-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

 :: Terres du Sud :: Grandes Plaines Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Chasse à l'homme
Aller à la page : 1, 2  Suivant
avatar
Invité
Invité



27.01.20 19:34
Les voyages n’étaient pas tous tranquilles. Aeterna n’était pas contre les rebondissements, les courbes qu’il fallait parfois suivre pour continuer à avancer dans la vie comme sur la Voie. Elle aurait néanmoins apprécié qu’aucun contretemps ne vienne ternir sa route cette fois : elle devait retrouver Huring. Il lui avait donné rendez-vous à un endroit bien particulier, un endroit qui avait marqué son enseignement, et même si la marchombre ne s’y était rendue qu’une seule fois elle ne doutait pas une seule seconde de le reconnaître ni de le retrouver. Les rencontres avec son maître – ou son ancien maître, devrait-elle dire?- étaient rares, et plus rares encore étaient celles qui étaient planifiées. Mais il devait se trouver là avec son nouvel apprenti et elle les y retrouverait. Cette rencontre serait probablement des plus enrichissantes à tout point de vue, et Huring l’avait poussée sur la Voie avec un tel enthousiasme et surtout une telle confiance qu’il demeurait à ce jour son plus grand ami.

Seulement elle était là, dans une auberge miteuse et désertée. Les voyageurs étaient rares, la plupart connaissaient du monde et passaient de village en village en dormant chez leurs connaissances. Aeterna n’était pas vraiment une fille du Sud, il fallait avouer qu’elle n’y connaissait pas grand monde et elle rechignait un peu à l’idée de s’incruster chez quelqu’un. Elle ne craignait pas les rencontres, elle ne voulait simplement pas être un poids pour qui que ce soit et puis… Sa cicatrice au visage, son allure étrangement féline et la réputation de sa guilde ne lui donnaient guère envie de tenter l’expérience. De toute façon, le décor un peu pitoyable était le cadet de ses soucis. Il y avait quelqu’un à sa recherche.

Quelqu’un dont elle devait impérativement se débarrasser avant d’atteindre son point de rendez-vous, au risque de mettre Huring et son apprenti en danger. Les Mercenaires n’étaient pas aussi solitaires que pouvaient souvent l’être les Marchombres, elle était bien placée pour en savoir quelque chose. Et ils détestaient au moins autant les traîtres. Aeterna avait cru qu’ils la laisseraient tranquille et ça avait été le cas un temps, il est vrai. Mais en ces temps troublés il devenait sans doute crucial pour eux d’éliminer les risques. Une personne capable de révéler certains secrets en était un de taille.

Elle avait déjà tenté quelque chose, bien sûr. Elle avait aperçu son ennemi, mais il avait pris la fuite dans un magistral pas-sur-le-côté quand elle avait tenté de le combattre. Il n’était sans doute pas prêt, il préférait probablement la surprise et avoir le choix du terrain. Encore une raison qui poussait Aeterna à fuir le domicile de gens innocents qui seraient invariablement en danger auprès d’elle tant qu’elle n’aurait pas réglé ce problème. Et ça n’allait plus tarder.

Les Mercenaires se faisaient plus discrets ces derniers temps, ça ne les empêchait pas d’agir. Une série de meurtres semblait suivre Aeterna au travers de son voyage. Elle terrorisait les habitants, bien sûr, qui ne comprenaient pas ce que ce mystérieux tueur pouvait leur vouloir dans un coin si reculé. Il était réputé pour tuer des honnêtes gens et ne semblait même pas motivé par l’argent : on pouvait comprendre leur effroi. Mais Aeterna savait. Elle savait qu’il continuerait son petit manège au moins jusqu’à avoir croisé une nouvelle fois sa route – peut-être même après, si elle n’était pas celle des deux qui survivrait. Et lui, il savait sans doute qu’elle se sentirait responsable. Elle fuyait peut-être trop vite pour lui, trop vite pour qu’il la rattrape. Mais il ne perdait jamais sa trace, et sa tactique était désormais claire. Aeterna allait finir par l’attendre. Et quand il la rejoindrait, il serait prêt.

La marchombre serait prête, elle aussi. A vrai dire, le plus difficile était surtout d’apaiser les esprits de la petite bourgade dans laquelle elle séjournait. Elle ne s’était pas cachée cette fois, elle marchait au milieu des rues avec ses cheveux blancs et sa cicatrice. Les marchombres étaient des hommes et des femmes de l’ombre, furtifs et agiles, libres, intangibles. Pas cette fois. Cette fois elle créait une piste en or, elle n’effaçait pas les traces, elle ne disparaissait pas comme les chevaucheurs de brume savaient si bien le faire. Il fallait désormais l’attirer… Et empêcher que n’importe qui s’en mêle. Un envoleur était déjà un danger auquel la plupart des habitants ne survivraient pas s’ils tentaient d’y faire face. Un mentaï, c’était le niveau supérieur. Aeterna aurait presque pu être flattée qu’on accorde tant de soin à la tuer. Il ne restait plus qu’à espérer qu’il ne s’en prenne pas à Huring après elle, mais tant qu’elle vivrait elle ne leur donnerait aucun moyen de le retrouver. Et surtout pas le lieu de leur rendez-vous.

Seulement, elle ne pouvait pas empêcher les rumeurs de courir. Elle avait même déjà entendu certaines personnes parler de monter un groupe pour s’occuper de cet énergumène. Devait-elle s’y joindre ? Ou tenter de les dissuader de s’en occuper par eux-mêmes ? Ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire, ils croiraient tomber sur un psychopathe ordinaire ou au mieux un ancien soldat. Ils mourraient pour rien ou pire, ils mourraient à cause d’elle. Et ça, Aeterna ne pouvait pas le supporter. Ils étaient libres, aussi libres qu’elle de faire ce qu’ils voulaient. Mais ils n’avaient pas toutes les cartes en main pour prendre cette décision.

Alors elle avala une nouvelle gorgée de sa chope en écoutant la conversation de la table d’à côté dans son auberge miteuse.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



27.01.20 20:53
Esquisse avançait au pas, tandis qu’elle et sa cavalière arrivaient dans une petite bourgade du sud, perdue dans les larges étendues qui jouxtent la côte. Elayne n’était pas très loin de sa terre natale, pourtant elle connaissait à peu près aussi bien ce coin-là que les villages du nord dans lesquels elle avait pu séjourner depuis le début de son épopée. Ce n’est pas vraiment le genre d’endroit dans lequel on laisse s’aventurer de jeunes nobles, étant donné le genre de brigands qui rôdent dans les parages selon les rumeurs.

La jeune femme n’avait pas prévu de passer par ici, à l’origine, mais durant son périple, elle avait commencé à entendre de plus en plus de rumeurs sur un mystérieux assassin qui s’attaquerait aux villages des environs. Curieuse, et surtout soucieuse que cela s’arrête, elle avait décidé de faire un détour par ici afin de récolter de plus amples informations. Pour l’instant, elle n’avait rien d’autre que le nom de différentes communes qui avaient été victimes de son passage, mais cela lui donnait déjà plus ou moins une direction à suivre… Elle pouvait presque tracer sur une carte l’itinéraire de cet homme, ou de cette femme, qui étanche sa soif de sang en s’en prenant à de pauvres gens qui n’ont rien demandé.

Même si elle n’avait pas été troublée par diverses mésaventures, la journée fut longue et Elayne fut particulièrement ravie de tomber sur une auberge. Elle fit s’arrêter sa jument devant le bâtiment avant de descendre de son dos et d’attacher ses rênes à un poteau en bois prévu à cet effet, juste devant un abreuvoir dans lequel flottait quelques brindilles et autres saletés… Au moins, elle n’était pas croupie.

La brune entra alors dans l’auberge en faisant grincer un peu la porte au moment de l’ouvrir et de la refermer. Elle ôta sa capuche qui couvrait sa tête et son visage, puis balaya d’un coup d’œil l’intérieur avant de choisir où s’installer. La moitié des tables dans son champ de vision étaient libres, alors que les autres accueillaient des groupes d’amis ou d’aventuriers, à part l’une d’entre elles. Il y en avait une qui était occupée par une seule personne, assise en tête à tête avec sa choppe. C’est donc naturellement que la dessinatrice se dirigea vers cette dernière.

« Je peux m’asseoir ? » Demanda-t-elle en souriant à la fille balafrée et aux cheveux blancs.

Elle défit totalement la lourde cape qui pesait sur ses épaules, lâchant par la même occasion un soupir de soulagement, puis elle la posa sur le siège en face de l’autre dame en la laissant à moitié traîner par terre. Elle s’installa ensuite à cette même place, lorsqu’elle eut l’autorisation, ou pas, de la personne à laquelle elle s’était adressée. Si la place était prise, il y aurait sans doute un autre verre en face de la jeune fille, mais ce n’était pas le cas.

Elayne leva la main pour attirer l’attention de l’aubergiste, puis elle lui demanda de lui servir une bière, sans oublier le s’il vous plaît. Ensuite, elle réorienta son attention vers la deuxième femme assise à cette table, croisant les bras sur cette dernière en gardant son sourire un peu espiègle, mais surtout sincèrement joyeux.

« Tu as l’air d’une guerrière, j’espère que ce n’est pas toi que je recherche ! » Lui dit-elle en rigolant.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



27.01.20 21:52
La qualité de la boisson dans ce genre d’endroit était souvent plus que discutable. Mais à vrai dire, Aeterna n’avait jamais été habituée à beaucoup mieux. Elle n’avait jamais eu l’occasion de frayer avec la noblesse de l’Empire – ou du moins pas assez longtemps ou pas d’assez prêt pour pouvoir s’intéresser comme il se doit à leur gastronomie. Elle buvait sa bière sans trop y faire attention, se rappelant vaguement que ça faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas été ivre. Qu’elle n’avait pas bu pour fêter une bonne nouvelle, avec ses amis. Enfin, il fallait avouer que ses amis menaient généralement des vies très différentes les unes des autres, et qu’il n’y avait sans doute aucun univers parallèle où elle aurait réussi à les réunir tous ensemble au même endroit et au même moment. Même si elle leur annonçait quelque chose d’aussi saugrenu qu’un enfant ou un mariage.

« Je peux m’asseoir ? »

Aeterna avait entendu les pas de la fille, bien sûr. On ne pouvait pas aisément surprendre une marchombre accomplie. Cependant elle n’y avait pas tout à fait porté attention, elle ne s’était pas intéressée à la destination de la personne qui était entrée en faisant grincer la porte et si elle ne l’avait pas vue juste devant elle, elle aurait sûrement imaginé qu’elle parlait à quelqu’un d’autre. Mais Aeterna sourit quand même, loin d’être asociale même si elle n’était pas toujours très bavarde. Elle releva la tête vers la demoiselle qui n’avait pas l’air bien plus âgée qu’elle, espérant qu’elle ne regretterait pas d’avoir choisi sa table en voyant la cicatrice hideuse qui lui barrait le visage.

- Bien sûr
, se contenta-t-elle de dire dans un premier temps, tandis qu’elle observait son interlocutrice s’installer.

La fille avait commencé à ôter sa cape avant même de recevoir une réponse positive ou négative, comme si elle n’avait pas douté un seul instant qu’on l’autorise à s’asseoir là… Ou comme si la réponse ne lui important pas tant. Aeterna ne dit rien : elle aurait été capable de faire exactement la même chose, un jour où elle aurait eu envie d’un peu de compagnie autour d’un verre. Peut-être que ses amis étaient loin et que ce n’était pas le moment de forcer sur la boisson, mais elle aurait au moins quelqu’un pour lui éviter de finir sa choppe seule. Et parfois, il fallait savoir apprécier ce genre de petits cadeaux de l’univers. La femme leva sa main pour demander la même boisson qu’Aeterna, de manière polie. Le sourire de la marchombre ne cachait pas son plaisir : rencontrer une aventurière solitaire, ce n’était pas tous les jours. En dehors des paysans et de quelques groupes itinérants il n’y avait pas grand monde par ici. Enfin, il y avait elle, sa voisine d’en face, et un mentaï.

« Tu as l’air d’une guerrière, j’espère que ce n’est pas toi que je recherche ! » 

Alors comme ça, elle cherchait quelqu’un ? Aeterna ne put pas s’empêcher de penser, bien sûr, qu’elle devait chercher le fameux tueur : on ne parlait plus que de lui dans la région ces temps-ci. Pourtant, à bien observer le visage souriant qui se trouvait juste devant elle, la marchombre n’y voyait pas vraiment l’âme d’une guerrière. Ou en tout cas, pas la musculature, l’armement, ou la posture d’une guerrière. Elle ne se serait jamais permise de juger son âme. Elle devait chercher quelqu’un d’autre, sans doute. A moins qu’elle soit plus dangereuse qu’on ne pourrait le croire. Ou inconsciente. Du danger qui la guettait si c’était le cas, ou tout court.

- Tu cherches un adversaire ?
Rétorqua donc Aeterna d’un air aussi intrigué qu’amusé par la joie de vivre palpable de son interlocutrice.

Si c’était un duel qu’elle voulait, la marchombre était sûrement la mieux placée dans cette pièce pour lui offrir une quelconque résistance intéressante. L’auberge était à moitié déserte, et même si d’autres aventuriers ou voyageurs auraient pu faire des entraîneurs qualifiés ils étaient sûrement un peu trop saouls pour ça. Ou alors il faisait un peut trop chaud pour la quantité d’alcool qu’ils avaient bue, ce qui revenait passablement au même.

- Je traîne dans les environs depuis quelques temps, je pourrais peut-être t’aider à trouver celui ou celle que tu cherches
, reprit alors la marchombre.

Ce serait une bonne manière de se montrer serviable tout d’abord, mais aussi d’en apprendre un peu plus sur une demoiselle qui semblait haute en couleur et… Possiblement sur une piste un peu trop dangereuse pour elle, à moins qu’elle ait plus d’un tour dans son sac. Et encore. Contre un mentaï, il faudrait un certains nombre de tours et pas n’importe lesquels pour espérer ne serait-ce qu’en sortir vivant. Aeterna elle-même n’était pas du tout persuadée d’être de taille mais elle n’avait pas le choix, et elle ne pouvait pas laisser cette menace peser sur des innocents plus longtemps. Mais elle se tracassait trop ! La fille d’en face cherchait peut-être simplement quelqu’un pour l’entraîner, ou peut-être l’avait-on embauchée pour recouvrer les dettes d’un créancier impatient, ou pour n’importe quoi d’autre.

Alors Aeterna porta à nouveau sa choppe à ses lèvres, laissant le temps à la demoiselle de répondre. Et peut-être de se présenter aussi, après tout, pourquoi pas ?
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



27.01.20 22:25
Au premier abord, la femme aux cheveux blancs n’a pas l’air d’être quelqu’un de mauvais. Elle sourit à Elayne et lui donne l’autorisation de s’asseoir à sa table, même si ce n’est peut-être que pour le temps d’un verre. « Tu cherches un adversaire ? » Répond-t-elle lorsque la magicienne lui confie qu’elle est à la recherche de quelqu’un, sans préciser exactement de qui il s’agit. Elle a l’air curieuse, mais aussi égayée par la venue soudaine de quelqu’un comme la brunette.

« Je traîne dans les environs depuis quelques temps, je pourrais peut-être t’aider à trouver celui ou celle que tu cherches. » Propose celle à l’apparence de guerrière.
« Oh, voyons… Tu sais très bien qui je recherche, n’est-ce pas ? Je ne peux pas croire qu’une femme dans un accoutrement tel que le tien se trouve dans le coin par pur hasard… Toi et moi, on traque le même homme, ce n’est pas vrai ? » Fit son interlocutrice, attendant que la fille repose sa choppe pour lui faire un clin d’œil.

Il y a peu de doutes possibles, si elle traîne dans les environs depuis quelques temps déjà, c’est sans doute pour se confronter à la menace qui a conduit Elayne jusqu’ici. Peut-être même qu’elle a déjà un contrat pour s’en occuper, auquel cas il ne faudrait pas se fier à ses mots, elle ne la conduirait sans doute pas jusqu’à celui que la dessinatrice cherche.

L’aubergiste arrive alors pour poser une choppe bien pleine devant celle qui vient d’arriver. Elle la remercie et attend qu’elle reparte avant de porter son breuvage à ses lèvres, sachant qu’il y a une chance sur deux pour qu’elle ait envie de recracher le contenu de son verre. Evidemment, ça a le goût de pisse, du moins c’est ce qu’Elayne imaginerait comme goût à ce… Fluide. Ce n’est pas assez pour la faire dégueuler, cela dit, elle avait déjà bu bien plus mauvais que ça. Au fond, ce n’est que de la bière standard, comme celle qu’on boit dans toutes les tavernes. Il n’y a que dans les grandes villes que l’on peut s’abreuver avec un bon alcool, si on a de quoi se le payer. Autant dire que ce n’est pas à la portée de tout le monde.

« Au fait, je m’appelle Elayne. Et toi, tu as un nom ? » Demande-t-elle avec un sourire de chipie et un peu de mousse qui lui reste sur la lèvre supérieure.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



27.01.20 23:15
« Oh, voyons… Tu sais très bien qui je recherche, n’est-ce pas ? Je ne peux pas croire qu’une femme dans un accoutrement tel que le tien se trouve dans le coin par pur hasard… Toi et moi, on traque le même homme, ce n’est pas vrai ? »

Elle lui plaisait bien, cette fille. Elle n’avait pas l’air d’être du genre à tourner autour du pot, et elle faisait fonctionner son cerveau. Techniquement Aeterna n’avait rien dit de mal : elle proposait son aide. Mais il était vrai qu’elle savait bien ce qu’elle pouvait venir faire dans ce trou paumé et ça ne l’enchantait guère. Elle n’avait pas besoin que d’autres gens s’en mêlent, ils perdaient leur temps et prenaient des risques inconsidérés. Elle ne pouvait même pas décemment les prévenir. Ça deviendrait rapidement la panique générale, ou l’incompréhension ferait naître des vocations de héros… Mais il valait mieux un lâche vivant qu’un héros mort, parfois. La fille d’en face n’avait pas l’air d’avoir le moindre indice sur ce foutoir, parce qu’elle lui fit un clin d’oeil comme si elles étaient complices. Ce qui n’était pas vraiment le cas. Aeterna connaissait tout des capacités de l’homme qui la traquait, elle connaissait son visage, et peut-être même pourrait-elle retrouver son nom dans sa mémoire en cherchant bien. Elle avait vécu à la Citadelle après tout. Cette fille ne savait rien et il valait mieux qu’elle ne sache rien. Difficile cependant de savoir quoi répondre dans ces circonstances, même pour quelqu’un qui jouissait de la réputation énigmatique des marchombres.

- C’est possible
, se contenta-t-elle de dire en songeant qu’il ne serait vraiment pas très malin de faire remarquer que techniquement, c’était lui qui la traquait et non l’inverse.

L’aubergiste ne tarda pas à apporter à boire à la deuxième fille, tendit qu’Aeterna sortit une jolie pièce de sa bourse pour payer et éviter ainsi à l’autre de le faire. Ce n’était pas tous les jours qu’on rencontrait quelqu’un d’aussi intéressant, même lorsqu’on était une marchombre qui avançait sur la Voie avec une certaine aisance et qu’on voyait énormément de pays. Tout le monde avait une histoire à raconter, mais certaines personnes avaient ce petit quelque chose en plus qui faisait dire à la combattante qu’ils valaient la peine d’être côtoyés un peu plus longuement que les autres. Alors elle la regarda boire, devinant à son expression une certaine appréhension quant au goût de ce qu’on lui avait servi. Visiblement, elle devait avoir goûté certains alcools qui valaient le coup…

« Au fait, je m’appelle Elayne. Et toi, tu as un nom ? »

Se laissant un peu aller sur le dossier de son siège, appréciant cette discussion tant qu’elle n’était pas obligée de dire quoi que ce soit de désagréable pour dissuader la dite Elayne de se lancer à la poursuite d’un gibier trop gros pour elle, la femme aux cheveux blancs répondit :

- Aeterna.


Elle ne donna pas son nom, par simple habitude qu’on ne le lui demande pas. Il n’était de toute façon pas vraiment connu, en dehors de sa guilde et de la guilde de son père. Il avait alors des connotations très différentes, il fallait l’avouer. Mais ce n’était qu’un nom, il était vide s’il n’y avait personne pour l’incarner, et peut-être qu’à la mort de Krestos il retrouverait un peu de sa splendeur. S’il en avait jamais eue.

- Et, qu’est-ce qui t’as poussée à venir ici, tu suis une trace toi aussi ?

Aeterna n’avait pas besoin de suivre une trace : c’était elle l’appât. Mais elle préférait encore ne pas avoir à l’avouer, encore plus devant quelqu’un qui ne comprendrait certainement pas du tout le pourquoi du comment sans avoir droit à des explications qui ne manqueraient pas de prendre un certain temps. Et puis, elle était arrivée ici avant Elayne : cette dernière pourrait tout à fait croire qu’elles suivaient les mêmes indices. Aeterna espérait au moins savoir si l’homme semblait se rapprocher, pour déterminer combien de temps il lui restait encore pour se préparer à leur affrontement. Si d’autres aventuriers risquaient de se joindre à elles.

- Je ne te cache pas que ça s’annonce dangereux.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



27.01.20 23:54
« C’est possible. » Répond simplement la balafrée aux remarques de l’autre fille, qui n’est pas dupe au point de penser que ce n’est pas un acquiescement implicite.

Au moment où l’aubergiste vient servir Elayne, la femme aux cheveux blancs sort une pièce bien scintillante de sa bourse pour la donner à la serveuse. D’abord surprise, la brunette apprécie le geste et elle ne manque pas de remercier cette inconnue, avant de se présenter, d’ailleurs. Après tout, si elles commencent à s’offrir un verre, elles peuvent bien se partager leurs noms. « Aeterna. » Lui indique sa généreuse compagnie en s’affalant un peu plus sur sa chaise, sans ajouter de fioriture à ses paroles, se contentant de balancer presque sèchement le prénom par lequel on l’appelle, si seulement elle a des compagnons pour l’appeler.

« Et bien, enchantée, Aeterna… »
« Et, qu’est-ce qui t’as poussé à venir ici, tu suis une trace toi aussi ? » Demande alors la fille, visiblement intéressée par cette affaire.
« J’ai eu vent des différents massacres qui ont eut lieu un peu plus à l’ouest… A chaque nouvelle attaque, ça semble se diriger vers l’est, alors je me dis qu’en voyageant dans cette direction, je finirais par croiser directement celui qui cause autant de trouble. » Lui avoue Elayne en toute transparence.
« Je ne te cache pas que ça s’annonce dangereux. » Fait alors Aeterna, comme pour essayer de dissuader la dessinatrice, qui se contente de sourire pour ne pas montrer la moindre inquiétude qu’il pourrait y avoir en elle.
« Je me doute… J’ai peut-être l’air stupide, mais je me doute qu’un homme qui s’en prend à plusieurs villages comme ça, ce n’est pas n’importe qui… D’ailleurs, vu les histoires qu’on raconte, ça ne m’étonnerait qu’à moitié qu’il s’agisse en fait d’une bande toute entière, ça expliquerait pourquoi personne n’a encore réussi à s’opposer à eux jusqu’à maintenant. » Commence-t-elle à suggérer, se perdant dans ses propres suppositions alors qu’elle reprend une gorgée de sa bière, qui a au moins le mérite d’être fraîche et désaltérante.

Après avoir reposé sa choppe, déjà à moitié vide, Elayne doit retrousser un peu ses lèvres pour retenir un renvoi. Elle a bien appris comment faire, dans sa famille. Il était absolument hors de question qu’une bonne femme ne laisse s’échapper un rôt devant qui que ce soit, il était même impensable qu’elle se laisse aller si elle était toute seule. Aujourd’hui, ça ne la gêne plus vraiment, mais il faut que la soirée soit déjà bien avancée pour cela, elle ne se permettrait pas de se montrer ainsi devant quelqu’un qu’elle vient à peine de rencontrer.

« Bon, et toi alors… Qu’est-ce qui t’a fait venir ici ? Un désir de vengeance, on t’a proposé de l’or… ? » Demande Elayne avec un certain détachement, pour ne pas que l’autre fille se sente obligée de répondre.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 11:45
« Je me doute… J’ai peut-être l’air stupide, mais je me doute qu’un homme qui s’en prend à plusieurs villages comme ça, ce n’est pas n’importe qui… D’ailleurs, vu les histoires qu’on raconte, ça ne m’étonnerait qu’à moitié qu’il s’agisse en fait d’une bande toute entière, ça expliquerait pourquoi personne n’a encore réussi à s’opposer à eux jusqu’à maintenant. »

Un mentaï pouvait effectivement donner cette impression, oui, parce qu’il était probablement aussi difficile à mettre en déroute qu’une bande entière de combattants d’un niveau correct. C’était forcément un guerrier d’excellence. Cette indication fit sourire Aeterna pour plusieurs raisons : déjà parce qu’elle ne se serait jamais permis de douter de l’intelligence de la demoiselle, mais aussi parce que si elle partait de l’idée qu’il s’agissait d’une bande elle avait déjà moins de chance de traîner dans ses pattes au moment fatidique. Aeterna n’avait pas envie de la mettre sur une fausse piste, cependant, parce qu’elle n’appréciait guère le mensonge et ne pouvait pas empêcher cette demoiselle de faire ses propres choix. Comment faire, puisqu’elle ne pouvait décemment pas lui expliquer la nature du danger ? Ça restait à voir.

« Bon, et toi alors… Qu’est-ce qui t’a fait venir ici ? Un désir de vengeance, on t’a proposé de l’or… ? »

Le sourire de la marchombre ne se dissipa pas, mais elle devait avouer que la fille lui posait une colle. Que répondre à cela ? La vérité n’était pas très sympathique, pas très avouable. Elle ne pouvait pas lâcher comme ça, à une inconnue, que toute cette série de meurtre était indirectement de sa faute. Il y avait peu de chance qu’on lui laisse ensuite l’opportunité ou le temps de poursuivre son explication et elle n’avait pas envie d’avoir à tirer sa lame pour s’enfuir, afin d’aller appâter le mentaï à un endroit où on ne voudrait pas sa peau. Elle ne comptait pas lui faciliter la tâche.

- Je dois aller retrouver un ami
, commença-t-elle, et disons que je me suis retrouvée mêlée à cette histoire en chemin.

Personne ne la paierait pour les débarrasser de cette menace, même si elle aurait sans doute pu clamer haut et fort qu’elle s’en chargerait et empocher de l’or au passage. Mais les marchombres étaient rarement vénaux, ils ne couraient pas après l’argent à moins que la nécessité les y pousse, et Aeterna se sentirait trop de mal de recevoir une quelconque récompense alors qu’elle ne s’appliquait qu’à régler un problème dont elle était la cause. Quant à la vengeance… Ce n’était pas son genre, mais il était vrai qu’avec l’exposé entier de ses déboires on pourrait sans doute en trouver un peu. Mercenaire traîtresse, devenue marchombre, poursuivie par les partisans de son ancien monde… Ça aurait sans doute pu faire une belle histoire, si le tout n’était pas trop enrobé de secrets pour qu’elle se permette de véritablement la raconter. En tout cas elle n’avait pas menti : elle devait aller voir Huring, et elle n’avait rien demandé avant de se retrouver dans un micmac pareil.

- Tu chasses souvent les meurtriers ?
Demanda tranquillement Aeterna comme si elle venait de lui demander le prénom de son cheval.

La fille n’était pas bête, mais ça ne lui donnait pas l’air d’une guerrière pour autant. Aeterna se demandait bien pourquoi elle se sentait si concernée par cette série de crimes, et ce qu’elle comptait faire pour y mettre fin. La marchombre termina sa bière avant de s’étirer comme un chat.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 12:59
Aeterna ne perd pas son sourire au fil de la discussion, alors que d’autres arboreraient un air bien trop sérieux en parlant de tout ça. Les deux jeunes femmes donnent l’impression de prendre tout cela à la légère, alors qu’au fond, elles savent très bien toutes les deux que c’est une affaire dangereuse et inquiétante. Cela dit, Elayne ne s’imagine pas à quel point ça peut effectivement l’être.

« Je dois aller retrouver un ami, et disons que je me suis retrouvée mêlée à cette histoire en chemin. » Répond la guerrière à la magicienne, sans entrer dans les détails.

Mêlée à toute cette affaire, comment, pourquoi ? C’est un mystère, mais si elle ne veut pas en dire plus, qu’à cela ne tienne, Elayne se contentera de ces informations. Après tout, ce n’est pas comme si elles allaient se mettre des bâtons dans les rues, les deux filles ont, semblerait-il, des objectifs qui vont dans la même direction. Sans doute pourraient-elles faire de bonnes alliées, dans une affaire comme celle-ci, qui sait ?

« Tu chasses souvent les meurtriers ? » Demande Aeterna, au moment où sa comparse commençait à reprendre une gorgée. Elle attend d’avoir bien avalé et d’avoir enlevé toute la mousse sur ses babines d’un coup de langue avant de lui répondre.
« Non, ce n’est pas vraiment dans mes fonctions, habituellement. » Commence-t-elle. « Ça doit être l’âge, qui me fait me préoccuper des autres, va savoir. » Avoue-t-elle en haussant les épaules. « A vrai dire, je suis surtout curieuse de savoir qui commet ses horreurs, et je ne sais pas si je serais capable de les arrêter, mais je ne peux pas rester les bras croisés à ne rien faire… C’est plus fort que moi, je crois. » Conclut-elle avant de prendre une grande inspiration et de finir tout le contenu de sa choppe d’un seul coup.

Elayne est soudain un peu moins joviale, même s’il subsiste sur ses lèvres un léger sourire impérissable, comme si elle ne pouvait pas vraiment afficher un air neutre. Il est vrai que toute cette situation l’inquiète, peut-être parce que ça se passe à quelques jours à peine d’Al-Jeit, ou parce que des innocents subissent malgré eux la colère d’une personne qui se croit tout permis. Elayne n’a jamais vraiment eut de but dans la vie, si ce n’est des objectifs purement personnels comme être libre ou ne plus avoir à répondre de qui que ce soit, mais avec tout ce qu’elle a vu, toutes les personnes qu’elle a rencontré, il est vrai que même sa vie de nomade commençait à être monotone, et il lui fallait autre chose. Elle prenait du plaisir à rencontrer de nouvelles personnes, de nouvelles cultures, mais elle ne pouvait se contenter de s’incruster aux tables d’inconnus et appeler ça une vie.

« Ça te fait mal ? » Demande soudainement Elayne en passant son doigt sur sa propre joue, suivant à peu près la forme de la cicatrice que porte Aeterna sur son visage. Il n’y a pas la moindre forme de jugement dans sa voix, simplement de la curiosité, même si c’est peut-être un peu osé de parler de cela sans savoir ce qui peut se cacher derrière une telle marque. « C’est assez impressionnant, mais… ça a du charme. » Avoue-t-elle en toute sincérité, observant la jeune fille face à elle sans exprimer le moindre dégoût pour sa personne, malgré sa belle balafre et ses cheveux peu naturels, pour l’âge qu’elle semble avoir.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 14:11
Elayne répondit que la traque de meurtriers n’était pas son attribution principale et à vrai dire ça ne surprit pas la marchombre. Elle se demandait davantage ce qu’était justement son métier, ce qu’elle faisait de sa vie pour se retrouver ici dans ces circonstances, que la raison exacte qui la poussait à vouloir jouer les justicières. Elle n’avait pas l’air de quelqu’un de violent, même si on devinait à sa manière de répondre et à son comportement qu’elle n’était pas non plus du genre à se laisser marcher sur les pieds. Ça devait être ça qui plaisait à Aeterna. Elle n’avait jamais beaucoup apprécié les gens qui se laissaient trop faire. C’était peut-être le seul trait de caractère qu’elle aurait pu considérer comme commun avec son père.

Au moins, elle ne semblait pas pétrie de prétention au point de se présenter comme certaine de parvenir à son but. Il fallait dire que les massacres du mentaï étaient impressionnants et qu’Aeterna elle-même n’était pas sûre de faire face. Pendant un instant elle considéra la possibilité de proposer à cette fille de se joindre à elle, après tout elles pourraient être plus fortes à deux… Mais elle se ravisa rapidement. Si elle ne pouvait pas lui indiquer clairement à quel point c’était risqué, elle ne pouvait logiquement pas lui proposer une telle entreprise. Ce serait mettre volontairement en danger la vie de quelqu’un.

Et puis la fille n’avait plus l’air si enjouée que ça. Aeterna avait peut-être mis le doigt sur quelque chose d’un peu trop sombre ou d’un peu trop personnel sans le savoir ? Elle ne demanda rien de plus en tout cas, préférant laisser Elayne se perdre un peu dans ses pensées – du moins c’était ce qu’elle avait l’air de faire. La femme aux cheveux blancs baissa les yeux sur sa choppe vide, se demandant si elle ne boirait pas autre chose ou si elle ne mangerait pas un peu. Après tout, on ne savait pas vraiment de quoi la vie serait faite… Ni même combien de temps elle allait durer.

« Ça te fait mal ? »


Aeterna releva la tête, curieuse de comprendre de quoi Elayne pouvait bien parler. Elle tomba alors nez à nez avec la femme qui traçait sur sa joue une cicatrice avec un de ses doigts. La marchombre avait l’habitude. Il ne se passait pas une semaine sans que quelqu’un lui en touche un mot, de manière plus ou moins directe. Son interlocutrice ne s’embarrassait pas vraiment de politesse, apparemment, mais elle avait au moins eu la délicatesse de ne pas lui demander ce qui lui était arrivé. Parce qu’elle ne pourrait jamais le lui dire. On ne pouvait pas expliquer à une inconnue qu’on avait déserté d’une guilde prônant le Chaos pour réaliser une prophétie, afin de rejoindre l’Harmonie et de vivre libre. On ne pouvait pas expliquer qu’on avait été retrouvée, blessée, jetée en prison, et libérée lors de l’assaut d’une Citadelle dont personne n’avait eu vent jusque là.

- Plus depuis longtemps,
se contenta de répondre Aeterna.

Ça devait bien faire quoi, huit ans ? Dix ans ? Elle ne comptait plus vraiment, elle préférait laisser ces souvenirs là le plus loin possible. Elle comprenait néanmoins qu’on puisse se poser une telle question : la marchombre savait que la balafre, bien que fine, était imposante et assez… Dérangeante, pour certains. Elle ne s’en excuserait pas. C’était la marque de sa rébellion, elle faisait partie de son histoire. D’elle-même.

 « C’est assez impressionnant, mais… ça a du charme. »

Aeterna rit, et son rire était toujours très… Remarquable. Certains voisins se tournèrent même vers les deux femmes, se demandant sans doute quelle bonne blague Elayne avait pu raconter ou faire pur provoquer une telle hilarité. Pourtant ce n’était qu’un éclat de rire : Aeterna ne se moquait pas. Mais elle se demandait vraiment ce qui s’était passé dans cette discussion pour qu’elles en arrivent à cette phrase. Une inconnue venait boire à sa table et elle finissait par lui expliquer que sa cicatrice avait du charme ? Drôle d’évolution, non ?

- Je n’ai pas besoin qu’elle ait du charme pour l’apprécier, ni même qu’elle soit impressionnante. Elle est là, c’est tout.


Témoin d’événements malheureux, certes, mais qui avaient forgé son destin pour faire d’elle la marchombre qu’elle était devenue et qu’elle ne comptait pas cesser d’être. De toute façon elle n’avait pas d’autre choix : c’était son visage et rien ne pourrait jamais l’en faire changer. Elle ne le voudrait pas, de toute façon. Et pour être en harmonie avec le monde, encore fallait-il être en harmonie avec soi-même. Ça pouvait sembler évident, quand on savait que les membres du Conseil refusaient parfois les apprentis qui avaient l’air trop torturés. Ça ne l’était pas forcément pour tout le monde, Aeterna voyait tant de gens qui étaient loin d’être en paix avec eux-mêmes… Elle n’avait pas parlé avec un quelconque agacement mais plutôt avec la tranquillité et le calme qui la caractérisaient toujours… Du moins, en plus d’un enthousiasme habituellement débordant et que se trouvait un peu bridé par le sujet.

L’auberge commençait à se remplir : la plupart des paysans avaient sans doute fini leurs travaux du jour, vu l’heure, et venaient profiter du lieu pour se retrouver et boire quelque chose ensemble. Les bruits des conversations se faisaient de plus en plus forts, et Aeterna avait toujours préféré un certain calme et du silence. C’était toujours plus propice à la réflexion.

- Ce fut un plaisir Elayne, mais je crois qu’il est l’heure que je m’éclipse
, entama-t-elle en se levant avec agilité. J’imagine que nous nous recroiserons, puisque nous parcourons apparemment la même piste.

Même si elle devait avouer qu’elle préférerait ne pas la mêler à ce combat, ça avait quelque chose de rassurant de se dire qu’elle ne serait peut-être pas seule à l’instant critique.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 14:49
« Plus depuis longtemps. » Répond tout d’abord la femme aux cheveux blancs à la question de l’autre. Elayne est heureuse de l’apprendre, car une marque aussi vive aurait pu lui causer une certaine douleur, peut-être pas constante, mais au moins quand on passe une main dessus. Elle-même s’était choppé une ou deux cicatrices à cause de quelques mésaventures, moins visibles pour tout le monde, mais tout de même bien ancrées dans sa peau. Plusieurs raisons poussent alors la dessinatrice à dire ce qu’elle en pense, même si on ne lui a pas demandé son avis. Ce n’est sans doute pas très étonnant, de la part d’une artiste, de vouloir s’exprimer ainsi, de communiqué son ressenti sur toutes choses, même si ce n’est parfois pas approprié.

Aeterna se met alors à rire, pas un rire moqueur ou un faux rire pour dissimuler sa gêne, un bon rire bien franc. Peut-être un peu béat, Elayne se met alors à sourire de toutes ses dents, jusqu’à ce que la commissure de ses lèvres atteignent le haut des joues, ou presque. Ça l’amuse, de voir l’autre fille rire comme ça, même si ce n’est sûrement pas aussi amusant que ça en a l’air. Les autres personnes dans l’auberge seraient sans aucun doute déçues s’ils apprenaient pourquoi elles font autant de bruit.

« Je n’ai pas besoin qu’elle ait du charme pour l’apprécier, ni même qu’elle soit impressionnante. Elle est là, c’est tout. » Fait remarquer la femme avec un air calme et sans aucune forme d’agressivité.

Elayne n’ajoute rien, mais elle hausse les épaules. En effet, celle qui partage un verre avec elle n’a peut-être pas besoin de cela, mais c’est pourtant le cas, du moins dans l’œil de cette sorcière. Cette marque sur son visage, ça veut dire qu’elle est de celles qui aiment l’aventure, qui ne se cachent pas dans leurs maisons au moindre danger qui guette. Généralement, ce sont ces personnes là, les bons vivants, qui font la meilleure compagnie, et c’est donc pour cela qu’il y a un certain charme dans cette simple cicatrice.

« Ce fut un plaisir Elayne, mais je crois qu’il est l’heure que je m’éclipse. » Commence à dire Aeterna en se relevant avec élégance.

En un coup d’œil, Elayne remarque que les tables qui étaient vides au moment où elle est arrivée ce sont quelque peu remplies. Que le temps passe vite quand on s’amuse, n’est-ce pas ? Elle ne s’était pas même pas rendu compte que les gens commençaient à affluer et que les discussions alentours les avaient poussées à parler un peu plus fort pour continuer à s’entendre, mais maintenant qu’elle le remarque, elle a l’impression d’être au beau milieu d’un brouhaha. Elle reporte alors son attention sur l’autre fille, commençant à se relever à son tour.

« J’imagine que nous nous recroiserons, puisque nous parcourons apparemment la même piste. » Balance-t-elle, décrochant un nouveau sourire espiègle à son interlocutrice.
« Merci pour ta compagnie, Aeterna. Au plaisir de te revoir, et si ça n’arrive pas… Et bien, bonne chance. » Dit-elle, souriante, en récupérant sa cape et en la remettant sur son dos, avant de se diriger vers la femme qui tient l’endroit. Après avoir dépassé la guerrière, elle se stoppe en lâchant un « Oh ! », comme si elle avait oublié quelque chose, puis elle revient sur ses pas, dépose délicatement sa main sur l’épaule de l’autre fille et se penche un peu pour approcher ses lèvres de son oreilles, afin de lui susurrer avec lascivité : « Au fait, je te dois une bière, je n’oublie pas… »

Elle relâche le bras de sa nouvelle « amie », glousse doucement, puis elle reprend son chemin vers le comptoir de l’aubergiste, afin de lui commander une chambre. Malheureusement, c’est plein pour cette nuit, apparemment les différents meurtres qui ont lieu récemment font le bon compte des gens comme elle, puisque les gens fuient leurs villages pour venir se réfugier dans des endroits comme celui-ci, le temps de partir encore plus loin. Dommage, mais ce n’est pas cela qui fera du tort à Elayne, elle n’a jamais rechigné contre une nuit à la belle étoile, sans compter que ça lui permettra de se reposer aux côtés d’Esquisse. Elle sera moins seule, comme ça…
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 15:49
« Merci pour ta compagnie, Aeterna. Au plaisir de te revoir, et si ça n’arrive pas… Et bien, bonne chance. »

Ah ça, la marchombre ne dirait pas non. Elle croyait plus volontiers au hasard et à la destiné qu’à la chance, il est vrai, mais tout ce qui pourrait l’aider serait le bienvenu. Aeterna n’avait jamais été la plus patiente des femmes de sa guilde, elle commençait presque à avoir hâte que toute cette histoire prenne fin.

- A toi aussi
, répondit-elle simplement tandis qu’elle regardait Elayne se frayer un chemin jusqu’à la serveuse.

Enfin pas tout à fait. La demoiselle s’arrêta, comme coupée dans sa marche par une révélation soudaine. Elayne se retourna, pour poser une main sur l’épaule de la marchombre qui se laissa faire, pas vraiment surprise. Quand on avait des réflexes et des sens comme les siens, on pouvait généralement éviter ce genre de déconvenues… Du moins, quand c’en était une. Elayne n’était ni une nuisance ni une menace. Remarquant qu’elle semblait approcher encore, Aeterna lui tendit son oreille en comprenant qu’elle voulait lui parler et que le bruit environnant ne s’y prêtait pas vraiment.

« Au fait, je te dois une bière, je n’oublie pas… »

Ce fut au tour de la femme aux cheveux blanc de sourire d’un air espiègle. Elle n’avait pas fait ça pour qu’Elayne lui doive quoi que ce soit et elle ne tenait jamais le compte de dettes aussi insignifiantes. Elle l’avait fait parce que ça lui plaisait, parce qu’elle en avait envie, parce que la brune s’annonçait d’une compagnie agréable, tout simplement, et qu’Aeterna aimait rencontrer des gens. Elle ne savait pas si elles se recroiseraient ou non, si elles auraient l’occasion de se revoir et peut-être de boire une nouvelle bière toutes les deux. Peut-être pas. Mais elle n’oublierait pas la douce voix d’Elayne tout de suite. Ça tranchait un peu avec la manière dont on lui parlait généralement, il fallait l’avouer. Elle n’oublierait pas non plus avec quel naturel déconcertant elle avait gloussé en lui lâchant l’épaule.

Aeterna lui adressa un dernier sourire avant de se diriger vers la sortie et de disparaître parmi les ombres. Sa démarche silencieuse lui aurait permis de se fondre dans la torpeur de la nuit sans problème alors qu’elle marchait dans les quelques rues poussiéreuses du village, mais elle ne s’arrêta pas là. Sans aucune difficulté, elle se hissa sur le toit d’un des bâtiments. Le bois de la toiture ne grinça même pas, alors qu’elle restait debout pour observer la lune. Caprice avait une place à l’écurie, mais elle elle n’avait pas voulu se payer une chambre pour les mêmes raisons qui l’avaient poussée à ne pas demander l’hospitalité. La crainte que sa simple présence ne se change en menace.

Pour préserver l’équilibre, il fallait parfois savoir se mettre à l’écart. La demoiselle avança tranquillement, sauta sans effort d’un bâtiment à l’autre, ayant parfois recours à sa greffe pour faciliter son trajet jusqu’à ce qu’elle s’arrête sur le toit le plus haut du hameau. Al-Jeit lui manquait, dans ces moments là. Elle aimait escalader les plus grandes tours et leurs parois lisses, flirter avec le vent pour se dépasser encore. Elle commença à bouger, mouvements lents, assurés, respiration calme, yeux fermés. Marchombre. Cette gestuelle valait sans doute toutes les méditations du monde, elle permettait toujours de se recentrer et de s’ouvrir au monde. Le plus souvent dans le silence de la nuit. C’était apaisant, songea finalement la demoiselle alors qu’elle s’allongeait sur le toit de la grange où elle s’était installée.

Avec néanmoins l’étrange pressentiment que les choses ne seraient pas toujours aussi simples. Et que quelque chose allait bientôt mal tourner. Elle regarda les étoiles un moment, avant de se décider à redescendre pour aller rejoindre Caprice et peut-être profiter de la nuit pour chevaucher un peu, réfléchir encore, et qui sait, se trouver un coin sympathique pour se reposer jusqu’au lever du jour… A moins qu’elle s’effondre contre l’étalon sous l’effet de la fatigue.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 16:45
Après qu’on lui indique qu’il n’y a plus de chambres disponibles pour cette nuit, Elayne se retourne afin de se diriger vers la sortie. La femme qu’elle venait de rencontrer avait déjà disparu sans laisser de traces... Sans laisser paraître un soupçon de déception, la fille sort de l’auberge en marchant tranquillement, levant les yeux au ciel aussitôt qu’elle peut l’apercevoir, pour contempler les couleurs si particulières qui l’habillent à cette heure de la journée. C’est un beau spectacle, qui devrait devenir plus éclatant encore, lorsque les derniers rayons de soleil auront totalement disparus…

Elle récupère tout d’abord sa jument là où elle l’avait laissé, prenant les rênes dans sa main sans prendre la peine de remonter sur son dos. Elayne a envie de marcher, pour une fois, alors elle se contente de tenir Esquisse comme s’il s’agissait d’une laisse. Côte à côte, elles se promènent en direction des champs, un peu plus loin, là où il n’y a presque pas d’habitation et où elles pourront passer la nuit en toute sérénité. Ça ne sera pas très confortable, sans doute. Elayne aura peut-être froid. Mais tant pis, il faut savoir ce contenter de ce que l’on a.

Après avoir trouvé un coin relativement tranquille, la dessinatrice attache sa monture autour d’un arbre, pour éviter qu’il ne s’enfuie pendant la nuit. Tout de même, pour la soulager, elle prend le temps de lui enlever sa selle et les différentes affaires qui peuvent peser sur son dos. Ensuite, elle se trouve elle-même un coin où s’installer pour les quelques heures à venir. Elayne sait très bien qu’elle ne fera pas une nuit complète, elle n’a jamais réussi à en faire une comme ça, en pleine nature, mais elle pourra au moins se reposer un peu. Elle s’affale après quelques minutes d’hésitation dans un coin où l’herbe est un peu plus épaisse, même si elle se plie complètement sous le poids, pourtant pas très impressionnant, de la jeune fille.

Elle ferme ses yeux après avoir fumé et discuté pendant un moment avec le cheval. Enfin, discuter est un bien grand mot, mais vous saisissez l’idée. Le sommeil commence à s’emparer d’elle alors que dans le ciel, la lune et les milliers d’étoiles qui l’entourent brillent déjà de toute leur lueur. Ça paraît peut-être évident, mais pour une fille comme elle, la nuit est souvent synonyme de rêves, parfois bien remplis et pleines de nouvelles idées pour ses dessins. C’est un moment privilégié où Elayne en profite pour se questionner sur pourquoi telle chose lui ait apparue de cette manière et pas d’une autre. Cette nuit-là, même si ce n’est pas une nuit complète, elle est accompagnée de rêves surprenants, mais aussi très agréables…

Malheureusement pour elle, impossible d’aller au bout de ses pensées, car elle est réveillée par les cris de son canasson, qui s’agite au milieu de la nuit. Encore totalement embrumée, la magicienne remarque cependant une luminosité étonnante, pour l’heure qu’il doit être. Effectivement, après quelques secondes, le temps que sa vue brouillée se règle, Elayne remarque de gigantesques flammes qui s’échappent du village… Celui-ci est attaqué.

Ni une ni deux, elle bondit sur ses deux pieds pour aller rassurer Esquisse. Hors de question qu’elle la perde si celle-ci prend peur et décide de s’enfuir, ou pire, si ceux qui ont causé cet incendie décident de la faire taire. Elle n’en est pas sûre, mais avec tout ce qu’il se passe dans la région récemment, la femme est presque convaincue qu’il s’agit du groupe qui a attaqué d’autres villages pendant les dernières semaines. Comme prévu, elle se trouve un peu au bon endroit, au bon moment, et si la chance est avec elle, elle n’est pas la seule guerrière à même de venir en aide à ceux qui en ont besoin…

Une fois que sa jument est un peu plus calme, elle se met à courir vers les maisons, plus particulièrement celles qui sont en train de cramer, au fin fond de la bourgade. Il lui faut plusieurs minutes pour se retrouver au cœur de l’action, haletante, le visage bien rouge et quelques gouttelettes de sueurs perlant au niveau de son front. Elle qui avait peur d’avoir froid, il semblerait que ce soit une nuit qui donne bien chaud

C’est alors qu’elle aperçoit une bande de pirates, en train de sortir de quelques unes des maisons, des « trésors » à la main. Quelques babioles, des colliers, des vases, qui mit bout à bout ne leur suffirait même pas à se payer une nuit avec des courtisanes. Quel gâchis… Est-ce pour cela, qu’ils tuent autant d’innocents depuis des jours ? Pour un peu d’or ? C’est révoltant. Elayne serre les poings, son sourire a complètement disparu, contrairement à la veille. Sur son visage, on peut voir une moue fâchée, prête à en découdre. Elle n’aura pas à attendre très longtemps pour cela, les pirates se dirigeant vers elle avec un air malsain sur le visage, comme ils allaient la tuer pour la piller… Ou la prendre directement elle comme une partie de leur butin.

Les gars ont l’air de se concerter avec des mouvements de tête, avant de se séparer. Seul l’un d’entre eux finit par s’approcher de la jeune fille, car ils doivent penser que ce sera suffisant. Dommage pour lui, à peine tend-t-il sa main vers Elayne que son visage tout entier se met à brûler, des flammes jaillissant de ses orbites et de sa bouche soudainement. Sans doute influencée par la rage qui bouillonne en elle, la dessinatrice a décidé de se laisser aller sur les Spires les plus sombres qu'elle pouvait emprunter, se défoulant un peu en même temps qu'elle se défendait. Les flammèches ne restent que quelques secondes, mais c’est suffisant pour que l’homme perde sa conscience, sa vue et le sens du goût, si ce n’est plus que ça. Qui sait ce qu’il adviendra de lui, si personne ne vient le soigner…

En tout cas, ce n’est pas le problème d’Elayne, qui s’inquiète plutôt des cris qu’elle entend un peu plus loin. Elle remarque qu’elle n’est pas la seule à s’être interposé pour défendre les autres. Quelques personnes, principalement des hommes, ont prit les armes pour se battre contre les pirates eux aussi. La fille se met alors à courir, cherchant le moindre de ces brigands qui n’aurait pas d’adversaire pour l’arrêter avant qu’il ne commette plus de méfait qu’ils n’en ont déjà fait cette nuit. Son rythme cardiaque s’accélère au fur et à mesure de sa course, jusqu’à ce qu’elle s’arrête en apercevant, un peu plus loin, une connaissance qu’elle reconnait bien, même si elle lui tourne le dos…

« Aeterna… » Se murmure-t-elle, de la buée s’échappant d’entre ses lèvres à cause de son souffle chaud.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 20:10
Aeterna avait fini par se laisser tomber dans le foin de l’écurie, profitant d’un petit peu de confort pour cette nuit. Elle n’oserait pas s’en accorder plus pour le moment, mais même si dormir par terre ne l’avait jamais dérangée elle devait avouer que de temps en temps elle ne rechignait pas à l’idée d’avoir quelque chose pour amortir son sommeil. Son père et la Citadelle ne l’avaient jamais habituée à quoi que ce soit de luxueux, de toute façon. Sa vie avec Huring non plus. Elle ne tarda pas à s’endormir.

Jusqu’à ce que l’agitation de l’écurie la réveille. Les animaux avaient toujours une espèce de sixième sens, une intuition qu’Aeterna ressentait souvent également. Un pressentiment. La plupart des chevaux commençaient à s’agiter, et la demoiselle ayant le sommeil léger depuis qu’elle avait l’habitude de voyager… Elle se leva rapidement, vérifiant par réflexe toutes ses armes à sa ceinture. S’extirpant du bâtiment, elle sortit discrètement pour faire un tour, cherchant à chasser cette impression de malheur ou à la confirmer, mais ne pouvant pas rester dans une telle incertitude sans rien faire.

Des pirates. Leurs sabres recourbés typiques des îles Alines, leurs chants reconnaissables. Comme si ces pauvres villageois déjà apeurés avaient besoin de ça. Peut-être même que ça faisait partie du plan du mentaï : les mercenaires du Chaos infiltraient toute la population, toutes ses catégories. Ils entretenaient savamment la terreur et la peur chez le peuple pour que tout s’autodétruise, se consume, disparaisse dans les flammes et laisse un terrain vierge à leur prophétie stupide. Aeterna les suivit en silence alors qu’ils entraient dans le village comme en terrain conquis, réfléchissant à ce qu’elle pourrait faire pour éviter ce massacre, à défaut d’avoir pu éviter les précédents.

Elle surgit quand l’un des pirates voulut mettre le feu à la grange sur laquelle elle s’était hissée un peu plus tôt. Un coup de pied précis sur son poignet fit tomber sa torche et elle s’éteignit dans la terre avant d’avoir pu enflammer quoi que ce soit. Aeterna sortit ses deux dagues dans un silence de mort, prête à faire regretter à ses hommes ce qu’ils s’apprêtaient à faire. Détruire la vie d’hommes, de femmes, au propre comme au figuré en s’attaquant à eux mais aussi à leurs maisons, leurs récoltes. Aeterna avait toujours détesté les pirates, ça n’allait pas s’arranger ce jour là. Ceux qui se dressaient devant elle n’eurent aucun chance.

Un par un ils tombaient sous ses lames tandis que la marchombre continuait sa marche inéluctable vers le coeur du village. Elle ne pourrait pas tout protéger, tout récupérer. Mais elle faisait ce qu’elle pouvait, n’hésitant pas à tuer ceux qui n’auraient pas eu pitié des villageois. D’autres personnes la rejoignirent vite, pour faire front ensemble, mais la plupart avait bien plus l’habitude de tordre le coup des poules que de combattre… Tant pis, il faudrait faire avec. Aeterna cherchait les pirates qui semblaient les plus dangereux, essayant de laisser les adversaires qui pouvait être repoussés le plus facilement à des guerriers un peu moins assurés qu’elle pouvait l’être.

Une lame dans chaque main, chaque coup désarmait ou blessait un opposant. On aurait pu croire qu’elle était en train de danser, et ses cheveux blancs qu’elle n’avait pas eu le temps d’attacher volaient dans son dos. Equilibre. Chaque lame était comme le prolongement de son corps, Huring lui avait tout appris. Tel maître, telle apprentie. Quand on croyait la toucher, elle semblait s’envoler, suspendant la gravité quelques secondes pour un saut impressionnant, même pour quelqu’un de sa guilde. Aeterna était taillée pour l’action. Un homme s’écroula encore, assommé par le plat de sa lame, puis la marchombre se retourna et… Tomba nez à nez avec Elayne. Eh bien, elles n’auraient pas passé longtemps séparées, toutes les deux.

- Derrière toi !
Lança la marchombre en apercevant un nouvel assaillant pour sa camarade de boisson.

Elle n’hésita pas cependant à s’élancer vers elle avec une vitesse impressionnante, au cas où la demoiselle n’ait pas de réflexes guerriers suffisants pour s’en sortir toute seule. Après tout, Elayne ne lui avait pas dit ce qu’elle faisait habituellement, et même si elle devait savoir se débrouiller puisqu’elle se lançait à la recherche d’un meurtrier, elle n’avait peut-être jamais affronté de pirate, ni repoussé leurs sabres.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 23:07
La femme vient d’assommer l’un des brigands, un de plus qui s’écroule après avoir sous-estimé un adversaire féminin… Aeterna se retourne alors vers la brunette, semblant aussi surprise que celle-ci que leurs chemins se recroisent aussi rapidement. Ça ne faisait que quelques heures qu’elles étaient séparées, à peine le temps de dormir un peu, et voilà qu’elles se retrouvaient pour faire face à une attaque de pirates !

« Derrière toi ! » Crie celle aux cheveux blancs, tout en s’élançant à toute vitesse vers Elayne.

Cette dernière ouvre bien grand les yeux, surprise, se demandant exactement à quelle distance se trouve… Et bien, ce qui se trouve derrière elle, apparemment. Elle ne jette qu’un rapide coup d’œil derrière elle, le temps de repérer la silhouette de l’homme qui s’approche en courant, puis… Elle disparaît, comme aspirée par le sol. A ce moment précis, le pirate qui se ruait vers elle en hurlant, son sabre en l’air, s’immobilise, un peu décontenancé devant ce… Et bien, ce pas sur le côté. Une seconde à peine plus tard, Elayne réapparaît, juste derrière le pirate. Bien sûr, il ne s’en rend même pas compte et lorsqu’un coup de pied vient le frapper dans le dos, il tombe en avant, à quatre pattes, juste devant Aeterna, qui peut ainsi s’en occuper comme on écrase un insecte nuisible.

La brunette relève ensuite la tête vers l’autre fille, souriant très légèrement sans dire un seul mot. Son regard suffit à transmettre tout ce qu’elle pense, sa joie de la revoir, sa reconnaissance pour l’avoir prévenue du danger, ainsi qu’un soupçon de fascination après avoir vu avec quelle agilité elle s’était servie de ses lames. C’est alors que son air gai laisse place à une mine un peu plus suspicieuse, tandis qu’elle indique à Aeterna, d’un geste de la tête, qu’un homme est en train d’approcher d’elles. Il n’a pas l’allure d’un pirate, ni celle d’un villageois ordinaire… Il est vêtu avec une tenue bien sombre et il a l’air d’en avoir après ces deux jeunes femmes, bien particulièrement… Du moins, c’est l’impression qu’il donne à Elayne.

« Tu veux bien m’apporter ton aide, copine de boisson ? » Demande alors la dessinatrice en fixant l’homme qui approche avec un regard de défi.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité



28.01.20 23:54
Elayne disparut. Instantanément. Le pirate qui se trouvait derrière elle abattit son épée vers le sol tout de même, n’ayant pas le temps de suspendre son geste. Profiter de l’élan de l’ennemi, de sa force, voilà une chose qu’on enseignait à tout combattant. L’arme devant lui, vers la terre, il ne put pas se retenir de chuter quand la dessinatrice lui donna un coup de pied bien placé dans son dos. Il lâcha son arme, tombant sur ses mains, mais il n’eut pas le temps de se redresser d’une quelconque manière. La marchombre frappa d’un coup sec, achevant le pirate sans souffrances inutiles. Les regards des deux femmes se croisèrent un instant. Elles formaient une bonne équipe, même si les circonstances étaient aussi graves que particulières. Et désormais, Aeterna comprenait bien mieux ce qui permettait à la demoiselle de se lancer dans de périlleuses entreprises sans avoir vraiment l’air de manier les armes. Elle avait le Don. Un véritable Don, utile, pas comme le sien. Et puissant, puisqu’elle pouvait apparemment effectuer des pas-sur-le-côté. Elayne lui indiqua quelque chose, ou plutôt quelqu’un, d’un geste de tête.

Mais la marchombre l’avait senti. Cet homme respirait le Chaos, elle n’avait pas vraiment besoin de l’observer pour savoir qu’il était celui qu’elle avait attendu. Les pirates ne relâchaient pas leur attaque, mais ils semblaient éviter cet homme. Ils ne le visaient même pas. Peut-être avaient-ils un arrangement. Ou peut-être que les pirates étaient assez intelligents pour comprendre qu’il ne fallait pas plaisanter avec cet homme là.

« Tu veux bien m’apporter ton aide, copine de boisson ? »

Aeterna ne répondit pas, ses yeux ne quittaient plus le visage masqué du mentaï qui leur faisait face. Elayne croyait peut-être avoir affaire à un pirate original. A un combattant un peu singulier. Mais c’était plus que cela. Une puissance qu’elle pouvait peut-être deviner, en remarquant qu’il se mouvait un peu à la manière d’Aeterna. Démarche féline, mouvements souples… Mais il s’exhalait de lui une aura bien différente. Contraire. La marchombre se mit en garde. Il se mit à rire.

- Alors c’est à cela que s’abaissent les marchombres, désormais ? A la boisson ? Tu déshonores un peu plus ton sang chaque jour.


Aeterna ne lui répondit pas. Elle n’avait rien à lui dire. Il ne servait à rien d’essayer de raisonner des gens si haut placés dans la hiérarchie des mercenaires. Ils n’écoutaient rien, rien d’autre que l’ambition, le pouvoir, le goût de la terreur. C’était sans doute pour cela qu’il s’en était pris à des innocents. Il savait ce qu’il y avait de différent entre lui et sa cible. L’homme sortit son épée. Il ne sembla pas se soucier de la présence d’Elayne, elle ne l’intéressait pas vraiment. Si elle n’avait pas indiqué sa volonté de se joindre à elle, elle aurait même pu être une sorte d’alliée secrète. Tant pis. L’homme s’élança vers Aeterna, le combat s’annonçait difficile. Leurs mouvements se répondaient à une vitesse quasiment surhumaine, entre esquives et attaques normalement imparables. On aurait pu croire que cette bataille était équilibrée.

Jusqu’à ce qu’il dessine. Si Aeterna faisait le poids sur le plan physique, elle se retrouva bien vite en difficulté. Sa greffe lui permit bien heureusement d’esquiver les différentes créations que son adversaire faisait naître rien que pour l’achever. Poignards volants dans des directions improbables, morceaux de terre qui s’élevaient brutalement pour l’empêcher de fuir. Il ne semblait pas vouloir reculer devant quoi que ce soit pour l’abattre. Aeterna avait été élevée dans l’idée qu’elle deviendrait une mentaï et son père n’avait jamais caché sa déception à l’idée que son Don soit si inconstant. Elle savait à quel point ils étaient dangereux. Elayne devait maintenant en avoir une petite idée, elle aussi. Tant qu’elle n’approchait pas le mercenaire il se contenterait sans doute de l’ignorer, mais à partir du moment où elle attaquerait – si elle en avait toujours envie après cette démonstration – il n’y aurait pas de retour en arrière. Et il faudrait que leur petite équipe se montre efficace, malgré le peu de connaissances qu’elles avaient l’une sur l’autre. A vrai dire, aucune ne semblait savoir exactement ce dont l’autre était capable.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
Sauter vers: