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Alone, I've been waiting, so long, it's true [Elyssa/Caym]
Caym Cali
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Caym Cali
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24.01.24 20:04
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>> EN MUSIQUE <<



FUNERAL - Cami

Dígame pa' que viene                            Dites-moi pourquoi venir
Si nadie lo invitó                                 Si personne ne vous a invité
Dígame a quién quiere salvar         Dites-moi qui comptez-vous sauver
Si nadie lo pidió                                   si personne ne l'a demandé
Dígame quién trae flores                  Dites-moi qui amène des fleurs
A su propio funeral                               à ses propres funérailles





__  Pourquoi venir si personne ne vous a invité  __

Al-Jeit et ses foules constituées d’individus anonymes concentrés sur leur trajet et aveugles à tout ce qui les entouraient, parvenant néanmoins à se saluer les uns les autres sans pour autant se voir. Aucune foule ne regarda le mur où était placardé une affichette depuis quelques heures. Aucun inconnu ne regarda l’homme qui contemplait cette affichette. Aucun d’entre eux ne songea à comparer ledit homme avec le visage dessiné sur ladite affichette.

CALI.

Ecrit en lettres capitales sur un papier provenant tout droit du palais impérial. Ce nom agressait l’œil de quiconque regardait l’affichette. En dessous, pour ceux parvenant à lire l’écriture arachnéenne de qui avait rédigé le texte, était inscrit : « Recherché pour meurtre. Tout information sera récompensée. »

Meurtre.

Comme ils y allaient. Rien n’avait été prouvé. Pourtant l’homme était vivement recherché… Etait-ce pour l’interroger ? Peu certain, un thül faisait partie des enquêteurs alors son interrogatoire risquerait d’être assez expéditif. Surtout qu’il n’était pas totalement innocent dans cette histoire. Une sombre histoire. Une histoire de meurtre. Une histoire du chaos.

La tension de l’homme montait tandis que ses pensées s’égaraient dans les souvenirs sinueux de la soirée où le sort avait décidé de s’acharner sur lui. …le sort ? Non. Justement. Là résidait l’origine du problème. C’étaient ses propres frères d’armes qui l’avaient mis dans cette situation. Qui l’avait provoquée puis qui s’étaient assurés de l’aggraver, au point qu’il devienne le fugitif le plus recherché du moment.
Son propre camp ! C’en était risible. Mais c’était une leçon qu’il fallait apprendre, les affres du talent et les ravages de la jalousie… Une leçon durement acquise. Une leçon donnée de manière pourtant pitoyable.
Jamais l’homme n’aurait laissé la moindre preuve de sa participation à un tel méfait. Il n’était pas plus un débutant qu’un demeuré. L’assassinat est une tâche complexe qui demande de la discrétion. Comment aurait-il pu laisser un courrier avec son nom et son envie de tuer la victime à côté du cadavre ? Franchement. Même pour un coup monté c’était d’une grossièreté affligeante.
Mais, sommes toutes, efficace.
Cali avait désormais son visage peint sur une multitude de prospectus dispersés dans toute la ville.

Une bousculade chassa toutes ces pensées.

L’homme qui contemplait son portrait fut contraint de placer un pied en avant afin d’amortir l’impact qui l’avait déséquilibré tout en tournant instinctivement la tête vers le perturbateur. Un homme d’une vingtaine d’année, vêtu élégamment mais sans grandes manières, à en juger par ses piètres excuses.

-Oups ! S’cuse…

La victime eut un reniflement méprisant et se tourna afin de faire face à l’imprudent, son agacement de tantôt commençant à prendre de l’ampleur dans sa poitrine. Par Merwyn, que les jeunes étaient désormais insipides et crétins…

-Mais... Le grossier personnage venait de voir le visage sur l’affichette et le pointait du doigts. C’est pas vous ça ?

Cali –c’était son nom, écrit en lettre capitale sur le papier– souffla par le nez et se força à détourner le regard pour observer le portrait accroché face à eux. Lorsqu’il prit la parole ce fut d’une voix moqueuse qui ne dissimulait nullement l’agacement qui le démangeait.

-Vous trouvez qu’on se ressemble peut-être ?! Des cheveux noirs, deux yeux et un nez, la bonne affaire !

Le regard gris de l’homme se posa sur l’idiot dont les yeux faisaient des allers-retours entre l’illustration et la personne réelle à ses côtés, ignorant le danger auquel il s’exposait en essayant de découvrir la vérité. Aller. Retour. Aller. Retour. Aller. Retour. Aller…

-Mmmvoui, vous avez raison. Ce type est bien plus canon. Bon, aller, à la revoyure !

Ulcéré, Cali regarda le suicidaire s’éloigner de lui en suppliant son self-control de tenir bon. Il ne devait pas lui courir après pour lui écraser la tête contre le mur jusqu’à ce qu’il finisse comme un œuf à la coque, prêt à la dégustation, mouillettes beurrées prêtes à l’emploi.

Le temps s’effilocha tandis qu’il luttait contre ses pulsions. Lorsqu’il parvint à reprendre pied dans la réalité il posa une nouvelle fois son regard sur le mur et contempla son double « plus canon ». Franchement.
Un ricanement lui échappa.

Sur l’affiche, le visage fin était imberbe et ses grands yeux bleus lui donnaient un air juvénile. Il devait avoir tout au plus vingt ans. Le modèle quant à lui avait une quinzaine d’année de plus et son visage en portait les marques. Quelques traces de futures pattes d’oies au coin des yeux. Quelques marques du temps sur le front. Quelques très rares cheveux blancs, fort heureusement, et aucun signe de calvitie. Aurait-on pu dire que ses yeux étaient en effet bleu mais d’une teinte délavée par le passage du temps ? Probablement, mais c’eut-été une erreur, ses prunelles grises parvenaient toujours à retrouver une teinte bleutée : lorsque le ciel était immensément bleu ou lorsqu’il était d’excellente humeur. …Ce qui n’arrivait pratiquement jamais.
L’homme en chair et en os a une différence supplémentaire de son double sur l’image : sa barbe. Une barbe de quelques jours, courte mais parfaitement taillée. Un petit ajout récent pour diminuer la ressemblance, l’information de sa recherche ayant fuité avant que les affiches ne soient posées. Le criminel préférait éviter qu’on ne l’importune de trop en évoquant une éventuelle ressemblance avec son portrait-robot. Ce serait usant à la longue.


*


L’homme délaissa la rue passante pour pénétrer l’enceinte silencieuse de l’imposante propriété, s’interrogeant sur ce qu’il était sur le point de faire et quel en était l’intérêt. Puis il se souvint. Tout était perdu, son travail à Al-Jeit, sa longue infiltration, ses plans pour prendre le pouvoir.

Nostalgie.

Du temps passé. Des rencontres effectuées. Des lèvres embrassées. Des opportunités crées. Du pouvoir caressé. Tout ceci prendrait fin. De ses rêves inachevés.
L’homme jeta un coup d’œil par-dessus son épaules afin d’apercevoir les hautes silhouettes des tours, et leurs passerelles filiformes, vestiges des plus grands dessinateurs de tous les temps. En quittant Al-Jeit il mettrait un point définitif aux rêves du Dessinateur qui sommeillait en lui. Ses songes d’égaler Merwyn s’évanouiraient tel un écran de fumé, lui rappelant sa petitesse et son destin qui n’aurait d’autres alternatives que de se finir tragiquement. Anonymement.

Amertume.

L’homme tourna la tête pour poser son regard sur la grande bâtisse qui s’élançait face à lui. Il la reconnaissait. Et avec cette reconnaissant du lieu venait les souvenir du « qui ». Perdu pour perdu. Pourquoi ne pas la revoir.

Elyssa.

Son esprit frissonna. Elle lui faisait toujours ce même drôle d’effet. Des années s’étaient pourtant écoulées depuis leur dernière rencontre. Est-ce qu’il ressentirait toujours les mêmes choses que lorsqu’ils avaient étudié à l’Académie ? Cette énergie adolescente de ces deux êtres diamétralement opposés qui débutent leur vie avec bien trop de hargne. Cette colère qui bouillonnait en eux dès qu’ils étaient dans la même pièce. Cette envie d’excellence, de surpasser l’autre. Et surtout, cette absence de contrôle. Totale. Il redoutait tout cela et l’espérait en même temps.

Cil’Darn.

C’était désormais une certitude, il devait la revoir. Une dernière fois.

Tandis qu’il s’avançait jusqu’à la porte d’entrée, son esprit demeurait obnubilé par la brunette qu’elle était alors. Par ce qu’ils avaient pu vivre. Et ce qu’ils n’avaient pas vécu tant ils avaient pris soin à ne jamais se croiser.
L’homme posa une main à plat sur la porte en bois massif, caressant doucement ses nervures creusées par le passage du temps, s’interrogeant sur la présence potentielle des parents de la dessinatrice. N’était-ce pas sa maison familiale à l’époque ? Sa main droite vint effleurer la serrure tandis qu’il se glissait dans les spires avec une aisance qui témoignait de son habileté à Dessiner. Crocheter une porte était un jeu d’enfant pour qui en avait l’habitude. Cali en avait l’habitude.

Un cliquetis métallique lui répondit. L’homme quitta les spires. La porte s’ouvrit sans un bruit.

L’assassin se glissa dans la grande bâtisse, silencieusement, tel un songe. Ses yeux détaillaient le vestibule bien trop grand et trop froid pour ne pas être l’entrée d’une maison noble depuis plusieurs générations. Délaissé. Ses doigts effleurèrent la poussière qui trainait sur la console. Pourtant, une légère odeur d’encens flottait dans l’air, rappelant au visiteur que l’endroit n’était pas inhabité. Le regard de l’homme se porta sur les escaliers face à lui qui menaient à l’étage. A la chambre d’Elyssa.
Son cœur s’emballa. Elle était si proche. Et les souvenirs si vifs.

Des voix le surprirent, mettant brutalement fin à son introspection et lui rappelant qu’il venait de commettre une effraction et qu’il demeurait toujours recherché pour meurtre, alors il avait tout autant intérêt à ne pas trop trainer…
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Elyssa Cil'Darn
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Elyssa Cil'Darn
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15.02.24 21:11
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La jeune femme replaça une mèche capricieuse derrière son oreille, puis reporta son attention sur la douce animation que lui offrait le flux ininterrompu de passants pressés. Al-Jeit... Al-Jeit la magnifique. Capitale de l'Empire et capitale de son cœur. La ville lui avait manqué, d'autant plus que sa dernière mission avait été quelque peu... éprouvante. Aussi savourait-elle tout particulièrement son jus de baies en terrasse, attentive au mouvement continu qui s'écoulait devant ses yeux et qui l'enivrait plus que si elle avait bu du vin.

Elle étira ses fines jambes sous la table puis joua distraitement avec le liquide vermeil qui ondula dans son verre. Ses pensées s'échappèrent au même rythme que celui de la foule. La boisson tourbillonnait dans son verre. Tout comme l'image qui s'imposa à elle sans qu'elle l'eût convoquée.

Volute sombre qui sursaute, s'étend, s'entortille. Spirale captivante qui ondoie autour du pied de son verre. Contact froid, dur de la serre agrippée à son avant-bras. Elle était une meurtrière. Volute qui s'étiole, s'évanouit. Comme si tout n'avait été qu'un mauvais songe.

Elle avait bien du mal à cerner pourquoi ces images lui revenaient en tête. Elles n'étaient jamais vraiment parties, prenaient un malin plaisir à la hanter, à lui rappeler qui elle était réellement, tout au fond de son âme. Une meurtrière. Parfois, quand ces sensations s'imposaient à elle de avec la force et la détermination d'un groupe de Thüls jouant des coudes dans la file d'attente d'un réfectoire... Non, souvent même, elles l'amenaient à se souvenir de sensations toutes autres. La glace et le feu en même temps. La légèreté des mots et le poids des actes. Le désir et la révulsion.  

Caym.

*

    La fête battait toujours son plein lorsqu'Elyssa franchit de nouveau l'arche ouvrant sur la grande salle. La liesse générale, la musique, la boisson, les lumières formaient un délicieux chaos. Elle attrapa une coupe sur le plateau qu'un première année transportait, ayant totalement occulté le fait qu'elle avait été à sa place quelques années auparavant, rêvant de ce qu'aurait été sa consécration. Et quelle consécration... Major dans une matière, son nom sur le réceptacle de l’œuvre d'art qui trônait au centre de la pièce et qui excitait les gens au moins autant que la boisson, un poste au palais dès son retour de vacances bien méritées, et une irrésistible impression de pouvoir. Irrésistible... la sensation rappelait à elle de tout autres souvenirs, très, très frais. Ou chauds, selon le niveau de lecture. Le frisson qui parcourut son dos et ses pupilles un peu trop dilatées passaient heureusement inaperçues dans le bruit général. Elle avisa Kryss à quelques mètres d'elle. Quelques mois en arrière, elle se serait précipitée pour tout lui raconter. Mais lui raconter quoi? Qu'elle avait franchi la limite, les limites, sur les toits de l'école une demie-heure plus tôt? Qu'elle avait définitivement abandonné tout espoir de récupérer son ex petit-ami? Qu'elle avait cédé à cette pulsion presque animale? Qu'elle s'était sentie tellement vivante, tellement... puissante? Elle-même n'arrivait pas à mettre les bons mots sur ce qui s'était passé entre Caym et elle. Là-haut mais aussi depuis le début de leur relation. Si tant est que l'on puisse appeler cela une relation. Si tant est que de tels mots existassent...


*

Dérangée par cette soudaine résurgence, la jeune femme termina son verre d'une traite et se leva, non sans avoir laissé de quoi régler sa consommation. Elle se mêla à la foule, espérant remettre un peu d'ordre dans ses pensées sur le chemin qui la ramènerait à son appartement.
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Caym Cali
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18.02.24 16:59
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Bare your soul 'til it's naked
Bite my lip 'til you break it
Steal my heart, get it wasted
Don't do it slow
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À peine essoufflé malgré les volées d’escaliers qu’il a gravies quatre à quatre, Caym Cali referme le battant de bois derrière lui, aussi silencieux qu’un songe, guettant des bruits qui indiqueraient avoir été repéré. Rien d’autre que des voix indistinctes et lointaines. Nulle tonalité qui ressemble à celle de Cil’Darn.
Les yeux gris de l’homme balayent la pièce où il vient de s’enfermer, la reconnaissant malgré les années passées. La décoration a changé. Légèrement. Il longe le mur, s’amusant à dénicher quelques fissures provoquées par “l’incident”. Sa peau se hérisse à la caresse du souvenir qui habite cette pièce qui fut la chambre d’Elyssa Cil’Darn avant qu’il ne la rencontre.

L’homme avale une gorgée d’air frais luttant contre les sensations qui l’envahissent, involontairement. Implacablement. Il lui semble que l’air devient plus lourd à chaque pas. Il l’entend crépiter. Une force le pousse à avancer.
Le verrou. Elyssa. La tempête. Le pouvoir. Tous ces souvenirs s’entremêlent en un cyclone qui souhaiterait le faire plonger dans le passé. Mais il s’y refuse. Il est devant la fenêtre désormais. Son esprit n’est cependant pas là. Ses yeux posés sur les bâtiments de l’autre côté de la rue ne les voient pas. Il est au bord d’une falaise, conscient qu’il va sauter et quitter ces terres. Effrayant. Mais il sait que c’est ce qu’il doit faire. Il pourrait tenter de lutter, rester en haut du promontoire, retarder l’inévitable… Pourtant. C’est désormais le reste de sa vie qui l’attend. En bas. Ailleurs.
Cali laisse ses doigts fins qui ont perdu de leur cal faute de temps pour s’entrainer au maniement des armes caresser le vitrage. Glacé. Il soupire et laisse le froid le mordre et remonter le long de son bras. Le froid et ses souvenirs.


*


Caym ne put s’empêcher de glisser ses doigts dans la tignasse désormais désordonnée de son amante pour l’attirer à lui dans un nouveau baiser vorace, n’y mettant terme qu’une fois à court de souffle, ses lèvres brulantes caressant celles d’Elyssa.
Ces lèvres qu’il n’avait eu de cesse de dévorer depuis qu’ils s’étaient retrouvés sur ce toit.
Ces lèvres qui avaient un gout fruité, probablement dû au baume qui avait dû y être appliqué tandis que la Dessinatrice se préparait pour la soirée.
Ces lèvres qui auraient rendu dépendant quiconque goutait à ces baisers sucrés.
Ces lèvres que Caym Cali mordilla une dernière fois tandis qu’il libérait Elyssa de son emprise. Il la laissa lui échapper non sans cesser de l’observer avec intensité. Ses yeux brillants glissèrent sur les parcelles de peau qu’elle dévoilait à la lune, et qu’il avait pu gouter. Ses lèvres s’étirèrent tandis qu’il devinait à certains endroits quelques marques rouges témoignant de la passion furieuse qui les avait consumés. Baisers affamés. Caresses impérieuses.

C’était la première fois que Caym vivait un moment aussi intense. Torride. Ravageur.
Il avait déjà fait l’amour avant, évidemment, c’était un besoin naturel, un acte nécessaire. Mais il n’avait jamais ressenti ce désir le consumer avec une telle violence. Il avait perdu tout contrôle de lui-même. Ça avait été incroyable. Aussi terrifiant que galvanisant. Il en avait perdu le souffle, ses pensées s’étaient étiolées et son cœur avait failli exploser.
Qui l’eut cru.

Elyssa.

Les yeux gris sourirent, s’accordant aux lèvres de Caym juste avant qu’il ne les mordille. Il voulait dire quelque chose mais en était incapable. Son esprit était vide de mot. Il voyait uniquement Elyssa. La femme. Pour la première fois sa beauté le frappa, les courbes de son corps, la délicatesse de son visage, l’intensité de son regard.
Elle finissait de rhabiller.
Cali quant à lui était toujours à terre, allongé sur sa veste qui leur avait servi de drap, les protégeant vainement du froid de la pierre sous leurs corps ardents. Sa chemise ouverte dévoilait son torse musclé mais elle n’avait pas été entièrement retirée, l’impatience les en empêchant. Il se redressa et tendit la main en direction de son amante, mais elle était trop loin. Elle retomba mollement sur sa jambe repliée.

Dans la nuit, des lumières colorées filtraient à travers les verrières et coloraient le ciel. Une musique lointaine et un brouhaha léger leur rappelèrent où ils étaient. À la soirée de leur remise de diplôme. Sur le toit. À céder à des pulsions inconnues. Des pulsions qu’ils refoulaient depuis trop longtemps. Des pulsions finalement assouvies.
Caym voulait la retenir, son corps l’exigeait, mais il en était incapable. Il la regarda tourner les talons, son cœur palpitant de détresse dans son torse. Il devait parler, dire quelque chose, agir !
« Elyssa… »
Mais ce ne fut qu’un soupire qui n’atteint probablement jamais sa cible.
Elyssa avait quitté le toit.


*


Caym Cali s’éloigne du vitrage, déçu. Évidemment qu’elle n’est pas là. Pourquoi l’aurait-elle été. Il s’agit de la demeure de ses parents. Qu’a-t-il espéré ?
La colère bout en lui. Trop facilement. Sa faute. Ça a toujours été ainsi avec elle. Toujours trop. Trop d’émotion, trop de colère, trop de dédain, de jalousie et d’envie. Mais le temps lui a apporté un recul qui lui permet désormais de savoir qu’il y a eu un avant et un après.
L’académie.
Avant et après. De mercenaire du chaos motivé mais médiocre à mentaï redoutable et redouté.
Elyssa.
Avant et après Elyssa Cil’Darn.
Ça lui coute de l’admettre. Il a envie de tout fracasser à l’idée de lui devoir quelque chose, mais il ne cesse de revenir à ce point. À cette certitude. C’était elle qui l’a forgé. Celui qu’il a été après.
Avant. Il avait beau être sorti de l’adolescence depuis de nombreuses années il était comme un gamin chargé de rage et incapable de voir. Après. Il est devenu un homme capable de porter le masque de la sociabilité, conscient de son pouvoir, tant de séduction qu’avec le Don.

Pour mettre un terme à celui qu’il a été à Al-Jeit -et même au-delà- de quitter définitivement cette vie, il veut la revoir. Il lui faut la remercier.
Alors il tourne les talons, guette des bruits indiquant que sa présence dans la demeure des Cil’Darn a été remarquée, mais seul le silence lui répond. Il rejoint la porte d’entrée sans avoir été repéré. Il ricane en la refermant, une fois dehors. Il ne cesse d’être surpris par la facilité avec laquelle il parvient à s’infiltrer dans les grandes maisons de maître. Comment ces gens peuvent-ils se plaindre de s’être fait dérober tous leurs biens avec une simple serrure comme protection sur leur porte principale ? Il ne faut pas s’étonner de finir étouffé dans son sommeil lorsque l’on n’investit pas dans sa sécurité.
L’air citadin lui fouette le visage, la météo semble capricieuse. Il lève les yeux vers le ciel y découvrant de sombres nuages. Coïncidence ? Ses lèvres s’étirent en un sourire moqueur, songeant qu’ils avaient réussi à faire plus menaçant que ces nuages dans la chambre de la jeune femme lorsque le verrou avait cédé.
Se remettant en marche, Cali laisse ses pas le guider en direction de l’académie. Il espère pouvoir y trouver des informations sur la vie que mène désormais Cil’Darn.



*


Cali n'avait finalement pas quitté la soirée. Il n'avait pas suivi son plan de retourner dans son dortoir pour préparer ses affaires et quitter l'académie.
En fait, il était resté sur ce toit de longues minutes après le départ d'Elyssa Cil'Darn. D'abord inquiet, paniqué. Elle était partie sans qu'il n'ait pu lui parler ni la retenir... Puis il avait réalisé que c'était mieux ainsi. Qu'aurait-il pu dire ? Il était incapable de mettre des mots sur ce qu'il se passait. Sur ce qu'il ressentait.
En fait, ce ne fut qu'une fois qu'il réalisa qu'il était profondément apaisé qu'il se décida à retourner à la soirée. Un calme serein l'envahissait. Jamais il ne s'était senti de la sorte. C'était rassurant. Il avait l'impression d'être au centre d'une accalmie, sans savoir combien de temps elle durerait mais il pouvait profiter d'un ciel dégagé et de la douceur des éléments.
Alors, fier de ce changement profond qu'il ressentait en lui, il s'était dit qu'il allait tenter de prendre ce chemin. Peut-être était-ce une alternative, ou juste une distraction momentanée, mais il était prêt à s'y jeter à corps perdu. Alors, le Dessinateur avait traversé le grand bâtiment jusqu'à finalement atteindre la salle principale. La décoration était sommaire mais les quelques décorations rappelaient leur sculpture unique à l'entrée. Mais peut lui importait, décorations et petits fours n'étaient pas ce qui attiraient son attention. Non, il cherchait du regard une certaine brune parmi la foule de convives. Familles d'étudiants, employés royaumes, hauts fonctionnaires, enseignants et élèves... Tout le gratin d'Al-Jeit semblait s'être réuni pour l'occasion. Quelques heures auparavant cela l'aurait agacé, il aurait sentit la rancœur prendre possession de son esprit, mais pas en cet instant. Il n'en avait absolument plus rien à faire. Il venait de reconnaitre Elyssa. Un sourire étira ses lèvres et il s'avança dans sa direction.
Son sourire fondit comme de la neige au soleil lorsqu'il vit Elyssa saisir la main tendue d'un bellâtre qui l'entraina sur la piste de danse. Ses yeux s'assombrirent tandis qu'il observaient leurs corps débuter une danse, leurs corps bien trop proches. Pas autant que le sien et celui d'Elyssa quelques minutes plus tôt sur le toit. Mais tout de même trop. Le souvenir de leurs instants d'intimité étaient bien trop frais dans son esprit pour qu'il ne sente pas une rage sourde monter de ses entrailles jusqu'à son coeur. Le pauvre organe se fit compresser par une force invisible et immédiatement l'accalmie prit fin. La tempête gronda de nouveau, presque familièrement, aux oreilles du mercenaire du chaos. Sa mâchoire se contracta lorsqu'il surprit un rire provenant des lèvres rosées d'Elyssa, et il détourna le regard, incapable de la voir souriante dans les bras d'un autre.
Caym pivota et tourna le dos à cette scène qui le rendait furieux.

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