Des... bonbons ? C'était donc là ce qu'ils avaient à trouver, ou plutôt à réunir, elle comme la multitude d'autres silhouettes qu'elle avait aperçues...
Et elle, Eyrim, avait gagné le premier pour être parvenu à se libérer une première fois. Mais elle n'eut pas même le temps de profiter de la liberté enfin acquise, la créature d'eau qui l'avait enfermée une première fois réitéra cela, d'une manière cependant légèrement différente. Tout d'un coup, sans qu'elle puisse rien saisir, elle se trouva prise de nouveau dans cette sensation d'étouffement qu'elle redoutait tant. Où se trouvait la sortie ? Tout ici était semblable, rien ne se distinguait, pas même elle-même. Et elle qui s'était toujours demandé où étaient les vraies limites de son enveloppe corporelle, la faëlle qui toujours avait cherché à se projeter plus loin, à présent qu'elle n'avait plus même le repère stable d'un corps qu'elle connaissait, comment ne pas se perdre dans ces dédales infernaux de souffles d'air qui lui ressemblaient tous ? Elle ne sut plus qui elle était, où elle était, ni ce qu'elle faisait là, tenta d'avancer mais ne fit que se perdre un peu plus profondément et accentuer ce vertige immense qui grandissait dans son esprit comme un bourdonnement dense à ses oreilles qui, où qu'elle aille, se trouvait encore présent et la perdait plus encore.

Soudainement elle lâcha prise. Plus rien ne fut, le grain de poussière perdit la seule chose qui la retenait à la vie à présent qu'elle n'avait plus son corps, sa conscience. Elle sombra dans un noir infini, sans savoir si elle en reviendrait.

Neleam explorait les lieux et tomba devant un château de sable. Un sourire se peint sur son visage et elle l'écrasa d'un coup de pied destructeur. Sans s'intéresser le moindre du monde aux grains de sable elle continua sa marche guidée par un hurlement qu'elle venait d'entendre.

A peine était-elle partie qu'un bonbon apparu sur ce tas de sable, certainement pour revigorer les... grains de sable. Ricanant à cette idée Neleam continua sa marche, car le hurlement était celui d'un loup.
D'un loup terrifié.
Neleam hâta le pas et trouva rapidement la source du bruit. Une louve face à un louveteau. La dame-lave comprit rapidement la situation, et s'étonna de la réaction de la louve. Elle refusait le combat. Des brides de pensées vinrent l'effleurer et elle comprit. Un chevalier. Une mère.
Son sens du devoir et sa notion du bien étaient trop forts.
Admiratrice Neleam souffla sur la scène et le louveteau (du moins l'image qui était sur les lieux) disparu dans les flammes. Ne restait plus que le chevalier-loup et devant elle un bonbon.

Curieuse de voir jusqu'à où irait la dévotion et l'altruisme de la louve, elle lui montra le chemin vers le pâté de sable. Un chemin fait de petits cailloux blancs menant jusqu'à un bonbon. Celui du grain de sable, mais qui avait conscience d'un grain de sable ? Et que ferait un grain de sable d'un bonbon plus grand que lui ? Que ferait la louve ?

Plus rien n'existait vraiment ; Eyrim elle-même n'était plus, ni sous forme physique ni mentale, et n'avait pas même conscience de n'être plus. Tout était bien en quelque sorte, la dureté vulgaire de la vie ne pouvais ainsi plus l'atteindre du tout.

Cependant cet état de non-être béat ne dura pas ; ou tout du moins, cessa-t-il après un temps indéterminé, que la faëlle ne put mesurer. Elle était incapable de dire s'il s'était agi d'une seconde, d'une heure ou d'un an. Voire même d'un siècle ? Cette dernière hypothèse, qui lui caressa un instant l'esprit, lui parut intéressante jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'à priori, il y avait encore des personnes qu'elle aimait en ce bas monde.

C'est pour cela que lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait repris contact avec la réalité, elle ne décida pas tout de suite de fermer les yeux et de repartir en espérant ne pas en revenir cette fois. Elle choisit plutôt d'essayer d'observer ce qu'il se passait autour d'elle. Quelqu'un avait du remuer le tas à l'intérieur duquel elle était perdue, à présent elle pouvait voir le ciel. La nuit était tombée, elle se sentit respirer de nouveau. Un bonbon avait disparu, apparemment. Tant pis, elle était en vie ce qui en soi n'était déjà pas si mal. Ou du moins un état de fait intéressant, en attendant autre chose. Elle se débrouillerait, si vraiment elle avait besoin d'en trouver d'autre. Ou alors elle n'en trouverait pas, tant pis. De toute façon il n'y avait rien ici. Pas même le premier bonbon qu'on lui avait déjà donné.

Elle se dit alors simplement que, si une instance supérieure existait, elle lui accorderait ses deux bonbons ; puis elle se dit que non parce que Dieu, s'il existe, il exagère, comme il l'a toujours fait.

Spoiler: