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Descente dans les glaces [I : Départ et premières escales]
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06.06.12 22:05
DESCENTE DANS LES GLACES


I. DÉPART ET PREMIÈRES ESCALES

  • Trajet. — suite à Al-Poll
Spoiler:

    Son pas sur le côté achevé, Thowind sentit encore cette douleur brûlante l’assaillir sur le côté droit de son ventre. Il ne comprenait pas pourquoi, à chaque effort de déplacement, en particulier pour les Marches du Nord, il avait à souffrir d’un essoufflement terrible comme s’il avait participé à une épreuve des Dix Tournois et d’un de ces points de côté éphémères et lancinants parfaitement dispensables. A chaque fois, il sentait son orgueil en prendre un coup et regardait dans de grands mouvements de tête furtifs et menaçants si quelqu'un le surprenait dans cette situation. Personne ne devait le voir ainsi, haletant après un simple pas sur le côté qu’il exécutait pourtant régulièrement, preuve indubitable et humiliante de son manque de concentration et de travail… Si le Pouvoir ne rejoint pas l’effort de Créativité dans une création similaire à un pas sur le côté, la Volonté initiale ne tient pas le coup et le corps en est directement affecté. Combien de fois s’était-il répété cela ? Des millions, mais cela ne changeait rien. Thowind se rasséréna et regarda le lieu désormais familier où il avait pris pied, reprenant lentement son souffle.

    La clairière des seuls rougeoyeurs à quelques dizaines de mètres de la Citadelle était la même que dans son dessin, soit la même que d’habitude, pourpre et sèche, où résonnait la fluctuation des Spires dans une fluidité bienveillante. Pas de Hiatus à plus de trois kilomètres, sinon les frontières scellées par l’immense forteresse, pas de horde de Loups du Nord connue dans les parages, juste l’herbe craquante de givre et la forêt de feuilles écarlates qui s’étendait au loin. Le seul fragment de territoire apaisant et rassurant des Marches du Nord à la hauteur de la Citadelle, la seule place idéale, presque, où faire un pas sur le côté pour s'y rendre.

    Il avait enfilé son armure légère d’Al-Jeit, blanche et argentée, forgée sur l’enclume d’un grand maître armurier de la capitale avec lequel il avait travaillé quelques années avant d’entrer à l’Académie. Les morceaux de métal étaient d’une qualité exceptionnelle et lui avaient coûté une fortune ; il n’obtint son armure qu’à ses vingt ans et prit la décision de s’en revêtir seulement pour les occasions officielles et sérieuses ou les longs voyages à travers Gwendalavir. En essayant de calmer la douleur de son point de côté stupide qui déjà commençait à moins se faire sentir, il avait joué des épaules et des rotules, testant une énième fois les jointures métalliques de la brillante panoplie. L’armature, fine et modestement ouvragée, était incroyablement légère, améliorée par les talents secrets des forgerons d’Al-Jeit, des forgerons que désormais Thowind connaissait bien ou au contraire méconnaissait à en rougir, tant il était ignorant des arcanes de leur art malgré les longs mois passé à nager dans la sueur entre les fours et les coups de marteaux.

    Il fit jouer la lame de son sabre dans son fourreau bleu marine attaché à la ceinture de l’armure, songeant avec un rictus satisfait aux rumeurs de Raïs traînant aux alentours de la Citadelle, trop peu nombreux pour représenter une quelconque menace aux voyageurs, aux marchands et encore moins aux murs invincibles de la cité des Frontaliers. Si l’un ou l’autre venait à sa rencontre, espérant goûter la chair fraîche d’une cible facile, il aurait de quoi s’échauffer avant de pénétrer pour la cinquième fois des deux dernières semaines l’impressionnante enceinte de la Citadelle. N’entendant rien venir et remarquant qu’il ne sentait plus la moindre fatigue, il poussa un soupir de soulagement et de déception et se mit en route vers la porte de la Citadelle, se repassant dans la mémoire les enjeux nouveaux de sa visite.

    C’était la première fois qu’on le conviait à venir de lui-même à la Citadelle, chose qu’il avait pourtant déjà pris l’habitude d’entreprendre par sa volonté pour revoir quelques-uns de ses amis, s’y entraîner, y séjourner même ; la fascination du jeune dessinateur pour la culture et le mode de vie frontalier n’était plus à prouver. Il aimait ce monde sans dessin, de rigueur et de fraternité, où les valeurs centrales différaient tellement de celles d’Al-Jeit, d’Al-Vor ou même d’Al-Chen ; il aimait les regards et les vêtements, l’architecture de la Citadelle et les richesses qu’elle recelait. Cette fois cependant, il était invité, presque convoqué, et l’honneur que lui prodiguait cet appel était infini. Un courrier du seigneur Til’ Illan en personne ! Troublé par le nom de l’expéditeur écrit en lettres pourpres sur l’enveloppe dessinée par une Sentinelle, faite pour durer jusqu’après son ouverture, il avait lu et relu l’écriture rêche et effilée du maître de la Citadelle en tentant de garder son calme. Le seigneur des Frontaliers avait organisé une expédition dans les territoires du Nord en direction de l’ancienne cité d’Al-Poll et Thowind en était le premier invité. Il expliquait dans sa lettre que les Sentinelles étaient déjà trop affairées avec des activités de plus en plus nombreuses relatives au Continent de l’Est, aux Pirates alines ou au Royaume Raïs et au-delà pour qu’aucune d’elles ne daigne se joindre à cette quête. De plus l’entreprise était une idée nouvelle et secondaire dans les priorités de l’Empire, pensée suite à une relecture du récit de la première quête d’Ewilan ; Al-Poll, l’ancienne Al-Jeit, le premier cœur de vie des dessinateurs de Merwyn, était désormais déserte et explorable. On a su, à travers les écrits de Duom Nil’ Erg, qu’elle pouvait receler des secrets ancestraux ou d’antiques richesses inestimables à la connaissance de l’histoire passée de Gwendalavir. Les Iaknills, démons de feu sortis de terre ayant ravagé la cité et massacré ses habitants, pourtant endormis, avaient une place trop ardente dans l’histoire de l’Empire et apparaissaient comme de trop grandes menaces pour qu’une telle quête eusse été envisageable plus tôt. Quand Ewilan Gil’ Sayan, Edwin Til’ Illan et leurs compagnons avaient pénétré dans les ruines de la cité et malgré les combats qu’ils y avaient mené, aucune créature pouvant répondre à la description des Iaknill n’était apparu, et suite à ce voyage, Nil’ Erg déposa l’hypothèse que leur existence relevait plus d’une légende qui expliquait la destruction d’Al-Poll que de monstres ayant réellement existé, bien qu’il y ait encore aujourd’hui toute les raisons de les craindre. C’est devant ces propos que Hander Til’ Illan prit la décision de braver la peur des légendes en organisant un voyage d’exploration vers Al-Poll, regroupant quelques braves invités dans une liste nominative ou quelques volontaires en provenance de guildes aptes à atteindre la plus optimale réussite de l’expédition. Surtout des volontaires, à vrai dire, car la somme promise au retour de l’expédition se limitait à une part du trésor ramenée d’Al-Poll, si trésor il y avait, et rien d’autre. Argument léger pour un lieutenant frontalier quotidiennement occupé à bouter du Raïs ou pour un officier haut placé de l’armée impériale, déjà payé à risquer sa vie chaque jour sur les champs de bataille aux quatre coin de Gwendalavir. L’économie impériale avait beaucoup souffert de la guerre contre la dernière unification des Raïs par les Ts’lichs, qui reste dans toutes les mémoires, et surtout celle du seigneur des Marches du Nord. Il était hors de question de promettre une fortune à quiconque.

    Néanmoins Thowind Kil’ Muirt n’était pas attiré par l’argent. Bien au contraire ! L’occasion d’une quête, de découvrir des territoires inconnus, de travailler son dessin ou de dégainer son sabre pour transpercer les coques de quelques guerriers cochons était infiniment belle. Le froid du Nord ne l’effrayait plus, après toutes ces années à vagabonder dans la Citadelle, et l’été s’achevait à peine. C’était une magnifique expédition qui s’annonçait... Une véritable aventure comme il en avait vécu peu.

    En arrivant devant les portes de la Citadelle, il fut accueilli par un Frontalier à la mine sérieuse, pourtant souriante devant la figure familière de Thowind, qui sortit à cheval de la petite porte pour émissaires. Le jeune dessinateur le salua d’un « Force et Honneur ! » coutumier, sans lever le bras — il n’était pas Frontalier —, révérence que le cavalier lui rendit avec la conviction de fer habituelle des enfants de Merwyn.

    La Citadelle était toujours aussi monumentale. Le pouvoir du Dessin se faisait peu à peu inaccessible, Thowind le sentait progressivement à chaque pas de plus de la traversée de la porte, derrière le cheval puissant du Frontalier, en s’enfonçant à moitié dans les Spires, sentant ce mélange bien connu entre la glissade des Hiatus ou le mur des Gommeurs. Il était incapable de dessiner et cela ne le dérangeait d’aucune manière et, comme pour confirmer ce sentiment alors qu’il pénétrait dans la grande place centrale de la Citadelle, il posa la main gauche sur le manche de son sabre et sentit le contact du tissu ferme dont il était recouvert sur sa paume. Voyant autour de lui les hommes du Nord traverser la place en direction de la Haute Prairie, il n’hésita guère et s’y rendit immédiatement.

    La Haute Prairie était une grand-place tristement symbolique pour les dessinateurs de Gwendalavir et en particulier pour celui que nous suivons. C’est en ce haut lieu de la Citadelle que s’était un jour déroulé le duel entre Ewilan Gil’ Sayan et l’oncle de Thowind Kil’ Muirt. Peu se sont cependant intéressés au rapport familial entre celui-ci et la Sentinelle Déchue, et à dire vrai, peu étaient au courant du lien de sang entre les deux dessinateurs d’Al-Jeit à la Citadelle. Pourtant Thowind eut un reniflement dédaigneux en imaginant Holts, lame en main, se faire bouillir le cerveau, déshonorant la descendance de la famille pour une génération supplémentaire en cet endroit cerclé de tribunes et de balcons où quelques badauds, presque tous un sabre derrière le dos, se tenaient attentif en cette après-midi de septembre à peine ensoleillée, des nuages tapissant le fond d’azur pâle du ciel. Au centre de la place, sur une grande tribune, se tenait Hander Til’ Illan, les traits émaciés, ridés et les yeux d’un gris métallique contemplant l’assemblée totalement hétéroclite, séparées en des groupes de nombre différent. Il n’y avait clairement pas que des Frontaliers dans la Haute Prairie, mais des Alaviriens d’Al-Jeit et d’autres cités impériales, sûrement représentants politiques et militaires venus à cette occasion et très probablement pour en profiter : cela faisait quelques mois que les instances de l’Empire avait prévu une réunion primordiale sur les prochaines dispositions des Frontaliers par rapport à la nouvelle situation raïs et aux autres menaces à considérer. En traversant la foule pour rejoindre la tribune, Thowind entendait parmi les discussions des rumeurs enthousiastes — malgré le sérieux des tonalités et la volonté qui se lisait dans les regards les invités — on parlait d’ « assaut », de « Valingaï », de « Chaos » et de « Septentrion ». De sérieux enjeux allaient être discutés ce soir à la grande salle de la Citadelle, et le départ de la troupe pour Al-Poll n’était certainement pas l’événement majeur de la journée.

    Il commençait à s’approcher de plus en plus vite de la tribune, élancé et nerveux par la promesse d’aventure et l’adrénaline d’être vu par le grand maître des Frontaliers, quand, peu attentif, il tenta de couper un groupe et son armure entra en collision avec quelqu’un. Navré par cette maladresse qu’il ne se connaissait pas, son premier réflexe fut de s’excuser immédiatement...
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Killian Delkaïron
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Mon personnage
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Killian Delkaïron
Mercenaire__Membre



07.06.12 19:32
[dites si c'est bon ^^]

Il n'y avait rien à dire, la Citadelle était comme dans ses souvenirs. Grande, invincible, merveilleuse et belle. Juchée sur Taï'Dashar, Killian l'observait de loin. Elle se remémorait sa vie d'avant. Lorsqu'elle était Frontalière. Elle avait fait partie de ce peuple courageux et brave, qui osait braver bien plus de dangers que quiconque. Elle avait vécu de fabuleux moments, tout comme elle avait souffert.

Elle revoyait ses entraînements, revoyait le tournoi, sa rencontre avec Neleam, avec le vieux juge, avec Edwin Til'Illan, même si cela n'avait été que pour s'inscrire…
Et surtout, il y avait Natael. L'homme qu'elle avait tant aimé et qui lui avait été arraché. Elle se souvenait de la déchirure, en découvrant son corps. Elle se souvenait du temps qu'il lui avait fallu pour l'accepter et avancer. Elle se souvenait de ses errances à travers l'Empire, cherchant un but dans sa vie. Elle avait quitté les Frontaliers. Elle avait compris que ce n'était pas sa place. Et elle n'aurait pas pu continuer, pas avec les souvenirs de Natael gravés sur tous les murs de la Citadelle. Elle se souvenait être allée chez des Rêveurs et avoir rencontré Misao et Roxane. Puis…la rencontre avec Hylis. Fabuleuse. Lumineuse.

Elle avait fait le bon choix, en la suivant sans rien connaître de ses attentions. Mais bon…à l'époque, elle s'était surtout dit qu'elle n'avait rien à perdre, et sa curiosité avait fait le reste. Talonnant sa monture, elle trotta jusqu'à la porte de la Citadelle. Vêtue de son habituelle tunique de cuir propre aux Marchombres, elle avait également mit une cape fourrée. Elle ne craignait pas le froid, loin de là, mais elle prévoyait. Elle ne savait pas pourquoi elle allait chez les Frontaliers. Le vent la guidait comme toujours. Et, quelques jours auparavant, se demandant justement où aller, il lui avait dit que les Frontaliers auraient une surprise pour elle. Enfin, il ne l'avait pas dit ainsi. Mais elle l'avait compris. Le vent cinglait ses vêtements, apportant la fraîcheur du Nord. Taï'Dashar suait à force de galoper jusque là. Le stoppant à l'approche d'un Frontalier, elle inclina la tête, et donna la formule nécessaire, "Force et Honneur". Il lui rendit son salut et l'accompagna dans l'enceinte de la Citadelle.

Et elle n'avait jamais vu autant de monde. Des Frontaliers s'entraînant, oui, mais aussi toutes sortent d'Alaviriens, de commerçants, vêtus richement, montrant leur appartenance, politique, militaire ou autre. Ils étaient tassés devant une immense tribune, discutant entre eux. Le nez de la Marchombre apporta de l'excitation, de la curiosité, un peu de peur, et de l'impatience. Ils attendaient sans doute que l'homme qui leur faisait face ouvre la bouche. Cet homme, tout le monde le connaissait. Hander Til-Illan, Seigneur des Frontaliers. Ses yeux gris balayaient l'assemblée, mais son visage ne transmettait aucune émotion. Son odeur, en revanche, Killian réussit à l'isoler en passant à deux mètres de la tribune, alors que son guide lui prenait les rênes de Taï'Dashar pour aller le dorloter. Il était…excité, calme et imperturbable. Excité, elle ne savait pas trop pourquoi. Il avait peut-être quelque chose de si important à dire que lui-même ne tenait plus en place, même si ce n'était pas son genre.

Le reste était habituel. Curieuse, Killian se dit qu'elle allait voir ce qu'il se tramait. S'asseyant un peu à l'écart, juste à portée pour entendre tout, et surtout, pour tout voir, elle regarda sa première demeure. Les murs étaient inchangés, la place d'entraînement non plus. Même l'arbre sous lequel elle s'installait lors des pauses était là, l'invitant à recommencer. Un bruit de collision la fît revenir à la réalité.
Par terre se trouvait, à quelques pas d'elle, un homme, vêtu entièrement d'armure, une armure luisante qui allait magnifiquement bien sur sa personne. Ses cheveux étaient bruns-noirs. Elle ne vit rien de plus. Il se releva et s'excusa platement, son odeur transmettant un peu de gêne.

Elle sourit en coin. Au moins, il restait des gens un tant soit peu polis…

Elle regarda le Seigneur des Frontaliers, discutant avec une autre personne, hochant la tête de temps à autres. Vivement qu'il débute, elle était trop curieuse !

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07.06.12 21:13
- Ça te dirait, Iaknill, de rencontrer les créatures qui sont à l’origine de ton nom ?

Le cheval gris ne répondit pas. Il continua à brouter, la tête à ras de sol, à la recherche d’herbe supplémentaire. Lavrenti était appuyé du dos sur son flanc, une main dans la crinière de sa monture, l’autre qui gesticulait à mesure qu’il parlait.


- Trois semaines déjà ont passé depuis que nous avons livré notre dernier courrier. Moi au moins, je me suis occupé à sculpter des branches dans la forêt, pour passer le temps, mais toi tu restes là à manger, et tu fais semblant de ne pas m’entendre. Oui, il est grand temps que nous regagnons la route. Peu importe laquelle, pour le bien de notre relation, et pour mon bien individuel, nous repartons.

Le Sculpteur de branches se trouvait dans un village perdu qui longeait le Pollimage, bien au nord du lac Chen. Il avait livré un courrier d’Illuin à Al-Far puis s’était retrouvé sans responsabilités immédiates et avait donc décidé de poursuivre sa route plus au nord encore. L’homme était tombé sur ce village puis, ayant été bien accueillit, avait décidé d’y rester quelques temps. Jamais trop longtemps, cependant, car l’envie d’explorer et de côtoyer la nature lui revenait toujours, et l’incitaient à repartir. Lavrenti n’avait jamais été de ceux qui demeuraient à un même endroit toute leur vie ; en effet, dès l’âge de treize ans il avait sentit qu’il fallait qu’il quitte les Fils du vent.


- Demain on met les voiles, mon gars, annonça-t-il à mi-voix, à la fois pour lui-même et pour son cheval.

En entrainant Iaknill avec lui, il quitta l’arbre qui les avait abrités de la pluie et se dirigea vers le village. Le Sculpteur de branches croisa un couple qui revenait des champs avec des paniers remplis de fruits cueillis, se hâtant à trouver un abri. Ils saluèrent Lavrenti mais celui ne les entendit pas, quoi qu’il fût près d’eux. L’homme circulait dans un labyrinthe de pensées et se laissait guider, les yeux dans le vague, par Iaknill qui avait sentit que son maître était retombé dans ses semi-transes habituelles. Le couple poursuivit son chemin, ayant compris dès son arrivée que le nouveau venu était plutôt particulier. Lavrenti pensait à toutes les courbes qui forgent une vie, aux expériences qui créent l’existence, et se demandait à quel point deux personnes allaient être différentes, si elles avaient vécu exactement les mêmes expériences. C’était illogique comme pensée car le fait était impossible, mais ne restait-il que Lavrenti se demandait si l’on pouvait se changer intentionnellement et spécifiquement en se mettant dans certaines situations ; en vivant des expériences qui allaient rendre nous rendre plus solide, ou plus doux.

Lavrenti arriva, trempé, chez la vieille femme qui avait insisté de l’héberger le temps de son séjour, afin de lui annoncer son départ le lendemain matin. Il grimpa les quatre marches en émergeant de sa méditation. Alors qu’il entrait, un homme, manifestement un Frontalier si Lavrenti se fiait aux apparences, se leva prestement. Il déposa la tasse de thé que lui avait offert la vieille femme qui, assise, observait la situation. Puis, le Frontalier le salua à la façon propre à son peuple, et Lavrenti répondit d’un hochement de tête distrait en déposant son sac au sol.


-Vous n’êtes pas facile à trouver, Lavrenti Esmerol.
-Ne croyez pas que je cherche à me cacher, répondit l’ex-Fils du Vent, mais plutôt que j’ai une tendance à errer anormalement, ce qui rend mon chemin difficile à suivre pour ceux qui me suivent. Vous m’en excuserai, quoi que selon moi ce n’est pas quelque chose dont j’aie à m’excuser, que d’être soi même et de suivre sa voie, aussi étrange soit-elle.

La réponse de Lavrenti surprit le Frontalier une fraction de seconde, puis il sourit et répondit :

-Eh bien, dit-il, je ne vous excuserai pas puisqu’il n’y a manifestement rien à excuser. J’ai un message pour vous. Je vous propose de normaliser votre errance et de me suivre à la Citadelle car Hander Til’Illan prépare une mission secondaire et vous offre d’en être le guide. Vous seriez particulièrement convenable pour cette mission car justement, il serait idéal d’être discret et difficile à suivre si on cherchait à vous suivre.

Lavrenti éclata de rire.

-J’accepte donc, j’aime les missions, secondaire ou octénaire, et je vous aime bien.

En route, Lavrenti trouva la situation quelque peu ironique car Al-Poll, la cité qui était à explorer, selon le Frontalier, était plus près d’eux que la Citadelle. Les deux hommes avancèrent à un rythme accéléré étant donné que le Frontalier avait perdu deux jours à retrouver sa trace, et que le jour de l’assemblée arrivait rapidement. Le Sculpteur de branche avait déjà participé comme guide à de telles excursions ; cela lui plaisait que ses années de vagabondage puissent servir aux autres. Les deux hommes ne croisèrent de danger, car ils s’assuraient d’êtres invisibles aux animaux ou aux ennemis qui pouvaient surgir.
Ce ne fut pas long, donc, qu’ils arrivèrent à la Citadelle des Frontaliers. Lavrenti observa les hautes tours en se demandant ce qu’il y avait eu sur le terrain avant qu’elles ne soient construites. Le peuple animé vaquait à ses maintes occupations, alors qu’ils traversaient la ville pour se rendre à l’assemblée. Le Sculpteur de branches respectait la détermination et la force de peuple, mais ne comprenait leur amour des armes et du combat. En les voyant se donner cœur et âme à l’entraînement du sabre, Lavrenti prenait davantage conscience de son profond respect pour les Faëls qui vivaient unis avec la nature, qui n’allouaient pas d’importance à la richesse ou aux classes sociales. Qui combattaient, certes, mais par nécessité, qui ne prenaient pas plaisir à trancher des artères. L’ex-Fils du vent était conscient que sa conclusion reposait surtout sur des généralisations, mais il lui semblait qu’elle était tout de même vraie.

Le Frontalier qui l’avait accompagné le dirigea vers l’entrée de la salle ou se déroulait l’assemblée. Lavrenti posa une main sur son épaule en guise de remerciement, puis le Frontalier prit les brides d’Iaknill.


-Il t’attendra dans les écuries du palais, dit-il, bonne route.

Le Sculpteur de branches pénétra la salle de l’assemblée comme une ombre, et se tint contre le mur les mains dans le dos, silencieux et à l’écoute, ne voulant pas déranger l’assemblée qui avait déjà débutée.


¤Step from the road to the sea to the sky-
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08.06.12 19:22
Vous êtes arrivée.

La voix de l'homme qui m'a conduite jusqu'à la Citadelle de Frontaliers m'a tiré de mes songes. Lentement, je descendis de l'arrière de la charette et dis sans me retourner.

Merci beaucoup.

Seul un claquement de langue lui répondis, ainsi que le bruit des sabots des chevaux, qui s'évanouirrent rapidement. Mais je ne bougeai pas tout de suite, laissant mes souvenirs revenirent en mémoire.

A peine installée à Fériane, on m'a envoyé ici. Pour une mission, secondaire mais peut un porte, car même si je n'ai passé que quelques jours à Fériane, j'y ai ressenti l'impression d'emprisonnement. Donc je n'ai pas dis non à la proposition de la mission. Un marchand qui passait par là m'a déposé jusqu'à ici, mais le problème a été Lobo... Car un loup du Nord en plein milieu de Frontaliers n'était pas une super bonne idée, donc je lui est fais comprendre de rester dans les bois.
Un bruissement de feuille, suivit d'un discret grognement me fis sourire. Quand on parle du loup... Mais je ne pus aller plus loin dans mes réflexions car un main se tapota mon épaule.

-Je peux vous aidez?
-Oui. Où se trouve la salle où dois se passer l'assemblée?
-Suivez moi.


L'homme, qui devait être un chevalier, me guida parmis les nombreux couloirs de la Citadelle. J'avais pris mon baton en main, et le fis taper, sans bruit devant moi pour reperer les obstacles, ou personnes que je ne pouvais voir. Je sentis le sol se modifier, pour devenir herbe, donc je m'arretai bien avant que mon guide le fasse, sachant qu'on était arrivés. De nombreuses voix qui me parvenait. Après avoir remercié l'homme, je mis en marche, lentement mais surement, ne voulant pas attirer l'attention des gens sur moi en rentrant dedans. Mais quand ma main rencontra l'ecorce d'un arbre je m'arrêtai, profitant de ce point de repaire. Me trouvant assez proche, je me mis à écouter.
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09.06.12 17:22
Ophys retint d'une main adroite le galop de Flamerole, alors si jovial. Il était tellement heureux de traverser tel une flèche cette route qu'il avait tant parcourut auparavant qu'il libérait toutes ses émotions. Ophys avait eut l'occasion de faire le trajet entre Al-Jeit et la Citadelle de nombreuses fois, pour le même objet que cette fois-ci, elle était convoquée à la Citadelle pour participer à une mission volontaire dans la découverte d'Al-Poll. Enfin, mission volontaire pour qui voulait l'entendre. Les membres de la Légion Noire avaient bien été incités par l'Empereur qui tenait à ce que les forces légionnaires soient représentées dans l'excursion. Seule Ophys s'était proposée, poussée par ses camarades trop peu intéressés par cette mission secondaire. Ils n'avaient vu en cette mission qu'une sale besogne sans conséquences. Mais pour Ophys, partir vers le Nord était une libération enviée depuis longtemps. Elle avait besoin, comme certaines personnes, de quitter les rangs retenus de la Légion Noire pour s'évader dans des lieux plus subtiles, plus aimants. Et le Nord de Gwendalavir, sauvage comme il était, était une des terres les plus aimantes qu'Ophys n'est jamais foulée. La légionnaire se laissa glisser avec douceur du dos de Flamerole qui trépignait d'impatience, ses crins roux voletant autour de sa tête fière. Très rapidement, Ophys retira tout le harnachement du cheval pour qu'il puisse enfin souffler. Ses armes et son sac attachés dans son dos, portant le filet de Flamerole sur son épaule et sa selle maintenue contre sa hanche, la guerrière se mit en route, à pied. L'étalon suivait tranquillement derrière elle, trottinant pour la rattraper lorsqu'il s'arrêtait pour brouter. Ophys se retourna pour le regarder, caressa sa joue et d'une voix chantante, s'adressa à lui :

-Allez, file.

Avec joie, l'étalon hennit et se dressa sur ses postérieurs, montrant toute sa grandeur. Il se détourna et partit au galop dans les Plaines qui entouraient la Citadelle. Ce cheval était libre et la légionnaire aimait à le voir partir ainsi, à l'encontre du vent. Elle aimait d'autant plus lorsqu'il partageait ces moments avec elle ou encore, lorsque ensemble ils bravaient les lois de l'équilibre, comme des partenaires de danse. Ophys retira son regard de la flamme qui foulait le paysage et observa la Citadelle, grande et majestueuse, s'élevant pour atteindre le ciel au sommet de la Vigie. Elle aimait beaucoup l'architecture de cette Citadelle, toute de verre et de métal. Dans la nature hostile du Nord, la Citadelle resplendissait. La légionnaire agrandit la foulée de ses pas, il ne fallait pas qu'elle soit en retard pour le commencement de la réunion où elle était conviée et attendue. Les fouilles de la ville d'Al-Poll était bien une mission secondaire aux yeux de tout bon alavirien. Elle ne représentait peut-être rien de bien important face aux voyages d'exploration et de communication que menait l'Empire avec les Pays de l'Est. Elle était bien faible, aux côtés de la protection que menaient les alaviriens pour préserver leur pays. Cette mission, c'était un mystère posée sur une ville meurtrie depuis des années et des années. Qu'importe ce qu'on y trouverait, des Iaknills légendaires, des révélations historiques, une raison au poison qui tentait de s'approprier un Empire sous tension.

Ophys atteint la porte de la Citadelle qui s'ouvrit pour elle, saluant au passage un Frontalier avec tout les honneurs et le respect qu'elle lui devait. L'enfant de Merwyn répondit à son geste avec la fierté et la conviction avec lesquelles lui et les siens vivaient. Le Frontalier lui désigna un écuyer auquel Ophys expliqua sa situation. Elle s'amusa de voir dans l'oeil sérieux du Frontalier, une fraction de seconde, l'éclair d'une surprise lorsqu'il la vit, embarrassée d'un harnachement complet et d'une selle, sans cheval. Avec l'habituelle assurance frontalière, il dissipa sa curiosité et ne laissa rien transparaître, s'éloignant avec les affaires de Ophys. Cette dernière, escortée par une Frontalière, s'enfonça dans les couloirs de la Citadelle de verre. La légionnaire connaissait l'existence du sceau qui interdisait l'accès aux Spires, mais elle n'en ressentait pas la présence. En effet, elle n'était douée d'aucun don d'Imagination. Elle avait tenté, une fois, de s'attaquer à la base même de l'Imagination, créer une flamme. Elle eut beau tourner son esprit dans tous les sens inverses, elle n'avait obtenu, au bout de quelques heures, le faible bruit d'un crépitement. C'est pourquoi, au sein de la Citadelle, Ophys n'eut aucune gêne, aucune pression et s'engageait sereine aux côtés de la Frontalière. Cette dernière, s'arrêta devant une porte, lui sourit et appuya sur la poignée de la porte pour qu'Ophys puisse rentrée.

La Haute Prairie était bouillonnante d'interpellations et de toutes évidences la réunion n'avait pas commencée. Plusieurs discussions fusaient autour d'Ophys qui avançait silencieusement jusqu'à une place qui lui conviendrait. La légionnaire avait peint son visage d'une émotion qui lui était devenue familière à la Légion, un visage inerte dont seuls les yeux observaient son entourage avec vivacité. Un regard vert qui se donnait le droit de fixer l'Assemblée toute entière. L'attitude guerrière d'Ophys rappelait celle des Frontaliers. Sa démarche était mesurée, son regard sans limite, son assurance soutenue et le visage marquant. On aurait pu la croire Frontalière, mais tout en elle criait Légion. Comme ses hôtes, elle portait son sabre dans le dos, mais la poignée de sa lame vers le bas. Cela lui donnait une façon de dégainer qui n'appartenait qu'à elle. Dans la foule, Ophys à la fois s'imposait et glissait hors de portée des membres de l'Assemblée. Ils n'y avait pas que des Frontaliers, mais aussi bon nombre d'alaviriens ; sûrement des représentants politiques ou militaires, venus de diverses contrées de Gwendalavir. La légionnaire laissa ses lèvres lui tirer un sourire, elle venait d'apercevoir dans la foule, une chevelure qu'elle avait appris à connaître il y a peu de temps. Ophys s'approcha en silence et comme la première fois qu'elle avait rencontré cette personne, posa avec délicatesse sa main sur son épaule. Hash tourna la tête dans sa direction, la légionnaire sourit.

-J'avais le pressentiment que l'on se retrouverait plus tôt que l'on ne l'avait pensé.

Elle ne put en dire plus que déjà, l'Assemblée s'apaisait et laissait un silence impériale envahir la Haute Prairie. Hander Til'Illian, assit sur un imposant trône en avant de la Haute Prairie, venait de se lever pour parler à son Assemblée. Til'Illian était peut-être bien plus qu'un homme dans son regard acier. Avec les formulations convenues pour les ordres politiques et militaire, il salua poliment la foule qui s'était réunie face à lui. Il fit une très courte introduction sur la mission qui se préparait et appela, tour à tour, les membres volontaires qui s'étaient proposés pour y participer. Le nom de la légionnaire faisait partie des premiers et elle libéra l'épaule de Hash de sa prise amicale. Elle marcha aussitôt en direction du trône, arborant sa démarche guerrière. Ses pieds s'imposaient sur le sol dans un silence absolu, son regard absorbait celui que la foule portait sur elle. Elle s'arrêta à une distance respectable de Hander Til'Illian, le salua avec honneur, faisant retentir dans la Haute Prairie le « Force et Honneur » frontalier. Ophys inclina la tête, pour offrir son salut à tout les autres représentants politiques et militaires. Elle redressa la tête lorsqu'elle entendit auprès d'elle, venir ses compagnons de voyage dont le nom suivait dans la liste dictée par Hander Til'Illian.
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15.06.12 20:56
      « Ah ! je suis désolé... vraiment ! »

    Comme toujours très confus après une maladresse, Thowind peinait à reprendre consistance. Il se releva presque d’un saut, très ennuyé d’avoir perdu l’équilibre, entreprit de s’épousseter machinalement l’armure, sentit le rouge lui monter aux oreilles et, régulant son souffle et constatant que personne d’autre n’avait fait attention à lui, il jugea bon de regarder celle contre laquelle il avait trébuché, une très jeune femme aux yeux d’un noir profond, le corps fin, loin d’être gracile cependant, les cheveux châtains encadrant un visage difficile à définir, habillée de cuir. Elle ressemblait étrangement aux Frontaliers par sa posture et la lueur indéfinissable dans ses yeux quand elle répondit d’un sourire à ses excuses ; Thowind, en lui rendant son sourire, ne put s’empêcher de constater qu’elle avait une connaissance de la valeur des mots et des regards. Dans le ciel, le soleil était à moitié dissimulé par d’imposants nuages gris, quand au détour d’une brise montagnarde, un large rayon de chaleur se dégagea des cumulus pour se disperser sur la Haute Praire, moment précis que choisit Hander Til’ Illan pour se lever de son trône.

    Le seigneur des Marches du Nord se tenait haut sur la tribune, droit et souriant, levant simplement le bras pour intimer la foule au silence.

    Tous, à l’Académie, connaissaient le nom de Hander Til’ Illan. Son passé mettait à l’honneur la franchise de ses paroles et son imperturbabilité légendaire, qui semblaient être la source même du mode de vie frontalier. Thowind ne lui avait jamais adressé une seule parole, le croisant de loin dans l’une des places de la Citadelle, une fois dans un bâtiment, entouré de conseillers et de généraux alors qu’il traversait hâtivement un couloir. Son allure était décidée, sérieuse, solennelle ; malgré son âge avancé, il conservait un charisme et une majesté fascinants ; cette haute personnalité de l’Empire à l’aura de volonté qu’on eût dit de verre et de métal semblait à l’épreuve de toute menace. Avec un tel homme aux commandes de la Citadelle des Frontaliers, il n’était guère étonnant que les plus grandes armées Raïs ne soient jamais parvenus à traverser la Chaîne du Poll…

    Une fois que le tumulte des conversations fut devenu bourdonnement, le bourdonnement rumeur et la rumeur silence, Hander prit la parole, ses conseillers, juchés derrière lui sur la tribune et la foule l’écoutant attentivement.

      « Alaviriens, alaviriennes, Frontaliers, Frontalières, Force et Honneur ! Je suis heureux de vous voir réunis en ce jour aux Marches du Nord, dans notre radieuse Haute Prairie, heureux de voir, pour une occasion exceptionnelle, tant d’hommes d’action de l’Empire — nous regrettons l’absence de Sil’ Afian, que je sais trop occupé ces derniers temps — pour célébrer le départ d’une troupe d’exception pour une ancienne cité regrettée de Gwendalavir. Une ville de légende, ruinée et hantée nous dit-on, par d’ancestrale créatures de feu plus redoutables que tous les Raïs réunis (un frissonnement de colère parcourut le petit groupe de Faëls de l’assemblée), donc assez grotesques, et encore nous en savons peu sur eux, si ce n’est qu’à la venue d’Ewilan Gil’ Sayan il y a longtemps déjà, on ne releva aucune trace de leur présence. Ainsi ! vous devez tous déjà connaître les enjeux de ce regroupement : former la troupe qui se rendra jusqu’à Al-Poll pour rédiger un rapport de l’état réel des lieux et assurer la première véritable exploration au nom de l’Empire. Je veux l’expédition discrète. Je n’ai pas ajouté un de nos régiments aux Alaviriens qui se sont nommés volontaires et, pour tout dire, je ne peux m’accorder ce luxe. Les Raïs menacent encore les Frontières de Glaces et de nombreux hommes des Marches sont demandés au-delà des limites de l’Empire. J’appelle désormais les volontaires qualifiés dédiés à cette tâche ! »

    Il y eut quelques chuchotements intéressés dans la foule et les seigneurs du Nord derrière le maître de la Citadelle se concertèrent du regard, quand le premier nom retentit dans la Haute Prairie :

      « Thowind Kil’ Muirt, de l’Académie d’Al-Jeit ! »

    Les chuchotements se muèrent en un marmonnement surpris, un bourdonnement dubitatif que le regard sévère de Hander Til’ Illan ne calma pas. Avait-on bien entendu ? Kil’ Muirt ? Ici, à la Haute Prairie ? Qui était ce jeune homme de l’Académie ? Son fils ? Holts avait un fils ? Et ce fils a été admis à l’Académie ?

    Thowind se mit en marche après quelques regards graves de chaque côté de la foule. Il gravit les quelques marches de la tribune et le Seigneur de la Citadelle eut un sourire de compassion. Le jeune dessinateur le salua, trop tendu pour lui rendre le sourire, d’un hochement solennel de la tête. Sa carrière de Sentinelle allait beaucoup dépendre de son impression auprès des Frontaliers, aucun écart de conduite n’était tolérable. Il regarda la foule dont les chuchotements se désagrégèrent aussi vite que résonna le deuxième appel de Hander Til’ Illan.

      « Ophys Ellüdril, de la Légion Noire ! »

    La légionnaire se dégagea de l’assemblée, lâchant l'épaule d'une autre jeune femme, et marcha immédiatement vers la tribune. Au début, il y eut un flottement, un long silence, on n’entendait seulement la marche de la nouvelle venue, mais dans le sillage de son mouvement, on vit des mouvements des têtes et des regards étonnés. Deuxième nom, deuxième longue rumeur outrée de la foule ! Une femme dans la Légion Noire ? Cela existait donc ? Bjorn Wil’ Wayard se défaisait-il des maillons faibles de ses régiments ? Cherchait-on à se jouer de Hander Til’ Illan ? Et après un « Thowind Kil’ Muirt », en plus ! Que signifiait cela ? Envoyait-on en exil à Al-Poll tous les membres de l’Empire dont on veut se débarrasser ? Qui viendra après ? Une marchombre boiteuse, un chevalier mutilé, un Frontalier manchot ? Des rires légers traversèrent l’assemblée tandis que Thowind regardait avec attention la jeune femme s’approchant de la tribune en ignorant royalement toute remarque, le visage impassible, plus fidèle à ceux des autres légionnaires que l’on eût cru. De la volonté pure ; féminine, mais pure. Guerrière. Le dessinateur eut alors un sursaut auquel il ne s’attendait pas. Ses traits qu’il avait voulu durcis pour ne rien laisser paraître aux yeux de la foule se figèrent de surprise. Il se perdit dans la contemplation de la jeune femme. Il chercha ses yeux dans son visage aux traits doux que démentait son expression, pleine de professionnalisme ; ils étaient d’un vert que le soleil réfléchissait de ses rayons mordorés. Des cheveux d’un violet clair, étonnants, coupés assez courts malgré une longue mèche rebelle, encadraient sa physionomie terrible de paradoxe, où la grâce se mêlait à l’apathie contractée. Elle avait des lèvres incroyables, presque trop sèches, sans doute recluse aux baisers depuis trop longtemps, et un corps que le vargelite léger de son armure de la Légion Noire ne cachait pas aux yeux dévoreurs de Thowind tout l’aspect sensuel et intimidant. Plongé dans sa description, il en avait oublié la foule et le fait qu’Ophys était désormais à quelques pas de lui, saluant Hander Til’ Illan avec force et s’inclinant devant la foule. Thowind Kil’ Muirt rougit l’espace d’une seconde, tressaillit avant que ses yeux ne se dirigent machinalement vers les méandres des nuages entrelacés du ciel.

      « S’il vous plaît ! » lança le Seigneur des Marches avec force, une main fermement posée sur son trône, un froncement de sourcil, qui avait disparu le temps de saluer Thowind et Ophys, resserrant une seconde fois les rides burinées de son visage.

    Il poursuivit l’appel en toisant l’assemblée avec sévérité, levant le bras pour nommer le prochain élu…
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    Killian Delkaïron
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    Killian Delkaïron
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    15.06.12 21:47
    L'homme à l'armure s'excusa une nouvelle fois en souriant, s'époussetant machinalement. Killian lui répondit d'un sourire et le laissa s'en aller vers les autres. Se mettant une nouvelle fois à l'écart, elle attendit que le Seigneur des Marches décide de prendre la parole. En tout les cas, lorsqu'elle regarda les quelques Frontaliers présents, elle eut un sursaut en reconnaissant l'un d'eux. Grand, près de deux mètres, il avait de rares cheveux blancs et une carrure imposante. Et elle s'en souvenait comme si c'était hier. Il les avait conseillés, Natael et elle, lors de l'entraînement au vu du tournoi.
    Il regardait partout lui aussi, elle ne savait donc pas s'il l'avait vue. Et, de toute manière, il ne la reconnaitrait pas. Du moins le pensait-elle. Elle avait trop changé pour. En près de sept ans loin des Frontaliers, il en avait vu d'autres. Sept ans…Trois d'apprentissage, quatre en tant que Maître. Sept ans que Natael était parti…

    Mais ses pensées furent interrompues par Hander Til'Illan qui se levait. Malgré son âge, ses mouvements étaient tout aussi fluides que le plus jeune de ses hommes, sa carrure tout aussi impressionnante. Il était vif, prenait les meilleures décisions, et dirigeait la Citadelle d'une main de fer. Killian ne l'avait jamais approché en tant que novice. Elle ne lui avait jamais adressé la parole. De toute manière, qu'aurait-elle dit ? Il était bien trop haut placé pour parler à une fille comme elle.
    Elle se fît attentive et écouta ce qu'il avait à dire.

    Ainsi donc, il projetait une expédition vers Al'Poll. Ville fantôme, déserte depuis belle lurette. Une belle expédition pour ceux qui iraient. Que des volontaires qui plus est.

    Ayant fini, Hander commença à énumérer les participants :


    -Thowind Kil’ Muirt, de l’Académie d’Al-Jeit !

    Elle fût surprise en voyant l'homme qui l'avait heurtée s'avancer vers l'estrade. Et elle fût encore plus surprise lorsqu'elle vit et entendit les murmures de la foule.
    Qui était-il ? Elle ne connaissait pas de Kil'Muirt à l'Académie. En même temps, elle était plus souvent sur les routes qu'autre chose. Comment connaître tout le monde dans ce cas ?
    Hander continua :


    - Ophys Ellüdril, de la Légion Noire !

    Une jeune femme se détacha du groupe, lâchant l'épaule d'une autre. De loin, Killian vit les cheveux violets coupés courts. Aussi courts que les siens apparemment. C'était plus pratique lors des affrontements, même si la Marchombre s'était déjà laissée séduire par l'idée de les laisser pousser un tantinet…

    Sa démarche était gracieuse, assurée. Elle ignora elle aussi les murmures des gens. Mais qu'avaient-ils donc tous aujourd'hui à râler sur les volontaires ?
    Fronçant les sourcils, Killian se dit qu'après leur départ, elle interrogerait des personnes, pour assouvir sa curiosité. Quoique, pour Ophys, cela pouvait peut-être s'expliquer par le fait qu'elle était une femme, et qu'elles étaient rares à entrer dans la Légion.
    Levant la main, le Seigneur des Marches réclama le silence, un "s'il vous plaît" s'échappant de sa gorge. Il n'avait même pas haussé le ton, mais tout le monde se tut.
    Il était prêt à donner un troisième nom, lorsqu'elle vit du coin de l'œil le Frontalier s'avancer. Qu'est-ce qu'il mijotait ? Se portait-il lui aussi volontaire, pour représenter les Frontaliers, même si son Seigneur préférerait qu'il aille aux Frontières de Glace ?

    Il s'avança jusqu'à être devant tout le monde, au bas de l'estrade. Et, avec sa taille, Hander ne put l'ignorer…

    Il commença :


    -Force et Honneur, mon Seigneur. J'ai un dernier volontaire à vous proposer.

    Elle vit Hander lever un sourcil et elle, elle sentit son estomac faire un salto. Le vent lui murmura :

    "A ton tour…"

    Elle avait compris. En tout cas, Hander ne refuserait jamais un volontaire non inscrit sur sa liste. D'un geste, il indiqua au Frontalier de continuer.


    -J'ai vu tout à l'heure une personne que je connais. Et je sais qu'elle sera parfaite pour l'expédition.

    La foule murmurait à nouveau, se posant des questions sur ce volontaire inconnu. Killian, quant à elle, ne s'en posait pas. Elle sut pourquoi le vent l'avait conduite ici…

    -Et bien, donne nous ton nom et le sien. Dit Hander, calme comme du roc.

    -Je me nomme Leik. Et la candidate était une Frontalière.

    Là, sur le coup, même Hander haussa un sourcil. L'emploi du verbe être au passé l'étonnait encore plus que la foule. Mais bon…Leik n'était pas obligé de dévoiler toute sa vie…

    Gardant le suspens, Leik se retourna et la regarda. La montrant du bras, il termina :


    -Killian Dell'Kaïron. Ex-Frontalière. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue, mais elle est parmi nous aujourd'hui.

    Killian était gênée. Tout le monde la regardait à présent, l'analysant. Mais, plongeant dans l'Harmonie, la Voie et le vent, elle se redressa et avança vers Leik.

    Sa démarche fluide prouvait qu'elle avait été Frontalière. Mais rien ne laissait deviner qu'elle était Marchombre. A moins qu'il n'y ait des connaisseurs dans l'assemblée.
    Elle s'arrêta à côté de Leik et regarda les deux volontaires déjà là. Ils la regardaient également. Puis elle reporta son attention sur Hander qui l'observait, comme s'il tentait de se souvenir d'elle en tant que Frontalière.
    Et la question inévitable ne tarda pas :


    -Ainsi tu étais des nôtres…je ne te demanderais pas pour quelles raisons tu es partie, pas en public, en revanche nous aimerions, je pense, tous savoir ce que tu es aujourd'hui. A qu'elle guilde appartiens-tu désormais ?

    Ses yeux semblaient lire en elle. Mais, étrangement, elle était parfaitement calme. Il ne la jugeait pas, il était curieux. Comme elle. Et sans doute comme tout le public maintenant, regard braqué sur son dos, impatient de connaître la nature de la jeune femme.

    -Mon Seigneur. Ma Voie n'était malheureusement pas celle que vous parcourez avec tant de grâce.

    Elle s'interrompit, cherchant la meilleure manière de le dire. Quoique, être Marchombre n'était pas un secret.

    -Aujourd'hui, j'ai trouvé la mienne, et je la suis depuis pratiquement sept ans. Je suis devenue une Maître Marchombre.

    Le silence retomba d'un coup. Sur un signe et un sourire d'Hander, elle gravit les marches et se posta aux côtés des deux autres volontaires.

    Voilà. Elle faisait partie de l'expédition. Une Marchombre. Pas mal non ? Au moins, la majeure partie des Guildes seraient représentées. En admettant qu'il y ait encore beaucoup de volontaires…
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    16.06.12 23:03
    Hander Til’Illan venait de terminer son mot de bienvenue lorsque Lavrenti Esmerol se joignit à l’assemblée. Le vagabond n’était pas vraiment au courant du but de l’expédition ou de son intérêt dans la politique du Seigneur des Marches du nord. Tout ce que le Frontalier lui avait dit c’était que la destination était Al-Poll, et qu’il s’agissait d’effectuer une sorte de rapport. « Al-Poll est oubliée, digérée, classée. Mais qu’est-elle devenue ? Et les Iaknills qui la hantent ? Se manifestent-ils toujours ? Sur ses collines reposent les ruines d’une histoire ancienne ; qu’ont-elles à révéler ? Est-ce un endroit trop dangereux, trop près des Raïs pour considérer y rebâtir une communauté ? Sommes-nous les seuls à revenir pour relever de l’information ? » Ce fut les mots du Frontalier, lorsque Lavrenti lui avait demandé des précisions sur l’expédition. L’ex-Fils du vent n’en savait pas plus que ces questions, et cela lui convenait, il n’avait pas besoin d’en savoir plus. Il savait comment se rendre à Al-Poll, et il aurait guidé le groupe qui allait se constituer dans l’assemblée que ce soit pour Hander Til’Illan que tous semblaient vénérer, ou pour un pauvre vieillard inconnu. Lavrenti se demanda un moment si le Seigneur n’avait pas d’autres choses plus importantes à faire que d’annoncer les noms de ceux qui se joindraient à l’expédition. Était-il présent pour montrer que, bien que l’expédition soit d’une importance secondaire, il tenait tout de même à sa réussite ? Ou bien voulait-il simplement se détacher des hommes importants qu’ils côtoyaient quotidiennement, et observer les jeunes ambassadeurs des guildes de Gwendalavir ? L’ex-Fils du vent se rendit compte qu’il préférait de loin juger l’homme qui était l’attention de tous par rapport à la réponse à cette simple question que par rapport à son statut et sa célébrité.
    À cet instant, la voix du Seigneur retentit pour annoncer le premier nom.


    - Thowind Kil’Muirt, de l’Académie d’Al-Jeit !

    Le nom en question provoqua une réaction mal dissimulée chez les gens présents. Lavrenti Esmerol ne réagit pas ; ce nom n’évoquait en lui aucun souvenir. La clameur finit par se calmer, puis les noms continuèrent à défiler, les personnes à se présenter, tendues et fières, puis à se placer parmi les autres. La surprise surgit à nouveau lorsqu’une femme se présenta comme étant de la Légion Noire, puis à nouveau lorsque la jeune femme ex-Frontalière révéla qu’elle était Maître Marchombre. Lavrenti était désolé de voir de tels individus devoir supporter l’ignorance des gens, qui, selon leur réaction, semblaient baser leur vision du monde sur les généralités : une Frontalière demeure une Frontalière et la Légion Noire est constituée d’hommes uniquement. Le Sculpteur de branches respectait ces individus qui avaient choisis leur avenir.

    On avait donc nommé une Marchombre, un Dessinateur manifestement habile au combat, une combattante de la Légion Noire, et d’autres soldats. Lavrenti questionnait la constitution des membres du groupe ; ne manquait-il pas un scribe ? Un historien qui connait tous les détails du passé d’Al-Poll, qui saurait interpréter les signes et en faire un rapport digne de ce nom ? Certes, il était important qu’ils puissent se défendre, mais ces efforts étaient inutile si un expert ne les accompagnait pas pour évaluer efficacement ce qu’ils allaient trouver à Al-Poll. Mais à ce moment, comme s’il lisait dans les pensée de Lavrenti, Hander Til’Illan annonça le prochain nom ;

    -L’historiographe Marwen Sil’Feudin.

    Le nom était encore une fois inconnu au jeune errant ; il n’était manifestement pas familier avec les personnages connus du pays. Cela ne le dérangeait pas le moins du monde ; il en connaissant plusieurs qui, à ses yeux, étaient tout aussi importants qu’Hander Til’Illan.
    La femme nommée, âgée d’une quarantaine d’années, sinon plus quoique cela ne paraisse mise à part quelques rides, s’avança vers le Seigneur. Elle avait la peau hâlée de ceux qui passent beaucoup de temps au soleil et une stature, fine mais musclée, qui suggérait qu’elle était habituée à l’endurance physique. Deux éléments qui correspondaient aussi au Sculpteur de branches. En observant la réaction de ceux présents à l’assemblée, Lavrenti constata qu’au moins la moitié d’entre eux ne connaissaient pas non plus cette historienne. Elle avait sous le bras droit un épais cahier, et Lavrenti fut soudain éprit d’une grande curiosité ; il avait bien l’intention de lui poser des questions sur ses voyages et ses connaissances. Cela dit, il faudrait tout d’abord qu’il fasse partit de l’expédition. L’homme n’était pas certain que le Seigneur avait été avisé de sa présence à l’Assemblée. Il était arrivé en retard et n’avait pu, ni lui, ni le Frontalier, avertir un des maîtres du Nord qu’il acceptait de se joindre à l’expédition. À moins que l’on ait pris pour acquis qu’il accepterait et que l’on avait mis son nom sur la liste de volontaire, Lavrenti ne croyait pas être en mesure de se joindre à l’expédition. Cela n’était pas grave, les participants connaissaient sans doute tous la route vers Al-Poll. L’ex-Fils du vent saurait les guider par des raccourcis et des routes isolées de dangers, mais il n’était pas indispensable.

    Un des maître du Nord qui siégeait derrière Hander Til’Illan prit la parole.


    -En ce qui concerne le ou la guide, nos guides primaires étant tous occupés, nous avons convoqués trois individus qui ont, selon des sources, les habilités requises pour mener l’expédition. Omeria Gil’Lussian, Lavrenti Esmerol et Réomer Wil’Paven. L’une ces personnes est-elle présente ?

    Lavrenti jeta un bref regard autour de l’Assemblée ; personne ne semblait se manifester. S’il était le seul présent, la position de guide lui reviendrait ; était-ce ainsi que cela allait se produire ? Il caressa sa barbe de son index un instant, murmura un « Bon. » décisif, puis s’avança vers les maîtres du Nord. Une ou deux secondes s’étaient écoulées ; pas assez pour que l’on présume qu’il y ait de l’hésitation dans son geste. Il se faufila tant bien que mal dans la foule, en disant des « excusez-moi, désolé, pardon » plutôt chantants, qui, dans le silence qui régnait étaient entendus de tous. Le Sculpteur de branches s’arrêta devant Hander Til’Illan.

    -Bonjour, messieurs. Je suis Lavrenti Esmerol, dit-il simplement.
    -Et qui es-tu, Lavrenti Esmerol ? demanda Hander Til’Illan.

    « Qui es-tu, Lavrenti Esmerol? ». Il fut amusé par le fait qu’une question qu’une telle importance fut posée ainsi, comme si la réponse était simple et allait venir mécaniquement. Mais la réponse à cette question était longue. Longue et compliquée. Cependant Lavrenti savait que le Frontalier ne recherchait pas cette réponse, mais une autre : son titre, sa guilde. C’est embêtant, pensa-t-il. Il n’avait pas étudié à une académie, avait été Fils du Vent, avait vécu chez les Faëls, mais n’appartenait pas une guilde digne de ce nom. Il était un Sculpteur de branches ; un errant. Lavrenti ne pouvait offrir au Seigneur des marches du Nord une réponse qu’il désirait.

    -Je suis Lavrenti Esmerol et je peux vous mener à Al-Poll par les routes les plus discrètes et les plus éloignées des dangers et des observateurs indésirables.

    Il semblait à l’homme que c’était là tout ce qui importait ; ils avaient besoin d’un guide, Lavrenti avait les compétences d’un guide. Le Seigneur hocha la tête; personne d'autre ne s'était avancé.

    -Soit. Cependant ce ne sera pas moi que tu guideras, dit Hander Til’Illan avec un sourire, mais la troupe qui se forme. Prends ta place.

    L’homme eut un sourire en coin puis rejoint ceux qui avaient été nommés.
    Il voit déjà la route devant lui qui sillonne entre les collines, les montagnes de la chaîne du Poll à sa droite qui s’imposent au loin, il sent le vent dans ses cheveux, le courant d’un ruisseau sur sa main alors qu’il remplit sa gourde, il entend déjà le son des sabots d’Iaknill contre le sol ; la mélodie de sa harpe qui s’élève dans la nuit. La sérénité de celui qui est chez lui dans le mouvement constant de l’avancée vers le nulle-part.
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    16.06.12 23:46
    Je ne prettai pas vraiment attention au discours du seigneur de la Citadelle. Mais je devins plus attentive quand il commenca à nommer les différents membres de l'expedition. Le premier: Thowind Kil’Muirt, de l’Académie d’Al-Jeit. Inconnue pour elle, mais pas pour les personnes qui constituaient la foule. Des murmures emplirent le silence qui s'était crée. Et ils devinrent encore plus présents quand mon amie s'avanca. Le seigneur du élever légèrement la voix pour refaire le calme. Puis il eu une ex-Frontalière.. On ne peut pas être ex-Frontalière, on est Frontalière, on le reste. Mais on dirait que celle-ci à choisit une autre voie. Celle de l'Harmonie. Marchombre. Cette femme attira mon attention. Etre aveugle m'avait permi de déceler certaines choses chez les gens que je croisais. Et celle-ci à quelques chose de spécial... Je fus désolée par le manque de savoir des gens, et la peur et la moquerie que cela entrainait..

    Mais je ne pus m'attarder sur la question car l'appel continuait. Il eu aussi une historienne qui calma les ardeur, car il sembla que peu de monde la connaissait.Et enfin le guide qui devait nous mener à Al-Poll où devait se trouver des êtres aussi fantastiques que dangeraux...
    De nombreuses histoires dans ces lieux ont bercés mon enfance. Sans aucun mal je pourrais les ressortir de ma mémoire, car on les racontait souvent autour d'une feu avec un thé encore chaud.

    Un sourire étira mes lèvres quand j'entendis la progression du guide être par des bouts de phrases. Elles résonnèrent comme des chants à mes oreilles. Déjà je sus que cet homme ne serait lui pas non plus quelqu'un de "normal". Que dis-je. Tous notre groupe n'était pas "normal" d'après certains critères. Mais es-que le célèbre groupe d'Ewilan était lui aussi "normal"? Non.

    -Hash Tilissy, Réveuse.

    Les paroles de Hander Til'Illan me sortirent de mes songes. Le silence s'était mis en place, lourd. Attente. Je pris une bouffée d'air et fis un pas en avant. Je remis mon bâton légèrement en avant, je me faufillai lentement à travers cette marée humaine. Mais plus je m'approchai, plus je me demandais comment j'allais faire pour me placer... Enfin il n'eu plus de foule, suivant mon instinct, je réussis à me trouver une place au c^^oté des autres membres de l'expedition, sans marcher sur des pieds.
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    19.06.12 18:29
    Ce fut surtout la volonté d'Ophys qui l'amena jusqu'à l'estrade, tant les murmures teintés de reproches de la foule avaient fusés à l'annonce de son nom et de sa guilde. Certes, elle était femme légionnaire et assez âgée pour avoir la moitié de l'âge de Bjorn Wil'Wayard, mais elle avait intégré la Légion Noire par choix et par envie. Elle avait désiré cette vie guerrière à toute autre pour atteindre la Maîtrise comme d'autres atteignaient l'Imagination, un désir qu'elle enviait depuis sa jeunesse. Pour cela, elle avait depuis longtemps affronté les généralités populaires et ce n'était pas aujourd'hui, devant Hander Til'Illian et une foule, qu'elle trouvait sur le moment grotesque, qu''Ophys allait avoir honte du chemin qu'elle avait pris. Aussi, les messes basses marquèrent d'autant plus ses pas et sa volonté d'exister dans cette forme de vie.

    D'une attitude toujours impassible, la légionnaire vint se placer aux côtés d'un jeune homme appelé quelques secondes plus tôt et qui avait, lui aussi, avait soulevé les discussions de l'Assemblée. Il portait le nom de Thowind Kil'Muirt, et avait été décrit comme Dessinateur à l'Académie d'Al-Jeit. Il portait le même nom que Holts Kil'Muirt mais son apparence laissait paraître tout autre chose. Ophys, comme tout les soldats de la Légion Noire connaissait la liste de tout les ennemis de l'Empire et en quelques sortes, l'homme qui portait le nom de son voisin était l'un d'eux. Mais la légionnaire ne préféra pas s'interroger et d'un regard habitué elle le scruta sans émotion, son visage dissimulé sous son masque guerrier. Il avait quelque chose d'aérien, sûrement dû à son corps fin, qui le rendait élégant. Malgré l'imposante et rutilante armure dont il s'était paré pour l'occasion, on lui imaginait un corps quelque peu efflanqué et doté d'une musculature sèche, comme la plus grande majorité des jeunes hommes de son âge. Bien que Dessinateur, ses mains polies et nerveuses ainsi que l'épée qu'il portait au côté témoignaient d'une escrime pratiquée depuis plusieurs années. Ophys resta fascinée devant l'allure élancée et déterminée du Dessinateur qui lui donnait le même maintient que celui d'un oiseau prêt à l'envol et la certitude que cet homme irait loin. Il avait un visage fier et tendu aux traits captivants qui laissèrent Ophys admirative, émerveillée aux côtés de cet homme charmant. Thowind Kil'Muirt tourna la tête et, surprise, la légionnaire pu observer ses yeux. Ils avaient la couleur des eaux du Pollimage un jour de pluie, aussi sombres et aussi envoûtants, avec les mêmes reflets irisés, portes-paroles de sa conscience. Ophys offrit au Dessinateur un regard respectueux et un sourire poli, mais il avait détourné le regard avec brusquerie, surprenant Ophys.

    Quelque peu étonnée la légionnaire reporta son attention sur l'Assemblée qui s'agita lorsqu'un Frontalier prit la parole. Il proposait un nouveau volontaire à l'expédition. D'un geste mesuré, Ophys déplaça une mèche de ses cheveux rosés qui lui barrait le regard. Une jeune femme sortit de la foule, gracieuse et en silence. Cette femme était une ombre majestueuse dans cette Assemblée maladroite. La volontaire s'arrêta aux côtés d'Ophys qui l'accueillit d'un hochement de tête, le visage ouvert par un sourire aimable. Elle se présenta comme étant Maître Marchombre et la légionnaire ne pus retenir sa surprise. Il était rare de rencontrer des Marchombres, et il l'était encore plus qu'ils se présentent sous leur véritable identité. Ces personnes étaient très mystérieuses mais comme n'importe qui, Ophys savait que leur présence en Gwendalavir n'était pas à négliger.

    Le second appelé fut un homme aux cheveux longs, portant une courte barbe, au regard alerte. Il avait quelque chose d'étrange, de suspendu au dessus de tout, comme s'il ne souhaitait pas atteindre les choses de manière précise, mais de toutes les façons possibles. Beaucoup de songes semblaient l'habiter, ils hésita même lorsqu'il dû prendre la parole pour se présenter. Il paraissait ne pas faire partie de ce pays, mais il fut désigner comme le Guide de l'équipe d'exploration. Son corps semblait avoir été sculpté par le vent, usé par l'eau, tanné par le soleil, cet homme était beau et ne venait pas d'ici. La dernière a se présenter fut Hash, en tant que Rêveuse. Ophys sourit à la vue de sa chevelure de feu se détacher lentement, mais sûrement de la foule. La légionnaire craignit que la jeune aveugle ne percute ou ne se trompe de chemin, mais Hash arriva à bon port et Ophys pu souffler. Le silence retomba dans la Haute Prairie, les volontaires étaient tous rassemblés devant l'estrade, n'attendant plus que les paroles décisives d'Hander Til'Illian pour ce mettre en route.
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    21.06.12 11:31
      Les derniers voyageurs montèrent sur l’estrade. Thowind resta longtemps ainsi, les yeux concentrés sur le ciel et l’ouïe à l’écoute des nouvelles arrivées. Il levait des fois les talons avec nonchalance et souhaitait de tout cœur que tout le monde le croit décontracté et attentif à la fois. Heureusement, on ne fit guère attention à lui. L’audience fut surprise par l’arrivée impromptue d’une maître marchombre, aussi le guide de l’expédition se présenta sommairement, seul homme présent parmi les trois personnes mandées à cette tâche, et la dernière appelée, une rêveuse aveugle — ce qui surprit Thowind, pourtant sans préjugé quelconque : l’expédition allait être certainement dangereuse. Pourquoi convoquer une jeune femme aussi désavantagée ? — gravit les marches de la tribune, achevant de détourner le dessinateur de sa machinale contemplation des cieux. Ainsi, les membres de l’expédition étaient finalement réunis et l’appel achevé. La foule s’ébroua, commença à se disperser, et Hander Til’ Illan eut un sourire bienveillant devant sa troupe. Il précisa à tous que le départ allait se faire dès cet après-midi. Thowind ne put retenir un mouvement de surprise, les sourcils froncés : partir dès l’après-midi incluait de camper dès cette nuit. C’était risqué, et les routes du Nord n’étaient pas connues pour être tendres, et malgré la saison avenante, la température restait, elle, peu affectueuse. Pourquoi déjà risquer leurs vies alors qu’ils pourraient dormir cette nuit dans l’enceinte de la Citadelle, au chaud et en totale sécurité ?

      Le sourire du Seigneur des Marches s’élargit. D’un geste ample et désinvolte en opposition parfaite avec son âge et sa physionomie, il tranquillisa le dessinateur et les éventuels surpris.

        « Voyons, il est inutile que vous perdiez du temps ! regardez, le soleil fait une apparition. Et puis partir maintenant sera le meilleur moyen de faire connaissance, non ? Une nuit de plus dans les plaines, une nuit de moins ! Nous sommes seulement en début d’après-midi et vous serez encore trop près des avant-postes frontaliers pour craindre une attaque de Raïs ou de Loups du Nord, c’est une certitude ! Ce qui, en revanche, ne sera pas le cas si vous partez demain matin et progressez toute la journée. Vous ai-je convaincu ? Allons ! préparez vos chevaux, le chariot avec les vivres doit être déjà prêt à la porte de la Citadelle. Ne vous faites pas attendre ! »

      Considérant que la conversation s’achevait ici et que personne n’avait l’intention de contester ses instructions, Hander Til’ Illan descendit de l’estrade d’une démarche prompte, par les marches à sa gauche, en direction des appartements frontaliers, accompagné du reste des seigneurs du Nord qui étaient restés à l’écouter (et qui, semblait-il, avaient surtout grande hâte de s’entretenir avec le maître de la Citadelle). Le second homme le plus puissant de l’Empire avait parlé, d’une voix claire, presque avec bonhomie, mais bien fou serait celui qui ignorerait ses avertissements, ses conseils ou la lueur sans équivoque de ses yeux d’acier. Thowind remarqua que certains de ses futurs compagnons de voyage se dirigeaient déjà à l’opposé de Hander Til’ Illan, vers l’écurie, sans qu’il ne s’en soit rendu compte. Il força le pas et se mit à leur hauteur, content d’une telle équipée et finalement pressé de partir, rajustant sa botte en faisant cliqueter les rouages légers de son armure, bien satisfait de la savoir l’armature assez fine et souple pour cette entreprise, et se lança :

        « Ah ! je n’ai pas beaucoup d’expérience en matière de voyages comme celui-ci... Mais il semblerait que ce soit le cas pour vous, non ? »

      Le dessinateur eut un nouveau regard troublé pour Ophys, très rapide, ne sachant pas vraiment si elle l’avait vu, et se tourna vers la marchombre, Killian, contre laquelle il avait lourdement trébuché. La jeune femme avait toutes les dispositions physiques à cette qualification qu’il n’aurait pas deviné, ne connaissant personnellement aucun marchombre mais s’étant bien gardé d’établir la moindre réflexion sur la guilde avide de liberté, saluant, quand les discussions pouvaient virer sur eux, leur individualisme respectueux et le peu de notions qu’il savait de la confrérie.

      Parmi leurs compagnons, Marwen Sil’ Feudin semblait plongée dans ses pensées, dame d’âge mûr à l’allure sérieuse et confiante, se tenant droit, son cahier fermement sous le bras. Thowind connaissait seulement quelques bases de l’histoire alavirienne, n’écoutant que rarement les cours des chroniqueurs de l’Académie, et se promit de s’intéresser plus sérieusement à la légende d’Al-Poll auprès de l’historiographe pendant le voyage. Celle-ci s’était immédiatement dirigée vers la grande porte de la Citadelle, n’ayant apparemment pas de monture et ne projetant clairement pas de s’en approprier une. Alors qu’il la vit partir discrètement, Thowind fit tourner son regard vers Livrenti Esmerol. Il ressemblait sur quelques de points à l’historiographe et plaisait déjà au dessinateur, bien qu’ils n’eussent encore l’occasion de vraiment converser ; son visage, sa corpulence et ses sourires qui en cachaient autant qu’ils en exprimaient captivaient Thowind. Il ne semblait pas d’ici et portait des regards curieux et attentifs autour de lui. Une fois encore, il se jura d’en apprendre plus sur cet intrigant compagnon et ses yeux se posèrent enfin sur Hash Tilissy, la jeune rêveuse. Elle ressemblait aux autres rêveurs qu’il avait déjà rencontrés, réservée et un peu en retrait, bien qu’elle semblait connaître la charmante Ophys, ce qui convainquit définitivement Thowind de faire ample connaissance de chacun des membres de l’expédition, sans exception.

      Alors qu’ils entraient dans l’impressionnante écurie aux mille compartiments de la Citadelle, chacune des montures attendait calmement leur propriétaire. Thowind eut un sourire apaisant en voyant Canton, son cheval à la ramure marron, le regarder depuis l’un des box. Il avait décidé de le laisser à la Citadelle plutôt qu’à Al-Jeit, chevauchant plus volontiers dans les plaines du Nord auprès des Frontaliers que dans l’agglomération, certes vaste, mais trop bondée de la capitale. De toutes façons, Thowind ne montait qu’occasionnellement. Il avait reçu le cheval de la part de ses parents quelques années plus tôt, mais n’était jamais vraiment tombé sous le charme des galops effrénés ou des chevauchées contre le vent ; pourtant il avait une relation amicale et sereine avec Canton à laquelle il tenait beaucoup. Ils étaient comme deux vieux amis d’enfance ou deux frères qui se voient à peine et semblent se connaître par cœur. Canton n’avait rien d’un cheval de guerre ou de vitesse, n’était d’aucune race ; monture simple, assez commune, c’était un cheval doux et obéissant, tout juste un peu froussard. D’ailleurs, Thowind n’avait jamais combattu voire même dessiné sérieusement sur son dos. Cette fois, la balade allait être plus longue, aussi préféra-t-il en informer Canton à voix basse, ne sachant jamais s’il le comprenait, mais lui accordant la simple confiance que l’on a entre deux amis.

        « Je ne suis pas très bon cavalier, par contre, lança Thowind en attachant la selle. Il ne faudra pas trop espérer de moi si certains des assauts seront des charges à cheval, mais je ferai de mon mieux. »

      Une fois tous les chevaux prêts et équipés — Canton supportait à la hauteur de sa croupe une gourde, une boîte de désinfectants (sans doute inutiles avec la présence de Hash, mais ne sait-on jamais) et l’arc de Thowind et son carquois en plus de la selle et du dessinateur —, les différents cavaliers se rendirent vers la grande porte. Quelques Frontaliers, certains hauts gradés, les attendait là, ayant poussé les herses de l’imposante ouverture qui s’ouvrait sur l’horizon des Marches du Nord. Le chariot à provision, rempli également de quelques livres et d’un tonneau d’eau, tiré par deux lourds canassons aux poils longs et au regard doux se tenait là ; Marwen Sil’ Feudin, assise à la place du cocher, griffonnait quelques phrases dans son cahier.

        « Bonne chance ! dit un Frontalier. Je pense que votre guide le sait déjà, mais essayez de contourner le plus possible l’embouchure des Frontières de Glace. Hander Til’ Illan tient à recevoir des messages réguliers sur l’avancée de la troupe, tant que vous ne rencontrez pas trop de Hiatus. Que l’âme de Merwyn vous accompagne ! »

      Et sur ces mots, les cavaliers et le chariot s’engagèrent dans les plaines, la porte de la Citadelle se refermant dans un bruit sourd dans leur dos.
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    Killian Delkaïron
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    Killian Delkaïron
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    21.06.12 19:12
    Killian resta droite tout le temps de la cérémonie. Droite, oui. Mais pas au garde-à-vous. Elle observa ses compagnons, allant du Dessinateur à la Légionnaire en passant par leur guide, un certain Lavrenti Esmerol. Seul homme demandé pour l'expédition, il avait hésité à se présenter. Timidité, ou crainte après avoir vu la réaction de la foule pour la Légionnaire, le Dessinateur ou elle-même ?
    Une historiographe fût également nommée, femme sèche serrant son cahier dans les bras. Une professionnelle qui ne se laisserait pas déconcentrer par les autres. Et enfin, une Rêveuse. Aveugle. Killian l'admirait, rien que pour réussir à marcher et se débrouiller sans la vue. Mais l'expédition n'était-elle pas trop dangereuse dans ce cas ? En la voyant, elle voyait Roxane, son amie Rêveuse. Même si elle était l'inverse de la jeune aveugle. Cette dernière était calme et posée, alors que Roxane virevoltait et montrait à tout le monde qu'elle était là. En tout cas, Killian se promit de retenir les noms. Elle avait du mal.

    La foule se dispersa bien rapidement et le Seigneur des Marches leur dit qu'ils partiraient dès l'après-midi. Donc, tout de suite en gros. Killian sourit. Vivement qu'elle soit sur le dos de Taï'Dashar, le vent dans les cheveux, l'aventure devant elle, de nouveaux amis en devenir à ses côtés…
    Elle repéra Leik qui s'éloignait avec les autres. Elle aurait bien aimé lui dire le fond de sa pensée…c'est-à-dire le remercier.

    Revenant à la réalité, elle suivit les autres membres de l'expédition vers l'écurie, pour récupérer leurs montures. L'historiographe se dirigea immédiatement dans le sens inverse. Ainsi, elle n'avait apparemment pas besoin de cheval.

    Dans l'écurie, les chevaux piaffaient d'impatience, comme s'ils savaient ce qui les attendait. Elle sentit Taï'Dashar avant de le voir et se dirigea vers lui immédiatement, alors que Thowind, normalement c'était son nom, allait vers un cheval alezan, qui n'avait rien d'un cheval de guerre, mais qui allait merveilleusement bien avec son cavalier. Qui les prévint que, justement, il n'était pas cavalier émérite.

    Killian sourit sans rien dire. Elle était une bonne cavalière. Elle ne s'en vantait pas, mais elle avait appris au cours des ans. Déjà chez les Frontaliers, puis par ses longs voyages en solitaire.
    Elle entra dans le box de son cheval qui hennit doucement. Elle était heureuse. Elle flatta son encolure et lui murmura de douces paroles au creux de l'oreille. Sa relation avec l'animal dépassait l'entendement. Il la comprenait. Elle le sentait. Et n'obéissait qu'à elle. Il avait une merveilleuse robe noire ébène, qui luisait, montrant des muscles vigoureux et aptes à surpasser les meilleurs.
    Elle l'étrilla, passant sur les balzanes blanches qu'il avait aux jambes, décrassant la longue liste qui courait entre ses yeux alertes, peignant sa longue crinière qui volait si bien au vent. Puis elle le sella et le sortit de l'écurie, avant de grimper elle-même sur son dos. Certains chevaux avait en plus de leur cavalier de quoi se nourrir, boire, ou se soigner. Elle aussi. Mais en plus discret. Ses armes également. Les épées se voyaient nettement chez Ophys, Légionnaire si elle se trompait pas, et Thowind, mais pas elle. Dague, poignard, petits couteaux. Et son corps. Cela servait et elle n'avait pas besoin d'une arme si lourde qu'une épée.

    Les Frontaliers ouvrirent les portes, le grand chariot contenant les provisions et autres produits s'engouffra vers l'extérieur, suivit des autres. Killian vit l'historiographe assise à la place du cocher, son cahier en main, griffonnant déjà. L'histoire, elle ne l'apprenait pas dans les livres. Non, la Marchombre vivait l'histoire. La sienne, comme celle des gens qu'elle rencontrait.

    Un Frontalier leur souhaita bonne chance et les portes se refermèrent délicatement, en silence, malgré leur poids. Ils commencèrent ainsi leur marche, au pas, en silence. La Rêveuse était près d'Ophys. Elles semblaient se connaître. Thowind était à l'avant avec le guide. Et elle, un peu partout. Sous ses jambes, elle sentait le cheval vouloir galoper, loin devant, sentir le vent et admirer le paysage.
    Elle se rapprocha alors de leur guide et dit tranquillement :


    -Je vais vite partir un peu en éclaireur si cela ne vous gêne pas. Je reviens vite.


    Sans leur laisser le temps de répondre, elle lança Taï'Dashar au triple galop, le laissant prendre sa vitesse maximale. Le vent s'engouffrait dans ses cheveux, dans ses vêtements, partout. La crinière de l'étalon faisait des vagues délicieuses qui claquaient sur ses cuisses.

    Le paysage défilait, sous un soleil éclatant. Elle galopa ainsi bien cinq minutes, et arrêta le cheval sur un petit monticule. Juchée debout sur ses étriers, elle observa les alentours. Rien. Pas signe de vie, a part la fumée que dégageait le chariot au loin. Elle prit le trot et revint donc vers lui en disant :


    -Rien à signaler pour l'instant.

    Elle resta près d'eux au cas où ils poseraient des questions. Le guide avait l'air sûr de lui, tout comme elle le paraissait. Elle l'était, mais son instinct de Frontalière n'était jamais partit et elle se méfiait naturellement de tout et craignait légèrement une attaque à chaque instant, même si c'était plus faible.

    Ils apprendraient à se connaître au cours de ce voyage. Elle ne parlait pas spontanément, n'engageait pas la conversation d'elle-même lorsque le besoin ne se faisait pas ressentir.

    Derrière, elle entendait les murmures d'Ophys et …Hash, la Rêveuse si elle se trompait pas.

    Un voyage extraordinaire s'annonçait. Elle en était sûre. Et le vent ne la contredisait pas. D'ailleurs, les autres lui poseraient-ils des questions sur les raisons de son départ de chez les Frontaliers ? Seraient-ils curieux ? Elle ne dirait sans doute pas tout, mais répondrait. Hylis lui avait appris à répondre comme il fallait. Sans trop dévoiler, sans trop camoufler. Marchombre. Finesse, poésie et liberté. Killian était heureuse. Réellement. Et sentait les autres l'être également.

    Cette fois, c'était son nez qui le lui disait. L'odeur générale était de l'excitation. Peut-être de la crainte de la part de l'historiographe, sans plus.

    Il leur faudrait également trouver un endroit ou dormir…
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    22.06.12 16:00
    Il faisait doux dans la chambre spacieuse. La fenêtre était ouverte, et les longs rideaux blancs ondulaient, doucement soulevés par l’air frai de l’extérieur. Les rayons de soleil, lumineux, caressaient le visage de Süraby, encore étendue sur son lit à cette heure tardive, ses épaisses boucles brunes reposant sur son oreiller en une masse indistincte. Elle ouvrit les yeux alors qu’une bouffée d’air plus forte s’engouffrait dans la pièce et venait la faire frissonner, se glissant sous les draps légers. Inspirant profondément, la faëlle referma les yeux pour apprécier pleinement l’odeur des fleurs sauvages provenant de l’extérieur. Cela faisait prés d’une semaine qu’elle et son amie étaient arrivée d’Al Jeit à la Citadelle. Elles avaient été directement dirigées auprès de Hander til’Illan car Vie avait finit par être appelée aux côtés des sentinelles qui avaient besoin de son aide. Süraby n’avait put l’accompagner, n’étant d’aucune utilité là où elle se rendait. Elle avait alors eu un petit pincement au cœur en adressant ses adieux à la dessinatrice, s’étant attachée à elle durant les jours précédents passés à ses côtés. Une fois son départ pris, Süraby fut attirée par le fait de pouvoir ce reposer et découvrir la Citadelle et ses moindres recoins. Ainsi que la culture Frontalière, naturellement. En vue de la classe sociale dont provenait Vie, la jeune fille avait put disposer d’une chambre tout à fait convenable, et à vrai dire modeste mais très, très confortable, ce qui ne lui arrivait jamais, elle qui passait ses nuits et fin de soirées dans les auberges aussi douteuse que leur fréquentation, dans les quartiers mal famé des grandes villes qu’elle visitait lors de ses voyages. Comme celle où elle avait rencontré Vie.

    Elle s’extirpa lentement de son lit, déliant doucement ses jambes, encore endormie. Elle se pencha par la fenêtre qui donnait vue sur une place dont elle ignorait le nom. Une effervescence qu’elle ne connaissait pas à cet endroit c’était emparée des lieux. Vaguement surprise elle ne prêta pas réellement attention au discours du roi de la Citadelle pris en route, frissonnant dans sa chemise légère sous lesles rayons de soleil. Il faisait un peu frai pour une fin d’été. Elle rentra dans sa chambre et troqua sa tenue de nuit contre une robe marron et . En effet ces derniers temps elle avait eu la nostalgie des fêtes passée dans les villages et ne revêtait plus ces tenues de voyages ni ne s’attachait les cheveux. Elle avait passer le clair de son temps à flâner, admirant l’architecture superbe des bâtiments, observant les frontaliers s’entrainer - elle avait d’ailleurs était sidérée par le plaisir qu’ils prenaient à combattre, étant très pacifiste de son côté malgré ses excellentes aptitudes - ou encore sortant Elundrïl dans les immenses plaines voisines, mais là encore refusant de se compliquer la vie elle le sortait en simple licol et prenait la longe en guise de filet, ne souhaitant pas perdre de temps à harnacher en entier le petit cheval. Il allait falloir remédier cet état oisif ou elle sombrerait dans la fainéantise. Une fois habillée elle faisait rapidement son lit et descendait dans la salle commune où se prenait les repas. Dans ces parties de la Citadelle qui accueillait les étrangers on pouvait trouver à peu prés n’importe qui. C’est comme cela qu’elle avait rencontré un petit groupe de faëls. Elle n’en connaissait aucun car il ne venait pas du même endroit du Pays que sa mère, le grand père de Süraby étant chef de clan de son village elle aurait reconnu n’importe quel faël en provenant, même si après la fugue de sa mère elle et sa famille n’était pas allé très régulièrement là bas. Intrigués par la peau presque laiteuse de Süraby et sa grande taille - elle tournait autour du mètre soixante mais faisait bien une demi tête de plus que le plus grand - ils étaient venus à sa rencontre et ensemble avaient parlés et rit un petit moment. Cet esprit soudé entre eux, Süraby aurait finit par le fuir un jour si elle avait choisit de vivre à leurs côtés car elle l’aurait trouvé étouffant à long terme. Mais leur vision des choses approchait tout de même beaucoup de celle de la demi-faëlle et elle passait un agréable moment avec eux.

    Le serveur l’observait de l’autre côté du petit comptoir de la salle, un sourire étirant ses lèvres. Süraby n’était pas d’un naturel bavard mais elle était souriante ainsi elle lui rendit le sien avec entrain. C’était un homme d’une trentaine d’année. Frontalier retraité prématurément pour la perte de sa jambe, elle l’avait trouvé un peu envahissant aux premiers abords mais il s’était avéré sympathique et respectueux. Juste curieux car en effet si Süraby, en ville, était la plupart du temps vue comme une faëlle et on se contentait de la regarder curieusement, pas toujours discrètement soit dis en passant. Elle n’y était pas habituée mais les gens d’ici prêtaient plus d’attention aux détails, et les demi-faëls ne couraient pas les rues...


    - Alors, on a encore trainé au lit ?

    Elle rit pour toute réponse et saisie une viennoiserie sur le comptoir avant de mordre dedans. Elle menait une vie de profiteuse, il fallait bien l’avouer. Elle jeta un coup d’œil dehors ou l’assemblée commençait à se dissoudre, un groupe se détachant et se rendant vers les écuries. Elle n’avait plus aucune notion de l’heure, cela en devenait presque affligeant. Après s’être renseignée à ce sujet auprès du serveur qui parti d’un grand rire face à la mine déconfite de la jeune fille lorsqu’il lui annonça l’heure, elle rit avec lui et repris son habituelle décontraction, son moment d’indignation passé. Tout de même intriguée par se mouvement inhabituel, elle voulu demander des informations. Elle désigna l’attroupement à l’homme :

    - Pourquoi ce rassemblement, et en plus avec la présence du grand Chef en personne ?

    - Tu sais que ça fait plusieurs semaines qu’on en parle de partout !

    Là encore elle eu droit a de faux reproches. Apparemment cela faisait un moment que le seigneur des lieux avait convoqué des alaviriens de renom pour organiser une quête vers Al Poll pour lever le voile de mystère qui s’était déposer sur la ville au fil du temps. Le convoi aller partir d’une minute à l’autre et Süraby avait peu de temps pour se décider. Ce type de voyage la connaissait bien. Elle vivait presque essentiellement de cela, allant de convoi en convoi, occupant différentes taches : les défendre ou tout simplement faire la cuisine, aider à l’entretient du matériel, des bêtes... Mais cette fois c’était bien différent, une mission officielle, à laquelle elle n’avait certes pas été conviée mais d’après ce qu’avait dit le serveur elle ne devrait certainement pas déranger vu la situation actuelle de l’équipe. Vers une ville inconnue, entourée de mystère. Elle mourrait d’envie de s’y rendre mais elle allait devoir se dépêcher. En fait elle finit son petit pain, demanda ou plutôt ordonna littéralement à l’homme de lui préparer des vivres avant de monter les escaliers quatre à quatre et entra en rafale dans la chambre. Il fallait être méthodique, dans son empressement elle ne pris pas le temps de se changer ni de se coiffer, réfléchissant plutôt aux arguments pour convaincre les convoyeurs de la prendre avec eux. Ça ne serait pas compliqué, elle en avait aidé beaucoup et ses employeurs avaient toujours étaient satisfaits. De plus, véritable tête brulée, elle réussirait forcément à les faire craquer. Elle fit son baluchon à la hâte, sortit rapidement ses poignards d’un tiroir qu’elle rangea dans son sac, se jeta à quatre pattes pour saisir son arc, dissimulé sous son lit.

    Elle sortit en trombe de sa chambre, vola au dessus des marches, atterrit souplement au sol et récupéra le sac de provisions que lui tendait le serveur, le remercia de son plus beau sourire et lui lança un ‘adieu’ rapide avant de s’élancer en direction des écuries, courant sur la route dallée. Les regards interloqués se retournaient sur elle. En effet, une demi faëlle chargée de bagages dans une robe corsetée et courant comme si ça vie en dépendait avec sa crinière folle bâtant son dos le tout au beau milieu de frontaliers ne passait pas inaperçue. Elle arriva devant le box d’Elundrïl qui la contempla, surpris, habitué à un certain calme et une certaine sérénité venant de la faëlle. Elle souffla de soulagement en constatant qu’il ne s’était pas coincé cette nuit comme il avait l’habitude de faire lorsqu’il dormait en box. Elle lui fit un pansage grossier, privilégiant les zones fragiles et l’harnacha rapidement, c'est-à-dire une fois de plus qu’en licol. Peut importait, elle récupérerait sa selle au retour... Elle le fit boire à l’abreuvoir disponible au dehors de l’écurie, se mit en selle et arriva devant la grande porte. Elle se présenta comme l’accompagnatrice de Vie Van’Keullian et exprima le souhait de rejoindre le convoi pour Al Poll. Les gardes en poste lui indiquèrent la direction prise par le chariot non sans lui faire remarquer qu’elle était la deuxième retardataire à passer par là, et cette pensée sembla les faire sourire. Elle ne se posa pas de question, suivant le chemin indiqué. Elundrïl était très motivé. Tant mieux. Elle le lança au galop et arriva bientôt à la hauteur d’une jeune femme... à pied ? Intriguée, Süraby repassa tranquillement au trot se qui fit renâcler El’ et s’approcha de la coureuse. Car en effet, elle courait et avait l’air un peu essoufflée. Les paroles des gardes et leur hilarité revinrent alors à la faëlle.


    - Excusez moi, c’est vous qui êtes voulez rejoindre le convoi ?

    Elle avait de longs cheveux blond/roux et continuant de courir elle tourna sa tête vers elle, posant sur elle ses yeux émeraude. La faëlle fut frappé. Elle l’avait déjà vue quelque part, elle avait bien la mémoire des visages. Son air jovial, un peu estomper par l’effort de la course, lui ramena son prénom. Roxane ! La rêveuse rencontrée à Feriane, retrouvée accrochée à un arbre au beau milieu de la nuit. Haletante, elle souffla avec difficulté :

    - Je... je... s... uis... en... retard !

    - Grimpe, j’y vais aussi...

    Elle tendit la main et la fit grimper à derrière elle. Elle allait engager la conversation avec la rêveuse mais Elundrïl qui s’impatientait en décida autrement. Il partit dans une course folle et bientôt le seul bruit que purent entendre les cavalières fut le vent... El’ était petit, plus musculeux que fin, une robe pie qui attirait l’hostilité mais pourtant il possédait un grand cœur... et un caractère de poney têtu. Il hennit de plaisir et se redressant de toute sa hauteur lança un peu plus avant les antérieurs. Süraby se mit à rire et grisée par la vitesse, ne se rendit pas tout de suite compte du convoi qui s’approchait maintenant rapidement, ni de l’étau qui lui broyait les côtes. Avant qu’elle n’a eut le temps de se redresser ils dépassaient le chariot et ses accompagnateurs. Reprenant le petit cheval, elle l’arrêta, flattant son encolure et retournant vers l’attelage, s’arrêtant devant celui-ci. Elles avaient tous ses arguments en tête, déterminée. Elle mit donc pieds à terre en passant souplement ses pieds par-dessus l’encolure de son cheval qui, maintenant avec des compagnons de son espèce, resta tranquille. Elle fit descendre Roxanne et lui avança un sourire navré. Elle s’excusa devant sa petite mine et se tourna vers les convoyeurs.
    Elle leur fit face chacun leur tour, analysant tranquillement les différent membres juste pour se donner une idée, conservant un sourire détendu. Une femme sèche, d’un certain âge, dédaignant à peine levait la tête de son cahier posé sur ses genoux. Peu avenante. Une jeune fille rousse à l’aspect fragile. Elle ignora ce qu’elle pouvait bien accomplir au cœur du convoi. Un homme que Süraby se plut à comparer aux danseurs et chanteur qui accompagnaient à l’époque l’attelage de sa famille à cause de ses longs cheveux et de sa légère barbe. Il arborait cependant un air trop réservé et sa peau basanée témoignait d’une activité d’extérieur. Non, il n’était là ni pour chanter ni pour danser, peut être assistant de la femme, qui sait... Un autre homme, en armure. Celle-ci était la première qu’on apercevait lorsqu’on posait les yeux sur lui, rayonnante. Guerrier, assurément. Une autre cavalière, sur un cheval, il fallait le dire, juste magnifique. Elle se démarquait elle-même par de magnifiques yeux verts et une chevelure violine peu commune. Une guerrière également, par le port des armes et la posture. Enfin une jeune femme brune plus discrète et gracile, certainement guerrière elle aussi mais quelque chose de plus subtil l’indiquait, que la faëlle ne sut identifier. Parfois les choses lui échappaient.


    - Bonjour ! Nous souhaitons nous joindre à vous.
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    22.06.12 21:32
    Lavrenti se pencha légèrement vers l'avant, examinant la troupe qui était à présent complète. Un homme un peu plus jeune que lui qui dégageait à la fois nervosité et maîtrise de soi, intelligence et puissance, et impatience. Quoi qu'il portait un long sabre, il n'était pas tel un guerrier, de marbre face à toutes émotions, à toutes situations. Le sculpteur de branches sentait que le dessinateur voulait bien paraître, qu'il était important pour lui de faire bonne impression -contrairement à Lavrenti qui avait été, et était, tellement solitaire qu'il n'était que lui, dans toutes situations- mais Lavrenti aimait quelque chose en lui, quoi qu'il ne l'avant que deviné; son humanité. Puis il y avait la Marchombre. Lorsque la jeune femme avait annoncé son appartenance à la guilde, Lavrenti avait sourit. D'ordinaire, les Marchombres ne se déclaraient pas ainsi ouvertement. Celle-ci était plus ouverte, lui semblait-il, moins ordinaire. Moins mystérieuse, pensa-t-il en premier lieu, avant de se rectifier; mystère il y avait dans l'abandon de l'identité frontalière, dans son regard, sa démarche. Le voyageur aimait bien le mystère qui englobe ceux que l'on rencontre, comme une sphère solide et tout d'abord impénétrable qui recouvre un individu, puis qui, à mesure que le temps passe, se désintègre par espaces pour laisser entrevoir les vraies couleurs qui composent la personne. Les vraies couleurs, au lieu de la couleur de la sphère, vue de tous, qui est teintée intentionnellement et stratégiquement par l'individu. Les individus, Lavrenti savait qu'ils possédaient tous leur série de couleur qui leur était propre. Il aurait fait la comparaison avec le spectre de lumière que chaque élément chimique émet de façon unique, s'il l'avait su. Et pourtant, malgré ces magnifiques combinaisons, l'homme voyait trop souvent ces individus se construire une sphère, grise, qu'ils arboraient en société. Et le monde devenait gris. En voyant ces gens autour de lui, toutefois, l'ex-Fils du Vent vit plutôt des couleurs au lieu d'un gris. Cela le rassura.

    Il continua à observer les membres de la troupe, alors que cette réalisation devenait plus prononcée dans son esprit. La jeune rêveuse aveugle se tenait parmi eux, tranquille, calme. Sereine. Le respect se forma en lui; cette rêveuse était jeune, elle avait une dizaine d'année de moins que lui, et malgré cela elle se trouvait là, avec eux, à participer à une expédition dangereuse. Elle était aveugle, mais elle voyait d'une façon bien différente; son indépendance et son courage le prouvaient. Puis la légionnaire attendait, droite, qu'Hander Til'Illan prononce la conclusion de l'assemblée. L'attention de l'errant fut capté un instant par le bleu éclatant de ses yeux, sur lequel il dévia, comme si son regard glissait sur la concavité du globe oculaire. À son côté se trouvait l'historiographe qui patientait, puis qui se tourna vers le Seigneur des Marches du Nord lorsqu'il prit la parole. Lavrenti Esmerol le regarda aussi, de ses yeux perçants d'intérêt et de focalisation désinvolte.


    -Voyons, il est inutile que vous perdiez du temps ! regardez, le soleil fait une apparition. Et puis partir maintenant sera le meilleur moyen de faire connaissance, non ? Une nuit de plus dans les plaines, une nuit de moins ! Nous sommes seulement en début d’après-midi et vous serez encore trop près des avant-postes frontaliers pour craindre une attaque de Raïs ou de Loups du Nord, c’est une certitude ! Ce qui, en revanche, ne sera pas le cas si vous partez demain matin et progressez toute la journée. Vous ai-je convaincu ? Allons ! préparez vos chevaux, le chariot avec les vivres doit être déjà prêt à la porte de la Citadelle. Ne vous faites pas attendre !

    À l'annonce du départ imminent, le voyageur eut un rire discret, joyeux.
    Spontanéité. Comme il respectait ce mot; en effet, il avait été, sans que l'homme ne le fasse exprès, à la base de son existence. Comme pour se le souligner, il caressa le bandeau qui repoussait sa chevelure; un tissu qui avait un jour capté le vent d'un navire des Fils du vent. Qui avait été tissé par son peuple et qui était devenu voile. À présent il était vestige profond et puissant du passé, parmi ses souvenirs et son identité. Spontanéité. Lavrenti était ravit d'entendre que le départ se ferait ce jour-même, alors qu'ils pensaient tous qu'il aurait lieu le lendemain, ou le surlendemain.
    Hander Til'Illan se leva puis sortit promptement; il avait, en effet, autres choses à faire. L'assemblée se termina donc soudainement; par l'absence du Seigneur, et tous se levèrent et se dispersèrent. Marwen __ quitta aussitôt l'endroit, comme si elle était habituée à de tels voyages que le geste devenait mécanique. Lavrenti sortit au hasard, sans destination précise. Il s'arrêta dans le grand air et respira un moment les restes de l'air du matin, puis gagna les écuries. Les écuries de la Citadelle étaient énormes. On avait placé leur chevaux dans une partie séparée, mais liée, de l'endroit où étaient placés les chevaux des maîtres du Nord et les chevaux de guerres de Frontaliers. En entrant, Lavrenti avait l'impression d'être en présence de centaines de bêtes qui piaffaient, mangeaient, respiraient. Ce n'était pas opprimant cependant, loin de là. Le Sculpteur de branches retrouva Iaknill sans problème, car ce dernier hennit en sentant de son odorat affiné l'odeur de Lavrenti qui s'approchait. L'ex-Fils du vet se dirigea vers lui et tapota son flanc gris.


    -On vient à peine d'arriver et on repart. J'espère que tu es reposé, mon gars.

    Il s'empara de sa selle, puis petites que les selles ordinaires, et la posa sur se dos du sa monture. Il passa la main sous son cheval pour attraper l'attache, en se parlant à lui-même, et termina de seller Iaknill. L'homme fut soudain prit d'un besoin de s'étirer, ce qu'il fit, puis par ses mouvements il reçut soudainement une odeur, légère mais malodorante, qui provenait de son propre corps.

    -Hm. Pas le temps de prendre un bain, désolé Iaknill, va falloir que tu endure. De toute façon, tu pues toi aussi.

    En moins d'une minute, Lavrenti attacha ses possession -outils de sculpteur, gourde. nourriture, poignard- à la selle et fut prêt à partir. Il sortit donc de la case dans laquelle on avait placé son cheval et se dirigea vers la sortie, en regardant une fois derrière lui pour s'assurer que Iaknill suivait. En sortant, le Sculpteur de branche fut éblouit par la lumière du soleil, ce dernier prenant sa place dans les hauteurs du ciel, qui faisait raccourcir les ombres. Au moins la température n'est pas écrasante, se dit-il. Le voyageur marcha vers ses compagnons de voyage qui se rassemblaient autour du chariot. L'historiographe rédigeait déjà quelques lignes. Iaknill arriva derrière lui et lui mit son nez dans le cou. L'homme attendit que la troupe soit complète et prête à partir, puis se mit en selle. Ils se dirigèrents vers les portes de la Citadelle qui s'ouvraient sur la nature sauvage qui les observait, accueillante -aux yeux de Lavrenti. Un Frontalier leur souhaita bonne chance, en leur conseillant d'éviter les Frontières de Glaces. Puis ils furent seuls dans la plaine, à l'extérieur des murailles de la Citadelle. Se crurent seuls. Deux cavalières sur une même monture surgirent soudainement, les dépassèrent puis revinrent à leur hauteur.

    -Bonjour ! Nous souhaitons nous joindre à vous.

    Il fut bientôt évident qu'elles étaient les bienvenues et la troupe s'agrandit à nouveau. Lavrenti, heureux, chevauchait à l'avant aux côtés de Thowind . L'air était calme et l'errant avait le coeur léger; l'expédition débutait. La Marchombre s'approcha à leur hauteur puis décida de partir en éclaireuse. Elle revint au bout d'un moment, sans rien à signaler. Lavrenti hocha la tête, par vraiment inquiet. Ils étaient encore à proximité de la Citadelle, peu nombreux étaient les bêtes qui s'y risquaient. À côté de lui, le dessinateur semblait s'accoutumer graduellement à l'équitation. Cela dit, il était loin, très loin, et Lavrenti aussi d'ailleurs, de posséder l'adresse de Killian qui avait filé comme une flèche quelques instants plus tôt. L'arrivée de la Faëlle avait aussi été pour lui une joyeuse surprise. Il ne la reconnaissait pas, cependant. Cela faisait déjà six années que Lavrenti avait mis fin à son long séjour chez ce peuple, aussi peut-être n'avait-il pas vécu au même endroit qu'elle. Le Sculpteur de branche était enchanté par les différentes personnes qui composaient la troupe, fasciné par chacun.
    Le voyageur avait une idée où la troupe pourrait s'arrêter pour la nuit, mais ne savait c'était à qui de l'approuver. Ils n'avaient désigné de chef d'expédition, ce qui ne dérangeait aucunement Lavrenti, aussi bien annonça-t-il à qui voulut l'entendre :


    -Je connais un endroit où l'on pourrait s'arrêter pour la nuit. À ce rythme, on y serait un peu avant le coucher de soleil. Ça nous ferait une longue chevauchée mais c'est un endroit abrité et plus ou moins sécuritaire.

    Au loin, la Citadelle s'éloignait alors qu'ils s'immergeaient dans la nature, dans le danger de l'imprévisible, dans l'aventure de l'incertain. Lavrenti crut que cela pourrait rassurer ceux qui ne voyageaient pas souvent de savoir qu'ils auraient un endroit où se reposer.
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    22.06.12 23:08
    L'appel cessa et Ophys fit disparaître son sourire d'accueil pour arborer avec fierté l'allure légionnaire. Certainement pas pour écraser ses compagnons de sa présence, mais pour marquer l'Assemblée de l'activité de la Légion Noire au sein de l'Empire. Dans l'esprit de la guerrière, il s'agissait d'une question d'étiquette et de tenue lors d'une réunion politique, et non pas de prétention. Ophys respectait énormément l'étiquette mais il lui était insupportable de contraindre son corps à l'asphyxie, tenaillé par les plaques de métal que formaient son armure de vargélite. Lors de son voyage jusqu'à la Citadelle, elle avait pris l'habitude de se vêtir uniquement de quelques pièces de métal et de cuir assez souples, qui lui avaient rendu le chemin agréable. Lors de cette réunion, elle avait retrouvé la rigueur militaire. Hander Til'Illian, avec la finesse dont son esprit était façonné, annonça souriant le départ de la petite expédition. Sans ajouté quoi que ce soit, Ophys se dirigea aux côtés de Hash à l'écurie. La légionnaire ne jeta pas même un regard à la foule qui avait déjà détourné ses yeux de la troupe. Elle dirigeait simplement et avec bonne humeur son amie rêveuse, qu'elle avait retrouvé avec délice, dans les couloirs de la Citadelle en direction de l'écurie. Elles étaient arrivés auprès des chevaux, entourées de leurs nouveaux compagnons, lorsque la légionnaire se tourna vers Hash et lui demanda avec gentillesse :

    -Tu as pu te procurer un cheval pour l'expédition ? Au regard de Hash, elle comprit bien que non. Alors, dans ce cas, va demander au frontalier qui se trouve au fond de la salle, à gauche. Elle ajouta dans un murmure amusé : Et ce Loup, où se cache t-il ?

    Dans un sourire, elle laissa Hash partir à la recherche de l'écuyer qui patrouillait près de la porte de sortie. Ophys était certaine que le frontalier laisserait à la rêveuse une monture, aussi elle se détourna d'elle dans le but d'aller chercher ses affaires. Mais la voix du Dessinateur l'avait distraite et elle lui jeta un coup d'oeil enjoué et lui répondit doucement :

    -C'est vrai, j'ai fais quelques voyages de ce genre là, mais très peu et jamais aussi loin dans le Nord. Je suis encore bien trop jeune et trop peu reconnue à la Légion Noire pour avoir de telles responsabilités. Je voyageais avec uniquement un guide et une troupe de quinze légionnaires, tout l'opposé de cette expédition en somme. La voix de la légionnaire avait été teinte d'une ironie amusée et le coin de ses lèvres était plissé.

    Son regard se perdit et elle poursuivit très rapidement la quête de ses affaires, qu'elle avait confié auparavant à l'écuyer. Ophys vagabonda entre les chevaux et leurs cavaliers sans dire mot, trop affairée à retrouver en vitesse son harnachement et son sac. Elle les retrouva et s'en saisit très rapidement, ses compagnons étant en train de quitter l'écurie avec leurs chevaux. Ophys les suivit de loin, portant sur son épaule le filet de Flamerole et dans ses bras, sa selle de cuir. Elle trouva la situation pittoresque, elle, guerrière à la célèbre Légion Noire et cavalière émérite, marchant derrière ses camarades, parée des nombreuses affaires de son cheval. Sans cheval. Elle en sourit et, arrivée à la Grande Porte, elle rattrapa le chariot pour y poser son matériel. Sans se justifier, elle grimpa à l'arrière du chariot en un bond gracieux et s'installa confortablement en regardant tout ces volontaires qui l'accompagnait. Thowind, le Dessinateur, avait enfourché un cheval alezan, robuste, loin de l'allure nerveuse d'une monture de guerre, et c'était peut être cela qui rendait le Dessinateur si à l'aise sur ce cheval à la tête agréable. Le Maître Marchombre, elle, montait un cheval bien différent de celui de Thowind. C'était un grand cheval ébène, doté de quelques marques blanches. Ophys, en regardant ses pieds dansant sur le sol, l'imagina nerveux.

    L'ébranlement du chariot tira Ophys de ses songes et elle jeta un regard piqué à la conductrice, l'historienne du groupe, qui semblait conduire cet attelage avec nonchalance, n'ayant sûrement pas remarqué la présence de la légionnaire à l'arrière. Ophys traversa le chariot de toute sa longueur et vint s'assoir aux côtés de l'historienne, celle-ci crispée par son arrivée surprise . Elle l'avait sûrement pensée à cheval, comme tous les autres. La guerrière la rassura et lui expliqua que, pour l'instant, elle n'aurait pas de cheval, mais que ce problème n'en serait plus un dans quelques temps. Enfin, elle l'espérait. Le galop déchaîné d'un petit cheval pie traversa ses paroles et les estompèrent. Le poney dépassa le chariot et les cavaliers de tête, s'arrêta face au convoi et Ophys aperçu une ombre gracieuse bondir de son dos. La jeune femme, car il s'agissait bien d'une femme à peine majeure, aida une adolescente à descendre de la monture et se tourna vers eux, déterminée. La plus âgée des deux était une belle fille rousse, habillée d'une robe marron, étrange pour une cavalière. Enfin, la plus jeune, avait encore l'air dépassée par la cavalcade. Elles se proposaient pour participer à l'expédition. Ophys ouvrit aussitôt la bouche dans l'intention de dire quelque chose, mais elle fut prise de court par ses compagnons et les demoiselles furent conviées à intégrer la troupe. L'historiographe avança un peu le chariot pour s'approcher des deux jeunes filles pour qu'elles soient à proximité. Ophys se pencha aussitôt hors du chariot et sourit aux demoiselles.

    -Bonjour, je n'ai rien contre votre présence mis à part que je souhaite tout de suite savoir votre nom, votre guilde et pourquoi vous souhaitez nous rejoindre, dans une expédition vers Al-Poll. Je m'appelle Ophys, dit-elle en un sourire et en leur tendant la main. Dans son geste, elle tourna la tête vers la plus petite et lui dit avec franchise : Et toi, je veux savoir ton âge.

    La troupe se remit en route, laissant derrière eux la Citadelle et s'enfonçant dans le paysage à la fois somptueux et parasite de la nature du Nord. Ce fut lorsqu'elle questionnait les deux jeunes femmes sur leur envie de les accompagner jusqu'à Al-Poll qu'elle vit du coin de l'oeil la Marchombre partir au galop, droit devant le chariot, espaçant la distance entre eux. Elle avait prétexté une courte escapade en éclaireur, mais Ophys avait bien vu que son cheval n'avait eut qu'une envie : partir affronter le vent dans une course effrénée. Killian revint quelques minutes plus tard, sans annoncer un quelconque danger ce qui rasséréna explicitement la voisine d'Ophys dont les mains s'étaient subtilement mises à trembler au départ de la Marchombre. Replongée dans ses pensées, la légionnaire voyait désormais très mal la Citadelle et elle décida d'aller chercher son étalon, qui devait ben s'amuser dans les plaines nordiques. Elle le savait près d'eux, elle savait pertinemment qu'il les regardaient, les sentaient et les suivaient de loin, attendant avec impatience qu'Ophys siffle pour l'appeler. La légionnaire rajusta son épée dans son dos et dans un bond, quitta le chariot. On aurait pu la croire lourde de métal et de disgrâce, comme tout bon soldat de la Légion Noire, plus terre à terre que aérien. Ophys retomba souplement sur ses pieds, sans un mot et s'éloignant de l'attelage. Un peu éloignée, elle regarda autour d'elle et ne vit que l'équipage et une nature sauvage, absorbante, mortelle. La légionnaire siffla une mélodie, son sifflement, comme d'habitude, embrassa l'air et envahit l'espace. Un hennissement lui répondit et avec joie et soulagement, Ophys vit sortant d'un bosquet la masse flamboyante de son étalon qui la rejoignait avec engouement. Arrivé à elle, il piaffa de ravissement devant la guerrière et celle-ci flatta généreusement son encolure et ses flancs. Elle lui murmura des mots pleins de son amitié et de douceur et sans élan, se jucha sur son dos roux. A cru, elle laissa Flamerole partir dans un petit galop très lentement pour rejoindre le convoi. Elle sentait bien que son compagnon était heureux de partir en voyage, tout comme sa cavalière qui elle, intérieurement, exaltait de joie. Elle vint se placer aux côtés de Hash, qui montait avec assurance son nouveau cheval.

    -Alors, as-tu ouvert le cadeau que je t'ai offert ?
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