Today..

La soif nous tiraille l'estomac et la faim est une habitude à présent. Faiblement bercé par les vagues nous somnolons et résistons à l'envie de s'endormir pour l'éternité. Seul le son, à la longue apaisante, du fer s'aiguisant nous maintiens éveillé et nous rappelle que le danger nous suit.

Je tourne la tête vers mes frères et sœurs de douleurs. Nous étions si nombreux au départ et nous voici, seulement à Sept sur une chaloupe avec une voile de fortune pour compagnie d'ombre. Les raisons de ma présence dans ce voyage m'ont abandonnés ces derniers-jours, où la soif devient mon sujet de pensée favoris, avec hélas le danger qui nous guette et menace à chaque instant.

Je reconnais le visage de notre capitaine, malgré les circonstances, elle semble garder courage et volonté. Dans une noble prestance. avec sa grande fourchette entre les mains. Jouant avec comme un instrument, et nous maintenant éveillé. Ces deux hommes face à moi étaient au départ comme chien et chat oui je m'en souviens. Et aujourd'hui, en m'éveillant, au point du jour, je constatai que le bras du plus massif, un certain Idir entourait de la manière la plus tendre et la plus affectueuse l'homme à sa gauche. On aurait presque pu croire que ... Ah oui, qu'Edwin était son propre frère. J'en aurai rigolé, s'il m'aurait resté une réserve suffisante d'énergie et de salive.

Cette barque était devenu le monde. MON monde avec, dans les difficultés, la compassion et l'entraide comme entre Idir et Edwin. Nous y trouvons la volonté, celle de notre capitaine. Sure d'elle, afin de nous amener à bon port. La joie, des sourires mêlés à de la surprise étaient ma récompense. Un cadeau de notre voyage. J'en remercie ces deux jeunes créatures du nom d'Aeterna et Myya. Qui cette dernière s'accrochait à l'espoir de son arc sans flèches. Évidemment comme sur le monde, également sur la barque le mal subsiste. Je n'apprécie pas traiter de mal l'esprit de personnes que je rencontre, mais c'est là le seul définitif que je trouve pour ce cher Caym Cali.
Nous étions tous ensemble réunis. Chacun ayant un rôle. Le mien, d'être la mémoire sûrement...




L'embarcadère glissait lentement sur l'océan et approchaient silencieusement de ce qu'on espérait être un îlot.
Enfin nous fûmmes si près de la grande créature apparemment sans méfiance que les survivants purent distinguer cette bosse croustillante et brune glisser sur l'eau comme une île flottante. Je pu voir les cratères profonds qui barraient son dos et entendre le clapot des vagues qui coulaient dans le valon de son sillage. L'ombre brune tacheté de points noirs faisait naître sans cesse des essaims de bulles éphémères. En parfaite harmonie avec l'océan, il poursuivait sa course, serein, dérobant au regard humain son corps criblé de fourchettes/cuillères et l'horreur de sa terrible mâchoire. Il me lança un regard aussi noir que dans les profondeurs de l'eau, on y sentait sa force colossale et sa ruse sucrement calorique.

Il faut en finir !

Par ces paroles, Cali, sans doute, suggérait indirectement que l'homme a beau aimer, l'homme est un animal fait pour régner et que ce dernier penchant peut souvent empêcher sa bonté naturelle.

Des représailles sur une brute muette ! Qui ne t'a frappé que par aveugle instinct ! Folie ! s'écria Nessa. La fureur envers un animal, sir Cali, c'est un blasphème !

Pour si grande que soit la supériorité intellectuelle d'un homme, il ne peut pratiquement et durablement dominer d'autres hommes sans jouer une sorte de comédie toujours un peu vile. Je voyais cela dans le regard de Caym.

Le vent commençait à hurler, les vagues entrechoquaient leurs boucliers ; le grain rugissait, sautait, craquait autour de nous comme un feu blanc sur la prairie, un feu dans lequel nous brûlions sans être consumés, immortels dans la gueule même de la mort ! Nous appelions en vain le pardon de nos fautes passées. Autant valait hurler dans la cheminée d’une fournaise. Et puis nous le vîmes, somptueuse ombre mythique des océans. Elle prit la menace du mercenaire du chaos au sérieux et s'était élancé avec vacarme sur nous. La mer rageuse l'envoyait venger ses blessures que l'homme avait sûrement réalisé. Nous tombâmes donc à l'eau.. et nous la vîmes avec attention et comprîmes nos fautes.







Dans le vaste océan où le temps semblait s'être arrêté, Moby Cookie sondait mon âme ...





Avec la participation de:
Narrateur - Aetarna - Idir - Edwin - Nessa - Caym Cali - Myya