Hésitation. Elle est que trop présente quand on cherche à se souvenir d’hier. Le manque de foi en sa propre personne. Était-ce le bon endroit ? La bonne table et les mêmes chaises ? Ah ! Que de détails pour mon arrogance. J’en souris d’autodérision. Au pire, je me trompe et lui demanderai où et quoi corriger.

Ce soupir d’aise quand on pose son saint postérieur et nous affalons dans une posture d’étirement qui ne nous mets rarement en valeur. « Valeur ? » ah oui. On se redresse si facilement après avoir oublié que le ridicule ne tuait pas.




Al-Jeit, cité merveilleuse située au sud de ce continent aux habitants les plus fabuleux aux plus excentriques. Ne me regardez pas comme ça allons. Je suis excentrique d’aspect ou comme une belle blague. Ceux d’ici le sont sans le savoir, les pauvres. Mais ils ont pour la plupart un coeur assez bon. Relativement.

Et ça y est, tandis qu’arrive la serveuse que se bousculent songes et souvenirs d’antan. En à peine trois secondes je me téléporte à Trois ans plus tôt. Débarrassé de ma cape, de mes habits d’aventures, de mes solides bottes de marches. En remplacement à mes fines lames je n’avais qu’un smartphone déchargé et ma langue apitoyée. J’étais ensablé de ma venue. Littéralement. Imaginez donc un gars costume cravate trempé de sueur sortant du désert et assoiffé. Et désorienté. Je rigole tout haut de mon état. Oui j’avais de bonnes raisons d’être perturbé mais quelle chochotte j’étais !

L’on me sort de mes songes avec force douceur et acuité de clarté. Une voix de femme, certes.


« Pardonnez moi gente demoiselle. Ce sera non pas votre meilleur vin mais quatrième après celui-ci, je vous prie. Oh et pardonnez mon audace, mais il y a bien longtemps qu’une noble dame venait par ici en ma compagnie. Chevalier de métier, est-ce que « Neleam » vous dirait quelque chose ? ... hm non, je vois. Mes remerciements. »


Je lui dis toutes ces choses avec mon sourires des plus charmeurs, j’avais appris de trois petites choses dans quelques voyage d’aventure. Pas plus noble les unes des autres. Enfin, comme les Al-Jeitois, c’est relatif !

Neleam. Comme j’aurai voulu vous montrer que même si je n’ai pu hériter du titre de Chevalier, je puis me défendre. Ah ! J’aurai raconter avec proses et notes à l’appui, mes premières échauffourées, mes premiers voyages et aventures en tant que garde du corps. Et surtout comme un fuyard haha, au début.

L’art de la fine lame se fit plus grande que je n’ai pu faire de réelles rencontres si ce n’est d’une femme. Une guerrière redoutable. Et d’une féroce beauté. Je me ferai un plaisir de vous en parler quand nous nous reverrons. C’était lors d’un voyage, le plus long de mon existence pour le continent voisin à l’est. Nous avions combattu ensemble. Sympathisé ensemble. Rit ensemble. Et dû reprendre ensemble notre route à chacun. Je lui serai un ami des plus fidèle si elle ne désire pas plus... mais assez parlé de moi. Surtout que parler tout seul ne se fait plus trop.

Je me lève soudain en remettant mon chapeau à plume sur la tête souriant jusqu’aux oreilles. L’on crie « Au voleur ? » sous mon nez. Je ne suis peut-être pas chevalier de métier mais de coeur, je ne saurai dire trop souvent que c’est toujours l’heure !
J’abandonne ma boisson alcoolisé pour quérir ce brigand salvateur.

Ouste le passé ! Je te pose un lapin La Mélancolie. J’ai mieux à faire.


« N’ayez crainte noble personnage, Je suis Armando Meister et je vais m’occuper de récupérer votre bien ! Taïaut ! »

« Aventure, quand elle me prend dans ses bras et me dit des mots tous bas. Ça me fait quelque chose ! »
Je vous confie cette recette secrète contre le coup de blues. Prenez un soupçon d’ouverture, un bon gros bol de curiosité et laisser le goût du risque mariner jusqu’à ce que l’inattendu fasse irruption. Faites cuire le tout par le feu de votre caractère pour une durée semblable à votre persévérance. Ne patientez que très peu. D’ailleurs, votre voleur se fait la malle attendant que vous l’empêchiez de faire une erreur. À table !

C’est un bon coureur, car il a l’agilité d’un chat et la course folle d’un jeune étalon. Je ne parle pas de moi hélas malgré ma jeunesse mais de ce garçon bien moins âgé que ma modeste personne. Mais il ne semble pas posséder mon humble expérience. J’ai froncé des sourcils quand je l’ai vu se faufiler entre une foule d’un marché de rue. Il dévalait cette rue pour s’y perdre plus bas. Dommage pour lui, c’était l’heure de mon avanturesque repas.

Je prenais donc un autre rue parallèle où s’étendait une très grande rangée de marches. Je me rappelais avoir pris ce chemin pour la grande bibliothèque. Je mettais une vingtaine de minutes à chaque fois pour les monter et dizaine à les descendre. Blaste les marches ! Je saute et laisse ma cape et le cuir de mes bottes me faire glisser sur l’énorme rampe de calcaire. La vitesse qui augmente selon la chaleur montante à mon postérieur me fait sourire. Si je devais m’y attendre, ce matin que j’aurai pareille course poursuite. Quand je l’attraperai je lui devrai bien un repas à ce gamin. D’ailleurs mon arrêt est pour bientôt. Ça chatouille dans mes tripes quand je me réceptionne et faille à tomber.

Quelle timing parfait ! Je me redresse donc et pivote sur moi-même en me contorsionnant pour attraper la veste du fuyard. Avec sa célérité j’ai failli me retrouver tête au sol mais me penchant je parviens le retenir.

« Ahah ! Belle course petit ! Mais, c’est fi.. »

Je le regarde se défaire de son vêtement à une vitesse ahurissante et prendre de la distance. Un bref instant bouche bée, je me remets à ses talons au pas de course.

Bon, il m’a eu sur ce coup là mais il fatigue et j’ai encore de quoi dépenser pour un petit temps. On va bien voir qui a les plus grandes jambes entre nous, d’ici quelques minutes je t’aurai. Et puis je m’arrête. Là, entre en jeu cette chère cousine de dame Aventure, dame Bonne Fortune. L’ingénieux Hidalgo Don Quichotte la décrit mieux que quiconque:



Le voleur volé à son paroxysme. Elle est apparue comme par enchantement. Changement de compagnon de dîner donc. Dommage pour le garçon il est parti sans demander son reste. Mais je le comprends, comme lui j’ai vu ce reflet de vif-argent qu’est la lame d’un poignard. Elle est habile de ses mains je devrai prendre quelques précautions. Elle s’installe sous un arbre adossé à son tronc, m’attendant. J’arrange mes habits en les lissant puis d’un pas plus lent je me dirige vers cette dernière, récupérant. L’humeur frivole fait place à la prudence et méfiance mais je n’en montre rien. Souriant charmeur, je lève chapeau et l’écarte de mon visage durant quelques secondes en m’inclinant.

« Bien le bonjour, je l’espère gente, demoiselle. »

Rangeant chapeau sur crâne chevelu tout en me redressant:

« Il semblerait que vous possédiez une chose qui ne vous appartient pas... Car sinon pourquoi crier à l’aide si vous pouviez vous en charger ?... »

Je fais mine de sourire bêtement et ricanant à ma boutade. C’est bien là ma seule défense, mon visage. Je ne sais pas si c’est chose courante lors de pareilles situations mais le sien me dit quelque chose.

Ma foi, c’est ça l’inattendu. N’avoir aucun contrôle véritable sur la situation. Mais ici, il y a quelque chose qui cloche et qui repousse le plaisir aveugle à la méfiance et prudence. Je ne saurai dire pourquoi mais mon instinct me disait de prendre un bouclier. Il y avait un quelque chose qui émanait d’elle de dangereux. Ou bien de sombre je ne saurai dire.

Bref. J’attrape la bourse la soupesant en haussant les sourcils, surpris. Et un peu déçu à ma grande honte. Comme si je m’attendais à qu’elle me crache du poison ou une pluie de lames sorties on ne sait où. Je suis trop fantasque parfois. Mais si ce n’est pas pour la bourse, pourquoi .. est-elle là ?

Reprenant bien vite mon sourire, je fais des « oh » et des « ah » quand à sa vision des choses de ma course poursuite. « Elle me suivait ? ». J’écarte les mains en un signe de nonchalance suite à ce qu’elle dit sur le fait que cette course ait interrompu mes activités. Je comprends pas vraiment ses sous-entendus. Me serai-je mis dans un pétrin sans le savoir ? Un ennemi du passé qui se vengerait ? J’ai beau réfléchir je ne pense pas avoir mérité une telle haineuse dévotion d’une quelconque personne. Pas encore.

« Oh bah, ce n’était qu’un verre vous savez. et puis je ne l’ai pas payé. Donc bon... »

Je souris en coin comme si c’était évident qu’il n’y avait que ça. Il faut gagner du temps, la faire parler pour en savoir plus. Mais j’ai beau fureter de gauche à droite pas moyen de savoir où elle a caché sa courte lame. Ce qui m’inquiète quelque peu.

Je n’en peux plus, tant pis. Il me tarde de savoir le pourquoi du comment et surtout le quoi ! Alors que je m’apprêtes à lui clamer mille et une questions elle se décolle de son dossier à écorces en me retournant mon sourire. Et ses yeux m’analysent avec attention, je fais alors mine de chercher une tache sur moi. Osons le ridicule jusqu’au bout. Pour le coup, je n’ai plus envie de poser quoique ce soit. De savoir oui mais je la laisse prendre le devant.

« D’ailleurs je présume que vous allez retourner à vos occupations prestement non ? J’espère que ce n’était rien d’urgent ou de vital. »

Qu’y a-t-il donc derrières ses phrases et ses mots ? Qui suis-je à ses yeux ? Je réagis d’un air pensif, songeant à quelle occupations je pourrai bien effectuer. Mon pouce et index prenant mon menton dans une pose de réflexion.
Et puis, comme si c’était évident, une fois encore, je lance dans ma propre main la bourse.

« Exact ! Grâce à vous ma popularité va monter en flèche: « Le sauveur de bourse », allez savoir. Merci encore.. à la révoyure ! »

Reculant d’un pas tout en parlant et inclinant brièvement la tête dans un théatral salut. Je me retourne, sens néanmoins aux aguets, la laissant dans mon dos et m’en éloignant. Je retourne sur mes pas pour rendre la bourse à son propriétaire.

« Mais et la curiosité ? L’ingrédient de l’aventure ? » Justement les amis ! Elle s’attendait à des questions ou réponses de ma part. L’absence des miennes va attiser sa curiosité. Elle ne s’attendait surement pas à me voir partir si vite. Je souris à part moi. Que j’aurai aimé voir sa réaction !