Roxane avait passé sa journée à soigner des personnes. Oui certes, cela lui plaisait au plus au point. Mais que, à chaque coup, les voyageurs s’étonnent de ces talents de guérison ! Tout ceci parce-qu’elle était une fille. Une adolescente, qui plus est.
Elle commençait à en avoir vraiment marre. D’habitude, lorsqu’elle voyage toute seule et qu’elle rencontre des gens blessés ou à qui elle demande si son aide serait utile, ils ne disaient rien du tout ! Ils se contentaient de hocher la tête et de la remercier humblement. Alors pourquoi des personnes qui viennent à Feriane de leur gré s’en vont douter d’elle ?

-C’est elle qui va me soigner ? Elle est sûrement incompétente. Elle ferait le boulot à l’envers. J’exige d’être soigner par un autre rêveur ! Ex-pé-ri-men-té. Vous comprenez ce mot ?!!

La rêveuse se retint d’étrangler la dame. Avec toute sa parure, elle ressemblait à…à rien, à vrai dire. Une grosse touffe de vêtements et de bijoux parlant, sans plus.
Le rêveur assis près d’elle lui envoya un regard désolé, mais elle ne daigna même pas le regarder. Elle se retourna et l’ignora royalement, et courut hors du château.
Il était sur ses talons. Ses pas résonnaient après les siens dans les dédalles des couloirs, aussi, agacée, elle se retourna :

-Laisse-moi donc !

Il soupira, avant de lui lancer :

-Ecoute, je sais que tu te sens vexée mais…

-Pas vexée, le coupa la jeune fille. Humiliée.

Il baissa la tête. Roxane se demandait si elle devait le planter là ou attendre qu’il se décide enfin à parler. Prise dans une intense réflexion sur ce sujet, elle laissa passé la première option, la seconde la devançant :

-Bon et bien, où vas-tu ? Ne vas pas trop loin, c’est dangereux.

La rêveuse laissa échapper un énorme rire. Elle lui adressa un clin d’œil et remonta sur ses pas, à sa hauteur :

-Je voyage souvent tu sais. Le danger ne me fait pas peur.

Les deux jeunes gens se rappelèrent pas plus tard que la veille, lorsqu’un de leur hôte leur avait tous raconté l’un de ses exploits, abattant un brûleur. Ils se souvinrent particulièrement le moment où, effrayée, Roxane avait hurlé, alarmant tous les rêveurs environnant…

-Bon, se justifia-t-elle. Presque pas, alors.

Puis elle tourna les talons, et sortit du château. La jeune fille prit une énorme bouffée d’air, et entreprit de s’aventurer dans les plateaux environnant. Peut-être des voyageurs cherchaient-ils le château et s’étaient perdus, comme cela arrivait souvent…
Tout en marchant, elle chantonna un air, qui lui valu les regards curieux des passants. Elle leur tira simplement la langue, continuant son chemin.
C’est là qu’elle vit une petite troupe de gens sur leur cheval, l’air tous fatigués. « Ils cherchent sûrement à s’abriter. ». Roxane s’approcha d’avantage de ses personnes. Arrivés à leur hauteur, elle leur offrit son plus grand sourire et les salua d’une petite courbette.

-Bien le bonjour. Vous voici à Fériane.

Une femme se tenait en tête du groupe. Elle était…Très jolie. Il n’y avait pas de doute là-dessus. Elle était assez petite, mais possédait de longs cheveux noirs parsemés de mèches blanches. Ses yeux étaient d’un bleu cristal, et la rêveuse dû secouer la tête pour se détacher d’eux. Elle entreprit alors de se présenter :

-Vous avez besoin d’aide ? Je vais vous conduire à notre château. Je me présente : je m’appelle Roxane et j’ai quinze ans…Heummm..Je suis une rêveuse.

Des murmures se firent entendre dans les rangs-si on peut appeler le peu d’hommes comme ça ^^"-, et la jeune fille leva le bras d’agacement, intimant le silence. Ils se turent aussitôt, à la grande joie de Roxane, qui parvint du mieux qu’elle put à cacher.

-Hum…Bon. Oui, je suis rêveuse. Oui, je suis jeune. OUI, je suis une fille. Mais je ne suis pas inexpérimentée. Compris ?

Elle essaya du mieux qu’elle put à apparaître féroce, mais se n’est pas les voyageurs qui rirent les premiers, mais la rêveuse elle-même qui ne tint plus. Elle ne savait vraiment pas rester sérieuse longtemps.
Elle se tourna ensuite vers celle au cheveux noir.

-Et vous, qui êtes-vous ? s’enquit-elle. Et qu’est-ce qui vous amène entre nos murs ?

[HS: désolée de l'attente de la réponse, mais je savais pas qu'on faisait un rp! O_o...C'est en cherchant un rp à répondre que je t'ai vue XDD]

-Pour ma part, je m'appelle Neleam. Je suis chevalier. Et une fille. Pour l'instant ça me pose pas de problème, même petite et mince. Je suis une teigneuse donc ça rééquilibre les forces.

Elle sourit alors à la rêveuse avant de reprendre :

-Les autres, Neleam désigna les 4 hommes derrières elle, sont soit chevaliers comme moi, soit gérants. Les 2 derrières s'occupent en gros de l'organisation de caravanes, les gens qui doivent participer, les budget, ect.. ils ne sont pas très bavards... Les chevaliers non plus en fait..

Devant la grimace de la femme chevalier, Roxane ne put s’empêcher de sourire. Elle n’avait pas rencontrer beaucoup de chevaliers dans sa vie, mais il était vrai qu’elle avait pu remarquer qu’ils n’aiment pas trop parler, contrairement à elle. Ce qui leur avait posé pas mal de problème. En sois, ils avaient répondu à toutes ses questions, mais par monosyllabe.
Elle n’avait pas non plus encore vu de femme parmi les chevaliers, et était assez contente qu’elle ne soit pas la seule exception d’une guilde.

-Mais pour répondre à ta question sur notre venue ici, et bien c'est qu'un convoi s'est arrêté pas loin d'ici et que Fériane est le seul endroit où passer la nuit. Les gens du coin n'apprécient pas héberger tant de personnes, surtout de grands mangeurs. Mais ça faut éviter de le dire.

Elle lui adressa un clin d’œil, et la rêveuse se risqua à rire. De grands mangeurs, hein ? Ils n’allaient pas être malheureux, à Fériane ! On dressait toujours une énorme quantité de victuailles ! Et comme il n’y avait pas trop de personnes qui dormiraient cette nuit ici, il y aurait sans doute beaucoup trop à manger pour le ventre des rêveurs et des quelques invités, donc ils ne souffriraient pas cette nuit de famine !

-Sinon après je pense que tous retournerons vers une grandes villes proche, pour retravailler, mais moi j'aimerais plus rester dans le coin, que je ne connais absolument pas, et je suis certaine qu'il y a des personnes qui ont besoin de mon aide ! Mais pour le moment direction le château ! Et si tu pouvais aussi décharger firmament -le cheval- quelque peu et prenant dans tes bras une partie de ce bric-à-brac, ce serait très aimable de ta part.

Roxane regarda son cheval, et vit que, effectivement, il était surchargé. La pauvre bête devait énormément souffrir ! Elle prit le plus d’affaires qui lui étaient possible dans ses bras, et marcha devant le groupe. Après un petit moment de silence, la rêveuse finit par dire :

-Je me porte volontiers pour vous faire découvrir les lieux !

Voyant le château se dessiner devant eux de plus en plus, la jeune fille leur désigna d’un geste l’immense bâtisse, faisant tomber par mégarde ce qu’elle tenait en main. Elle le ramassa rapidement et dit, virant au rouge :

-Je suis désolée, hum…Bon, donc, voici le château de Fériane.

Le même rêveur qui avait suivi Roxane il y avait quelques heures plus tôt fixait l’entrée, attendant. Lorsque la demoiselle franchit la grande porte, il vint à sa rencontres, ne remarquant pas tout de suite les visiteurs :

-Oh, te voilà donc ! Tu m’as fait peur, j’ai cru que tu ne reviendrais plus. Nous avons encore besoin de toi !

Elle se contenta de sourire, et éclata de rire lorsqu’il vit qu’elle était accompagnée. Il se baissa légèrement, et s’excusa :

-Pardonnez-moi, je ne vous avais pas vu. Bienvenue à Fériane ! Laissez vos chevaux ici, je vais les mettre à l’écurie.

Ils descendirent tous en même temps de leur bête, et le rêveur s’éloigna, laissant Roxane et les chevaliers ici. Elle se tourna vers eux, et leur dit :

-Suivez-moi, je vais vous montrer vos chambres. Les bassins ne sont pas loin, vous les trouverez très facilement. Malheureusement je ne pourrais vous les montrer, j’ai encore quelques trucs à faire ici.

Elle leur montra tour à tour les chambres, d’abord au garçon, ensuite à Neleam. Elle lui sourit, et lui montra une superbe chambre, avec même des rideaux de soie :

-Je vous ai gardé la plus belle chambre, celle réservée aux personnes de marque, mais chut !

Elle continua de sourire, puis lui dit :

-Je viendrais vous chercher une foi le repas servit. Vous pouvez installer vos affaires et aller prendre un bain. A tout à l’heure !

Roxane s’éloigna, sautillant dans les couloirs….

Roxane avait donc passé une partie de sa soirée à aider pour le dîner et soigner quelques autres personnes-qui voulaient bien d’elle-. Elle avait donné des chambres à quelques autres voyageurs, mais qui restaient peu nombreux. Elle allait donc annoncer au chef des rêveurs son départ plus tôt que prévu, après que la femme chevalier soit elle-même partie.
Elle entra dans les bureaux, ne toquant pas, mais elle ne vit personne. Le siège le plus moelleux du monde trônait là, et elle ne pu s’empêcher de s’asseoir dessus, laissant ses fesses profiter de cet instant de bonheur. La jeune fille laissa pousser un long soupir, heureuse, et resta un petit moment à bénéficier de ce moment de pur grâce. Ensuite, elle se leva, et scruta au mieux la pièce. Il y avait quelques livres, et beaucoup de papiers traînaient là, sans doute en attente d’une signature.
Plongée dans ses pensées, la rêveuse n’entendit pas du tout une personne toquer à la porte, et ne l’entendit pas non plus approcher d’elle. Aussi, lorsqu’un « bouh » se glissa près de son oreille, elle hurla de peur. Roxane se retourna vivement, et aperçut Neleam, qui la contemplait, ne sachant réprimer un fou-rire. Lorsqu’elle se reprit, elle joignit son rire au sien, et lui avoua, bien qu’elle l’avait certainement deviné :

-Tu m’as fait peur !

Se rendant compte du soudain tutoiement, elle vira au rouge. Elle se reprit donc :

-Enfin, je veux dire : Vous m’avez fait peur…

La rêveuse ne laissa pas le temps de répliquer à la femme chevalier, lui indiquant de la suivre. Côte à côte, elles marchaient, et elle lui confia :

-Le repas est sûrement prêt, maintenant. Allons donc jeter un œil.

Comme une petite route était à faire jusqu’en cuisine, la jeune fille pouvait faire un peu la causette, et lui posa donc quelques questions :

-Au fait, vous veniez faire quoi dans le bureau du chef ? Et vous avez quel âge ? Moi quinze ans. Enfin, je pense l’avoir déjà dit, mais bon…

Elle se tourna vers Neleam, et lui sourit, voulant vraiment apprendre à la connaître.

[Hs : désolée, pas d’idées…]

-Ecoute Roxane, arrête de me dire vous, je risquerait de finir par avoir la grosse tête et te demander de m'appeler Madame, et de m'embrasser les chaussures. On est tous égaux, et ceux qui prétendent le contraire devraient ouvrir les yeux et apprendre que le respect ne s'offre pas avec un vous.

Roxane ne put s’empêcher de rire, fasse à la déclaration qu’elle venait de lui faire. Lui embrasser ses chaussures ! Ravie qu’elle aie une dose d’humour, contrairement à la plupart des rêveurs, et aussi car elle lui avait demandé, la jeune fille se promit de ne plus la vouvoyer. Quand au respect avec le mot vous, elle n’était pas vraiment du même avis, mais ne s’exposa pas. Et puis, elle n’en aurait pas eu le temps, car Neleam poursuivait :

-Sinon pour tes questions ... Disons qu'en visitant ce château, ou pluton labyrinthe selon moi, j'ai ... momentanément égaré mon chemin...

La rêveuse sourit à nouveau. Il était vrai que pour des visiteurs inhabités à venir ici, l’endroit paraissait presque infranchissable, avec tous les couloirs et toutes les portes différentes.
La femme chevalier continua, en lui adressant un clin d’œil :

-Mais J'ai retrouvé ma guide ! J'ignorais que c'était le bureau du chef, mais je m'en souviendrais. J'ai à lui parler. j'ai des ... cadeaux, pour les rêveurs de Fériane, et je pense qu'il sera le plus apte à gérer tout ça.

La demoiselle pencha la tête sur le côté, ne comprenant pas. Voyant son air interrogateur, elle éclaircit le fond de sa pensée :

-Ce que tu m'as aidée à porté tout à l'heure, tous ces bibelots ne me servent nullement dans ma vie de chevalier errant. Je pense que ces richesses vous sauront plus utiles à vous, et embelliront ce château qui me semble déjà très beau.

Roxane hocha aussitôt la tête. Elle avait raison. C’était vraiment gentil de sa part, aussi voulut-elle la remercier, mais elle enchaîna aussitôt, ne pouvant empêcher de penser la rêveuse qu’elle était bien plus bavarde qu’elle :

-Et j'ai près de 24 ans. Pour être honnête je ne compte plus.

Roxane trouvait cela vraiment étrange de ne pas compter son âge. Elle, elle comptait les jours et les heures, ne pouvant s’empêcher d’attendre que son anniversaire arrive !Son interlocutrice sourit et continua :

-Au bout d'un moment voir les années défiler c'est ... angoissant, cette impression d'impuissance, d'être poussé par une force invisible, plus, toujours plus haut sur l'échelle des ages. Donc maintenant je vis. Sans me soucier du futur ni des années qui passent. L'âge est inutile pour connaître une personne, cela ne dit pas ce que l'on a vu. Certain à 10 en ont déjà trop vu, ont le visage marqué par la souffrance. Toi par exemple. Tu n'as que 15 ans, oui tu nous l'avait déjà dit, mais tes yeux montrent qu'à l'intérieur tu es plus âgée, tu en a déjà beaucoup vu. Tu connais la nature humaine, ton enfance est déjà loin derrière toi, mais tu refuse d'abandonner ton innocence, mais ce n'est plus qu'une façade. Tu en as conscience, mais elle te permet de tenir le coup, de ne pas devenir folle.

La rêveuse ne put s’empêcher de la regarder, les yeux effrayés. Pourquoi lui disait-elle cela ? Elle s’était pourtant jurée qu’on ne pouvait pas déceler ce qu’elle cachait au plus profond de son âme, et qu’elle paraissait disons…normale. Elle s’était jurée aussi d’oublier à jamais. Mais le destin lui en empêchait sans cesse.
Elle baissa la tête, mais la releva aussitôt lorsque Neleam lui demanda, très sérieusement et le ton grave :

-Qu'est ce que t'as vu ?

Elle hésitait. Surtout que lui révéler son enfance dans un couloir n’était peut-être pas le meilleur des endroits. Elle s’arrêta donc dans l’ombre, entraînant la femme chevalier près d’elle. Là, toujours incertaine, elle commença :

-Je ne sais pas trop comment tu as deviné mais je t’en félicite. Bravo. Bravo d’avoir su déchiffrer mon regard. Moi-même n’aurait pas su le faire.

Elle fit une courte pause puis poursuivit :

-Tu me demandes ce que j’ai vu. Je vais donc te répondre. J’ai grandi dans une petite maison à l’écart d’un village. Là-bas, tout se passait pour le mieux. J’étais fille unique et choyée jusqu’au os. Bref, un jour mon père est revenu blessé et nous avons eu la chance de tomber sur un rêveur. Lorsque je l’ai vu exercé son talent, j’ai su que c’était la voix des rêveurs qu’il me fallait. Alors j’ai fait ma demande auprès de mes parents.

Roxane se disait que se passage ne devait pas être intéressant, mais, après tout, il fallait commencer par le commencement…Elle continua :

-Ils ont refusé. Deux jours plus tard, je suis partie. J’ai appris à étudier le rêve à Ondiane et un jour j’ai décidé de voyager afin d’aider des personnes. Et à partir de ce moment, j’ai vu…

La voix de la rêveuse s’étrangla. Elle essaya du mieux qu’elle peut de rester calme, mais des images lui revenaient à l’esprit, qu’elle aurait voulu oublier.
Elle leva la tête vers Neleam, qui avait un visage impassible. « Tant mieux. Je n’aurais pas supporté de voir un air triste… »
Elle reprit, d’une voix tremblante :

-Là j’ai vu des hommes se battre pour un rien. J’ai vu des brûleurs tuer des familles entières, j’ai vu des hommes saouls et me tripoter dans tous les coins, et moi incapable de me défendre je ne savais rien faire. J’avais à peine treize ans. Je n’aurais rien su faire. J’ai vu des femmes tuer leur bébé, incapables de s’en occuper. J’ai raté plusieurs fois, essayant de sauver des vies…J’ai vu des lames, du sang, trop de sang…

Roxane cacha son visage dans ses mains. Des larmes qu’elle avait pourtant bannie de sa vie revenaient, et en masse. Mais elle n’en avait pas pourtant fini. Toujours ses yeux cachés et la tête baissée, la rêveuse prit son courage à deux mains et eu la force de reparler :

-J’ai aussi été capturée contre mon gré par des mercenaires, et je devais leur servir, parfois même leur servir à manger de mes mains. Mais, par dessus tout…

Sa voix s’affaiblit. Presque un murmure…. :

-J’ai été violée, Neleam. Je ne savais et ne sais toujours pas me défendre, et des hommes ont profité de ma chair. Je n’en suis pas fier, mais ces hommes étaient soit bourrés, soit en manque réel d’amour. Et j’ai mal et peur qu’on recommence. Je ne supporterait pas de revoir le corps en sueur d’un homme sentant l’alcool me prendre mes mains, et me forcer à faire des choses ignobles.

La jeune fille leva la tête, affrontant le regard de Neleam. Elle essaya de montrer son visage au meilleur jour, de sourire à nouveau, de s’efforcer seulement à paraître heureuse, mais les larmes remontèrent et elle pleura de plus belle.

En guise de toutes réponses, Neleam prit Roxane dans ses bras, et la laissa pleurer contre elle. La rêveuse lui en était reconnaissante. Elle n’était plus capable de parler ni d’entendre des compassions venant de n’importe qui. Rassurée dans ses bras, et étonnée des muscles musclés :DD3 : qui la serraient, elle se calma peu à peu, à nouveau sereine. La femme chevalier releva son visage de ses mains, et elle la regarda dans les yeux. Dans son regard se lisait une claire admiration mais aussi de la détermination. Elle sentait aussi qu’une amitié naissait en elles, et elle en était reconnaissante aux dieux (y’a des dieux en Gwendalavir… ?>.>)
Puis, doucement, un sourire naquit sur le visage de Neleam, et la rêveuse ne put s’empêcher de lui répondre par un même sourire. Elle aurait voulu la remercier, mais les mots lui restaient dans la gorge.
Alors, contre toute attente, la femme chevalier lui demanda :

-On va manger ?

Roxane laissa échapper un petit rire. Au moins, elles ne reparleraient pas de ce passage. Enfin, pas de si tôt. Elle s’excusa tout de même :

-Désolé l'appel du ventre.. Comme tous les chevaliers c'est ce qui guide notre journée, voir notre vie !

La rêveuse éclata à nouveau de rire. Elle ne répondit rien, mais prit le bras de Neleam et la conduisit vers la salle à manger. Elle ne fit pas attention aux regards posés sur elle, se demandant pourquoi avait-elle les yeux aussi rouge, et s’assit, invitant la jeune femme à s’asseoir elle aussi, devant elle.
Elle ne tarda pas et se servit une grosse quantité de nourriture. Roxane, bien que son ventre soit dénoué, n’avait pas aussi faim qu’elle et se servit donc un peu moins.

-Après, tu voudras dormir ou te balader un peu dans le château ?

Elle sourit, impatiente de sa réponse.

[HS : pas d’idées >.>]

Neleam faillit s’étouffer. Roxane ouvrit les yeux ronds, ne comprenant pas où elle avait dit quelque-chose ou fait qu’il ne fallait pas. Puis elle fut rassurée lorsqu’elle luit dit :

-Dormir ?! Mais enfin, quelle drôle d'idée ?!! Non !! Je veux bouger; parcourir le château si cela te chantes, mais certainement pas dormir !

Elles se sourirent un instant, la jeune guerrière enfourchant un nouveau morceau dans sa bouche, qu’elle dégusta avec délectation. Lorsqu’elle l’eut avalé, elle reprit :

-J'aimerais même faire les quatre cent coup ! Pourvu qu'on bouge et qu'on s'amuse !

La rêveuse se mit à rire. Cette jeune femme était impressionnante, tant par sa vivacité que par son tempérament…Fougueux ?
Puis elles se délestèrent un instant, parlant chacune à leur voisin, rigolant et ne se souciant pas d’elles, sachant pertinemment qu’elles passeraient un instant à deux, sans personne d’autres et qu’il fallait donc profiter du moment, avec les autres.
Roxane reposa son attention, cependant, à la femme chevalier qui paraissait raconter un de ses exploit. Toute la salle se tut pour l’écouter, et se laissèrent transporter par ses dires. Elle allait même jusqu’à mimer ! D’un coup, elle s’arrêta et resservit à boire à toute la table, et reprit son compte, la dernière goutte dans le dernier verre versée. Elle était tellement prise dans son jeu qu’elle se mit à raconter ses histoires sur la table, ne s’en rendant même pas compte. Tout le monde était impressionner, se demandant si cette petite femme encore jeune avait vraiment réussi à tuer une cinquante d’hommes aux gros muscles et entraîner à abattre depuis leur naissance….

Lorsque Neleam eut finit son récit, tout le monde se mit à l’applaudir. La soirée se finit en rires et petites confidences, et Roxane aida à débarrasser la table. Elle rejoignit son invité un peu plus tard, qui l’attendait à l’extérieur de la salle à manger. Elles se sourirent, et la rêveuse commença :

-C’était super, ton récit. J’espère que tu en as d’autres en réserves…

Doucement, elles se mirent à marcher, pouvant facilement admirer les étoiles de la nuit. Elle avait un peu sommeil, mais avait décidé de rester éveillée encore longtemps…

-Dis-moi, comment était-elle à toi, ton enfance ?

La rêveuse espérait qu’elle le lui dirait, car elle-même lui avait raconter, même si cela lui avait énormément coûté. Et puis, elle était tellement curieuse….

-Mon enfance... Que dire ? Je suis née dans une famille aisée, sur Terre. Mais j'étais plutôt garçon manqué, je serais certainement rentrée en conflit avec mes parents s'ils n'étaient pas mort lorsqu'on étaient en vacances.

Neleam se tut. Elle ne vit donc pas Roxane baisser la tête. Alors elle aussi avait vécu une enfance difficile ? Elle n’était donc pas seule ? Et elle avait aussi ravivé des souvenirs qu’elle aurait aimé oublier. Mais bon, chacun son tour. Elle aussi serait là pour la consoler.
Elle vit qu’elle pleurait, mais elle la laissa continuer :

-J'avais près de 7 ans quand c'est arrivé. J'ai vu... un carnage. Une folie meurtrière. J'ignore comment j'y ai réchappé, mais ça m'a marquée. C'était dans un village perdu en pleine forêt donc forcément après pour retrouver trace de civilisation c'est toute une épopée... J'ai du apprendre à me débrouiller seule, à savoir quoi manger, à ne pas avoir peur du noir, ni des bêtes. J'ai grandit trop vite. Puis une fois en ville, j'ai erré, avec d’autres enfants des rues, orphelins. J'ai été dans des gangs. Jeune. Pas toujours très courageuse, mais ayant envie de m'en sortir. Mais j'en avait déjà trop vu ! J'avais des yeux d'adultes ! De vétérans ayant vu la guerre, et la folie des hommes. Ce qui faisait peur aux adultes, ceux qui auraient pu m'adopter.

Elle s’arrêta. La rêveuse la comprenait entièrement, et aurait voulu faire partie depuis longtemps de sa vie. Ensembles, elles auraient pu se protéger des atrocités, ne pas voir ce qu’elles ont vu. Mais, le destin en avait décidé autrement.
La femme chevalier poursuivit :

-Comme toi des hommes ont voulu abuser de moi. J'avais 1 grande amie à cette époque. Joli minois, et assez mature mais frêle. On était seules, comme à noter habitude dans des ruelles sombres. Une bande de garçons est arrivée. Et ... ils nous voulaient. Moi j'ai refusé, prête à tout pour me défendre mais ... Pas elle. Elle était terrifiée. Ils en ont profité. Tous. Et j'ai tout vu. . Elle souffrait. Elle ne s'en ai pas remise. J'ai su qu'elle mourait devant mes yeux. J'étais impuissante. Et j'allais peut-être subir la même chose. le chef s'est approché de moi, ricanant. Je ... me suis jetée sur lui, et je l'ai tué.

La jeune fille ferma les yeux. Des images de sa propre vie revenaient, et elle les chassa d’un geste de la main. Elle se demandait ce qui était plus horrible, dans tout cela : se faire violer ou voir quelqu’un l’être ? Quoiqu’il en soit, Roxane se dit que ce chef avait bien mérité cette mort, même si la souhaiter à quelqu’un n’était pas des plus dignes.
Neleam fit une courte pause puis poursuivit :

-Mon premier mort. On dit toujours que ce visage nous hante, mais pas moi. Je n'éprouvais rien. Par la suite ça m'a permis de gagner le respect de nombreuses personnes, et j'ai apprit à ne plus me laisser marcher sur les pieds. j'ai toujours fait attention à mes arrières par la suite. Je me suis fait d'autres amis, j'ai appris à vivre dans la rue, à y régner. J'étais une fille, qui faisait plus jeune que son age mais je savais me battre, j'avais de la répartie. J'ai continué en vain à tenter d'être adoptée mais c'était trop tard. Dès que j'ai pu j'ai rejoins l'armée.

Roxane hocha la tête, et attendit la fin. La chevalière, quant à elle, leva la tête vers les étoiles, peut-être se demandant comment avait-elle fait pour être si courageuse après une si misérable vie. Elle comprenait à présent pourquoi elle ne faisait plus attention à son âge. Neleam finit enfin :

-Tout ceci est loin. Ce n'est pas mon passé qui a fait ce que je suis, mais il m'a influencée parfois. Je n'étais pas heureuse, mais il y avait plus malheureuse que moi. Je savais me débrouiller. J'étais une warrior. Je cherchais toujours à me faire respecter, car si on ne te respecte pas là-bas tu risques de te faire poignarder pendant la nuit. Tu t'allie avec des gens, tu trahis, tu fais pleins de choses peu recommandables, pour ta survie.

Puis elle ferma les yeux. La rêveuse n’attendit pas deux fois, et la serra à son tour dans ses bras, pendant un instant. Elle ignorait si elle pleurait ou non, mais elle comprit que son geste était des bienvenus.
Ensuite, elle l’entraîna sur un petit pont, et lui désigna l’étendue noire au-dessus de leur tête, ne faisant elle non plus pas allusion à ce qu’elle venait de lui dire :

-C’est super beau hein ?! J’aimerai qu’on m’apprenne à reconnaître les constellations !

Elle se tut, puis reprit :

-Demain on visitera les alentours du château. Y’a de beaux trucs, tu verras.

Roxane sourit, et lui demanda enfin :

-Tu veux aller dormir ou rester encore un peu ici ?