-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

 :: Côté Hors-Jeu :: RP d'Antan :: Sud Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
La loi de la mer [Artémis/Neleam]
Aller à la page : Précédent  1, 2
Neleam
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Caym Cali
Messages : 10802
Date d'inscription : 28/11/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme d'une petite trentaine d'années, MORTE
Aptitudes: Guerrière émérite, grande conteuse et bonne résistance à l'alcool.
Neleam
Chevalier__Admin



13.04.14 22:57
https://ewilan.forumactif.fr/t1995-neleam-une-femme-de-legende

Ce tour-ci, ce fut à Neleam de boire. Elle s'était trompée.

« C’est assez fort ? »


Neleam haussa un sourcil et vida son verre d'un trait. Le liquide lui brula la gorge et elle se senti descendre jusque dans son estomac. Elle souffla et reposa le verre avant de le remplir de nouveau.
Oui c'était assez fort.
Ca ne valait pas du rhum, car le gout du whisky était fort et restait en bouche, mais elle sentait l'alcool qui commençait doucement à faire effet. Une légère vague de chaleur vint rougir ses joues. Elle n'avait pas mangé de véritable repas depuis longtemps, l'alcool mettrait moins de temps à lui monter à la tête, bien qu'elle soit plutôt résistante. Il lui faudrait faire attention à ne pas baisser sa garde. Certes l'endroit était plutôt intime et poussait aux révélations, elle n'en demeurait pas moins sur un bateau de pirate avec un superbe butin contre sa poitrine.

La guerrière était déçue d'avoir eu faux et se demandait comment une jeune femme avait pu devenir aussi hautaine et violente. Elle eu sa réponse lorsque la pirate lui parla brièvement de ses parents. De véritables pirates comme dans les histoires.

« Tu es venue sur les Îles pirates par intérêt personnel. »

Neleam ne put retenir une grimace. C'était le terrain sur lequel elle ne souhaitait pas s'engager.
Mais pourquoi avait-elle joué à ce jeu idiot alors qu'elle cachait sa véritable identité ?! Par défi, ça ne pouvait être que ça. Le plaisir de jouer et de boire.
La jeune femme regarda le verre, réfléchissant à une réponse à formuler.

-Si par là tu entends que je suis venue sans véritable équipage et de mon plein grès pour mes petites affaires alors...

Le chevalier vida son verre d'un trait. Ca valait tout les discours.
Posant ses mains de chaque côté de son verre, la jeune femme prit appuis dessus. Le bois et le poids de ses épaules l'aidaient à reprendre contact avec la réalité. Elle n'était pas saoule, loin de là, mais elle sentait que l'alcool faisait effet et elle ne voulait pas se laisser aller dans une douce euphorie. Elle devait rester en pleine possession de ses moyens, du moins autant que possibles.

-Ta faveur capitaine ?


Son regard planté dans celui de son adversaire, Neleam attendait. Elle devait déjà commencer à réfléchir à sa prochaine question. Mais quelques cadavres une femme, pirate et capitaine de suroit, pouvait-elle cacher dans son placard ?
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



15.04.14 17:32
AND ALL I CAN TASTE IS THIS MOMENT
AND ALL I CAN BREATHE IS YOUR LIFE
'CAUSE SOONER OR LATER IT'S OVER



Neleam avait de l’audace, Artémis put le constater. Deux verres d’une traite, en dépit des règles élaborées. Sa ruse était certaine, elle avait ainsi trouvé le meilleur moyen d’éviter l’interrogatoire tout profitant de l’alcool gratuit. La pirate partit d’un éclat de rire, et lui resservit une troisième rasade de bon cœur, buvant le reste à la bouteille alors même que son verre débordait encore de whisky. A peine quelques minutes après le début du jeu, la bouteille était entièrement vide, et Artémis commençait à sentir les prémices de l’ivresse. Les sensations tant attendues refaisaient surface, son bonheur se pressait à leur suite.

« Une faveur… »

Une vague pensée, très lointaine, lui rappela qu’elle avait gagné le jeu. En un temps record, et probablement pas grâce au miracle de ses compétences, mais tout de même gagné. Il lui aurait alors été aisé de demander le nom de sa coéquipière, la raison de son voyage. Mais elle se serait sentie traîtresse de détruire tous les efforts que Neleam avait employé à dissimuler ces deux points. Que lui demander dans ce cas ? D’un œil morne, elle fixa la bouteille vide, et Eyrim lui vint en mémoire.

Une idée surgit, une idée stupide et probablement enfantine, mais une idée tout de même, et qui, de surcroît, n’avait pas de conséquences directes sur Neleam. Elle s’était prise de sympathie pour elle, malgré son incompréhension des coutumes pirates, et ne souhaitait guère lui faire de tort par égoïsme.

Mais cette pensée s’évapora bien vite, remplacée par une autre. Elle se mit à rire sans raison apparente, poussa sa chaise, la raclant sans ménagements contre le parquet de bois, et piocha une bouteille dans la réserve. Elle était déjà presque vide, mais tout de même, c’était de l’alcool de pomme ! Peu réputé, et pourtant si savoureux si l’on savait où se fournir ! Or les pirates savaient se fournir en alcool. Elle crut bon de commenter le breuvage.

« Tiens, hé, prends un verre de ça. Mais là j’veux que tu savouuurees… ! Tu comprends hein ? SA-VOU-RER. Oui tu comprends, t’es maligne. Mais me prends pas à la légère, hé. Il faut laisser le goût dans ta bouche, c’est l’un des seuls alcools qui brûlent p’s ta langue, et qui t’écœurent pas tant y’a du sucre pour masquer le goût ignoble. Et Anthracite, capitaine d’un navire pirate désolé et pitoyable, sans famille ni réel ami, j’peux t’dire qu’elle s’y connaît en alcools, donc bois lentement. »

Artémis n’était pas complètement soûle, mais laissait délibérément la boisson faire son œuvre. Elle ne combattait pas l’ivresse, appréciait sa chaleur, et acceptait sa présence. Cela la rendait plus prolixe et plus insistante. Elle riait à cœur joie, et cela paraîtrait étrange pour qui la fréquentait de jour. Ses histoires étaient logiques, mais racontées avec désordre et force de pauses, hésitations, et rires joviaux.

« Y’a un jeu d’alcool, tu vois, qui consiste à euh… Ben boire –normal- mais jusqu’à ce que l’autre en peut… euh… puisse plus. Faut boire verre par verre, et pour ça (sa voix devint plus claire, comme si un éclair de lucidité la frappait), j’t’explique, chacun a une bouteille identique, tu vois ? Avec la même quantité dedans, donc même si tu verses des verres plus grands au bout d’une bouteille tu sais que t’es à ex aecquo dans les quantités. C’était important ce jeu, j’avais juré mon honneur qu’un non pirate ne pouvait battre ma constitution lorsqu’il s’agissait d’alcool. Donc là tu vois au bout d’une bouteille, je commence à me sentir un peu bizarre, et lui que dalle. Pas même un flanchement à aucun instant, il faisait son dur… » Raconter l’histoire provoquait son hilarité plus que le sujet de l’histoire en lui-même. Jusque-là rien ne changeait de ce qui semblait être le quotidien d’Artémis Ash’Nyxdwaith, seule son infériorité ressortait, qui plus est face à un Alavirien lambda demeurant visiblement insensible à l’alcool. « Mais on m’la fait pas à moi quand on parle d’alcool ! Après avoir ingurgité tant de verres de rhum sans rien manger, tu sens l’alcool -tu me suis toujours ? -, mais là son haleine, on aurait dit qu’il avait ajouté des extraits de fleurs tellement elle était fraîche –m’enfin c’était pas très viril non plus. Du coup, j’ai demandé un second tour –j’allais pas abandonner si vite. Et une fois que le pirate a posé les bouteilles sur la table, j’ai demandé à ce qu’on les échange. Ils ont insisté pour pas l’faire, j’te dis moi, pauvres fous… Et lui il est dev’nu pâle ! J’ai cru qu’il avait vraiment bu une bouteille de rhum tant ça l’a foutu mal que je prenne la bouteille qu’y était pour lui. Et on a continué la partie, personne a osé rien dire, mais ils étaient tous au courant ces fils d’Altérés. »

Elle resservit son verre et en dépit de toutes les précautions prises tantôt, dans l’unique but de goûter aux délicieux arômes de l’alcool, elle le finit d’une traite. Faut croire qu’elle était déshydratée d’avoir trop parlé, et que le premier verre suffisait à la dégustation. Il fallait bien qu’elle se bourre pour les quelques heures à venir, rien ne valait une nuit après avoir ingurgité de l’alcool de pomme (Paroles d’Artémis).

« Et là, bah, à la mi-bouteille, il a commencé à se sentir mal. Et moi, devine ce que je buvais à ce moment-là ? De l’eau. Les enflures hein ? Mes camarades l’ont payé pour qu’il joue la comédie, me provoque, et m’humilie en buvant de l’eau. Tout le monde était de mèche, faut pas croire ! Donc je disais, à la fin de la bouteille, le pauvre gars, il s’est mis à vomir ses tripes. J’en ris encore ! Du coup il a perdu, et je lui ai demandé de me donner son foulard. C’était chaud cette fois-là, mais ça valait la leçon. »

A ces mots elle avait désigné le foulard qu’elle portait autour du cou. On ne battait pas Artémis à un jeu d’alcool, sauf par chance ou par tricherie, et ce ‘trophée’ servait de mise en garde, à sa façon. Si jamais elle avait échoué face à l’Alavirien, les conséquences auraient été grandes. Elle avait en effet promis quitter le navire et recommencer en tant que mousse novice au service d’un capitaine du choix de l’Alavirien (conseillé par ses camarades d’équipage évidemment).

Elle avait pourtant entrepris l’idée par une fois toutefois. Il lui avait plus de s’enrôler en tant que débutant sans capacités, à la suite de cet évènement riche en apprentissage d’après elle. Me demanderiez-vous les raisons, que je ne saurais précisément vous les exposer. Peut-être par défi, par ennui, voire même par envie. Peut-être tout simplement afin de se rappeler de ce que tout pirate a été, ou bien de constater comment un capitaine traitait chaque membre de son équipage, et agir en conséquence une fois qu’elle prendrait la tête de son propre bateau. Mais pas du navire sur lequel elle se trouvait cependant, cela n’aurait eu aucun sens d’après elle.

La pirate but un dernier verre, prit une longue inspiration, et s’étira avec flegme. Elle attrapa les deux bouteilles, sortit et s’absenta le temps d’une demi-minute. Lorsqu’elle revint, ses mains étaient vides. Elle détenait seulement deux bouchons, qu’elle enroula, avec un bracelet, dans un morceau de carte usagé. Elle glissa un mot à l’intérieur et empaqueta le tout avec une absence de créativité poignante. La pirate était à nouveau en pleine possession de ses moyens. Elle délaissa son ‘œuvre d’Art sur la table, et prononça la dernière phrase de la soirée.

« Allez bonne nuit. »

En ces mots elle s’écroula sur la banquette située contre le mur du fond, un sourire presque béat sur les lèvres. Neleam se retrouva seule ; le lit était toujours disponible ; la respiration lente et profonde de la pirate indiquait que les bras de Morphée la berçaient déjà avec une délicatesse maternelle. Elle n’avait guère satisfait son estomac vide, dans l’unique objectif de goûter avec délice aux aliments le jour qui suivrait, afin d’atténuer ou compenser la gueule de bois qui se ferait ressentir alors.  

Le jour d’après, les conditions seraient probablement optimales pour atteindre la côte à la tombée de la nuit, ce qu’elle espérait grandement. Artémis comptait mettre de l’ordre, et offrir un navire présentable afin de la revendre, et repartir à l’aventure, mêmes les Dieux ne savaient où.[/b][/color]
Revenir en haut Aller en bas
Neleam
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Caym Cali
Messages : 10802
Date d'inscription : 28/11/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme d'une petite trentaine d'années, MORTE
Aptitudes: Guerrière émérite, grande conteuse et bonne résistance à l'alcool.
Neleam
Chevalier__Admin



16.04.14 20:16
https://ewilan.forumactif.fr/t1995-neleam-une-femme-de-legende

A la grande surprise de Neleam, la pirate ne demanda rien et se contenta de fouiller dans le tiroir pour en ressortir, victorieusement, une nouvelle bouteille.
Cette fois-ci c'était de la liqueur de pomme. Anthracite commença à lui apprendre à boire de la liqueur. Neleam l'écouta, amusée. Un grand sourire détendu fleurissait sur ses lèvres tandis que la pirate parlait plus pour elle même que pour Neleam.
La guerrière gouta la liqueur de pomme, sans précipitation.
C'était sucré. Le gout de l'alcool disparaissait presque, mais n'empêchait pas le liquide de bruler.

Le reste de la soirée fut délicieusement embrumé.
Les jeunes femmes papotaient allègrement, monologuaient plus concrètement étant donné que chacun racontait diverses anecdotes personnelles sans vraiment rebondir sur ce que disait l'autre, et buvaient pour étancher leur soif. Le tiroir d'alcool devait être bien amoindrit.
Finalement, Anthracite s'allongea tandis que Neleam étendue par terre. Le bateau tanguait sans que ça ne la dérange, puis lorsqu'elle trouve le sol trop dur et que le lit d'à côté était désert elle déménagea. Au prix d'un effort sur-humain la guerrière réussit à s'allonger sur le lit, qui était moins confortable que ce qu'elle espérait.
Rapidement elle rejoignit Anthracite aux pays des songes.

Neleam se réveilla avec un terrible mal de crâne. Elle mit quelques minutes avant de prendre compte de la situation. Elle était allongée sur le ventre, bras et jambes écartée. Sur un bateau de pirate.
Rien de tout ça n'était bon.
Et le bateau faisait un boucan du diable. Le bois craquait et l'ensemble tanguait... Neleam cru qu'elle allait vomir. Elle se mit rapidement sur ses pieds, tangua un peu, puis réussit à sortir de la cabine. Regagner le pont sembla une terrible épreuve, mais une fois à l'air frais, elle se senti mieux. Pas qu'elle soit en meilleur forme, mais le vent la fouetta et elle se senti un peu moins pale. accrochée aux bastingage elle recracha son repas liquide de la veille, puis resta ainsi, trop mal en point pour faire quoi que ce soit d'autre.
Alors qu'elle était penchée par dessus-bord, elle senti son précieux butin se faire la mal. Affolée elle tenta de le plaquer contre son corps, mais ne put empêcher la chute d'une des pièces d'or. La guerrière se redressa et tenta de le caler de nouveau (un foulard serré autour des pièces d'or au niveau de sa poitrine) sous les regards suspicieux des pirates autour d'elle. Fuyant une situation qui pourrait devenir très dangereuse, Neleam se réfugia en proue.

La terre ferme semblait encore si loin...
La guerrière sentait l'atmosphère tendue. Elle n'était plus invisible comme avant, et ne pouvait pas se faire respecter sous peine de devoir dévoiler ce qu'elle cachait sous son t-shirt. La situation l'agaçait au plus haut point et elle se fit la promesse de ne plus boire autant lorsqu'elle avait la protection d'un butin. elle perdait le contrôle de la situation, avait du mal à appréhender ce qu'il se passait et... Elle avait encore plus le mal de mer qu'à l'ordinaire.



HRP:
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



20.04.14 22:15
I'M STRONG ON THE SURFACE
NOT ALL THE WAY THROUGH
I'VE NEVER BEEN PERFECT
BUT NEITHER HAVE YOU



Un œil s’ouvrit, puis le second. Une douleur au crâne l’élança lorsqu’elle se redressa sur la banquette, beaucoup trop vite au goût de son corps. Elle se refusa le luxe de s’asseoir ; jeta un coup d’œil à Neleam, endormie sur le lit. La nuit précédente lui parut soudain embrumée et festive, effrayante mais agréable. Jusqu’où s’était-elle rendue dans la discussion ? Artémis haussa les épaules, ramassa la pomme délaissée au centre de l’assiette et en découpa la partie oxydée. Le jus se joignit à sa salive, dans un mélange goûteux et réconfortant. Sa joie s’était tarie, son expression était maussade. On ne peut jamais que repousser les ennuis.

« Liodys, fais hisser la deuxième grande voile. Je veux arriver tôt. »

Traduction, elle ne souhaitait pas donner suite à son amitié avec la jeune femme qui, paradoxalement, dormait dans son lit. Ce qu’elle ignorait, c’est que celle-ci ne lui en donnerait pas l’occasion.

Que savait-elle d’elle cependant ? Mis à part les quelques anecdotes échangées la veille au soir ? Que lui prenait-il d’abandonner ses principes, sa méfiance tant chérie ? Peut-être cela ne lui suffisait plus, elle était déchirée entre deux mauvaises solutions. L’une impliquait de se consacrer à l’ascension du pouvoir, l’autre de croire en l’humanité et de vivre par procuration, à travers des amis, des connaissances.

Son réel problème, n’était pas de s’isoler du monde ou de l’intégrer. Il fallait qu’elle dissocie ses sentiments de ses faits. Si le pouvoir et l’argent étaient son but, elle ne pouvait trop répandre sa confiance, il lui faudrait se faire des alliés sans s’impliquer personnellement, il faudrait manipuler sans jamais être suspecte. Neleam avait servi d’essai, qu’importe qu’elle l’ait laissée pénétrer ses défenses. Elle n’était pas un danger. A l’avenir, elle saurait comment s’y prendre.
En cet instant, l’objet de ses pensées fit irruption sur le pont, le visage presque vert tant on y lisait son mal-être. La pirate se permit un sourire ; elle avait voulu quelque chose de fort, ceci était le prix de l’avarice.

En parlant de prix, était-ce des piécettes qui s’échappèrent de son décolleté ? Toute trace d’amusement s’effaça de son visage au profit d’une déception profonde. Si cet argent lui appartenait, pourquoi le dissimuler ? Ainsi avait-elle accordé sa confiance à une chapardeuse.
Les matelots alentours s’en étaient rendus compte, tous les regards se braquèrent peu à peu sur elle. Personne ne savait que faire, et Artémis laissa les secondes s’écouler sans intervenir. Elle se laissait bercer par l’atmosphère tendue, l’incompréhension des pirates et la peur irradiante de Neleam. Ce moment faisait partie de ces souvenirs qui sont à assimiler pleinement.

« Liodys, faut-il la jeter par-dessus bord ou bien la fouetter ?

- Prenez son or d’abord, mon capitaine ! »

Artémis répondit d’un sourire triomphant. De tout son cœur, elle espéra que la jeune femme sentait son coeur battre à toute allure contre sa poitrine, et que la terreur était telle qu’elle se sentirait redevable à vie de lui sauver la vie. Ainsi la pirate ordonna qu’on l’enferme dans sa cabine, avec un verre de vin pour ne pas la laisser mourir de soif (elle découvrirait le délicieux alcool qu’on servait aux sous-fifres), et que Fendus monte la garde devant sa porte. Il lui était possible de se jeter par la fenêtre, mais elle ajouta qu’elle ne doutait pas de son discernement pour ne pas agir de cette manière. Ses yeux se portèrent ailleurs, inexpressifs, signalant la fin de l’ordre à exécuter. A voix basse, son homme de main s’empressa de demander :

« Pourquoi tant de clémence, mon capitaine ?

- Elle pourrait nous être utile à l’avenir. »

Elle ne jugea pas utile de développer sa pensée, car l’idée n’était que naissante. Mais tout de même, elle avait une combattante hors pair, et visiblement une voleuse, à sa merci. Elle eut pu lui demander aussitôt de prendre part à ses ambitions, mais elle ne la croyait pas d’un tempérament à offrir sa loyauté sans rechigner. Le changement a besoin de notre temps, le temps requiert de notre patience.


* * *


« TERRE EN VUE! »

Artémis leva les yeux au ciel, marmonnant un « Merci, on a vu !» agacé. Liodys la regarda d’un air interrogateur, « Quoi ? », auquel elle se contenta de répondre par un hochement de tête négatif. Plus qu’une poignée d’heures à supporter cet équipage en mousse, et tous deux (voire tous trois) recouvriraient la liberté pleine et entière. Elle avait parlé à Fendus, au cours de l’après-midi, et celui-ci s’était montré favorable à sa requête. Avec l’argent du bateau, ils formeraient un nouvel équipage. Le risque était grand, mais elle n’en avait que faire. Le risque lui plaisait.

« Va me chercher un cheval, puis va t’enquérir auprès des commerçants, des navires, des riches gens, partout. Je veux vendre ce bateau au plus vite. Mais ramène le cheval d’abord, avec des vivres si possible. »

Liodys cligna des yeux. Une fois. Puis s’en alla. Artémis sourit. Son caractère contrastait tant avec le sien, que parfois elle se demandait comment ils pouvaient se comprendre si parfaitement. Peut-être inversait-il ses pensées, pour interpréter les siennes ? La pirate soupira, alors que la brise coulait sur ses bras, entre ses doigts, caressait ses cheveux et nettoyait son visage de toute trace d’émotion.
La nuit était noire, et les lumières de la ville trop brillantes. L’Homme semblait défier la nature et l’obscurité avec ses torches, prolongeant les activités de chacun jusqu’au milieu de la nuit. Le soleil s’était couché une heure plus tôt, pourtant le port était encore surveillé et organisé.


* * *


Plusieurs heures après, cependant, le silence était redevenu roi, et la ville avait enfin recouvré son calme naturel. Des lumières brillaient encore, mais seuls quelques courageux bravaient la nuit noire dans le port. Les matelots, après le déchargement tardif, s’étaient réunis dans des tavernes voisines afin de boire en leur gloire, et fêter leur nouveau salaire. Seul Liodys ne s’était joint à eux. Il lui avait dans un premier temps ramené l’étalon ; il lui avait ensuite demandé permission, et Artémis le lui avait accordé sans hésitation aucune. Il s’était alors enfoncé dans la pénombre, et la pirate le soupçonna d’avoir quelque amante à prévenir de ses dernières péripéties.

Artémis le regarda s’en aller jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’une ombre, et bien après ; elle aussi se devait de donner des nouvelles, maintenant qu’elle y repensait. Elle soupira, et rejoignit Fendus devant la cabine. Là, elle lui fit un signe de tête. Il s’éloigna à son tour. La pirate ouvrit la porte, indiqua à la jeune femme de se taire. Elle attrapa son bras ; ses mains étaient liées entre elles, lui empêchant toute protestation.

D’après sa généreuse poitrine, personne n’avait osé toucher à son butin. La capitaine s’en félicita ; elle n’avait eu besoin de formuler un contrordre afin que les pirates ne prennent pas d’initiative tendancieuse. Il faut croire que les coups de fouet restaient présents dans les mémoires. Elle guida sa prisonnière jusqu’au cheval, sur le quai. Elle sortit une dague de sous sa manche et défit la corde qui lui retenait les mains. Ses yeux noirs se distinguaient à peine dans l’obscurité.

« Fuis. Ne me demande pas pourquoi je t’aide, je l’ignore. Mais ne recroise pas mon chemin pour le moment, j’ai beaucoup de choses à entreprendre avant cela. »

Elle mentait effrontément, mais elle n’avait aucune envie de s’expliquer. Parler l’épuisait déjà constamment. Elle l’aida à monter sur le dos du cheval, le retenant par la bride. Elle caressa son encolure, sans réellement prendre conscience de son geste. L’émotion manquait sans doute dans sa voix, mais pas dans son cœur. Cette nuit-là était le début d’un grand périple. Elle sortit le paquet, enroulé du morceau de carte, et le mit dans la main de Neleam.

« Envoie ça à Eyrim Earring. Je ne sais pas comment fonctionne le système de messagers sur ce continent, je m’en remets à toi. »

Sa requête lui sembla ridicule, faible. Mais en vérité elle espérait ainsi mesurer le degré de dévouement de la jeune femme à s’acquitter de ses dettes. Elle la libérait sans rien en échange que cette faveur, qui lui était due par le jeu. Elle n’avait qu’un moyen de savoir si elle s’en était préoccupée, c’était Eyrim, mais aucun de garantir qu’elle lui rendrait service. Si ce n’était pas le cas, il vaudrait mieux, en effet, qu’elles ne se recroisent jamais.

« Fais-moi une dernière faveur. Ne joue plus à des jeux d’alcool et d’argent avec les pirates. (Elle asséna une tape sur l’arrière-train de l’étalon, qui hennit et commença à avancer, avalant la distance à une foulée si rapide qu’Artémis dut hurler ses dernières paroles.) JE TE TUERAI SI TU ME DÉÇOIS ! »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Revenir en haut Aller en bas
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2
Sauter vers: