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Jarod Fonciera ♦ Navigateur
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16.10.16 19:28
   
   
Jarod Fonciera

     

     

Votre Heros


     Nom : Fonciera
     Prénom : Jarod
     Surnom : Aucun (de connu, en tout cas :'))
     Sexe : Masculin
     Âge : Trente-deux ans
     Peuple et/ou métier : Navigateur - Enseignant à l'Académie des Dessinateurs d'Al-Jeit.
     Maître/Apprenti : /
     Objectif(s) : Transmettre son savoir à ses élèves en innovant constamment. Rendre dingue ses collègues et supérieurs. Découvrir le secret de la recette de poulet au curry de Soline.
     


     


     

Un peu de Vous


     Prénom/surnom : Ael
     Âge : 21 ans mais plus pour longtemps ._.
     Présentez-vous avec un mot ou une citation : HAKUNA MATATA
     Comment avez-vous connu le forum ? Dream aka Edwin aka Elyssa est entièrement responsable de ma venue ici ahaha. Je joue (de temps en temps) Ellana, aussi.
     Vos premières impressions : Si ce lieu est l'antre des cookies et du rhum, c'est forcément le paradis. 8D
     Avez-vous de l'expérience en RPG ? Ouiiii
     Votre connaissance de l'univers de Pierre Bottero : Je n'ai malheureusement pas lu toutes ses oeuvres, mais je connais bien l'univers d'Ewilan et d'Ellana. ♥
     Validé le : 18/10/2016
     

     

     

     

Capacités


     
Ce qui définit Jarod, c’est ce mot : Navigateur. Dix lettres bien souvent méconnues de la population d’Al-Jeit pour un Don qui l’est plus encore. Jarod possède ce Don, celui qui permet aux Maîtres Navigateurs de faire tourner les aubes de leurs bateaux, les autorisant ainsi à descendre puis remonter les fleuves alaviriens à leur guise – le Pollimage, en particulier. Le Don de Navigateur permet d’influer sur l’air de manière générale (et le vent, en particulier) ainsi que sur l’eau (sa mère ainsi que les autres Navigateurs manipulent les courants marins de cette façon, ce qui leur permet de contrôler la direction insufflée à leurs embarcations et de maintenir une vitesse, même sans vent et/ou à contre-courant). Utiliser ce don demande une concentration et un effort qui peut être conséquent – plus l’objet à déplacer sera lourd et imposant, plus la surface d’eau considéré sera importante, plus Jarod devra puiser dans ses ressources et plus le temps nécessaire à la mise en application de son pouvoir sera longue.

Jarod possède donc une Volonté élevée mais à contrario, ses cercles de Pouvoir et de Créativité s’en trouvent réduits. Ainsi, il ne peut réaliser que des dessins de qualité moyenne et peine fréquemment à accéder aux Spires. Il lui arrive aussi, lorsqu’il s’y trouve, de trouver des difficultés à faire basculer son Dessin dans la réalité.

En règle générale donc, Jarod se contente d’influer sur des éléments déjà existants plutôt de créer des Dessins pour utiliser ensuite son Don de Navigateur. Il est assez fier de posséder un tel Don et,  bien qu’il ne soit pas du genre à se la raconter, Jarod se plaît particulièrement à mettre ce talent à profit, surtout lorsqu’il s’agit de concocter des petites farces ou de taquiner ses élèves.

Autre chose : Jarod ne sait pas se battre. Oh, il lui est bien sûr arrivé de refaire un ou deux (ou dix) faciès lorsqu’il était plus jeune, mais il n’est pas un adepte de la violence de manière générale et envisagera toujours d’autres alternatives avant celle d’user de ses poings.
     

     

Description Mentale


     
« Oui, bon, ça fait quoi ? Plus de dix ans qu’on se connait ? J’ai jamais vu un gars aussi bizarre que Jarod. Je veux dire, bizarre ET complexe. Habituellement c’est plutôt les femmes qui ont plusieurs facettes et une facilité à être bipolaire donc sur le coup, c’est vrai que je me suis posée des questions sur sa masculinité… Mais il m’a affirmé qu’il n’y a aucun souci à se faire à ce sujet et croyez-bien que je me suis contentée de le croire sur parole. Je suis sa meilleure amie, pas la peine d’aller imaginer autre chose. Bref, Jarod, comment le résumer… Il est naturellement taquin et joueur. Toujours à l’affût d’une blague à sortir ou d’une bêtise à faire chose qui, même si en apparence c’est le cas, ne se calme toujours pas avec le temps. Il aime l’ironie et la manie sur les autres, certes, mais aussi et avant tout sur lui-même. Jarod sait rire de tout et contrairement aux gens sains d’esprit, il le fait avec n’importe qui. Il n’est pas du genre à s’inquiéter des futilités et lorsqu’un problème se présente, il ne se demande pas s’il va réussir à le solutionner ou non – Jarod n’échoue ni ne gagne, il apprend. Constamment. Certains le trouvent trop enfantin, tous n’apprécient pas son humour, mais il faut reconnaître que sa curiosité est un point qui ravit la majorité des personnes qu’il rencontre. Cet intérêt, Jarod le retrouve aussi auprès de ses élèves ; il porte une affection particulière à chacun d’eux et il lui arrive même parfois de s’impliquer trop personnellement auprès des étudiants. Leur bien-être et le savoir qu’ils emmagasinent durant ses cours sont deux éléments primordiaux dans sa pédagogie d’enseignant.

Et puis, Jarod est passionné. Trop peut-être, si bien qu’il a tendance à s’emballer sur certains sujets – ne le lancez jamais sur le Don de Navigateur si vous êtes pressé, vous en avez pour des heures ! – il adore insuffler de la vie à ce qu’il fait et pour ça, il ne manque pas de ressources. Mais même s’il aime parler, Jarod apprécie encore plus d’écouter les histoires des autres. Bonne oreille, attentif à vos mots sans vraiment l’être, cet homme aime surtout découvrir les non-dits ; mais s’il repère les sourires, battements de cils et mouvements de lèvres étrangers à la conversation, son analyse se révèle bien souvent erronée. Malgré tous ses efforts – et en dehors de moi – Jarod a toujours eu du mal à anticiper les pensées et comportements humains, chose qui se vérifie au quotidien d’ailleurs. Il ne possède qu’une poignée de personnes qui lui sont réellement proches, et je le soupçonne de chercher à tenir éloigné tous ceux et celles qui tentent de s’imposer dans sa vie d’une quelconque manière. Non, ne me regardez pas comme ça. Avec moi, il n’a pas eu le choix. (rit puis reprend, plus sérieuse) Je dirai qu’il a peur de quelque chose, mais je ne sais pas quoi. J’ai souvent vu cet air triste sur son visage, lorsqu’il croit que personne ne le voit. La mélancolie gomme toute trace de son éternelle bonne humeur et le révèle plus sombre qu’il n’y parait. C’est aussi pour ça que je crois que Jarod possède plusieurs facettes… C’est juste que la majorité d’entre elles nous sont inconnues. Et croyez-moi, j’ai beau être une enquêtrice hors pair, je ne suis jusqu’à présent jamais parvenue à le révéler. Ni moi ni personne d’ailleurs. Je ne l’ai jamais vu éperdument amoureux, maintenant que j’y pense. Charmeur oui, quitte à se prendre de sacrés râteaux, mais amoureux, non. Pareil, Jarod ne s’énerve jamais ou du moins, il ne se met jamais dans une colère noire. Il est même un peu trop cool à mon goût, parfois…  Là où je taperai sans me poser de question, lui cherche la subtilité. Au début, je pensais même qu'il se défilait, c’est pour dire !

Je pourrai continuer pendant des heures, vous savez. Gourmand, rêveur, parfois fainéant et bien souvent fatigant… Mais je crois que le plus simple, ce serait que vous le rencontriez par vous-même parce qu’honnêtement, Jarod est impossible à résumer. Parole de Soline ! »
     

     

Description Physique


     
Jarod n’a rien du physique gracile des Marchombres ni de celui tout en muscles des Thüls. Certains diraient même qu’il n’a rien de particulier. C’est vrai que lorsqu’on regarde sa taille moyenne ou les vêtements qu’il porte, l’enseignant arriverait facilement à se fondre dans la masse – à n’être personne. Et pourtant, il y a quelque chose qui inexorablement attire chez cet homme ; peut-être est-ce les fossettes qui se dessinent sous sa barbe naissante lorsqu’il sourit, ou l’éclat de malice qui brille constamment dans ses prunelles ambrées lorsque vous le regardez… Ou alors, plus simplement, ce sont ses cheveux qui vous laissent médusés.

Jarod est un désastre capillaire à lui tout seul. En trente-deux ans, il n’a pas une seule fois réussi à dompter cette tignasse blonde qu’il porte mi-longue, la majorité du temps. Lâches ou attachés, ses cheveux lui donnent généralement un air un peu fou qui se confirme une fois qu’il ouvre la bouche. Sa barbe est taillée quand il y pense et, même si ses tenues n’ont rien de débraillé ou d’excessivement coloré, il n’a de prime abord rien d’un enseignant de l’Académie.

S’il n’accorde pas grande importance à son physique, Jarod reste un homme qui n’est pas désagréable à regarder. Outre sa musculature, il possède quelques cicatrices de çà et là, dont une sur son avant-bras droit, souvenir d’une cascade de jeunesse. Sur son flanc gauche, au niveau de ses côtes, est gravée à même sa peau la représentation d’un cervidé qu’aucun même Soline n’a encore aperçu, et dont la signification est pour l’heure un mystère.

Il porte autour du cou une chaîne grise, au bout de laquelle est suspendu un pendentif en forme de goutte d’eau. Une bague en argent aux initiales « LF » vient régulièrement orner son annulaire droit et, lorsqu’elle n’y est pas, elle est dans l’une de ses poches. Quelque part mais jamais loin. Il se sépare rarement de sa sacoche au cuir fatigué, qu’il refuse obstinément de changer malgré les (nombreux) essais de sa grand-mère ainsi que de Soline.
     

     

Histoire


     

Au cœur de la brume

Auberge du Cheval Caracolant, Al-Jeit – trente-deux ans.

Un naufragé, voilà ce qu’il est. Un naufragé perdu dans le tumulte des vagues de la vie, aux pensées bordées d’écume qui le confondent. Il ne parvient pas à aligner deux idées cohérentes aujourd’hui. Peut-être est-ce ce nouveau thé que Granma lui a donné. Ou alors cette latte manquante dans son matelas qui l’empêche de dormir correctement. Et si c’était dû au stress de l’après-midi à venir ? Impossible… Il n’est pas d’un naturel stressé – stressant, peut-être, du moins c’est impression que certains de ses supérieurs donnent, lorsqu’il songe à leur mine grisâtre et à l’œil fou qu’ils arborent en le voyant déambuler dans les couloirs. C’est même plus que du stress, à ce stade. C’est de la peur. Peur de la prochaine tactique. De la prochaine manœuvre.
Peur de sa prochaine folie.

De l’ambre de son regard, il caresse une nouvelle fois le verre de la vitre à côté de lui. L’épaisseur du carreau le contraint à imaginer ce qu’il se dissimule à l’extérieur – et il imagine, rêveur, les mères discuter sur le pas de leurs portes, l’homme pressé se glisser entre les silhouettes, les enfants rieurs jouer à s’attraper… Un sourire étire la commissure de ses lèvres tandis que ses yeux quittent le bord de la fenêtre, s’attardent un moment sur la salle qui l’entoure avant de revenir se poser sur son assiette encore pleine. Une bouchée, deux phrases de conversations qui volent jusqu’à son oreilles, un « Bonjour ! » lancé à la volée et brusquement cette voix, tendre, affectueuse… Dérangeante, au beau milieu d’un déjeuner.

« T’as tellement rêvassé que tu vas être en retard, espèce de mauvais bougre. »

La fourchette suspend son vol à quelques centimètres de ses lèvres. Amusé, il tourne la tête vers la jeune femme occupée à mettre le couvert sur une table qu’elle a fraîchement nettoyée. Elle s’immobilise et plante ses poings sur ses hanches généreuses, des boucles rousses dissimulant – mal – cet air agacé qu’elle tente de rendre crédible. Peine perdue, elle le sait bien. Elle ne peut jamais faire semblant avec cet homme.

« Premier jour de classe et tu commences déjà à faire des tiennes ! »

Il rit, lui. Un rire fort, contagieux, qui attise immédiatement le sourire de Soline. Il est si vrai, son rire. Presque aussi communicatif que ne l’est cette pointe de malice qui luit dans ses yeux. Il renverse la tête en arrière dans une tempête de cheveux blonds, avant de planter sa fourchette directement dans le poulet au curry, sans ménagement. Le coude posé sur le dossier de sa chaise, il observe quelques secondes la jeune femme en silence avant de faire mine de vérifier l’état de ses ongles.

« De toute façon, ils ne peuvent pas commencer sans moi. »

Elle lève les yeux au ciel. Il n’en perd pas une, celui-là.

« Tu te crois à ce point important ? Par la Dame, tes chevilles doivent être sur le point d’exploser en ce moment ! C’est en roulant que tu iras jusque là-bas, si ça continue ! »

Il pouffe de rire, gobe un morceau de viande avant de faire tournoyer son couvert en l’air.

« Je pourrais même y aller en volant ! »

Cette fois, c’est avec un dessous de table que Soline vient fouetter le sommet de son crâne. Un « Aïe ! » exagéré résonne au milieu des conversations avant que, sous la menace d’un nouveau coup à venir, il ne finisse par se lever et enfiler son long manteau. Théâtral, comme toujours, ce qui ne manque pas de ravir l’aubergiste.

« Tu ne comprends rien Sol », commence-t-il en enfilant son écharpe n’importe comment. L’expression est sérieuse, tout d’un coup, si bien qu’elle se demande s’il est sur le point de sortir quelque chose de crédible. « C’est leur première leçon : apprendre à patienter le temps que le professeur finisse de déguster son poulet. » Il évite de justesse le set de table insidieux. « Un peu long comme énoncé, je te l’accorde. »

Il rit encore, se penche pour ramasser sa sacoche – multitude de papiers dépassent de là, à croire que le rangement n’est pas de son ressort, au même titre que la ponctualité – et plante un baiser bien sonore sur les joues de son amie.

« A ce soir, ma douce ! Et fais-moi plaisir, range cette arme de torture loin de moi… Tu sais parfaitement qu’aucune claque ne sera suffisante pour remettre mes neurones en place. »

Il lui offre un clin d’œil, auquel elle répond d’un mouvement négatif de la tête.

« Il faudrait déjà que neurones il y ait. »

Un air offusqué déforme les traits de l’homme, rapidement remplacé par un sourire éclatant. L’instant suivant, il court à l’air libre en direction de l’Académie, laissant derrière lui l’enseigne brinquebalante du Cheval Caracolant et les clients que cette dernière comporte. Insensible à la foule comme aux beautés d’Al-Jeit qui l’entourent. Il aura le temps de les contempler dès ce soir… Pour l’heure, il est en retard.

Laissée seule avec le poulet, la jeune femme jette un œil à la table qu’il vient juste de quitter. Un « o » de surprise sur les lèvres lorsqu’elle saisit le trousseau de clés qui s’y trouve encore, elle ne peut retenir le soupir qui lui monte au creux de la gorge avant de lâcher, fataliste :

« Jarod, Jarod… Mais que vais-je faire de toi. »


Cris de mouettes, signe de tempête

Maison de Granma & Granpa, Al-Jeit – six ans.

« Jarod… Mais que va-t-on va faire de toi ? »

Penaud, l’enfant tortille ses petites mains en dévisageant ses pieds. Il n’ose pas lever les yeux vers sa grand-mère, pas avec la colère qu’il a pu lire sur son visage. Granma est fâchée et pourtant, il n’a rien fait. Du moins, presque rien.

« Mais c’est Leito, il… »
« Ça suffit ! »

Cette fois, elle est en rogne.

« J’en ai assez que tu accuses systématiquement ton frère pour les bêtises que tu as faites. Il faut assumer Jarod, je te l’ai pourtant déjà dit ! »

Une fois seulement. Bon d’accord, peut-être cent.

« Alors maintenant, tu vas me faire le plaisir d’aller te laver les mains et de passer à table pendant que je nettoie les dégâts. C’est compris ? »

Il acquiesce vivement de la tête.

« Dépêche-toi. Et ne vous avisez pas de vous chercher des poux, ton frère et toi. »

L’enfant déguerpit sans demander son reste. Soupirante, Granma jette un regard désespéré au vase en morceaux qui gît à ses pieds et se passe une main lasse sur le visage. Pas tous les jours évidents de gérer l’éducation de deux enfants de six ans… Surtout quand ces derniers sont deux garnements qui ne perdent pas une occasion de faire des âneries. Ils ont hérité de leur mère, pour ça. Fière Navigatrice et capitaine d’un charmant deux-mâts prénommé l’Albatros, Eliane n’a rien d’une femme facile. Mais son caractère bien trempé disparaît bien vite lorsqu’elle est en compagnie de ses fils. Et eux, de leur côté, ne sont jamais aussi sages que lorsqu’elle est dans les parages, alors… Un sourire tendre illumine le visage de la vieille femme à cette pensée. Elle n’aurait jamais cru que cette histoire fonctionnerait. Et par « cette », elle parle bien entendu de la relation qui lie Eliane à son fils, Damian. Ils sont tellement différents, tous les deux. Elle est vive, impulsive et sarcastique. Il est doux, calme et bien souvent perdu dans ses rêves d’un avenir plus grand. Elle est Navigatrice, il est Dessinateur. Elle est Capitaine, il est Cartographe. Qui aurait pu prévoir leur rencontre ? Et surtout, qui aurait pu croire qu’une histoire d’un soir deviendrait l’histoire d’une vie ?

Elle n’y avait pas cru, elle. Lorsque Damian est revenu un soir, sourire au creux des lèvres et tambourinements en pleine poitrine pour leur annoncer que d’une part, il allait se marier et que d’autre part, il serait bientôt père, elle a cru que son cœur allait lui faire faux bond. Elle a argumenté, tenté de lui expliquer qu’il serait sûrement mieux avec quelqu’un ayant une situation plus stable… Elle a crié, ravivé la dispute pendant des heures et puis, les doutes ont finalement disparu le jour où elle a vu le regard que Damian pose sur elle ; le même que celui qu’elle porte depuis quarante-trois ans sur son mari… Alors, elle a appris à connaître Eliane. A apprécier ses qualités et supporter ses défauts. Elle a meublé les absences de ces parents aux emplois contraignants, s’est efforcée de toujours apporter aux enfants l’amour et l’éducation qu’il leur fallait. Elle avait fait de son mieux. Elle continue de faire de son mieux, depuis six ans.

Les derniers morceaux du désastre disparaissent dans la poubelle. Granpa ne devrait pas tarder à rentrer, lui non plus.

« Les enfants ! A table ! »

Ribambelle de pas pressés dans l’escalier jusqu’à ce que deux petits hommes blonds débarquent dans la cuisine et s’installent sur leurs tabourets respectifs. Suspicieuse, la vieille dame les observe un à un. Ce sont deux paires d’yeux ambrés qui la fixent de leur innocence. Deux visages aux mêmes traits, au même mordillement de lèvres nerveux, si semblables et pourtant… Et pourtant, tellement différents. Elle aurait pu remarquer chaque singularité, mais se contente de demander :

« Vous vous êtes lavés les mains ? »

Hochement de tête unanime pour seule réponse.

« Granma ? »
« Oui Jarod ? »
« Pardon pour le vase. Je ne recommencerai plus. »

Un sourire étire les lèvres de la grand-mère tandis qu’elle s’approche de l’enfant, avant de claquer un baiser dans ses bouclettes.

« J’en suis sûre, mon ange. Elle se redresse, caressant d’un doigt la joue de Leito. Qui veut du siffleur ? »
« MOI ! »

Au moins à ce sujet, ils sont unanimes.

*

Al-Jeit et ses merveilles – 10 ans.

« Papa ? »
« Hm ? »
« C’est quoi la tour de jade, là-bas ? »

Le garçon pointe du doigt l’imposant édifice qui s’élève au loin. En le voyant se pencher au-dessus de la balustrade du pont sur lequel ils se sont arrêtés, Damian s’empresse de saisir Jarod par le collet.  Leito, quant à lui, garde les yeux rivés sur la tour qu’il n’arrive plus à quitter. Du haut de ses dix ans, il imagine pour elle toutes sortes d’utilités : lieu de réunion des Haut Placés, hôtel de luxe ou même résidence secondaire de l’Empereur… Tout est possible, jusqu’à ce que son père sorte finalement :

« C’est une bibliothèque. »

Un soupir de déception s’échappe de ses lèvres. Il aurait attendu autre chose, quelque chose de plus grand, de plus, de plus… Impressionnant. C’est le mot. Songeur, Leito balaie une fois encore le paysage citadin qui s’étend devant eux. Al-Jeit est magnificence, encore et toujours, une beauté sublimée par le coucher du soleil qu’ils attendaient jusque-là. Et rien, ni les dizaines de passants défilants derrière lui, ni les trépignements impatients de son jumeau, ne pourront gâcher ce moment.

Enfin, c’est que qu’il croyait. Il a régulièrement tendance à sous-estimer les talents de son frère à ce sujet.  

« Regarde Papa ! Regarde là, mais non, lààà ! C’est quoi ce truc ? C’est énorme ! »

Leito lâche à regret l’horizon pour découvrir ce qui vaut l’exclamation de Jarod et son cœur rate un battement. Comment décrire une architecture alliant à la fois grandeur et élégance, entremêlements complexes rejoignant des bâtiments aux lignes plus épurées encore ? Bouche bée, l’enfant s’abreuve sans retenue de l’image que ses yeux lui offrent, à tel point qu’il manque presque la réponse de l’adulte à côté de lui.

« Ah, ça. C’est l’Académie des Dessinateurs. La plus grande du pays ! C’est là que j’ai fait mes études. De bons souvenirs… »

Damian s’appuie de nouveau sur la balustrade, rêveur pour quelques instants, perdu dans les miroitements d’un passé qu’il a pourtant adoré de bout en bout.

« Tu nous as jamais raconté à nous… »
« C’est vrai ça, on ne sait toujours pas quel genre d’élève t’étais ! »

Une moue boudeuse étire les traits des jumeaux, ce qui arrache un rire à leur père. Il quitte sa contemplation de l’Académie pour se concentrer sur celle, bien plus actuelle, de ses deux enfants. Malicieux, le cartographe remonte la lanière de son sac sur son épaule et, alors qu’il commence à s’éloigner, lance par-dessus son épaule.  

« J’étais un étudiant irréprochable ! »

Dans son dos, un échange de regard suspicieux s’opère. Il le devine, Damian, et cette idée ravive encore un peu plus son sourire.

« Mais si vous voulez en savoir plus, ajoute-t-il. Il faudra attendre le chocolat chaud de Granma. »

L’effet est instantané. Une lueur de convoitise au fond des yeux, les enfants s’élancent à sa suite.

*


Lac d’Al-Chen – 15 ans.

Quelques arbres aux feuilles verdoyantes. La caresse du soleil sur les pétales d’une jolie fleur. Le bruissement du vent et le murmure des oiseaux. Le clapotis de l’eau qu’aucune vague n’agite, pourtant.

Le lac est calme, aujourd’hui. Immuable étendue d’eau que creusent le temps et les hommes, sur laquelle le soleil n’épuise jamais son reflet. La Nature est ainsi là, docile et apaisée, seulement troublée de temps à autre par le saut d’un poisson bondissant ou le vol bas d’un oiseau.

Seulement ? Pensez-vous.

« A l’eeeeeeeeeeeeeeeeeeeauuuuuuuuuuu ! »

Dans un fracas assourdissant, Jarod pénètre dans le lac. Il laisse à son corps deux ou trois brasses coulées pour s’habituer à la température de l’eau avant d’en ressortir la tête, ébouriffant au passage ses cheveux d’un mouvement vif. Il se tourne ensuite vers son frère, resté sur la berge.

« Leito ! Viens, elle est super bonne ! Fais pas ta chochotte ! »

Mais l’adolescent ne l’écoute pas, le nez plongé dans l’un de ces livres sur le Dessin qu’il lui faut encore dévorer. En grommelant, Jarod nage jusqu’au rivage. Il est passionné, lui aussi, mais contrairement à Leito, il n’oublie pas de se déconnecter de temps à autre et de profiter de leur jeunesse. Ils n’ont que quinze ans, après tout. Plus tout à fait enfant, encore loin d’être un homme. Que demande-t-on à un garçon de quinze ans ? Sûrement pas d’être incollable sur une création d’un dessinateur digne du troisième cycle, en tout cas.

En silence, Jarod s’extirpe de l’eau et s’approche de son jumeau, tellement concentré sur son chapitre qu’il ne l’entend ni le voit avant que l’adolescent ne se trouve devant lui. Jarod fronce les sourcils ; peut-être que s’il se concentre, lui aussi… Une intense bourrasque vient  tourner les pages du livre, tirant un cri surpris à Leito.

« Arrête ça Jarod. »

Un sourire taquin illumine le visage du garçon. Ah, il veut la jouer ainsi ? Très bien. Jarod tend la main devant lui et ferme les yeux. Il y a longtemps qu’il travaille ce type de manipulation alors, un tel exercice ne devrait en théorie pas poser de problème, si ? D’autant plus qu’il agit pour une bonne cause. Enfin, sa bonne cause.

Les gouttelettes glissent le long de son cou, caressent ses clavicules, d’autres suivent la cambrure de son dos pour que toutes, finalement, se joignent en un filet d’eau qui se faufile jusqu’à ses doigts. D’un geste sec, le jeune homme trempe son jumeau, tout en ne pouvant s’empêcher de se moquer de son cri de souris effrayé.

« Tu vas me le payer, espèce de vieille goule ! »

Leito balance le livre et se précipite sur son frère pour le faire tomber dans l’herbe. Ils roulent, crient, roulent encore puis rient avant que Jarod, pris par leur élan, ne les jette tous les deux à l’eau. Il s’empresse de s’éloigner avant que son frère n’ait pu se remettre de ses émotions. Il sait ce qu’il risque, après tout.

« Maintenant que t’as vu qu’elle était bonne, tu viens ? »

Sur un dernier sourire, Leito disparait dans les eaux sombres du lac.



Quelques arbres aux feuilles sombres. Des milliers d’étincelles dans le ciel. Le hululement d’une chouette, au loin. La Voie lactée, à l’infini.

Allongées dans l’herbe, deux silhouettes admirent à sa juste valeur la beauté du spectacle qui leur est offert.

« Jarod ? »

Il cligne des yeux, puis tourne la tête vers l’expression inquiète de son frère.

« Tu crois qu’on va y arriver ? »

De nouveau, ses pupilles caressent le ciel étoilé. Il prend une profonde inspiration, laisse un sourire s’épandre sur ses lèvres.

« Evidemment. Enfin moi c’est sûr, toi j’sais pas. »

Il grimace en sentant le coup de coude que Leito lui assène dans les côtes.

« D’ici un an on aura nos fesses sur les bancs de l’Académie. J’ferai tourner les profs en bourrique, tu seras le meilleur élève de la classe. »
« Y a des choses qui changeront jamais. »

Son sourire s’accentue, pour finalement disparaître lorsque Leito poursuit.

« A un détail près. »

Curieux, Jarod se soulève sur un coude pour avoir une vue plus détaillée de son frère.

« Je serai le meilleur élève. Tout court. »

Ses sourcils s’arquent de surprise au moment où Leito éclate de rire. Ce n’est pas dans ses habitudes d’être aussi affirmatif et, bien qu’il ne soit pas sérieux, Jarod sent bien un défi personnel là-dessous. Il se gratte le menton en dévisageant son frère d’un air narquois. Il ne va pas laisser passer ça, quand même. Pas son genre.

« Par la Dame… J’crois que je commence à te déteindre dessus. »

L’expression d’horreur de Leito l’amuse beaucoup.  

« Si on leur ramène deux Jarod à la maison, Granma serait capable de nous renier ! »

Il acquiesce dans un sourire.

« Je survivrai pas sans ses sablés. »
« Et moi ses madeleines. »

Ils échangent un coup d’œil complice avant d’éclater de rire. Des dizaines de perles cristallisées qui s’envolent en même temps que leurs craintes de l’avenir.

La nuit est si belle, ce soir.


     
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16.10.16 19:29

   

   
Jarod Fonciera

Histoire


     

Un navire immobile sur les océans du vide…

Maison de Granma & Granpa – seize ans et quelques jours.

« Lâchez-moi ! Je veux le voir, vous m’entendez ?! Laissez-moi passer ! »

Deux paires de bras l’emprisonnent pour le retenir. Il se débat, Jarod. Sent les larmes lui monter aux yeux. La douleur lui enserre la gorge, fait trembler ses mains et lui brûle la poitrine. Il respire mal – de petites inspirations saccadées, rendues difficiles par la peur qui l’étouffe. Parce que oui, pour la première fois de son existence, Jarod est terrorisé. Il craint l’inconnu, l’avenir. La Mort.
Jarod craint sa Mort.

A ses côtés, Damian et Granpa tentent désespérément de le canaliser. Le cartographe au visage livide a les yeux bouffis par la fatigue et la tristesse. Il aimerait parler à son fils. Le rassurer, apaiser la souffrance que cette blessure naissante commence tout juste à lui infliger. Mais les mots ne lui montent même pas à la gorge et sa langue, elle, reste farouchement liée. Granpa jette un regard inquiet en direction de son fils – il se demande, lui, qui craquera le premier.

Jarod s’immobilise lorsque la porte de la chambre s’ouvre. Le rêveur en sort, croise le regard de l’adolescent qu’il ne peut supporter ; l’échec est un fardeau. Puissant, pesant. Destructeur, dans le cas présent. Avant que Jarod n’ait eu le temps de réaliser, Granma sort à son tour de la pièce et attrape ses mains.

« Il veut te voir », murmure-t-elle. « Jarod, s’il te plait… Il est fragile. »

Ou comment lui demander de ne pas faire d’esclandres. Les dents serrées, le jeune homme se dégage de son étau et pénètre à son tour dans la pièce.

La lumière qui pénètre par la fenêtre est douce. De ses rayons, elle réchauffe les murs, caresse la commode et  illumine le miroir, pour finalement venir s’échouer sur le sommier de bois sombre. Il fait chaud, ici. Il fait bon. Pourquoi dans ce cas tremble-t-il comme une feuille ? A peine rentré, Jarod s’est immobilisé sur le seuil. Il ne parvient pas à détacher ses prunelles du lit et, plus particulièrement, de l’homme qui y est allongé. Que reste-t-il de lui ? Ses yeux vides le jaugent sans réellement le voir. Il est terne, amaigri. Il est faible. Que lui a-t-on fait ? La terreur se mue soudainement en une colère sourde ; il aurait voulu frapper les murs et hurler. Extérioriser la rage qui le consume. Obtenir des réponses à ces questions qu’il se pose depuis des semaines. Le souffle court, Jarod finit par détourner la tête. Il ne peut supporter l’insoutenable.
Faible, à son tour.

« Viens. S’il te plait. »

Il tressaille. Il aurait voulu fuir, ouvrir cette porte et déguerpir. Courir à toutes jambes. Mais pour aller où ? Son avenir n’a jamais été aussi incertain qu’aujourd’hui. Poings serrés, il finit par esquisser quelques pas lourds en direction du lit et s’installe sur les couvertures, prenant garde de ne pas le toucher au passage. Lorsqu’il s’empare en douceur de sa main, Leito ne peut retenir un soupir de soulagement.

Le silence s’épaissit encore quelques minutes. Jarod les yeux rivés sur le mur nacré devant lui, Leito le regard perdu sur le corps de son jumeau. Cherchant ses mots, encore et encore. Il ne s’agit pas de repousser l’inévitable, et encore moins de lui mentir même si, au fond, Leito est persuadé que Jarod a déjà saisi depuis plus longtemps que les autres quelle serait l’issue de cette bataille.

« Pas de blague vaseuse ? Ni de comparaison foireuse ? Un sourire étire ses lèvres sèches. Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de mon frère ? »
« Je pourrais te retourner la question. »

Le ton est plus acerbe qu’il ne l’aurait souhaité. Il n’a pas envie de le blesser ou en tout cas, pas plus qu’il ne l’est déjà… Mais il ne peut s’empêcher de penser que si son frère a voulu le voir, c’est que la fin est là, toute proche. Si proche qu’il a déjà l’impression que sa respiration se fait plus chaotique et que ses poumons cesseront de s’ouvrir d’une minute à l’autre. Il aurait tant de questions à lui poser, tant de reproches à lui faire. Pourquoi ne lui a-t-il rien dit ? Pourquoi avait-il fait semblant pendant si longtemps, ignoré les symptômes d’une maladie qui à présent le ronge complètement ? Au fond, Jarod se sent coupable. Il n’a pas su distinguer les signes ou voir approcher la menace. Il ne l’a pas protégé, lui qui est pourtant le plus âgé des deux.

« Arrête… »

Par un incroyable effort de volonté, Leito parvient à agripper le menton de son frère de sa main libre. Il n’aime pas la douleur qui brille sous ses paupières ni les larmes qu’elles abritent.

« Tu te souviens de ce qu’on s’est dit ? Il y a un an, au lac ? »

Jarod reste silencieux. Trop de douleur, trop d’amertume. Trop de souvenirs qui, au lieu de lui apporter bonheur et plénitude, pulsent aujourd’hui douloureusement au creux de ses veines.

Le sourire de Leito s’élargit, confiant.

« On s’est jurés qu’on ferait nos études à l’Académie. Qu’on irait jusqu’au bout. »
« Leito… »

De son index, Leito barre la bouche de son jumeau.

« Je veux que tu réalises ce rêve. »
« Je ne peux pas. Pas si t’es pas là, ça n’a aucun sens. »

Il secoue la tête. Il n’est prêt à entendre aucune excuse. Pas aujourd’hui.

« Promets le moi. Promets-moi que t’iras là-bas, que tu te battras pour qu’ils vous acceptent, toi, ta discrétion de brûleur et notre Don si particulier. »


Les larmes roulent finalement le long des joues de Jarod, tandis que ses doigts serrent plus forts ceux de son frère.

« C’est promis. »


Murmure. Un hoquet de douleur le surprend alors, déclenchant des pleurs qu’il ne cherche plus à retenir. Lentement, il vient poser sa tête sur le ventre de Leito, lequel caresse maladroitement les bouclettes de son jumeau en lui chuchotant des paroles apaisantes.

Une boule de souffrance au fond de la gorge et les yeux aussi secs que ne le sont ses lèvres.
Les larmes viendront aussi, pour lui.



Il fait nuit noire, aujourd’hui. La lune est aux abonnées absentes, comme si elle refusait d’être témoin de ce qu’il s’apprête à arriver. Juché sur le toit, à deux mètres de son velux, Jarod admire sans vraiment le voir le ciel aux nuages menaçants. Les bras enroulés autour des genoux qu’il a remontés contre sa poitrine, il attend.

Les larmes ont finalement cessé de couler, comme s’il n’avait plus suffisamment d’eau dans ses canaux lacrymaux pour noyer sa tristesse. Il est éteint. Lui habituellement si vif est morne, vidé de son énergie comme de ses envies.
Une brusque brûlure dans la poitrine. L’impression que son cœur va bondir hors de sa cage thoracique. Deux poumons qui ne parviennent plus à s’ouvrir, un hurlement qui ne dépassera jamais le seuil de ses lèvres. Une dernière larme, unique.

Leito n’est plus.
Et avec lui, c’est une part de Jarod qui s’envole.

Il n’entendra ni les pleurs de ses parents ni les cris de désespoir de sa grand-mère, cette nuit-là. Alors qu’il tente désespérément de faire taire les hurlements de son cœur, une première goutte tombe sur ses cheveux blonds. Puis une autre, avant qu’un éclair ne déchire le ciel d’Al-Jeit.

L’orage n’est pas loin… Peut-être même est-il déjà là.


A contre-courant

Premier cycle – seize à dix-neuf ans.

« Bon sang Jarod, qu’est-ce que tu fabriques ? »
« Shhht. Tu vas me griller, espèce d’imbécile ! »

Où en était-il… Ah oui. Concentré, il se doit d’être concentré. Il ne peut doit pas perdre de vue sa cible.

« Et donc, si vous vous intéressez aux contours de ce vase, vous verrez… »

Encore un petit effort, il y est presque…

« … qu’il est parfaitement hermétique, chose rendue possible grâce au travail fait sur le Dessin. De plus… »

Une gerbe d’eau s’extirpe à cet instant du vase pour venir percuter le visage du professeur, ce qui déclenche un fou rire général dans l’amphithéâtre. Jarod est obligé de se tenir à la table pour ne pas tomber sous le coup de son hilarité. Mr Hearder ne rit pas, lui. La surprise est passée, et il fixe à présent le fond de la salle d’un air furieux. Il sait parfaitement qui est l’auteur de cette petite plaisanterie. L’un des rares ici à pouvoir user de son Don avec autant de précision alors qu’il n’est qu’en première année à l’Académie. Le genre d’élèves curieux, doué dans son domaine mais aussi incroyablement insupportable.

« Monsieur Fonciera, vous viendrez me voir à la fin du cours. »

Jarod acquiesce simplement, incapable de prononcer le moindre mot. Personne ici n’est dupe sur ses agissements et pourtant, il n’est pas inquiet. Hearder l’aime bien, au fond. Et il n’a aucune preuve pour le faire plonger, puisque le Don qu’il utilise ne laisse pas à son cher professeur la possibilité de sentir quoi que ce soit dans les Spires, à condition qu’il se concentre suffisamment. Il est encore trop jeune pour avoir le talent et la maîtrise de sa mère à ce sujet.

Épuisé, il se cale contre le dossier de son siège, n’écoutant que d’une oreille distraite les propos de son voisin de table. Il est ici depuis sept mois. Sept mois durant lesquels il a participé aux cours avec plus ou moins de réussite. Sept mois où il a énormément appris, sans pour autant totalement mûrir. Au grand désespoir de ses professeurs et de sa famille, d’ailleurs, et surtout de son père, qui en jouant de ses contacts pour lui permettre de décrocher un entretien de sélection pensait apparemment le voir changer du tout au tout. Sur ce point, l’échec est cuisant. A côté de ça, Jarod n’a toujours pas créé de liens sincères ici. Il s’entend relativement bien avec tout le monde, c’est vrai. Il les amuse avec ses blagues, joue les trouble-fêtes régulièrement, taquine un peu trop fort parfois. Il y a les connaissances, les relations. Il n’y a aucun ami, mais il ne les cherche pas.

Le seul ami qu’il a veille sur lui, désormais.

*

« Allez viens ! On sera rentrés avant minuit, c’est promis ! »

Jarod hausse un sourcil circonspect en direction des trois lascars qui essaient de l’entraîner dans leur balade nocturne. Certes, il n’a rien de prévu ce soir. Certes, une petite promenade ne fait jamais de mal. Le hic, c’est que primo, il y a examen demain matin. Secundo, avec les dernières petites boutades qu’il avait concoctées, la moindre déviation risquerait de donner suffisamment à l’administration pour le renvoyer quelques jours. Et ça, ce n’est juste pas envisageable.

« Nope, désolé les gars, mais je passe pour cette fois. Amusez-vous bien ! »

Lui-même n’est pas très convaincu, alors quant à être convaincant…

« Roh allez, fais pas ta poule mouillée ! »
« Y aura de la bière. »
« Et Noelia. »

Noelia. La plus belle fille de la classe et accessoirement, celle pour qui le cœur de Jarod a tendance à balancer depuis la rentrée.

« Ça va, ça va. Poussez-vous. »

Il joue des coudes et passe par la fenêtre, bientôt rejoint par les autres. Bras dessus, bras dessous, ils filent en direction du centre-ville.



« Fieeer comme un Prince des meeeers… »

C’est faux. C’est criant. C’est tout, sauf sobre. L’Empire tourne, ce soir. Ses appuis vacillent et il tangue dangereusement, va dire bonsoir aux murs de temps à autre lorsqu’il aligne trois pas correct, pour finalement se laisser choir sur le trottoir. Il ne sait pas où il est – et il est seul. Infiniment seul. Les autres l’ont laissé tomber il y a une demi-heure, alors qu’il commençait un concours de pintes avec un inconnu du bar. Réflexion faite, il avait mis une raclée à cet imbécile en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le seul souci, c’est qu’il ne connaît absolument plus le chemin pour rentrer à l’Académie. Et qu’il n’a pas vu Noelia de la soirée.

« Tout va bien ? »

Il lève les yeux vers l’inconnue. Son image est trouble, mais il peut quand même apercevoir l’éclat rougeoyant de ses cheveux. Elle a l’air joli, cette fille. Elle doit avoir à peu près son âge. Mais surtout, elle le regarde intensément, avec une inquiétude qui vue d’ici semble sincère. Voyant qu’il ne répond pas, elle s’agenouille devant lui, plaçant l’émeraude de ses prunelles à la hauteur de celles de Jarod.

« Je m’appelle Soline. Et toi, c’est ? »

Il ouvre la bouche. La referme. Il a du mal à parler maintenant, lui qui chantait encore quelques minutes plus tôt.

« Ja… Jarod. »

Elle sourit. Elle n’en a pas seulement l’air, elle est jolie.

« Eh bien Jarod, je crois que si tu continues à chanter le ciel nous tombera sur la tête d’ici peu. »

Elle l’aide à se relever, tâche rendue difficile par le manque d’entrain évident du jeune homme.

« Où est-ce que je te dépose ? »
« Dans mon lit. »

Elle lève les yeux au ciel, ce qui tire un sourire à Jarod.

« Sur les marches de l’Académie, ça ira. »
« Alors on y va ! Mais je te préviens, si tu tentes de m’embrasser, je te lâche dans le caniveau. »

Le Navigateur éclate de rire, mais ne répond rien. Il sait parfaitement que si une telle chose devait se produire, il n’aurait pas besoin de la permission de Soline pour passer à l’acte.

*

Deuxième cycle – dix-neuf à vingt-et-un ans.

Il y a quelque chose de particulier dans cet endroit. Outre le fait qu’il fasse froid à geler à peu près n’importe quoi, ce sont ces paysages enneigés qui l’émeuvent le plus. Les paysages, et ce silence. Voilà trois mois que Jarod vogue entre les plaines immaculées des Marches du Nord, en compagnie de deux élèves et d’un professeur de l’Académie. A eux quatre, ils mènent une étude (trop) sérieuse sur les Hiatus du grand Nord – autrement dit, ces lieux où il est impossible d’effectuer le moindre dessin et pour lesquels personne n’a pour l’instant trouvé d’explication plausible.

Si Jarod trouve les recherches intéressantes, il est vrai que son moment préféré de la journée reste celui de la soirée, au cours de laquelle il retrouve systématiquement les Frontaliers de La Citadelle pour un apéritif disons… Haut en couleurs.
Et en bière moussante, aussi.

« Jarod ! On se demandait si tu t’étais pas transformé en bonhomme de neige quelque part. »

La remarque tire un sourire au Navigateur, qui attrape d’une main reconnaissante la chope de bière qu’on lui tend.

« Ca va les gars, je sais que vous m’adorez, mais je trouve que vous poussez l’admiration un peu loin là ! »
« Non mais écoutez-le ! Tu veux qu’on te rappelle la nuit dernière, face de crevette ? »

Des rires lézardent les murs de la Taverne. Chacun de ces hommes fait facilement une voire deux têtes de plus que lui, et pourrait aisément le briser en deux avant qu’il ne songe même à utiliser son Don mais étrangement, cette idée ne l’effraie pas. Il ne s’est jamais senti aussi bien entouré qu’avec des gars-là ; c’est peut-être la raison pour laquelle il ne se démonte pas.

« Ouais, ouais. De bien belles paroles. En attendant, il a quand même fallu attendre le troisième adversaire avant que vous me ramassiez à la petite cuillère ! »

L’un d’entre eux finit par tendre son verre dans sa direction.

« Tu parles trop et tu trinques pas assez ! »
« Ah ! Première phrase censée de la soirée ! »

En riant, Jarod vient faire claquer sa choppe contre celui du Frontalier avant de la porter à ses lèvres.
Demain, il faudra reprendre les recherches et, d’ici quelques temps, rentrer à Al-Jeit.
Pour l’heure, contentons-nous de trinquer.  

*

Troisième cycle, Le Pollimage et autres fleuves Alaviriens  – Vingt-deux à vingt-six ans.

Et le grand mât s’élève, fier, tandis qu’un marin suspendu à son bois défait la grande voile ; le quai s’éloigne, encore une fois. Rêveur, Jarod met une main en visière pour avoir une vue sur le pont grouillant. Grouillant de vie, grouillant de monde, grouillant de cris et d’ordres lancés à la volée. Chacun connaît sur le bout des doigts le rôle qui lui est attribué ; et les silhouettes glissent, s’effleurent, claques amicales données dans le dos et sourires parfois édentés fleurissant.

Jarod est toujours impressionné par les départs de l’Albatros. Huit mois qu’il les observe, les analyse, prend des notes et questionne, et il reste pourtant une part de magie qu’il n’arrive pas à s’accaparer. Un spectacle plus enivrant à chaque fois, une représentation qui pour l’heure ne devrait pas tarder à commencer. Un grincement attire son attention et il se précipite vers le bastingage juste à temps pour voir les aubes se mettre à tourner. Un effort de concentration lui permet de percevoir le dessin du maître navigateur, pourtant hors de sa vue. Eliane Fonciera recherche toujours le calme pour les départs, laissant son navire au bon soin de son équipage tandis qu’elle se retire dans sa cabine pour utiliser son Don. Silencieux, Jarod observe un moment le mouvement circulaire des aubes, décèle certains détails qui jusque-là lui avaient encore échappé. Le vent tourne subitement, gonflant ainsi la grande voile tandis que le navire accélère. Un sourire illumine son visage à cette sensation ; contre-courant ou non, aucune différence pour sa mère… Et c’est sans doute cela qui l’impressionne le plus.

Il consigne ses notes dans le petit carnet de cuir qu’il garde constamment dans sa poche, sait-on jamais. Toutes ces informations lui seront utiles pour la thèse qu’il a choisi de réaliser pour son troisième cycle et qui porte exclusivement sur le Don de Navigateur. Quoi de plus logique, lorsque lui-même le maîtrise et qu’il a à disposition de quoi trouver les informations qui lui manquent ? Il a prévu de passer un an sur l’Albatros. Peut-être plus, si cela s’avère nécessaire. En vérité, il n’est pas pressé de partir et encore moins de retrouver la terre ferme. Il a beau adorer les études qu’il mène, il n’en reste pas moins un Navigateur dans l’âme, lui aussi… Prunelles dérivant sur les flots du Pollimage, il songe un moment à ce qu’il adviendrait de lui s’il décidait de tout lâcher maintenant. Il s’est battu corps et âme pour en arriver là ; pour lui, certes, mais aussi pour les élèves à venir. Dans un enseignement où les Dons dérivés du Dessin ne sont pas toujours bien vus, lui a toujours bataillé pour avoir l’occasion de transmettre ses connaissances à ce sujet. Tant pis si cela lui valait cernes, disputes et moments de doutes. D’apparence, Jarod Fonciera ne s’est jamais laissé abattre et c’est tout ce qui compte.

« Alors, bande de crevettes grises ! Elle avance, cette carlingue ? Vous croyez que le pont va se nettoyer tout seul ? Au boulot, et qu’ça saute ! Je vous paye pas à vous curer les chicots toute la journée, fainéants que vous êtes ! »

Une série de cris d’approbation suivent la déclaration du Capitaine. Gracile, Eliane dévale les quelques marches qui la séparent du pont principal et se faufile entre les marins pour rejoindre Jarod. Il ne peut s’empêcher d’admirer cette femme, ses longs cheveux blonds et son regard électrique. Il émane d’elle une puissance et une affirmation qu’il a rarement vu ailleurs… Eliane impressionne et marque, quels que soient les endroits où elle passe et les gens qu’elle rencontre. Elle effraie, bien souvent. Et s’il ne la connaissait pas, elle le ferait sans doute frémir aussi.

« Vous avez oublié votre fouet en cabine, Capitaine. »

Elle éclate de rire et claque un baiser sur la barbe naissante de son fils. Elle aime l’avoir ici, plus qu’elle ne pourra jamais l’avouer.

« Si tu ne leur montres pas un peu d’autorité, ça devient vite ingérable. Pire qu’une concentration de Thüls dans une Taverne un soir de fête ! »

Jarod hausse un sourcil à cette comparaison. Les Navigateurs peuvent être fêtards quand ils le veulent, il en a encore eu la preuve il y a deux jours de cela.

« J’ai deux questions pour toi. »

Elle pose un index impérieux sur sa bouche, l’empêchant de poursuivre.

« Plus tard. Il faut que je retourne en cabine si je ne veux pas qu’on finisse échoués dans un coin perdu. Tu te joins à moi, bien entendu ? »

Sans lui laisser le temps de répondre, Eliane s’élance en direction de la poupe de navire, sourire aux lèvres et tempête de cheveux blonds à l’appui. Jarod la suit des yeux, incertain. Il a beau avoir les capacités pour, jamais encore sa mère ne lui a proposé de mener le bateau en sa compagnie. Pourtant cette occasion lui permettrait d’une part, d’améliorer ses capacités et d’autre part, d’obtenir des informations supplémentaires pour sa thèse...

Dix secondes, peut-être moins. D’un pas décidé, Jarod traverse le pont et pénètre dans la cabine du maître navigateur.


Sur le vent de cette passion qui enfle nos voiles

Premier cours à l’Académie – Vingt-six ans et toutes ses dents.

La thèse ne sera bientôt qu’une histoire ancienne. D’ici un mois, il en aura fini avec ses écrits et démonstrations sur le Don de Navigateur. Ses recherches lui auront finalement pris plus de temps que prévu même si, au bout de deux ans sur l’Albatros, il s’était résigné à rejoindre Al-Jeit et à les poursuivre sur la terre ferme. Quatre ans de travail pour un diplôme de plus. Quatre ans de dure labeur pour qu’il se retrouve finalement assis là, les fesses posées sur le bureau de la salle, à écouter les explications que le professeur Hearder donne aux premières années. Il doit avoir l’air étrangement niais, à sourire ainsi. Mais Jarod a encore en tête les souvenirs de ses débuts laborieux à l’Académie et des quatre cents coups qu’il a pu faire en l’espace de six ans. Il s’est assagi, depuis. Enfin il fait semblant.

« Qui peut me dire comment se catégorisent les Spires ? »

Deux mains se lèvent et une réponse est donnée, mais Jarod ne l’entend pas. Les yeux rivés sur le fond de la classe, il observe deux étudiants se chamailler. Elle, en particulier, semble relativement énervée lorsqu’elle assène une claque sur le sommet du crâne de son voisin de table, tirant un haussement de sourcils amusé au Navigateur. Elle croise son regard et, au lieu de se détourner, le soutient avec fermeté. Peur de rien en plus de ça… Voilà qui promet d’être intéressant.

« Jarod m’accompagnera durant la séance. Mettez-vous par groupes de trois ou quatre et commencez l’exercice, nous passerons dans les groupes pour répondre aux questions et corriger les erreurs. »

Si erreur il y a, bien entendu. D’un pas nonchalant, le Navigateur se dirige vers la table où s’est constitué un groupe de trois personnes, dont la jolie brune. Il n’est plus qu’à un mètre d’eux lorsque les premiers éclats de voix lui parviennent.

« Tu dis n’importe quoi comme d’habitude, Joris. »
« Arrête, Elie. Tout le monde sait que tu lui baves dessus depuis deux semaines. »
« Je ne bave pas. Et j’aimerais bien connaître le nom des personnes qui t’ont dit ça, voir si elles maintiennent cette version devant moi. »

Le sourire de Jarod s’accentue. Décidément, cette « Elie » a l’air d’avoir un sacré caractère.

« Je peux vous aider ? »

Une fois encore, ambre et azur s’accrochent. Dans un mouvement de tête impérieux, Elie reprend la parole.

« Non merci, on se débrouille. »
« Vraiment ? Montrez-moi ce que vous avez fait, dans ce cas. »

Elle se décale pour laisser Jarod s’approcher de la table où un vase – une espèce de poterie difforme, dirons-nous – est posée. Une moue taquine déforme ses traits lorsqu’il aperçoit l’œuvre des étudiants.

« Pas mal pour un premier jet. Si vous avez fait ça avec vos pieds, bien entendu. »
« Elyssa a tenté avec les dents, mais le résultat était encore pire. »

Le regard noir qu’elle lui balance n’annonce rien de bon. Et cette hypothèse se vérifie lorsque qu’un seau d’eau se matérialise au-dessus de l’importun ; Plus rapide, Jarod use de son don avant que le liquide – glacé, du moins il imagine – n’atteigne Joris, envoyant valser le seau dans un coin de la salle au passage. Les conversations cessent brusquement et tous les regards se tournent vers eux.

« Ce n’est rien, continuez l’exercice. »

Il croise le regard suspicieux de Hearder mais ne s’en formalise pas, et se permet même d’ajouter un sourire à l’expression rassurante de son visage – expression qui se mue en une mine à la fois intriguée et agacée lorsqu’il se tourne vers Elyssa.

« Ça t’arrive souvent d’arroser tes camarades ? »

Joris, les yeux exorbités, n’ose plus rien dire tandis que son camarade s’en donne à cœur joie.

« Et encore il a eu de la chance, c’était que de l’eau cette fois ! »

Vu la tête abasourdie d’Elyssa, Jarod aurait tendance à dire que cet excès de zèle n’était pas forcément prévu – et encore moins devant lui. Un sourire illumine finalement son visage.

« Don capricieux… Je vois. Il désigne du menton leur désastreux essai. Et si on s’y remettait ? Elyssa, tu commences. Et s’il te plait au prochain coup, tâche de m’éviter. Pour une fois que je fais un effort en mettant une chemise neuve… »

Le clin d’œil complice qu’il lui adresse est là pour lui confirmer qu’il a déjà passé l’éponge.

« Alors, retenez bien le plus important… »

Ce cours s’annonce intéressant, finalement.

*

Académie d’Al-Jeit – aujourd’hui.

Ses clés. Il a oublié ses clés à la Taverne de Soline. Pestant et soupirant, Jarod se hâte dans les couloirs qui mènent à sa salle de cours. Il n’a que dix minutes de retard, pas de quoi en faire tout un drame… Ils finiront bien par s’y habituer, de toute manière. Un virage à droite, deux à gauche, pour qu’il s’immobilise finalement devant une porte de bois clair. Le vacarme qui se cache derrière ces murs lui assurent que ses élèves n’ont pas levé le camp – bon point – mais aussi qu’ils sont remontés comme des pendules – mauvais point ça, surtout vu l’intitulé du premier cours.

Il pousse le battant d’un mouvement brusque et pénètre dans la pièce, avant qu’il ne balance sa sacoche en direction du bureau pour se tourner plus rapidement vers les étudiants qui l’observent d’un air à la fois médusé et – il l’espère – curieux.

« Bonjour à tous. Tout d’abord veuillez excusez mon impardonnable retard, mais une chose importante a retenu toute mon attention… »

Drôle de manière d’envisager un blanc de poulet au curry. Un sourire amusé sur le visage, Jarod parcourt la salle des yeux.

« Je suis particulièrement ravi d’être parmi vous aujourd’hui. Certains visages me sont familiers, d’autres non alors, pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Jarod Fonciera, professeur de ce cours exclusivement consacré au Don de Navigateur. C’est ma première année en études supérieures, mais je reste persuadé que vous ferez d’excellents cobayes. »

Quelques rires fusent. D’un pas lent, il s’approche du premier rang, s’inspire des expressions intrigués de certains et des coups d’œil envieux d’autres avant de reprendre.

« J’étais encore à votre place il n’y a pas si longtemps et me connaissant, j’aurais été en train de me dire « Ca y est, encore un cours d’histoire, sans pratique et affreusement long… ». Il lève les yeux au ciel en mimant une grimace exagérée. Je suis certain qu’il y en a qui pensent ainsi, et croyez-moi je ne leur en voudrais pas. Mais pour ces personnes-là… Laissez-moi vous dire que vous vous trompez, et pas qu’un peu. »

Il remonte finalement sur l’estrade en haut de laquelle il s’approche dangereusement du bord, conscient qu’il a à présent l’attention de toute la salle.

« Vous êtes les acteurs de ce cours. Vous et vous seuls. Je vous ai quelque peu menti en m’affirmant professeur, il y a deux minutes. Je ne suis là que pour vous guider. Le reste vous appartient, définitivement. »

Il s’assoit sur le parquet, laissant ses jambes se délier.

« Je pourrais commencer par le tour de tables afin que vous vous présentiez, mais ce n’est pas ainsi que j’ai l’habitude d’apprendre à connaître les gens. Aussi me contenterai-je de vous poser une simple question. Il se tait quelques secondes, les yeux brillants. Pourquoi dessinez-vous ? »

Les étudiants se regardent, interloqués. Ils ne savent comment réagir devant ce professeur qui ne ressemble en rien à ceux qu’ils ont eu jusqu’à présent.

« Ne soyez pas timides… J’ai déjà mangé, je vous assure que je ne vous ferai rien. »

Une main audacieuse se lève alors.

« Pour repousser les limites de notre imagination ? »
« Bien ! Créativité, donc. Il est vrai qu’il est bien souvent nécessaire d’avoir plus d’imagination qu’une crevette des sables. »

Satisfait, Jarod pointe une deuxième main dans l’assemblée.

« Parce qu’on le peut ? »

La remarque attise l’hilarité du groupe et fait sourire le Navigateur.

« Bien vu, mon cher ami. Le Pouvoir est important, lui aussi. »

Une petite brune du premier rang, qui semble plus timide que les autres, finit par lever la main à son tour.

« Parce qu’on veut faire basculer notre imagination dans la réalité. Parce qu’on veut créer et contrôler nos créations. »

Jarod penche légèrement la tête de côté à cette remarque et laisse planer un instant de silence. Il se lève finalement, entrainant dans son enthousiasme le long manteau qu’il n’a pas pris le temps d’enlever.

« Votre volonté vous définit ou du moins, définit ce dont vous êtes capables. A bien y regarder, vous ne pouvez ni ne créez sans le vouloir ce pourquoi dans ce cours, et au travers du Don de Navigateur, nous travaillerons sur votre volonté de façon individuelle. Il se tait, laisse un nouveau sourire s’étendre sur ses lèvres. Il ressemble à un gosse de cinq ans, vu comme ça. Couvrez-vous, nous sortons. Aujourd’hui, j’ai une surprise pour vous. »

La joie de cette annonce est visible à des kilomètres à la ronde. En tête de la petite troupe, Jarod se dirige droit vers l’entrée de l’Académie des Dessinateurs.

Droit vers Al-Jeit et ses mille et une facettes.

     
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16.10.16 19:29
MessageInutileJusteLàPourFaireBeauCarHistoireTropCourtePourEtreUtilisé

(C'est bon je blague, me regardez pas comme ça D:)
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Killian Delkaïron
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16.10.16 20:09
Re-bienvenue à toi :)
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Neleam
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Neleam
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16.10.16 21:14
https://ewilan.forumactif.fr/t1995-neleam-une-femme-de-legende
Que de +1 !

.. j'avais écrit un message mais il s'est effacé T.T
Du coup... Code validé ! (il faudrait qu'on le change d'ailleurs)

Et c'est une super début de fiche ! Tu écris toujours aussi bien... J'ai vraiment hâte de lire le reste de ta fiche !
http://www.redorches

Pour le pseudo, préviens-moi quand tu seras dispo pour changer Ael en Jarod Fonciera. Je préfère attendre ton accord avant de modifier quoi que ce soit... ça évitera la confusion à la prochaine connexion ;)
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Elyssa Cil'Darn
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Mon personnage
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16.10.16 22:16
https://ewilan.forumactif.fr/t2859-chronique-d-une-dessinatrice-a
Hiiiiiiiii ! C'est qu'elle me fait peur avec ses +1 xD.
Pas sûre de pouvoir relire tout ça avant mon retour (enfin je pourrais lire mais pas commenter T_T) mais j'ai hâte !
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16.10.16 23:45
Merci à toutes les trois, vous êtes adorables ♥

Ahahah pas de panique pour les +1, je pense pas tous les utiliser au final, mais vu la taille de l'histoire.. Voilà. Mieux vaut prévenir que guérir comme on dit. :')

Nel > Pour le changement de nom, on peut se dire quand j'ai fini de poster sa fiche si tu veux? Ou sinon je t'envoie un MP, si c'est plus simple pour toi. (:

Dreamou > Je sais bien que tu pourras pas commenter, mais au moins t'auras de la lecture pour les trois prochains jours 8D

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Date d'inscription : 06/03/2014

Mon personnage
Sexe et âge: Femme de 27 ans
Aptitudes: Enchaîne sans difficulté les pas sur le côté
Elyssa Cil'Darn
Dessinateur



17.10.16 8:38
https://ewilan.forumactif.fr/t2859-chronique-d-une-dessinatrice-a
En attendant, je n'ai rien à redire sur les descriptions :D
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17.10.16 10:42
Merci Elie **

Histoire postée (enfin) ! Pardon pour ce méga pavé ._. *refile une tonne de cookies aux admins pour se rattraper*
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Kanjou Uzumaku
Masculin
Âge : 29
Autre(s) Compte(s) : Aöwen Jil'Frayan
Messages : 42
Date d'inscription : 18/08/2016

Mon personnage
Sexe et âge: Homme de 34ans
Aptitudes: Fleuriste (Dessin) / Herboriste / Arts martiaux japonais / Bon nageur
Kanjou Uzumaku
Terrien



17.10.16 17:48
https://ewilan.forumactif.fr/t2894-journal-de-bord-kanjou
OMG, je savais même pas qu'il y avait une histoire de limite de texte par post ! xD
Je viens de trouver un monstre du pavé bien plus monstrueux que moi o_o
//CHOCKED//
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17.10.16 18:41
Dans le doute je te souhaite une chaleureuse et solennelle salutation dans cet univers que tu semble non seulement déjà connaître mais en être une célèbre songeuse. ;)

Songes tu à rp ? (Désolé du jeu de mot pourrave http://hellboy.free. )

X)
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17.10.16 18:52
Ahahahah vous êtes terribles ma parole

Kanjou (damn ce nom de famille me fait penser à Naruto, à une lettre près Oo) > *lui donne un cookie pour faire passer le choc* Y a une limite oui, généralement elle tourne autour de 10 000 mots, mais ça peut être parfois moins. Dans le cas présent c'est juste pour une question de présentation car l'histoire n'atteint pas ce nombre là.. Tout de même, j'ai un peu de tenue. *sifflote* (Ce qui me fait flipper, c'est qu'un autre perso que je suis en train de créer ailleurs à une histoire de 16 000 mots. Les admins vont adorer aha). Entre monstres du pavé on va bien s'entendre !

Richou (désolée, c'était pour la rime avec Kanjou PASTAPER) > Merci merci, c'est fort aimable à toi. Et pour le jeu de mots... Allez, j'te pardonne, mais c'est bien parce que c'est toi. Jarod Fonciera ♦ Navigateur  676356 T'as même droit à un cookie aussi, pour la peine 8D (Puis pour répondre à ta question, j'espère faire plus qu'y songer aha!)
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Neleam
Féminin
Âge : 30
Autre(s) Compte(s) : Caym Cali
Messages : 10802
Date d'inscription : 28/11/2010

Mon personnage
Sexe et âge: Femme d'une petite trentaine d'années, MORTE
Aptitudes: Guerrière émérite, grande conteuse et bonne résistance à l'alcool.
Neleam
Chevalier__Admin



17.10.16 19:01
https://ewilan.forumactif.fr/t1995-neleam-une-femme-de-legende
Histoire finie ?
J'ai compris les +1 que tu avais posté x)

A ce point là ce n'est plus un pavé mais un véritable roman ! hahaha
Mais ton style est magnifique, l'histoire génial... Bref, je te vénère. *-*

Y a Elyyyyyssaaaaaa ! Mouhahaha ! Excellent ! XD J'adore !
Du coup je voudrais un RP flashback avec Caym aussi ! ho ! y a pas de raison qu'elle seule ait le droit de t'avoir comme professeur 8D

Donc pour moi tout est ok, sauf un gros point : l'âge où apparait le don des frères.
Alors, c'est l'éternel soucis, mais théoriquement à 13 ans personne ne dessine. Le pouvoir ne se manifeste pas avant 15-16 ans. Pour rappel, une analyse s'effectue vers la majorité, autrement dit vers 18 ans, ce qui fait que tes enfants sont bien trop précoces.
Donc c'est le seul gros soucis que je note et qu'il faut rectifier :)


pour le pseudo, on peut faire ça par MP ;)

(moi aussi je peux avoir des cookies ? 8D)
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17.10.16 19:13
J'avais mis plein de +1 car je ne savais pas trop ce que ça allait donner, niveau présentation, mais elle est finie oui :3 (heureusement d'ailleurs xD)

L'histoire de Jarod en trois tomes ahaha
Merci pour tes compliments, ça me fait très plaisir ♥ Et je suis ravie que Jarod plaise :D

Et adjugé vendu pour le RP avec Caym ahah! Evidemment que j'ai mis Elie dedans, c'était bien trop tentant pour ne pas être exploité. :')

Effectivement, comme je suis passée par le don de Navigateur j'ai complètement zappé cette histoire d'âge, my bad ._. Du coup j'ai corrigé et mis quinze ans, j'espère que ça conviendra! Auquel cas n'hésite pas :)

Et je t'envoie un MP de ce pas! ♥

(T'es déjà ensevelie dessous, tu penses bien. 8D)
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Stormer Nuva
Autre / Ne pas divulguer
Âge : 22
Autre(s) Compte(s) : xxx
Messages : 902
Date d'inscription : 04/04/2016

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Sexe et âge: Homme de 29 ans (je crois)
Aptitudes: Comme tous les marchombres, grande agilité et rapidité, plus un petit cadeau du Rentaï...
Stormer Nuva
Marchombre



17.10.16 19:17
https://ewilan.forumactif.fr/t3127-souvenirs-de-stormer-glacon-a
Hum... J'arrive après la bataille il semblerait. Jarod Fonciera ♦ Navigateur  717234

En tous cas, bien que ta fiche soit un bon gros pavé, je l'ai lue d'une traite ! :D
Ton style d'écriture me plaît beaucoup ! Enfin, pas étonnant que tu écrives si bien si tu joues Ellana *o*
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