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Thanks for the memories [Caym/Elyssa]
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Caym Cali
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Caym Cali
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08.11.16 12:25
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Préludes

- Drôle de façon de me remercier pour le verre. Mais compte tenu de tes difficultés en matière de politesse, je me contenterai de dire : Santé !


Caym regarda son interlocutrice. S’attendait-elle réellement à des remerciements ? Après l’avoir royalement ignoré pendant toute la journée, ce n’était pas vraiment à lui de s’excuser.
Surtout qu’il ne s’excusait jamais.
La jeune fille porta son verre à ses lèvres sans que le mercenaire ne la lâche du regard. Sa question appelait à des réponses. Il n’allait pas entrer dans son jeu sournois. Du moins pas tout de suite. Il voulait savoir où ça mènerait. Il avait besoin de croire en elle et en sa motivation.

- Tu voulais que je t’aide dans ta quête à la popularité ; je t’offre à boire et t’invite à ma table dans l’une des plus sympathiques auberges de la capitale, et voilà que tu me fais la gueule ? Il va falloir faire quelques efforts mon coco !


Caym hocha la tête, la remarque avait été entendue. Sa réaction n'avait pas été très mature, mais celle d'Elyssa non plus. Tout au long de la journée, c'était elle qui avait joué à la gamine qui se cache les yeux pour ne pas voir ce qu'il se passe.
Elle pouvait se cacher les yeux autant qu'elle le voulait, leur rencontre ce soir n'était qu'une preuve supplémentaire. Leurs vies étaient intimement entremêlées, ils feraient bien de s'entre-aider, sinon il était presque sur que tous deux échoueraient.

-Ne t’attends pas à ce que te fasse des excuses. Jamais. J’assume toujours la conséquence de mes actes et m’agenouiller pour demander pardon n’est pas dans mes manières. Cependant je pense qu’entre nous deux, tu serais plutôt celle qui devrait s’agenouiller.


Ce n'était pas tout à fait en accord avec ses pensées actuelles.. Ne devait-il pas tenter de calmer la situation et établir de bonnes bases à leur relation ? ... Si. Mais il ne comptait pas la laisser maître du jeu.

Caym haussa un sourcil en la regardant tandis que la dernière phrase montait doucement jusqu’à son cerveau. N’était-ce pas à double sens ? Tant pis. Elle comprendrait ce qu’elle voudrait.

-Tu as donc pris ta décision, j’en suis… reconnaissant. Par où faut-il commencer ?


C’était une question large, Caym avouait être un peu perdu. L’ignorerait-elle encore tous les jours ? Peu importe. Le jeune homme avait compris quel rôle serait le sien et comment fonctionnait cette demoiselle. Sa réputation ne pouvait s’entacher d’un actuel boulet comme lui. Il devrait s’en sortir seul. Et ça ne lui faisait pas peur.
Avant qu’elle n’ait le temps de répondre, un homme arriva et s’appuya bruyamment sur la table et, à moitié ivre, approcha son visage de celui de la dessinatrice :

- Tu devrais plutôt passer ta nuit avec moi beauté, la larve qui te tient compagnie n’a pas le tiers de mes talents…


L’homme ponctua son misérable discours d’un rire inquiétant, qui laissait supposer un râle ou une quinte de toux.
Curieux, le mercenaire observa la brune. Son espace vital était soudain envahi par un ivrogne entreprenant, comme allait-elle réagir ?
Caym ne fit rien, mais se prépara à réagir. Au cas où… Il avait besoin d’elle vivante. Et si son précieux physique n’était plus intact, elle lui en voudrait très certainement, et adieu conseils de réussite.

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Elyssa Cil'Darn
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Elyssa Cil'Darn
Dessinateur



08.11.16 12:31
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Au vu du visage du jeune homme, Elyssa se rendit compte qu’il ne partageait ni son humour, ni sa légèreté. Du moins pas sur le moment. Il acquiesça pourtant discrètement.

- Ne t’attends pas à ce que te fasse des excuses. Jamais. J’assume toujours la conséquence de mes actes et m’agenouiller pour demander pardon n’est pas dans mes manières.

Un vif intérêt poignit dans les yeux de la brunette. Cette fierté viscérale n’était-elle pas un premier point commun ? Un premier pas possible vers un terrain d’entente ?
Mais très vite, comme il savait si bien faire ses deux pas en arrière après un pas en avant, Caym brisa l’embryon de confiance qui aurait pu, grâce à cette similitude, s’installer en elle.

- Cependant je pense qu’entre nous deux, tu serais plutôt celle qui devrait s’agenouiller.

Les yeux gris de la dessinatrice se voilèrent d’une teinte orageuse, tandis que ses doigts se crispèrent autour du pied de son verre de vin. Elle résistait difficilement à l’idée de lui asséner une gifle magistrale et de l’abandonner là, comme un idiot face à deux verres vides et une addition à payer.

Il sembla que l’intéressé avait remarqué son léger changement d’humeur, puisqu’il enchaîna, sur un ton des plus neutres :

- Tu as donc pris ta décision, j’en suis… reconnaissant. Par où faut-il commencer ?

Elyssa prépara mentalement une réponse cinglante, exaspérée par la bipolarité de l’attitude de son interlocuteur, mais ses mots teintés d’acide n’eurent pas le loisir de trouver leur expression, puisqu’un bruit, une odeur et une présence inconvenants requirent son attention : un homme, visiblement (et olfactivement, d’après son haleine) ivre vint s’appuyer au bord de leur table, l’amenant à basculer très légèrement. L’intervention aurait pu être supportable, si le bougre n’avait pas tenu à positionner sa tronche à de trop courts centimètres d’elle. Et s’il n’avait pas ouvert sa g… bouche pour laisser éclore une invitation des plus… romantiques.

- Tu devrais plutôt passer ta nuit avec moi beauté, la larve qui te tient compagnie n’a pas le tiers de mes talents…

Avant que son cerveau ne se mît à réfléchir à toute allure, la demoiselle en question ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel devant tant de mépris pour la galanterie. Rapidement, elle chercha à réunir toutes les informations qui lui garantiraient son échappée. Avisant le comptoir, elle remarqua que le tenancier n’était pas dans la pièce. Lui qui avait pour habitude de garder un œil sur elle était occupé ailleurs. Son voisin ensuite. Et sa fichue impassibilité. Dans son empressement, elle ne remarqua pas qu’il était tendu, prêt à intervenir si besoin était. Elle pensa plutôt qu’il voulait lui donner une bonne leçon en la laissant se farcir l’imbécile. D’ordinaire, il lui suffisait de dessiner un pas sur le côté pour s’extirper de ce genre d’indélicatesse. Mais quelque chose, ou plutôt quelqu’un, l’en empêchait. Car elle aussi avait son indomptable fierté.

Il ne lui restait donc qu’à trouver le Dessin parfait pour se tirer d’affaire… et de le faire basculer dans la réalité. Sans que sa posture ou son expression n’ait changé, elle se hissa dans l’Imagination. Mais comme à chaque fois qu’elle cherchait à dessiner plus qu’une simple flamme ou tout autre banale création, en se frayant un chemin vers des Spires de plus en plus élevées, elle ne rencontra que des impasses. Les possibles restaient obstinément fermés, lui barrant le chemin.

C’est alors que le malotru, lassé de cette absence de réaction, aussi bien de la part de sa proie que de sa larve, décida qu’il en avait assez de demander galamment, et accrocha le poignet d’Elyssa, alors que les doigts de la Dessinatrice étaient toujours enroulés autour du pied de son verre.

L’air crépita soudainement. Dans un sursaut, l’homme s’effondra, libérant ainsi le poignet auquel il se raccrochait.
La brunette perdit par la même occasion le masque d’impassibilité qu’elle tentait de se composer depuis le début de leur apéritif. La pâleur avait envahi son visage, et le scintillement amusé et moqueur qui dansait habituellement dans ses yeux fut remplacé par une lueur bien plus forte. Peur.
Sans avoir pu contrôler son Dessin, comme toujours, la jeune fille prenait à peine conscience de ce qui venait de se passer. Une énergie sombre, qu’elle n’avait jamais employée et dont elle ne connaissait même pas la possibilité, s’était créée dans son verre (elle refusait d’admettre qu’elle-même en était l’origine). A la manière d’un courant électrique, ce flux l’avait traversée sans la toucher, pour terminer sa course dans le corps de l’homme qui la tenait. Après quelques secondes affolées, elle posa les yeux sur Caym, refusant de lui poser la question qui lui tordait l’estomac : l’avait-elle tué ? Mais trop obnubilée par ce qui venait de se passer, elle aurait été incapable de lire sur le visage du dessinateur une quelconque réponse.

D’autres clients s’étaient retournés au bruit qu’avait fait l’importun en s’écroulant, puisqu’il avait entraîné deux chaises dans sa chute. Un murmure mi-curieux, mi-angoissé se répandit autour de leur table. Pour ceux qui n’avaient pu qu’observer la scène, contrairement à Elyssa et Caym, l’homme s’était simplement effondré d’un malaise dû à son alcoolémie.
Mais Elyssa savait très bien que ce n’était pas le cas…
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Caym Cali
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Caym Cali
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08.11.16 12:46
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Une mort inhabituelle
La demoiselle fusilla du regard Caym, il ne comptait pas l’aider, en effet. Il eut presque envie de sourire, amusé par la situation. Il prenait un malin plaisir à la faire sortir de ses gonds, il voulait la voir perdre patience. Tout le monde sur cette terre possède un côté sombre et violent, certains cherchent simplement à l’enfouir au plus profond d’eux.
Elyssa ne se dérogeait pas à la règle. Elle avait beau venir d’une famille bourgeoise et avoir reçu la meilleure éducation possible, elle avait, quelque part sous sa carapace un côté ténébreux.

Et Caym eut la brève vision de ce côté mauvais qui l’habitait.


L’ivrogne approcha sa tête encore plus près de celle de la dessinatrice et lui attrapa le poignet. La réaction d’Elyssa ne se fit pas attendre. Enfin, c’était l’absence de réaction qui fit douter le mercenaire. Il guetta les spires, attendant un dessin haut en couleur mais rien ne vint, si ce n’était un léger frissonnement. Une noirceur qu’il ne comprit pas. En effet elle était en train de dessiner, les spires portaient sa trace, brûlante, mais rien ne se matérialisa.
Revenant à la réalité Caym ne vit pas plus le dessin que dans les spires. Il semblait être aussi insaisissable qu’un courant d’air. Cependant l’ivrogne s’éloigna avant de s’écrouler au sol les cheveux dressés sur la tête. Caym fronça les sourcils.
Que s’était-il passé exactement ?
Le verre de vin de la demoiselle avait pris une étonnante teinte noire, des reflets argentés crépitaient à sa surface. Mais rapidement il reprit une couleur normale.

Elyssa cependant ne reprit pas sa couleur normale. Elle était terriblement pâle. Caym se leva, curieux, et s’approcha d’elle. Elle ne réagit pas. Elle semblait en état de choc.
Le regard du jeune homme se posa comme celui des personnes autour d’eux sur le corps affaissé. Était-il... ? Pour en avoir le cœur net, Caym fit un signe à un des serveurs afin de l’aider à bouger l’ivrogne. Il se saisit des poignets du malotru tandis qu’il laissait le serveur s’occuper des pieds. Alors qu’il portait l’homme vers la sortie il prit discrètement son pouls.
Rien.

N’en laissant rien paraître Caym fit comme si l’homme était tellement ivre qu’il avait sombré dans un sommeil de plomb, mais il savait que l’homme ne se réveillerait plus jamais.

Elle l’avait tué.


Lorsqu’il revint à la table, ce fut un nouvel œil qu’il posa sur la dessinatrice. Il n’avait pas imaginé une seule seconde que cette fille soit capable de tuer. Comment l’avait-elle fait ?
C’était cette question qui dérangeait le plus le mercenaire, la mort pour lui n’était qu’un détail, mais ne pas savoir ce qui s’était passé était nettement plus problématique. Si un jour elle décidait de le tuer de la même manière ? Personne n’en saurait rien, et il était évident que l’homme n’avait rien vu venir…
Il se mit à regretter d’avoir vu la face obscure de la jeune femme.

Elyssa était toujours immobile à la table, le regard perdu. Caym, en homme d’action, prit la situation en main. Il la prit par les épaules et prit la parole d’une voix forte :

-Ne restons pas ici ma chère, allons trouver un endroit plus convenable où les ivrognes nous laisseront profiter de la soirée en paix.


Caym ne voulait pas paraître trop louche mais il était hors de question de s’attarder plus longtemps dans ce lieu, Elyssa semblait en état de choc et il ne pourrait pas l’aider à reprendre ses esprits ici. Il laissa un généreux pourboire sur la table afin de s’assurer de payer les consommations et entraîna la demoiselle dehors.
Elle le suivit sans rechigner.
Se rendait-elle compte de ce qu’il se passait ?

Lorsqu’ils sortirent, Caym pensa que l’air frais aiderait Elyssa à reprendre contact avec la réalité mais il avait oublié que le mort était dehors lui aussi. Et bien entendu la dessinatrice ne manqua pas de le remarquer. Mince.

-Oui, il est bien mort.


Ce n’était pas hyper malin comme constatation mais il se dit qu’au moins elle serait fixée. Il était mort, personne n’y pouvait plus rien et aucun d’eux ne pleura sa disparition.
Voyant qu’Elyssa tardait à réagir, Caym l’entraîna par le bras dans des ruelles adjacentes. Malheureusement ils étaient près de la place principale et les rues étaient relativement encombrées. Ils durent marcher au hasard de plusieurs rues étroites afin de trouver la première impasse. Elle était assez mal éclairée et un arbre permettait d’y trouver un peu d’intimité. Le lieu était désert.
Caym cessa de marcher et observa sa compagne.

-Elyssa.


Elle ne réagit pas.
Ne sachant que faire d’autre, Caym la regarda droit dans les yeux et la gifla.


C’était tout ce qu’il avait trouvé pour la sortir de son état de choc.

-Bonjour messieurs, dames. Tout va bien ?


Apparaissant au coin de la rue deux légionnaires s’approchèrent d’eux. Caym jura mentalement, les insultes auraient fait pâlir un charretier. Pourquoi fallait-il que les choses se compliquent toujours ? Et il était presque certain qu’ils avaient entendu le bruit de la gifle…

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Elyssa Cil'Darn
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Elyssa Cil'Darn
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08.11.16 13:23
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Les yeux rivés sur la forme sans vie qui s’étalait au pied de leur table, Elyssa ne vit même pas Caym se lever. Qu’avait-elle fait ? Le corps fut débarrassé, elle ne détourna pourtant pas les yeux du sol, les doigts toujours accrochés à son verre, à s’en faire blanchir les phalanges.
Qu’avait-elle fait ?

Toute à sa léthargie, elle frissonna plus qu’elle ne sursauta quand elle sentit une pression sur ses épaules.

- Ne restons pas ici ma chère, allons trouver un endroit plus convenable où les ivrognes nous laisserons profiter de la soirée en paix.

Tel un automate, elle se leva, lissa ses vêtements et emboîta le pas du jeune homme. Dès qu’ils eurent franchi la porte de l’auberge, elle tenta d’inspirer profondément pour chasser son malaise. Mais son expiration mourut en un hoquet silencieux lorsqu’elle remarqua le corps, négligemment posé à quelques mètres de l’entrée. Comme s’il dormait.

- Oui, il est bien mort.

Ses yeux cessèrent de fuir le moindre point d’ancrage pour se fixer sur l’énonciateur de cette terrible vérité. Mort. Vraiment mort. Elle était devenue une meurtrière. Cette révélation tournait en boucle dans son esprit, l’empêchant de prononcer le moindre mot, ou de prendre l’initiative du moindre geste. Caym ne se démonta pas devant son regard vide et l’entraîna plus loin. Elle avait perdu toute notion du temps ou de l’espace. Elle était une meurtrière. Sans qu’elle ne s’en rende compte, ils traversèrent ainsi plusieurs rues encombrées. Elyssa sursautait dès qu’un badaud la frôlait, comme si elle avait peur d’assassiner quelqu’un d’autre d’un simple contact. Son calvaire prit bientôt fin puisqu’ils débouchèrent sur une impasse déserte. C’était donc leur point d’arrivée ? Elle n’y comprenait plus rien. Elle était une meurtrière.

- Elyssa.

Son prénom flotta jusqu’à ses oreilles comme un lointain écho. Difficile d’associer ces sonorités à une tueuse de sang froid. Qu’allait-elle bien pouvoir faire maintenant ? Se présenter à la garde de la capitale, sortir son plus beau sourire et un « Bonsoir, j’ai tué quelqu’un tout à l’heure ! ». Se taire, enfouir tant bien que mal cette chose au fin fond de sa mémoire ? Plus facile à dire qu’à faire. Serait-elle seulement capable de vivre avec cette faute impunie ?

La foule de question qui la pressait intérieurement s’évanouit lorsque la paume du dessinateur se ficha dans sa joue. Il l’avait giflée ? Son visage avait enfin retrouvé vie dans l’expression outragée qui prit possession de ses traits. Un premier pas, bien qu’incertain, vers la reprise de ses esprits. Une main posée sur sa joue, elle voulut l’invectiver, mais des pas se firent entendre au bout de l’allée.

- Bonjour messieurs, dames. Tout va bien ?

Une patrouille. Le sang d’Elyssa ne fit qu’un tour : et s’ils étaient venus pour elle ? Non, pire qu’une patrouille. Des légionnaires. Elle était finie. Ses parents allaient devoir payer une somme astronomique pour lui éviter la prison. Ils le feraient, à n’en pas douter, trop inquiets que ses frasques ne leur portent mauvaise réputation. A moins que les Légionnaires ne fussent pas là pour l’arrêter. Sinon pourquoi ne s’étaient-ils pas directement adressés à elle ? Elle devait donner le change, au cas où ils pensaient faire face à une scène de violence conjugale.

Espérant ne pas faire fausse route, elle se reconstitua un masque. Comme la fierté exacerbée qu’elle arborait lorsqu’elle se pavanait dans les couloirs de l’Académie, ou la froide indifférence qu’elle exhibait au nez de ses parents. Cette fois-ci, ce fut à la colère qu’elle emprunta ses traits, ce qui, dans la situation présente, n’était pas bien compliqué. Avant que les deux hommes ne fussent arrivés à eux, elle renvoya à Caym son affront. Le son de la gifle s’entendit cette fois clairement dans le silence de l’impasse ; ils pouvaient être sûrs que tous l’avaient entendu.

- Ordure ! Parce que tu crois que je n’ai que ça à faire de mes journées que de laver ton linge ? Tu n’as qu’à retourner chez ta mèèèèère pour ça ! Elle emploie tellement de temps à me pourrir la vie que ça me permettra de respirer !

Elle empoigna ensuite le Dessinateur, sous l’œil médusé des deux spectateurs, pour le plaquer contre le mur. Elle murmura très vite :

- On se retrouve sur le toit de l’Académie. Côté dortoirs.

C’était le seul endroit discret auquel elle avait pu penser, puisque le parc et les couloirs pouvaient être surveillés. Elle ajouta immédiatement, à intelligible voix :

- Pas la peine de te presser pour rentrer, tes affaires seront déjà prêtes devant la porte !

Elle lâcha le jeune homme et fit demi-tour sur ses talons, avec la mine suffisante de la femme qui ne s’est pas laissée marcher sur les pieds. Elle offrit toutefois une mine penaude aux deux légionnaires en passant devant eux.

- Je vous prie de nous excuser messieurs, il fallait que ça sorte.

Dans un haussement désinvolte d’épaules et un sourire charmant, elle quitta la ruelle de son petit pas pressé. Une fois qu’elle eut tourné à l’angle de la rue, elle s’engagea dans une autre ruelle déserte afin de pouvoir dessiner son pas sur le côté en toute tranquillité.



Rabattant une mèche de cheveux que le vent froid de ce ciel dégagé avait dérangée, Elyssa s’emmitoufla un peu plus dans son manteau. Assise contre un muret qui encadrait une coupole de verre, les jambes ramenées contre elle, elle était à nouveau prisonnière de cette pensée. Elle avait tué quelqu’un. Même si elle avait retrouvé une certaine contenance depuis l’incident, elle demeurait obnubilée par ce qui s’était passé à l’auberge. Elle ne trouvait aucune explication à ce dessin particulier, si tant est que ce fut un dessin.
Et cette absence de réponse l’effrayait.
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Caym Cali
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08.11.16 13:50
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Hier soir j'ai décroché la lune, j'ai gravi cent-une dunes

La gifle avait eu l’effet escorté.
Dans les yeux égarés de la dessinatrice Caym y voyait dorénavant de l’agitation. Ses traits immobiles se crispèrent, un mélange entre colère, peur rage, désespoir.
Fierté.
Elle avait compris que la situation risquait d’être tendue à cause de l’intrusion des légionnaires. Lui pardonnerait-elle de l’avoir frappée ?

La réponse ne se fit pas trop attendre.

Tandis que Caym échafaudait divers plans (attaquer les légionnaires mais risquer de mourir au combat, il était certes doué mais il ne faisait pas le poids, la légion noire recrutait les meilleurs des meilleurs et leur armure leur assurait une très bonne protection. Fuir était l’autre option, Caym se savait rapide, mais les maisons ici seraient assez difficiles à escalader, il risquait de se tarder et les hommes auraient tôt fait de l’abattre, il restait le pas sur le côté mais… il en était hors de question, mieux valait passer une nuit dans les geôles et perdre sa place à l’académie que de tenter ce truc de malheur. Enfin, en y réfléchissant bien…) la demoiselle retrouva son air supérieur et avec force lui rendit sa gifle. Caym ne s’y attendait pas. Il était surtout préoccupé par ces gardes et quelle solution choisir, mais elle, Elyssa, était trop rancunière pour penser à leur survie ! Elle préférait lui rendre la monnaie de sa pièce, avec toute la morgue dont elle était capable.

Le jeune homme s’enflamma aussi rapidement que sa joue vira au rouge. Elle avait beau être maigre elle n’était pas moins dépourvue de force.
Mais quelle fille de … !


- Ordure ! Parce que tu crois que je n’ai que ça à faire de mes journées que de laver ton linge ? Tu n’as qu’à retourner chez ta mèèèèère pour ça ! Elle emploie tellement de temps à me pourrir la vie que ça me permettra de respirer !


Caym marqua un temps d’arrêt, surpris. Même son insulte se suspendit.
Il crut percevoir le plan de la jeune femme. Passer pour une dispute de couple et tranquilliser les gardes ? Pas si idiot. Mais elle l’avait quand même frappé.

Mais ce n’était pas tout, une fois de plus elle fit preuve d’une force surprenante et plaqua Caym contre le mur. Celui-ci restait bras branlant, attendant la suite de la scène de ménage. Il n’avait pas la moindre idée de comment se passait ce genre de truc. N’était-elle pas un peu excessive ?

- On se retrouve sur le toit de l’Académie. Côté dortoirs.


Caym n’eut pas grand mal à prendre un air surpris tandis que la demoiselle se détournait de lui tout en continuant son spectacle. Peut-être n’était-elle pas aussi idiote qu’il le pensait. Elle avait réussi à gérer cette situation avec brio. Les gardes la regardèrent partir, un air ahuri pour l’un et amusé pour l’autre, sur le visage.
Bien, maintenant c’était à lui de partir.

Il épousseta sa veste, se frotter contre un mur est relativement salissant. Puis remarquant le regard presque inquisiteur des hommes il se passa les mains sur le visage, comme pour se redonner une constance. Cela lui permit de gagner un peu de temps. Comment agir.

-Ah les femmes…


Fut tout ce qui lui passa à l’esprit. Que devait dire un homme alors que sa femme/compagne/truc venait de le mettre à la porte en grande pompe ? Il n’avait pas la moindre idée et ne comptait pas en faire l’expérience.
Il salua les gardes et partit, le pas un peu raide. Il était stressé. Il sentait le regard des légionnaires sur lui et ça lui donnait la chair de poule. Son pouls résonnait à ses oreilles. Pourvu qu’ils le prennent en pitié et le laissent tranquille…


Heureusement pour le mercenaire, le retour à l’académie fut tranquille. Personne ne l’accosta et les rues commencèrent à se vider au fur et à mesure que la ville s'endormait. Il était vraiment loin de l’académie, il mettrait plusieurs heures à pied, surtout qu’il ne connaissait pas parfaitement bien le chemin.
Il se prit plusieurs fois à lever les yeux vers le ciel étoilé, admirant la délicatesse des tours et ces passerelles de cristal qui les reliaient. Comment les premiers dessinateurs avaient-ils pu imaginer de telles merveilles ? Merveilles éternelles. Cela avait dû demander un pouvoir exceptionnel ! Et une précision sans pareil. Ils avaient certainement dû être plusieurs. Quel talent…
Caym admirait ces hommes tout en se demandant s’il pourrait un jour les égaler. Il était entré à l’académie dans ce but, mais avec le verrou dans les spires, les dessins étaient devenus très difficiles et surtout basiques. Il y avait beaucoup de théories à propos du verrou mais la seule conséquence immuable était l'impossibilité de pénétrer loin dans les spires. Trouvera-t-il le moyen de devenir un dessinateur redoutable et redouté ? Un mentaï... Il frissonna à l'idée. Oui, cette plongée dans la noble vie alavirienne était répugnante mais nécessaire.

Plongé dans ses pensées, le dessinateur ne réalisa pas que les portes de l’académie étaient fermées. Enfin, il s’en rendit compte après s’être évertué à les ouvrir, pousser, tirer, re-pousser… rien à faire. Puis il se dit que le bruit avait dû attirer des surveillants ou gardes, il ferait mieux de filer. Rapidement il quitta l’entrée principale et se fondit dans l’ombre avant de commencer son inspection des façades. Il devait trouver les meilleures prises afin de réaliser cette ascension. Les murs étaient lisses et hauts.
Sans fenêtres.
Ni prises évidentes.
Son entraînement de mercenaire du Chaos chassa la sensation de désespoir qui commençait à l’étreinte. Qu’était-il devenu pour être arrêté par un vulgaire mur et pire encore : pourquoi ça le chagrinait d’être dehors, libre. L’adrénaline afflua et Caym se mit à courir. L’enceinte de l’Académie était grande, il finirait bien par trouver son chemin. Ce fut chose faite lorsqu’il arriva à la porte de service, qui permet les livraisons, notamment de nourriture pour les cuisines. Les portes étaient lourdes et bien fermées, il ne faudrait pas que des intrus puissent s’y introduire ! Mais ce n’était pas ce qui intéressait Caym, au-dessus de la porte de trouvait un linteau, qui lui permettrait d’atteindre les rebords de fenêtres des escaliers de service.
Il jeta un coup d’œil aux alentours puis s’élança. Il bondit et crocheta la première prise. Il contracta ses muscles et élança son corps. L’escalade était un jeu d’équilibre. Il fallait être souple mais fort, garder son rythme et surtout, ne jamais regarder en bas.

Une fois sur le toit il s’autorisa à profiter de la vue. L’ascension lui avait paru durer une éternité, ça faisait longtemps qu’il délaissait son entraînement, il était vraiment temps qu’il s’y remette afin qu’il retrouve son niveau d’antan. Vivre entouré de bourgeois le rendait mollasson.

Tandis qu’il se dirigeait vers les dortoirs, par les toits, Caym se demandant comment viendrait Elyssa. Il imaginait très mal la demoiselle grimper sur les toits, or pour effectuer un pas sur le côté elle devait déjà être venue. Imaginer la demoiselle grimpant avec l’élégance d’un crapaud les murs de l’académie le fit sourire.
Mais il arrivait trop tard. Il aperçut sa frêle silhouette, assise près d’une coupole de verre.
Il la rejoint et s’assit à ses côtés.

Que devait-il dire ?
N’ayant pas la réponse, il se tut.


Mince, peut-être aurait-il dû passer par sa chambre afin de se doucher. Tant pis. La donzelle n’aurait qu’à ne pas faire la délicate. Il avait parcouru pratiquement toute la ville, en marche rapide puis fait le tour de l’académie avant d'en escalader l'enceinte, quoi de plus normal qu’un peu de sueur ?

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Elyssa Cil'Darn
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Elyssa Cil'Darn
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08.11.16 14:34
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N’ayant pas usé du pas sur le côté, Caym fut très long à la rejoindre. Mais elle ne lui en tint pas rigueur, pour la simple et bonne raison qu’elle avait perdu toute notion du temps. Elle en avait presque perdu toute sensation, tant elle frissonnait sous cette bise vicieuse sans en prendre conscience. Les mêmes questions tournaient comme un carrousel dans son esprit, à la différence qu’aucun rire juvénile ne venait réchauffait ce manège. Le seul point positif, bien qu’elle ne fût pas en mesure de s’en rendre compte, fut que cette obsession remplaçait la précédente : qui était ce Cali, et que désirait-il ? Son camarade finit justement par apparaître dans son champ de vision.
Ce fut tout juste si elle le sentit prendre place à ses côtés.

Le regard perdu sur les toits  qui s’offraient à sa vue du haut de ce perchoir, illuminés par les éclairages somptueux de la capitale, surtout aux abords de l’Académie, qui ne pouvait s’affranchir de la vanité des plus grands dessinateurs, Elyssa mit quelques longues minutes avant de ressentir le poids de ce silence écrasant.  Aussi sa voix, peut-être pour la première fois, fut subtilement éraillée lorsqu’elle sortit de son mutisme.

- Je l’ai tué n’est-ce pas ?

Ses lèvres se tordirent d’un rictus qui avait tout à envier à un sourire, mais elle n’avait pas détaché son regard du point de fuite sur lequel s’étaient braquées ses pupilles, droit devant elle. Ses jambes, qu’elle avait tenues serrées contre elle tout ce temps, lui envoyèrent enfin des sensations de crispation désagréables. Elle redressa alors le menton et, croisant ses bras sur sa poitrine, étendit en soupirant une jambe, puis l’autre.

- On fait quoi maintenant ?

N’ayant toujours pas tourné la tête vers lui, Caym aurait pu penser qu’elle s’adressait en réalité aux formes bigarrées des toits qui les entouraient, mais la suite de sa question ne s’adressait à aucun autre interlocuteur.

- Tu vas me dénoncer, c’est ça ? Ou plutôt me forcer à te donner ce qui t’intéresse chez moi et sur lequel je ne suis pas foutue de mettre le doigt, en me menaçant de chantage ? Si tel est le cas, je préfère te prévenir tout de suite, ça ne fonctionnera pas. Je ne suis déjà pas sûre de pouvoir assumer ça toute seule, alors hors de question que l’on se serve de cet argument contre moi.

Sa voix s’était départie de son sourire, même sonore. La lassitude de la jeune fille triomphait sur toutes les émotions qu’elle avait pu traverser ce soir. Elle était bien loin de la dessinatrice hautaine qui aimait s’afficher à l’Académie. Elle ne s’en cachait pas plus qu’avant : elle ne faisait pas confiance à Caym. La façon dont il s’était frayé un passage dans sa vie, piétinant les conventions et les règles du jeu qui avaient bercé sa vie, n’avaient pas contribué à la mettre à l’aise dans leurs discussions. Et si elle aimait jouer, le jeu avait ce soir dépassé les limites de ce qu’elle était émotionnellement capable de supporter.
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Caym Cali
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08.11.16 14:54
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Tuer est insipide

Caym regarda ses mains, qu’il trouvait plus intéressantes que la vue sur une verrière. En fait il n’y avait rien à regarder si ce n'était le ciel, mais il n’avait pas envie de lever la tête. Le dos voûté, il se sentait en sécurité, il avait l’impression de se rapprocher de sa carapace de mercenaire du chaos. S’était dans sa nature de rentrer la tête, de chercher à ne pas se faire remarquer.

- Je l’ai tué n’est-ce pas ?


Caym ne répondit pas.
À quoi bon ? C’était une question de pure rhétorique, elle connaissait la réponse aussi bien que lui.

Se taisant, le jeune homme plongea dans ses pensées. La première personne qu’il avait tuée. La première vie qu’il avait ôtée.


Les souvenirs affluaient, lentement. Il se souvenait de sensations, mais plus des formes ni même de la tête de sa victime.
C’était un homme qui s’était aventuré dans la forêt avec ses amis et ils étaient tombés dans l’embuscade de la bande de Caym. Ils faisaient leurs débuts dans le banditisme et leur réputation commençait à se faire. Seul un individu résista. Il voulut faire le brave mais Caym fut plus rapide et lui entailla le bas-ventre avec une de ses lames. L’idiot courba l’échine et donna lui aussi sa bourse ainsi que leurs biens précieux qu’ils avaient avec eux.
Ce ne fut que quelques jours plus tard que la nouvelle de la mort du type lui parvint. La plaie avait été mal soignée, infectée, peu importait, tout est-il qu’il n’avait pas survécu à sa blessure.
Le mercenaire était allé à l’enterrement, indécis. Il ignorait ce qu’il ressentait, ça ne ressemblait pas à ce qu’il avait imaginé. Lorsqu’il avait vu le visage ravagé des parents du mort, il s’était crispé. Son acte lui apparut dans toute sa grandeur. Il avait tué un innocent.
Mais il n’avait rien ressenti, ce n’était pas de sa faute, et pourtant… Et pourtant il s’en moquait. L’homme était mort car il avait été trop faible pour survivre, Caym lui avait pourtant laissé une chance. Personne n’avait donné de chance à ses parents. Et ces parents qui aujourd’hui pleuraient leur fils disparu avaient, il y a de longues années, claqué la porte au nez de ses parents, les condamnant à une mort certaine.
Ils n’avaient que ce qu’ils méritaient.
Caym était parti, ses pensées tourbillonnant dans sa tête et son cœur sec. La mort n’avait aucun goût, ne procurait aucun plaisir. Elle chargeait seulement de culpabilité le tueur et de tristesse les proches en deuil.

Puis il avait recommencé, intentionnellement, lorsqu’il avait mené l’assaut contre la ferme fortifiée, contre ces gens qui étaient à l’origine de la mort de ses parents. Tuer avait alors été pour survivre. C’était lui ou ces gens, le choix n’avait pas été difficile, les conséquences non plus. Tuer tous les responsables n’avait pas apporté de soulagement. Ce qu’ils lui avaient ôté il ne le retrouverait plus jamais.
Les visages restaient gravés dans son esprit, mais ils devenaient flous. Ils lui importaient peu. Comme tous les morts à qui il avait ôté la vie, il était incapable de les chiffrer, encore moins de les nommer. Mais en aucun cas il n’avait eu de regrets.

- On fait quoi maintenant ?

Caym se reconnecta à la réalité. Il tourna la tête afin d’observer la dessinatrice. Elle avait le regard dans le lointain. Si elle n’était plus en état de choc, elle était loin d’avoir récupéré.
Elle aurait besoin de temps.

Et il n’avait pas la moindre idée de quoi faire maintenant. C’était elle qui avait fixé le rendez-vous sur les toits, elle devait bien avoir une idée en tête.

- Tu vas me dénoncer, c’est ça ? Ou plutôt me forcer à te donner ce qui t’intéresse chez moi et sur lequel je ne suis pas foutue de mettre le doigt, en me menaçant de chantage ? Si tel est le cas, je préfère te prévenir tout de suite, ça ne fonctionnera pas. Je ne suis déjà pas sûre de pouvoir assumer ça toute seule, alors hors de question que l’on se serve de cet argument contre moi.

La voix d’Elyssa était dure comme la pierre, tout comme les traits de son visage. Le jeune homme voyait bien qu’elle était tendue. Elle devait bouillonner de pensées contradictoires, de sensations et de rage. Elle était comme les autres.
Caym réfléchit un instant. Que devait-il dire ? Elle n’avait pas confiance en lui, c’était tout naturel. Mais devait-il faire comme elle le disait et chercher à lui mettre la pression ? Où la soutenir ?
Ni l’une ni l’autre des solutions ne lui convenait.

-Une personne un jour m’a dit que le chantage est très mauvais pour l’amitié.


Caym se leva et sourit à Elyssa.

-Je comprends que tu ne me fasses pas confiance, nous ne sommes pas de grands amis, mais peut-être qu’un jour cela changera. Je l’espère.


Il plongea ses yeux bleus, qui semblaient gris par la pénombre environnante, dans ceux de la demoiselle. Il pensait vraiment ce qu’il disait et il cherchait comment le lui dire. Il n’était vraiment pas doué avec les mots. Et encore moins avec les gens.
Mal à l’aise car incapable de savoir ce que pensait la jeune femme Caym se détourna et commença à s’en aller. Puis, il reprit la parole.

-Personne ne te fera de chantage car combien-même ils entendraient parler de cette histoire tu serais graciée, il ne s’agissait que d’un accident, un ivrogne cherchant à profiter d’une jeune noble sans défense. Tu n’as rien à craindre de ce côté-là.

Il se tut, se rendant compte que ses propos n’étaient peut-être pas ce qu’il devait dire. Il ne fallait pas qu’elle se doute du mépris que lui inspiraient tous les nobles. Ceci dit elle aurait été bien sotte de croire qu’elle risquait quoi que ce soit, son rang et son statut au sein de l’académie la laveraient de tout soupçon et l’enquête s’éteindrait avant même d’avoir commencé.
Elle était née du bon côté de la barrière et ignorait tellement de choses…
Les morts étaient assez courants dans ce monde, surtout près des tavernes. Bien que les gardes d’Al-Jeit tentaient de rendre ces accidents rares, il y avait toujours des criminels et des ivrognes.

Caym se retourna brièvement afin de regarder Elyssa. Il la salua d’un signe de tête et continua son chemin. Si elle voulait discuter, se battre, l’insulter, faire quoi que ce soit avec lui, elle saurait où le trouver. En attendant personne d’autre qu’elle ne pourrait l’aider.

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Elyssa Cil'Darn
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09.11.16 9:34
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Elle avait beau s’être adressée à son silencieux voisin, elle restait obstinément tournée vers les toits qui s’offraient jusqu’à perte de vue à leurs yeux.
Jusqu’à ce que les paroles de Caym ne l’atteignent.

- Une personne un jour m’a dit que le chantage est très mauvais pour l’amitié.

Elle aurait voulu sourire, témoigner de se contentement de constater que ses propres mots ne s’étaient pas égarés à la sortie de ses lèvres… Elle tourna simplement les yeux vers lui. Ses yeux gris, éternel maelström  d’émotions contradictoires, se révélait pour ce soir dominé par le voile de la lassitude.
En réponse à ce regard à la fois vide et plein, Caym se leva, et chose rare, lui sourit en retour. Pas de l’un de ces sourires obliques qu’ils avaient pris l’habitude de s’adresser, mais d’un sourire discret. Peut-être même sincère.

- Je comprends que tu ne me fasses pas confiance, nous ne sommes pas de grands amis, mais peut-être qu’un jour cela changera. Je l’espère.

Ses mots se frayèrent un chemin jusqu’à la conscience de la jeune fille, s’ancrant dans sa mémoire sans se donner la peine de se soumettre à son jugement. Elle tenterait d’y réfléchir plus tard. Pour le moment, c’était comme si un bourdonnement sourd empêchait tout pensée un peu complexe de se former de façon cohérente. Une sensation magnétique l’appelait toutefois à élever encore un peu sa ligne de mire. Quittant le fin sourire qui s’était déjà évanoui, la brunette remonta jusqu’aux deux iris bleus qui s’étaient attachés à elle. Toujours posée sur le sol froid alors qu’il s’était levé, elle n’était pas en mesure de détailler son regard. Eût-elle été à sa hauteur, elle aurait sans doute été tout aussi incapable d’interpréter le moindre signe émotionnel. Comme s’il s’en était rendu compte, Caym tourna les talons et commença à tourner les talons. Tout en elle lui hurlait de le retenir, de ne pas affronter cette insomnie seule ; pourtant elle n’amorça pas le moindre mot ou geste.

Un maigre espoir s’anima en elle lorsqu’elle le vit s’arrêter. Peut-être n’avait-il pas eu besoin de l’entendre pour comprendre qu’elle ne voulait pas rester seule maintenant ? Qu’elle ne voulait pas non plus parler ?

- Personne ne te fera de chantage car quand bien même ils entendraient parler de cette histoire tu serais graciée, il ne s’agissait que d’un accident, un ivrogne cherchant à profiter d’une jeune noble sans défense. Tu n’as rien à craindre de ce côté-là.

L’idée de légitime défense commença lentement à se frayer un chemin jusqu’à sa conscience. Pendant une seconde, elle se sentit plus légère. Avant que le mot « meurtrière » n’écrase de nouveau toutes ses certitudes. Elle s’attachait tellement à se dédouaner de cet accident qu’elle ne perçut pas la nuance de mépris qui ornait la périphrase « jeune noble sans défense ». Caym aurait tout autant pu lui révéler une passion secrète pour l’art pictural raï qu’elle n’aurait pas plus réagi.

Le vif mouvement de pivot du jeune homme attira une dernière fois son regard, mais s’il semblait vouloir ajouter quelque chose, il se contenta à son tour d’opter pour le silence et, après l’avoir saluée d’un mouvement de tête, s’éloigna jusqu’à sortir de son champ de vision.

Ce fut alors le Vide. Un calme impitoyable, pesant, à peine émoussé par le vent qui charriait ses cheveux, son visage et son ouïe. Une extravagante envie de hurler la prit soudain à la gorge. Avant d’y céder, elle se redressa vivement, peinant à retrouver la verticalité qu’elle s’imposait ordinairement devant témoins. Il fallait dire que l’architecture qui tanguait autour d’elle et le sol qui ondulait sous ses pieds ne l’aidaient pas. Une fois qu’elle fut à peu près stable, elle dessina son pas sur le côté. Sa chambre était proche et, au vu de ses facilités dans cet exercice, elle n’eut aucun mal à arriver à destination. Sans prendre la peine d’allumer une veilleuse, elle se démaquilla machinalement, laissa choir ses vêtements au pied du lit pour passer une nuisette, et se recroquevilla sous ses couvertures, glacée malgré la chaleur étouffante de sa couette.




Elyssa ne parut pas en cours le lendemain. Le surlendemain non plus, malgré l’insistance de Kryss. Elle se fit porter pâle auprès des intendants de l’Académie, ce qui n’était pas compliqué au vu de sa mine d’une pâleur inquiétante et de ses cernes plus prononcées qu’à l’accoutumée. Elle passa la première journée sans quitter son lit. La deuxième, peut-être pour la première fois de sa vie, elle ressentit le besoin de rentrer chez elle, cet endroit qu’elle considérait pourtant comme le moins confortable de la ville. Sa mère l’avait accueillie avec suspicion, mais sa mine avait de nouveau joué en sa faveur. Elle ne put toutefois négocier un jour de répit supplémentaire. Enfin, « répit » était un bien grand mot ; supporter ses parents ne la reposait pas, mais dans le microcosme familial, elle pouvait se permettre de moins penser à cette terrible soirée.

Le troisième jour donc, elle fut de nouveau dans l’enceinte de l’Académie. Dans l’enceinte, mais pas dans les salles de cours. Après trois jours de silence radio, Flinn parvint enfin à croiser sa petite amie, au coin d’un couloir qui menait au réfectoire.

- Bah alors, où t’étais passée ?


Si son ton était partagé entre l’incompréhension et la vexation, les bras qui l’entourèrent adoucissaient son attitude. Elle ne put s’empêcher de frissonner sous la douceur du contact, mais son regard fuit de nouveau, et elle se dégagea délicatement de l’étreinte. Un pli barra le front de son petit copain.

- Désolée, commença-t-elle d’une voix inégale, je…

Son regard fut attiré par une ombre. Elle était persuadée d’avoir vu Caym passer, mais le couloir était de nouveau vide de sa présence. Elle secoua légèrement la tête, le regard toujours égaré, et tenta une diversion.

- Viens, on va manger.

Le brouhaha du réfectoire, qu’elle affectionnait particulièrement d’ordinaire, lui parut agressif tant il tranchait avec ces deux pleines journées de solitude. Elle n’allait pas mieux, mais donnait le change : elle paraissait de nouveau au déjeuner, qui plus est en compagnie de Flinn. Mais si son public était toujours aussi captivé par ses moindres faits et gestes, aucun de ces spectateurs n’aurait su déceler l’étincelle qui s’était éteinte dans son regard. Pour l’instant, seul son petit ami, attablé en face d’elle, se doutait que quelque chose n’allait pas. Sans savoir quoi. Il en eut la certitude, si c’eût été nécessaire, lorsqu’il la vit éparpiller ses aliments du bout de la fourchette, sans avoir mangé ne serait-ce qu’un tiers de la portion.




Le quatrième jour, elle s’accorda une dernière trêve scolaire, presque sans en avoir conscience. Elle passa ainsi la matinée à flâner dans la bibliothèque. C’est en passant l’index sur la tranche des livres savamment rangés qu’elle se reprocha de ne pas accorder plus de temps à la lecture. Les professeurs les exhortaient à consulter les ouvrages, d’autant plus que la bibliothèque de l’Académie regorgeait d’œuvres précieuses, et que la pratique demeurait limitée par cette fichue méduse qui s’était appropriée les Spires. Sans qu’elle puisse l’expliquer, le contact des couvertures de cuir l’apaisait. Elle se décida à allier l’utile à l’agréable en sélectionnant des ouvrages traitant de la maîtrise du Don.
Et se promit de venir plus souvent en cet endroit.




L’après-midi enfin, elle reprit le rythme des cours. Un cours particulièrement pénible, qu’elle ne partageait pas avec Caym et qui traitait des questions de droit relatives à l’art du Dessin, la poussa presque à baisser les bras. Elle se força toutefois à chasser toute pensée de sa tête pour n’y laisser que les mots du professeur. Occuper son esprit pour ne pas penser était la seule solution envisageable. Elle comptait en réalité les minutes qui la séparaient du cours suivant. Celui qu’elle avait toujours préféré…




Dès que le cours se fut achevé, Elyssa se mêla au flot d’élèves qui circulaient dans les couloirs pendant cette courte récréation. De nouveau, la silhouette de Caym parut dans son champ de vision, du moins elle était sûre cette fois de sa présence. Sans savoir s’il venait de son plein gré vers elle alors qu’elle se dirigeait vers lui, elle se retrouva à sa hauteur.
Passant une main distraite dans sa longue chevelure, comme elle en avait l’habitude, elle entama pauvrement la conversation.

- Hey.

C’est alors que la situation se compliqua délicatement. Sans qu’elle ne l’ait vu arriver, Flinn apparut comme un cheveu sur la soupe et déposa un baiser sur ses lèvres, avant de saluer un peu froidement Caym. Mais il l’avait tout de même salué, malgré l’intime conviction – jalousie infondée ? infaillible flair ? – que l’élève qu’il ne connaissait que de vue n’était pas innocent à la distance qu’Elie plaçait entre elle et lui depuis quelques jours.

La brunette, qui avait rapidement rattrapé ses réflexes malgré l’insidieux malaise qui empoisonnait lentement son être depuis cette nuit-là, coula un sourire de circonstance sur ses fines lèvres, masquant parfaitement son inquiétude face à la tension encore impalpable qui se dessinait entre les deux garçons. Car connaissant le caractère de Caym –  elle ne le connaissait pas vraiment, mais connaissant son problème avec les relations humaines – et la possessivité de son petit ami, elle commençait sérieusement à penser qu’elle aurait tout autant préféré passer la journée entière à la bibliothèque.
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Caym Cali
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09.11.16 11:47
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Combat de coq

Caym s’était levé le matin, après quelques petites heures de sommeil. Il s’en moquait, il se demandait comment serait la dessinatrice, quel serait son comportement. Mais il fut déçu, la demoiselle ne montra pas le bout de son nez.
Ni les jours suivants.
Les rumeurs allaient bon train. Caym écoutait sans participer. Surtout que personne ne s’attendait à ce qu’il sache quoi que ce soit. C’est à peine s’ils le voyaient. Peu importait, il consacrait tout son temps libre aux révisions. C’était étrange, qu’il travaille aussi assidûment. Qu’il suive les cours avec attention. Il avait l’impression d’être un élève de l’académie. Studieux comme élève.
Il avait donc pris ses petites habitudes à la bibliothèque, il s’agissait d’un lieu silencieux où la lumière était agréable. On avait l’impression d’entrer dans un autre monde. Le mercenaire commençait à connaître les autres étudiants de sa promotion qui y allaient régulièrement, ils l’avaient même salué. Les choses étaient sur le point de changer. Certes ce n’étaient pas les personnes les plus populaires de l’académie mais c’était un début.

Mais ce soir-ci, en rejoignant sa chambre Caym remarqua qu’on avait déposé une lettre sur son lit. Curieux, il la lit rapidement. La nuit était déjà tombée mais il était le seul dans le dortoir.
Quelqu’un lui avait fixé un rendez-vous important à la nuit tombée dans le réfectoire. La lettre n’était pas signée, Caym ignorait qui souhaitait le rencontrer et pourquoi. Il hésita avant de jeter la lettre après l’avoir roulée en boule. L’heure de rendez-vous était assez vague mais il était certain qu’il avait manqué la fameuse rencontre. Il était fatigué de sa journée et n’avait pas envie de perdre plus de temps et de devoir sortir dans les couloirs froids de l’académie.


Puis Elyssa réapparut. Caym la croisa dans les couloirs, alors que tous sortaient de leurs cours et profitaient des quelques minutes de pauses que leur accordait leur emploi du temps.

-Hey

Caym sourit et la salua d’un signe de tête. Elle lui adressait la parole en publique, c’était une grande nouveauté. Tuer des gens semblait lui avoir fait du bien ! Caym se réprima mentalement, il était évident que l’évènement de l’autre soir l’avait chamboulé, ça resterait entre eux. Leur secret.
Avant que Caym ne puisse lui répondre, un opportun embrassa Elyssa et l’enlaça. Cali pour sa part reçut un salut glacial accompagné d’un regard frigorifique. Heureusement pour lui qu’il avait été formé à coup de sabre et que les regards mauvais étaient monnaie courante tout comme les critiques. Mais cela n’empêcha pas son sang de s’échauffer. Il ne put retenir un rictus de fleurir sur ses lèvres. Ben voyons…

Le dessinateur hésita un instant sur la répartie qui conviendrait. Il hésita à remercier la brune de sa douce lettre et qu’il serait ravi de passer une nouvelle nuit en sa compagnie, ça mettrait ce sale type hors de lui à coup sûr. Mais il placerait la dessinatrice dans une mauvaise posture.
L’idée de dessiner un suçon sur le cou du gars l’effleura. À voir la très légère réaction d’Elyssa, ils n’avaient pas dû passer beaucoup de temps à s’embrasser, alors voir une telle marque de passion les ferait très certainement rompre. Mais Caym ne voulait pas mentir, quitte à rompre leur couple, autant le faire bien.

Il offrit un sourire charmeur à Elyssa et laissa ses yeux la dévorer du regard. Il n’avait jamais rien fait de tel. Peut-être était-il trop entreprenant pour un simple flirt, qui plus est avec une demoiselle accompagnée de son galant, mais il s’en moquait. Il était certain que l’autre se rendrait malade de jalousie. Il ne lui restait plus qu’à montrer sa proximité avec Elyssa dans ses bras et ça serait la cerise sur le gâteau.
Il s’inclina devant la dessinatrice et lui offrit galamment sa main.


-Me ferais-tu l’honneur de m’accompagner à notre cours de pas sur le côté, ô splendide Elyssa.

L’esprit de Caym semblait congelé par le désarroi. La surprise. L’horreur. Mais qu’était-il en train de faire ? Où était passé le mercenaire implacable ? Pourquoi se ridiculiser ainsi ?! Mais Cali avait abandonné son esprit et ignorait sourdement ses petites voies intérieures. Il s’était laissé porter par son instinct. Il avait envie de détruire ce type et s’il devait pour cela passer pour un terrible séducteur il le ferait.
Le petit ami était tendu, son visage crispé et ses yeux tentaient d’intimider Caym, mais celui-ci ne lui portait pas la moindre attention. Enfin, si, il guettait la moindre de ses réactions, du coin de l’œil. Son regard à lui était posé sur Elyssa.
Elle se décida et lui tendit la main, une expression d'incompréhension ou de surprise sur le visage.

Le sourire déjà grand du mercenaire s’élargit encore plus. Il attira la demoiselle par la main, la détachant de son compagnon et sans lui laisser le temps de réagir, Caym relâcha sa main avant de passer derrière la jeune femme et de laisser glisser sa main le long de la fine taille de la demoiselle afin de l’inviter à avancer. Discrètement il poignarda du regard l’intrus, qui pâlit. Était-ce par rage, jalousie, peur ? Tout est-il que Caym était très fier de lui.

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Elyssa Cil'Darn
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Elyssa Cil'Darn
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10.11.16 7:46
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Put the gun down, put the gun down,
Put your finger on the trigger now,
Put it down, put it down,
Put it down, put it down,
Put the gun down, put the gun down,
Or I'mma set fire to the whole damn house,
Put it down, put it down,
Put it down, put it down

Ces derniers jours, Elyssa s’était tenu à l’écart de toute société, de tout rapport humain, de tout code relationnel. Ses réflexes interprétatifs des situations humaines revinrent pourtant au grand galop, sous la menace qui pesait sur elle mais qu’elle ne savait pas encore bien identifier. Car elle connaissait les règles du jeu, elle les définissait même parfois.

Son regard pâle voletait de l’un à l’autre des deux garçons qui l’entouraient, et qui commençaient sérieusement à peser sur son espace vital. Le rictus qu’elle vit naître sur le visage de Caym ne lui augura rien de bon, tandis que le regard glacial de Flinn ne la rassurait guère plus.
Et la situation dérapa, au-delà de toutes ses attentes. Bien au-delà. Caym, le timide, l’associal, le glaçon, carra les épaules, lui sourit de tout son visage et la fixait avec une intensité inédite. En gros, il la draguait ouvertement. A ce regard brûlant fit face deux yeux ronds – peut-être quatre, mais le comportement bizarre de Caym l’empêchait momentanément de le quitter des yeux pour guetter la réaction de Flinn – de stupéfaction et d’humeur. Comment osait-il ? Et puis… c’était quoi ça ? On aurait dit un enfant devant une vitrine de sucreries ! Il ne manquait plus que le filet de bave, et elle aurait eu devant elle le gars le plus lourd de tous les temps. Mêmes les mecs qui n’aspiraient qu’à un regard de sa part faisaient preuve d’un peu plus de retenue !

Elle en était à ces réflexions, sentant la colère gonfler insidieusement en elle, lorsque Caym lui porta le coup de grâce.
Il lui fit une révérence. Il lui fit UNE REVERENCE !

- Me ferais-tu l’honneur de m’accompagner à notre cours de pas sur le côté, ô splendide Elyssa.

Les yeux ronds de la jeune dessinatrice frisèrent l’imitation d’une crise d’asphyxie. C’était un sketch. Il ne pouvait en être autrement. Aussi prit-elle le pas de rire. Un éclat de rire presque franc, presque sincère, qui venait presque du fond de son être. Mais qui s’arrêta aussi net lorsqu’elle se rendit compte qu’elle était la seule à partager cette hilarité. Ce n’était pas une blague.
Et merde.

Il fallait donc trouver à réagir, avant que ces deux mâles dominants ne s’empoignent. Elle retint un soupir contrarié : Ah ces hommes ! Il fallait toujours tout faire soi-même.

Son masque reparut, comme par magie. L’expression confiante reprit possession de ses traits alors qu’elle se penchait vers Flinn pour capturer fugacement ses lèvres, qu’elle ne put d’ailleurs s’empêcher de mordiller. Elle avait agi par réflexe, ces réflexes tout juste retrouvés, pour tenter de sauver la situation. Elle ne s’était pas forcée, loin de là, mais la nécessité de ne pas laisser la situation empirer avait prévalu. Elle saisit ensuite la main que lui tendait Caym, par précaution pour ne pas brusquer celui-ci, mais adressa un clin d’œil complice à Flinn… en espérant que ça suffirait à calmer sa jalousie. Plus que désireuse de fuir cette inconfortable situation, elle prépara son pas sur le côté.

Deux secondes. Il lui fallait deux secondes pour visualiser sa destination, une de plus pour l’atteindre.
C’est le temps que Caym mit à profit pour passer un bras autour de sa taille, sans doute pour provoquer un peu plus son adversaire. Elyssa tressaillit, décontenancée par ce contact soudain.

Une fois matérialisée à destination, la jeune fille explosa, le bousculant de sa mince silhouette, se libérant ainsi de son bras possessif.

- Nom d’un Raï en claquettes ! Ca va pas la tête ?! Mais c’est quoi ton problème ?!

- Elyssa, c’est toi ?

Elle s’était attendue à tout, sauf à ça. Pourquoi diable sa mère prenait-elle part à la dispute ? Oh non. Elle était de retour chez elle. Enfin, dans cet endroit qui ne lui inspirait qu’inconfort et révolte. Enfin.. ils étaient de retour chez elle. Caym et elle. Mais quelle idée il avait eu de la déstabiliser alors qu’elle dessinait son pas sur le côté ! La porte s’ouvrit à la volée, pour laisser apparaître une femme élégante, mais à l’allure trop sévère pour mettre en valeur son physique.

- Mais où te crois-tu ? Depuis quand te permets-tu de ramener des garçons à la maison ?! Aurais-tu retenu ne serait-ce qu’un principe de l’éducation que je me suis bornée à te transmettre ?

Et ça recommençait. Cette colère, qui enflait en elle comme si rien d’autre n’avait d’importance. Vouée à cette femme à qui elle devait la vie mais qui la poussait constamment dans ses derniers retranchements. L’air crépita. Le tonnerre gronda. Au beau milieu de la chambre.

- Arrête ça tout de suite, tu veux !

Une certaine appréhension s’entendait dans la voix froide de la mère Cil’ Darn. Mais sa fille n’en avait que faire, son Don s’alimentant de la moindre parcelle de rancœur qui animait son être depuis cette fameuse nuit. Le malaise, la douloureuse prise de conscience, les sentiments à fleur de peau, l’influence horripilante de sa mère… tout se mêlait dans un indescriptible chaos d’émotions.
Qui n’attendait qu’une rupture pour éclore.
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Caym Cali
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Caym Cali
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10.11.16 10:32
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Lorsqu'on laisse libre court à sa rage.

Caym qui pensait simplement devoir accompagner Elyssa jusqu’au prochain tournant en fit les frais. Elle dessina un pas sur le côté. Il le sentit trop tard, il avait été embarqué dans le dessin sans même avoir son mot à dire.
Il ne put que serrer avec force le bras de la dessinatrice tandis qu’avec une rapidité étonnante elle les transportait ailleurs. Le mercenaire avait fermé les yeux et serrait les dents à avoir des courbatures à la mâchoire.

Il resta immobile, refusant d’admettre qu’ils étaient peut-être déjà arrivés. Lui, ça lui prenait de trop longues minutes pour se dématérialiser, et elle semblait avoir réussi à faire ça en une poignée de secondes.

- Nom d’un Raï en claquettes ! Ça va pas la tête ?! Mais c’est quoi ton problème ?!


La demoiselle se dégagea brusquement de l’emprise de Caym, et celui-ci sortit de sa torpeur qui lui parut durer une éternité.
Il fut surpris par la réaction d’Elyssa et resta quelques secondes à l’observer, les yeux exorbités. C’était elle qui jurait par ses ancêtres les raïs alors qu’elle venait de le transporter ailleurs sans même l’en avertir ?!
Une autre voix força Caym à prendre rapidement conscience de ce qui l’entourait.

- Elyssa, c’est toi ? Mais où te crois-tu ? Depuis quand te permets-tu de ramener des garçons à la maison ?! Aurais-tu retenu ne serait-ce qu’un principe de l’éducation que je me suis bornée à te transmettre ?

Horrifié, Caym réalisa qu’ils n’étaient plus dans l’enceinte de l’académie.
Ils étaient dans… une maison. Une maison bourgeoise à en juger les murs chargés de décorations. La femme qui parlait avait un visage sévère, tout comme son corps qui ne criait qu’un seul mot : rigueur. Elle lui provoqua immédiatement une sensation de dégoût. Elle était… puante. Elle suintait l’oisiveté par tous ses pores. Comme si elle ignorait tout du sens profond de la vie.
Caym lui en aurait volontiers collé une, mais il réalisa qu’Elyssa… était partie. Enfin son corps était là mais plus son esprit. Par contre son dessin planait dangereusement dans toute la pièce.

Le mercenaire fouilla rapidement dans les spires et réalisa qu’Elyssa ne dessinait pas. Comment dire, il avait l’impression qu’elle arrachait à l’imagination et balançait dans la réalité ses "dessins" sans même savoir ce qu’elle faisait. Agacé Caym revint à la réalité. Il n’avait pas pu empêcher le "dessin" de la dessinatrice, et celui-ci continuait à apparaître, petit à petit. Ce qui n’était que quelques crépitements il y a quelques secondes devint des nuages chargés d’électricités, le vent était sur le point de se lever.
Que pouvait-il faire ? La colère d’Elyssa semblait principalement concentrée sur sa mère, car il ne doutait pas que cette vieille peau l’avait élevée. Peut-être pourrait-il partir discrètement et les laisser régler leurs affaires entre femmes.

Il pensa à l’assommer mais la mère lui causerait des soucis. Au pire il la tuerait. Mais, pour en revenir à son souci premier, Elyssa.... Il avait déjà frappé il y a pas longtemps, et… il ne souhaitait pas renouveler l’expérience, surtout si elle lui retournait (encore) la monnaie de sa pièce.

L’autre moyen de la ramener à la réalité avait d’essayer de la séduire. Il l’avait fait plus tôt, elle avait ri -de son ridicule certainement, mais elle avait ri. Il avait pourtant eu l’impression de tout faire comme il fallait… Il devrait demander des explications. Mais pour le moment il devait la forcer à arrêter de se prendre pour une diva et péter une durite sans raison. Et la drague était, lorsqu’on y pensait, la raison de sa présence ici.

Agacé, il se planta devant la demoiselle et planta ses yeux froids dans ceux perturbés de la dessinatrice. Gris contre gris. L’humeur massacrante du dessinateur avait réussi à chasser les quelques nuances de bleu qui pouvaient parfois éclairer ses yeux. Comme a priori il était à propos de laisser éclater sa colère, il n’allait pas se retenir.

-Tu vas te clamer sale fille de Ts’lich ?! Tu te prends pour quelle maudite princesse ?! Tu crois que tu peux faire des pas sur le côté quand bon te semble sans en avertir ceux que tu embarques avec toi ?! NON !

Caym sentait la fureur monter en lui, il essayait à peine de la retenir, il se laissait emporter. Surtout que la petite tempête qui tournoyait dans son dos l’obligeait à hurler pour se faire entendre. Il sentait l’électricité crépiter dans ses cheveux.

-Parce que tu as toujours eu avec une facilité déconcertante tu te crois meilleure et que tu peux te comporter ainsi ? Tu as mis ma vie en danger ! Tu ne te contrôle pas ! Tu es une garce impolie et incapable de faire le moindre effort sur toi ! Je pensais que tu avais enfin réalisé la fragilité de la vie mais il semble que tu sois aveugle à ce qui t’entoure et hyper égocentrique. Alors prépare-toi !


Il avait eu l’immense courtoisie de la prévenir.
Le vent qui soufflait dans la pièce s’intensifia brusquement. Caym s’y était préparé avait bien ancré ses pieds dans le sol. Sa masse corporelle ainsi que ses muscles lui permettaient de résister facilement.
Il avait trouvé dans les spires le gouffre causé par Elyssa et son « dessin », il s’y était engouffré, et l’avait dispersé dans toute la pièce. L’orage qui était resté sagement au milieu de la pièce avait enflé, le vent était devenu tornade, il tournoyait dans la pièce en rugissant. De grosses gouttes venaient de rejoindre la danse endiablée des éléments. Caym n’avait fait que forcer ce dessin, l’amplifier. Il l’avait arraché à Elyssa, il s’était contenté de l’alimenter, de le rendre incontrôlable. Enfin, presque incontrôlable. Il était le fruit de la fureur de ces deux dessinateurs. Enfin de ce mercenaire du Chaos et de cette fille paumée mais pleine de rage.
L’air auparavant crépitant était maintenant électrique. Des éclairs zébraient l’air obscurci de la pièce et foudroyaient toute personne au cœur de la tempête.

Caym sentit un éclair le foudroyer, mais il tint bon. Cela ne fit qu’accélérer le rythme déjà rapide de son coeur. Il crispa la mâchoire et fixa la dessinatrice, doutant qu'elle résiste aussi bien que lui. Il avait vécu de nombreuses aventures, souvent douloureuses, il savait encaisser, mais elle..?
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Elyssa Cil'Darn
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10.11.16 12:49
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Je frémis sous l’assaut des bourrasques. Ces rafales de vent, lourdes de menaces, qui viennent de se lever et me taquinent sans parvenir à me faire ployer. Je reste de marbre, tandis que tout autour de moi est charrié, bousculé, ébranlé. Je suis inflexible, le menton relevé dans un air de défi. Tout semble fragile autour de moi, alors que je suis inébranlable. Ca se lit dans mes yeux, d’ailleurs. Ils ont sans doute la même teinte que toute cette grisaille qui fait grincer les meubles, envoie voler mes cheveux et hurle autour de moi. J’ai l’impression que la pièce est trop confinée, mais je n’en ai que faire. J’ai l’impression que j’ai mes raisons d’être en colère, mais je les ai déjà oubliées. J’ai la sensation de personnes autour de moi, mais je n’arrive pas à déceler qui m’entoure.

Sans savoir pourquoi une terrible tempête sévit autour de moi sans m’occasionner plus de dégâts qu’une désastreuse coupe de cheveux, je ne ressens plus rien. Je m’en remets simplement à l’impétuosité du spectacle qui se déroule sous mes yeux sans me concerner. La rumeur enfle, prometteuse. Je me languis déjà du clou du spectacle.



La jeune dessinatrice fut extirpée de sa transe par la colère de son camarade.

- Tu vas te calmer sale fille de Ts’lich ?! Tu te prends pour quelle maudite princesse ?! Tu crois que tu peux faire des pas sur le côté quand bon te semble sans en avertir ceux que tu embarques avec toi ?! NON !

Elyssa oublia instantanément toutes les raisons de la rancœur de Caym – elle était pour le moment incapable de les entendre – pour ne retenir que ses insultes. Le taux d’électricité dans l’air allait croissant sous l’influence de ces deux débordements de colère, tandis que le vent continuait de s’époumoner autour d’eux. Car si Elyssa ne contrôlait pas consciemment son dessin, elle restait avant tout sensible à toutes les émotions qu’elle s’appropriait en laissant ses sens éponger la fureur qui animait tous les acteurs de cette scène.

- Parce que tu as toujours eu avec une facilité déconcertante tu te crois meilleure et que tu peux te comporter ainsi ? Tu as mis ma vie en danger ! Tu ne te contrôles pas ! Tu es une garce impolie et incapable de faire le moindre effort sur toi ! Je pensais que tu avais enfin réalisé la fragilité de la vie mais il semble que tu sois aveugle à ce qui t’entoure et hyper égocentrique. Alors prépare-toi !

Le vent gonfla, gonfla encore, jusqu’à envahir la pièce entière. Elle sentait pourtant que ce dernier phénomène n’était nullement sa faute, même inconsciemment. En revanche, les yeux du Dessinateur reflétaient sa concentration. Il s’efforçait d’élargir son dessin. Se rendait-il seulement compte de ce qu’il faisait ?

De grosses gouttes, annonciatrices d’une pluie d’orage, commencèrent à choir du plafond, sous le cri hystérique de la propriétaire des lieux. Elyssa était incapable d’influer de nouveau sur les éléments : ses dessins « d’émotion » lui échappaient déjà d’ordinaire ; cette fois il ne lui appartenait même plus.

- Je suis une garce impolie ? Tu n’es qu’un petit con manipulateur ! Que dis-je ? Un GROS con manipulateur !

Sans crier gare, une fois de plus, l’Imagination se rouvrit à sa colère. En une seconde, elle repéra la création, et s’en empara de nouveau. Presque consciemment. Elle n’avait pas eu le temps de réfléchir, mais voyait pour une fois clairement le dessin dans les Spires. Ou plutôt le gouffre qui s’y trouvait. Tandis que les deux dessinateurs s’arrachaient la création, un éclair, puis deux, fendit l’air à quelques centimètres d’eux. Sous leur dispute, les éléments devinrent tout bonnement incontrôlables. Les tableaux se décrochaient des murs pour voler dans les escaliers, les commodes se renversaient, les éclairs frappaient sans relâche.

- Tu n’apprécie pas ma façon de me déplacer ? Et bah débrouille-toi pour rentrer à l’Académie, ça te fera les pieds !

En réponse à son exclamation, un éclair vint le frapper. Elle ne l’avait pourtant nullement dirigé. Il restait toutefois stoïque ; l’avait-elle rêvé ?
Tout à leur fureur, les deux dessinateurs ne se rendaient pas compte qu’ils mettaient leur vie en danger, car leur création leur échappait totalement.
Un sourire mesquin prit possession de ses lèvres. Elle n’avait qu’à le laisser là, en tête à tête avec son horrible mère. Qui saurait à coup sûr lui faire payer les dégâts occasionné sur ce palier. Et puis, elle allait être en retard à son cours préféré à cause de ses conneries !

Un magnifique bras de foudre vint s’abattre à l’endroit exact où elle se tenait. S’était tenue.
Une fois de plus, un pas sur le côté lui avait sauvé la vie.

Sur le palier, il ne restait d’elle que la délicate odeur de son parfum, charriée par le vent.




Sans personne pour la distraire, son pas sur le côté l’amena directement dans la pièce où devait commencer le cours de Jil’ Falkhu. Une étrange apparition pour les élèves présents et leur professeur : les cheveux presque dressés sur la tête, de lourds cernes sous les yeux, une pâleur inquiétante, un sourire exsangue flottant sur ses douces lèvres…
Elyssa perdit connaissance.
On jurait avoir entendu l’air crépiter…
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Caym Cali
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Caym Cali
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10.11.16 13:53
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La fin du Verrou

La colère du mercenaire ne désenfla pas avec les propos de la jeune femme.

- Je suis une garce impolie ? Tu n’es qu’un petit con manipulateur ! Que dis-je ? Un GROS con manipulateur !


Le manipulateur en question serra la mâchoire et donna encore plus de force au dessin. La tempête faisait rage, et la dessinatrice ne semblait pas en avoir fini.

- Tu n’apprécies pas ma façon de me déplacer ? Et bah débrouille-toi pour rentrer à l’Académie, ça te fera les pieds !


Soudain elle fit un pas sur le côté. Le dessin prit brusquement fin, et Caym oscilla, surpris par le silence et le calme qui l’entouraient.
Elle était partie.

La colère du mercenaire s’évapora avec la disparition de la demoiselle. Elle était l’origine de sa rage. Il la détestait. Pourquoi s’entêtait-il ? Pourquoi revenait-il à la charge, pourquoi essayer d’être son ami, pourquoi interférer dans sa vie, pourquoi ?
Inspirant fortement, puis soufflant tout aussi lentement, les paumes ouvertes, le mercenaire calma son esprit en ébullition. Son cœur retrouva un rythme plus normal et son corps se détendit. Il se sentait fatigué. Le pas sur le côté l’avait perturbé et ce dessin était d’une violence à laquelle il n’était pas habitué. S’était-il déjà plongé autant dans les spires ? Cette question lui donnait des frissons, car il savait qu’il lui avait été impossible jusqu’au jour d’aujourd’hui de dépasser une certaine limite dans l’Imagination, due au verrou, et là… il avait réussi.
Des bruits de chaussures à talons sur le plancher le firent sortir de sa troublante réflexion.

La mère d’Elyssa était toujours là, elle semblait hésiter sur le comportement à tenir ? Hébétement ou colère ? La pièce était sens dessus dessous.
Caym était agacé par cette femme mais il n’avait pas l’énergie nécessaire pour la réduire au silence. Il en avait fortement envie surtout que ça lui permettrait de se venger de l’autre pimbêche. Il se contenta donc d’être doux et souriant. Du moins, autant que possible.

-Pardon pour le dérangement chère madame, votre fille est turbulente et incontrôlable. Je n’ose imagine la difficulté de l’élever… Mais je suis certain que vous lui avez inculqué toutes les bonnes valeurs que vous portez si fièrement.


Se courbant légèrement, Caym engagea la discussion avec la femme aigrie, qui semblait apprécier ses bonnes manières, surtout lorsqu’il s’agissait de cracher sur sa fille et sur l’enfer qu’elle lui faisait vivre. Ils descendirent tous deux au rez-de-chaussée et Caym déclina l’invitation à prendre le thé. Il accepta la visite du domaine et en profita pour graver chaque pièce dans son esprit. Son petit doigt lui disait que ça pourrait lui être utile un jour.
Puis il se retira et retourna dans les rues animées d’Al-Jeit. Il fut soulagé de réaliser qu’il était encore dans la capitale, cependant il était certain qu’il n’arriverait pas à temps pour son cours de pas sur le côté. Il allait devoir demander une dérogation auprès du doyen pour cette matière, ou un autre professeur, car il ne pourrait pas continuer ainsi.
En chemin, il réfléchit à l’étonnante facilité qu’il avait eue à apprivoiser la mère d’Elyssa. Était-il possible qu’il ait progressé si rapidement sur la voie de la bonté ? Il ricana amusé, son charme n’y était peut-être pas étranger, et il s’observa dans une vitre non loin.
Il marqua un temps d’arrêt. Il ne se reconnaissait plus. Ses traits étaient fatigués et son visage avait perdu la dureté qui lui était familière. On aurait dit un gamin, inoffensif et mignon. Agacé, Caym tenta de reconstituer son visage habituel et reprit la marche d’un pas rapide.


***

Lorsqu’il arriva à l’Académie, près d’une heure plus tard, il regagna rapidement le bureau du doyen, prêt à négocier ce qu’il faudrait pour ne plus à avoir à faire avec Jil’Falkhu. Lorsqu’il arriva, il trouva les lieux en ébullition. L’académie habituellement calme et studieuse semblait réveillée. Tout le monde semblait heureux. Les dessinateurs s’interpellaient, s’embrassaient et se donnaient de grandes claques dans le dos. Caym n’y avait pas vraiment fait attention, mais lorsqu’il vit le doyen, un homme respectable et peu souriant, l’accueillir à bras ouverts, il se douta que quelque chose s’était passé.
Le verrou Ts’lich n’était plus en place.

Il fallut quelques secondes à Caym pour assimiler l’information. Le verrou ts’lisch n’était plus en place ! Il ouvrit la bouche plusieurs fois sans qu’aucun son n’en sorte.

-Comment ?


Ce fut le premier mot qui traversa son esprit et que sa bouche put prononcer. Il était incapable de sourire bêtement comme tous les autres, mais il se sentait plus léger. Presque heureux. L’euphorie le gagnait. Y était-il pour quelque chose ? Le dessin qu’il avait fait avec (contre ?) Elyssa avait réussi à briser le verrou ?
L’explication du doyen coupa net ses glorieuses théories, il n’y était pour rien. C’était une gamine, la fille de deux grandes sentinelles, une Gil’Sayan, qui avait réussi cet exploit. Caym se sentait partagé entre l’envie de la tuer, pour le simple fait d’exister et l’envie de la vénérer pour avoir réussi l’impossible.
La demande de Caym quant à changer de cours de pas sur le côté fut approuvée avec un enthousiasme vraiment inhabituel et le mercenaire n’eut même besoin d’argumenter. Il se retrouvait dans un autre cours de pas sur le côté. Cette matière était vraiment très importante mais peut-être un autre professeur saurait mieux lui enseigner, car, avait ajouté le vieil homme, le pas sur le côté n’est vraiment pas une chose aisée. Caym se senti vexé et retint son envie de l’envoyer bouler en lui disant qu’il était suffisamment puissant, mais se retint, ça ne jouerait pas en sa faveur. Faire profil bas.
Le mercenaire remercia le doyen et sortit dans la cour de l’académie, où tous les étudiants bavardaient joyeusement. Caym se demanda comment allaient évoluer leurs cours. Ils auraient enfin la possibilité d’utiliser leur Don à leur pleine puissance ! Fini la théorie ennuyeuse, ils pourraient passer à la pratique.
Caym sourit, et s’appuya à la balustrade. Une femme le rejoint, le professeur Kurtiss.

-Pourquoi n’es-tu pas allé dans le réfectoire l’autre nuit ?


Caym tourna la tête, surpris. Décidément cette journée était vraiment pleine de péripéties. C’était donc elle qui lui avait fixé ce mystérieux rendez-vous. Mais pourquoi donc... ?
La jeune femme secoua la tête et leva la main pour l’interrompre.

-Non, en fait je m’en moque. J’espère que demain soir tu ne me feras pas perdre une fois de plus mon temps. Il est précieux et je ne suis vraiment pas patiente.

Le regard de la dame était froid et dur. Elle semblait parfaitement intégrée à la foule, aux dessinateurs, mais ses yeux regardaient Caym d’une manière inquiétante. L’idée qu’elle soit une mercenaire du Chaos chatouilla une fois de plus l’esprit du jeune homme, mais il n’en dit rien. Il se contenta de hocher la tête, il viendrait au rendez-vous.

-Bien. Je te laisse te réjouir avec tes camarades, j’ai à faire. L’absence du verrou nous permettra dorénavant de repérer les dessinateurs les plus talentueux et puissants.

Le regard de la jeune femme perfora Caym, il ne comprit pas parfaitement la remarque, que voulait-elle dire ? L’exhortait-elle à se surpasser ? Ou à guetter les meilleurs de sa promotion ? Peu importe, il le saurait bientôt. En attendant il allait pouvoir explorer l’Imagination en toute liberté.
La professeure partie, Caym rejoint les étudiants dans la cour et accepta le verre de vin qu’ils lui proposaient. Ils semblaient avoir oublié leur méfiance à son égard. Tout le monde semblait être ami. Caym regarda rapidement et ne vit pas Elyssa.
Mais pourquoi la cherchait-il encore ? Elle l’avait suffisamment agacé, il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Il avait tenté d’être poli et civilisé et elle, elle l’insultait. Il n’avait manipulé personne, du moins jusqu’à maintenant.

Les autres cours de l’après-midi furent annulés tandis que les professeurs participaient à un conseil extraordinaire.
Tous les étudiants en profitèrent pour aller faire la fête. Tous les couloirs de l’Académie se vidèrent et une masse joyeuse se déversa dans les rues d’Al-Jeit. Les bars les plus proches furent rapidement submergés. L’ambiance était à la folie, l’alcool coulait à flots et les musiques résonnaient dans toutes les rues. Caym se joignit à la foule après avoir goûté un cocktail énergétique, miraculeux. Ça avait fouetté son sang et il se sentait prêt pour… Pour quoi ? Faire la fête ? Se faire des amis ? Se faire voir ?
L’alcool fit rapidement effet et le mercenaire se mit à danser avec la foule. Il aurait été sobre, jamais il n’aurait fait une telle chose, danser. Il n’avait jamais fait ça, c’était vraiment ridicule. Mais pour le moment il s’en moquait. Il faisait partie d’un tout et se laissa aller.

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Elyssa Cil'Darn
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Elyssa Cil'Darn
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29.12.16 11:56
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Elyssa ouvre les yeux. Elle se sent terriblement faible. Pire qu’un lendemain de soirée trop arrosée. Une gueule de bois sans avoir bu, en somme. Tous les inconvénients sans les avantages.

Après avoir cligné plusieurs fois des paupières, dans un vain espoir de se faire à cette violente luminosité, elle entreprit d’observer la pièce. Elle mit de longues secondes à reconnaître l’infirmerie de l’Académie. Elle n’eut pas le temps de rassembler ses derniers souvenirs qu’une voix désagréable lui vrilla les tympans.

- Te voilà réveillée, il n’est pas trop tôt ! Je m’en vais chercher le guérisseur.

Un maigre trait narquois vint étirer ses lèvres. Pas de spectateur, pas de mère modèle. Elle se trouvait définitivement en terrain connu, malgré son incapacité à situer les événements récents.

Les deux silhouettes ne tardèrent pas à reprendre possession de son espace. Tout en l’auscultant sommairement, le guérisseur l’interrogea :

- Mademoiselle Cil’ Darn, vous souvenez-vous de la raison de votre présence ici ?

Elle grommela une réponse négative, amusée par le soupir exaspéré que cette attention portée à ne pas articuler provoquait chez sa mère.

- Vous vous réveillez d’une dépense trop importante d’énergie, due à un dessin trop gourmand. Mais pourquoi elle me regarde comme ça ? Je sais bien que l’accès libéré aux spires est enivrant, mais ne forcez pas trop. Bien, vous êtes en pleine forme. Ils n’avaient apparemment pas la même définition de l’expression. Je vais vous préconiser encore quelques jours de repos chez vous - la bonne blague ! - et vous pourrez faire votre grand retour parmi nous ! Tâchez juste de vous tenir loin des Spires pendant encore un jour ou deux.

L’homme ne s’était apparemment pas rendu compte de son hasardeuse association des mots « repos » et « maison » puisqu’il s’éloignait avec une moue satisfaite. Etonnamment, sa mère semblait pressée de la raccompagner à la maison. Ce pressentiment n’augurait rien de bon pour elle.





La première chose qui frappa Elyssa à la sortie de l’infirmerie fut le bruit. Non pas que les couloirs soient silencieux en situation ordinaire, mais le bruit d’aujourd’hui ne sonnait tout simplement pas de la même manière. L’Académie semblait secouée par un état de liesse générale. Les élèves parlaient encore plus fort que d’habitude, les professeurs déambulaient tout sourire parmi eux, et les dessins éphémères envahissaient l’air.

C’est alors que les paroles du guérisseur lui revinrent en mémoire.
« Je sais bien que l’accès libéré aux spires est enivrant »
Bien trop occupée à analyser la posture de sa mère, elle n’avait prêté qu’une oreille distraite aux paroles de l’homme. Les Spires étaient libres. Malgré son absence de véritable don en dessin, elle ne pouvait, en tant qu’élève de l’Académie, qu’imaginer à quel point la nouvelle était salvatrice pour les Alaviriens. A son échelle à elle, bien plus modeste pour l’heure – mais elle ne désespérait pas de devenir Sentinelle, la maîtrise de son don lui prenait juste plus de temps, voilà tout – elle devinait qu’enchaîner plus de deux pas de côté n’aurait bientôt plus de secret pour elle. Le large sourire qui s’épanouit sur ses lèvres, parfait reflet de l’humeur ambiante, s’évanouit bien vite dès lors qu’il eût croisé les lèvres pincées et le regard incisif de sa génitrice.
Quelques jours de repos, hein…






- Alors ? Je t’écoute. Qu’as-tu à dire pour ta défense cette fois ?

La question avait explosé dans l’ambiance feutrée de l’entrée des Cil’Darn, bien que sa mère n’ait que légèrement haussé le ton. L’acidité de sa voix valait bien les décibels de la rumeur d’une section de Raïs marchant au combat. Incapable de lui répondre, la dessinatrice se contenta de la fixer en plissant les yeux. Non pas qu’elle perdait ses moyens dès qu’on haussait le ton avec elle, loin de là, mais elle ne voyait tout simplement pas ce qu’elle avait à se reprocher.

- Tu crois que c’est en jouant les innocentes que tu vas éviter de me rembourser les dégâts sur mon palier ?!

Mais qu’est-ce qu’il lui prenait à cette hystérique ? Trop fatiguée pour laisser éclater une nouvelle colère, la soi-disant fautive choisit sa seconde option favorite. Le sarcasme.  

- Ecoute, « maman » - mot qu’elle prononçait toujours avec une voix bosselée, comme s’il lui écorchait les lèvres ; mot qui avait le don d’accroître la colère de l’intéressée – je n’ai aucun indice sur la raison de ta crise de nerf. Le guérisseur m’a prescrit du repos, c’est envisageable tu crois ?  

La jeune fille faillit flancher sous l’assaut de la colère noire qui anima les traits de sa mère en guise de réponse. Faillit. Car flancher n’était pas compatible avec son entêtement ni son caractère.

- Un indice ? Tu as besoin d’un indice alors que tu es l’unique responsable de la démolition de ma maison ?

Elle tira sans ménagement sa fille par le bras en direction des escaliers. Elle avait omis de préciser que la jeune fille n’était pas la seule responsable du carnage, mais dans son esprit elle était bel et bien l’unique coupable, comme toujours.

Dès que les plus hautes marches lui offrirent la vue du palier, Elyssa s’immobilisa. Il manquait de nombreuses pièces de décoration, un cadre gisait au pied du mur, des traces d’humidité résidaient à plusieurs endroits… un carnage. Qui détonnait particulièrement avec l’obsession d’ordre et de propreté de la matriarche.

La brunette haussa un sourcil éloquent.

- Tu as invité des Raïs en mon absence ?  

Peut-être avait-elle légèrement dépassé les limites avec cette dernière boutade. La rambarde qu’heurta sèchement son dos lorsque sa mère, excédée au point de vouloir en venir aux mains, la bouscula au passage, le confirma.  






Je frémis sous l’assaut des bourrasques. Ces rafales de vent, lourdes de menaces, qui viennent de se lever et me taquinent sans parvenir à me faire ployer. Je reste de marbre, tandis que tout autour de moi est charrié, bousculé, ébranlé. Je suis inflexible, le menton relevé dans un air de défi. Tout semble fragile autour de moi, alors que je suis inébranlable. Ca se lit dans mes yeux, d’ailleurs. Ils ont sans doute la même teinte que toute cette grisaille qui fait grincer les meubles, envoie voler mes cheveux et hurle autour de moi. J’ai l’impression que la pièce est trop confinée, mais je n’en ai que faire. J’ai l’impression que j’ai mes raisons d’être en colère, mais je les ai déjà oubliées. J’ai la sensation de personnes autour de moi, mais je n’arrive pas à déceler qui m’entoure.




Ses cils papillonnèrent un moment avant qu’elle n’ouvrît les yeux à la rencontre de l’obscurité de sa chambre. Ce rêve la marquait étrangement, bien qu’il ne lui en restât que des bribes de sensations embrumées. Elle avait l’impression d’avoir réellement vécu la scène.

Elle repoussa ses couvertures et se leva, légèrement chancelante. Sa décision fut vite prise : vite, l’Académie. Mais avant, rien de tel qu’un bon bain chaud pour se redonner des forces.






- Nous n’en resterons pas là, Elyssa. Et je te préviens, tes notes ont intérêt à rattraper tes frasques !

Elyssa pinça les lèvres pour ne pas relever la menace d’un « Sinon quoi ? » désabusé, et se prépara mentalement à effectuer le pas sur le côté qui la sauverait de cette maison de fous. Elle n’avait qu’aperçu son père, comme d’habitude, mais ne s’en formalisa pas. C’est alors que la phrase du guérisseur lui revint en mémoire : « Tâchez juste de vous tenir loin des Spires pendant encore un jour ou deux. ». Après tout, une promenade dans les rues de la ville ne lui ferait que du bien.

Avant qu’elle n’eût refermé la porte derrière elle, la voix de sa mère résonna une dernière fois dans l’entrée.

- J’espère au moins que tu réserves le peu de décence que tu as pour t’excuser auprès de ce charmant jeune homme que tu as failli tuer ce jour-là.


Elyssa s’immobilisa. De quoi parlait-elle encore? Spontanément, les traits de Caym, déformés par la colère et rendus flous par la violence de l’orage qui les enveloppait, s’imposa à son esprit. Elle avait la désagréable sensation que les pièces d’un puzzle dont elle ignorait l’existence se recollaient malgré elle.

- Et, avant que je n'oublie, la prochaine fois que tu ramènes un garçon dans ta chambre sans me demander la permission, je te mets à la porte. Ma maison n'est pas un lupanar.

Incrédule, la jeune Dessinatrice cherche une faille quelconque sur l'expression de sa mère, comme si elle cherchait l'ombre d'une mauvaise blague. Mais sa mère était on ne pouvait plus sérieuse. Qu'est-ce qu'elle racontait encore? Lors de leur pas sur le côté, Caym et elle avaient atterri sur le palier. Après tout, elle avait probablement juste extrapolé. Elle claqua la porte plus qu’elle ne la referma et prit le chemin de l’Académie.






Le trajet jusqu’à l’Académie lui permit de réfléchir et d’être sûre de deux choses : elle devait être en partie responsable du carnage du palier, de près ou de loin, et ce carnage était, de près ou de loin, lié à Caym. La voilà bien avancée, mais c’était déjà mieux que rien au vu de son état et de son ignorance complète des événements récents.

Une fois parvenue à l’intérieur de l’établissement, elle put constater que si la bonne humeur était toujours de rigueur, les couloirs s’étaient un peu aérés avec la reprise des cours. Elle passa par la case Intendance pour signaler son arrivée – ou son absence, elle n’était plus tout à fait sûre de sa démarche – et eut la surprise d’apprendre sa convocation chez Maître Elis, le responsable de sa promo.

Elle avait la désagréable sensation que les ennuis ne faisaient que commencer.
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Caym Cali
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29.12.16 23:33
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Un réveil cauchemardesque

Caym se réveilla. Il ouvrit brusquement les yeux. Son cœur se mit à battre fortement tandis que son esprit tardait à fonctionner. Les palpitations désordonnées de son cœur reflétaient son angoisse.
Où était-il ?
Il se concentrait sur la pièce qui l’entourait, tentant d’ignorer son violent mal de tête.
Il n’était jamais venu dans une telle chambre. Les murs étaient peints dans des couleurs douces, le plafond était parfaitement lisse et un lustre y était suspendu.

Le mercenaire décida enfin à bouger. Il était allongé dans un lit. Douillet. Les draps étaient extrêmement doux et blancs. Avec de légers motifs beiges.
Où était-il ?
Il sentait ces draps soyeux sur tout son corps, ce qui n’était une sensation désagréable mais son instinct lui hurlait de tourner la tête sur la gauche. Lorsque ce fut fait, son cœur s’arrêta.

Une femme était allongée.

Ce fut le vide total dans sa tête. Un abyme. Il en oublia de respirer, même son cœur sembla oublier de battre. Pendant une infime seconde, qui lui sembla durer une éternité, il restait les yeux exorbités, la bouche ouverte, immobile.
Puis il réagit.
Une série de jurons plus violents les uns que les autres traversèrent son esprit tandis que sa bouche restait fermée. L’homme sauta du lit, bien décidé à fui…. Merde.
Cette fois-ci, il n’avait pas fait que le penser. Il ne s’agissait pas d’un terrible gros mot, mais c’était celui qui était sorti. Celui qui venait couronner cette situation des plus… déstabilisantes. Horribles. Terrifiantes. Hallucinantes.
Il était nu.
Meeeeeeeeeerde.

Mais qu’avait-il fait ? Il regarda l’inconnue, qui semblait encore profondément endormie et paniqua encore plus. Il n’avait aucun souvenir d’elle. Ni de la nuit passée. Il était dans un bar. Il avait bu. Il avait dansé…. Il avait dansé avec des gens ? Mais pourquoi était-il nu ? Comment ? C’était surtout le "comment" qui le surprenait. Ce n’était pas le genre d’homme à s’intéresser aux femmes et encore moins à leur plaire. Et il avait couché avec l’une d’elles ? Improbable.
Et pourtant, lorsqu’il remarqua le désordre au sol, les vêtements éparpillés et entremêlé, il senti que ce n’était plus si improbable que ça.
Que s’était-il passé ?
Il s’habilla dans la hâte, jurant mentalement à la recherche de ses vêtements. Il finit par être presque entièrement vêtu, enfin "presque". Il ne lui manquait que son t-shirt. N’avait-il pas une veste également ? Peut-être qu’il avait laissé ça hors de la chambre. Il entrouvrit la porte et jeta un œil dans le couloir. Personne. Il sorti aussi discret d’un songe et referma la porte. Aucun vêtement ne trainait sur le sol, soudain il vit une veste, dans les escaliers. Rose. Ce n’était carrément pas la sienne. Mais peut-être trouverait-il le reste de ses vêtements en bas. Il descendit les escaliers, scrutant la pièce en bas. Il était seul. Il soupira silencieusement et chercha son t-shirt.
Là !
Il sourit, il l’avait trouvé. Il était sur le sofa. A quelques mètres. Et comble de la discrétion, il y avait un tapi sur le sol. Il se senti soulagé, bien que son sang tambourine encore violemment à ses oreilles. Ce fut certainement ce qui l’empêcha d’entendre l’autre souffle qui se trouvait dans la pièce.

-C’est donc vous qui avez…


Caym allait pour atteindre son t-shirt lorsque la voix retenti. Il sursauta, il fit un bond de bien dix centimètres et faillit perdre l’équilibre. Il se retourna immédiatement, le visage blanc comme un linge pour réaliser qu’un homme avec une imposante carrure était dans la pièce. Père, époux, frère… il n’en savait rien mais l’air sur son visage était clair : je vais t’écorcher vif. Caym, paniqué ouvrit la porte la plus proche et la referma derrière lui, avant de s’appuyer contre, les yeux fermés. Bordel ! Mais que se passait-il ?!
Son cœur bondissait dans sa poitrine, il n’entendait que ce rythme assourdissant. Il sentait que tout tournait autour de lui, comme s’il changeait de dimension, il se sentait lourd, léger, il avait envie de vomir. Son esprit était incapable de raisonner correctement. Il avait mal au crâne et surtout l’impression d’avoir la tête dans un aquarium. Très certainement les effets de l’alcool de la veille, mais il allait devoir passer outre pour se sortir de cette terrible situation.
Respirant calmement, il attendit que le monstre tambourine à la porte.

Ce qui n’arriva pas.
Il se décida alors à ouvrir les yeux. Il ne put retenir un juron lorsqu’il réalisa qu’il était ailleurs. Une pièce désolée. Il avait l’impression de la connaitre, mais n’arrivait pas à situer où. L’état était plutôt déplorable, l’endroit était assez sombre les rideaux étaient tirés, des bouts de papiers peints s'arrachaient, laissant apparaitre un bois plein d'échardes. Caym secoua la tête, espérant que l’endroit où il était lui permettrait de rentrer plus tranquillement à l’académie.
Il écouta à la porte, pas un bruit. Il sorti, inspectant les environs, une sensation de déjà vu le mettait mal à l’aise. Ce ne fut que lorsqu’il arriva sur la marche la plus basse de l’escalier qu’il réalisa.

C’était la maison d’Elyssa.

Il se mordit les lèvres car à cet instant venait d’entrer la mère de la dessinatrice. Il ne sut que dire et tiqua lorsqu’il vit le regard de la dame s’attarder en dessous de son visage. Il baissa la tête et jura une fois de plus, mentalement. Heureusement qu’il ne payait pas à la grossièreté qu’il pensait, sinon il serait plus fauché que les blés.
Il était torse nu.

-hum, bonjour mon cher enfant. Je suis… hum… Contente de voir que tu t’es, euh, rabiboché avec ma fille, j’avoue être surprise, euh… par, hum…

Caym senti le rouge lui monter aux joues et ne savait pas quoi dire. Il avait envie de partir en courant, mais il n’allait pas sortir comme ça dans la rue. Et rester ici... était la pire des idées. Mais il n’avait pas le choix.
Il prit la parole, l’empêchant d’aller jusqu’à la fin de sa phrase, qui n’avait rien de glorieux. Il s’excusa d’apparaitre ainsi devant elle, mais il était en retard et ne trouvait pas son haut, aurait-elle quelque chose à lui donner rapidement pour qu’il disparaisse ? Il était hors de question de le dessinateur tenter un nouveau pas sur le côté, il était déjà ébahit d’en avoir fait un et était bien incapable de recommencer. Il allait devoir aller à l’académie en courant, il connaissait le chemin dorénavant.
La vieille femme lui apporta une chemise ample, certainement de son époux et lui proposa de petit-déjeuner. Caym refusa et s’excusa avant de partir hâtivement de la maison. Les choses n’allaient pas en s’améliorant, il avait hâte d’arriver à l’académie. Il serait en terrain connu.


Après une aussi longue marche rapide, Caym se sentait mieux. Il fendait la foule avec une étonnante délicatesse. Presque de la grâce. Mais il n’en était pas conscient. Il essayait de se souvenir de la soirée de la veille, à partir de quel moment tout avait dégénéré ?

Il courut jusqu’aux douches et se lava en vitesse. L’eau lui fit le plus grand bien et il se lava les dents, bien décidé à quitter toute trace de sa beuverie de la veille. En sortant de la salle de bain commune, il croisa un autre étudiant de sa promo qui lui sourit. Étrange. Caym haussa un sourcil, hésitant sur le comportement à adopter.

-Hey Cali ! Ne t’en fais pas vieux, on est nombreux à avoir loupé le cours de ce matin, faut dire que notre soirée était bien arrosée ! Hahaha

Il fit un clin d’œil à Caym et l’entraina à sa suite, lui expliquant que l’unique cours de la matinée avait en fait été une distribution des copies, de l’examen de Merwyn. Caym se décida à lui avouer qu’il ne se souvenait pas parfaitement de la soirée de la veille et son camarade, le regarda avant d’exploser de rire. C’était vexant. Mais il se chargea de tout lui raconter en détail, du moins, les détails de la soirée générale, dans le bar où avait été Caym et ce gars, avec d’autres de la promo. Ils avaient beaucoup bu, dansé et fait la fête avec une certaine passion. Caym avait ensuite disparu, ainsi que d’autres dessinateurs, qui avaient certainement profité de cette soirée pour faire des rencontres.
Caym n’avait pas décroché un mot mais son camarade continuait à parler, semblant revivre les évènements. Ils finirent par arriver devant la porte du professeur qui les fit entrer afin de leur rendre leurs copies.

-Bien, vous seriez venu ce matin, je vous aurais expliqué les réponses que j’attendais, mais comme votre absence me dissuadera de vous donner la moindre aide. Monsieur Cali votre réponse est... Lascive. J’en attendais un peu plus. Je vous propose donc de rester ici une heure supplémentaire à rédiger un essai sur la vie de Merwyn ou bien d’aller déjeuner avec vos camarades et de recevoir un joli zéro dans votre moyenne.

Caym, grimaça et accepta la proposition du professeur, bien décidé à valider cette matière. L’autre étudiant prit sa copie et fila sans demander son reste après avoir observé Caym d’un drôle d’œil. Personne n’avait jamais eu zéro à cette matière…

Caym passa donc une heure à écrire tout ce dont son esprit voulait bien se souvenir à propos de Merwyn. Sa vie, ses amours, son pouvoir, ses œuvres… Et une partie de son admiration, car Merwyn était clairement le meilleur et il rêvait au plus profond de lui d’être son égal.

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