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Un chevalier peu commun [Garrus-Manya] [libre sur MP]
Garrus Auraya
Masculin
Âge : 26
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Messages : 603
Date d'inscription : 25/07/2011

Mon personnage
Sexe et âge: Homme - La trentaine
Aptitudes: Maître de la lame, maître du combat à mains nues, compétent au lancer de couteaux, compétent à l'arc, compétent au combat à deux lames, compétent en toutes disciplines d'agilité et de discrétion, peu efficace au combat à l'arme lourde.
Garrus Auraya
Chevalier__Membre



06.11.12 1:21
[Cet élément de l'histoire de Garrus se situe peu après son installation à Al-Jeit, mais avant le RP commun à plusieurs chevaliers, celui qui sert de présentation à Neleam, Garrus, Enola et heu...]


Ce soir le chevalier allait veiller. Comme souvent. Sauf que cette fois, il allait rester actif. Et le mot est moindre. Dans un coin isolé de la taverne jouxtant le quartier général des guerriers réputés talentueux de Gwendalavir, il attendait. Il patientait, seul, dans l'aile réservée aux invités, commerçants, ou toute personne en affaire avec les chevaliers. Sombrement vêtu qu'il était, il se fondait presque intégralement sur le cuir noir caractéristique du compartiment où il était. Les bougies disposées sur la table éclairaient maigrement le box, et la fumée qui s'échappait de la longue pipe courbée du chevalier n'arrangeait pas les choses. L'homme en noir s'impatientait. La lune courait au travers du ciel étoilé et le fauteuil devant ses yeux aurait dû être occupé. Au lieu de cela le tire-ficelle ( l'organisation des chevaliers, la gestion des moyens et les ordres de mission ne tenaient qu'en majeur partie grâce à lui ) avait à attendre. Sa mauvaise humeur des jours précédent ne s'améliorait pas, ses traits l'affirmaient. Des cernes marquaient ses yeux, une barbe de plusieurs jours rongeait ses joues, et sa tignasse ne cessait de s'allonger. Il ne se préoccupait plus que de son rôle, et son apparence s'en faisait ressentir. Toutefois, si sa pilosité laissait supposer un quelconque laisser-aller, son goût pour les vêtements n'avait nullement été affecté. Sobre bien que simple, il demeurait toujours aussi éloquent. Sa fatigue et sa hargne actuelle ne lui donnaient qu'un air plus féroce. Désabusé, il inspira longuement sur la tige de bois, puis dégagea de ses narines un nuage opaque de fumée. Comme il en avait pris l'habitude, il évacua la fumée en deux temps. Une expiration longue, puis un à-coup bref. Au moment où la fumée quitta son nez, la porte s'ouvrit. La lourde porte battit l'air jusqu'au fond de la pièce et refroidit l'atmosphère. Pourtant Garrus ne broncha pas. Il tourna son visage d'un quart vers la gauche, et guetta l'arrivée au son des claquements réguliers de bottes sur la pierre froide. L'homme qui débarqua, l'air mi-apeuré mi-embarassé. Il avait une quarantaine d'années, seulement l'alcool et de mauvaises conditions de vie lui avaient ruiné la santé. Il ne possédait plus qu'un tas filasse de cheveux grisonnants, et une barbe taillée à la serpe lui encadrait la mâchoire. Ses vêtements étaient plutôt respectables. Une paire de bottes solides pour l'hiver à venir, le reste plus banal. Seul son coutelas et ses yeux durs – habituellement durs – le démarquaient. Il prit place et observa Garrus, incrédule.

-Lyam c'est toi ? J'y crois pas. T'as rudement changé depuis...
-Mon ordre de mission.
-Hein ? Ah, heu, oui, tiens, le voilà. N'empêche que je t'avais pas vraiment reconnu au début...

Garrus, allias Lyam, pour le groupe de criminels chez qui il travaillait en ce moment, lui prit la lettre cachetée des mains en guise de réponse. Il brisa le sceau auquel il ne prêta nul attention, et lut la lettre. Les premières lignes lui suffirent. Il connaissait la cible.

Depuis son installation à Al-Jeit il s'était allié aux criminels, qui avaient eu la bonne idée de former des groupes. Il était, à la base, neutre. Assassin, objet, outil, il était utilisé comme tel, contre monnaie clinquante. Et comme il était bon, et que le sang ne coulait que rarement inutilement , il s'était fait une réputation. Du travail propre. Il s'était inventé un nom et les malfrats le connaissaient comme tel. Ceux avec qui il traitait directement connaissaient sa véritable identité ainsi que sa véritable vocation, mais ils ne posaient pas de questions. Garrus était des hommes qui pouvaient vous retourner une guerre de clans avec une lame. Le groupuscule avec qui il travaillait en ce moment préparait quelque chose d'important. En un mois, c'était la troisième cible importante à neutraliser. «  Insane Jim ». Un sous-chef. Un homme intelligent, rapide, et très bon au couperet. On dit qu'il aurait matté une mutinerie seul, et qu'un tas de cadavres découpés aurait été retrouvé dans le quartier général du régent de confrérie. Avec un mot de Jim : « donnez m'en des plus solides ». Garrus n'était pas aussi connu qu'Insane Jim, et pas pour les mêmes raisons. Une autre histoire jaillit dans l'esprit du pseudo assassin. Avec trois hommes motivés et terrifiés, Jim aurait annihilé un autre groupe de brigands. Le châtiment que leur aurait imposé Jim en cas de refus était pire qu'une mort au combat. Ses pensées s'évadèrent comme la fumée de sa bouche, et le flot de paroles lui vint, en même temps que l'odeur du vin.


-... des cheveux longs comme ça, c'est dingue. Bon, t'as lu ?

Non, il n'avait pas lu les détails, mais le nom de sa cible lui suffisait. Des informations sur sa situation et ses habitudes étaient indiquées, mais le guerrier avait déjà eu affaire à Jim. Il avait failli l'avoir. Nul n'avait été égratigné, le combat n'avait pas duré. Ce jour là, Garrus avait appris que Jim courait vite. C'est pourquoi une liste de fournitures se forma dans la tête du chevalier. Des armes de jet, en cas de fuite. Mais il en doutait.


-Lyam ?
-Ouais ouais. C'est bon. Je sais quoi faire. Envoie la moitié du paiement.
-Heu... t'as pas lu. Tu devrais, c'est du sérieux cette fois.
-Apprends à faire ton métier. T'es coursier, pas chef. Je sais quoi faire. Donc maintenant, donne moi mon argent.

En regardant le chevalier en coin, le coursier détacha sa sacoche et en retira une bourse. Une bourse large et pleine de pièces. Toutes ces pièces allaient couvrir les dépenses en armement et entretien d'armes pour les guerriers de la guilde. Non, Garrus n'avait pas besoin de cet argent. Ses différentes quêtes pour sécuriser telle ou telle zone lui offraient suffisamment pour vivre aisément, et le logement qu'il partageait avec Neleam était spacieux, doux et agréable. Un foyer. L'autre partie du paiement paierait les guerriers pour le mois. Pour ceux qui agissaient. Ceux qui ne travaillaient pas n'étaient pas récompensés, naturellement. Cependant, n'allez pas croire que Garrus fut un mauvais homme d'arme. S'il était respecté, il y avait une bonne raison. Le travail ne manquait jamais. Les guerriers se considéraient désormais – et les gens les traitaient également – comme des mercenaires. Envoyés au quatre coins de Gwendalavir ils accomplissaient diverses tâches, généralement importantes. En réalité, Al-Jeit concentrait ces aventuriers pour mieux les utiliser, c'est pourquoi les gens pensaient directement à eux au lieu de penser aux petites frappes qui erraient en pensant que le monde se souciait d'eux. Le travail de Garrus portait alors ses fruits. Toute cette organisation possédait pour but de faire disposer au monde d'une élite, d'un groupe réputé et puissant capable d'endiguer une menace. L'homme d'arme qu'était Garrus avait formé plusieurs hommes et femmes qui eux-même entrainaient à présent les nouvelles recrues. Une formation commune pour des loups solitaires. Étrange description, mais on ne s'improvise pas aventurier.

Garrus se saisit de la bourse et la mit de côté. Plus tard, il la rangerait dans un coffre protégé, au sous-sol du logement du guerrier. Un code et une clé étaient nécessaires, et seul Garrus, Neleam ainsi que quelques «  lieutenants » en avaient connaissance.


-C'est tout ? Questionna le chevalier.
-Je..., commença le bougre.
-Bien, enchaina Garrus.

Celui-ci se redressa, laissant bougies et pipe sur la table.


-Attends ! Lança le coursier.

Garrus se retourna.

-Ils m'ont donné ça, pour toi...

Il passa son bras entre ses bottes et posa un sac sur la table. Lorsqu'il le posa sur la table de bois, on put entendre un bruit sourd, comme si le sac contenait un objet lourd. L'assassin se saisit de l'objet. Il tira une sorte de masque. Un visage métallique, en réalité. Un visage neutre était representé. Guère plus. Guère moins. Pour les yeux, des lentilles de verre bouchaient les orifices. L'épaisseur sembla absurde à Garrus, mais il s'aperçut que sa vision n'en fut pas perturbée. En l'essayant il remarqua une sorte de molette sur le côté de l'oeil droit. Le principe était d'avancer sa vision. Un zoom. Un pricipe novateur. Il ôta le masque puis congédia l'homme qui l'avait fait attendre.

Au sous-sol de l'assassin, de nombreux mannequins étaient exposés, tous présentant une tenue différente. Des râteliers d'armes étaient présent aussi, et c'est à eux que s'intéressa Garrus. Collée à sa cuisse, il conservait sa lame d'acier sombre, héritage de son passé marchombre.Une lame courte mais plus solide qu'un cimeterre. Il sélectionna également une arbalète d'acier, sombre également. C'était une arbalète étrange. Garrus possédait des prototypes d'armes que créaient des hommes peu communs, sous le contrôle du groupuscule pour lequel travaillait Garrus. La majorité étaient des vétérans, les autres possédaient divers talents. Ils étaient une confrérie soudée et loyale, c'est pourquoi Garrus les avait choisis. Ils n'en étaient que plus redoutés. Ainsi, l'arbalète qu'il avait en main était un modèle réduit et repliable. Elle pivotait sur des gonds modifiés. Le principe premier était la mobilité de cette arme. Elle se glissait dans la ceinture aisément, une fois repliée. Il passa un petit carquois à proximité de l'arbalète, se fondant avec aisance sur la tunique sombre de l'assassin. Il doutât cependant avoir besoin de cette arme, outre le fait d'empêcher Jim de fuir. Ce soir, il n'était guère plus qu'une ombre. Un fantôme. Armé du strict nécessaire, il était prêt. Mieux, il savait qu'il allait réussir. Il le sentait. Il était né pour tuer. Il avait le don de sentir les combats ; quand se retirer, quand esquiver. Que va faire l'adversaire ? Garrus le sait, et il tentera des percées aux moments les plus inattendus.
Résigné, Garrus se dirigea vers la porte. Il replia son capuchon. Un reflet sur sa gauche capta son attention. Sur une petite table en bois, le masque attendait. Un visage neutre qui allait assister à une mise à mort. Tant d'impassibilité en était glaçant. D'un geste hésitant, il revêtit le masque. Il n'était ni confortable ni désagréable. Aussi ajusté qu'il le semblait.

Il avait désormais un signe d'identification. Une marque. Une image.

La nuit était à son apogée quand l'assassin arriva dans les quartiers abritant le gang de Jim. On sentait la tention qui régnait dans l'air. L'organisation stricte et contrôlée des tours de garde qu'effectuaient les sentinelles allait forcer Garrus à redoubler d'attention. Un homme manquant à son poste sonnerait l'état d'alerte. Jim était connu pour sa paranoïa, et se sentait en danger constant. Ses hommes le prenaient pour un fou, pourtant il disait si vrai... Un borgne parmi les aveugles. Un clairvoyant. C'est en cela que Garrus voyait dans le contrat un défi. Assassiner un semblable. Le comble. Il ne répugnait toutefois pas à le faire. Il se sentait plutôt utilisé comme un objet. Paradoxalement, ses employeurs le considéraient des leur et non comme un tueur de base. Peut-être était-ce la conscience du guerrier qui s'auto-protégeait d'éventuels remords en s'inventant un statut. Du haut des toits, Garrus élucida la formation des sentinelles. Il tourna la molette de l'oeil balaya la zone. Les gardes étaient armés d'arcs et de coutelas. Ils étaient attentifs. Seulement, à cette distance, ils ne pouvaient pas le voir. Pour le moment.
Il descendit alors dans les rues plus sombres, profitant de l'incapacité de la lune à éclairer l'endroit. De plus, si des rondes étaient effectuées, elles ne concernaient que peu d'intervenants ; il était donc bien plus simple de s'infiltrer par les rues que par les toits – à la seule condition de connaître la zone. Et Garrus la connaissait. Plutôt bien, même. Il s'avança donc, guidé par ses pas certains, mascarade d'un faux instinct. Sa résignation était saine, cependant sa certitude de réussir s'en retrouvait ébranlée. Les bruits des gardes, les sifflotements d'une chansonnette trop connue dans le monde marin, et les bruits de lame que l'on aiguise le tenaient aux aguets.

Il pénétra dans un bâtiment dénué de porte et de meubles et monta à l'étage. De là, il dominait un regroupement de malfrats. Tous étaient armés et tendus. En réalité ils étaient plutôt détendus, mais leur nature à veiller et détecter tout intrus – de par « l'enseignement » de Jim – les avait changés. La haute et large fenêtre brisée où se tenait l'assassin pouvaient laisser passer deux hommes de front, en long comme en large. La fenêtre voisine était similaire. Pour faire un minimum de victime, Garrus devait éviter les principaux croisements des rues, où patrouillaient les hommes de Jim. Ces axes étaient surveillés de par les airs et le sol, ainsi Garrus devait prendre garde à passer au bon moment, dans le cas où aucune autre alternative ne se présentait à lui. C'est pourquoi il empruntait actuellement la voie «  aérienne ». Il comptait sauter de maison en maison le plus discrètement possible. Il recula de quelques pas – de la poussière remonta sur ses bottes et de sinistres craquements, voire des tremblements, s'ensuivirent – et chargea – dans la mesure où sa furtivité le lui accordait – vers la fenêtre. Pendant un instant, le temps se ralentit et il entendit un bruit d'effondrement dans son dos. Il put sentir, plus qu'entendre, les soldats se lever en catimini, surpris au possible par ce que Garrus interpréta comme la chute de la maison penchée où il se trouvait l'instant précédent. Toujours en l'air, il s'aperçut que son saut allait être juste, compte tenu de la largeur de la rue. Il parvint au bord de la fenêtre à bout de bras. Par ailleurs, il faillit lâcher, les bouts de verre brisés lui pénétrant les phalanges. Il se hissa difficilement, à cause du verre, puis fit volte-face pour constater l'ampleur des dégâts. Le palier d'où il s'était élancé s'était complètement effondré, entraînant la chute des murs supérieurs ainsi que du toit. Sur les lieux, le groupe, à savoir cinq ou six hommes, se disputaient quant à la conduite à adopter.

-Je vais prévenir Jim. Je veux pas me faire découper...
-Mais t'es con ou quoi ? C'est justement si tu lui dis qu'il va te découper ! Et nous avec !
-Fermez-la bande de sacs à vin. C'est pas de notre faute, il nous arrivera rien.

Le plus intelligent semblait être celui-ci. Il était plus grand que Garrus, qui avoisinait les six pieds ( un mètre quatre-vingt et quelques, selon le type ). Il était habillé avec diverses guenilles, des haillons de différents vêtements. Pourtant ceux-ci étaient si bien répartis qu'ils lui donnaient une forme de contenance. Un respect, une force d'esprit émanait de lui. Il était un leader. Un leader non reconnu, incompris, mais un leader tout de même. Les gestes à suivre de Garrus furent motivés par cette certitude.

Les bandits avaient repris leur discussion. Ils venaient de répondre aux questions des sentinelles des toits quant aux événements récents.


-Non et puis en plus, c'est le soir des combats... on va pas faire chier Jim.
-Ouais c'est clair, et puis on peut espérer qu'il a rien entendu, depuis le sous-sol.

Le leadeur s'était retiré du groupe et n'écoutait que d'une oreille distraite la conversation. Un nuage se détacha de la lune et un semblant de lumière illumina l'assassin. Vif comme un aigle il leva les yeux vers la fenêtre. Garrus avait déjà disparu.

-Les gars... J'ai aperçu un truc là haut. Un reflet, déclara le meneur, incertain.
-Quoi ? Mais n'importe quoi, c'est pas possible, comment tu veux...

Un carreau d'arbalète dans l'arrière du crâne l'interrompit. Dans la direction opposée de celle vers laquelle ils regardaient, Garrus se découvrit à la lumière, puis rangea son arme. Il dégaina alors sa lame. Lentement, il se dirigea vers eux. Sur son passage, un cadavre chuta. L'on put supposer qu'il était à la base sur le toit.
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13.03.13 15:53
La charrette dans laquelle la jeune pirate était, assez inconfortablement, installée allait cahin-caha sur la route menant à Al-Jeit. Le moindre minuscule petit cailloux soulevait presque en l'air le véhicule de bois et ruinait toute tentative de repos de la part de ses occupants, à savoir Manya, l'a priori aimable paysan qui le conduisait ainsi que le fils de ce dernier. Le paysan semblait naïvement espérer quelque chose à en juger par les regards que, régulièrement, il lançait successivement à son fils puis à la jeune fille. Mais le garçon était bien trop jeune et possédait malheureusement pour lui les traits déjà bourrus, sans doute hérités de son père, et le physique fort des hommes de la campagne. De passage dans la petite bourgade de pêcheur où se trouvait encore la rousse environ une heure plutôt, ils avaient accepté de l'emmener avec eux dans la capitale. Et ce bien sur après qu'elle leur en aie fait la demande, ce qui lui donna envie de s'arracher la langue, et qu'elle les aie aidés à charger leur cependant relativement maigre cargaison.
En effet elle n'avait dans ce pauvre village aucune chance de s'échapper par la mer. Tout ce que les habitants possédaient, encore que pas tous, ne dépassait pas la taille d'une barque et ne supporterait donc en aucun cas un voyage jusqu'à l'Archipel. Sans compter qu'il aurait fallu la voler et s'échapper à la rame ce qui ne relevait pas du domaine du pratique. Il lui avait donc rapidement fallu chercher un autre moyen et errer sur la côté jusqu'à mourir de fatigue pour trouver un bateau acceptable, sachant qu'il serait donc assez grand pour potentiellement nécessiter d'être accompagnée, ne la tentait pas tant que ça malgré l'avantage de la proximité à la mer. Elle avait finalement résolu de tenter de rallier Al-Jeit, la capitale alavirienne. Bien que l'idée ne soit pas particulièrement plaisante, il lui serait ensuite plus possible de se rediriger, peut-être trouver de l'aide ou, à défaut, essayer d'y récolter de l'argent ce qui serait toujours utile.

Ce n'est que quand, quelques jours après leur départ, le paysan la secoua pour la réveiller qu'elle comprit qu'ils étaient arrivés. Ils se trouvaient sur une petite place sale encombrée de monde. Endormie qu'elle était, elle avait littéralement raté l'entrée par les sublimes portes d'Al-Jeit. N'importe qui à sa place en aurait beaucoup voulu à ses « bienfaiteurs » de ne l'avoir pas éveillée plus tôt, pour qu'elle puisse admirer les constructions, joyaux du dessin.


-On va vous laisser ici jeune fille, à moins que vous n'ayez une raison particulière de vouloir rester avec nous... insinua le paysan avant d'asséner un clin d'oeil lourd de sous-entendus à Manya.

La pirate Aline ne prit même pas la peine de répondre, ni même de les remercier d'une quelconque façon. Elle leur était un minimum reconnaissante de l'avoir amenée jusqu'ici mais tout de même, il n'en restait pas moins alavirien et ses regards et remarques tout au long du voyage lui restaient un tantinet sur la gorge. La rousse se leva et quitta avec difficulté la charrette. Son corps entier n'était qu'une immense courbature. Pourtant habituée aux remous des vagues et aux bateaux inconfortables, ce trajet l'avait épuisée. Elle partit de la place sans un mot pour les deux hommes de la campagne qui la regardèrent interloqués.
Manya dut rapidement se rendre à l'évidence, ici ou sur la côte, ce ne serait finalement pas plus simple. Mendier ? Hors de question. Voler ? Elle pouvait toujours essayer mais de toutes façons, vu le quartier où elle se trouvait, elle n'obtiendrait sûrement pas grand chose. Trouver un quelconque travail ? C'était toujours possible mais qui accepterait une inconnu portant des vêtements sales et sentant la sueur ? Elle devait se l'avouer, elle était vraiment dans un sale état. La pirate soupira. Mais comment avait-elle pu s'embarquer dans une telle situation... Perdue dans la capitale du pays qu'elle haïssait, obligée d'obtenir de l'aide de gens qu'elle haïssait, que son peuple haïssait. Ces ressentiments réciproques entre les deux peuples s'inscrivaient presque dans les gènes de leurs membres et, à défaut, dans l'éducation qu'ils recevaient dès leur plus jeune âge.


***

-S'il vous plaît, je vous jure que je peux travailler !
-Non mais tu t'es vu ? Tu crois que j'ai besoin d'une gamine sale et fatiguée ici ? Aller déguerpis et ne remets pas les pieds ici !


Elle s'était (encore) fait rabrouer. Il fallait s'y attendre. Tout ce que la pirate rousse avait troué à se mettre sous la dent était un quignon de pain volé à la sauvette. Un reste de pain dur en l'occurrence ce qui ne l'avait pas vraiment rassasiée. Elle n'avait aucun endroit où passer la nuit, rien à manger, aucun contact, pas d'argent, rien. Elle n'avait rien à part elle-même. Le soleil déclinait déjà et Manya commençait à se demander si elle n'aurait pas du rester avec les paysans. Ces alaviriens lui auraient peut-être au moins assurer une charrette pour dormir ce qui, malgré le manque de confort de cette dernière, n'en restait pas moi certainement plus enviable que le pavé froid et sale d'Al-Jeit. Mais malheureusement, elle serait incapable de les retrouver dans le labyrinthe de rues. Elle n'était déjà pas capable de dire avec précision où elle se situait par rapport à la petite place grouillante de monde qu'elle avait quitté ce matin...

Avec la nuit était arrivée une atmosphère inquiétante. La jeune aline s'était recroquevillée dans le fond d'une minuscule ruelle, un cul de sac entre une boucherie fermée depuis une heure environ et une maison dont les murs se fissuraient. L'endroit était vide, de la mousse recouvrait certains pavés et la poussière se chargeait du reste. Sur le côté droit, une étroite porte devait s'ouvrir sur l'arrière boutique de la boucherie. De temps en temps elle voyait passait dans la rue ou débouchait l'endroit une ou deux personnes. Des ivrognes, des filles de joie, des travailleurs tardifs... Roulée en boule, tête posée sur la faible couche de mousse sale, elle essaya de s'endormir. Les avancées des toits des maisons l'empêchaient de voir le ciel de là où elle se trouvait. Elle fixa un moment un rat qui passait, furtif et pressé, serrant dans ses pattes un morceau de quelque chose dont elle préférait ignorer la nature. Elle put aussi observer à loisir une colonie de fourmi s'en allant en file indienne vers une petite craquelure à la base du mur, transportant la nourriture nécessaire à leur société miniature. Quelques bruits sourds retentissaient, on entendait encore deux ou trois rires gras assortis de plaisanteries douteuses. Les paupières lourdes, Manya finit par trouver un sommeil agité et peu reposant, mais un sommeil tout de même.
Disons jusqu'à ce que le boucher, sans qu'elle sache trop pourquoi, ne sorte par l'étroite porte pour la réveiller à grands cris et lui signifier de déguerpir. Elle grogna. C'était une tradition à Al-Jeit de secouer les gens pour les réveiller ? Elle partit sans un mot, se demandant au passage comment le ventre proéminent de l'homme ne l'avait pas empêcher de passer la porte. Elle soupira, marchant encore ensommeillée. Elle se maudit intérieurement pour s'être autant laissé aller. Quelques temps plutôt, elle aurait volé sans remord, collé une raclée au boucher, arraché de force la charrette des paysans. La rousse ne savait pas si c'était par fatigue, du fait de se sentir aussi loin de la mer et des embruns, ou juste un instinct de survie qui lui soufflait de ne pas faire de vagues. En effet, bien qu'elle sache se battre, elle ne connaissait que trop la réputation de certains peuples alaviriens, et de plus elle était seule. Complètement seule. Au milieu de gens qui, si ils découvraient son identité, la tueraient sans doute sans aucune considération, attendu qu'ils la haïssaient autant qu'elle les haissait. Et cette désastreuse situation la faisait enrager.
Elle erra encore dans les rues. Ses jambes et ses pieds lui faisaient mal. La fille de la mer reconnut un ou deux endroits par lesquels elle avait du passer dans la journée. Oh elle aurait bien pu aller tricher à une quelconque table de jeu mais n'avait que son couteau à parier. Celui qu'elle tenait de son père. Elle aurait pu aussi accepter la grasse proposition douteuse d'un semblant de combattant déjà bien imbibé mais avait préféré lui flanquer un coup de point, qu'elle jugea trop faible à son goût, et s'en aller en courant. Elle aurait pu encore rejoindre une patronne de maison close qui l'appelait du bout d'une rue peu rassurante mais ne lui avait pas accordé un regard et s'était éloignée. Elle aurait aussi très bien pu se défouler sur les premiers Alaviriens qui passaient mais, outre le fait qu'elle n'en avait même pas la force mentale ou à peine physique, elle se ferait vite rattrapée et massacrée dans un caniveau.

A force ne pas faire attention à l'endroit où elle allait, elle se retrouva perdue dans un quartier assez peu engageant. Elle vit un homme, armé pourtant et faisant au moins deux têtes de plus qu'elle passer en cours d'un air totalement paniqué. Pur reflex de curiosité, elle alla exactement dans la direction d'où il venait. Elle ne savait bien sur pas que par là se trouvait des assassins, sans quoi le caractère suicidaire de ce choix de chemin aurait frappé Manya en pleine figure. Mais non, elle avança. Bon, prudemment certes, et en se cachant dans le moindre recoin ou saillie de mur sitôt qu'elle entendait un bruit.
Elle aperçut dans la semi obscurité deux hommes, d'à peu près une trentaine d'année de ce qu'elle pouvait en juger, qui discutaient, entre deux maisons dont une écroulée. La pirate se cacha immédiatement derrière un tout petit escalier en pierre menant à la porte d'une autre maison et essaya d'observer discrètement. Un des deux combattants, à en juger par leurs tenues particulières et les armes qu'ils portaient tous deux, lui faisait dos et la masquait sans doute à la vue du second. Notre jeune Aline ne parvenait pas à saisir le contenu de leur conversation mais ne doutait pas que, si ils la surprenaient ici, elle allait passer un sacré quart d'heure. D'autant qu'autour deux se trouvaient quelques cadavres ce qui ne la rassurait que très moyennement. Ça expliquait l'homme en fuite qu'elle avait aperçu tout à l'heure. Mais partir elle aussi n'était pas la meilleur solution, elle ne s'estimait en effet pas assez discrète pour leur échapper et apparemment, l'un était en possession d'une arbalète...

L'homme dos à elle se mit à bouger, la discussion prenait sans doute fin. Manya se recroquevilla contre la pierre, priant pour qu'une fois l'homme parti, l'autre ne remarque pas sa présence. Échec. Sur tout la ligne. Un carreau d'arbalète lui coupa une mèche de cheveux. Elle comprit immédiatement que le combat lui serait inutile. Le combattant avait en main épée et arbalète. Elle avait... un couteau. Bon on pourrait éventuellement considérer comme une arme la petite pierre qui gisait non loin mais ça risquait de manquer un peu d'efficacité. Réfléchissant à tout vitesse, elle se précipita hors de sa planque, gardant ses mains vides bien en vue. Elle regretta d'avance ce qu'elle allait dire. Implorer sa vie à un Alavirien était la dernière chose qu'elle souhaitait mais le type avec l'air d'un assassin chevronné et elle n'était qu'une jeune femme affaiblie et bien trop loin de chez elle. Les connaissances qu'elle avait en combat ne risquaient certainement pas de lui sauver la mise dans cette situation. Elle débita donc, histoire d'en finir le plus vite possible et d'éviter un autre carreau d'arbalète :


-Non-ne-tirez-pas-s'il-vous-plait-je-n'ai-rien-à-voir-avec-eux-je-ne-sais-pas-qui-ils-sont-je-suis-juste perdue-je-ne-suis-même-pas-d'ici !
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Garrus Auraya
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Garrus Auraya
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29.03.13 23:34
Garrus contrôla son geste de justesse, et sauva ainsi la jeune femme qui se présentait devant lui. S'il l'avait désignée comme un danger potentiel, il aurait sans doute tiré, et elle n'aurait alors pas été là pour débiter les paroles inarticulées que Garrus interpréta comme une manière de se rendre. Il se demanda d'abord si elle était Alavirienne : car, s'il avait saisi le sens général de sa phrase, il n'en avait pas compris les subtilités ; il supposa donc qu'elle avait parlé trop vite et ne tint pas compte de ses paroles. Sous son visage de fer, il jaugea la gamine qui se tenait devant lui. L'air désespéré, les vêtements déchirés, et pourtant une lueur de vie dans son regard profond de vivacité d'esprit. Un poivrot que l'on menace écarquille les yeux et supplie, mais a conscience qu'il peut y passer, et ne s'accroche pas à la vie avec l'insouciance de l'adolescence. Cette petite devenait adulte, et devait sûrement sortir de peu des croyances propres aux jeunes. Cette prise de conscience brutale lui était imposée et la rendait folle de ne pas maitriser la situation. C'est ainsi que Garrus interpréta la situation. Alors qu'une fine vapeur se formait sur l'expiration de l'assassin, celui-ci prit conscience qu'il menaçait une enfant loin de chez elle. Elle n'était pas du coin, il en mettrait sa main à couper : sa peau hâlée attestait de longues expositions à un soleil tropical, ou pour le moins chaud. Ses muscles fins, outre le manque de nourriture, attestaient d'un travail bien particulier, et Garrus fut presque certain de pouvoir distinguer les cals du métier sur ses mains. Il avait face à lui une pirate.
Il ressera sa prise sur son arbalète et effleura la tige de métal qui déclenchait le tir. Sa méfiance à l'égard de la prétendue pauvre âme s'accrut, et la curiosité l'emporta sur son devoir. Il se découvrit, sous le froid, l'humidité et la pression, une voix bien plus grave que de coutume. Était-ce le masque qui l'affectait ? Il lui fit vite comprendre qu'il savait qui elle était. « Qui êtes-vous ? Que faites-vous si loin de chez vous ? » Et sur ces gestes il rengaina sa lame, veillant à conserver une distance de garde entre celle qui jugea comme une potentielle opposante pernicieuse et lui. Entre les quelques mètres qui les séparait, le vent soufflait et la tension montait. Doucement, et sans quitter du regard sa future victime, il changea son arme de main ; la posture droite et dominante, il inspirait tout de l'homme qui sait ce qu'il fait et qui possède une réponse à chaque situation. De la main libre, gauche, il ressera son gilet sur son torse. Il supposait que la jeune femme avait déjà apperçu les manches argentés de ses couteaux de jet, disposés sur un ceinturon en travers de son corps : si elle parvenait à percer sa garde, elle pourrait éventuellement tenter de lui voler une lame ou deux -avant de goûter aux coins dangeureusement aiguisés de son arbalète. La chaîne de sentiments qui défila sur le visage du guerrier resta bien sûr invisible à la pirate, et celle-ci devait réellement commencer à s'inquiéter de son sort. D'ailleurs, qu'allait faire Garrus de la jeune femme ? Pouvait-il réellement laisser un témoin du massacre qui s'était déroulé presque sous ses yeux ? Et quand la nouvelle d'un chef de clan assassiné éclaterait, elle saurait qui en était l'auteur. Allait-elle le dénoncer ? Bien sûr que non, songea Garrus. Pourtant une arrière pensée l'incita à se débarasser des preuves. Un assassinat de ruelle n'était pas inconnu dans ces quartiers mal fréquentés. Il leva le bras et mit la demoiselle en joue. « Parle. »
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