Dur, ce sentiment
Que celui que l’on ressent
Culpabilité ou avidité,
Oui, trop de danger…

Drogue, est-elle la solution
Ou une belle illusion
Que beaucoup utilisent
En temps de crise… ?

[veuillez m’excuser s’il y a des incohérences, j’ai lu tous vos posts mais j’ai éventuellement pu oublier des éléments… Faut dire qu’il a bien avancé pendant mon absence x) ]

Tu reviendras ici avec ses biens après avoir laissé la marque de ton passage…

Mes mots avaient été clairs. Avait-il compris que je souhaitais qu’il tue ? A son regard il me semblait que non. Mais il était jeune, innocent sur certains points et surtout inexpérimenté… Je ne pouvais pas me permettre de m’énerver pour si peu, pas maintenant. C’était beaucoup trop tôt…
Comprenant qu’il valait mieux que je prenne mes précautions, je le laissai quitter la forteresse avec comme seuls biens sa monture et des rations de nourriture, fixant sa silhouette qui s’éloignait lentement de mes remparts.
L’ayant laissé prendre de l’avance, j’avais tâchais les diverses personnes susceptibles de croiser sa route qui étaient sous mes ordres de m’informer régulièrement de sa position. Après tout, il était l’un des plus actifs de mes apprentis, je n’allais pas prendre le risque de le perdre dans un bête affrontement contre un adversaire encore trop coriace pour lui…
Quelques jours après, je dessinai mon pas sur le coté après avoir lu le message porté par les airs. Réapparaissant dans une forêt qui longeait Feriane, je fermai les yeux et activai ma capacité unique qui me permettait de développer mes sens bien au-delà des capacités physiquement et humainement possible. Quand j’eus toutes les informations que je voulus, je rouvris lentement mes paupières et avec un air gourmand, me glissai entre les troncs tortueux, parfaitement dans mon élément…

La petite femme courait. Je sentais le sol vibrer sous mes doigts, je pouvais presque entendre sa respiration saccadé tandis que le fumet de son odeur juvénile titillait mes narines. Derrière elle la suivait inlassablement mon élève qui apparemment avait pris cette jeune fille pour cible… Mais était-il assez fort mentalement pour s’attaquer à une proie qui était de toute évidence bien plus faible que lui ? Allait-il oser lui faire du mal ? J’avais du tuer trop de personnes qui se prenaient pour des mercenaires et qui au final n’était pas capable de suivre les idéaux de notre groupe. Je prônais certes la violence mais n’en voulais pas à ceux qui cherchaient à l’éviter… Tant qu’ils réagissaient comme il le fallait. Rasinar et Ledwin en étaient d’ailleurs les preuves vivantes, ils avaient fait beaucoup d’erreurs, c’était évident, mais malgré leur caractère sans doute plus doux que ce que je l’aurais souhaité, ils arrivaient néanmoins à tenir leur fonction au sein de la guilde…
Me redressant, j’étirai longuement ma colonne vertebrale puis me mis en chasse, ricannant légèrement à l’idée de la tête que ferait mon apprenti s’il savait que je l’avais suivi jusqu’ici…
Ses réactions n’atteignirent pas la limite de mes espérances. Au lieu de la tuer ou bien de réveiller cette rêveuse qui s’était évanouie, il entreprit de la ligoter avec délicatesse avant de se réfugier dans une grotte. Me plaçant au-dessus de l’entrée, j’activai une nouvelle mes sens, écoutant ce qui se passait à l’intérieur…

« Ne le juge pas trop vite… Toi aussi avant tu étais bonne poire.
Pas à son âge…
Il est plus âgé que toi.
Justement ! »

Petite avance rapide… Kem était tombé sur la mauvaise personne. Parlant beaucoup, espiègle, elle n’était pas du genre à se laisser faire et manier les mots mieux qu’il ne le faisait. Quelqu’un de faible physiquement qui arriverait peut-être à se glisser dans la faille de l’innocence néfaste qui l’abritait encore… Je serrai les dents de colère quand je compris qu’il la détachait. A quoi pensait-il… Les rêveurs étaient des personnes plutôt pauvres qui préféraient vivre de leur récolte. Autant s’en débarrasser de suite… Je lui avais pourtant bien expliqué le danger des sentiments et des attaches. Au-delà des liens du travail ou de maitre-élève, il ne fallait pas qu’il se laisse avoir. Je sentais pourtant dans sa voix et dans ses gestes qu’il hésitait… et l’hésitation est le pire des ennemis.
Quand je compris qu’il ne souhaitait pas la tuer mais l’épargner, je faillis descendre de là où je me trouvais afin d’aller remettre les choses au clair. Pourquoi gachait-il mon enseignement à cause d’idées aussi stupides… Et dire qu’il la laissait même aller chanter pour lui ramener de l’argent. Ce n’était pas tout à fait comme cela que j’avais vu les choses…
Quand elle revient, mes ongles tranchants s’allongèrent lentement quand je la vis approcher de mon apprenti encore endormi. Réveille-toi bon sang, à quoi ça sert de travailler tes sens pour que tu ne t’en serves pas… Et en plus tu osais la remercier.
Poussant un soupir inaudible, je rétractai ma greffe et me passai une main sur le visage d’un air désabusé. Il allait vraiment falloir que je fasse preuve de patience… Car je voyais déjà leur deux corps gisant à mes pieds.

Reprends-toi, Kem… Ne me force pas à faire l’irrémadiable…

La suite fut plus intéressante. Se jouant de lui, je vis au regard de mon apprenti la honte et la colère envahir son âme. Contrairement à ce que l’on croyait, ces deux sentiments n’étaient pas dangereux lorsqu’on savait les manier… Mais je craignais pour le jeune homme qu’il ne se laisse dominer par ses émotions. Quand elle le laissa planter là, je compris alors qu’il ne laisserait jamais passer une chose pareille. Bien, cela commençait à rentrer… Mes paroles commençaient enfin à remonter à la surface de sa conscience. Disparaissant d’un pas sur le coté, je me rendis à la forteresse des rêveurs où allait certainement se réfugier la jeune fille dont j’avais oublié le nom.
Réapparaissant au sommet d’une des tours secondaires, je voyais la rêveuse jouait du piano, sa musique aigrelette me faisant grincer des dents. Les minutes passant, sortant un poignard dans le but de l’épingler, un raffut à l’entrée retint mon geste et je baissai lentement mon bras quand je vis Kem pénétrait dans la cours, enragé. Tuant et saccageant tout ce qui lui tombait sous la main, il remonta légèrement dans mon estime et je me calai confortablement contre la bordure d’une fenêtre, attendant qu’il gagne son objectif…

Bien, il semble enfin comprendre…

La lançant par-dessus la balustrade, son corps décrivit une légère courbe avant que je ne la perde de vue. Elle ne mourrait pas, il y avait trop de prises à portée de main… Mais je savais mon élève capable d’achever ce qu’il avait commencé.

Ma…Madame …?

Tournant mon regard vers le rêveur qui avait glissé sa tête à la fenêtre contre laquelle je me tenais, il me fixait d’un air éberlué, ses mains osseuses perdues dans ses longues manches. Sans un mot, sans un avertissement, mes doigts tranchèrent la chaire de son torse, brisèrent ses côtes et ressortirent dans son dos, son cœur encore palpitant au creux de ma paume. Serrant le poing, je retirai mon bras ensanglanté et laissai le corps s’affaler par terres dans des convulsions agréables. On ne pouvait donc pas surveiller l’avancée de son élève tranquille ?
Dessinant une nouvelle fois un pas sur le coté, je pris un peu de temps pour chercher mon élève, suivant sa trace jusqu’à ce qu’elle me mène à une caverne ou je reconnus aussi la présence de la jeune fille. Décidemment…
Entendant l’écho de sa voix rageuse, il se livra plus qu’il ne l’aurait du mais je compris au moins qu’il ne faillirait plus. Et pourtant… Pourquoi persistait-il à la garder en vie ? La plaçant sur son épaule, je le vis sortir de la grotte en courant dans le but évident de me la ramener. Ce n’était pourtant pas mon jouet mais le sien… Cette fille n’était qu’une rêveuse ridicule qui ne savait rien du monde extérieur… Mais depuis que j’avais tué le dernier dans les geôles à force de m’amuser, nous manquions de médecin. Qui sait, si elle coopérait, peut-être la garderais-je en vie…
Sautant au pied de l’arbre, je rattrapai aisément mon élève, réapparaissant devant lui, le forçant à s’arrêter brutalement. Mon regard froid se plongeant dans ses yeux choqués, il ne devait pas s’attendre à ce que je sois là. Il avait été prévu qu’il revienne à la guilde et que je l’y attende, à vrai dire…

Kem… Tu m’as déçu … Murmurais-je, presque avec une once de regret.

Sans avertissement, ma main cingla l’air et je le giflai sèchement. Titubant légèrement sans pour autant tomber, il lâcha son fardeau qui s’écrasa au sol avec un gémissement endormi et douloureux. Ramenant ma main au niveau de ma poitrine, je me frottai machinalement mes phalanges endolories. J’avais plus l’habitude de frapper avec la greffe que sans… Mais dans ce cas là je ne me l’étais pas permis, il aurait eu la moitié du visage arraché.
Comme si rien ne s’était passé, je me redressai légèrement et retournai d’un coup de pied sa prisonnière qui semblait reprendre peu à peu connaissance. Sortant mon sabre, je posai la pointe sur sa gorge, l’esquisse d’un sourire gourmand sur mon visage. Non… Il ne fallait pas que je la tue, pas tout de suite.

Je vais néanmoins rester indulgente car c’était ta première mission en solitaire. Repris-je alors avec un sourire sombre, mes yeux d’ébène se plongeant dans les siens. Mais j’espère qu’avec l’expérience que tu as eu aujourd’hui tu auras compris que personne n’est fiable… Encore moins les femmes, je parle en connaissance de cause… Ce sera donc ta seule erreur acceptée.

Lui faisant signe de ramasser ce qu’il avait laissé tomber, je disparu le temps d’aller chercher ma monture puis lui ordonnai de placer la jeune femme en travers de la croupe de mon étalon noir. Me juchant à mon tour, je lui fis signe de monter derrière moi. Pourquoi ne lui avais-je pas pris une monture ? Parce qu’avec ce qu’il venait de se passer, il allait falloir qu’il comprenne que ma présence n’était pas celle d’un simple maitre. Non, j’étais désormais l’un des éléments principal de sa vie, il ne fallait pas qu’il l’oublie… Maitre et élève étaient liés. Quant à pourquoi nous ne voyagions pas par un pas sur le coté, et bien parce qu’il avait besoin de réflexion et que le trajet du retard lui permettrait de se remettre en question. J’espérais qu’il avait compris pourquoi j’agissais comme cela, du moins…

[je te laisse poster à la forteresse, Kem ]