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Deux destins liés par un homme (Stormer/Luned)
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Stormer Nuva
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Stormer Nuva
Marchombre



10.03.17 22:37
https://ewilan.forumactif.fr/t3127-souvenirs-de-stormer-glacon-a
Laërte.
C’est le prénom que m’ont offert mes parents à la naissance.
J’ai vu le jour le cinq mai CC -38, alors qu’un rayon de soleil baignait la chambre des Hil’Acier de sa douceur. Ma mère m’avait alors pris dans ses bras et avait souhaité que je fonde moi-même un beau foyer lorsque l’heure serait venue. Il s’agit là de la signification de mon nom.
Cette histoire, mon père se plaisait à me la conter lors de nos séances sentimentales à la forge. Dès tout petit, je m’étais habitué à lui rendre visite dans son atelier. J’aimais sentir la chaleur du haut fourneau, utiliser moi-même le soufflet pour attiser les flammes du foyer, et surtout admirer mon père frapper avec force l’acier de futures lames frontalières. J’aimais l’orgueil qui me saisissait lorsque les Frontaliers commandaient un sabre. J’aimais cette fierté car je savais qu’un jour j’allais également en façonner.

La renommée de la maison Hil’Acier n’était plus à faire. Nous, famille de purs forgerons Frontaliers, nous transmettions notre savoir de parent en enfant. Et j’avais hâte.
Mon père me forgea mon premier sabre à l’âge de six ans. En bon héritier du sang de Merwyn, je me devais d’en apprendre tôt la maîtrise, tout comme les autres enfants de la Citadelle. Mais, lorsque j’entendais nos lames respectives s’entrechoquer lors de nos entraînements, je continuais à rêver de la forge.
À l’âge de neuf ans, mon rêve devint finalement réalité. Mon père m’initiait enfin à son art !

***

À Al-Far, Stormer avait acheté une jument gris pommelé pour une modeste somme. Ainsi, elle lui permettrait de rallier Al-Jeit au plus vite. En effet, il espérait que Splith ne s’inquiétait pas pour lui et il désirait la rejoindre sous peu, car cela faisait tout de même plusieurs fois qu’il la faisait attendre pour un rendez-vous ! Il était sincèrement désolé pour cela, mais cette fois ce n’était pas de son plein gré…
Ainsi, il réfléchissait pendant que sa jument galopait en suivant le Pollimage. Cette jument… Le marchombre ne l’avait pas choisie au hasard. Elle avait un caractère dur et n’était pas facile. Malgré cela, elle l’avait de suite accepté. Il l’avait nommée Eclair d’Hiver.

Au coucher du soleil, l’homme aux cheveux blancs arriva en vue du Lac Chen. Il descendit de son cheval et lui flatta l’encolure avant de se diriger sur les bords du lac. Il s’assit dans l’herbe mouillée par l’humidité du soir. Le couchant promettait d’être un beau spectacle. Songeur, le marchombre sortit un objet de sa besace et le fit tourner entre ses mains. Il s’agissait d’une figurine de métal représentant un guerrier à cheval brandissant son sabre. En dessous, était inscrit « Calixte ». Stormer ignorait ce que cela signifiait, tout ce qu’il savait, c’était ce qu’Altar lui avait dit mourant. En ces circonstances, il venait de se faire gravement blesser par un ours élastique et prodiguait à son fils adoptif ses derniers conseils. Il lui avait alors donné la figurine en tremblant et lui avait révélé qu’il l’avait trouvée avec lui, dans ses langes. Elle venait sûrement de ses parents biologiques…

Stormer soupira et, la statuette toujours en main, observa les couleurs de la tombée de la nuit.
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11.03.17 10:20
Les dix années qui suivirent furent longues et belles. J'apprenais l'art de la forge sous l'aile de mon père. J'étais dans mon élément, j'aimais entendre le chant de l'acier. Ce chant dur et sauvage et ses multiples variations.
J'apprenais à le comprendre, à l'anticiper.

Ce furent des années formidables, des années inondées de chaleur et de joie. Je ne m'en suis pas rendu compte à l'époque que ces jours qui s'écoulaient sans même que j'y pense faisaient partis d'une époque merveilleuse, un temps d'insouciance. Un temps qui n'est pas destiné à durer et qui s'efface toujours.

Mais ces années furent aussi un prequel à celles qui allaient être les plus merveilleuses et magiques de ma vie.

Et ce destin se présenta à ma porte un beau matin en la personne de Calixte. Comment n'aurais-je pas pu l’accueillir à bras ouvert ce destin ? 

***

Luned marchait doucement au bord du lac Chen en tenant d'une main la bride de sa jument. Une belle bête à la robe alezane et aux grands yeux noirs brillants d'intelligence et de douceur.
C'était un être doux et paisible qui accompagnait la jeune fille depuis des années. Toutes deux étaient habituées à l'autre et partageaient une confiance mutuelle indéfectible.
Luned aimait caresser ses naseaux si doux, la bouchonner, partir au galop sur son dos. 
C'était une jument endurante et rapide, à la robe soyeuse et à la tenue vive et élégante. Pas bien imposante mais parfaite pour Luned.
Elle avait nommée cette douce jument Brise.

Ainsi Brise et Luned marchaient au pas le long du lac Chen, l'herbe était humide d'une brusque et brève averse survenue plus tôt dans la journée, dont il ne restait cependant plus qu'une écharpe mousseuse et blanche de nuage dans l'horizon.
Ces nuages se teignaient d'ailleurs de nuances délicates de bleus et de violets, le Soleil couchant promettait d'être une merveille avec la surface scintillante et paisible du lac. 
Luned anticipait avec joie le tableau, la tombée de la nuit l'avait toujours fascinée.

Pour l'heure il faisait encore clair, ça ne saurait durer mais elle y voyait encore assez bien. Suffisamment bien pour repérer l'homme aux cheveux blancs assit dans l'herbe à proximité d'une jument gris pommelé.
Assez pour s'élancer vers lui ses cheveux châtains flottants au vent. Brise calquant son pas sur celui de sa cavalière.
S'élancer le cœur pris dans la surprise de cette chance folle de trouver Stormer ici.
Assez clair pour que devant le visage du marchombre elle se fige.
Assez clair pour que la surprise se mut en choc.
Assez clair pour que son enfance lui revienne en pleine poire.
Assez clair pour qu'elle se mette à trembler devant les traits du marchombre qu'elle distinguait désormais avec netteté contrairement à leur première rencontre.
Assez clair pour que ses lèvres en une crispation douloureuse  douloureuse et amère forme un mot qui résonne nettement dans le calme du soir.

-Laërte.
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Stormer Nuva
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11.03.17 14:17
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Je suis tombé sous son charme dès le premier moment.
Qu’elle était belle avec sa longue chevelure brune encadrant son visage fin ! Mon cœur chavirait chaque fois qu’elle posait ses yeux bleu glace sur moi. Elle avait de plus une certaine élégance dans sa façon de se déplacer. Ce n’était pas comme nous autres les Frontaliers, ni même comme un marchombre, c’était… autre chose. Cette démarche la rendait d’autant plus énigmatique, et cela me fascinait.

Je me souviens encore de mon ardeur lorsque j’avais cherché à me renseigner sur elle. Je n’hésitais même pas à demander aux gardiens des portes de la Citadelle ! J’avais ainsi appris que c’était une étrangère de passage, mais qu’elle n’avait offert son patronyme à personne, seulement son prénom : Calixte.

Alangui, je me mis à la courtiser. Je ne lésinais pas sur les moyens. Les fleurs, les petites attentions… Rien n’était assez éblouissant pour elle.


***

Le bruissement de l’herbe sous des pas. Le galop d’un cheval.
Alerté, Stormer se retourna et vit une jeune fille arrivant derrière lui. Ses cheveux châtains ondulaient, transportés par la bise, et ses yeux gris étaient fixés avec ébahissement sur la figurine que le marchombre tenait en main. Luned ? Cette apprentie qu’il avait rencontrée au Conseil ? Que venait-elle faire ici ? Soudain, tremblante, elle ouvrit la bouche :

- Laërte.

Ce nom, prononcé avec amertume, n’avait aucun écho en Stormer. Ce dernier haussa un sourcil. Elle paraissait chamboulée, les yeux dans le vague et son expression figée en un rictus stupéfait. Pourquoi le voir lui faisait-il cet effet ? Il n’était certes pas très commun, mais lors de leur première rencontre elle n’avait pas réagi de cette manière…

- Bonjour Luned. Je crois nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous parler, fit-il en se levant. Moi c’est Stormer, et non Laërte.

Il rangea sa figurine dans sa besace et invita l’apprentie à s’asseoir à ses côtés.

- Que viens-tu faire par ici, si ce n’est pas trop indiscret ?
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11.03.17 18:04
Calixte occupa bientôt toutes mes pensées. Même lorsque je travaillai l'acier. Sa voix se mêlait au chant de la forge. Je voyais sa démarche si gracieuse dans les flammes et voluptes de vapeur.

Mais ce qui m’obsédait le plus c'était son sourire. Il me semblait que le Soleil venait y boire.  Je mourrais d'envie qu'elle m'adresse un. Un sourire rien que pour moi.
J'y pensais tellement que j'ai plusieurs fois failli faire d'énormes bêtises.

Je voulais lui offrir une chose unique. Une chose que personne d'autre ne pourrait lui offrir. Une chose qui viendrait de moi, pour elle.
Alors je me suis mis au travail.

***

- Bonjour Luned. Je crois nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous parler, fit-il en se levant. Moi c’est Stormer, et non Laërte.

Luned déglutit, la voix de Stormer venait de la ramener sur terre. Elle avait maintenant assez de recul. Ce n'était pas Laërte, ça n'avait jamais pu être Laërte.
Malgré ses cheveux blancs le visage de Stormer était trop jeune, aujourd'hui son père adoptif devait avoir la quarantaine au bas mot.
Et puis les yeux aussi. Stormer les avaient d'un bleu glacial. Laërte lui avait des iris noisettes.
Son corps entier se relâcha. Et la confusion l'envahit.
Pourtant ce visage.. Ces traits. La ressemblance était frappante.
Sans dire mot la jeune apprentie retira les mords de Brise, la flatta doucement et la laissa aller brouter tranquillement.
Puis elle alla s’asseoir à coté de Stormer.

- Que viens-tu faire par ici, si ce n’est pas trop indiscret ?

- Je te cherchais justement et Splith aussi. Elle marqua une pause, ses yeux gris détaillant encore les traits du marchombre. Elle n'y croyait toujours pas. Incroyable ce que tu lui ressembles.
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Stormer Nuva
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Stormer Nuva
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12.03.17 10:41
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Cet objet, je ne le voulais pas seulement unique, je le voulais éclatant. Au moins autant que mon aimée.

J’avais passé des jours à faire des croquis, des esquisses sur le papier. Je n’étais jamais satisfait et je devais sans cesse recommencer. Me voyant si occupé, mon père s’inquiétait à mon égard, se demandant ce qu’il m’arrivait. Ma mère, elle, souriait ; j’étais certain qu’elle avait compris qu’une nouvelle personne s’était frayé une place dans mon cœur…
Lorsque je fus enfin content de mon idée, il m’avait fallu passer à la forge.
Le temps dont je disposais entre les commandes de mes clients de la Citadelle, je l’exploitais à profit de mon cadeau. Je frappais sans relâche le fer en fusion à l’aide de mon marteau, j’utilisais des pointes pour créer des détails que je n’aurais jamais pu faire auparavant, et j’alimentais toujours plus le foyer sans me soucier de la sueur qui me dégoulinait dans le dos. Progressivement, ma figurine prenait forme.

Alors, le jour tant attendu arriva. J’avais donné rendez-vous à ma chère et tendre dans un petit coin de verdure de la Citadelle. Mon cœur battait la chamade, et lorsqu’elle arriva, je m’agenouillai devant elle pour lui offrir mon œuvre accompagnée de quelques mots :

- Calixte, veux-tu m’épouser ? Je te promets une vie heureuse et comblée à la Citadelle.

Elle prit alors dans ses mains ma figurine et la détailla avec ébahissement. L’on voyait un Frontalier à cheval brandissant son sabre, et j’avais évidemment inscrit le prénom de ma bien-aimée en dessous.
Je m’attendais à ce que Calixte accepte sans plus de cérémonies, je m’attendais à la prendre de suite dans mes bras, mais ce ne fut pas exactement ce qu’il se passa…


***

Le regard de Luned, inquisiteur, ne cessait de scruter Stormer. Mais qu’avait-elle enfin ? L’apprentie avait définitivement un comportement bien différent de la dernière fois…

- Je te cherchais justement et Splith aussi.

Splith ? Depuis quand se connaissaient-elles toutes les deux ? Elle ne lui avait jamais dit avoir d’autres amis marchombres que lui. Bon, peut-être cela n’avait-il que peu d’importance pour elle… Ce n’était après tout pas les affaires de l’homme aux cheveux blancs. Le principal était qu’elle le cherchait, tout comme la jeune fille qui se tenait à côté de lui. Pourquoi désirait-elle le trouver, elle ? Quel était son but en venant le voir ?

- Incroyable ce que tu lui ressembles.

Il haussa un sourcil. Luned semblait perdue, rêveuse, et avait interrompu la réflexion de Stormer par un commentaire aussi étrange qu’inattendu.

- Que se passe-t-il ? Tu sembles totalement différente que lorsque je t’ai rencontrée au Conseil. Il s’arrêta le temps d’une seconde, puis demanda, intrigué. Et de qui parles-tu ?
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12.03.17 13:13
Musique d'ambiance:



Calixte avait ses yeux de glace planté sur moi. Un mélange étrange que ces deux éclats de glace brillants de tendresse et d'amour et sa face grave.
A ce moment là une alarme a résonné dans ma tête.
Ma douce a serré très fort la figurine dans ses mains. Au point que ses doigts et ses jointures en sont devenus blancs.
Le monde entier m'a soudain semblé retenir son souffle. Le temps prenait soudain une texture gluante et s'étirait cruellement, me faisant bien sentir le poids du silence de ma bien-aimée. L'accentuant même, ne m'épargnant rien.
Et ce silence était de plus en plus lourd, s'étalant sur mes épaule, s’affaissant sans aucune pitié. Me faisant endurer une véritable torture.
Durant cette fraction de secondes qui me sembla durer une infinité d'éternité je n'étais plus qu'un mort vivant.
C'est d'ailleurs un état que j'allais retrouver plus tard. Mais à cette époque je n'en savais rien.

Enfin mon Soleil brisa cette chape insoutenable.

- Laërte je t'aime, et je veux passer ma vie avec toi...  

Mon cœur s’envola de joie et d'allégresse, là je le sentais vouloir briser les barreaux de sa cage. Sortir au plein air et s'envoler dans les cieux. J'aurais pu mourir de bonheur en cet instant.

...Mais je ne veux pas passer ma vie ici.

Douche froide. Mais au moins le problème n'était pas insoluble.
Juste atrocement déchirant... Mais jamais je n'aurais renoncé à Calixte.  J'aurais embrassé un Raïs malade pour elle. Alors je savais ce que je devais faire...


***

Depuis combien de temps n'avait-elle pas songé à sa prime enfance ?
Le passé avait un gout amère. Et le laisser mariner n'arrangeait rien. Toute son enfance lui remontait au cœur.
Luned était prise dans le tourbillon de la réminiscence. La boite où des années plus tôt elle avait enfermé sans vraiment le savoir certaines douleurs de ce temps là.
Cette boite fermée à double tour et soigneusement ignorée par la suite. La voici qui s'ouvrait déversant dans l'esprit de la jeune fille ces choses qu'elle avait fuit durant près de 10 ans.
Une boite de Pandore avec laquelle Luned allait désormais devoir composer.

- Que se passe-t-il ? Tu sembles totalement différente que lorsque je t’ai rencontrée au Conseil. Il s’arrêta le temps d’une seconde, puis demanda, intrigué. Et de qui parles-tu ?


Un sourire un peu triste s'étira sur les lèvres de la jeune apprentie. 


- On ne rencontre jamais vraiment deux fois la même personne, non ? Elle marqua une pose. Je parle de Laërte Hil'Acier mon père adoptif. Sans qu'elle le veuille elle avait plus craché ces derniers mots qu'autre chose.
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Stormer Nuva
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12.03.17 16:18
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Pour Calixte, j’ai donc abandonné ma famille. J’ai abandonné la forge. J’ai quitté la Citadelle.
Mais j’étais heureux. Formidablement heureux. Et je culpabilisais un peu. Comment pourrais-je être bienheureux avec le poids de la tristesse de ma famille sur mon dos ? Pourtant je l’aimais… Mais telle était mon attirance pour ma bien-aimée : un amour passionnel, dévorant et extraordinairement puissant.
Nous avions déjà des projets pour notre vie future. Nous voyions une maison, des enfants, de l’amour et de la joie… Un beau foyer uni.

Après avoir voyagé dans des caravanes, nous nous sommes finalement installés dans un petit village non loin d’Al-Far. Nous filions le parfait amour, tant et si bien que nos voisins nous désignaient comme le couple parfait. Nous nous installâmes sans mal et nous construisîmes notre maison avec l’aide généreuse des habitants du coin.

En février, nous découvrîmes tous deux avec joie que Calixte était enceinte. Tandis qu’elle cherchait déjà un prénom, je m’imaginais poursuivre la tradition familiale en apprenant à mon enfant l’art de la forge.
Tout allait pour le mieux.


***

Le coucher du soleil était magnifique. Il nimbait l’immense lac de couleurs hésitant entre le rose et l’orangé. L’environnement commençait à se faire plus sombre, mais Stormer discernait encore les traits de l’apprentie à ses côtés. Il remarqua que son visage avait pris des teintes tristes et amères.

- On ne rencontre jamais vraiment deux fois la même personne, non ? Je parle de Laërte Hil'Acier mon père adoptif.

Alors là, le marchombre ne comprenait pas du tout ce qu’elle venait faire ici et pour quelle raison elle lui parlait de sa famille… Quel comportement curieux et illogique !

- Ecoute, il va falloir que tu m’explique certaines choses. Premièrement, dans quel but es-tu venue me voir ? Je doute que ce soit simplement pour aider Splith à me trouver, sinon vous ne vous seriez pas séparées. Secondement, je suis un inconnu pour toi, alors pourquoi, pourquoi je te le demande, me parles-tu de ta famille par la barbe de Merwyn ?!

L’homme aux cheveux blancs avait littéralement perdu son sang froid sur sa dernière question. Cela ne lui arrivait pas souvent. Il avait haussé le ton et fait un grand geste avec son bras, le faisant heurter sa besace dont son contenu se répandit rapidement sur le sol.
Il y eut un silence, puis Stormer inspira un bon coup avant de se reprendre.

- Excuse-moi, je me suis emporté. Il n’empêche que je trouve ta conduite tout à fait déstabilisante.

Il entreprit alors de ramasser ses affaires pour les remettre dans son sac, mais il ne trouva pas la figurine. Il la chercha du regard et vit que Luned l’avait prise entre ses mains et l’examinait. Il fronça les sourcils.

- Pourrais-tu me rendre mon bien et répondre à mes questions s’il te plaît ?
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13.03.17 19:32
Mais rien n'ait jamais acquit à l'homme. Tout peut se réduire en cendres en un battement de cils. C'est une des vérités implacable et sordide de la vie. Mais à l'époque rien ne m'avait jamais préparé à l'affronter, ni même à douter de son existence.
Mais la vie avec son sens très particulier de l'ironie, bientôt cette atroce vérité allait s'imposer à moi dans toute sa puissance et étendre son empire sur le reste de mes jours.
Et le sort avait choisit de semer les germes de cet avenir dans le ventre de mon amour. Fou que j'étais de croire que c'était notre bonheur et un avenir ensoleillé qui arrondissait doucement.  
Ce bonheur que nous voulions appeler Félix ou Agape. Et qui ne vit jamais le jour.
C'était une nuit de tempête de neige. Une sombre nuit. Un cauchemar où Calixte perdit la vie.
Et moi je me retrouvais avec un petit être braillard couvert du sang de sa mère. Un démon aux cheveux blancs... L'assassin de notre futur.


***

- Ecoute, il va falloir que tu m’explique certaines choses. Premièrement, dans quel but es-tu venue me voir ? Je doute que ce soit simplement pour aider Splith à me trouver, sinon vous ne vous seriez pas séparées. Secondement, je suis un inconnu pour toi, alors pourquoi, pourquoi je te le demande, me parles-tu de ta famille par la barbe de Merwyn ?!


Luned se prit la colère du marchombre en pleine poire. Ça faisait beaucoup de chose qui se fracassait sur elle en moins d'une heure. Elle était fatiguée, de vieilles blessures venait de se rappeler à elle sans la ménager.
Elle était fatiguée, fatiguée et sur les nerfs. Une très mauvaise combinaison avec son caractère.
Non mais c'est vrai quoi !Il lui posait une question et il lui hurlait dessus parce que la réponse ne lui convenait pas !
C'était un marchombre ou un crétin de Thul par les poils de museau du Dragon ?
Elle était sur le point de lui lancer une insulte bien sentie à base d'une comparaison avec les excréments du Dragon et d'une armée de Rais atteinte de diarrhée putrescente. Lorsqu'un éclat dans l'herbe attira son attention. C'était une petite figurine en métal qui avait du s'échapper du sac de Stormer pour atterrir aux pieds de la jeune fille.
Elle s'en saisit pour mieux l'examiner un étrange pressentiment lui nouant le ventre.
Et elle fut prise de vertige en détaillant le figurine. Elle correspondait dans le moindre détail à la description que lui avait fait Laërte des années plutôt, les finitions de la cuirasse du Frontalier, les motifs dessinés sur la poignée du sabre qu'il brandissait.
Et surtout le prénom gravé sur son socle: "Calixte".
Le doute n'était pas possible, c'était la fameuse figurine que son père adoptif avait réalisé il y a une éternité. 

- Excuse-moi, je me suis emporté. Il n’empêche que je trouve ta conduite tout à fait déstabilisante. Pourrais-tu me rendre mon bien et répondre à mes questions s’il te plaît ?

-Edelwein Mithrandil, et tu es le portrait craché de mon père adoptif. Et comment tu as eu ça ?
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14.03.17 19:14
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J’étais fou. Fou de chagrin et de désespoir.
Peut-être ma mère avait-elle tord finalement ? Mon image de vie idéale était en train de s’effondrer devant moi. A sa place, la vision d’horreur de mon aimée baignant dans son sang, par la faute de cet être malfaisant que je tenais dans les bras ! Lui, que ma femme souhaitait nommer Agape, tandis que je lui rétorquais Preston en riant. Lui, qui avait pompé ses forces sans rien lui rendre en retour. Lui, qui l’avait achevée pour vivre. Lui, enfant maudit qui se permettait de sommeiller sur ma poitrine !

Sans plus réfléchir, aveuglé par les larmes de la colère, j’ai enveloppé ce nourrisson aux cheveux immaculés et à la peau laiteuse dans des langes, y ai glissé la figurine que j’avais créée pour Calixte, puis je l’ai lancé dehors, dans la neige et le froid. Immédiatement, j’entendis ses pleurs.

- Tu ne m’auras pas félon ! lui hurlai-je. Tu as tué ta mère, mais tu ne m’auras pas, moi !

Je retournai dans la maison et fis mes bagages. Avant de partir, j’emballai le corps de Calixte dans des draps et lui caressait la joue en pleurant. Et dire qu’elle avait tout donné pour cet être ignoble ! Je lui fis un dernier baiser sur le front en guise d’adieux et je partis de ces terres pleines de souvenirs douloureux.

***

- Edelwein Mithrandil, et tu es le portrait craché de mon père adoptif. Et comment tu as eu ça ?


Les yeux du marchombre s’écarquillèrent et la tension en lui retomba. Elle était venue lui parler d’Edelwein ? Il ressemblait à quelqu’un ? Elle reconnaissait sa figurine ? Voilà nombre de surprises et d’étrangetés ! Pour ce qui était de la mercenaire, cela pouvait attendre. Elle était certes un danger pour la guilde, mais il ne se sentait concerné par cela que de moitié. Etre le portrait craché de quelqu’un, c’était toujours possible, mais cela ne faisait pas forcément de cette personne un parent…
Non, ce qui avait interloqué Stormer, ce n’était ni Edelwein, ni son sosie, mais plutôt le fait qu’elle connût l’objet.

- Tu… Tu connais ma figurine ? Pour ma part, elle me vient de mon père adoptif. Il me l’a léguée à sa mort. Je… Apparemment il m’aurait trouvé avec cet objet. Dans la neige. Dans le froid. Alors que je n’étais encore qu’un nouveau-né…


Il secoua la tête pour se sortir de ses pensées. Rêveur, il se demandait s’il n’en avait pas trop dit… Après tout, ce n’était qu’une inconnue pour lui, comme il le lui avait d’ailleurs fait remarquer plus tôt.
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18.03.17 10:48
Je suis resté quelques années à Al-Far. Des années de brume. Je n'ai pas touché à l'alcool durant cette période, ni à aucune autre saloperie. Sinon je crois que je n'aurais jamais quitté Al-Far, je serais resté un mort-vivant voir je mangerais les pissenlits par la racine.
Non durant ces sept ans je n'étais qu'une âme en peine. Et ce n'est qu'une fois mes économies disparues que j'ai quitté Al-Far.
J'ai retrouvé un peu de consistance, je ne pouvais pas rester là. Ma place n'y était plus.
Je ne pouvais pas rester si prés de l'endroit où tout mes rêves avaient été tués.
Et surtout je voulais oublier cette funeste nuit et ce que j'avais fait et que je ne pouvais corriger.
Avec ce réveil d'une errance comatique de sept ans je me rendais compte doucement de l'horreur de mon acte. Et je ne pouvais, ni ne voulais y faire face. Le corps bleuis de cet enfant, si minuscule recouvert d'une épaisse couche de neige. Tombeau éphémère et glacial. Au printemps son petit corps raidi et bleui, exposé au soleil et aux charognard.
Se mettant rapidement à grouiller de vers dévoré en parti par les corbeaux et les renards.
Toutes ces images je voulais les fuir. Et je l'ai fait.
Je suis rentré chez moi à la Citadelle. Persuadé de retrouver la chaleur d'un foyer, un lieu où je pourrais me reconstruire et oublier.
Mais le sort ne me réservais rien de tel.


***

La foudre serait tombée sur Luned que son expression n'en aurait pas été très différente. Serait-ce possible ?
Les événements pointaient dans cette direction.
Il fallait que l'apprentie ait la confirmation de ses doutes.

L'horizon s'embrasait de rouges d'oranges et d'or. Les juments broutaient paisiblement.
Luned avait la gorge sèche. Ses lèvres lui semblaient soudées et sa langue être de plomb. Pourtant elle allait devoir s'en servir. Sur le champ.

-Il t'a trouvé du côté d'Al-Far.

Voilà alea jacta est, soit Stormer réagissait à l'affirmative et alors... Alors elle n'en savait rien. Soit plus simplement ce n'était pas le cas et Luned pourrait passer à autre chose et reporter un petit peu son rendez-vous avec son passé. Pas de beaucoup mais c'était déjà ça.
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19.03.17 0:27
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Je voulais revoir mes parents. J’en avais terriblement envie.
Je voulais sentir à nouveau la chaleur de la forge.
Je voulais recommencer, faire comme si rien ne s’était passé.

Ce fut impossible.

De retour à la Citadelle, j’ai couru à la demeure de ma famille sans attendre. Je pensais que ma vie allait enfin reprendre son sens. Mais lorsque j’ai vu la forge inactive, j’ai su que quelque chose n’allait pas. Je suis entré dans la maison à l’aide des clés que j’avais conservées et j’y ai reconnu tous les aspects de l’abandon. La poussière partout gisait, des petites bêtes se promenaient sur le sol crasseux et les volets étaient fermés, recouverts de toiles d’araignées. Que s’était-il passé ? Je me suis précipité chez les voisins et le père de la famille m’a accueilli avec un air peiné sur le visage. Il m’a invité à entrer et m’a fait asseoir autour de sa table. La fille m’a amené une grande chope de bière frontalière et son paternel m’a raconté son histoire.

Lors d’attaques de Raïs, ma famille fut un jour conduite à défendre la Citadelle. Cette bataille fut désastreuse. Dirigés par les Ts’Liches, les porcins firent beaucoup de victimes chez les guerriers du nord, et bien que ces derniers gagnassent au bout du compte, cette victoire avait un goût amère.

Mes parents étaient morts ainsi. Submergés par des Raïs. Quelle ironie du sort ! Alors que j’avais purement et simplement tué mon fils, ma famille était morte sans rien que je n’ai pu faire pour elle. Je commençais réellement à regretter mon acte. A regretter celui que j’avais désiré nommer Agape.


***

- Il t'a trouvé du côté d'Al-Far.

- Pardon ?

Stormer était éberlué, abasourdi, ahuri. Comment Luned pouvait-elle affirmer cela ? Comment pouvait-elle le savoir ? Altar avait en effet raconté à son fils adoptif qu’il l’avait trouvé près d’un petit village du côté d’Al-Far. Il lui avait même révélé que s'il n'était arrivé que quelques secondes plus tard seulement, Stormer serait décédé d'hypothermie.

- C’est… exact. C’est étonnamment exact. Comment as-tu eu vent de cela ?


Alors que les ténèbres tombaient sur les deux individus, le marchombre ne pensait même plus au danger que représentait Edelwein, ni à sa chère amie Splith. Non, il ne songeait plus qu’à Luned. Toutes ses pensées étaient centrées sur elle. Qui était-elle vraiment ?
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19.03.17 11:42
Le sort s'acharnait sur moi. Rien ne m'était épargné.
J'ai tenté un moment de relancer la forge mais je n'étais riche que de chagrin et d'amertume.
Et on ne peut pas forger grand chose quand on ne possède rien d'autre. Le monde continue de tourner sans les morts et les absents. Ainsi la maison Hil'Acier reconnue il y a peu encore pour son savoir faire centenaire avait laissé la place à une autre maison bien vivante.

Je n'avais pas la force de rester dans la maison de mon enfance. J'ai donc refermé ses portes laissant la vermine et la poussière maître du domaine de mon enfance et de jours heureux.
Je suis parti loin de la Citadelle, vers le sud des Marches du Nord. Sur le moment je ne savais pas quoi faire. J'étais retombé dans cet état d'errance qu'avait causé de le décès de ma Calixte.
J'étais tourmenté par la mort de ma famille et par l'horreur de l'infanticide que j'avais commit.
Après tout ce temps la gravité de mon acte, s'imposait à moi sans voile. La Raison reprenait ses droits sur mon esprit.
chaque seconde accentuait la cruelle vérité: j'avais tué mon fils nouveau-né.
J'avais son sang sur mes mains. Son sang gelé dans ses veines.

C'est ainsi que la Providence m'a sourit.
Je marchais dans les profondeurs d'une foret enneigée. Les pins centenaires s'élevaient vers le ciel. Droits et fiers, inébranlables. J'étais seul, lorsque j'entendis un bruit, un bruits de sanglots étouffés.
C'est en les suivant intrigués que je suis tombé sur une fillette. Perchée sur la branche d'un pin encore assez jeune mais déjà grand.
Et là sur une de ses branches difficilement accessible il y avait une petite de quatre ou cinq ans qui pleurait à chaudes larmes. Ses grands yeux gris rougis par le sel de ses pleurs. Une fois encore les engrenages du Destin s'activaient sans que je ne le sache.


***

Le rouge avait laissé la place au noir. Au loin on entendait le clapotis régulier de l'eau. L'air se rafraîchissant doucement et s'emplissait des parfums des herbes. Une chouette avait décidé de commencer sa chasse à l'instant et s'envolait dans la nuit.
Les étoiles s’allumaient dans le velours du ciel et la Lune sereine et d'argent emplissait le ciel de sa beauté et consentait à se refléter sur le lac.
Dans d'autres circonstance Luned se serait sans doute essayée à la poésie. Dans d'autres circonstances.

La jeune fille ferma les yeux. Justes quelques secondes, le temps de refaire le point.
Elle revit le visage de Laerte lors de leur première rencontre. Elle était perchée dans un arbre à pleurer toute les larmes de son petit corps alors qu'elle s'était perdue et n'arrivait pas à retrouver son chemin.
Pour la mettre en confiance cet inconnu lui avait parlé, longtemps, et sans qu'il s'en rende vraiment compte il lui avait fait des confidences sur sa vie. Sur sa femme morte en couche avec leur petit garçon près d'Al-Far. Sur la figurine qu'il lui avait offerte pour sa demande en mariage.
Il s'était bien gardé de dire que son enfant été surtout sensé être mort parce qu'il l'avait abandonné dans la neige.
Mais après tout ce n'était qu'un détail mineur, pensa-t-elle sarcastiquement.

-C'est mon père adoptif qui m'a tout raconté. Il avait une femme à qui il a offert une figurine exactement identique à la tienne. Elle est morte en couche avec son bébé du côté d'Al-Far. Une nuit de tempête de neige. Tu as l'air bien vivant et bien grand pour un bébé mort né. Le sarcasme, son unique défense en cet instant.
Elle répondrait au questions de Stormer si il en posait mais elle n'avait pas la force de les devancer.
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Stormer Nuva
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19.03.17 16:50
https://ewilan.forumactif.fr/t3127-souvenirs-de-stormer-glacon-a
~ En musique ~

On m’offrait une chance. Une chance de rattraper mes vices.
Je ne réclamais rien de plus. Je me suis doucement approché de la fillette en lui demandant ce qui n’allait pas. Elle a tut ses sanglots et m’a craché quelques expressions bien senties au visage, traitant notamment de fils de Ts’Lich et de siffleur soumis. Je n’ai pas bougé et l’ai écouté attentivement, pensant comme si c’était mon défunt fils qui m’invectivait de la sorte. Je les avais méritées après tout ces insultes, j’avais même mérité bien plus.
Une fois que la petite eut épuisé sa réserve d’injures, je lui ai parlé. Je lui ai conté mon histoire, la triste histoire de ma douce Calixte morte en couche et de mon fils que j’ai qualifié de mort-né. Je n’avais pas la force de dire la vérité. Et puis, je pensais que dans quelques années, elle aurait oublié ce récit. Je voyais surtout cette enfant comme un moyen de vider mon sac, de me libérer de mes démons. J’ignorais qu’elle représentait en réalité bien plus que ça.

Ma confession a mise l’enfant en confiance. Elle est descendue de son perchoir et m’a révélé qu’elle était perdue. Je lui ai tendu ma main avec un sourire et elle a placé sa quenotte dans ma pogne. A l’aide des descriptions de sa maison, j’ai su la ramener chez elle. Sa mère l’attendait avec inquiétude sur le pas de la porte et a immédiatement pris sa fille dans ses bras à notre arrivée. Je la voyais étreindre son enfant avec soulagement, et je sanglotais en silence de ne pas pouvoir faire de même avec le mien. Par ma faute et mon aveuglement.


***

Luned ferma les yeux un instant, comme atterrée par la réponse de Stormer. Ce dernier voyait bien qu’elle savait quelque chose les concernant tous deux, mais que lui ignorait. Et cette information était apparemment bouleversante pour que l’apprentie ait tant de mal à la lui révéler. L’homme aux cheveux blancs ne bouscula pas plus sa comparse, pensant qu’il en avait assez fait. Lorsqu’elle rouvrit ses paupières, une lueur de tristesse et de nostalgie avait pris place dans son regard.
Avec difficulté, elle lui parla.
Elle lui parla avec une ironie qui tentait tant bien que mal de dissimuler sa mélancolie.
Elle lui parla et ses paroles se figèrent en Stormer tels des poignards.
Elle lui parla et il comprit que la quête de ses origines pouvait avoir une fin.

Il s’allongea sur le dos et ferma à son tour ses paupières.
Sa coquille de glace de brisa et il se surprit à pleurer. Sans un bruit, des larmes s’écoulaient le long de ses joues. Il ne rouvrit ses yeux qu’une bonne minute plus tard et fixa sa vue brouillée par le liquide salé sur la voûte étoilée. Il bredouilla divers mots mais s’étrangla avant d’avoir fini sa phrase. Il hésita encore, puis réussit enfin à articuler d’une faible voix :

- Ce que tu me contes, c’est que… ton père adoptif serait en réalité mon géniteur ? Il déglutit puis requit, avide de savoir. S’il te plaît, rapporte-moi toutes tes connaissances sur lui. J'aimerais savoir d'où je viens.
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25.03.17 11:12
Je suis resté avec elles. Elewen, la mère de la petite a vu mes larmes.
Elle n'a rien dit. Elle serait sa fille dans ses bras, ses yeux gris me fixant. Elle n'a fait aucune remarque lorsqu'elle est venue me remercier, elle m'a juste proposé de rester une nuit ou deux, le temps de voir c ce que j'allais faire.
Je suis resté. Je suis resté trois ans.
J'aimais ma vie là-bas, on vivotait plus qu'autre chose mais j'aimais Elewen et j'aimais Luned.
J'aimais jouer avec elle, m'occuper de la petite boule de vie qu'elle était, lui apprendre de nouvelles insultes.
Je retrouvais ce que j'aurais put vivre avec Calixte et notre enfant. Je réparais mes fautes, bénissant le sort d'avoir mit sur ma route une femme aussi merveilleuse qu'Elewen et une enfant comme Luned.
J'aurais aimé qu'elle m'appelle "papa". Mais elle ne le fit jamais, peut-être l'aurait-elle fait plus tard, mais si un jour nos routes se recroisent je pense que je n'aurais droit qu'à des insultes plus dures et froides que celles de notre première rencontre.
Et une fois encore je ne pourrais que les accepter sans mot dire, car elles seraient toutes justes.
Et si ce jour arrive cette fois aucun lien ne pourra se créer.
Je suis parti au bout de trois ans. Je suis parti quand Elewen a trouvé du sang dans sa paume après une crise de toux particulièrement violente.
J'avais la même chape glaciale que le soir de la mort de Calixte. Luned avait cinq ou six ans.
J'ai fui. Encore, brisant de nouveau une vie innocente.


***

Devant les larmes de Stormer Luned ne savait pas quoi faire. C'était déroutant (et pas qu'un peu) de voir M"sieur Glaçon pleurer en silence.
Sans qu'elle sache vraiment ce qu'elle faisait elle se mit à frotter maladroitement le bras du marchombre dans une tentative gauche de le réconforter. Elle comprenait que de telles révélations puissent bouleverser quelqu'un.
Le jour où sa mère lui avait révélé l'identité de son géniteur elle n'était pas bien non plus.
Un peu de chaleur humaine ne faisait pas de mal parfois.
Sans mot dire elle le laissa chercher ses mots, il lui faisait penser à un petit garçon perdu sur le point de retrouver le chemin de sa maison et qui n'osait trop y croire après avoir erré tout ce temps dans une foret sombre et brumeuse.
Reste à savoir dans quel état il allait retrouver sa chaumière.

La Lune sereine semblait vouer un intérêt paisible aux événements qui se déroulaient sous son éclat.
Luned comprenait l'avidité de Stormer. Elle avait eu la chance de savoir d'où elle venait assez tôt. Après elle savait aussi la douleur que pouvait causer ce savoir.
En particuliers lorsque l'on découvre que celui qu'on a cherché depuis si longtemps est un enfoiré de première.
Mais elle ne voulait pas le priver de son droit de savoir. C'était une chose affreuse que d'errer sans savoir d'où l'on vient.

- Je sais que Laërte est né à la Citadelle dans une famille de forgerons avec une très bonne réputation: les Hil'Acier. Il a rencontré une femme: Calixte dont il est tombé fou amoureux. Pour lui faire sa demande il a confectionné un petite merveille de savoir-faire et y a gravé son nom: une figurine de Frontalier. La belle a accepté, à la condition qu'ils ne restent pas à la Citadelle.
Le couple est donc parti s'installer du coté d'Al-Far où Calixte est tombé enceinte, puis morte en couche avec son bébé. Mais sur ce point j'émet de sérieux doutes. Bref, il est resté un moment à Al-Far à faire je ne sais quoi avant de rentrer à la Citadelle retrouver sa famille.
Seulement durant son absence elle s'était faite massacrer par des Raïs. Il n'a pas put reprendre la foge familiale et il est parti dans le sud des Marches.
Là ça allait devenir difficile, pour elle comme pour lui. Luned marqua une pose respirang=t l'air parfumé et doux de la nuit.
-C'est là bas qu'il a rencontré ma mère et moi. J'avais deux ou trois ans. Il est resté avec nous jusqu'à ce que ma mère tombe malade. Jusque là ça avait été un type bien.
Mais il est parti du jour au lendemain en prenant ses cliques et ses claques.
Après deux ans de lente agonie ma mère est morte et je n'ai pas plus à te dire sans tomber dans la tempête d'insultes. Je ne sais pas ce qu'il est devenu.

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Stormer Nuva
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26.03.17 18:53
https://ewilan.forumactif.fr/t3127-souvenirs-de-stormer-glacon-a
J’avais maintenant l’abandon de deux pauvres enfants sur la conscience.
Je n’étais qu’un lâche. Un lâche et une enflure.

Je suis parti loin de la Citadelle, me promettant de ne jamais y retourner. Je ne méritais pas d’être un Frontalier. J’ai erré en Gwendalavir, passant partout sans jamais m’arrêter. Je n’étais qu’un étranger aux mains ensanglantées, sur lesquelles étaient gravés les noms « Agape » et « Luned ». Evidemment, tout n’était que dans ma tête. Mais c’était pour moi le prix à payer. Ma souffrance, le prix à payer pour ma cruauté et mon aveuglement.

J’ai laissé pousser ma barbe qui se blanchit au fil des années. Cette couleur me rappelle mon fils. La nuit, lorsque j’essaie de m’endormir, j’entends encore ses pleurs… et moi le traiter tel un démon. Mes rêves, eux, me tourmentent plus qu’autre chose en me montrant sans cesse le visage de Luned en pleurs. Le matin, je me réveille toujours avec les larmes au bord des yeux et un immense poids sur le cœur.
Mais je repars. Je pars et j’accepte ce poids puisqu’il n’est dû qu’à mes propres décisions. J’aurais pu mettre fin à mes jours pour ne plus avoir à souffrir, mais ç’aurait été trop facile et peu équivalent face à mes vices.

J’erre et je souffre puisque telle est ma destinée.


***

Lorsque Stormer remarqua que Luned caressait son bras, il s’écarta peut-être un peu trop vivement de cette source de malaise. Ce n’était pas contre elle, seulement il appréciait peu les contacts physiques. Il écouta son récit et son cœur rata un battement lorsqu’elle lui conta qu’il était censé être mort avec sa mère. Une fois que l’apprentie eut fini sa narration, il comprit qu’elle n’appréciait absolument pas celui qu’elle nommait Laërte. Son géniteur. Il était vrai qu’à l’entendre son père ne valait pas mieux qu’une fiente de Ts’Lich… Mais l’homme aux cheveux blancs avait appris à se méfier des différentes interprétations que chacun pouvait avoir d’une même situation, bien que son propre vécu l’incitât à croire cette histoire. Si Laërte avait déclaré avoir eu un fils mort-né, il avait très bien pu l’abandonner. Pourquoi ? Stormer n’en savait rien. Mais si jamais il le croisait un jour, il se promit qu’il aurait une petite discussion avec lui.

Le marchombre passa sa main sur son front et soupira.

- Voilà bien pourquoi je pense qu’il ne faut pas croire connaître une personne en se fiant seulement sur ses origines…


La nuit était maintenant tombée mais la lumière de la Lune éclairait sans mal les alentours. L’homme aux cheveux blancs se releva et saisit sa besace. Il en sortit de la viande de siffleur qu’il proposa à sa comparse.

- En veux-tu ? Pour ma part, je n’ai pas encore mangé.
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