Roxane, ce matin là, courait en tout sens. En fait, depuis le matin même, des personnes blessées ou à héberger arrivaient en tous sens, et elle ne savait plus où donner de la tête. Les rêveurs faisaient aussi de leur mieux, mais bientôt ont dû congédier des personnes qui restaient trop longtemps ou qui n’avaient plus rien à faire là tant les chambres étaient complètes.
Ce n’était pas dans leurs habitudes, mais ils y étaient contraints. Ce fut donc à son grand regret qu’elle bourra dans une jeune demoiselle –ou serait-ce elle qui lui ait foncé dessus- et elles se retrouvèrent toutes les deux à terre, se dévisageant.
Ses cheveux étaient aussi roux que les siens. Même plus. En fait, cette fille la ressemblait en tous points, mises à part quelques traits du visage et ses yeux qui étaient mauves, comparés aux siens verts émeraudes. Elles se levèrent en même temps, comme deux jumelles, et s’observèrent de plus belle. Roxane pencha la tête, curieuse.
Après de longues minutes d’un examen intense, elle s’excusa enfin :

-Désolée…C’est un peu la panique dans tout Fériane… Il y a tellement de personnes arrivantes qu’on ne sait plus où donner de la tête !

Elle sourit, et se présenta :

-Je m’appelle Roxane. J’ai quinze ans et, crois-le ou non, je suis rêveuse…La seule rêveuse du monde, je crois. Tous les autres sont des garçons.

La rêveuse laissa échapper un long soupir, et sursauta légèrement fasse à la mine plus que réjouie de la demoiselle. Elle lui demanda :

-Quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore dit ?

Mais elle n’eut pas le temps de lui répondre qu’une silhouette s’approcha d’elles, un air triste peint sur le visage…

[Navrée. Je n’avais aucune idée…=/]

-T’inquiètes, je te crois parce que moi aussi je suis un rêveuse ! Mon oncle est le chef de Feriane. Je m’appelle Misao et j’ai 16 ans. En fait moi j’essaie d’échapper aux autres rêveurs parce que j’ai encore fait une bêtise.

Roxane aurait voulu hurler de joie, en plus de la prendre dans ses bras et d’effectuer une petite danse. Elle n’était donc pas la seule rêveuse du monde ?! Elle n’était plus seule ! Heureuse, elle sourit à pleines dents à son interlocutrice. Elle connaissait assez bien son oncle, mais il ne lui avait jamais mentionné une nièce ou même une fille rêveuse aussi. Pourtant, il en avait maintes fois eut l’occasion !
La silhouette que la jeune fille avait aperçue se fit plus claire, et elle fit que c’était une charmante jeune fille, malgré son air triste peint sur le visage. Elle était mince et possédait de courts cheveux bruns. Munies de yeux noirs comme la nuit, elle était vraiment magnifique…
Elle leur demanda, inquiète :

-Vous ne vous êtes pas fait mal ?

Mais avant que les deux rêveuses aient pu répliquer, elle s’enfuit en courant. Misao n’attendit pas ne serait-ce que deux secondes et s’élança à sa poursuite, suivie rapidement de Roxane. Une poésie marchombre était inscrite sur le sol, décrivant une solitude apparente.
La rêveuse lui dit :

-Si tu n’aimes pas la solitude tu peux rester à Fériane, je vais te trouver une place et peut être que j’irais faire du chantage à mon oncle. C’est rare que je le fasse alors tu ne peux pas refuser. Viens.

Du chantage ?! Hé bien, hé bien ! Mais Roxane ne dit rien. Elle se contentait de sourire gentiment à l’inconnue. Misao lui prit la main et elle se laissa guider. Puis elle fit signe à l’autre rêveuse qui la suivit sans discuter.
Puis, d’un coup, une voix résonna entre les couloirs, fort reconnaissable pour l’avoir entendue bien des fois, et tonna :

-Chère nièce ! On m’a dit que tu avais encore fait une bêtise ! Qu’est ce que ça signifie ?!

La demoiselle répondit, en se retournant :

-Bah… Ça signifie que j’ai encore fait une ânerie. Qu’est ce que vous voulez que je vous dise d’autre ?

Roxane réprimât un sourire. Avant qu’ une dispute éclate, elle intervint :

-Nous avons ici une jeune demoiselle en proie à la solitude, mon cher. Je propose qu’elle reste dans ma chambre le temps qu’elle se remette de ses émotions. Je trouverais bien une place, et, au pire, je dormirai dehors. Ca ne me dérange pas.

-Euh...Excusez-moi mais je ne voudrais nullement vous importuner. Je ne veux pas vous jeter dehors. Moi-même ai l'habitude de coucher à même le sol, aussi pourrais-je dormir parterre. Mais ne vous dérangez pas pour moi. Je n'en vaux pas la peine.

Ensuite, la jeune fille les regarda tour à tour, en attendant une réaction de leur part. Paralysée, Roxane ne savait que faire.
Elle aurait tant voulu retenir cette fille, consciente qu’elle avait besoin d’aide, mais ne pouvait la retenir contre son gré. Baissant les yeux, elle attendait elle aussi que quelqu’un se mette à parler.
Misao poussa alors un petit cri de prosternation, et fit :

-Laisse-la dormir ici, s’il te plaît ! Pour mon anniversaire, ça sera mon cadeau !

Roxane releva la tête vers l’oncle de la rêveuse, espérant qu’il accepte sa requête. Peut-être que Killian se laisserait convaincre de rester ici !

-Ton anniversaire est passé depuis deux mois.

« Zut ! » jura intérieurement la jeune fille. Il venait de briser ses désirs ! Mais quelle idée aussi de mentionner son anniversaire, passé depuis deux mois !
Mais Misao ne se démonta pas pour autant :

-Un cadeau en avance pour le prochain…

Son oncle la regarda alors, incrédule. Ses arguments-ci ne serait pas de taille…L’anniversaire était beaucoup trop loin. Et enfin, il fallait l’avouer, c’était assez grossier.
La rêveuse cependant, continua :

-Je vais chanter ce soir et ça sera pour me remercier et aussi pour la bêtise que j’avais prévue de faire mais que je ne ferais pas.

La jeune rêveuse regarda sa nouvelle amie. Elle aussi aimait-elle chanter ?! Elle sourit, et se promit de chanter avec elle, et qu’elles feraient même un groupe d’enfer. La joie revenue, Roxane supplia l’oncle du regard. Face à ses deux jeunes filles intelligentes, il ne put s’empêcher de craquer :

-Deux jours maximum.

Sur ce, comme c’est ce qu’elle voulait entendre, Misao poussa un cri de joie et prit les deux autres demoiselles par la main, et les emmena jusque dans sa chambre. Elle se mit alors à sauter partout, accompagnée de la joie de Roxane, puis finit par se jeter sur son lit. La demoiselle en fit de même, prenant bien soin de le faire rebondir. Elles se tournèrent toutes les deux vers leur invitée, et celle aux cheveux roux flamboyant finit par dire :

- Roxane, tu sais s’il y a des matelas qui ne sont pas utilisé ici ? Comme ça je pourrais dormir dessus et notre invitée aura mon lit. Au fait comment tu t’appelles ? En tout cas, moi c’est Misao.

-Et moi, fit Roxane. C’est Roxane, comme tu as pu le deviner !

Elle devança alors leur invitée, voulant répondre à la question de Misao :

-Il n’y a malheureusement plus de matelas. Ils ont tous été utilisé. Il y a tellement de monde, ici ! La plupart des rêveurs laissent la place dans leur chambre, et vont dormir dehors. Mais nous pourrions essayer de bouger mon matelas de ma chambre.

Elle sourit, et se tourna vers celle qui devait être une marchombre, vu le message sur le sol laissé un peu plus tôt, et attendit qu’elle se présente, pour une foi très patiente.

-Ne vous en faites pas. J'ai mon tapis de selle pour couverture, ma selle pour oreiller et le sol pour matelas. Je me nomme Killian. Ne dérangez pas toute la confrérie pour moi s'il vous plaît. C'est déjà énorme ce que vous avez fait pour moi, je vous en suis reconnaissante. Merci.

Alors que Roxane allait protester quand à la décision de la demoiselle, Misao secoua la tête, et l’installa sur le lit, pour ne plus qu’elle soit debout. Elle dit alors :

-Pendant deux jours tu dormiras dans cette chambre sinon… Sinon… Sinon je fais en sorte de me faire virer de Fériane pour t’accompagner. Parole de rebelle !

La rêveuse ne put s’empêcher de réprimer un sourire. L’autre se remit à sautiller partout, et Roxane aurait juré de voir apparaître pendant une seconde une ombre de tristesse sur le visage de leur invité. Elle se promit de lui en parler plus tard, si elle avait besoin de parler.
De toutes manières, elle n’aurait même pas eu le temps de lui demander quoi car déjà la pile électrique qu’était Misao les reprit par le bras et les entraîna en courant à l’extérieur, dans l’herbe. Un long silence s’installa, que la jeune fille brisa :

-Ce soir vous chanterez avec moi

La rêveuse hocha la tête, en guise d’approbation. Elle aimait bien chanter et elle allait lui en faire la proposition, mais elle l’avait fait avant.
Puis, Roxane se leva, et leur dit :

-Ils ont sûrement encore besoin de moi. Je pense que je vais devoir aller voir.

[HS : désolée, toujours pas d’idées…]

Avant même qu’elle n’ai pu faire deux pas, Misao rattrapa Roxane et la regarda d’un air de chien battu. Avec des yeux brillants, elle la supplia :

-Reste ! S’il te plaît ! Les vieux se débrouillent très bien tout seul !

La jeune fille ouvrit la bouche pour protester. Ce n’était pas du tout responsable de sa part de rester à parloter avec des amies, alors que des hommes ou des femmes perdaient peut-être la vie. C’était de son devoir de rêveurs de soigner les gens, et elle ne se laisserait pas faire, avec tout le respect que la rêveuse devait à Misao. Mais alors qu’elle allait dire son mot, un groupe composé de trois rêveurs passa près des demoiselles, et l’un d’eux, le plus grand, leva un peu le ton pour s’adresser à la fille turbulente :

-Ingrate ! Comment peux-tu nous traiter de vieux ! Tu nous a bien regardés, qu’on a l’air de papys !

Puis il se tourna vers Roxane, et affirma, le ton radoucit :

-Reste avec tes amies, jeune fille, comme l’a dit notre petite Misao on se débrouille très bien tout seul et puis, occupez-vous de votre invité…

La rousse allait de nouveau protester, mais le rêveur à droite de celui qui venait de parler mima ces mots, avec ses lèvres : « Tu en as déjà trop fait… ». Il lui adressa ensuite un clin d’œil, et ils partirent tous les trois, sereins. Convaincue d’abandonner quand-même des personnes blessées, Roxane se tourna assez découragée vers ses deux nouvelles amies. Elle vit à nouveau le regard triste de Killian, et comprit qu’ici aussi, quelqu’un avait besoin de ses soins. Mais des soins assez particulier, puisque la blessure provenait du cœur lui-même…

-Pourquoi tu es triste?

Elles s’approchèrent et se penchèrent en même temps vers la marchombre, et Roxane parla aussi, lui faisant comprendre qu’elles étaient là pour soulager sa peine :

-Raconte-nous. Nous ne saurons peut-être pas te soigner, mais en général, lorsqu’on se confie à quelqu’un on se sent mieux. Tu peux nous le dire. Nous serons là pour surmonter cette épreuve dans ta vie qui a l’air si dure…Promis.

La jeune fille mit sa main sur son cœur, pour accompagner ses paroles. Dans la mesure du possible, elles seraient toujours là pour l’aider ou l’écouter en cas de besoin. C’était, après tout, un peu de ça aussi, être rêveur…