait la scène sans ciller. Le capitaine ayant pris congé, prétextant un devoir urgent, et le gros de l’équipage s’étant dispersé afin de détourner le regard de ce qui aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre eux, il incombait donc à Artémis de décider de la cessation de son supplice. Or sa posture demeurait ferme, et bien qu’intérieurement elle ne jubilait pas, son expression prouvait qu’elle trouvait malgré tout une certaine jouissance à se venger de ce monde.
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Neleam
Chevalier__Admin
28.02.14 23:22
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06.03.14 16:50
I DON'T KNOW WHAT'S WORTH FIGHTING FOR OR WHY I HAVE TO SCREAM.
Artémis clignait des yeux au même rythme que le fouet claquait. Elle en était au huitième battement de cils ; elle avait décidé de s’arrêter au vingtième, voire avant si les blessures semblaient trop sévères. Un homme mutilé pouvait s’avérer docile et obéissant, un homme détruit n’était d’aucun emploi. Or elle aurait peut-être encore besoin de lui.
Seulement, au neuvième coup, une femme s’avança, une simple passagère, qui osa faire sa loi et pris l’espace d’un instant le pouvoir. La pirate détourna à peine le regard, soupira. L’exaspération était un sentiment déplaisant, et celui qui la causait méritait autant punition qu’Artru à ses yeux. Son homme de main hésita, main en l’air, et lui jeta un coup d’œil indécis. Non pas que l’intervention de Neleam changeait ses ordres, mais la situation avait pu évoluer du point de vue de la pirate. Ceci donna une idée perfide à la pirate.
Artémis lui indiqua d’un signe de tête qu’elle remettait le supplice du matelot à plus tard, et se tourna enfin vers l’insolente. Elle eut pour elle un sourire faussement accueillant et agréable. Les deux femmes se défiaient du regard. Petites toutes deux, d’apparence peu robuste mais la posture fière, il était difficile de déterminer qui pour l’autre avait le plus de haine. Peut-être Artémis la surpassait de par sa tendance à la haine plus qu’à l’amour.
« Et vous êtes ? Quelqu’un de haut rang visiblement ? Sachez que la hiérarchie indique le capitaine, puis le second, commandants incontestés. Si cela vous déplaît nous pouvons vous débarquer très, très prochainement. »
La situation l’amusait visiblement, l’ironie dans sa voie avait quelque chose de lancinant. Elle savait la passagère sans pouvoir malgré sa forte résolution. Qu’elle soit aristocrate, souveraine, simple fermière voire Terrienne, cela importait peu. La loi de la Mer n’admettait pas de hiérarchie de rang, seul le statut (en tant que marin) et la possession d’un de son équipage donnait du pouvoir. En cela Artémis avait une longueur d’avance.
« Par ailleurs, cela ne suffit point, la décision n’est pas vôtre. La Justice telle que vous la connaissez a changé depuis que vous avez quitté la terre ferme, Ma Dame. Artru ici présent savait à quoi il s’exposait en agissant de la sorte. Il est nécessaire que quelqu’un purge cette peine pour les méfaits commis. »
Elle se tourna vers son homme de main, fit mine de le relancer, et arrêta son mouvement en plein air. La jeune femme pencha la tête sur le côté, un sourire semi-rieur, semi-sarcastique à l’égard de Neleam. Du divertissement, que demander de plus ! Sa réjouissance était grande !
« A moins que vous ne purgiez sa peine, Artru en est l’unique méritant. »
Elle n’attendit guère une réponse ; il fallait faire culpabiliser la jeune impertinente. Lui faire comprendre que le dixième coup de fouet qui s’abattit sur les épaules d’Artru aurait pu s’abattre sur les siennes. La pirate ne connaissait pas grand-chose à l’empathie, mais elle savait l’humain doté d’une telle chose, et aimait en jouer. Chaque cri de souffrance du matelot aurait pu lui être épargné si la solidarité avait joué en sa faveur.
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Neleam
Chevalier__Admin
08.03.14 13:23
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12.03.14 12:57
BUT MY DREAMS THEY AREN'T AS EMPTY AS MY CONSCIOUS SEEMS TO BE I HAVE HOURS, ONLY LONELY
A son plus grand étonnement, la jeune femme partit d’un éclat de rire inattendu et presque en contraste avec la gravité du moment. Artémis fit paraître sa déstabilisation l’espace d’un instant, mais se ressaisit aux propos de son interlocutrice. Un sourire ravi étira même ses lèvres. Un sourire où suintait plus la réjouissance que l’ironie. Voilà quelqu’un qui avait assez d’esprit pour ne pas subir la peine d’un autre malgré sa solidarité et bonté d’âme. Trop de bonté vous tuait, qui pouvait prétendre ne pas en avoir fait les frais ?
Elle acquiesça avec approbation aux paroles de Neleam ; elle l’avait peut-être injustement considérée jusqu’alors, il était encore temps de réparer cela.
« Eh bien, Personne, voilà une personne sensée que tu fais. »
Plusieurs membres de l'équipage rirent à la remarque d'Artémis qui signifiait sa sympathie aussi ouvertement, mais toujours avec sarcasme. Lorsque Neleam reprit la parole, toutefois, la pirate perdit un peu de l’estime qu’elle avait gagnée auparavant. Se taire est souvent préférable. Sans même prendre la peine de répondre, Artémis commanda à son homme de main de reprendre sa tâche. Après une autre poignée de coups de fouet, elle lui fit signe de cesser et de détacher Artru. Elle s’exprima alors d’une voix forte et émanant une assurance certaine.
« Artru, est-ce la dernière fois que j’aurai affaire à toi en de tels termes ?
- Ou… ouii, lieuu ... tenant.
- Bien, que quelqu’un s’occupe de le soigner, et que celui qui souhaite désobéir aux lois pirates y repense à deux fois, ou vienne dès à présent recevoir ses propres coups de fouet. Puissiez-vous vous souvenir de la punition accordée aux déshonorés. »
L’équipage resté sur place se dispersa, certains murmurant avec un sourire, d’autres jetant un coup d’œil intrigué à Neleam et à leur second. Peu se préoccupaient d’Artru tant son supplice semblait banal comparé à l’intervention de la jeune femme.
Artémis s’approcha de cette dernière, la considéra avec hauteur du regard pendant un temps qui sembla infini alors que le silence pesait sur l’atmosphère. Les flux et reflux des vagues qui s’écrasaient sur la coque, alors que le vent sifflait sur la toile et le bois, faisaient eux aussi partie de l’absence de bruit, de l’absence de vie.
La pirate expira ; une seule question demeurait. Neleam pouvait-elle lui s’avérer utile ou simplement bonne à être écartée à la prochaine escale ? La conversation aurait raison de son choix.
« Pour votre gouverne, "ma jolie", et puisque vous n’êtes probablement pas pirate de sang pur, tout membre d’un équipage doit suivre un code d’honneur. Chacun en connaît les termes, car ils sont évidents, chacun en connaît les conséquences en cas d’entorse, car elles sont répandues et fréquentes. Dans le cas contraire, on les oublierait. Si le matelot crie fort, c’est son honneur qui paye, pas mon autorité. Les lâches sont méprisés, les voleurs perdent souvent leurs mains, et les pirates sont ainsi organisés. Dites-moi de quelle manière l’ordre doit-il régner si le désordre n’est pas châtié ? »
Elle croisa les bras, l’allure altière et l’expression dure. Elle vint à se demander pourquoi s’épuiser à expliquer des concepts qui ne pouvaient que lui être inconnus d’après sa réaction outragée et le parti pris pour Artru. Un étranger à leurs coutumes ne pouvait que diverger d’opinion. Elle choisit alors d’attaquer directement son interlocutrice, car seule la défense révélait tout le caractère d’un individu.
« Si votre âme sensible ne peut supporter ce spectacle, il vous suffisait de vous en détourner. Il n’est nul besoin de voir, pour comprendre comment le monde est régi. »
Si la discussion durait trop, Artémis déciderait de prendre congé. Elle avait un plan de renversement du capitaine à mettre en place, et une bonne partie de l’équipage clamait sa légitimité à passer capitaine. C’était du vol, du meurtre peut-être, mais ça relevait du pirate pur en soi. Elle n’avait pas le temps de converser avec une minette du Nord, bien qu’aucun allié potentiel ne fut à éliminer. Ils étaient à deux jours de la terre ferme, c’était autant de jours à ne pas gaspiller inutilement.
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Neleam
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13.03.14 22:19
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25.03.14 23:16
THE ANGEL FROM MY NIGHTMARE THE SHADOW IN THE BACKGROUND OF THE MORGUE
Artémis la laissa parler, évaluant tant son attitude et sa gestuelle que ses mots en tant que tels. Elle n’était décidément pas indigne d’intérêt, et aurait pu s’approcher de ce que la pirate aurait, par un accès de générosité, qualifié de « personne potentiellement employable, et de confiance », ou du moins s’approcher de ce que l’on appelle plus communément « une amie », « une connaissance ». Elle eut un sourire sans émotion décelable, et ce à plusieurs reprises au cours de son discours. Notamment à la mention des Dieux. Elle n’était certes pas une déesse, loin de là.
« Prends garde à ce que tu avances, tu juges avec le cœur d’un étranger, mais ta philosophie n’intéresse pas les pirates en ce lieu. J’ai de plus le nom d’un Dieu, mais qui te dit qu’il n’est pas un Dieu du mal ? Enfin, qui t’a donné permission de faire la leçon aux donneurs d’ordre ? »
Alors qu’elle achevait sa phrase, la corne de brume retentit, bien plus forte que le vent. Artémis releva la tête, presque ennuyée d’être interrompue. Mais cet ennui ne fut détectable qu’une fraction de seconde, avant qu’un sourire ravi ne le remplace. Son enthousiasme, empreint dans chaque cellule de sa peau, en était presque contagieux.
« NAVIRE EN VUE ! »
Artémis s’étira avec flegme. Comme si le signal sonore n’avait pas suffi ! Elle s’occuperait de la vigie plus tard – sauf s’il entrait dans ses bonnes grâces.
« ANTHRACITE !»
Elle eut un léger soupir. Il lui fallait quelques secondes de méditation avant que la bataille ne commence, le calme qui précède la tempête, mais le capitaine ne souhaitait guère le lui accorder. Elle s’extirpa donc de ses pensées, et constata que Neleam se trouvait toujours en face d’elle. Diantre, sur quel sujet débattaient-elles tantôt ? Elle l’ignorait, l’anticipation de la bataille avait pris possession de son esprit, et rien de l’autre ne lui semblait plus important en cet instant.
« Le capitaine m’appelle, tu connais mon nom à présent. Je te conseille de nous joindre si tu magnes les armes, ou de t’enfermer si tu tiens à ta vie, étrangère. »
Sur ce elle s’éclipsa ; elle était à d’autres réflexions, il lui fallait entre autres élaborer un plan d’attaque. De plus, le capitaine s’approchait d’elle, et requérait sans doute son attention. Probablement… Certainement… A coup sûr.
« Est-il… pertinent de… passer à l’attaque ?
- Ce serait envisageable, mon capitaine.
- Savez-vous… mener un plan d’attaque ?
- Je le crois.
- Je n’attaquerai pas si vous ne pouvez pas nous procurer… une victoire, Anthracite.
- La stratégie est moins importante que les héros qui mènent la bataille, mon capitaine. »
Le capitaine, dans un effort surhumain, tenta alors de retrouver sa contenance perdue. Il allait passer à l’abordage ! Quel évènement pour un pirate ! Ô combien elle savait en cet instant à quel point la terreur le terrassait, partagé à son désir d’aventures. Elle eut presque de l’empathie à son égard.
« ON VIRE DE BORD ! »
Le sourire d’Artémis s’étira. Elle acquiesça avec ferveur, se détourna du capitaine et cria l’ordre une nouvelle fois, d’une voix autoritaire et portante. Elle circulait sur le pont, hurlant les ordres à s’en casser la voix, mais avec un timbre vibrant de passion. Elle était définitivement dans son élément.
Elle échangea au passage un regard entendu avec son homme de main, Liodys ; pas de plan machiavélique, pas de soulèvement organisé comme ils l’avaient tous deux prévu, seulement un accord tacite. Au premier qui assassinait -discrètement, il va sans dire- le capitaine ! La conquête du pouvoir n’admettait pas de règles, et au milieu des combats, l’épée alliée devenait aisément létale.
Le navire attaqué tenta dans un premier temps de fuir, mais le vent favorisait la trajectoire des pirates, et une manœuvre requérait trop de temps dans leur situation. Au loin, Artémis les vit préparer leur défense.
* * *
« A L’ABORDAGE ! »
Sa phrase favorite. Elle sentit l’euphorie s’emparer de son corps alors qu’elle prononçait les mots sacrés. L’extase commença à s’écouler, insidieusement, dans ses veines. Elle se sentait vivante, dans l’attente du combat épique qui se déroulerait en contrebas, sur le pont du navire ennemi.
Cependant, à son plus grand désespoir, le capitaine apparut à ses côtés, alors qu’elle s’apprêtait à s’élancer à la suite de l’équipage. L’entrechoc des armes assourdissait déjà le bruit des vagues, et exerçait une attraction telle sur la pirate qu’elle ne formulait en elle qu’un seul et unique désir : celui d’attaquer, blesser, tuer. Mais la voix apeurée du capitaine retint son mouvement (non pas qu’elle tremblât plus que d’habitude).
« Dois-je… les joindre ?
- Certes, mon capitaine. C’est un signe de cohésion, et votre présence incarnerait le moral de fer des matelots. »
Et sans attendre de réponse aucune, elle sauta, transcendant l’air qui la séparait du navire, sans émettre de cris pourtant souvent associés aux abordages. Elle devait en effet se montrer furtive et silencieuse, le combat loyal signifiait plus facilement une défaite pour elle.
Elle se reçut sur un genou, dégaina instantanément un poignard qu’elle lança dans le même élan. Sans s’assurer que les gémissements de sa cible correspondaient à ceux d’un mort, elle se détourna vers un autre duel, poignardant lâchement dans le dos, telle la Mort subite qui frappe impunément.
Âge : 30
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Neleam
Chevalier__Admin
04.04.14 23:00
HRP : désolée pour le retard ! J'étais persuadée d'avoir répondu il y a belle lurette... --' (dans ces cas là n'hésite pas à me MP, sinon c'est un coup à attendre trèèèèès longtemps)
Invité
Invité
07.04.14 12:03
ON TUE NON POUR TUER, MAIS POUR NE PAS ETRE TUE. Qui a proféré de telles imbécilités ? Artémis.
Le combat faisait rage, mais plus le temps s’effilait, plus les défenseurs du navire marchand périssaient. Artémis poursuivait sa dance macabre, ses gestes avaient été forgés par l’habitude et ses attaques n’épargnaient pas le moindre centimètre de chair. Tuer n’était pas plaisant, mais tuer était satisfaisant. Il y avait dans une mise à mort quelque chose d’indescriptible, un sentiment sans nom, une victoire sur la Faucheuse en personne et sur son adversaire. Il était risqué d’être assassin, mais cela donnait un sens à nos agissements et ajoutait à l’orgueil. Un orgueil que beaucoup n’avait su tempérer.
Portée dans son élan, la pirate manqua y laisser sa vie car la fierté, trop grande et constante, l’avait distraite de sa mission. Tuant sans répits, elle avait, l’espace d’un instant, oublié qu’il était possible qu’elle soit tuée. Une armoire à glace lui fendit l’avant-bras de sa lame, et elle crut que sa main en était tombée tant la douleur fut aiguë. Elle s’écarta à temps pour éviter le second assaut, luttant contre la panique et son cœur battant qui la déconcertait.
Elle restait humaine, et un humain qui n’a pas peur est un imbécile, aimait-elle souvent se rappeler pour se pardonner la crainte qu’il lui arrivait de ressentir et qui lui faisait manquer de discernement. Mais cette fois-ci la peur était de son côté, amplifiait ses sens et prenait empire sur son corps, lui insufflant les réflexes intuitifs de survie. Elle échappa à un nouveau coup, et contre-attaqua d’un coup de pied bien placé dans le ventre. L’homme qui lui faisait face avait dû la croire désarmée lorsque, au premier coup porté, elle en avait lâché sa lame, mais –et si je puis m’exprimer ainsi- la pirate était recouverte de plus d’armes que de vêtements. Elle s’accroupit en un éclair pour dégager le poignard (ou un des poignards) de sa botte et l’instant d’après il se plantait exactement là où son pied avait frappé.
Avec stupeur elle put constater qu’une deuxième lame, celle d’une épée, était apparue à quelques centimètres à peine. L’épée se retira, l’armoire à glace s’écroula, et Liodys, son homme de main, fit son apparition. Pourtant grand, son adversaire avait complètement caché sa présence.
« Je l’ai tué avant ! »
Liodys se permit un sourire et repartit à la charge. Artémis récupéra son poignard. Les combats touchaient à leur fin. Son objectif n’était plus réduire les effectifs ennemis, mais réduire le leur en éliminant le capitaine. Elle le repéra bien tôt, prenant la jeune passagère rencontrée plus tôt pour son bouclier humain. Elle soupira, eut un instant de compassion, puis sortit une arme que personne ne pourrait la soupçonner détenir : une sarbacane. La première fléchette manqua sa cible, mais la seconde s’empala dans son cou. Artémis disparut dans l’ombre avant que l’on ne puisse lui jeter un coup d’œil. Avec regret, elle se sépara de sa sarbacane et des fléchettes, les déposant sur le cadavre d’un soldat ennemi. Elle fila dans l’ombre, et acheva avec ses compagnons le massacre bien entamé. Le capitaine ennemi se rendit. On accepta sa soumission ; il l’avait probablement déclarée plus tôt mais les pirates avaient besoin d’exercice régulier sans quoi ils seraient rouillés. Accepter les pourparlers c’était les priver de leur exutoire.
* * *
Le navire ennemi s’était rendu (à l’évidence ?). Il fallait procéder aux négociations, longues délibérations souvent raccourcies par l’impatience pirate. Bien que la violence soit proscrite par convention, les menaces étaient allègrement employées lorsqu’il s’agissait d’économiser du temps. Ils avaient d’autres bateaux à aborder.
Or le capitaine manquait, vous pouvez vous-même en expliquer la cause profonde. Artémis, imperturbable, et quelque peu sans cœur, feignit un agacement mesuré alors qu’elle crachait :
« Trouvez le capitaine ! On a besoin de lui. »
Elle dissimulait son enthousiasme avec un soin appliqué. A vrai dire, pas vraiment, puisque ses émotions transparaissaient que trop rarement. Refouler sa joie était plus que tâche aisée, surtout en ces circonstances. Elle affichait un air agacé, qui lui donnait des traits presque sérieux. Qui aurait pu penser d’elle qu’elle n’était pas crédible ? Elle aurait pu annoncer un mariage ou un enterrement qu’elle aurait exprimé les mêmes émotions.
Artémis finit par négocier elle-même la paix avec l’adversaire, en l’absence de leur représentant. Les termes étaient simples, et bien que le capitaine tenta la discussion, la pirate ne lui fit guère de concessions. Il était à sa merci, il ne pouvait ultimement qu’accepter.
« Anthracite Ash’Nyxdwaith vous demande en personne, à vous et à vos hommes, de transporter tous biens et vivres quels qu’ils soient sur mon navire. Il ne restera dans votre cale que le nécessaire de vivres afin que vous atteigniez Al Jeit, à deux jours d’ici, sains et saufs. »
Le capitaine argumenta avec raison que leur navire n’atteindrait Al Jeit que dans quatre jours au plus tôt, et que le manque de nourriture se ferait sentir. Mais Artémis ne flancha pas, un sourire en coin était presque perceptible à ses lèvres. Le capitaine comprit qu’elle le mettait au défi de survivre, et que les deux jours de nourriture auraient pu lui être cédés sans problèmes : mais la pirate aimait faire passer des épreuves, l’apprentissage de la vie commençait par là. N’est mature que celui qui a souffert. Toute personne sensée aurait pu trouver cela cruel, mais un pirate n’était pas une personne douée de sens.
Elle salua le capitaine, et s’en retourna sur son propre navire. Elle aurait pu couler le bateau, comme beaucoup de pirates avaient la coutume de le faire. Mais elle savait qu’un navire de moins en mer, cela signifiait un navire de moins à aborder, moins de richesses à piller, moins de marchandises à intercepter. Les pirates étaient imbéciles parfois.
« Mon lieutenant.
- Fendus ?
- Le capitaine… Il est, ehm, mort. Un soldat ennemi l’a tué d’une fléchette. »
Artémis feignit la surprise, mais pas l’émotion. Cette nouvelle ne la peinait pas, elle était seulement ennuyeuse. Enfin officiellement vous voyez ? Elle réfléchit l’espace d’un instant, puis redressa la tête avec résolution :
« Je prends le commandement. Fendus, prépare les funérailles, du capitaine et des autres matelots. Envoie deux hommes fouiller leur navire de fond en comble afin de vérifier qu’ils ne conservent que deux jours de nourriture, rien d’autre qui ne soit de valeur. »
Et les pirates s’activèrent. La banalité de la tâche assourdissait la tristesse des corps, et la mort misérable du capitaine, comme si rien n’avait perturbé leur quotidien. Les corps furent enroulés dans des draps blancs, et jetés à la mer où on leur rendit hommage. Artémis détenait enfin l’autorité, et son propre bateau. Une petite voix, de très loin, lui murmurait la culpabilité de son crime, mais elle y répondait que ce n’était qu’un meurtre de plus, et un qui ne changeait pas la donne. Elle avait accumulé les cartes, et les avait toutes en main à présent.
* * *
Le soir-même, sur le pont, elle croisa la passagère exactement là où elle l’avait laissée plus tôt. Sur le ton de la conversation, elle lança :
« Pas traumatisée ? Dans trois jours environ on débarquera. Je ne t’ai pas demandé ce que tu faisais là. Sur ce bateau, et en direction du continent j’entends. »
/HRP/:
Pas de soucis, j'ai pas osé être pressante, et ça ne me dérangeait pas d'attendre :)
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Caym Cali
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Mon personnage Sexe et âge: Femme d'une petite trentaine d'années, MORTE Aptitudes: Guerrière émérite, grande conteuse et bonne résistance à l'alcool.
Neleam
Chevalier__Admin
10.04.14 21:34
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12.04.14 14:35
I FEEL SOMETHING SO RIGHT DOING THE WRONG THING […] I COULD LIE, I COULD LIE, I COULD LIE EVERYTHING THAT KILLS ME MAKES ME FEEL ALIVE
Artémis, pour une fois, accepta humblement l’ironie de son interlocutrice. Sa curiosité était d’un caractère maladif pourtant, mais quelque chose de bien plus attractif détournait son attention de ce que dans toute autre situation elle aurait appelé « effronterie d’une altérée ». Certes, la jeune femme se jouait d’elle, mais c’était avant tout par sécurité semblait-il qu’elle refusait de répondre à la question sous-entendue par ses propres propos. Ses raisons demeuraient inconnues et pour le moins intrigantes. Habituellement, les passagers non pirates n’étaient que de lointains cousins pirates venus en visite, des négociateurs courageux, des naufragés désespérés… Aucun de ces statuts n’expliquait ce mystère, et sa résolution à résoudre cette énigme était trop prenante pour qu’elle se vexe d’une réponse détournée.
Elle grommela quelque chose, qui s’apparentait vaguement à une réponse favorable à sa requête, et se détourna de la jeune femme. Il ne fallait pas clairement répondre « oui » à quelqu’un qui venait de vous répondre « non ». Elle croqua dans la pomme qui se trouvait dans sa main, elle ignorait pour quelles raisons (après l’euphorie des combats venaient de longues minutes de torpeur). Elle n’avait pas même bronché lorsque la jeune femme l’avait félicitée. En son for intérieur, elle l’en remerciait, mais rien ne lui disait qu’elle avait été honnête, que la phrase n’avait pas été empreinte d’ironie ou n’avait été que le fruit (pomme !) d’une politesse bien placée. Ou tout simplement qu’elle n’était que la résultante des trois. En ne tiquant pas, elle acceptait son soutien dans son monde de solitude, et refusait qu’on le remît en doute. C’est ainsi qu’elle construisait sa confiance, au jour le jour.
Elle poussa la porte fatiguée de la cabine du capitaine. Quelqu’un avait déplacé ses affaires, et par intimité, elle espérait que Liodys en personne s’en était chargé. La pièce était relativement grande, du moins proportionnellement aux cabines habituelles. Elle fit un signe de tête vers la table, où des aliments de toute sorte reposaient déjà (peut-être sa pomme venait-elle de la coupe de fruits qui trônait en son centre ?), l’invitant à s’asseoir, pendant qu’elle se dirigeait vers les placards. Elle en ouvrit plusieurs avec une douceur contestable, et lorsqu’elle trouva la réserve, un sourire –oui, un véritable sourire- s’empara de ses lèvres. Il eût pu être plus rayonnant mais sur Artémis c’était assez choquant pour qu’il soit d’un caractère extraordinaire, hors du commun.
Presque absente, elle resta immobile de longues secondes, ses yeux glissant d’une bouteille à une autre. Elle avait bu du vin de mauvaise qualité depuis le début du voyage, et en quantité trop faible si l’on considérait ses besoins grandissants. L’assemblage de bouteilles d’alcool de toute sorte, et de concentration très diverse, prenait l’allure d’un rêve fréquent, qui revenait chaque nuit dans son sommeil pour soudain prendre un aspect matériel dans une réalité qui était sienne. L’espace d’une seconde, elle imagina le capitaine se tenir en ce même endroit, savourant d’avance la première gorgée d’eau-de-vie. Son cœur manqua un battement, et elle abandonna ses pensées dans un recoin de sa mémoire.
« Rhum, vin -… haha, non, pas de vin-, Whisky, bordel de la liqueur, l’alcool des pleutres. »
A chaque bouteille qu’Artémis observait elle joignait un commentaire à voix basse, presque pour elle-même. La multiplicité des options était déstabilisante lorsqu’on n’avait pas même eu le droit de choisir tantôt. On finissait par perdre l’habitude. Elle finit par ramener les bouteilles d’eau-de-vie les plus concentrées en alcool, les posa sur la table, servit deux verres de whisky, puis y ajouta du citron. Alors qu’elle en était à ses préparations, elle fit, plaçant par un effort surhumain toutes les bonnes manières dont elle était capable :
« Mange, ma vieille. »
Le surnom était gentiment moqueur. Une femme de la vingtaine, vieille ? Tant qu’elle marchait sur deux pieds, et pouvait encore s’occuper d’elle-même, c’est que l’inutile vieil âge n’était pas encore atteint. Or elle avait vu la jeune femme se débarrasser de ses agresseurs, de très loin, et sa ruse lui avait plu. Il valait mieux l’avoir dans ses amis que sur sa liste noire. Elle planta ses yeux profondément sombres dans ceux profondément clairs de la jeune femme.
« Voilà ton alcool fort, tu as le droit de boire seulement si tu acceptes de jouer à un jeu. Un jeu d’alcool. Ça s’appelle La Vérité ou la Boisson. »
En quelques phrases concises, elle expliqua les règles, qui étaient au nombre de deux. Primo, un joueur affirmait une phrase à propos de son partenaire. Si cette assertion était affirmée par le partenaire, ce dernier buvait, si elle était infirmée, le premier buvait. Deuxio, le premier à finir le deuxième verre (car ils étaient ici deux participants) se voyait demandé une faveur par l’autre. Faveur du moins raisonnable, cela s’entendait. Les meurtres et autres crimes eurent été nombreux sous d’autres conditions.
« Si tu acceptes le jeu, ma première affirmation sera que tu viens du Sud de Gwendalavir. »
Elle repoussa les couverts vides disposés devant elle, pour rapprocher son verre rempli, poussant le second vers Neleam. A vrai dire, elle mourait d’envie de le boire cul sec, mais elle désirait être en pleine possession de ses moyens, du moins pour le commencement du jeu. Plus celui-ci avançait dans le temps, plus ses sens seraient altérés, plus les affirmations seraient ridiculement illogiques. Elle avait de longues années d’expérience à la matière, et ne souhaitait pas finir soûl avant une inconnue, qu’elle se devait de ne pas sous-estimer. Aussi bien il s’agissait d’une alcoolique déclarée et résistante à toute sorte d’alcool quel qu’il soit. Il lui fallait donc appliquer un mot qu’elle ne connaissait guère, la modération. Du moins si ce principe se nommait bien ainsi !
La pirate déposa au milieu de son assiette vide la pomme croquée une fois et qu’elle avait oublié détenir dans sa main. Elle ne mangerait que si les risques d’ivresse n’étaient pas trop grands. Elle se rendrait rapidement compte si l’alcool agissait trop vide à jeun. Il lui fallait trouver le juste équilibre entre l’amusement de son éthylisme et l’intérêt du jeu, qui n’avait que pour visée d’en apprendre plus sur sa camarade, quitte à sacrifier des informations sur elle.
Quant à la possibilité du mensonge ? Seriez-vous à même de vous demander. Elle était à écarter. Un pirate engageait implicitement son honneur dans ce genre de beuveries. Les plus perfides pirates ne mentaient pas, seuls les plus lâches ou les plus craintifs d’en révéler trop mentaient, et, révélés, ils auraient été couverts de honte. Or les secrets d’Artémis étaient difficilement devinables pour qui n’était pas télépathe, et il lui importait peu de donner des informations insignifiantes sur ce qu’elle était, ce qu’elle avait fait et ce qu’elle désirait. Pouvait-on en dire autant de Neleam ?
Âge : 30
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Neleam
Chevalier__Admin
13.04.14 15:35
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13.04.14 19:59
I HITCHED A RIDE, UNTIL THE COAST TO LEAVE BEHIND, ALL OF MY GHOSTS SEARCHING FOR SOMETHING, I COULDN'T FIND AT HOME
Artémis fit la moue, détailla du regard sa partenaire. La confiance était-elle possible ? La question n’était pas la confiance, comment espérer placer sa foi en une personne que l’on connaissait depuis quelques heures à peine. Cela eût été déraisonnable. Il était plutôt question de lui porter croyance ou de la lui refuser. Elle n’était pas pirate, un jeu restait un jeu à ses yeux, et la garantie de ne pas mentir pour un pirate n’était pas vérifiée pour un individu lambda.
Qu’importe, finit-elle par admettre. Elle la faisait boire en infirmant son allégation, pourquoi se plaindre ? Et aussi bien ne venait-elle pas du Sud. Elle prit donc une gorgée, goûtant avec délice l’exquis breuvage. Le whisky n’était pas d’une qualité légendaire, mais cela faisait amplement l’affaire.
« Tu as dû t’égarer, si tu ne viens pas des environs. »
Elle ne croyait pas si bien dire. Non seulement elle n’était pas du Sud de Gwendalavir, mais elle n’était de plus pas de ce monde. Artémis n’avait pas envisagé cette possibilité, mais si ce manquement était puni par de l’alcool, elle s’en tirait plutôt à bon compte. Elle décida en cet instant que la jeune femme disait la vérité ; traditionnellement, on n’expliquait que rarement en quoi l’affirmation était fausse, et elle choisit d’associer cet effort à de l’honnêteté.
A l’affirmation de Neleam, elle fit mine de prendre son verre, le rapprocha un peu. Avait-elle jamais eu des parents ? La question était matériel, ses parents étaient-ils en vie. A cela elle ne pouvait répondre qu’à l’affirmative :
« A ton tour de boire. »
Son attitude avait changé. Sa voix était soudain plus chaleureuse, dans l’intimité relative de la cabine. Elle ne semblait plus dissimulée derrière son masque d’autorité et de froideur, elle avait ce quelque chose de plus avenant et aimable qui contrastait avec son comportement de tueur à gages insensible. Il fallait tout de même prendre en compte qu’elle avait commandé l’exécution d’un matelot, puis assassiné quelques dizaines au cours de l’abordage. Ces faits auraient été aisément dissociables de la personne qui se divertissait en toute confiance avec une passagère. Passagère qui, de toute évidence, savait se battre et tuer. Avec camaraderie, elle lança une nouvelle pique :
« C’est assez fort ? »
La question avait deux objectifs ; à la fois s’enquérir de sa résistance à l’alcool (stratégie de jeu), mais également par plaisanterie. Nul doute alors qu’elle était d’humeur à plaisanter. Les jeux d’alcool, il n’y avait rien de mieux pour révéler une Artémis surprenante et inouïe, voire déconcertante tant son visage semblait heureux.
« Liam et Kelyane Ash’Nyxdwaith sont encore en vie, du moins à ma connaissance et cependant à mon plus grand malheur. Je te souhaite de ne jamais les rencontrer, ils sont aussi scrupuleux que je peux me vanter d’être lâche. Ils ont leurs propres bateaux, je n’ai donc pas dû les croiser depuis six mois. Mais je peux t’assurer que s’ils étaient morts je serais au courant. »
Il n’y avait aucune tristesse décelable dans sa voix. Elle n’éprouvait aucune peine par ailleurs. Toutefois, ses yeux s’absentèrent l’espace d’une fraction de seconde, et reprirent de leur intensité lorsqu’elle croisa le regard de la jeune femme. Une part d’elle-même la questionna sur ses intentions. La deuxième part répliqua que la guerrière n’était pas de mauvaise compagnie, et qu’elle avait besoin d’une partenaire de jeu dans sa mélancolique solitude. Qu’y avait-il de mal à cela ? Sa raison se défiait ainsi de sa méfiance, lorsqu’elle réalisa qu’il lui fallait poser une question.
« Tu es venue sur les Îles pirates par intérêt personnel. »
Elle ne perdait pas de vue que sa curiosité se voulait satisfaite. La guerrière possédait des secrets, et diantre comme elle ne se complaisait guère dans l’ignorance ! Elle ne ferait pas tourner ses affirmations qu’autour de cela, mais elle comptait en apprendre plus à ce sujet. Et elle ne souhaitait pas offrir une faveur à la jeune femme, alors autant gagner le jeu.
Elle savait sa prochaine question porter sur sa profession (à moins d'un changement de tactique) : ses capacités guerrières l’intriguaient. Elle n’était pas Frontalière, car Terrienne, alors comment expliquer ses compétences ? Artémis aimait les récits, elle aimait les histoires qui racontaient une vie et expliquaient une personne, et Neleam était sa prochaine victime au compteur. Ce qui nous définit c’est l’histoire de notre vie, pas ce que l’on veut bien montrer de sa personne.
Le passé en lui-même n’est que futilité à écarter. Mais ses conséquences sont bien grandes sur notre présent.