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Début d'un voyage...
Scrimaus Halow
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Date d'inscription : 25/11/2019

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Scrimaus Halow
Mercenaire__Membre



30.11.19 22:09
      La caravane formait une longue procession bruyante à travers les champs de blés dorée par le lourd soleil de ce début d’été. La large route qu’elle suivait tirait un trait gris partant d’Al Jeit droit vers le nord en parallèle du fleuve le Pollimage dont les caravaniers pouvaient voir les reflets mouvants au détour d’une colline ou d’un vallon. Loin devant le premier chariot, les éclaireurs fouillaient plus ou moins consciencieusement chaque recoin de l’itinéraire prévu afin d’éviter les nombreuses embuscades que le chaos de l’empire rendait de plus en plus nombreux. Derrière eux, et juste avant la caravane de marchands, une vingtaine de Thül formaient l’avant-garde dont le rôle était de retenir les assaillants à l’avant le temps que le reste de l’escorte ne les rejoignent pour repousser l’attaque. La caravane étant partie le matin même, les gardes étaient décontractés, leurs mains loin de leurs épées et l’esprit encore embrumé de la soirée d’hier qui avait été très arrosée. Le bruit de leurs conversations se perdait dans le brouhaha assourdissant des chariots qui les suivaient sur le rythme lent et routinier des bêtes de traits. La plupart des rémouleurs, des revendeurs d’épices, de babioles, de tissus ou tous autres articles recherchés dans les villes du nord avaient misé beaucoup sur ce voyage et leur visages étaient plus tendu que les Thüls. Un silence aussi pesant que la poussière soulevée par les roues en bois et les sabots des chevaux régnait parmi les caravaniers qui scrutaient tous les buissons qui jalonnaient la route, la peur à peine dissimulée dans leurs yeux.

    A la fin de la procession, un nuage de poussière abaissait toute visibilité à moins d’une dizaine de mètres. Quand Scrimaus ne fermait pas tout simplement les yeux pour tousser tout ce qu’il avait inhalé. Dès l’aurore, Le mercenaire avait rejoint la place du départ des caravanes et trouvé le plus grand des Thüls qui préparaient leurs montures pour la route. Le mercenaire lui avait demandé de pouvoir se joindre à eux et avait proposé de mettre à l’épreuve ses compétences. Voyant un homme à l’âge trop mûr, armé d’un simple sabre moins grand que son propre bras, le Thül avait éclaté de rire avant de lancer un défi au mercenaire. Les gardes étant en nombres, le vainqueur de leur petit combat « amical » serait celui qui accompagnerait la caravane. Scrimaus avait reculé d’un pas, évalué son adversaire improvisé avec un long regard avant d’hocher la tête. En temps normal, le mercenaire serait le plus loin possible d’une lame tenue par un guerrier fou furieux qu’étaient les Thül mais il avait désespérément besoin de s’éloigner d’Al Jeit avant que le maître de la cible de la nuit précédente ne le retrouve et n’abrège sa vie. Avec la lenteur propre aux Marchombres en colère.

     Le combat contre le Thül avait duré qu’une minute ou deux. Scrimaus l’avait laissé le tester en restant sur la défensive les quelques premières passes puis avait attendu son moment. Lorsque la grande lame du guerrier Thül s’éleva à nouveau pour porter un coup de taille à pleine puissance, Scrimaus laissa ses reflexes prendre le dessus. Il  inversa la prise de son sabre et d’un coup d’estoc porté à deux mains, l’enfonça d’un bon mètre dans l’épaule du guerrier. Scrimaus aurait pu se contenter de quelques gouttes de sang en passant le tranchant aiguisé de sa lame sur le bras découvert du Thül mais la peur d’être laissé de côté et la honte pas encore tout à fait digérer de ses actes de la veille, l’avaient fait bougé avant même de prendre conscience de ce qu’il faisait. En se tournant vers les autres gardes tout en dégageant la lame de son sabre du corps de son adversaire, Scrimaus eu bien du mal à maintenir le visage inexpressif qui le caractérisait. Il avait été un tout petit peu trop loin et il le savait. Si les autres gardes Thül faisaient partie du même clan que son adversaire, la situation risquait de devenir beaucoup plus compliquée. Et très rapidement.

   Le grand guerrier derrière lui jura dans plusieurs langues avant de prendre les rênes de son cheval avec son bras valide et de s’éloigner de la caravane sans rien ajouter. Les autres ne bronchèrent pas non plus et se détournèrent du mercenaire. Scrimaus attendit quelques minutes mais personne ne vint le voir et il décida de simplement suivre les autres gardes. Lorsque les marchands se rassemblèrent et commencèrent à s’aligner pour le départ, un cavalier Thül plus trapu que les autres l’apostropha pour l’enjoindre à rester avec l’arrière garde. Scrimaus avait participé a suffisamment d’escorte de caravane pour savoir que l’ arrière garde est généralement constitué des plus jeunes et des plus vieux. Ceux dont la confiance n’avait pas encore été mérité et ceux dont l’expérience avait montré qu’ils n’en étaient pas digne. Le mercenaire avait regardé le ciel puis avait dégagé son cheval de la ligne pour inspecter la route. Avant de pousser un long soupir en rejoignant la place indiquée. Un très très long soupir. L’air était chaud et sec, devant lui plus de quarante chariots et le double de bêtes allaient rouler et marcher, le mercenaire estima qu’il serait heureux d’arriver Al Jeit sans cracher un poumon le long de la route…

  La matinée était passée calmement, la caravane avait avancée aussi vite que possible et depuis quelques heures, la silhouette des hautes tours de la capitale n’étaient pus visible derrière les petits vallons qu’ils traversaient. Scrimaus en avait profité pour faire ralentir légèrement son cheval afin de s’éloigner du nuage de poussière que soulevait le convoi et essayer de respirer plus facilement à travers l’écharpe en tissus bleu d’Al Pol qui lui tenait tellement chaud que le vêtement était humide de sueur. On lui avait accolé un binôme qui avait à peine l’âge de ses bottes mais le mercenaire n’en avait cure tant qu’on ne lui demandait pas d’être responsable de qui que ce soit. Plusieurs fois au cours de ce début de voyage, Scrimaus n’avait pu s’empêcher de regarder derrière lui, ses yeux noirs fouillant la route aussi loin qu’il lui était possible pour trouver d’éventuels poursuivants ou d’indice indiquant que la caravane était suivie. S’il avait cru voir il y a un moment un reflet métallique en haut de la colline surplombant la route, le mercenaire ne l’avait pas revu depuis et son esprit avait déclassé l’anomalie du statut de menace immédiate à délire paranoïaque.

- Dis étranger, c’est bien toi qui a battu X ?
- Non.

    Scrimaus n’avait pas parlé depuis le départ de la caravane et remarqua le rauque de sa voix lorsqu’il répondit. Le mercenaire savait que le jeune guerrier avait posé une question purement rhétorique car il l’avait vu regarder le combat mais n’avait pas envie de commencer une conversation sur un sujet aussi sensible que la défaite d’un Thül dans un défi qu’il a lui-même lancé. Il s’en suivait généralement de longs débats sur les règles que le mercenaires avait bafouées et une remontrance gratuite de ce qu’un homme d’honneur, comme tout vrai Thül devrait avoir, aurait dû faire à sa place de sale mercenaire mais son jeune binôme avait visiblement besoin de parler.

- Je t’ai vu ce matin ! Impressionnant ! Tu es rapide pour un vieux, toi !

    Scrimaus serra les dents en comptant jusqu’à dix avant de souffler discrètement par le nez. Vieux moi ??Imbécile ! Le mercenaire se renfrogna, éloigna la main contractée qui s’était posée sur le pommeau de son épée à son insu et flatta l’encolure de sa monture pour cacher l’irritation qui gagnait son visage. Le jeune guerrier continuait sur sa lancée, maintenant intarissable, en racontant son histoire. Toute son histoire. Depuis le jour de sa naissance. Le mercenaire le laissa déblatérer tout en se concentrant sur ce qu’il se passait autour de lui.

Quelque chose n’allait pas.

   Scrimaus n’avait pas besoin de s’écarter de la colonne pour savoir que l’avant-garde n’allait pas tarder à entrer dans la forêt Y qui n’était pas très grande mais qui isolait totalement la route. Les gardes avaient eu la matinée pour cuver leur vin et cette forêt constituait le premier vrai danger pour la caravane. Les Thül qui formaient deux lignes le long du convoi s’étaient rapprochés de l’avant, prêts à lancer leurs chevaux au galop à la moindre alerte même si les éclaireurs n’étaient toujours pas revenus signaler le moindre danger. Tout le monde se tenait prêt.

Mais quelque chose n’allait pas.

    Scrimaus avait beau plisser les yeux pour chercher ce qui le dérangeait, il ne voyait rien. Des oiseaux s’envolaient de l’orée de la forêt mais trop peu nombreux pour que ce soit suspect, sur sa droite, aucun bruits, aucun mouvements. Le silence presque complet… Sursautant à moitié, le mercenaire tourna la tête pour voir ce qui avait bien pu faire taire le jeune Z qui finissait de lui raconter son adolescence dans son clan et se figea. Horrifié. Les yeux juvéniles du jeune homme étaient écarquillés par la terreur et la souffrance, fixés sur la pointe de flèche écarlate qui dépassait de sa gorge. Le mercenaire n’eu même pas le temps de bouger que son binôme tombait à terre, mort avant même que ses yeux ne se ferment par le choc avec le sol. Ne sentant plus son maître sur son dos, le cheval rua et paniqua. Le recul de sa propre monture devant l’odeur de sang qui se répandait dans l’air fit revenir Scrimaus à lui.

- ALERTE ! Derrière nous ! Derrière nous !

    Voilà ce qui n’allait pas. Toute l’attention était focalisé sur la forêt et plus personne ne surveillait vraiment ce qui se passait derrière eux. Le paysage était trompeur car, en s’éloignant d’Al Jeit, les vallées étaient plus encaissés et les crêtes de chaque côté de la route pouvaient cacher de petites armées. Un cor Thül reprit l’alerte mais Scrimaus n’attendit pas de voir le résultat. D’un mouvement sec de la main, il fit volter son cheval pour faire face aux assaillants, enroula rapidement les rênes au pommeau de sa selle, accrocha les lanières de cuir de son bouclier en bois cerclé de fer avant de dégainer son sabre d’un geste tellement répété qu’il en était devenu fluide et automatique. L’allonge réduite de l’arme pouvait être un handicap à cheval mais sa maniabilité et la qualité de l’acier  offraient d’autres avantages. Le mercenaire entendait derrière lui les derniers chariots accélérer sous les cris des marchands et le bruit du fouet, et plus lointain, le son d’une cavalcade lui apprit que les gardes Thül avaient rebroussé chemin pour repousser l’embuscade. Absolument pas rassuré, Scrimaus regardait dans toutes les directions, essayant de trouver l’archer qui avait tiré la flèche toujours en travers de la gorge de Z. Une seconde plus tard, son instinct lui indiqua la Crète de droite à une centaine de mètres. Une dizaine de projectiles montaient dans les airs. Le mercenaire enfonça ses talons dans le ventre de sa monture qui réagit en entrant dans un galop explosif. On aurait pu croire qu’une fois identifié d’où était venue la menace, Scrimaus avait décidé de régler ça tout seul mais il voulait simplement quitter le plus rapidement possible la zone visée par les archers. Une dizaine de mètres plus loin, il tendit les rênes et son cheval ralentit légèrement pour être rattrapé. Des gardes Thül le dépassèrent au triple galop, accrochant les rayons du soleil en faisant tournoyer leurs lames au dessus de leurs têtes. Bien, allez y bande d’idiots, passez devant ! Retenant un soupir de soulagement, le mercenaire fit reprendre un galop de charge à son cheval, posant un regard expérimenté sur le champ de bataille qui se déroulait devant lui maintenant qu’il avait atteint la crête. L’homme qui avait imaginé cette embuscade avait eu l’intelligence d’utiliser la forêt comme diversion mais avait fait l’erreur de tout miser sur l’effet de surprise. Les Thül avaient rattrapé les archers malgré les flèches qui fusaient de toutes parts et abattaient leurs lames comme pour faucher de l’orge. Scrimaus ne put retenir un haut le cœur en voyant la tête d’un archer voler à bien trois mètres du corps d’origine. Une dizaine de cavaliers, ceux qui devaient sûrement attaquer les derniers survivants du déluge de flèches pour finir le travail selon le mercenaire, avaient déjà tourné bride depuis longtemps, disparaissant rapidement derrière une autre vallée plus à l’est.


  La contre attaque se termina avant même que Scrimaus n'arrive sur les lieux. Le petit galop qu'il avait fait adopter à son cheval y était peut être pour quelque chose mais le mercenaire ne comptait pas risquer sa vie pour quelques pièces d'or. Un cavalier Thül le rejoignit.

- Beau combat mercenaire...
- Merci. On reprend la route maintenant ?
- On va commencer par récupérer le corps d'Y pour faire une veillée funèbre en son nom ce soir. Tu n'y es pas invité.

Le Thül s'éloigna de Scrimaus, un masque de dégout et de colère sur le visage. Le mercenaire se sentit vaguement soulagé qu'on ne laisse pas le cadavre de son ancien nouveau binôme pourrir au soleil puis évacua toutes émotions de son esprit pour reprendre sa place à l'arrière du convoi. Cinq Thüls et une famille de marchand était resté en arrière pour récupéré les objets de valeur sur les cadavres des bandits laissant le reste de la caravane reprendre la route et s'enfoncer dans la forêt sombre et silencieuse devant eux.
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