Cher Bjorn,

Après avoir harcelé Sil’Afian pendant des mois et des mois, j’ai enfin réussi à obtenir votre adresse. Je savoure donc avec vous, cette victoire qui était loin d’être aisée. Depuis que vous avez été promu à la tête de la légion noire -toutes mes félicitations d'ailleurs- vous avez été mis sur liste noire, autrement dit on ne trouve nul part d’information à votre propos. Enfin, d’informations permettant de vous contacter, car on peut trouver de nombreuses images de vous… En armure ou sans, à table ou dans votre salle de sport… À croire que vous êtes photogénique (ou peinturgénique ?) et que vous inspirez de nombreux artistes.

Eh bien, je suis comme nombre de ces demoiselles qui collectionnent les clichés de vous. Votre charme ravageur m’a séduite et vos plaisanteries, tout comme votre caractère enjoué, donnent au monde des couleurs bien plus belles. Vous êtes une personne importante, et je regrette que le monde ne vous voie que comme un ami d’Ewilan Gil’Sayan, car je sais, que vous êtes à l’origine de cette formidable quête. Que serait devenue Ewilan sans votre intervention lorsqu’un Ts’lich l’attaquait ? Aurait-elle suivi Edwin Til’Illan sans votre présence rassurante et bienveillante à ses côtés ? Qu’auraient été ces longs voyages sans votre bonne humeur contagieuse ? Je pourrais continuer longtemps ainsi, à admirer -outre votre délicieux fessier- votre courage, votre force et votre noblesse d’âme.

Je suis une véritable fan, vous avez donné un sens à ma vie et je tente de m’inspirer de vous dans mon quotidien. Je passe d’ailleurs de longues heures de mes journées au « Chien qui dort »dans l’espoir de vous y croiser « par inadvertance », je sais qu’il s’agit d’une de vos tavernes préférées. Mais il faut croire que le destin est capricieux… C’est pour cette raison que je ne lui laisse plus voix au chapitre et que je vous écris cette missive.

Sachez que, hors de votre nouveau camp d’entraînement, se trouve une femme qui espère désespérément vous rencontrer. Moi. (je précise… je ne voudrais pas que vous fassiez de fausses idées)

Alors, je prends la liberté de vous inviter à un dîner. Quelle audace, je m’étonne moi-même. N’ayez peur, il s’agira d’un dîner en toute amitié, je feinterais d’ignorer vos exploits afin de pouvoir vous écouter parler -et pour ne pas trop vous inquiéter en connaissant votre vie dans les moindres détails- nous mangerons comme des rois et boirons le meilleur des vins. On rira et la nuit sera notre compagne.

Si l’idée vous semble attrayante, rejoignez-moi à la porte d’Améthyste d’Al-Jeit au coucher du soleil, le jour du solstice d’hiver. Je serai revêtue d’une cape rouge et vous attendrai le cœur plein d’espoir. D’ici là, éblouissez le monde avec votre talent.

Très affectueusement,


Maelenn, une fervente admiratrice qui verra peut-être son plus grand rêve devenir réalité.

Sayanel,

Vous ne me connaissez pas et c'est bien normal, alors, pour dissiper le nuage de brume qu'il existe entre nous, je vais me présenter. Je m'appelle Agnès, j'ai 25 ans, et je vis dans cet autre monde, si loin de Gwendalavir. Un voyageur des deux mondes à un jour fait le récit de vos aventures, de celles d'Ewilan, de celles d'Ellana, de votre peuple, de votre monde et de ses merveilles.
Cela fait quelques années qu'il s'en est allé d'un pas sur le côté vers d'autres contrées pour vivre d'autres histoires, et pouvoir les raconter à d'autres enfants comme nous étions, avides d'aventures, de personnages fantastiques et de quêtes chevaleresques.
Car c'est ça qui nous a fasciné à ce moment. Ce monde inconnu qui coulait sous les doigts de l'Auteur, ces mots qui nous emportaient loin, si loin...
Nous avons découvert tant d'endroits et tant de visages, avec une si grande variété de détails qu'ils semblaient prendre vie dans nos têtes, au creux même de nos rêves.
Et puis nous nous sommes attachés aussi. Aux rêves d'Ewilan, au grand coeur de Salim, à celui, non moins grand mais plus dur à apprivoiser d'Edwin, à tous ces détails qui vous, personnages de ces aventures que nous désirions plus que tout vivre, vous rendaient si proches que nous aurions pu vous toucher.
Et puis, un jour, j'ai découvert votre nom. Je me rappelle à cette époque, je lisais étonnamment vite et pourtant, j'ai ralenti l'allure pour être sûre de ne rien manquer de vos gestes, de vos mots, déjà consciente que si vous deviez bouleverser la vie d'Ellana, lire votre vie pourrait changer des choses dans la mienne.

Vous êtes de ces personnages qu'on appelle secondaires mais qui pourtant, si on y regarde mieux, ébranlent l'existence des principaux.
Vous êtes le premier qui a montré la voie à Ellana, et si Jilano fut si pleinement son guide, vous êtes celui qui a pris sa main.
Vous êtes de ces personnages qui, en étant couchés sur papier tendent à transmettre des valeurs pures et essentielles.
Vous êtes de ces personnages clé qu'on aime en secret, mais sans même le savoir.
Vous êtes de ces personnages qui nous font rêver, parce qu'ils ont la capacité de changer une vie.

Cette missive se perdra probablement dans le vent, mais j'ai confiance; puissiez vous la saisir lorsqu'il vous parlera à l'oreille.

Bien à vous,
Agnès, d'un autre monde.