Mon personnage Sexe et âge: Homme de 32 ans Aptitudes: Maîtrise du don du dessin et très doué avec les armes. Séducteur
Caym Cali
Envoutant_Mentaï _Caym_Membre
05.05.17 23:22
Âge : 33
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Mon personnage Sexe et âge: Homme de 40 ans Aptitudes: Ancien Marchombre, combattant sauvage
Alex Clorem
Pirate Aline__Membre
18.05.17 3:22
Retournements de situation.
Il menait la danse. Alex ne s’attendait pas à ce que Cali éprouve autant de difficultés contre lui. L’instinct de tueur qu’il avait vu en lui n’était donc qu’un instinct ? Non suivi par son expérience. Pourtant il résistait. Il jouait d’habilité avec les limites de son corps et chaque attaque du pirate se soldait par un échec. Malgré les failles évidentes de sa propre défense, son rythme soutenu empêchait le mercenaire de prendre l’initiative. Il réfléchissait trop. Tout le temps. Il ne sentait pas le combat comme un seul et même mouvement, mais comme une succession de choix qu’il fallait prendre sur l’instant. Comme un jeu. Il perdait du temps. Trop. Son manque d’initiative était heureusement compensé par une agilité presque chanceuse. Mais combien de minutes encore cela fonctionnerait-il ? Avant qu’Alex perce ses défenses, que la fatigue ne l’assaille. Cali était un habitué des combats faciles. Était-il déjà passé près de la mort ? S’était-il déjà mis en danger au point de ne pas savoir s’il allait en réchapper ? Ou avait-il préférait les combats de salon pour grand mère… A ce moment là, Alex doutait sincèrement du prédateur qu’il avait vu au fond des yeux de son adversaire. Faire le tigre quand on avait pas plus de couilles qu’un chat, il avait déjà vu, de trop nombreuses fois pour les compter.
Mais le combat prit une tournure surprenante quand il lança son sabre. Cali ne s’y était pas attendu et jusqu’au dernier moment, il avait cru que son attaque surprise allait finir ce combat aussi rapidement qu’il avait commencé. Mais un dessin avait changé la donne. L’espace d’un instant, il se demanda pourquoi Ambre était intervenue, avant de comprendre. Mentaï. Son arme tomba à terre, fiché dans un bloc de bois jusqu’à la garde. Elle était inutilisable désormais. Mais plus important encore, la révélation que venait de lui faire Cali à son propos, valait de l’or. Mais se révélait encore plus dangereuse. L’homme était donc capable de dessiner. Assez rapidement pour se sauver la vie en cas d’urgence. Ca n’augurait rien de bon pour la suite du combat. Mais ses pensées furent stoppées nettes par un autre dessin, d’Ambre cette fois, qu’il reconnaissait bien. Cali l’esquiva maladroitement et les pieux noirs se plantèrent seulement dans le vide. Il n’avait pas pour habitude de quémander l’aide de sa protégée, et dans la plus part de ses combats il réussissait à s’en sortir seul. Aujourd’hui, il se retrouvait pourtant en face de quelqu’un lui faisant face sur le plan technique, mais qui porterait également Ambre en défaut sur celui de l’imagination. Elle ne serait pas de taille…
L’avantage indéniable était qu’ensemble, ils avaient suffisamment déstabilisé leur adversaire pour qu’il commette des erreurs. S’ils continuaient sur cette voie, peut être qu’ils pourraient s’en défaire. L’information le poussait pourtant à revoir ce combat avec plus de prudence. S’il était capable de dessiner aussi facilement, imaginer une corde autour de son cou ne serait sûrement pas si difficile. Il affirma sa prise sur ses griffes étincelantes. La surprise. Il fallait donc jouer sur cela. Surprendre leur adversaire encore et encore. Vu les réactions du mercenaire, il avait de bons espoirs dans cette tactique.
Cali tourna la tête dans une direction alors qu’il lui faisait face depuis tout à l’heure dans un silence de mort. Il avait repéré la petite. Un grognement s’échappa des lèvres d’Alex. Il n’aurait su dire qui avait l’avantage. Le combattant capable de dessiner ou celui qui avait l’initiative des armes et du combat. Ce petit moment d’éternité entre eux était l’instant propice pour faire de la place dans l’esprit. Cali l’analysait, il le voyait. Il cherchait un point faible chez lui qu’il n’arrivait pas à trouver. Cela conforta Alex. Pour une raison ou une autre, il ne pouvait utiliser l’art du dessin en combat pur. Sinon, pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt quand il était en difficulté ? Et le pirate l’inquiétait. Ses talents guerrier n’étaient pas suffisant pour le défaire. Alors il cherchait un moyen de l’atteindre. L’enfant était sûrement la première idée à laquelle il avait pensé. Et Alex ne pourrait qu’avoir confiance en elle pour utiliser le Don afin de s’en sortir s’il s’attaquait à elle. Quel autre chose pourrait-il inventer ? Il lui devrait être plus prudent. Il pouvait tout aussi bien faire un pas sur le côté pour envoyer Ambre à l’autre bout du monde et il ne la retrouverait jamais. Cali savait qu’elle dessinait. Et une enfant de cette valeur entre les mains des mercenaires ne finirait jamais morte.
Etaient-ils dans une sorte de statut quo ? Si Alex en venait aux griffes, il ne doutait pas une seconde de pouvoir le défaire, avec l’aide d’Ambre, même si ça lui coutait quelques blessures. Mais Cali avait le dessin. Ambre était autant une faiblesse qu’une force. Et le mercenaire pourrait très bien décider de prendre Aelya en otage si elle revenait. Tout pouvait se jouer en instant. Le rapport de force était équivalent pour le moment. Alex se mit à tourner autour de leur «arène de combat», attendant qu’il ou que son adversaire fasse le premier mouvement. Mais il ne vint pas. -Alors, Clorem, qui es-tu ? Tu te bas de manière surprenante, on sent que tu as reçu une certaine éducation… Tu n’as rien d’un frontalier, ou d’un thül. Ce qui nous laisse les différentes gardes de l’empire, que tu aurais abandonné faute de conviction, mais là encore.. Tu possèdes trop d’initiative et d’originalité pour avoir été l’un d’entre eux, je pense… S’il ne fait aucun doute que tu es un habitué des combats, quelles options demeurent… ? Oh non, ne me dit pas que tu es un.. Aline ?!
Voici donc l’analyse tant attendu. Une vision sommaire qui plus est. Mais il ne pouvait espérer des cul-terreux de l’empire de connaître tout du monde extérieur. Il existait tellement d’autres endroits où il aurait pu apprendre ce style de combat. Et il en avait vu tellement. Mais sa connaissance se cantonnait à ce qu’il pouvait trouver ici. L’affiliation pirate était donc sûrement sa dernière solution avant de déclarer forfait. Mais il ne dénia pas. Alex n’était pas dans le mensonge. Qu’il sache qu’il fut Capitaine ou non, qu’est-ce que cela pourrait lui apporter ? A moins que le fait que leur deux peuples soient alliés les pousse enfin à cesser le combats ? Cherchait-il une porte de sortie ? Allait-il faire appel à leur fraternité dans la lutte contre l’empire pour pour éviter une mort inutile ? Il était curieux de voir ce que ferait Cali avec cette information. -Je devrais gagner pas mal en ramenant ta tête aux autorités…
Pas grand chose apparemment… Le mercenaire eu à nouveau un coup d’oeil vers Ambre qui se cachait derrière les arbres. Même aussi jeune, elle l’inquiétait. Il était donc probable que se concentrer sur un combat l’éloigne des Spires. L’avantage était pour eux.
Cali repassa à l’attaque. Ils parcoururent la distance qui les séparait et Alex dévia la lame qui se dirigeait droit vers son coeur. Mais déjà, le mercenaire avait bougé. Le pirate senti son genoux partir, le déséquilibrant. Il ne dut la vie sauve qu’à une roulade, qui lui permit d’échapper à une méchante décapitation. Il se redressa, le plus vite possible, tout en déviant les hachettes qui s’étaient transformées en furie furieuse. Le changement de style l’avait étonné. Lui aussi cachait encore quelques tours dans sa manche. Mais ses griffes lui avaient permis de passer à la vitesse supérieure. Comme des extensions de son bras, il avait beaucoup moins d’amplitude qu’avec un sabre. Mais le style ressemblait aux armes de son adversaire. Il pouvait jouer sur deux fronts avec agilité, tout en imprimant plus de force et de rapidité. Il ne pouvait cependant pas parer de plein fouet. Ce qui le forçait à adopter un style plus en esquive et déviation, que force pure pour arrêter les attaques de Cali.
Les cliquetis de métal et les souffles court rythmaient leur combat dans une bulle où n’existait plus rien d’autre. Alex devait entièrement se concentrer sur le guerrier en face de lui. Il n’avait plus le temps de penser à Ambre, aux dessins ou à la terrienne. Le moindre faux pas signifiait la mort. Il n’arrivait plus à mener la danse et chacun des guerriers essayait tant bien que mal de prendre le dessus. La défense n’étant pas sa prédilection, il devait rusé pour palier sa faiblesse. Mais même ainsi, les hachettes réussissait à entailler sa peau de temps à autre. Rien qu’il n’avait déjà vu, pourtant. Des secondes furieuses passèrent avant qu’Alex ne remarque quelque chose. Cali faisait absolument tout pour éviter la moindre blessure, même infime. Il déployait des efforts assez important pour tout voir, tout esquiver, tout dévier. Même si ça l’empêchait de prendre l’avantage dans le combat. Ce fut une opportunité en or pour Alex.
Il lui devint alors très facile de manipuler Caym pour le faire aller là où il voulait. Il n’avait qu’à attaquer aux endroit les plus simple pour lui. Il était sûr que Caym ferait ce qu’il fallait pour l’éviter. Et à ce moment là, le combat changea de main. Il n’avait que très peu d’efforts à faire pour obliger son adversaire à faire des pirouettes et des mouvements complexes pour l’esquiver. La fatigue lui viendrait beaucoup plus rapidement qu’Alex, qui lui se fichait pas mal des blessures qu’il recevait. Il ne comprenait pas pourquoi Cali agissait ainsi, mais par ce fait, il perdait l’avantage de l’initiative et Alex retrouvait la pleine mesure de ses capacités destructrices. Qu’il n’utilisa pourtant pas. Il se contentait de tenir le mercenaire en échec, attendant qu’il se fatigue tout seul. Ca lui permettait également de retrouver un peu de l’énergie qu’il avait dépensé plus tôt. Ou du moins, d’en perdre beaucoup moins. Alors il en profita. Il pourrait très bien le tuer plus tard, mais récolter des informations quand il était à sa merci, c’était le bon moment.
— C’est ironique pour un mentaï de parler de remise aux autorités. Qu’est-ce que moi, j’y gagnerai ? Une petite fille et un vieillard pour te mater, ça ne doit pas faire cher payer.
Il sourit, réellement amusé par la situation sans pourtant négliger le combat. Alex était redoutable avec ses griffes. Le sabre n’était qu’une arme de seconde main, dont il n’avait l’utilité que pour les adversaires les plus faibles. Mais désormais, la bestialité qui était sienne trouvait un sens, tout comme ses mouvements. Là était réellement l’âme du pirate dans un combat.
— Je me fiche pas mal de vos soucis dans l’empire, Mentaï. Mais je me demande juste, pourquoi traquer la terrienne ? Cette gamine, quel intérêt a-t-elle pour les mercenaires ? Elle ne sait rien, ne connait même pas ce monde. Alors pourquoi la tuer avec sa cousine ? «Je ne sais pas si c’est la Dame qui m’envoie pour la sauver, mais que je croise sa route à cet instant n’est sûrement pas un hasard. Alors si tu veux vivre, laisse là tranquille. Et je te laisserai faire ta vie et tuer qui tu voudras d’autre.
Il le repoussa à cette instant pour mettre une légère distance entre eux et observa Cali. Il pouvait continuer le combat ou lui répondre. Alex était calme, serein. Il savait qu’il pouvait gagner et il avait confiance en ses capacités.
Ambre n’avait pas réapparue. Depuis que Caym lui avait parlé, les spires s’étaient tenues tranquilles. Il n’y avait plus un bruit autre que le combat et l’enfant devait probablement se tenir cachée. Ou peut être qu’elle préparait au contraire la suite de la bataille…
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24.05.17 0:19
Lorsque rien ne reste
"-Mais... -WOAH baraka ! "
L’eau mordait pour un oisillon aurait pu la picorer. Gentiment, avec douceur et légèreté. En tout autre circonstance, Aelya eut trouvé incongru, dangereux, ridicule de se retrouver en sous-vêtement dans une rivière, à quelques mètres seulement de deux hommes inconnus et partiellement inquiétants. Mais elle avait quitté avec un plaisir épuisé sa robe noir, avait débarrassé ses pieds ankylosés de leurs inconfortables chaussures et avait trouvé le réconfort tant attendu dans le froid tumultueux de la rivière qui avait achevé l’exploit de la convaincre qu’elle ne mourrait pas. Elle s’enfonça sous l’eau, plongea tout son corps jusque ses cheveux devenus filasses. Bientôt, le murmure de l’eau vint remplacer tous les bruits environnants, envahis ses oreilles et son esprit. Elle flotta quelque secondes dans le cocon ouaté que lui offrait le bourdonnement de la rivière avant que le manque d’air ne l’astreigne à s’en évader. Elle releva le haut de sa tête, prit une bouffée d’air et passa une main énergique sur la peau qu’elle avait dénudée. Puis ses doigts filèrent entre ses mèches bleutés pour les débarrasser de la poussière et de la terre qui s’y était accumulée. Elle ne fut satisfaite que lorsqu’ils eurent retrouvé un semblant d’éclat, aussi surnaturel qu’il soit, et que sur sa peau ne subsiste aucune trace de son trop périlleux voyage. Ses bras, ses jambes, son tronc retrouvèrent peu à peu la vigueur qui leur avait fat défauts pendant si longtemps, et l’impression de baigner dans un douloureux rêve éveillé s’estompât au rythme du rouge de ses plaies. Elle prenait un plaisir fou à reprendre conscience de l’existence de ses muscles trop longtemps atrophié par une adrénaline malsaine. Ses réflexes prirent dessus et, les yeux fermés, son pied pointa et son dos se cambra, retrouvant leur souplesse et leur agilité accoutumée. La baignade prit la forme d’une chorégraphie sylvestre et ingénue, qui permettait de s’affranchir autant de la lourdeur du danger que de ses résidus ambrés. Quand elle prit fin, les plantes qu’elle avait abandonnées sur le rivage lui revinrent à l’esprit. Tout était superficiel, sauf l’énorme coupure qui allait presque de son nombril à son dos. L’eau avait permis d’en retirer le sang, mais elle n’était pas belle, ni propre. Comment avait-elle pu passer outre pendant tant d’heures ? Elle voulut sortir de l’eau mais se souvint de la précarité de son accoutrement. Elle n’avait aucun autre choix, ce qui n’empêcha la pudeur de l’inviter à scruter les environs. Personne, si ce n’était Ambre, assise au sec un peu plus loin. Sa réflexion lui revint à l’esprit. Si la fillette était muette de naissance et venait bien de son monde, elle comprendrait le langage des signes. Ne serait-ce que des bribes. Aelya sortit de l’eau, secoua la tête pour désengorger ses mèches et s’avança vers l’enfant. La taillade la faisait souffrir mais elle voulait donner la priorité à cet espoir de communication. La fillette était la seule et unique présence rassurante que lui offrait sa situation actuelle. Quand elle arriva enfin dans son champ de vision, l’enfant lui sourit. Alors, Aelya amena sa main à sa bouche, la descendit doucement vers sa poitrine. « Bonjour ». Le regard d’Ambre paraissait légèrement perdu. Aelya plia cette fois deux doigts par main, qu’elle dirigea vers elle. C’était spartiate, « comment vas-tu ? ». Ambre sembla hésiter quelque secondes puis pointa son doigt vers elle avant d’écarter sa main, et de réunir ses doigts. Elle compléta sa phrase en formant des sortes de ciseaux qui caressaient deux doigts tendus. Puis elle eut un grand sourire, qui gagna vite la bleuté. Cela ne voulait probablement rien signifier mais elles se comprenaient. la fillette avait la volonté de faire passer des messages, des émotions à la bleuté. Et c'était largement suffisant. Aelya indiqua simplement ses vêtement du doigt, signe qu’elle devait finir sa toilette et envoya un baiser à l’asiatique. Elles auraient bien le temps de faire plus amplement connaissance une fois sèche et sauve. Le sourire aux lèvres, Aelya appliqua l’onguent de fortune sur la gargantuesque plaie qui filait sa peau de satin. Ses vêtements étaient à moitié trempés, et l’idée d’enfiler à nouveau l’indécente robe noire la révulsait, mais elle n’avait aucune autre option. Le tissu collait sa peau et sa blessure, découvrait ses jambes aux multiples égratignures, mais la saleté avait abdiqué, remplacée par les tâches aqueuses qui ne tarderaient pas à disparaître sous le soleil de plomb. Un rapide coup de d’œil lui apprit qu’Ambre avait disparu. Etrange. La bleuté passa rapidement ses doigts dans ses mèches pour les égoutter tout en cherchant la fillette du regard. Introuvable. Un vent de panique la saisie. Un kidnapping ? Un accident ? C’était une gamine, qui savait dans quels dangers elle pouvait se lancer en ignorant chaque risque. Son faux père la tuerait. Au sens littéral du terme. Aelya ne connaissait pas ce monde, elle ne pouvait être blâmée. Et Ambre semblait intelligente, elle n’irait pas se fourrer dans quelques ennuis. Pas en si peu de temps, du moins. Pourquoi diable était-elle muette ? Pourquoi ne pouvait-elle la rassurer d’un rire ou d’un hurlement ? L’ignorance rongeait la danseuse. Elle devait la trouver, et le plus tôt serait le mieux. Si elle ne le pouvait pas, mieux valait encore s’enfuir dans la direction opposée et quitter la présence des deux hommes.
- Je n’y crois pas…Ambre…
Ses chaussures en mains, incapables de tenir un pas de plus en talon, Aelya s’enfonça dans les bois, à la recherche de la brunette qui pourrait lui coûter sa peau. Elle était tentée de crier, mais une muette se doublait bien souvent d’une sourde, et son paternel fictif pouvait remarquer les éclats de voix. Elle n’était pas bien loin. Mais la raison avait abandonné la domination depuis bien longtemps.
- Ambre…murmurait la jeune fille, Ambre…
Inutile. Les arbres ne lui répondraient pas. A moins que…Un froissement se fit entendre, entre deux branches. Le cœur au bord des lèvres et sa chaussure tenue comme un poignard, Aelya s’avança et déblaya l’épais feuillage qui recouvrait la source du bruit. Son cœur s’arrêta. Non seulement il ne s’agissait pas de l’enfant, mais elle n’avait pas la moindre idée de ce qui venait de remarquer sa présence. C’était une créature étrange, qui pouvait faire penser un daim ou à une gazelle pourvu d’une crête énorme, probablement capable de la déchiqueter. Elle tâcha de reculer doucement, pas à pas. Son pied nu se dérobait à lenteur absolu, avant de rentrer dans une épine, arrachant un cri de douleur à la bleuté. L’animal fini de la remarquer et s’approcha, curieux ou belliqueux, elle n’aurait su différencier les deux. Zyeutant le chemin qui se traçait derrière elle vers le campement, Aelya réfléchit plus vite qu’elle ne s’en serait crue capable. Elle ne se pensait pas impulsive, mais jeta pourtant sa chaussure à la tête de l’animal et s’enfuit, ignorant la douleur qui émanait encore et toujours de ses pieds dénudés. Ambre était loin dans son esprit, seul comptait la survie. Et à cette instant, survivre signifiait s’éloigner de la créature des enfers le plus vite possible, quitte à retourner affronter les deux meurtriers.
« Clic » « Clac ». Des cliquetis de métaux se faisaient entendre, plus puissant au fur et à mesure qu’Aelya s’approchait de l’endroit de son arrivée. Echevelée et essoufflée, elle passa de nouveau une éternelle main dans ses mèches bleues, espoir final de paraître acceptable devant ceux qui l’avaient connu dans son pire état. Des éclats de voix, des bruits de coups s’ajoutèrent aux tintements des lames,dont la nature ne surprit plus la jeune fille, et Aelya ne fut ni surprise ni effrayée de voir les deux hommes s’affronter, prêts à s’entretuer. Elle venait d’être terrorisée. Sa blessure la relançait. La gosse avait disparu. Si il fallait qu’elle meure, autant que ce soit en tant qu’elle-même, et non pas pour la pâle et fade copie qu’elle était devenue, poussée par les circonstances. Elle joignit le campement, silencieusement, repéra les combattants du dimanche et leur ridicule altercation. Le niveau était élevé, la malice et l’intelligence aussi. La chorégraphie était belle et Aelya se donna une seconde pour l’admirer. S’ils ne la tuaient pas, elle demanderait à apprendre à se battre de cette façon. La deuxième chaussure au talon sombre et aiguisé vola à nouveau, dans un lancer réfléchi et calculé. Atterri sur la tête de Cali. Aelya sortit des arbres, bomba le torse. Aucune peur dans son regard, aucune hésitation dans sa voix. Elle les affrontait d’égal à égal et peu lui importait les conséquences.
- J’ose espérer que c’est une plaisanterie, lança d’elle remplie d’orgueil. Et quand bien même cela ne le serait pas, la fête est terminée.
Après avoir risqué la mort tant de fois, Aelya se plaisait presque dans le scandaleux flirt que lui offrait la délectable provocation, une nouvelle fois. Mille fois plus vivante et mille fois plus belle, c’est dans l’insolence que la new-yorkaise se retrouvait.
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Caym Cali
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28.05.17 17:55
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Alex Clorem
Pirate Aline__Membre
30.05.17 6:25
Cali ne lui répondait pas. Mieux encore, il éclata de rire. Un rire moqueur qui agaça Alex. Cet homme se pensait au dessus de tout. Son regard supérieur et condescendant se portait sur le pirate avec tout le dédain que l’humanité pouvait produire. Et c’est tout ce qu’il savait faire. Alex n’avait qu’un animal en face de lui qui n’avait qu’une chose en tête. Tuer. C’était donc à ça qu’il ressemblait quand il perdait le contrôle sur sa raison. Il n’était pas sûr d’apprécier. Mais Cali ne lui rendait pas honneur. Un instant, il aurait aimé le voir se faire déchiqueter par un ours. Il aurait pris plaisir à l’entendre crier. Mais chassant ses pensées, il para à nouveau un coup. Il était inutile de discuter. Tuer ou être tuer. Voilà la seule loi qui existait. Les attaques de Cali redoublèrent d’intensité. Mais les deux combattants fatiguait. Bientôt, ils feraient des erreurs. Et ces erreurs leur coûterait cher, jusqu’à la mort de l’un ou l’autre. Il avait déjà certaines blessures. Sur ce point ci, il avait un désavantage.
Il voyait la rage de Cali augmenter au même titre que la sienne. Si faire face à un adversaire aussi fort que lui était une chance de s’améliorer, il n’appréciait pas son combat avec le mercenaire. Bien qu’il soit un très bon combattant, tout son être le rebutait. Le mal pour le mal. Sans autre forme de procès. Les pirates avaient des buts, des motivations. Chacun avait la sienne. Mais le chaos, qu’avait-il ? A part cette envie de destruction permanente. Même les animaux se comportait plus décemment. Alex ne comprenait vraiment pas cette idée de s’allier avec des parasites pareils…
Son moment d’introspection failli lui coûter la vie. Cali venait presque de réussir un assaut mortel. Et avant qu’il ait pu répliquer sa hachette crocheta une de ses griffes d’une manière plus qu’habile. Coincé de la sorte, il était totalement vulnérable à une attaque, mais son adversaire également. Il ne réfléchit pas et s’engouffra dans la brèche. Mais tout s’arrêta brusquement quand la chaussure de la terrienne s’écrasa contre la tête du mercenaire. Comme un orchestre s’arrêtant de jouer, la bulle éclata autour des combattants. Les bruits de la forêt laissèrent place aux cliquetis des armes et la lumière inonda son champ de vision qui ne contenait qu’un homme une seconde auparavant. Les deux combattant tournèrent la tête vers Aelya au même instant. La voyant avancer comme une princesse fraîchement sortie de ses appartements. — J’ose espérer que c’est une plaisanterie. Et quand bien même cela ne le serait pas, la fête est terminée.
Elle avait peut être le port altier, mais elle qui instant ressemblait à une pirate d’après cuite, était maintenant présentable. Peut être n’était-elle qu’une péronnelle ou peut être savait-elle que seule une attitude aussi étonnante aurait pu mettre fin au combat. Quoi qu’il en soit, ni l’un ni l’autre ne semblait impressionnée par cette démonstration. Mais la surprise eu l’effet escompté. Cali abandonna sa position et Alex fit de même. Il restait les yeux plantés sur Aelya, la jaugeant intérieurement. — Ce vieux parasite s’est mis en tête que j’étais la cause de tous tes malheurs, et je n’avais pas envie de sentir son agressivité ni sa méfiance un instant de plus.
Alex retint un rire qui finit d’évaporer toute notion de respect. Voilà qu’il jouait les victimes pour se faire bien voir. Il n’y avait donc aucune limite à la bassesse des mercenaires. Mais il n’eut aucune idée du dessin qui naquît dans son dos. Et donc des limites que s’imposait Cali. Ou avec lesquelles il jouait. — Mais on reprendra cette charmante conversation plus tard..
Le terrain des mots n’était pas son combat. Qu’il reprenne ce qu’il voulait tout seul, il serait bientôt parti. Aux Tsliches la Dame, aux Tsliches Ambre. Il ne se ferait pas dicter sa conduite par une gamine de 10 ans. Il n’était pas un protecteur. Le pirate se retourna, sans remarquer le dessin qui s’évapora dans les airs, puis s’éloigna vers le campement. De multiples blessures peu profondes parcourait sa peau et ses vêtements se tâchaient de sang. Tandis que Cali s’occupait d’Aelya de l’autre côté du feu sommaire comme si de rien n’était, Alex sortit une trousse avec un nécessaire de soin de ses affaires. Il siffla ensuite avec ses doigts. Le bruit strident résonna un bref instant dans la nature accueillante. Quelques secondes plus tard, Ambre sorti des fourrés, un peu crasseuse. Elle s’était visiblement cachée au sol en attendant que la tempête passe. Mais la fin du combat était loin de la voir aussi enjouée que Cali. L'inquiétude prenait forme sur ses traits et les regards noirs et méfiants se multipliaient vers le mercenaire. Elle fit un grand tour, pour éviter l’homme afin de rejoindre Alex qui sentit le trouble qui la parcourait. Il prit une voix qu’il essaya de rendre rassurante alors qu’une main se posait sur sa petite épaule. — Ne t’en fais pas, on va bientôt partir. Mais j’ai besoin d’aide.
Alex désigna ses blessures du menton, dont certaines avaient besoin d’être suturées. Ambre hocha la tête, visiblement habituée et se mit au travail, le visage fermé. Elle n’était pas débutante, mais il la guida tout du long sans jamais montrer de signe de douleur, même si elle se trompait et plantait l’aiguille où il ne fallait pas. De l’autre côté du camp, Cali et Aelya se livrait à la même scène, le rôle des genres simplement inversé. Il s’en désintéressa pourtant pour se concentrer sur sa tâche. La vue du sang et des blessures d’Alex ne dérangeait pas la gamine. Comme si elle était habitué au sang. Aux blessures. A la mort. C’est même si elle n’offrait pas un regard dédaigneux à la tâche, comme si elle valait mieux que quelques coupures sans gravité.
— Alors, Aelya, dis-moi. Comment occupais-tu ta vie sur Terre ?
Les deux compagnons tendirent l’oreille pour une fois. Reportant leur attention plus que sur le travail non terminé. Ils écoutèrent la réponse d’Aelya en silence puis quand Cali se mit à dessiner, leurs regards se croisèrent.
Connaissance. Surprise. Danger.
Oui, il avait totalement oublié le dessinateur en Cali. Et le fait qu’Ambre se soit complètement révélée à lui en dessinant. Il n’avait déjà pas assez confiance dans les humains normaux pour révéler le secret de la gamine. Alors un mercenaire du chaos… Cette pensée finit de le décider. Ils s’en iraient le plus tôt possible. Enlever cette enfant pour lui laver le cerveau et en faire une mentaï parfaite devait sûrement faire partie de ses plans. Ou alors il était complètement paranoïaque. Dans le doute, il agirait. C’était ce qu’il faisait le mieux. Agir.
Le pirate hocha la tête vers Ambre pour lui dire qu’il avait compris, même s’il restait une partie sous jacente du message qu’il n’avait pas réussi à saisir.
-Ce qui m’intrigue est ta cousine. Je sais que sa perte est récente et ta douleur encore présente, mais… Qui était-elle ? Il existe quelques rares personnes capables d’aller de ce monde au tien, et elles sont encore plus rares celles qui le font uniquement pour poursuivre une personne… Et ces individus font généralement partie de ma guilde.
Bien, il venait d’avouer. Sa prochaine tâche ne lui en sera que plus facile. Il rangea les affaires après avoir passé un onguent sur ses plaies refermées et bandées puis demande à Ambre de l’aider à ramasser leur affaires. Elle s’exécuta, sans s’approcher de Cali et en lui jetant des regards noirs. Alex quant à lui vint récupérer son sabre au sol, la souche aillant disparu. La lame était quelques peu abîmée, mais rien d’irréparable. Elle reprit sa place dans son fourreau alors que Cali continuait de son ton mielleux et empoisonné à souhait. Tout en lui, même ses gestes de bonté respirait la perfidie. Mais peut être s’était-il trompé à son compte. Peut être qu’il n’avait effectivement rien à voir avec le meurtre de la cousine de la gamine et n’attenterait donc pas à sa vie. Alors maintenant il tentait de la recruter. Et ça ne le surprendrait pas qu’il ait d’autres vues sur certaines parties de son anatomie. Si cette pauvre fille tombait dans le panneau… Un soupir s’échappa de sa bouche. Que la Dame puisse veiller sur elle.
Il continua à ranger ses affaires jusqu’à la monture qu’il n’avait pas libéré de son équipement, offrant en même temps assez d’intimité à Aelya pour s’habiller de nouveau. Quand enfin, elle fut prête, il s’approcha à nouveau du feu, l’air tranquille. La monture était prête à partir, il ne lui restait plus qu’à prévenir la fille. Il s’assit, à environ un tiers du feu, laissant à Aelya l’emplacement qui la positionnerait à égal distance de Cali et d’Alex, si elle voulait. Il se demandait réellement ce qui se passait dans la tête de cette fille. Elle lui était aussi inconnu que Cali, si ce n’était plus. Elle n’avait pas l’air mauvaise, au contraire. Juste une humaine paumée, perdu dans un autre monde. Tout comme l’avait été Ambre à l’époque. Sauf qu’elle était une gamine muette. Aelya saurait se débrouiller. Même si elle finissait serveuse dans une auberge miteuse ou dessinatrice prometteuse. Mais c’était la deuxième fois qu’il croisait en peu de temps une terrienne. Une part de lui qu’il essayait de refouler au plus profond, voulait rester pour s’occuper d’elle. Il avait beau se clamer à lui même qu’il n’était pas un protecteur, il savait que c’était faux. S’il se liait d’affection à quelque chose, la raison ne comptait plus vraiment. Mais avait-il réellement envie de se lier à elle ?
Ses cheveux bleus lui rappelait l’océan. Il n’avait pas vraiment pu s’y attarder jusqu’alors, mais maintenant qu’elle était propre et qu’une atmosphère beaucoup plus posée s’était emparé du campement, il avait loisir de l’observer. Une vingtaine d’année, tout en grâce et élégance. Sa jeunesse lui rappelait Nelah, en quelque sorte. Une espèce de façon de se mouvoir, dansante. Et sa chevelure impériale qui attirait constamment le regard sur elle. Il avait beau avoir l’âge d’être son père, il ne pouvait nier qu’elle était belle. Pas plaisante à regarder, ou excitante. Belle et charmante, simplement et puissamment. Alex ne doutait pas qu’en vieillissant, elle acquiert un cachet certain qui resterait rare parmi les femmes de son âge. Sous ses airs de princesse, il arrivait également à discerner une certaine noblesse. Une réelle noblesse. Peut être un peu trop marquée à son goût, mais assez pure de prime abord pour ne pas la catégoriser tout de suite.
Il attira son attention pour qu’elle l’écoute, lui laissant le soin de s’asseoir ou non. — Écoute Aelya, je vais te parler et après je m’en irai. Tu ne connais rien du monde, alors laisse moi t’expliquer quelques petites choses. Tu feras tes propres choix après ça. « Gwendalavir est un autre monde, loin de celui de la Terre. Tu ne pourras plus y accéder à condition de savoir faire un pas-sur-le-côté ou de trouver quelqu’un pour t’y emmener. Et ils sont très peu à avoir ce pouvoir. Dans l’immédiat, tu es coincée ici. Je suis désolé pour toi et ta famille.
Il laissa un petit temps à Aelya en se levant pour aller chercher une carte qu’il présenta à la jeune femme. Il continua en lui montrant les informations en même temps. — Gwendalavir est un empire qui regroupe la plus part des être humains arrivé ici il y’a trois milles ans. Il y’a des Faëls à l’Ouest, qui nous sont pacifiques. Et des pirates au sud qui le sont beaucoup moins. Ici, nous sommes dans la partie Sud Ouest, près d’Al-Vor. Et ceci… Est l’empire des hommes. Oublie tout ce que tu as pu voir chez toi, ici la moindre bestiole que tu croiseras essayera d’avoir ta peau à part dans les régions sécurisées de l’empire. Ce qui équivaut à… Pas grand chose. « L’homme qui est à côté fait parti d’une organisation qui se fait appeler les «mercenaires du Chaos». Leur but est de détruire l’empire, simplement. Ils sèment la mort et la destruction partout où ils passent, pour apporter le chaos. Allie toi à cet homme, et tu te feras l’ennemie de tout ce qui se trouve sur cette carte. Qui plus est, seule son organisation a les moyens de parvenir dans l’autre monde pour assassiner des gens. Et la mentalité. Alors pose toi les bonnes questions avant de faire un choix. Car soit il est derrière le meurtre de ta cousine et joue avec toi. Soit il n’y est pour rien et tentera de te berner. « Je ne suis pas là pour te pousser dans une quelconque direction. Tu es libre de ta vie. Rejoins le ou non. C’est toi que ça regarde, mais fais le en toute connaissance de cause. Les mercenaires du Chaos ont subit une très lourde défaite il y’a 5 ans. Ils ont perdu la bataille contre l’empire et leur forces ont été réduites à néant. Désormais, ce ne sont que des rescapés qui tentent tant bien que mal de retrouver leur forces pour mettre à nouveau à mal l’empire. Et si tu ne me crois pas, il suffira de te renseigner au près de n’importe quel village. Tu confirmes, Mentaï ?
Il se tourna un instant vers Cali sans laisser transparaître aucun sentiment. Attendant de voir s’il jouerait la carte de la franchise ou se déroberait comme il en a l’habitude. Il laissa la carte à Aelya, ne faisant aucun mouvement pour la reprendre. Il pourrait très bien en acheter une autre dans la prochaine ville. Il voulait s’assurer qu’elle l’écoute attentivement pour continuer. Apprendre tant de choses d’un nouveau monde n’était sûrement pas facile. Surtout dans l’état où elle devait être. — Pour ma part, je suis né dans l’empire et en suis parti pour devenir pirate. J’ai exploré les mers et vécu d’explorations, plus que d’attaques et de pillage. Mais ce peuple et tout aussi belliqueux que les mercenaires, même s’ils ne recherchent dans le fond que le profit. Donc fais attention à eux, même si tu n’en rencontreras jamais aussi loin dans les terres. Je suis un cas à part.
Alex se releva alors. Il avait presque tout dit. Mais quelque chose le dérangeait sans qu’il puisse mettre la main dessus. Il passa une main sur sa gueule cassée et lasse. — Cet homme est liée de près ou de loin au meurtre de ta cousine. Si nous nous sommes battus, c'est parce que je pensais qu'il en voulait à ta vie et que je refusais de le voir te sacrifier après ta famille. Je sais ce que c’est, de la perdre. Et de vouloir se venger. J’en connais le prix. Je l’ai payé. Mais je te le dis, quoi que tu fasses, ce que tu as de brisé au fond de l’âme, le restera à tout jamais. Rien ne la ramènera.
Ses souvenirs affluèrent et son équipage avec, comme le ressac des vagues sur une plage de sable blanc, laissant une trace sombre en se retirant. La souffrance de la perte emplissant son coeur, sans qu’il n’en fasse pourtant spectacle. L’image de sa femme s’imposa encore à lui. Il releva les yeux légèrement vers le ciel, comme tentant d’attraper son essence fugace parmi le vent. L’homme brisé se révélait. Celui qui avait tout perdu et qui n’avait plus rien à perdre. Plus rien…
Alex tourna la tête dans une direction, puis l’autre. Mais rien. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas vu Ambre. Mais la forêt était définitivement vide de sa présence. Les sens en alertes, il tenta de repérer quelque chose, un signe, un son… En vain. Il siffla. Mais aucune réponse ne lui parvint. La gamine n’était pas du genre à se planquer ou à prendre peur. Au contraire. Qu’elle ait disparu n’était donc pas un bon signe du tout. Il observa le mercenaire et la terrienne, il n’avait pas envie qu’ils s’en mêlent, surtout pour Cali. Il tâcha donc de ne pas paraître inquiet. — Je vais la chercher, après, nous partirons.
Il se rendit alors au dernier endroit où il l’avait aperçut. Pister quelqu’un, voilà quelques mois qu’il ne l’avait pas fait. Il verrait bien s’il s’en sortirait.
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02.06.17 23:44
Lorsque rien ne reste
"-A quel exact moment est-ce que je suis devenue pareil aimant à malchance ? - Arrêtes de penser et cours. " Music
L’espace d’un coup de vent, le temps s’était amicalement figé et Aelya se tenait droite, les mains croisés et le regard sombre, tremblait de l’intérieur et tâchait de se persuader de la validité de sa folie. Sa chaussure, après avoir percuté le crâne de Cali, s’était écrasée mollement sur le sol, aussi incongrue qu’ingénue dans le décor qui l’entourait. Un joli escarpin d’ébène, solitaire et abîmé, plus adapté au sol carrelé d’un antre de jeunesse délabrée qu’à une forêt fournie et fardée d’inconnus aux lames enfoncé dans les bras, chuintant pour y retourner, comme greffées par un chirurgien à l’esprit dérangé. Serait-elle rejoins par une jeunette aux cheveux azur et à l’insolence démesurée ? La terre meuble serait-elle le dernier lit où l’oreille rougie par l’humidité de sa chevelure reposerait ? Le temps figé devait rire des inquiétudes de la bleuté, puisqu’il fit durer sa pause à souhait, laissant à la jeune fille le loisir d’observer, de balader ses yeux et sa peine entre les deux hommes aux muscles encore palpitants. Que serait-il arrivé si elle n’était intervenue ? Serait-elle revenue pour trouver un cadavre ? Le survivant aurait-il bien vite fait d’achever sa tâche et d’éliminer la survivante simplette, apparue au mauvais endroit au mauvais moment ? Et maintenant qu’elle était là ? Etait-ce là sa dernière erreur ? Le temps insolent interrompit la stérilité de ses pensées, laissant place à la certitude absolue que, peu importe ce qui se passerait, elle ne tomberait pas sans combat. Déjà l’idée de la pierre funéraire imaginaire revenait dans son esprit. Si elle était bien à son origine, peu importe quelle magie était-ce, elle devrait savoir le reproduire. Seulement, la pierre devrait se tenir en hauteur, juste assez haut et assez grosse pour que l’ombre sur la chevelure de son assaillant soit la dernière à jamais se poser sur les sombres mèches. Le regard océan de la jeune fille toujours fixé sur lui, Cali se détacha du duo mortel. Pour une seconde, Aelya regretta que sa chaussure se fût arrêtée sur lui. Il lui paraissait bien plus dangereux qu’Alex Clorem, le faux père. Si quelqu’un ici l’assassinait, ce serait lui, il n’y avait pas à en douter. Fraîchement arraché à son combat, son aura transpirait de la même malice et de la même agressivité qu’elle avait ressentie dans le taxi new-yorkais. Aelya refusa de faire le lien. Ce serait bien trop laid, bien trop étrange, bien trop pour être une simple coïncidence. Et pourtant il sourit. Ce n’était pas un sourire sincère, mais il l’était assez pour qu’Aelya s’autorise à respirer. Cela faisait presque une minute que l’appréhension retenait son souffle, sans qu’elle ne s’en rende véritablement compte.
- Ce vieux parasite s’est mis en tête que j’étais la cause de tous tes malheurs, et je n’avais pas envie de sentir son agressivité ni sa méfiance un instant de plus, lança-t-il d’un ton aussi souriant que surprenant.
Le sourcil châtain de la jeune fille se leva. Si l’inclure dans l’affrontement était une tentative de s’attaquer à son pathos, elle était bien fade. Sans oublier que le reste de sa phrase, adressée à celui qu’il ne pouvait que trop apprécier, était emplie de menace. Le personnage de Cali l’intriguait. Un mauvais acteur aux deux masques, terriblement dangereux et probablement enfoncé jusqu’au cou dans des affaires peu enviable. L’avoir rencontré était-elle une aubaine (ces gens-là en savent toujours plus et ne rechignent pas à agir) ou un guêpier, elle ne parvenait à se décider. Il lui fit signe de rejoindre un rocher plat où reposait des concoctions qu’elle devinait médicales. Aelya se doutait que l’onguent qu’elle avait appliqué ne suffirait pas et qu’elle ne pouvait s’offrir le luxe de refuser l’aide que lui offrait l’homme, peu importait ses affinités. Ainsi elle ne montra aucun signe d’opposition et se plaça à l’endroit indiqué et soupira à peine quand elle comprit qu’il était inévitable qu’elle retire son vêtement. Heureusement, Cali se retourna pour chercher dieu-seul-savait-quoi dans son sac, bien qu’elle n’en voit pas l’utilité. Il allait la voir en sous-vêtement, quel importance qu’il n’assiste pas à la transition entre les deux états ? La danseuse ne doutait nullement de la beauté de son corps, la pudeur était pour elle un principe plus qu’un handicap. Les années avaient forgés en profondeur chacun de ses muscles, avaient affiné sa souplesse et lui avaient donné les courbes nécessaire à ce qu’aucun regard ne passe trop vite devant sa silhouette dénudée. Elle n’avait pas honte, en tirait même une certaine fierté. Pourtant, l’idée du regard en acier trempé de son soigneur se mouvant sur les dites-courbes la dérangeait. Cali l’avait peut-être deviné, puisqu’il garda ses yeux dirigé vers le sol, ne les levaient que lorsqu’une nouvelle contusion le lui imposait. Malgré sa volonté de ne point se montrer impressionnable, Aelya lui en fut reconnaissante. Seulement, l’absence de son regard n’empêcha sa peau de frissonner et ses muscles de se tendre sous le satiné de son touché. De nouveau, son souffle voulut se coincer dans sa gorge, et il fallut véritable effort de volonté pour se ressaisir. Pourquoi une réaction pareille ? Il ne faisait que la soigner, comme mille avant lui. La bleuté tâcha de se concentrer, non plus sur l’agrément que provoquait son soigneur, mais sur ses blessures en elles-mêmes. En vain, Cali était doué et la douleur s’estompait tandis que les doigts qui parcouraient sa peau s’obstinaient à la faire frémir. Et assez tôt, les yeux de Cali perdirent leur retenue, par volonté ou par inattention, et se retrouvèrent à scruter la figure concentrée de la danseuse. Que pouvait-il bien se dire ? Qu’en as-tu à faire, Aelya ? Il pourrait bien penser que tu es un laideron, cela ne changerait rien à ton existence, non ? Par jeu, elle s’amusa à le détailler en retour, quoique plus discrète. Son profond regard gris, tourné vers ses pensées, était ce qu’elle avait remarqué en premier, ce qui explosait lorsqu’on posait les yeux sur son visage. Un visage séduisant, fort, que seul une minuscule cicatrice venait perturber, au coin de ses lèvres. S’il n’avait pas été si proche, elle n’aurait jamais pu la discerner. Mais la distance presque nulle qui les séparaient lui permettait une vue sur chaque détail, chaque trait de l’homme. Il ne devait pas avoir plus d’une dizaine d’années de plus qu’elle, et plus elle mouvait ses yeux sur lui, plus sa superbe devenait indéniable. Un sifflement de Cali la tira de ses réflexions. Il venait de découvrir l’ouverture gigantesque qui fleuretait entre son nombril et son dos. Elle se doutait fortement que celle-ci ne guérirait pas sans accroche, mais ne pus empêcher de gémir lorsque l’homme y plongea, mains nues, l’onguent. Les yeux fermés et la main tremblante, elle attendit avec impatience que Cali finisse de manipuler sa plaie béante et brûlante. Les minutes semblaient des heures. Finalement, il retira ses doigts, teinté de carmin, du ventre de la jeune fille et lui annonça qu’il ne restait plus qu’à recoudre. Aelya poussa un soupir de soulagement et, suivant ses consignes, tenus les rebords de sa blessure. Une flamme apparut sous l’aiguille, comme par magie. Cali devait être trop appliqué dans sa sorcellerie pour remarquer les gros yeux que faisait la jeune fille. Il savait donc provoquer volontairement ces apparitions magiques. - Comm…
Aelya retint finalement sa question, relancée par sa plaie. Elle aurait le temps de lui demander, une fois sauve et soignée. Cali plaça alors l’aiguille brûlante dans son dos, là où la gueule prenait naissance. Aelya ferma les yeux, se préparant à une nouvelle phase douloureuse.
- Alors, Aelya, dis-moi. Comment occupais-tu ta vie sur Terre ?
La question su la surprendre et ses paupières se soulevèrent. Sa vie sur Terre. Voilà qui semblait être un lointain rêve, empli de douceur et de couleur, loin de l’adrénaline et du danger qui lui broyait l’estomac et la peau.
- Je dansais, lâcha-t-elle, j’apprenais.
Deux verbes à l’imparfait qui définissaient son existence passée. Existence qui lui manquait terriblement, dans sa simplicité et sa beauté. Le visage d’Eden lui apparut brusquement. Elle devrait certainement faire le deuil de ses lèvres, de son toucher et de sa chevelure. Elle ne les reverrait pas de sitôt. Son pittoresque appartement qu’elle pouvait à peine se permettre mais qui l’emplissais de fierté. La pile de livres aux propos plus pointus les uns les autres qui reposaient sur sa table de lui et qui l’enfermait plus dans un mal de tête horrible que dans les bras de Morphée. Le club qui désignait son groupe d’amis comme « les habitués » et leurs faisait d’excellents prix tout en rémunérant grassement leurs performances. Les rires sur le canapé de Nahi, lors de ces nuits entre amis qui ne finissaient qu’au petit matin. Le ton calme et glacial de sa professeur. L’engouement qui précédait un gala et le soulagement qui le suivait. Les nuits qu’elle passait à s’émerveiller devant le ciel New-Yorkais. Les appels interminables qui les accompagnaient, les doutes sur son avenir. La certitude qu’elle avait encore la vie devant elle pour faire tout, accomplir chacun de ses rêves, un à un. Oui, elle s’occupait sur Terre. Et le souvenir de chacune de ses occupations lui déchirait la poitrine un peu plus. La nuit commença peu à peu à envelopper les bois, et Cali semblait de plus en plus hésitant quant aux points de sa médecine. Il n’était plus qu’à quelque millimètre de la peau de la jeune fille, s’était approcher pendant que, perdue dans ses pensées, elle se remémorait chacune de ses pertes. Son souffle chaud venait mourir sur la peau tendue de la terrienne, qui se couvrait de chair de poule au rythme de la tombée de l’obscurité. Le froid, bien entendu, l’accompagnait. L’homme soupira, s’arrêta dans son œuvre inachevé. Malgré la pénombre, Aelya pu remarquer qu’il s’était appliqué. La cicatrice guérirait surement vite et bien et il n’en resterait plus qu’une mince trace. De nouveau, la reconnaissance l’envahit. Peu importe sa dangerosité, il lui avait sauvé la vie. Soudain, une lumière surnaturelle apparut. Sortie de nulle part, magique. Aelya sursauta, comme à chaque fois qu’il prouvait sa maîtrise de cet étrange pouvoir, mais ne s’en étonna plus. S’il pouvait créer une flamme, une lueur mystique ne devait pas être bien compliquée. Elle avait tant de questions à poser, tant à apprendre et tant à comprendre. Mais, prenant son mal en patience, elle laissa Cali compléter ses points de suture, silencieuse et concentrée. Ses doigts s’aventuraient à présent vers son ventre où la deuxième extrémité de la blessure se trouvait. La bleuté avait perdu la notion du temps, mais la longueur du processus et la minutie de l’homme l’impressionna.
- Ce qui m’intrigue est ta cousine. Je sais que sa perte est récente et ta douleur encore présente, mais… Qui était-elle ?
Nahi. Qui étais-tu ? Que diable avait-tu fais pour mériter un sort pareil ? Qui est-nous, cousine ? Que m’as-tu caché ?
- Il existe quelques rares personnes capables d’aller de ce monde au tien, et elles sont encore plus rares celles qui le font uniquement pour poursuivre une personne… Et ces individus font généralement partie de ma guilde.
L’aveu fit déglutir discrètement Aelya. Elle ne s’était donc pas trompée. La similitude de gestuelle et d’énergie n’était pas une coïncidence. Cali avait plongé son regard dans le sien, tâchant surement de surprendre une quelconque réaction. En d’autres circonstances, elle aurait été terrifiée. Mais voilà presque une heure qu’il s’appliquait à la guérir et à la rassurer, avec un soin et une douceur surprenante. Elle n’approuverait probablement pas la mission des siens, mais à la personne de Cali elle donnait…il ne s’agissait pas de confiance. Juste de l’approbation. S’il avait voulu la tuer, l’abandonner sur place aurait fonctionné, tout comme ne pas la soigner ou enfoncer un couteau entre les côtes qu’il s’appliquait à soigner.
- Je m’en doutais. Vous aviez une aura similaire. Quant à ma cousine…Je pensais connaître Nahi. Sincèrement. Nous avons grandi ensemble, nous vivions ensemble. Mais de ce que je savais, elle n’était qu’une danseuse extravertie et fêtarde. Une casse-cou, mais en aucun cas capable de s’attirer des problèmes. Tu es sûrement plus apte que moi à comprendre pourquoi est-ce que…ta guilde enverrait un meurtrier chez nous. Je ne connaissais ni l’existence de ce monde, ni l’implication de ma cousine. Je ne sais pas non plus comment elle a réussi à nous changer de monde ni pourquoi elle l’a fait. Nous aurions été plus en sécurité dans un hôpital ou dans nos quartiers, au moins.
Sa voix tremblante, Aelya marqua une pause.
- Mais Nahi ne faisait jamais rien sans raison. C’était une fille à la logique implacable.
Et ce, même complétement soumise à l’alcool. Ou à la peur. Nahi ne faisait rien sans raison valable, débattue et réfléchie.
- Si je suis là, c’est qu’elle l’a voulu, et qu’il y a une bonne raison derrière.
Ne manquait que l’explication.
- Aucune de mes connaissances n'a accompli cette mission, je doute même que les miens soient responsables de cette attaque, mais je t'aiderais à trouver des réponses. À toutes tes questions, promit Cali.
Les paroles touchèrent Aelya, si bien qu’elle ne fit même pas remarquer les occasionnels coups d’œil que l’homme jetait à sa poitrine. Bien entendu, il fallait que tu mettes un push-up à dentelle.
- Je risque de te prendre au mot, Cali. Et dieu sait que des questions, j’en ai bonne réserve, lança-t-elle avec un sourire.
Finalement, le mercenaire boucla le nœud de la couture, admira son travail avec un sourire satisfait et mérité, avant de lui assurer qu’elle guérirait bientôt, plein de bonté. La lumière magique disparut, laissant place à une douce obscurité naissante. Seules les boucles bleues d’Aelya, à présent sèches, brillaient encore. Il lui tendit ensuite des vêtements cent fois trop larges mais plus confortables que sa robe et alla s’assoir près du feu pour se reposer. Aelya ne savait comment le remercier à justes termes. Le personnage qu’elle s’imaginait s’était retrouvé métamorphosé en un homme qu’elle pouvait envisager le plus méliorativement du monde. La tenue était composée d’une large tunique qui arrivait mi-cuisse de la jeune fille, qui se considérait pourtant loin d’être petite et d’un pantalon capable de la recouvrir jusqu’au nombril. Elle abandonna vite l’idée d’enfiler ce dernier, puisque le tissu frottait contre sa cicatrice toute neuve et se contenta de la simili-robe sombre. Elle était encore peu couverte, mais toujours plus qu’avec les lambeaux qui restaient de son vêtement. Au coin du feu, les deux hommes avait pris place, largement éloignées les uns des autres. Seule Ambre restait éloignée. Parce que oui, la gamine avait retrouvé son chemin toute seule et ne s’était pas faite dévorée le moins du monde par la créature que la bleuté avait aperçue. Tant d’inquiétude pour rien. Elle voulut remercier plus expressivement son soigneur, mais l’autre, Alex Corem lui fit signe d’approcher.
- Écoute Aelya, je vais te parler et après je m’en irai. Tu ne connais rien du monde, alors laisse-moi t’expliquer quelques petites choses. Tu feras tes propres choix après ça.
La curiosité et les circonstances l’amenèrent à reporter ses remerciements. Elle se place plus au centre, près de son nouvel interlocuteur, apparemment pressé de s’en aller.
- Gwendalavir est un autre monde, loin de celui de la Terre. Tu ne pourras plus y accéder à condition de savoir faire un pas-sur-le-côté ou de trouver quelqu’un pour t’y emmener. Et ils sont très peu à avoir ce pouvoir. Dans l’immédiat, tu es coincée ici. Je suis désolé pour toi et ta famille.
Gwendalavir. C’était cela le nom que ça cousine avait dit, avant de glisser vers l’au…ailleurs. Et il existait bel et bien des personnes capables de la ramener. Restait à prier qu’ils ne soient pas tous meurtriers. Il apporta ensuite une carte et la lui explicita. Gwendalavir ressemblait quelque peu à l’Angleterre dans sa forme et semblait assez étendue. Il était entouré d’eau, qu’elle put nommer « Océan des Brumes » ou « Grand Océan du Sud ». Il y avait également un nombre impressionnant de pics, de chaines de montagnes ou de relief. Un désert ici, une forêt là. La topographie de ce continent était aussi incongrue que fascinante. Alex commença à lui parler différents peuple. Pirates, elle comprenait. Faëls, c’était une autre histoire. Le mot sonnait joliment mais elle n’avait aucune image en tête. Puis, Alex insista sur le danger qui se cachait au quatre coins du continent. Elle voulut bien le croire.
- L’homme qui est à côté, continua-t-il en désignant Cali, fait partie d’une organisation qui se fait appeler les «mercenaires du Chaos». Leur but est de détruire l’empire, simplement. Ils sèment la mort et la destruction partout où ils passent, pour apporter le chaos. Allie-toi à cet homme, et tu te feras l’ennemie de tout ce qui se trouve sur cette carte. Qui plus est, seule son organisation a les moyens de parvenir dans l’autre monde pour assassiner des gens. Et la mentalité. Alors pose-toi les bonnes questions avant de faire un choix. Car soit il est derrière le meurtre de ta cousine et joue avec toi. Soit il n’y est pour rien et tentera de te berner.
Ah. Un discours pareil, alors que le principal concerné se tenait armé à quelques mètres. Un tel manichéisme la surprit. Elle ne voulait, pour ainsi dire, pas véritablement y croire. La tendresse du prétendu mercenaire à son égard l’avait convaincu que ses intentions n’étaient pas purement mauvaises. Autant elle le voyait sans peine mener des opérations douteuses, autant « semer la mort et la destruction » lui paraissait suinter d’absurde.
- Je ne suis pas là pour te pousser dans une quelconque direction. Tu es libre de ta vie. Rejoins-le ou non. C’est toi que ça regarde, mais fais-le en toute connaissance de cause. Les mercenaires du Chaos ont subi une très lourde défaite il y’a cinq ans. Ils ont perdu la bataille contre l’empire et leurs forces ont été réduites à néant. Désormais, ce ne sont que des rescapés qui tentent tant bien que mal de retrouver leurs forces pour mettre à nouveau à mal l’empire. Et si tu ne me crois pas, il suffira de te renseigner auprès de n’importe quel village. Tu confirmes, Mentaï ?
Elle se tourna vers Cali, cherchant elle aussi une confirmation ou une infirmation. Mais le mercenaire demeura impassible. Cela faisait beaucoup d’information qu’elle ne pouvait vérifier. Elle ne voulait pas, ne pouvait pas croire l’homme sur parole. Au mieux, elle ferait preuve d’un minimum de méfiance envers le mercenaire. Mais retourner seule vagabonder dans la forêt jusqu’à espérer trouver une ville (dans laquelle elle ne saurait que faire, d’ailleurs) était hors de question. Or, Alex Clorem ne semblait pas déterminer à jouer le rôle de guide, contrairement à Cali. Il lui apprit ensuite être lui-même pirate, peuple aux mœurs tout aussi peu enviable que les soi-disant mercenaires du chaos. Rassurant. N’aurait-elle pas pu tomber sur un Faël plutôt que sur deux meurtriers en herbe ? Enfin. De ce qu’elle en savait, les Faëls pouvaient tout aussi bien être des cannibales au goût particulier pour les jeunes égarées.
- Cet homme est lié de près ou de loin au meurtre de ta cousine. Si nous nous sommes battus, c'est parce que je pensais qu'il en voulait à ta vie et que je refusais de le voir te sacrifier après ta famille. Je sais ce que c’est, de la perdre. Et de vouloir se venger. J’en connais le prix. Je l’ai payé. Mais je te le dis, quoi que tu fasses, ce que tu as de brisé au fond de l’âme, le restera à tout jamais. Rien ne la ramènera.
Merci, j’avais véritablement besoin d’un rappel que mon cas est sans espoir. - Et si je ne désire qu’une simple vengeance, bête et méchante ? murmura-t-elle, imperceptible.
Elle ne demandait que justice. Elle se doutait qu’arracher la tête du meurtrier ne changerait en rien la réalité. Que rien ne ramènerait plus Nahi. Que plus jamais elle ne verrait son sourire. Reste que rendre la monnaie de leur pièce aux responsables était la seule idée qui lui apportait un quelconque réconfort. Sa réaction était puérile et irrationnelle, mais c’était l’unique issue qui se présentait. Elle ressentait la nécessité de mettre fin à cette histoire avant d’envisager de se lancer dans quoique ce soit de neuf. Ce serait là son ultime hommage à sa passeuse.
- Je vais la chercher, après, nous partirons.
Aelya sortit de ses pensées et tourna la tête vers l’homme qui se levait en direction des aires boisées. Il devait parler d’Ambre. La gosse avait donc encore disparu…
- Attendez, je vous accompagne.
La bleuté se leva, tâchant de ne pas faire remonter son modeste accoutrement. Ils l’avaient assez vu en sous-vêtement pour le restant de ses jours. Le ciel s’était largement assombrie, s’ils ne trouvaient pas Ambre dans la dizaine de minutes qui suivait, la nuit tomberait et la fillette risquerait de prendre peur et deviendrait bien plus difficile à trouver dans le noir. La jeune fille balada ses yeux à travers les feuillages, chercha une singularité dans le décor vert qui fonçait de seconde en seconde. Une tâche noire, couleur des cheveux de l’enfant, apparu au loin et la terrienne décida de la suivre, ignorant royalement les chemins empruntés par les deux hommes.
- Ambre ? Plus elle s’enfonçait, plus elle réalisait que la fillette n’était pas près de là. Le noir n’avait dû être qu’une illusion d’optique. Pourtant, le sol semblait récemment foulé, les herbes étaient écrasées et un chemin boueux se détachait. Peut-être s’était-elle simplement éloignée ? La bleuté traqua les traces visibles et s’engagea encore plus profondément.
- Ambre ?
Le souvenir de la bête qu’elle avait croisé lors de sa première traque de l’enfant lui revint à l’esprit. Elle espérait sincèrement de pas faire de mauvaise rencontre supplémentaire. Bien entendu, une seconde n’eut pas le temps de s’écouler qu’un hurlement inhumain résonna puissamment entre les branches et les buissons. Alors, la chose responsable des traces apparut enfin. Aelya fit autant de pas en arrière qu’elle put, terrifiée et incapable de bouger ou de hurler. C’est une sorte de cochon bipède vert, sorti tout droit de ses pires cauchemars. Ses faciès étrange était couverts de boutons tous plus purulents les uns les autres et son corps était négligemment recouvert de bouts de métaux liés entre eux. S’ajoutait à cet horrifiant portrait une paire de crocs qui ferait pâlir Dracula et un sourire malsain de prédateur ayant trouvé une proie. Aelya ne savait plus où se mettre. Puis, il grogna, prêt à charger pour attaquer la terrienne. Alors, l’idée de la pierre lui revint à l’esprit. Allez magie insensée, c’est maintenant ou jamais . Elle traça dans son esprit un bloc d’obsidienne immense, à la masse dépassant aisément la tonne. Elle le plaça un mètre au-dessus de la tête de l’être puis pria très fort pour que son plan fonctionne, supplia la magie qui régissait ce monde d’être de son côté. Elle sprinta dans la direction opposée, plus vite qu’elle ne s’en pensait capable, le souffle court et le cœur battant à la chamade. Derrière elle, le « boum » de la chute de pierre retentit à l’infini, surprenant aussi bien la chose que la jeune fille. Puis, un nouveau grognement, qui ne tarda pas à lui glacer le sang.
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Caym Cali
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07.06.17 18:47
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Alex Clorem
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19.06.17 15:03
Quelques marques dans la terre. Légères. Des pas peut être. Ou des pattes. Traquer un enfant était à la fois plus complexe et plus facile que les adultes. Leurs mouvements étaient erratiques mais leur traces plus légères. On ne chassait pas le lapin comme la biche. En outre, Ambre était particulièrement frêle et délicate. Mais également imprudente. La végétation florissante et immaculée du printemps lui offrit ce qu’il lui manquait. Quelques plantes écrasées, quelques brindilles fendues. Et une ligne droite. Alex porta son regard aussi loin qu’il le pouvait dans le jour déclinant. Ambre avait vu quelque chose. Elle n’était pas partie explorer ou elle n’avait pas fui. Elle avait suivi une seule direction sans se retourner.
Le pirate porta son regard alentour, Aelya avait disparue. Il se redressa pour apercevoir ce qui aurait pu motiver sa soudaine fuite. Ou poursuite. Le calme des bois fut sa seule réponse, oppressant. Et Alex n’appréciait guère de se retrouver à nouveau en compagnie de Cali. Mais là n’était plus la question. Il devait suivre sa piste et tant pis pour les deux autres. Même si la terrienne lui avait offert son aide, il ne lui devait rien. Il fallait qu’il se tienne à cette idée. Au vu de ses réactions, elle n’achetait sûrement pas les explications que lui avait fourni Alex. Et la façon dont Cali la regardait comme un loup affamé ne lui donnait pas grand espoir quand à son envie de l’abandonner. Il allait partir quand un chuintement l’en empêcha.
Cali venait d’abattre un ennemi d’un seul mouvement, comme l’on pouvait s’y attendre d’un guerrier de sa trempe. En revanche, ce dont Alex n’avait pas prévu, c’était de tomber sur un guerrier cochon. Il observa la masse ensanglanté plus loin. C’était parfaitement inhabituel, même pour lui. Un Raïs aussi loin des frontières ? Il ne fit que quelques pas en direction du mercenaire avant que le cri ne déchire la nuit. Un autre. La situation devenait de plus en plus problématique L’humaine risquait de se faire tuer. Il avait plus confiance en Ambre, mais la petite restait une gamine. Il suffisait d’un moment d’inattention pour qu’elle se prenne une claque et qu’elle finisse dans les vapes. — J’espère pour toi que ta gamine a eu la présence d’esprit de se cacher…
Alex croisa le regard du mercenaire. Sans répondre. Il ne savait pas ce qui était le pire. Ambre ne se cachait pas. Qu’elle ait un tigre des plaines en face d’elle ou une armée de Raïs, il était sûr qu’elle serait totalement inconsciente et foncerait dans le tas. Si elle ne se faisait pas tuée par une flèche bien ajustée avant. A croire qu’on lui avait appris qu’elle ne pouvait pas mourir. En l’occurrence, si elle ne se cachait pas… Les dégâts pourraient faire mal. Ambre pouvait perdre le contrôle, il le savait. Et si elle tombait sur la terrienne pendant une de ses crises… Il ne donnait pas cher de sa peau.
Alex sortit son sabre de son fourreau avant que les autres Raïs ne les encerclent. Leur présence aussi loin dans l’empire devra trouver une réponse plus tard. Mais pour l’instant, il fallait retrouver la gamine le plus vite possible. Et cette masse de combattants étaient très problématique. Les guerriers cochons étaient aussi belliqueux que ce que l’on racontait. Et aussi idiot. Ils criaient et agissaient comme des animaux. Comment une armée pareille pouvait tenir tête à l’empire… Il se le demandait.
— Arrêtez vous ! Je suis un enfant du Chaos et vous devez respecter mes ordres.
Alex haussa un sourcil lorsque la horde s’interrompit, prête à fondre sur eux. Il y aurait presque cru. Le temps sembla s’arrêter un très bref instant. Et il reprit son cours tout aussi vite. Les Raïs déferlèrent sur eux. Mais le dessin de Cali stoppa l’assaut une nouvelle fois. Des rayons de lumière diffuse s’élevaient vers le ciel, tout autour d’eux. Les protégeant. Même s’il méprisait le mercenaire, il ne pouvait s’empêcher de jeter un regard impressionné à son travail. Voilà donc l’étendue de son pouvoir et de sa maîtrise. Étrangement et malgré le fait qu’il ne l’aurait jamais avoué, cela lui insufflait une certaine notion de respect. Et d’humilité. Nul doute désormais que Cali aurait pu aisément vaincre lors de leur combat. Mais il s’était retenu. Son don l’avait même protégé indépendamment de sa volonté. Jusqu’où la puissance de cette homme s’arrêtait-elle donc…
Les Raïs rebondissaient contre la paroi immatérielle et Alex se promit de ne plus sous estimer Cali. Ni même de lui chercher querelle. Sa vie en dépendait, ainsi que celle de la gamine. Le pirate se reprit au moment où le mercenaire reprenait la parole. — Je te laisse chercher ta gamine, je m’occupe d’Aelya. Si au passage tu pouvais éviter de trop les tuer, ça serait sympa. Les raïs sont bêtes, sème-les et fais-les tourner en bourrique. Dans l’obscurité et les bois, ils n’ont aucun avantage.
Le conseil était logique. Et c’était de toute façon ce qu’il comptait faire. Mais qu’il le lui offre était surprenant. Il observait Cali d’un oeil nouveau, bien que méfiant, se demandant si un certain code d’honneur pouvait se cacher sous ses traits de vipère. — Je ne compte pas passer la nuit à combattre, c’est certain. dit-il en hochant la tête dans sa direction. — Et si jamais tu es submergé, tu peux hurler…
La plaisanterie faillit produire une esquisse de tremblement au coin de ses lèvres. En y repensant, il n’était sûrement encore vivant qu’à cause de la présence de la terrienne et de son propre lien avec l’enfant. Cette pensée ne lui sembla pourtant pas effrayante de la façon dont il l’aurait voulu. S’il mourrait, ce n’était pas lui qui en pâtirait. Alex se contenta d’hausser un sourcil vers Cali pour lui signifier que ça ne risquait pas d’arriver. Il ne s’essayait que rarement à l’humour mais… — Si jamais c’est le cas, je prendrai la voix de la terrienne pour que tu accours plus vite. — Si je tombe sur ta fillette je te le ferais savoir.
Alex ne savait pas s’il pouvait lui faire confiance, mais il n’avait pas le choix. Sans plus attendre, il s’engouffra par la piste laissée par l’enfant. La nuit approchait et c’était sa dernière chance pour la retrouver sous les épaisses frondaisons. Il s’éloigna du campement et de la lueur du dessin de Cali pour se retrouver seul. Ses sens en alerte ne percevaient aucun autre ennemi dans les parages. Vu le bruit qu’ils faisaient, rater les guerriers cochons n’était plus une option pour lui. Il ne pouvait cependant pas se risquer à appeler Ambre sous peine d’être révélé. Dans les bois, les cris des raïs se multipliaient, se séparaient, se regroupaient. Il lui était assez facile de les éviter, pour l’instant.
Alex continua son évolution parmi les arbres. Il avançait vite, mais devait souvent s’arrêter pour vérifier que la piste s’étalait toujours devant lui. Des traces de sang apparurent et rapidement le premier Raï encerclé d’une boue ensanglanté. Mort. Les blessures encore fraîches laissaient couler les dernières gouttes du cadavre exsangue. Des petits trous, comme percés par des lances effilées. La trace d’Ambre. Toujours les mêmes techniques de combat. Comme un petit soldat entraîné depuis son plus jeune âge aux meurtres et aux massacres. Mais tellement efficace au vu de son don si particulier. Alex se redressa après avoir observé les impacts du corps du guerrier cochon. Il ne lui faudrait donc plus qu’à suivre la piste de cadavre.
Il croisa la route de trois autres Raïs morts de la même façon. Les plaies béantes, sans avoir eu l’ombre d’une chance. C’était inquiétant. Chaque nouvel ennemi ferait s’approcher Ambre de son point de crise. La soif de sang risquait de se réveiller. Et avec elle, le monstre. Alex ne pouvait s’empêcher de penser au formidable pouvoir qu’elle détenait. Les dessinateurs étaient tous capable de ces actions, mais le fait qu’elle soit si jeune ouvrait tant de possibles. Aussi lumineux qu’obscures. Que deviendrait-elle. Une enfant maudit, incapable d’accepter les règles de ce nouveau monde. Un outil, utilisée par les puissants afin d’assouvir leurs désirs égoïstes. Ou un danger incurable, vouée à disparaître sous la lame des justes. Le pirate voyait difficilement un avenir radieux et simple pour elle. La vie ne l’avait plus habitué à croire et espérer.
Des bruits. Un corps tombant à terre sous les cliquetis d’une armure dépareillée. Mais pas une parole ou un borborygme. En écartant la branche du buisson qui lui cachait la scène, Alex ne perçut qu’un instant trop tard, l’appel de Cali. Il ne pouvait plus se permettre de se retourner. De répondre ou de faire un geste. Son attention était totalement focalisée sur le point devant lui. A la manière des marchombres et dans le silence le plus total, il avança vers le Raï qui venait de mourir. Devant lui, la fillette. Debout, elle regardait le cadavre, immobile. Il fallait qu’il l’atteigne. D’une manière ou d’une autre. Et dans le meilleur des cas, qu’il l’assomme. Tout autour, les autres guerriers cochons rôdaient. Le martèlement de leur sabot, leur langage animal. Ils devaient se sortir de ce guêpier.
Un pas après l’autre. La tête d’Ambre se souleva légèrement, comme si elle suivait un papillon s’élevant lentement dans les airs. Pour se stopper. Soudain, elle regardait Alex. Comme s’il n’y avait eu aucune transition. Sa tête se tournant si vite vers lui, comme si elle avait toujours su. Mais elle n’avait pas pu le savoir. C’était impossible. Quand les yeux d’Alex se posèrent sur les billes noires de la gamine, une décharge d’adrénaline fusa dans ses veines. Le temps ralentissait alors qu’une énergie folle pulsait dans ses muscles, là où le calme parfait régnait quelques secondes plus tôt. La peur avait tout remplacé. Avec la certitude qu’il allait mourir. Sa position n’était pas bonne. La distance non plus. Ni le temps dans lequel il était. Rien n’allait. Et il savait que dans une seconde, tout au plus, il allait subir ce qu’il avait si souvent vu. Le dessin naissait sous ses pieds. Il ne le sentait pas, mais il le savait. Dans ce temps d’éternité que lui offrait son corps pour contempler sa propre mort, il avait tout loisir d’élaborer des plans savant jusqu’à la fin du monde ou de revisiter sa vie passée. Tout. Doucement. Vers La fin.
Malgré son inéluctabilité, Alex avait un avantage, comparé aux victimes précédentes d’Ambre. Il savait ce qui allait lui arriver. Il l’avait vu. Petit soldat mécanique. Reproduisant les mêmes schémas. Alors peut être qu’il pourrait… Pousser sa jambe droite. Plier son cou. Déplacer son bassin. Se ramasser légèrement sur ses genoux. Et une fraction de seconde après qu’elle se soit retournée… Les pieux noirs s’enfoncèrent dans sa chair, comme des lames de lave. Perçant sa peau, déchirant chaque centimètre de muscles, fendant les os qu’elles croisaient jusqu’à ressortir à l’air libre. Le cerveau d’Alex mis une seconde à traiter l’information multiple de la douleur qu’il recevait. Seconde pendant laquelle il eut le temps de se rendre compte d’une chose très simple. Il avait réussi à survivre. Un pieu s’enfonçait dans son épaule en traversant l’aisselle. Un autre avait manqué sa jugulaire, laissant un sillon de feu dans son cou. Un autre avait traversé sa jambe, manquant l’artère fémorale. D’autres encore avaient évité les organes vitaux. Il pourrait survivre. S’il n’avait pas été dans une forêt, encerclé par des guerriers.
Les pieux s’évanouirent alors que la souffrance l’assaillait. Ambre n’avait pas bougé. Seule la perplexité se peignait sur ses traits. La surprise même. Puis, comme un début de compréhension de ce qu’elle venait de faire. Une réalisation soucieuse. Mais toujours la même noirceur au fond des yeux.
Alex ne perdit pas de temps et s’avança vers elle en gémissant. Son corps était en état de choc. La multiplicité des agressions qu’il venait de subir laissait son cerveau dans la confusion. Trop occupé à s’organiser, à faire face à toutes les informations chaotique qui s’enchaînaient, à la peur et la suite qui allait arriver. Il savait qu’il souffrait, mais il ne le sentait pas. Tout était apaisé derrière un voile de brume, qui se levait petit à petit. Alors de ses dernière forces avant de se faire immergé, il allait agir. Arrivant à la hauteur de la gamine qui l’observait toujours, il lui envoya un coup dans la tête. Assez fort pour la faire tomber dans les vapes sur le coup. D’une main, il la rattrapa avant qu’elle ne tombe à terre et la fourra sur son épaule. Ses plaies suintaient le sang à divers endroit de son corps, mais au moins il bougeait. La scène n’avait duré que quelques secondes. Rapide et irréelle.
Tout autour la forêt baignait d’obscurité lui semblait étranger. Alex voyait le monde entier à travers un film opaque. Comme s’il était enfermé dans une bouteille de verre. Il attendait. Il savait qu’il devait attendre. Mais il ne savait plus pourquoi. Pour quelqu’un ? Ses yeux scrutaient les arbres sans qu’il se déplace. Il devait économiser ses mouvements. Chaque son résonnait et il lui était difficile de comprendre leur origine. Partout à la fois. Les ennemis continuaient-ils de les encercler ? Il ne savait pas. Mais il faudrait bientôt fuir.
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28.06.17 21:38
Lorsque rien ne reste
"I remember when, I remember, I remember when I lost my mind..." Music
Qu’étaient-ils ? Quelles maudites créatures des Enfers étaient à nouveau venues se venger de sa survie ? Les questions fusaient dans son esprit, les mots s’enchaînaient plus vite que ses pas maladroits dans l’obscure forêt. Elle était terrifiée à nouveau, comme si les rares instants de calme devaient se contenter du rôle d’accalmie dans l’horreur qui tonnait, irrégulière mais déterminée à rester. Son pied se prie dans une pierre et elle se réceptionna miraculeusement sur ses bras, s’évitant une nouvelle blessure. Derrière elle, les grognements s’étaient arrêtés. Ne restait des cris et des appels que bien au loin. Il y en avait d’autres, c’était indéniable, mais dans l’immédiat, elle ne risquait rien. Mais pour très peu de temps. Elle devait urgemment regagner le camp. L’exploit qui l’avait débarrassé de la première bête ne serait pas aisé à reproduire. Une fois debout, son regard s’envola à nouveau vers la créature qui baignait dans la lueur légère de la lune, comme si il lui était imposé de s’attarder sur ce qu’elle venait d’annihiler. Une pierre était enfoncée profondément dans son crâne, révélant des bouts de cervelles qui trempaient dans un liquide épais, rouge et sale. Purement écœurant. Malgré ses haut-le-cœur, Aelya ne pouvait détacher son regard du morbide spectacle. Elle était, qu’elle le désire ou non, la cause du décès. La créatrice de cette scène gore et surréaliste. Du bout de sa mémoire, elle caressa l’étrange pouvoir. Elle avait voulu qu’apparaisse un énorme rocher pour la débarrasser du monstre, et un énorme rocher était apparu et l’avait débarrassé du monstre. Elle n’était pourtant ni dieu ni magicienne, à sa connaissance. Si ? Son aventure prenait de plus en plus les couleurs d’un rêve, d’un cauchemar. D’un coma. Peu importe dans quelle illusion elle se retrouvait, ça ne pouvait en aucun cas être la réalité. Les monstres à tête de cochons n’existent pas. Les étranges pouvoirs non plus. Il n’y avait rien que Google n’ait su répertorié, et aucune recherche ne menait à pareilles choses, n’est-ce pas ? Ça se saurait, si des adolescentes pouvaient créer des objets à volonté. Le New York Times y aurait consacré un numéro entier, et elle n’en ratait pas un. Les théories comploteuses elles-mêmes ne s’aventuraient pas si loin, se limitaient peut-être à du vaudou et autre cérémonies dont les conséquences ne sont pas véritablement vérifiable. Elle n’avait mis nulle épingle dans aucune poupée, et aucune magie n’était décrite comme aussi affreusement efficace que celle qui avait créé ce rocher. Et les hybrides cochons-humains à crocs dépassaient même le plus malsain des esprits. C’était nécessairement, logiquement, rationnellement un rêve. Alors pourtant tremblait-elle ? Pourquoi ses réflexes de survies étaient-ils en garde, attendant qu’une nouveauté sorte des buissons ? Pourquoi se sentait-elle si petite et en danger ? Après tout, si rien n’était vrai... Ou alors, peut-être ce contact doux et fort qui englobait son poignet, comme s’il n’était qu’une main d’enfant était-il réel. Mais Aelya ne voulut se prononcer sur la voix chaude qui vint lui murmurer à l’oreille des paroles auxquelles elle ne prêta pas attention. Peut-être avait-elle crée Cali comme elle avait créé cette roche. Ce monde pouvait parfaitement être une entière création d’un esprit malade ou drogué. Elle avait peut-être avalé un aliment peu net dans la boîte de nuit. Mais pourquoi diable un rêve l’attaquerait-elle ? Cali l’entraîna dans un arbre, sûrement pour échapper aux monstres. Elle suivit le mercenaire par automatisme, sans réfléchir, contrairement à son habitude. Son esprit ne reprit conscience de la réalité qu’une fois que Cali commença à grimper, après lui avoir lancé un clin d’œil charmeur. Il exagérait. Ou alors, elle interprétait mal les gestes de cette illusion étrange au regard d’acier et aux muscles saillants. Illusion ou non, il ne tarda pas à l’impressionner. Jamais Aelya n’avait vu tant de légèreté et de beauté dans un geste, tant de naturel et d’aisance entre des branches. Loin de grimper, il volait, le tout dans une chorégraphie aérienne du meilleur goût. Tandis qu’elle suivait des yeux son jeu entre les branches, la mémoire kinesthésique d’Aelya s’activa, réveillant ses muscles et sa posture. Son plus beau sourire sur les lèvres, son regard suivant savamment le bout de ses doigts, elle balança sa jambe à travers la branche, ne se priva pas d’un tour. Dans sa tête, la mélodie du Rubis de Balanchine résonnait. Provocatrice, dissonante et superbe, parfaitement adaptée. Elle se perdit bientôt dans ses vielles habitudes. Son corps reprit candidement les arabesques et attitudes dont il avait été privé, dans les airs comme un poisson dans l’eau. La douce caresse de l’air semblait avoir doté la bleuté d’ailes, et elle ne se privait pas d’en user. Cali ne la regardait peut-être pas, mais elle rivalisait de souplesse, d’élégance, d’audace, parvenant tout de même de conserver le silence nécessaire à leur survie. Seules les prises de ses mèches bleues dans les branches créaient un froussement discret. La vue était magnifique, et Aelya cessa parfois sa dance pour chercher du regard les monstres, ou la petite fille. Celle-ci était toujours portée disparue, même si l’arrivée de Cali l’avait rassuré. Cela devait signifier que son père la recherchait plus activement, et qu’il savait le danger qui guettait. Elle releva sa tête vers le haut, croisant le regard furtif du mercenaire qui la traversa, en s’attardant à nouveau. Cela devait être la troisième ou la quatrième fois. Dans l’obscurité, elle s’empourpra légèrement. Elle ne parvenait pas à décrypter ses pensées. C’était aisée, d’accoutumé. Elle savait reconnaîtra la jalousie, le désir, le mépris, l’admiration. L’opinion des autres n’était en aucun cas un secret pour elle. Du moins, jusqu’à ce que son chemin croise celui de Cali, qui demeurait à la fois fasciné (c’était la seule émotion qu’elle devinait), fascinant et indéchiffrable. Son regard revint sur elle et s’accompagna d’un sourire auquel elle répondit timidement. Il la perturbait grandement, mais elle n’aurait jamais osé l’avouer. « Clorem » lança Cali dans l’obscurité, le regard fixé vers le sol. Celui Aelya le suivit, et reconnu rapidement le pirate au sol. Avec une discrétion féline, il traquait, cherchait, s’infiltrait, retrouvait, essayait et s’éloignait. Un tigre recherchant sa proie, un tigre sauvage devant lequel aucun ours n’aurait eu sa chance. Les deux hommes n’étaient pas normaux. Et elle n’était vraiment pas fameuse. L’arbre, qui s’était pourtant montré allié jusqu’ici, commença à gagner en abrasivité. Le souffle de la jeune femme s’écourtait à nouveau et Aelya sentait la couture près de la hanche se mouvoir sous les frottements successifs des feuilles. La douleur qui en émanait était sourde mais aigüe, juste ce qu’il fallait pour la déconcentrer. Ses doigts s’accrochèrent avec difficulté à la branche suivante. Elle voulait s’arrêter, mais Cali était encore haut. Elle monta donc son bras une nouvelle fois, dans une ultime tentative. Avec un petit cri, elle lâcha la branche, ne se rattrapant que de peu. Son poids entier tenait sur sa pointe tendue et une petite excroissance du tronc principale qui lui tenait lieu de prise. Aelya ne se risqua pas à regarder en bas. Elle reposa avec précaution sa pointe et laissa son autre pied rejoindre la même branche. Puis, elle encercla le tronc et appuya son front contre le bois, qui acheva de la convaincre qu’elle rêvait. Un battement résonnait à travers l’arbre, au rythme régulier et lent. A moins que ce ne fût sa tempe qui menaçait d’exploser. Elle ferma les yeux un instant, reprit son souffle. Quand elle les rouvrit, il faisait toujours nuit, elle était toujours dix mètres au-dessus du sol et Cali l’attendait toujours plus haut dans les branchages. Elle soupira et reprit son ascension, plus doucement et plus sûrement, prenant gare à assurer ses prises et à n’effleurer aucune des zones qui avaient été recousue. Auparavant, elle se pensait assez résistante mais réalisait brutalement à quel point telle avait eu tort. Elle ne devait sa survie qu’à la chance. Ses muscles étaient faibles, son endurance déplorable et même sa souplesse ne valait pas celle du mercenaire. Elle avait énormément à apprendre. Ce dernier s’était arrêté à peine quelques mètres plus hauts, sans qu’Aelya sache s’il avait pris sa chute en compte ou non. Sans demander son avis, la danseuse agrippa sa cuisse et l’usa pour rejoindre une branche à peine en dessous de la sienne.
- Je ne rêve vraiment pas, non ? lâcha-t-elle après un court silence.
La question était devenue rhétorique. Elle s’étaient pincée bien assez de fois pour savoir qu Elle se servit une nouvelle fois de l’homme pour s’équilibrer et laissa son regard se perdre dans la drue forêt. Ils devaient être quinze ou vingt mètres au-dessus du sol, et la vue était à couper le souffle. Des mouvements grouillants au sol, semblables à des fourmis, lui confirma que les monstres étaient toujours présent, et toujours vivant.
- Que sont-ils exactement ? Et que veulent-ils ?
Quelque chose lui disait que Cali savait quelque chose. Peut-être était-ce même en rapporta avec cette guilde contre laquelle Alex Clorem l’avait mis en garde. Avait-elle eu tort de ne pas le prendre au mot ? Elle balaya l’idée d’un coup de tête. De nouveau, il lui avait sauvé la vie. Ne pas lui faire confiance était de l’ingratitude pure et simple, en plus d’être folie et danger. Ses intentions pouvaient ne pas être les plus lumineuses qui soient, restait qu’elle ne respirerait surement pas si il n’avait pas été là. Mercenaire ou pas, elle lui devait beaucoup trop. D’un geste las, elle passa sa main dans ses cheveux et les débarrassa de l’excès de feuilles qui les avait envahis. Ses cheveux bleus avaient gagné un volume assez ahurissant et lui donnait un air sauvage sous la pâle lumière lunaire. Elle fit jouer son coup et ses articulations, se permit même un étirement fort bienvenu bien qu’assez étrange dans une situation semblable. Elle n’avait pas peur du vide, et c’était fort heureux. Une fois désengourdie, elle figea son regard bleu dans les yeux aciers de mercenaire. Ils semblaient luire dans l’obscurité, ajoutant au mysticisme qui entourait l’homme. Encore une fois, indescriptibles. Qui donc était-il réellement ?
- Une dernière question, Cali, murmura-t-elle. Comment ai-je fait pour faire apparaître la pierre ? Elle sortait de nulle part. Et ce n’est pas la première fois. En bas, la foule immonde semblait converger vers un point précis. Un cercle d’affreux s’était formé dans une clairière aux alentours.
- Attends…
Une nuée sombre venait d’apparaître, paraissait décimer les monstres qui tombaient un à un dans des grognements à faire pâlir à mort, comme terrassés par une peste fulgurante. Au centre, deux formes humaines, une minuscule et l’autre…à genoux, touchée elle aussi. Il ne devait pas y avoir tant d’humains dans la région. C’était nécessairement…
- Ambre et Alex ! s’écria-t-elle en désescaladant. La prudence dont elle avait fait preuve s’était évaporée. Les monstres savaient-ils manier de cette étrange magie, eux aussi ? Si c’était le cas, ils étaient responsables de la nuée meurtrière et les deux compagnons ne feraient pas long feu. Elle sauta des branches, fit des chutes contrôlée et l’ascension qui avait duré presque une dizaine de minute se vit annuler par une descente de quelque secondes. Aelya ne demandait même pas à voir l’état de sa chevelure. Ses pieds résonnèrent douloureusement sur le sol quand elle atterrit, sans qu’elle y prête attention. A l’heure qu’il était, Alex et ambre risquait peut-être la mort, celle-là même qu’elle avait tant évincé.
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Caym Cali
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03.07.17 23:27
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06.07.17 22:52
Lorsque rien ne reste
"Ô doux soleil du matin, qui éclaire nos jours et fait rougir le destin Chaque soir, je n'attends rien, si ce n'est le geste tendu de ta si belle main" Music
Cali ne tarda pas à la rejoindre, le regard inquiet. Qu’était donc ce nouveau cataclysme qui s’abattait sur les créatures ? Cela n’avait aucun sens. Ce ne pouvait pas être les « Raïs », comme le mercenaire les avait nommés. Ils ne pouvaient pas être fous au point de causer leur propre disparition. Était-ce l’enfant, alors ? Aelya l’avait pourtant cru terrienne. Les apparences prouvaient encore une fois leur inconsistance dans cet univers, et la gamine aux yeux de biches était-elle aussi une sorcière ? L’attaque avait été éclair. Le temps d’un souffle, d’une chute, et il ne restait plus au sol que des cadavres troués de milles coupures. Le spectacle était morbide et écœurant. Les raïs, déjà laids dans leur vie, devenaient horrifiants une fois allongés mollement sur le sol. Aelya tâchait de ne pas se concentrer sur leurs restes immondes, et d’oublier l’odeur exécrable qui avait envahi la forêt qu’elle avait une terrible envie de quitter. Il lui fallait tout de même retrouver Ambre et son père. Que leur était-il arrivé ? Qu’était cette avalanche de traits meurtriers ? Les questions se bousculaient dans son esprit, comme à leur agaçante habitude, tandis qu’elle essayait d’éviter au maximum les corps des hommes-cochons. Heureusement que ses pieds n’avaient pas pris l’habitude d’être choyés. Elle sautillait, frôlait le sol d’une pointe légère, parvenait à maîtriser son équilibre. Sa progression eût sûrement été rapide si Cali ne l’avait pas retenu par le poignet. Il rejoint, comme une ombre mouvante au contact brûlant, ses côtés. De sa présence et de sa proximité émanait une force que la jeune fille pouvait difficilement ignorer. Il lâcha progressivement son poignet, presque avec regret, jusqu’à ce que sa poigne sévère ne fût plus qu’une douce caresse qui s’estompait. Son autre main, non moins forte ni fiévreuse, dirigea bientôt les doigts tendus de la jeune fille vers le manche d’une des lames qui reposait autour de sa taille. La danseuse devinait ses intentions, qu’il confirma de son regard d’acier. Sa tension et son appréhension se plongèrent dans le gris à la fois dur et rassurant de l’homme et elle agrippa fermement l’arme. Bien vite, trop vite peut-être, il ne devint qu’un vif soupir sur sa chair et l’abandonna dans un dernier frisson pour rejoindre la tragédie dont il lui interdisait l’accès. Il lui fit signe de demeurer dissimulée et silencieuse. La bleuté s’exécuta à contrecœur, moitié confiante, moitié inquiété. Tandis que le mercenaire s’évaporait derrière un buisson, Aelya regarda la hachette. Elle était d’une taille respectable et affreusement aiguisée. La jeune fille ne douta pas une seule seconde de son potentiel meurtrier. D’un doigt curieux, elle caressa son tranchant et jugea de la ligne vermillon qui ne tarda pas à se tracer. Elle leva un sourcil, entre suspicion et approbation. Elle n’avait jamais utilisé d’autre arme blanche que le petit canif de New-yorkaise qui la suivait lors de ses escapades nocturnes. La hachette était un tout autre niveau, et elle se demandait sincèrement si elle parviendrait à la manipuler. Toujours est-il qu’elle la tint fermement, tranchant vers le haut et à deux mains. Restait à espérer que ses instincts de bûcheron caché suffiraient. Elle s’avança doucement, avec précaution. Autour d’elles, les corps lacérés se multipliaient. On eût cru à un paysage d’apocalypse, d’Armageddon. La fatalité avait frappé chacune des créatures, sans leur laisser la moindre chance de survie. Que serait-il arrivé si Cali n’avait pas eu la présence d’esprit de monter dans l’arbre ? Elle jeta un dernier regard au végétal salvateur qui disparaissait dans l’obscurité nocturne. Un nuage passa devant l’astre lunaire, rendant le décor encore plus difficile à distinguer. Aelya ne pouvait deviner que les contours de Cali, furtif et glissant, aussi fuyant que la lumière pâle du satellite de la Terre. La bleuté secoua la tête. Elle devait arrêter de comparer, de comprendre ce monde comme la terre. Qu’un astre voisin y soit également visible n’était en rien une garantie. Un bruit sourd détourna l’attention de la jeune fille, la dirigea vers une bande de raïs insatisfaits. Certains avaient donc survécu à l’attaque. Quelle fade fatalité que voilà ! Cali, toujours aussi à l’aise dans la pénombre, se tourna de nouveau vers elle.
- Surveille les environs, je vais voir s'ils ont survécu, lui ordonna-t-il
« Survécu ». Le terme la frappa l’espace d’un instant avant qu’elle n’acquiesce silencieusement. Elle serra la hachette encore plus fortement entre ses doigts. L’arme commençait à lui peser, malgré sa masse acceptable. L’homme s’avança vers la partie la plus fournie en cadavre, au centre laquelle trônait leurs deux compagnons. Que c’était-il passé ? Le père était allongé sur le ventre, empli de terre et d’égratignure sans compter…la hache ?! Une hache énorme était figée dans son dos. Les raïs avait-il réussi à le toucher ? En plus de la tempête noirâtre ? Aelya faillit oublier les recommandations de Cali et se jeter sur le pirate. Un coup de hache situé si stratégiquement était fatal. A l’instant où cette pensée se frayait un chemin dans son esprit, l’arme s’évapora. Pouf. Plus rien. La bouche d’Aelya s’ouvrit. Se ferma. Se rouvrit. Se referma. La question faillit obtenir de privilège de passer par ses cordes vocales, avant qu’elle ne s’arrête. Le calme olympien de Cali lui répondait. Ce devait un dessin. Ainsi, au-delà de savoir faire apparaître des objets, il était capable de les faire disparaître à sa guise, comme s’ils n’avaient jamais existé. Avaient-ils seulement existé ? Ces apparitions meurtrières n’étaient-elle que de sinistres illusions ? Si oui, comment avait-elle écrasé le crâne du Raïs ? Les Raïs existaient-ils vraiment ? L’absurdité de son questionnement frappa encore une fois la jeune fille. Elle était à quelques secondes près de remettre en question le bleu du ciel. Ou son noir, vu l’heure. Près d’elle, Cali prit l’enfant dans ses bras, usant encore de cette douceur qu’elle ne lui comprenait pas. Il la lui confia avant de se rediriger vers son sac de soigneur. Il allait une nouvelle fois sauver une vie. Comment pouvait-on espérer qu’elle le pense meurtrier ? Un assassin tuait des gens, ne les guérissait pas. Ambre pesait un peu dans ses bras, et Aelya prit bien gare à tenir la lame de la hachette éloignée d’elle. Elle avait l’air intact, immaculée, touchée ni par les flèches ni par les bêtes. Elle la lova contre son torse, sa tête endormie sur son épaule. Le souffle léger qui résonnait près de ses oreilles la rassura. Elle devait tout bonnement être épuisée. L’odeur entêtante de mort se rappela soudain aux narines d’Aelya. Elle devait s’éloigner, et éloigner l’enfant du désastre.
- Je retourne au campement, je vais essayer de l’arranger un peu, lança-t-elle à l’homme
La fillette, bien qu’elle soit exempte de cicatrice, était recouverte de terre et ses cheveux avaient pris une texture poisseuse. Rien qu’un peu d’eau ne sut arranger. La lune avait eu la gentillesse de se montrer, et son chemin fut légèrement plus simple à trouver. Fixée sur son objectif, Aelya ne baissa pas son regard sur les corps atterrés. Assez d’horreur pour la journée. Elle ne rêvait plus que de se blottir sous une couverture ou dans des bras conciliant, et attendre que tout se passe. Une fois arrivée, elle posa mollement la fille non loin des flammes et se mit à la recherche d’une gourde. Elle n’avait ni l’énergie ni la volonté de retourner à la source aqueuse. Après avoir farfouillé pendant quelques minutes, elle la trouva et rejoint la jeune fille, éclairée par le lèchement des flammes. Tout en nettoyant au mieux l’enfant, les paroles inachevées de Cali lui revinrent à l’esprit. Il avait dit qu’elle avait « dessiné » une pierre, mais que cela aurait tout aussi bien pu être de la lumière. Elle l’avait interrompu devant la vision d’Alex et d’Ambre, mais l’idée l’avait frappée. Le dessin ne se limitait donc pas aux objets matériels. Une fois l’enfant propre, débarrassée de toute poussière, la jeune femme la recouvrit du bas de la tunique que Cali lui avait donné, faute de mieux. Le soir commençait à se faire froid et un rhume serait une conséquence bien absurde d’une telle aventure. Le vêtement était si large qu’il recouvrait sans peine l’enfant. Aelya se leva et s’étira. Son dos et ses articulations étaient dans un piteux état. Dans un soupir salvateur, elle se plia en deux et saisie ses chevilles, laissant ses cheveux caresser le sol. Elle tint la pause quelques secondes puis se releva, et développa sa jambe tout aussi engourdie. Devant son absence de pantalon, elle arrêta sa progression aux genoux, goûtant tout de même la force de ses muscles et son pied pointé à l’extrême. Cela devait faire un peu plus de vingt-quatre heures qu’elle n’avait pas enfilé son justaucorps et la danse lui manquait affreusement. Elle se leva, étira ses bras et mis fin à sa chorégraphie basique. Il eut été inconvenant d’en commencer une plus complexe dans un tel environnement. Elle s’assit alors près du feu. Le dessin de la lumière. L’idée l’intriguait. Si le processus était le même pour toute genre de création…Elle ferma les yeux, tâcha d’ébaucher une lueur douce, chaude et discrète. Pas une bougie ou une lampe, simplement son effet. Un cercle chatoyant qui apparaîtrait devant elle. L’ébauche se précisa, prit des nuances, du relief. Alors, un bise de froid lui embrassa l’épaule et un frisson la parcouru. Derrière elle, Cali frôlait un buisson.
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Mon personnage Sexe et âge: Homme de 32 ans Aptitudes: Maîtrise du don du dessin et très doué avec les armes. Séducteur
Caym Cali
Envoutant_Mentaï _Caym_Membre
09.07.17 16:33
En musique
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10.07.17 3:57
Lorsque rien ne reste
" You lying so low in the weeds I bet you gonna ambush me You'd have me down, down, down, down on my knees Now, wouldn't you ? " Music
La boule lumineuse s’évada, comme un soupir. Une seconde avant, elle était prête à franchir le rêve pour s’installer dans le réel, celle d’après, elle n’était plus qu’un vaporeux souvenir. Aelya laissa un soupir s’échapper de sa bouche et avança ses mains vers les flammes. Etait-elle incapable d’user volontairement de cette magie ? Cali, pourtant…. Derrière elle, les pas flottants du mercenaire se firent entendre, et elle décida de remettre ses entrainements à plus tard. Si elle y était arrivé par accident, aucune raison ne lui valait de ne pas réussir par la volonté. Quel que soit cet étrange pouvoir, s’il était sien, il n’avait aucun espoir de demeurer incontrôlable et désinvolte. La jeune femme pivota son cou pour accueillir du regard l’arrivant. Cali portait le pirate sur son dos comme vulgaire sac. L’inconscient était dans un état piteux, sanguinolent et recouvert de ce qui n’était devenu que guenille et haillon. Si l’attaque en était la cause, la figure qu’empruntait le mercenaire prouvait que son soin n’avait en rien essayé de limiter les dégâts. Lui-même n’était que peu épargné. Sa chemise, son pantalon et ses bras étaient recouvert d’un épais liquide rouge où se mêlait maladroitement la poudreuse meuble forestière. Cette attaque avait fini de se peindre de toutes les couleurs de l’absurde et du drame. Aelya craignait pour le futur que cet univers avait à lui offrir. En vingt-quatre heures, ses deux rencontres avaient ouvertement dénoncé les tendances criminels l’une de l’autre, sans qu’aucun ne daigne nier les faits. Des monstres au faciès porcin les avait attaqué après – ce devait être la tendance – être tombé du ciel. Ces mêmes monstres s’étaient vus ravagé jusqu’au dernier par une nuée de traits sombres sortis, qui sait, de l’imagination d’une nymphe invisible. Et à présent, elle berçait une enfant qui se réveillerait peut-être pour se retrouver seule au monde. Cali, l’air toujours pensif (cet homme se divertissait-il de temps à autres ?) vint prendre place à ses côtés, après avoir négligemment disposé le pirate au sol. Baigné dans la lueur chimérique des flammes, il balançait entre l’effrayant et le beau. Effrayant par les gouttelettes au rouge acariâtre qui recouvrait trop de parcelles de son habit et de sa peau puis par son air préoccupé et songeur. Beau, par les jeux d’ombres qui illuminaient ses gestes et son visage aux yeux sévères qui se teintait, non plus d’un simple gris acier, mais d’un bleu que le négatif révélait. Patiemment, savamment, il mixait plante et eau dans un silence absolu que la danseuse n’aurait jamais osé briser. Il suffit cependant de quelques minutes pour que Cali émane de sa transe médicale pour s’adresser à sa compagne de mésaventure.
- Aelya… Si tu désires que Clorem vive, ce dont je ne suis pas encore totalement persuadé, je pourrais avoir besoin d’un peu de ton aide.
Comment ? Il pensait qu’elle pourrait souhaiter la mort du pirate ? Alors même que sa fille reposait quelques mètres plus loin ? C’était insensé et la pensée n’avait même pas traversé son esprit. Elle retint son indignation. S’il présentait l’hésitation comme étant celle de la jeune femme, c’est qu’elle était en réalité sienne. Le mercenaire ne dévouait définitivement aucune amitié au pirate. Cela se comprenait. Les deux, après tout, s’étaient lancé un duel et avait frôlé la mort mutuelle, qui n’avait été évité que par le sacrifice du talon d’Aelya. Il lui aurait suffi de tarder de quelques minutes et il n’y aurait possiblement plus eu d’Alex Clorem à sauver. L’idée que Cali ne gardait l’homme en vie que pour son bon plaisir lui traversa l’esprit. Elle la balaya d’un coup de tête. C’était peut-être le seul scénario encore plus insensé.
- Il faut nettoyer les plaies du pirate, puis déchirer son vêtement déjà en piteux état afin d’en faire de fines bandelettes qu’on utilisera pour bander ses plaies une fois l’onguent appliqué.
La jeune femme acquiesça et entrepris de séparer le tissu dégradé du corps du mourant. Un souffle et un rythme cardiaque était perceptible, mais leur faiblesse n’était définitivement pas de bon augure. La nymphe aux flèches meurtrières n’avait aucunement lésiné. Ses jambes, ses bras, son torse et mêmes ses joues étaient recouvertes de coupures profondes. Dans des conditions pareilles, la présence d’un pouls était miraculeuse, et une simple infection y mettrait une fin définitive. Cali s’activait de son côté et quel que soit ses motivations ou sa volonté, il semblait décidé à sauver la vie de cet homme. Il tourna son regard vers elle, l’inspecta à nouveau à travers les deux lames en fusion qui lui tenaient place d’yeux puis lui offrit enfin les réponses, ou du moins les explications qui la faisait se languir d’impatience.
- Beaucoup de personnes de ce monde possèdent le Don, mais il n’y en a que très peu qui sont capables de l’utiliser pour faire autre chose qu’allumer un feu.
Bien évidemment, Cali parlait de ce qu’Aelya désignait, faute de mieux, de magie et de sorcellerie depuis le début de son escapade dans le monde gwendalarivirien. Ainsi, dans cette contrée, c’était un, ou plutôt « le » Don. Rarissisement puissant mais présent chez beaucoup, de ce qu’elle comprenait. Aelya ne parvenait pas à se placer sur l’échelle qu’il venait de dresser. Un feu était donc le minimum pour être vu comme un doué, mais un rocher était-il vu comme plus simple ou plus élaboré ? La danseuse était-elle puissante, ou une hasardeuse bonne à rien ? Après tout, elle avait été incapable de se concentrer suffisamment pour faire apparaitre de la lumière du premier coup, aussi étrange qu’en soit le concept.
- Le Dessin est constitué de trois entités qui lui permettent d’exister : le pouvoir, la volonté et la créativité. Si une de ces entités manque, le Don sera inexistant, plus ces entités sont importantes, plus la personne sera capable d’effectuer des Dessins importants et complexes. Des analystes consacrent leur vie à définir la taille de ces entités de ceux qui viennent le leur demander.
Pouvoir, Volonté et Créativité. Aelya ne put retenir un pouffement intérieur, quand bien même elle prêtait la plus grande attention à chaque mot qui franchissait la bouche de Cali. Et ce, malgré les reflets des flammes qui s’adonnaient à un grandiose ballet sur les douces lèvres du mercenaire. Restait que ce Don ressemblait beaucoup au pouvoir d’un mauvais film fantastique. Mais le tout lui semblait cohérent. Elle se savait créative et obstinée. Et elle se donnait toujours les moyens d’atteindre ses objectifs, vivait une vie bohème artiste selon le mantra : « Quand on veut, on peut ». L’idée était saugrenue, mais que ces trois mots se traduisent en trois énergies occultes qui se mêlaient en elle pour être la cause d’un étrange Don lui paraissait…juste.
-Ta cousine, pour avoir réussi un Grand Pas, devait être très puissante…
Grand Pas. Sans doute le passage de la Terre à Gwendalavir. Nahi aurait été non seulement une personne secrète, mais une puissante dessinatrice. Dans les méandres de ses souvenirs, des connexions se formèrent. Bien sûr. Cela expliquerait pourquoi sa cousine avait été initiée aux mystères familiaux avant elle, pourquoi elle disparaissait si souvent sans raison valable. Si le secret de sa famille était ce fameux Don, sa complexité et son potentiel danger justifiaient bien des comportements qu’elle avait vus comme irrationnels ou lunatiques. Un secret qui avait fini par coûter la vie à Nahi. Quelque part, Aelya n’en voulait même pas à sa mère, sa tante ou sa cousine de l’avoir tenu loin de ces histoires. Simplement, l’espoir que l’un des membres de sa famille soit en train de la cherche naquit. S’ils connaissaient le Don, le Grand Pas et Gwendalavir, ils viendraient tôt ou tard. Non ?
-Le Dessin permet de créer tout ce que notre esprit désire, mais il n’est pas éternel. Enfin, il peut l’être, mais c’est un autre sujet.
Tout. Ce mot était affreusement et merveilleusement large. Pouvait-elle, si elle le désirait, créer un parfait clone d’elle-même ? Si il lui venait à l’esprit de faire surgir une cité des entrailles de l’univers, le Dessin lui permettait-il ? L’idée d’un dessin éternel, bien que Cali en ait fait une simple digression, la perturbait. L’éternité. Voilà un concept bien obscur. Que des hommes comme lui puisse le tromper la dérangeait.
-Chaque Dessin existe pour cesser d’exister, c’est son créateur qui, en l’imaginant, lui influe sa durée d’existence. Plus la création devra durera dans le temps, plus le Dessin sera difficile à réaliser et il demandera beaucoup d’énergie. Lors de l’attaque dont nous avons été témoins, les armes qui ont massacré tous les raïs étaient des Dessins, si bien que lorsqu’on est arrivé, ces Dessins avaient cessé d’exister, une poignée de seconde leur avait suffi.
L’éternité n’était donc qu’un leurre, qu’une exception, qui se payait en sueur de front. Mais la mort, elle, était une réalité.
-Ces quelques secondes où ces flèches ont été matérielles, elles ont agi comme l’auraient fait de vrais objets, et les dégâts qu’elles ont causés demeureront mêmes lorsqu’elles disparaissent. L’empreinte d’un Dessin perdurera même lorsque celui-ci s’évanouira.
En un soupir, et sans laisser de trace, un Dessin avait donc massacré tout une horde de monstre te laissé en piteux état un combattant chevronné. Il lui semblait là tenir la description de l’arme parfaite. Du crime parfait. A cet instant, Cali s’interrompit, laissant la jeune femme sur sa faim. Il entreprit de panser avec zèle les blessures recouvertes d’onguent du pirate. Prenant sur elle, Aelya ne le relança pas et prit un bout de tissu pour faire avancer l’opération. Cette dernière n’avait dû durer qu’une dizaine de minutes, contre la presque-heure qui avait servi à la guérir. Assez rapidement, les bouts de tissu et les plaies ouvertes vinrent à manquer, et Cali se leva pour s’étirer.
-Je pense qu’un bain ne le fera pas de mal… lui lança-t-il, après avoir inspecté sa chemise sanglante.
On aurait en effet dit qu’il revenait d’un abattoir. Il entreprit ensuite de poursuivre son discours sur le fameux Don, mais la danseuse n’entendit goutte de ce qui suivit. Pour la seule et très bonne raison que, pour accompagner ses paroles, il détachait un à un, dans une lenteur atroce, les boutons de sa chemise. Et c’est finalement non plus sur le Dessin de l’irréel que s’attarda Aelya, mais sur celui de la musculature du mercenaire. Chaque trait, chaque courbe, chaque proéminence musculaire venait s’allier pour offrir un spectacle que l’œil le moins intéressé n’aurait pu ignorer. Des cicatrices prenaient insolemment place sur la peau basanée de l’homme, souvenir d’une vie menée loin du calme et de la quiétude mais n’enlevaient rien à la perfection exaltante du corps du mercenaire. Le temps que la danseuse s’arrache à ses observations peu chastes pour revenir au visage de Cali, il avait arrêté de parler. Mince. Il avait très certainement remarqué son égarement, ainsi que sa cause. Comme pour le lui confirmer, un sourire naquit sur les lèvres de l’homme, si féroce que la pénombre elle-même ne parvenait pas à le dissimuler.
-Si tu veux m’accompagner... tu es la bienvenue.
Pour appuyer ses paroles, il combla la distance qui les séparait, jusqu’à ce que la bleuté puisse sentir son souffle mourir sur son cou. Il n’avait qu’un pas à faire pour que leur contact prenne une ampleur tout autre. Un seul pas, un geste de la main, et Aelya n’aurait certainement pas plus réfléchi, pas plus réagi. Elle se serait laissé aller, si à ce moment précis, Cali s’était avancé. Mais il s’éloigna vers la rivière qui avait tant servi la jeune femme, non sans son sourire carnassier et en abandonnant au passage sa chemise, achevant de révéler son torse de rêve. Bien entendu, il le savait. Il connaissait avec exactitude son pouvoir de séduction, en usait et en abusait. Cali était le type d’homme qui obtenait toujours ce qu’il voulait et pour qui une femme n’était certainement rien de plus que l’objet d’un soir. Peut-être souhaitait-il simplement s’amuser avant de la laisser mourir dans les bois. Peut-être avait-il vu la jeune fille perdue avant les ongles incrustés de terre. Peut-être s’imaginait-il qu’elle chercherait le confort à tout prix, d’où qu’il vienne et qu’elle qu’en soit la forme. Ce serait bien mal connaître Aelya Winster, pourtant. Après avoir laissé quelques minutes d’avance à l’homme, elle prit elle aussi le chemin vers la source d’eau. Quelque part en chemin, Eden apparut dans son esprit. Que devenait-il ? Que penserait-il de sa petite amie s’il la savait dans une situation semblable ? Il était à l’opposé de Cali. Il n’aurait jamais osé faire une demande aussi exhaustive et directe. Malgré les attraits qu’il se connaissait, il ne vivait que de subtilité et de douceur et comprenait que l’appréhension et l’attente valaient l’accomplissement dans ces cas-ci. Aelya aurait aimé retrouver la sécurité de ses bras. Dans le couple qu’il formait, le temps des questions avait été relégué au passé, et jamais Aelya n’aurait ainsi trainé des pieds en lui rendant une visite, même au cœur de la nuit. Surtout pas au cœur de la nuit. Cali était déjà dans l’eau, et ses cheveux trempés témoignaient qu’il avait déjà entrepris de laver son corps d’apollon. Aelya, toujours vêtue de sa longue tunique qui ne cachait pas grand-chose en somme, alla s’assoir discrètement sur le bord de la rivière, ne laissant que ses pieds tremper dans l’eau froide.
- Ne te fais aucune idée, Cali. Je ne suis là que pour comprendre et obtenir des réponses sur l’étrange Don que je pense posséder. Elle figea son regard bleu dans celui, acier de l’homme, une lueur joueuse de défi dans les yeux. Son ton était devenu doucereux, lent et calculé. Chacun de ses mots avait pris une pression nouvelles et elle prenait plaisir à les faire rouler sous sa langue.
- Alors, commences par m’expliquer comment je fais pour provoquer le Dessin volontairement, et si ta réponse me plait et me sert…
Un sourire narquois naquit sur ses lèvres, et elle laissa s’échapper un petit rire.
- L’autre... conversation pourra possiblement reprendre son cours.
Comme pour l’étayer dans sa provocation, sa tunique tomba au niveau de son épaule, révélant sa clavicule et le haut de sa poitrine. Elle passa alors l’autre main dans sa chevelure bleue, tandis que ses jambes jouaient toujours à clapoter dans l’eau. Si Cali pensait être le seul à savoir obtenir ce qu’il voulait, il avait tort.
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Caym Cali
Envoutant_Mentaï _Caym_Membre
11.07.17 4:59
En musique
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11.07.17 21:53
Lorsque rien ne reste
"- Dessine moi un mouton " Music
Il avait ri. De grands éclats sonores avaient résonnés à travers les eaux et les airs, créant d’indolents cercles dans le tumulte vif de la rivière. Le doute avait alors envahi la jeune fille et elle avait presque eu envie de se lever et de disparaître. Rien dans ses traits, son ton ou son regard ne trahissait cette prise de conscience, mais elle réalisait qu’elle jouait avec un feu dont elle ne connaissait ni l’étendu ni l’agressivité. Il n’était pas inhabituel pour elle de faire appel à ses charmes, d’adoucir sa voix ou de battre des cils pour aider une décision à se prendre ou un privilège à s’accorder. Seulement, elle savait usuellement que la cible de son influence était inoffensive, tandis qu’elle venait potentiellement de dénuder son épaule devant un meurtrier. Elle se ressaisit rapidement. Un homme demeurait homme, et Aelya savait qu’elle ne laissait pas celui-là indifférent. Si elle laissait une quelconque faiblesse transparaître, elle ne donnait pas cher de sa peau. Dans tous les sens du terme. Alors, elle demeura de marbre tandis que Cali se frayait bruyamment un chemin vers la rive où elle reposait. La tête légèrement penchée, sur le vif mais laissant cette tension imperceptible. Elle se permit même un léger soupir en fixant les yeux pâles de l’homme qui se rapprochait dangereusement. Lui-même ne détachait pas son regard des joyeux turquoises d’Aelya et elle le lui rendait farouchement, y mêlait défi et fermeté. Elle avait affaire à plus expert, plus vicieux qu’elle. Elle n’aurait su dire si son rire était moqueur mais n’en écartait pas la possibilité. Sa seule chance de remporter cette bataille enjôleuse était de demeurer assise sur sa décision, et par conséquent, sur la berge. Il était trop tard pour reculer et exclu d’avancer. Sans la quitter du regard, Cali passa de l’eau sur sa chevelure brune et permit à l’eau de dégringoler négligemment sur son visage et son torse. Aelya avait remarqué la pile de vêtement non loin de la rivière et ne prit nullement le risque de baisser les yeux sur le corps nu du mercenaire, qui se révélait à mesure qu’il s’approchait. Rien ne devait trahir sa constance ni ses intentions, et un regard qui glisse est bien trop simple à remarquer. La bleuté s’en rendait compte à chaque instant, puisque le mercenaire ne se donnait, lui, pas la peine de discipliner ses yeux qui se mouvaient avec gourmandise sur la peau ivoirine de la danseuse, s’attardaient sur chaque courbe visible et chaque parcelle de nudité qu’elle offrait. Enfin, « parcelle » eut été appréciable, puisqu’en réalité, sa tenue ne recouvrait que la partie supérieure de son corps. Elle cambra légèrement son dos pour l’étirer et passa une main lasse sur sa chevelure bouclée avant de placer une épaisse mèche au-dessus de son épaule pour la dissimuler. Pensive, elle s’inquiéta momentanément du futur de sa teinture. Si pour l’instant, aucune racine n’était visible, elle doutait de trouver des coiffeurs en Gwendalavir capable de reproduire cette couleur. Ils étaient sains et beaux, mais une Aelya sans couleur d’autre-monde n’était plus qu’une pâle copie d’elle-même, fade et commune. En face d’elle, l’homme ne se tenait plus qu’à quelques mètres. De minuscules points étaient visibles que sa peau, réaction à la fraicheur de l’eau. Aelya n’y avait trempé que ses pieds chauffé à blanc, mais elle se souvenait du froid glacial qui l’avait baigné précédemment. Peut-être aurait-elle dû attendre la fin de son bain pour exiger des informations pratiques. Elle mit sa décision sur le compte de l’attention particulière qu’elle aurait pu voir s’évaporer. Jamais elle n’aurait osé s’avouer que le mercenaire la tentait autant qu’elle le tentait. Aelya n’était pourtant pas une fille sage, loin de là. Elle ne l’avait jamais été et ne comprenait pas l’attraction que certaine personnes accordaient à ce titre. Elle se plaisait dans son indépendance et ses moyens peu innocent. Sa moue travaillée ne se démonta pas lorsque l’homme s’arrêta, son sourire charmeur toujours et encore éclairé par la lune. La lumière pâle et rêveuse recouvrait la scène d’un parfum d’irréel. Aelya aurait pu se réveiller brutalement dans son lit sans la moindre surprise, simplement perturbée par l’étrangeté de ce que son imagination avait pondu. Mais la voix de Cali, qui oscillait entre le brûlant et le polaire, imperturbable, caressait bien réellement ses oreilles.
-Madame a d'importantes expectatives... que je comblerais avec plaisir.
Son sourire était bien trop féroce pour qu’elle l’ait imaginé, de plus. Il combla encore plus la distance qui les séparait, cette fois doucement, sans perturber l’eau. Une nouvelle fois, Aelya fut impressionnée par tant de légèreté. Comment pouvait-il être musclé à la perfection tout en étant aussi souple et léger qu’un rêve égaré ? A ce niveau, l’eau ne recouvrait qu’à moitié son nombril et il était affreusement proche. Aelya tâcha tant bien que mal de garder sa figure stoïque et décidée, de ne pas montrer l’once d’un intérêt pour le corps dont elle pouvait presque sentir la douce chaleur. Il avait cédé à ses demandes et c’est tout ce qui importait. Il commença alors à lui prodiguer des conseils. Sa voix sûre avait perdu toute once de provocation ou de séduction et il semblait prendre son rôle de professeur au sérieux. La danseuse prêtait une oreille toute attentive à chaque mot qu’il prononçait, cherchait activement à faire basculer le Dessin de l’arrière de son esprit vers sa volonté active. Elle clôt ses yeux, comme il le lui intima. Elle fut légèrement surprise quand il lui indiqua non pas de créer un nouvel objet, mais simplement de comprendre son environnement pour l’altérer. Elle ne savait pas que c’était possible. Il avait prononcé les mots « modifier la réalité » comme s’ils n’étaient qu’un geste routinier et tout à fait normal. Sans doute l’étaient-ils pour lui. Le vrai n’était-il devenu qu’un canevas pour le mercenaire, qu’il pouvait dessiner, gommer et modifier à son loisir ? Cette image en tête, Aelya se concentra sur l’herbe qui frôlait ses mains. Elle la serra légèrement dans une douce poigne, la caressa du bout de doigts. Elle oublia la sensation que causait son humidité sur sa peau, ne se concentra que sur sa texture et ses bouts irréguliers. Guidée par la voix patiente de Cali, elle essaya de se représenter la verdure qui les entourait. Bientôt l’image se forma dans son esprit. Non. Pas dans son esprit. Un peu plus loin. Comme si elle tendait une main imaginaire, Aelya essaya d’attraper la représentation plus vraie que nature des milles brins qui l’entourait. Elle s’évada doucement de sa place au bord de l’eau, ignora l’herbe qu’elle serrait entre ses doigts et ne garda en vue que celle qui s’éloignait, qui voulait lui échapper. Le temps qu’Aelya la rattrape, elle était entourée de milles chemins qu’elle ne s’était pas vu franchir. D’autres s’étendaient à perte de vue, vers un horizon inatteignable. Les lois physiques ne devaient très certainement pas s’appliquer dans un endroit pareil. Aelya retourna alors sa concentration vers l’herbe et repensa aux paroles de Cali. Ce dernier paraissait loin, perdu, comme dans un autre monde. Et pourtant, sa présence résonnait, même dans les chemins nuageux et aériens qui s’ouvraient à elle. Elle reprit le contrôle de l’incarnation des brins d’herbe, et vit que ce simple ascendant sur leur image l’invitait à emprunter certains des chemins. Sans se poser aucune question, Aelya s’enfonça dans la traverse imaginaire et une palette de couleurs et de possibles se présenta à elle. Elle opta pour un rouge rubis vif, qui serait bien visible sous l’éclat de la nuit. Elle avait un jour porté cette couleur avant d’opter pour le bleu qui lui servait depuis plus d’un an. Elle teint alors l’herbe, joua de nuances et d’ombres comme elle l’aurait fait avec…un crayon. Si c’était bien ce qu’elle était en train de faire, le nom de Dessin prenait tout son sens. Elle intensifiait ici la couleur, l’adoucissait là, reproduisait un angle qui ne lui plaisait pas. Des animaux et insectes lui apparurent à travers l’herbe, elle décida de les ignorer dans son œuvre, ne voulait avoir à faire qu’aux végétaux. Elle se souvint de la durée qu’avait évoqué Cali, décida qu’une demi-heure suffirait plus que largement. Une fois contentée de son esquisse mentale, elle la fit- à moins qu’elle ne la laissa - glisser dans l’herbe du pré. Il n’y avait alors plus de différence entre l’herbe qu’Aelya tenait entre ses doigts et celle que son esprit venait de dépeindre. Les deux s’étaient confondus dans la nouveauté et le rouge étincelants que la jeune danseuse leur avait fait prendre. Elle revint vers son propre corps comme on se réveillait doucement d’un rêve. Sa conscience s’éveilla sous l’effet des doux rayons de soleils qui caressait agréablement son esprit et elle expira lourdement avant de battre deux fois des yeux pour les ouvrir. Ses longs cils obscurcirent temporairement sa vision avant que le visage de Cali n’apparaisse, encore plus proche que lorsqu’elle l’avait précédemment laisse. Elle pouvait à présent voir chaque nuance de son regard bleu à la pâleur si absolue qu’il se fondait dans un gris étincelant, de même que ses traits à la finesse digne du reste de sa personne. Chaque goutte d’eau qui s’attardait sur ses joues ou ses lèvres s’esquissait dans un détail qu’elle n’aurait pu demander. La danseuse savait que si elle se penchait de quelques centimètres, elle pourrait sentir son souffle se poser sur sa peau. Le souvenir de l’herbe, qui lui était temporairement sortie de l’esprit, lui revint. Elle n’y croyait pas sincèrement. Elle baissa les yeux sur sa main, donna quelques secondes à sa vision pour qu’elle s’accommode au manque de lumière et…rouge. L’herbe était devenue aussi brillante qu’un rubis. Sur le coup de l’étonnement, Aelya perdit tout sérieux et toute contenance. Elle sursauta et lâcha un « Oh ! » des plus féminins. Seulement, elle n’avait pris gare à l’endroit où elle était assise et son sursaut ne tarda pas à la faire glisser. Son équilibre, habituellement maîtrisé, se trouva annulé par sa surprise et la végétation trempée, ne sut la garder sur la rive, malgré une vaine tentative de se raccrocher à l’homme qui lui faisait face. Bientôt, l’eau glaciale la recouvrit entière, n’épargnant ni le tissu qui la recouvrait ni aucune de ses mèches bleues. Le clair de lune n’éclairait plus que l’herbe rouge et le flot d’écume qu’avait provoqué la chute de la dessinatrice qui était à son origine.