Mon personnage Sexe et âge: Homme de 32 ans Aptitudes: Maîtrise du don du dessin et très doué avec les armes. Séducteur
Caym Cali
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08.11.16 12:25
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Elyssa Cil'Darn
Dessinateur
08.11.16 12:31
Au vu du visage du jeune homme, Elyssa se rendit compte qu’il ne partageait ni son humour, ni sa légèreté. Du moins pas sur le moment. Il acquiesça pourtant discrètement.
- Ne t’attends pas à ce que te fasse des excuses. Jamais. J’assume toujours la conséquence de mes actes et m’agenouiller pour demander pardon n’est pas dans mes manières.
Un vif intérêt poignit dans les yeux de la brunette. Cette fierté viscérale n’était-elle pas un premier point commun ? Un premier pas possible vers un terrain d’entente ? Mais très vite, comme il savait si bien faire ses deux pas en arrière après un pas en avant, Caym brisa l’embryon de confiance qui aurait pu, grâce à cette similitude, s’installer en elle.
- Cependant je pense qu’entre nous deux, tu serais plutôt celle qui devrait s’agenouiller.
Les yeux gris de la dessinatrice se voilèrent d’une teinte orageuse, tandis que ses doigts se crispèrent autour du pied de son verre de vin. Elle résistait difficilement à l’idée de lui asséner une gifle magistrale et de l’abandonner là, comme un idiot face à deux verres vides et une addition à payer.
Il sembla que l’intéressé avait remarqué son léger changement d’humeur, puisqu’il enchaîna, sur un ton des plus neutres :
- Tu as donc pris ta décision, j’en suis… reconnaissant. Par où faut-il commencer ?
Elyssa prépara mentalement une réponse cinglante, exaspérée par la bipolarité de l’attitude de son interlocuteur, mais ses mots teintés d’acide n’eurent pas le loisir de trouver leur expression, puisqu’un bruit, une odeur et une présence inconvenants requirent son attention : un homme, visiblement (et olfactivement, d’après son haleine) ivre vint s’appuyer au bord de leur table, l’amenant à basculer très légèrement. L’intervention aurait pu être supportable, si le bougre n’avait pas tenu à positionner sa tronche à de trop courts centimètres d’elle. Et s’il n’avait pas ouvert sa g… bouche pour laisser éclore une invitation des plus… romantiques.
- Tu devrais plutôt passer ta nuit avec moi beauté, la larve qui te tient compagnie n’a pas le tiers de mes talents…
Avant que son cerveau ne se mît à réfléchir à toute allure, la demoiselle en question ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel devant tant de mépris pour la galanterie. Rapidement, elle chercha à réunir toutes les informations qui lui garantiraient son échappée. Avisant le comptoir, elle remarqua que le tenancier n’était pas dans la pièce. Lui qui avait pour habitude de garder un œil sur elle était occupé ailleurs. Son voisin ensuite. Et sa fichue impassibilité. Dans son empressement, elle ne remarqua pas qu’il était tendu, prêt à intervenir si besoin était. Elle pensa plutôt qu’il voulait lui donner une bonne leçon en la laissant se farcir l’imbécile. D’ordinaire, il lui suffisait de dessiner un pas sur le côté pour s’extirper de ce genre d’indélicatesse. Mais quelque chose, ou plutôt quelqu’un, l’en empêchait. Car elle aussi avait son indomptable fierté.
Il ne lui restait donc qu’à trouver le Dessin parfait pour se tirer d’affaire… et de le faire basculer dans la réalité. Sans que sa posture ou son expression n’ait changé, elle se hissa dans l’Imagination. Mais comme à chaque fois qu’elle cherchait à dessiner plus qu’une simple flamme ou tout autre banale création, en se frayant un chemin vers des Spires de plus en plus élevées, elle ne rencontra que des impasses. Les possibles restaient obstinément fermés, lui barrant le chemin.
C’est alors que le malotru, lassé de cette absence de réaction, aussi bien de la part de sa proie que de sa larve, décida qu’il en avait assez de demander galamment, et accrocha le poignet d’Elyssa, alors que les doigts de la Dessinatrice étaient toujours enroulés autour du pied de son verre.
L’air crépita soudainement. Dans un sursaut, l’homme s’effondra, libérant ainsi le poignet auquel il se raccrochait. La brunette perdit par la même occasion le masque d’impassibilité qu’elle tentait de se composer depuis le début de leur apéritif. La pâleur avait envahi son visage, et le scintillement amusé et moqueur qui dansait habituellement dans ses yeux fut remplacé par une lueur bien plus forte. Peur. Sans avoir pu contrôler son Dessin, comme toujours, la jeune fille prenait à peine conscience de ce qui venait de se passer. Une énergie sombre, qu’elle n’avait jamais employée et dont elle ne connaissait même pas la possibilité, s’était créée dans son verre (elle refusait d’admettre qu’elle-même en était l’origine). A la manière d’un courant électrique, ce flux l’avait traversée sans la toucher, pour terminer sa course dans le corps de l’homme qui la tenait. Après quelques secondes affolées, elle posa les yeux sur Caym, refusant de lui poser la question qui lui tordait l’estomac : l’avait-elle tué ? Mais trop obnubilée par ce qui venait de se passer, elle aurait été incapable de lire sur le visage du dessinateur une quelconque réponse.
D’autres clients s’étaient retournés au bruit qu’avait fait l’importun en s’écroulant, puisqu’il avait entraîné deux chaises dans sa chute. Un murmure mi-curieux, mi-angoissé se répandit autour de leur table. Pour ceux qui n’avaient pu qu’observer la scène, contrairement à Elyssa et Caym, l’homme s’était simplement effondré d’un malaise dû à son alcoolémie. Mais Elyssa savait très bien que ce n’était pas le cas…
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Caym Cali
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08.11.16 12:46
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Elyssa Cil'Darn
Dessinateur
08.11.16 13:23
Les yeux rivés sur la forme sans vie qui s’étalait au pied de leur table, Elyssa ne vit même pas Caym se lever. Qu’avait-elle fait ? Le corps fut débarrassé, elle ne détourna pourtant pas les yeux du sol, les doigts toujours accrochés à son verre, à s’en faire blanchir les phalanges. Qu’avait-elle fait ?
Toute à sa léthargie, elle frissonna plus qu’elle ne sursauta quand elle sentit une pression sur ses épaules.
- Ne restons pas ici ma chère, allons trouver un endroit plus convenable où les ivrognes nous laisserons profiter de la soirée en paix.
Tel un automate, elle se leva, lissa ses vêtements et emboîta le pas du jeune homme. Dès qu’ils eurent franchi la porte de l’auberge, elle tenta d’inspirer profondément pour chasser son malaise. Mais son expiration mourut en un hoquet silencieux lorsqu’elle remarqua le corps, négligemment posé à quelques mètres de l’entrée. Comme s’il dormait.
- Oui, il est bien mort.
Ses yeux cessèrent de fuir le moindre point d’ancrage pour se fixer sur l’énonciateur de cette terrible vérité. Mort. Vraiment mort. Elle était devenue une meurtrière. Cette révélation tournait en boucle dans son esprit, l’empêchant de prononcer le moindre mot, ou de prendre l’initiative du moindre geste. Caym ne se démonta pas devant son regard vide et l’entraîna plus loin. Elle avait perdu toute notion du temps ou de l’espace. Elle était une meurtrière. Sans qu’elle ne s’en rende compte, ils traversèrent ainsi plusieurs rues encombrées. Elyssa sursautait dès qu’un badaud la frôlait, comme si elle avait peur d’assassiner quelqu’un d’autre d’un simple contact. Son calvaire prit bientôt fin puisqu’ils débouchèrent sur une impasse déserte. C’était donc leur point d’arrivée ? Elle n’y comprenait plus rien. Elle était une meurtrière.
- Elyssa.
Son prénom flotta jusqu’à ses oreilles comme un lointain écho. Difficile d’associer ces sonorités à une tueuse de sang froid. Qu’allait-elle bien pouvoir faire maintenant ? Se présenter à la garde de la capitale, sortir son plus beau sourire et un « Bonsoir, j’ai tué quelqu’un tout à l’heure ! ». Se taire, enfouir tant bien que mal cette chose au fin fond de sa mémoire ? Plus facile à dire qu’à faire. Serait-elle seulement capable de vivre avec cette faute impunie ?
La foule de question qui la pressait intérieurement s’évanouit lorsque la paume du dessinateur se ficha dans sa joue. Il l’avait giflée ? Son visage avait enfin retrouvé vie dans l’expression outragée qui prit possession de ses traits. Un premier pas, bien qu’incertain, vers la reprise de ses esprits. Une main posée sur sa joue, elle voulut l’invectiver, mais des pas se firent entendre au bout de l’allée.
- Bonjour messieurs, dames. Tout va bien ?
Une patrouille. Le sang d’Elyssa ne fit qu’un tour : et s’ils étaient venus pour elle ? Non, pire qu’une patrouille. Des légionnaires. Elle était finie. Ses parents allaient devoir payer une somme astronomique pour lui éviter la prison. Ils le feraient, à n’en pas douter, trop inquiets que ses frasques ne leur portent mauvaise réputation. A moins que les Légionnaires ne fussent pas là pour l’arrêter. Sinon pourquoi ne s’étaient-ils pas directement adressés à elle ? Elle devait donner le change, au cas où ils pensaient faire face à une scène de violence conjugale.
Espérant ne pas faire fausse route, elle se reconstitua un masque. Comme la fierté exacerbée qu’elle arborait lorsqu’elle se pavanait dans les couloirs de l’Académie, ou la froide indifférence qu’elle exhibait au nez de ses parents. Cette fois-ci, ce fut à la colère qu’elle emprunta ses traits, ce qui, dans la situation présente, n’était pas bien compliqué. Avant que les deux hommes ne fussent arrivés à eux, elle renvoya à Caym son affront. Le son de la gifle s’entendit cette fois clairement dans le silence de l’impasse ; ils pouvaient être sûrs que tous l’avaient entendu.
- Ordure ! Parce que tu crois que je n’ai que ça à faire de mes journées que de laver ton linge ? Tu n’as qu’à retourner chez ta mèèèèère pour ça ! Elle emploie tellement de temps à me pourrir la vie que ça me permettra de respirer !
Elle empoigna ensuite le Dessinateur, sous l’œil médusé des deux spectateurs, pour le plaquer contre le mur. Elle murmura très vite :
- On se retrouve sur le toit de l’Académie. Côté dortoirs.
C’était le seul endroit discret auquel elle avait pu penser, puisque le parc et les couloirs pouvaient être surveillés. Elle ajouta immédiatement, à intelligible voix :
- Pas la peine de te presser pour rentrer, tes affaires seront déjà prêtes devant la porte !
Elle lâcha le jeune homme et fit demi-tour sur ses talons, avec la mine suffisante de la femme qui ne s’est pas laissée marcher sur les pieds. Elle offrit toutefois une mine penaude aux deux légionnaires en passant devant eux.
- Je vous prie de nous excuser messieurs, il fallait que ça sorte.
Dans un haussement désinvolte d’épaules et un sourire charmant, elle quitta la ruelle de son petit pas pressé. Une fois qu’elle eut tourné à l’angle de la rue, elle s’engagea dans une autre ruelle déserte afin de pouvoir dessiner son pas sur le côté en toute tranquillité.
♦
Rabattant une mèche de cheveux que le vent froid de ce ciel dégagé avait dérangée, Elyssa s’emmitoufla un peu plus dans son manteau. Assise contre un muret qui encadrait une coupole de verre, les jambes ramenées contre elle, elle était à nouveau prisonnière de cette pensée. Elle avait tué quelqu’un. Même si elle avait retrouvé une certaine contenance depuis l’incident, elle demeurait obnubilée par ce qui s’était passé à l’auberge. Elle ne trouvait aucune explication à ce dessin particulier, si tant est que ce fut un dessin. Et cette absence de réponse l’effrayait.
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Caym Cali
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08.11.16 13:50
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Elyssa Cil'Darn
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08.11.16 14:34
N’ayant pas usé du pas sur le côté, Caym fut très long à la rejoindre. Mais elle ne lui en tint pas rigueur, pour la simple et bonne raison qu’elle avait perdu toute notion du temps. Elle en avait presque perdu toute sensation, tant elle frissonnait sous cette bise vicieuse sans en prendre conscience. Les mêmes questions tournaient comme un carrousel dans son esprit, à la différence qu’aucun rire juvénile ne venait réchauffait ce manège. Le seul point positif, bien qu’elle ne fût pas en mesure de s’en rendre compte, fut que cette obsession remplaçait la précédente : qui était ce Cali, et que désirait-il ? Son camarade finit justement par apparaître dans son champ de vision. Ce fut tout juste si elle le sentit prendre place à ses côtés.
Le regard perdu sur les toits qui s’offraient à sa vue du haut de ce perchoir, illuminés par les éclairages somptueux de la capitale, surtout aux abords de l’Académie, qui ne pouvait s’affranchir de la vanité des plus grands dessinateurs, Elyssa mit quelques longues minutes avant de ressentir le poids de ce silence écrasant. Aussi sa voix, peut-être pour la première fois, fut subtilement éraillée lorsqu’elle sortit de son mutisme.
- Je l’ai tué n’est-ce pas ?
Ses lèvres se tordirent d’un rictus qui avait tout à envier à un sourire, mais elle n’avait pas détaché son regard du point de fuite sur lequel s’étaient braquées ses pupilles, droit devant elle. Ses jambes, qu’elle avait tenues serrées contre elle tout ce temps, lui envoyèrent enfin des sensations de crispation désagréables. Elle redressa alors le menton et, croisant ses bras sur sa poitrine, étendit en soupirant une jambe, puis l’autre.
- On fait quoi maintenant ?
N’ayant toujours pas tourné la tête vers lui, Caym aurait pu penser qu’elle s’adressait en réalité aux formes bigarrées des toits qui les entouraient, mais la suite de sa question ne s’adressait à aucun autre interlocuteur.
- Tu vas me dénoncer, c’est ça ? Ou plutôt me forcer à te donner ce qui t’intéresse chez moi et sur lequel je ne suis pas foutue de mettre le doigt, en me menaçant de chantage ? Si tel est le cas, je préfère te prévenir tout de suite, ça ne fonctionnera pas. Je ne suis déjà pas sûre de pouvoir assumer ça toute seule, alors hors de question que l’on se serve de cet argument contre moi.
Sa voix s’était départie de son sourire, même sonore. La lassitude de la jeune fille triomphait sur toutes les émotions qu’elle avait pu traverser ce soir. Elle était bien loin de la dessinatrice hautaine qui aimait s’afficher à l’Académie. Elle ne s’en cachait pas plus qu’avant : elle ne faisait pas confiance à Caym. La façon dont il s’était frayé un passage dans sa vie, piétinant les conventions et les règles du jeu qui avaient bercé sa vie, n’avaient pas contribué à la mettre à l’aise dans leurs discussions. Et si elle aimait jouer, le jeu avait ce soir dépassé les limites de ce qu’elle était émotionnellement capable de supporter.
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Caym Cali
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08.11.16 14:54
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Elyssa Cil'Darn
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09.11.16 9:34
Elle avait beau s’être adressée à son silencieux voisin, elle restait obstinément tournée vers les toits qui s’offraient jusqu’à perte de vue à leurs yeux. Jusqu’à ce que les paroles de Caym ne l’atteignent.
- Une personne un jour m’a dit que le chantage est très mauvais pour l’amitié.
Elle aurait voulu sourire, témoigner de se contentement de constater que ses propres mots ne s’étaient pas égarés à la sortie de ses lèvres… Elle tourna simplement les yeux vers lui. Ses yeux gris, éternel maelström d’émotions contradictoires, se révélait pour ce soir dominé par le voile de la lassitude. En réponse à ce regard à la fois vide et plein, Caym se leva, et chose rare, lui sourit en retour. Pas de l’un de ces sourires obliques qu’ils avaient pris l’habitude de s’adresser, mais d’un sourire discret. Peut-être même sincère.
- Je comprends que tu ne me fasses pas confiance, nous ne sommes pas de grands amis, mais peut-être qu’un jour cela changera. Je l’espère.
Ses mots se frayèrent un chemin jusqu’à la conscience de la jeune fille, s’ancrant dans sa mémoire sans se donner la peine de se soumettre à son jugement. Elle tenterait d’y réfléchir plus tard. Pour le moment, c’était comme si un bourdonnement sourd empêchait tout pensée un peu complexe de se former de façon cohérente. Une sensation magnétique l’appelait toutefois à élever encore un peu sa ligne de mire. Quittant le fin sourire qui s’était déjà évanoui, la brunette remonta jusqu’aux deux iris bleus qui s’étaient attachés à elle. Toujours posée sur le sol froid alors qu’il s’était levé, elle n’était pas en mesure de détailler son regard. Eût-elle été à sa hauteur, elle aurait sans doute été tout aussi incapable d’interpréter le moindre signe émotionnel. Comme s’il s’en était rendu compte, Caym tourna les talons et commença à tourner les talons. Tout en elle lui hurlait de le retenir, de ne pas affronter cette insomnie seule ; pourtant elle n’amorça pas le moindre mot ou geste.
Un maigre espoir s’anima en elle lorsqu’elle le vit s’arrêter. Peut-être n’avait-il pas eu besoin de l’entendre pour comprendre qu’elle ne voulait pas rester seule maintenant ? Qu’elle ne voulait pas non plus parler ?
- Personne ne te fera de chantage car quand bien même ils entendraient parler de cette histoire tu serais graciée, il ne s’agissait que d’un accident, un ivrogne cherchant à profiter d’une jeune noble sans défense. Tu n’as rien à craindre de ce côté-là.
L’idée de légitime défense commença lentement à se frayer un chemin jusqu’à sa conscience. Pendant une seconde, elle se sentit plus légère. Avant que le mot « meurtrière » n’écrase de nouveau toutes ses certitudes. Elle s’attachait tellement à se dédouaner de cet accident qu’elle ne perçut pas la nuance de mépris qui ornait la périphrase « jeune noble sans défense ». Caym aurait tout autant pu lui révéler une passion secrète pour l’art pictural raï qu’elle n’aurait pas plus réagi.
Le vif mouvement de pivot du jeune homme attira une dernière fois son regard, mais s’il semblait vouloir ajouter quelque chose, il se contenta à son tour d’opter pour le silence et, après l’avoir saluée d’un mouvement de tête, s’éloigna jusqu’à sortir de son champ de vision.
Ce fut alors le Vide. Un calme impitoyable, pesant, à peine émoussé par le vent qui charriait ses cheveux, son visage et son ouïe. Une extravagante envie de hurler la prit soudain à la gorge. Avant d’y céder, elle se redressa vivement, peinant à retrouver la verticalité qu’elle s’imposait ordinairement devant témoins. Il fallait dire que l’architecture qui tanguait autour d’elle et le sol qui ondulait sous ses pieds ne l’aidaient pas. Une fois qu’elle fut à peu près stable, elle dessina son pas sur le côté. Sa chambre était proche et, au vu de ses facilités dans cet exercice, elle n’eut aucun mal à arriver à destination. Sans prendre la peine d’allumer une veilleuse, elle se démaquilla machinalement, laissa choir ses vêtements au pied du lit pour passer une nuisette, et se recroquevilla sous ses couvertures, glacée malgré la chaleur étouffante de sa couette.
♦
Elyssa ne parut pas en cours le lendemain. Le surlendemain non plus, malgré l’insistance de Kryss. Elle se fit porter pâle auprès des intendants de l’Académie, ce qui n’était pas compliqué au vu de sa mine d’une pâleur inquiétante et de ses cernes plus prononcées qu’à l’accoutumée. Elle passa la première journée sans quitter son lit. La deuxième, peut-être pour la première fois de sa vie, elle ressentit le besoin de rentrer chez elle, cet endroit qu’elle considérait pourtant comme le moins confortable de la ville. Sa mère l’avait accueillie avec suspicion, mais sa mine avait de nouveau joué en sa faveur. Elle ne put toutefois négocier un jour de répit supplémentaire. Enfin, « répit » était un bien grand mot ; supporter ses parents ne la reposait pas, mais dans le microcosme familial, elle pouvait se permettre de moins penser à cette terrible soirée.
Le troisième jour donc, elle fut de nouveau dans l’enceinte de l’Académie. Dans l’enceinte, mais pas dans les salles de cours. Après trois jours de silence radio, Flinn parvint enfin à croiser sa petite amie, au coin d’un couloir qui menait au réfectoire. - Bah alors, où t’étais passée ?
Si son ton était partagé entre l’incompréhension et la vexation, les bras qui l’entourèrent adoucissaient son attitude. Elle ne put s’empêcher de frissonner sous la douceur du contact, mais son regard fuit de nouveau, et elle se dégagea délicatement de l’étreinte. Un pli barra le front de son petit copain.
- Désolée, commença-t-elle d’une voix inégale, je…
Son regard fut attiré par une ombre. Elle était persuadée d’avoir vu Caym passer, mais le couloir était de nouveau vide de sa présence. Elle secoua légèrement la tête, le regard toujours égaré, et tenta une diversion.
- Viens, on va manger.
Le brouhaha du réfectoire, qu’elle affectionnait particulièrement d’ordinaire, lui parut agressif tant il tranchait avec ces deux pleines journées de solitude. Elle n’allait pas mieux, mais donnait le change : elle paraissait de nouveau au déjeuner, qui plus est en compagnie de Flinn. Mais si son public était toujours aussi captivé par ses moindres faits et gestes, aucun de ces spectateurs n’aurait su déceler l’étincelle qui s’était éteinte dans son regard. Pour l’instant, seul son petit ami, attablé en face d’elle, se doutait que quelque chose n’allait pas. Sans savoir quoi. Il en eut la certitude, si c’eût été nécessaire, lorsqu’il la vit éparpiller ses aliments du bout de la fourchette, sans avoir mangé ne serait-ce qu’un tiers de la portion.
♦
Le quatrième jour, elle s’accorda une dernière trêve scolaire, presque sans en avoir conscience. Elle passa ainsi la matinée à flâner dans la bibliothèque. C’est en passant l’index sur la tranche des livres savamment rangés qu’elle se reprocha de ne pas accorder plus de temps à la lecture. Les professeurs les exhortaient à consulter les ouvrages, d’autant plus que la bibliothèque de l’Académie regorgeait d’œuvres précieuses, et que la pratique demeurait limitée par cette fichue méduse qui s’était appropriée les Spires. Sans qu’elle puisse l’expliquer, le contact des couvertures de cuir l’apaisait. Elle se décida à allier l’utile à l’agréable en sélectionnant des ouvrages traitant de la maîtrise du Don. Et se promit de venir plus souvent en cet endroit.
♦
L’après-midi enfin, elle reprit le rythme des cours. Un cours particulièrement pénible, qu’elle ne partageait pas avec Caym et qui traitait des questions de droit relatives à l’art du Dessin, la poussa presque à baisser les bras. Elle se força toutefois à chasser toute pensée de sa tête pour n’y laisser que les mots du professeur. Occuper son esprit pour ne pas penser était la seule solution envisageable. Elle comptait en réalité les minutes qui la séparaient du cours suivant. Celui qu’elle avait toujours préféré…
♦
Dès que le cours se fut achevé, Elyssa se mêla au flot d’élèves qui circulaient dans les couloirs pendant cette courte récréation. De nouveau, la silhouette de Caym parut dans son champ de vision, du moins elle était sûre cette fois de sa présence. Sans savoir s’il venait de son plein gré vers elle alors qu’elle se dirigeait vers lui, elle se retrouva à sa hauteur. Passant une main distraite dans sa longue chevelure, comme elle en avait l’habitude, elle entama pauvrement la conversation.
- Hey.
C’est alors que la situation se compliqua délicatement. Sans qu’elle ne l’ait vu arriver, Flinn apparut comme un cheveu sur la soupe et déposa un baiser sur ses lèvres, avant de saluer un peu froidement Caym. Mais il l’avait tout de même salué, malgré l’intime conviction – jalousie infondée ? infaillible flair ? – que l’élève qu’il ne connaissait que de vue n’était pas innocent à la distance qu’Elie plaçait entre elle et lui depuis quelques jours.
La brunette, qui avait rapidement rattrapé ses réflexes malgré l’insidieux malaise qui empoisonnait lentement son être depuis cette nuit-là, coula un sourire de circonstance sur ses fines lèvres, masquant parfaitement son inquiétude face à la tension encore impalpable qui se dessinait entre les deux garçons. Car connaissant le caractère de Caym – elle ne le connaissait pas vraiment, mais connaissant son problème avec les relations humaines – et la possessivité de son petit ami, elle commençait sérieusement à penser qu’elle aurait tout autant préféré passer la journée entière à la bibliothèque.
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Caym Cali
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09.11.16 11:47
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Elyssa Cil'Darn
Dessinateur
10.11.16 7:46
♪
Put the gun down, put the gun down, Put your finger on the trigger now, Put it down, put it down, Put it down, put it down, Put the gun down, put the gun down, Or I'mma set fire to the whole damn house, Put it down, put it down, Put it down, put it down
Ces derniers jours, Elyssa s’était tenu à l’écart de toute société, de tout rapport humain, de tout code relationnel. Ses réflexes interprétatifs des situations humaines revinrent pourtant au grand galop, sous la menace qui pesait sur elle mais qu’elle ne savait pas encore bien identifier. Car elle connaissait les règles du jeu, elle les définissait même parfois.
Son regard pâle voletait de l’un à l’autre des deux garçons qui l’entouraient, et qui commençaient sérieusement à peser sur son espace vital. Le rictus qu’elle vit naître sur le visage de Caym ne lui augura rien de bon, tandis que le regard glacial de Flinn ne la rassurait guère plus. Et la situation dérapa, au-delà de toutes ses attentes. Bien au-delà. Caym, le timide, l’associal, le glaçon, carra les épaules, lui sourit de tout son visage et la fixait avec une intensité inédite. En gros, il la draguait ouvertement. A ce regard brûlant fit face deux yeux ronds – peut-être quatre, mais le comportement bizarre de Caym l’empêchait momentanément de le quitter des yeux pour guetter la réaction de Flinn – de stupéfaction et d’humeur. Comment osait-il ? Et puis… c’était quoi ça ? On aurait dit un enfant devant une vitrine de sucreries ! Il ne manquait plus que le filet de bave, et elle aurait eu devant elle le gars le plus lourd de tous les temps. Mêmes les mecs qui n’aspiraient qu’à un regard de sa part faisaient preuve d’un peu plus de retenue !
Elle en était à ces réflexions, sentant la colère gonfler insidieusement en elle, lorsque Caym lui porta le coup de grâce. Il lui fit une révérence. Il lui fit UNE REVERENCE !
- Me ferais-tu l’honneur de m’accompagner à notre cours de pas sur le côté, ô splendide Elyssa.
Les yeux ronds de la jeune dessinatrice frisèrent l’imitation d’une crise d’asphyxie. C’était un sketch. Il ne pouvait en être autrement. Aussi prit-elle le pas de rire. Un éclat de rire presque franc, presque sincère, qui venait presque du fond de son être. Mais qui s’arrêta aussi net lorsqu’elle se rendit compte qu’elle était la seule à partager cette hilarité. Ce n’était pas une blague. Et merde.
Il fallait donc trouver à réagir, avant que ces deux mâles dominants ne s’empoignent. Elle retint un soupir contrarié : Ah ces hommes ! Il fallait toujours tout faire soi-même.
Son masque reparut, comme par magie. L’expression confiante reprit possession de ses traits alors qu’elle se penchait vers Flinn pour capturer fugacement ses lèvres, qu’elle ne put d’ailleurs s’empêcher de mordiller. Elle avait agi par réflexe, ces réflexes tout juste retrouvés, pour tenter de sauver la situation. Elle ne s’était pas forcée, loin de là, mais la nécessité de ne pas laisser la situation empirer avait prévalu. Elle saisit ensuite la main que lui tendait Caym, par précaution pour ne pas brusquer celui-ci, mais adressa un clin d’œil complice à Flinn… en espérant que ça suffirait à calmer sa jalousie. Plus que désireuse de fuir cette inconfortable situation, elle prépara son pas sur le côté.
Deux secondes. Il lui fallait deux secondes pour visualiser sa destination, une de plus pour l’atteindre. C’est le temps que Caym mit à profit pour passer un bras autour de sa taille, sans doute pour provoquer un peu plus son adversaire. Elyssa tressaillit, décontenancée par ce contact soudain.
Une fois matérialisée à destination, la jeune fille explosa, le bousculant de sa mince silhouette, se libérant ainsi de son bras possessif.
- Nom d’un Raï en claquettes ! Ca va pas la tête ?! Mais c’est quoi ton problème ?!
- Elyssa, c’est toi ?
Elle s’était attendue à tout, sauf à ça. Pourquoi diable sa mère prenait-elle part à la dispute ? Oh non. Elle était de retour chez elle. Enfin, dans cet endroit qui ne lui inspirait qu’inconfort et révolte. Enfin.. ils étaient de retour chez elle. Caym et elle. Mais quelle idée il avait eu de la déstabiliser alors qu’elle dessinait son pas sur le côté ! La porte s’ouvrit à la volée, pour laisser apparaître une femme élégante, mais à l’allure trop sévère pour mettre en valeur son physique.
- Mais où te crois-tu ? Depuis quand te permets-tu de ramener des garçons à la maison ?! Aurais-tu retenu ne serait-ce qu’un principe de l’éducation que je me suis bornée à te transmettre ?
Et ça recommençait. Cette colère, qui enflait en elle comme si rien d’autre n’avait d’importance. Vouée à cette femme à qui elle devait la vie mais qui la poussait constamment dans ses derniers retranchements. L’air crépita. Le tonnerre gronda. Au beau milieu de la chambre.
- Arrête ça tout de suite, tu veux !
Une certaine appréhension s’entendait dans la voix froide de la mère Cil’ Darn. Mais sa fille n’en avait que faire, son Don s’alimentant de la moindre parcelle de rancœur qui animait son être depuis cette fameuse nuit. Le malaise, la douloureuse prise de conscience, les sentiments à fleur de peau, l’influence horripilante de sa mère… tout se mêlait dans un indescriptible chaos d’émotions. Qui n’attendait qu’une rupture pour éclore.
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Caym Cali
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10.11.16 10:32
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Elyssa Cil'Darn
Dessinateur
10.11.16 12:49
Je frémis sous l’assaut des bourrasques. Ces rafales de vent, lourdes de menaces, qui viennent de se lever et me taquinent sans parvenir à me faire ployer. Je reste de marbre, tandis que tout autour de moi est charrié, bousculé, ébranlé. Je suis inflexible, le menton relevé dans un air de défi. Tout semble fragile autour de moi, alors que je suis inébranlable. Ca se lit dans mes yeux, d’ailleurs. Ils ont sans doute la même teinte que toute cette grisaille qui fait grincer les meubles, envoie voler mes cheveux et hurle autour de moi. J’ai l’impression que la pièce est trop confinée, mais je n’en ai que faire. J’ai l’impression que j’ai mes raisons d’être en colère, mais je les ai déjà oubliées. J’ai la sensation de personnes autour de moi, mais je n’arrive pas à déceler qui m’entoure.
Sans savoir pourquoi une terrible tempête sévit autour de moi sans m’occasionner plus de dégâts qu’une désastreuse coupe de cheveux, je ne ressens plus rien. Je m’en remets simplement à l’impétuosité du spectacle qui se déroule sous mes yeux sans me concerner. La rumeur enfle, prometteuse. Je me languis déjà du clou du spectacle.
La jeune dessinatrice fut extirpée de sa transe par la colère de son camarade.
- Tu vas te calmer sale fille de Ts’lich ?! Tu te prends pour quelle maudite princesse ?! Tu crois que tu peux faire des pas sur le côté quand bon te semble sans en avertir ceux que tu embarques avec toi ?! NON !
Elyssa oublia instantanément toutes les raisons de la rancœur de Caym – elle était pour le moment incapable de les entendre – pour ne retenir que ses insultes. Le taux d’électricité dans l’air allait croissant sous l’influence de ces deux débordements de colère, tandis que le vent continuait de s’époumoner autour d’eux. Car si Elyssa ne contrôlait pas consciemment son dessin, elle restait avant tout sensible à toutes les émotions qu’elle s’appropriait en laissant ses sens éponger la fureur qui animait tous les acteurs de cette scène.
- Parce que tu as toujours eu avec une facilité déconcertante tu te crois meilleure et que tu peux te comporter ainsi ? Tu as mis ma vie en danger ! Tu ne te contrôles pas ! Tu es une garce impolie et incapable de faire le moindre effort sur toi ! Je pensais que tu avais enfin réalisé la fragilité de la vie mais il semble que tu sois aveugle à ce qui t’entoure et hyper égocentrique. Alors prépare-toi !
Le vent gonfla, gonfla encore, jusqu’à envahir la pièce entière. Elle sentait pourtant que ce dernier phénomène n’était nullement sa faute, même inconsciemment. En revanche, les yeux du Dessinateur reflétaient sa concentration. Il s’efforçait d’élargir son dessin. Se rendait-il seulement compte de ce qu’il faisait ?
De grosses gouttes, annonciatrices d’une pluie d’orage, commencèrent à choir du plafond, sous le cri hystérique de la propriétaire des lieux. Elyssa était incapable d’influer de nouveau sur les éléments : ses dessins « d’émotion » lui échappaient déjà d’ordinaire ; cette fois il ne lui appartenait même plus.
- Je suis une garce impolie ? Tu n’es qu’un petit con manipulateur ! Que dis-je ? Un GROS con manipulateur !
Sans crier gare, une fois de plus, l’Imagination se rouvrit à sa colère. En une seconde, elle repéra la création, et s’en empara de nouveau. Presque consciemment. Elle n’avait pas eu le temps de réfléchir, mais voyait pour une fois clairement le dessin dans les Spires. Ou plutôt le gouffre qui s’y trouvait. Tandis que les deux dessinateurs s’arrachaient la création, un éclair, puis deux, fendit l’air à quelques centimètres d’eux. Sous leur dispute, les éléments devinrent tout bonnement incontrôlables. Les tableaux se décrochaient des murs pour voler dans les escaliers, les commodes se renversaient, les éclairs frappaient sans relâche.
- Tu n’apprécie pas ma façon de me déplacer ? Et bah débrouille-toi pour rentrer à l’Académie, ça te fera les pieds !
En réponse à son exclamation, un éclair vint le frapper. Elle ne l’avait pourtant nullement dirigé. Il restait toutefois stoïque ; l’avait-elle rêvé ? Tout à leur fureur, les deux dessinateurs ne se rendaient pas compte qu’ils mettaient leur vie en danger, car leur création leur échappait totalement. Un sourire mesquin prit possession de ses lèvres. Elle n’avait qu’à le laisser là, en tête à tête avec son horrible mère. Qui saurait à coup sûr lui faire payer les dégâts occasionné sur ce palier. Et puis, elle allait être en retard à son cours préféré à cause de ses conneries !
Un magnifique bras de foudre vint s’abattre à l’endroit exact où elle se tenait. S’était tenue. Une fois de plus, un pas sur le côté lui avait sauvé la vie.
Sur le palier, il ne restait d’elle que la délicate odeur de son parfum, charriée par le vent.
♦
Sans personne pour la distraire, son pas sur le côté l’amena directement dans la pièce où devait commencer le cours de Jil’ Falkhu. Une étrange apparition pour les élèves présents et leur professeur : les cheveux presque dressés sur la tête, de lourds cernes sous les yeux, une pâleur inquiétante, un sourire exsangue flottant sur ses douces lèvres… Elyssa perdit connaissance. On jurait avoir entendu l’air crépiter…
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Caym Cali
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10.11.16 13:53
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Elyssa Cil'Darn
Dessinateur
29.12.16 11:56
Elyssa ouvre les yeux. Elle se sent terriblement faible. Pire qu’un lendemain de soirée trop arrosée. Une gueule de bois sans avoir bu, en somme. Tous les inconvénients sans les avantages.
Après avoir cligné plusieurs fois des paupières, dans un vain espoir de se faire à cette violente luminosité, elle entreprit d’observer la pièce. Elle mit de longues secondes à reconnaître l’infirmerie de l’Académie. Elle n’eut pas le temps de rassembler ses derniers souvenirs qu’une voix désagréable lui vrilla les tympans.
- Te voilà réveillée, il n’est pas trop tôt ! Je m’en vais chercher le guérisseur.
Un maigre trait narquois vint étirer ses lèvres. Pas de spectateur, pas de mère modèle. Elle se trouvait définitivement en terrain connu, malgré son incapacité à situer les événements récents.
Les deux silhouettes ne tardèrent pas à reprendre possession de son espace. Tout en l’auscultant sommairement, le guérisseur l’interrogea :
- Mademoiselle Cil’ Darn, vous souvenez-vous de la raison de votre présence ici ?
Elle grommela une réponse négative, amusée par le soupir exaspéré que cette attention portée à ne pas articuler provoquait chez sa mère.
- Vous vous réveillez d’une dépense trop importante d’énergie, due à un dessin trop gourmand. Mais pourquoi elle me regarde comme ça ? Je sais bien que l’accès libéré aux spires est enivrant, mais ne forcez pas trop. Bien, vous êtes en pleine forme. Ils n’avaient apparemment pas la même définition de l’expression. Je vais vous préconiser encore quelques jours de repos chez vous - la bonne blague ! - et vous pourrez faire votre grand retour parmi nous ! Tâchez juste de vous tenir loin des Spires pendant encore un jour ou deux.
L’homme ne s’était apparemment pas rendu compte de son hasardeuse association des mots « repos » et « maison » puisqu’il s’éloignait avec une moue satisfaite. Etonnamment, sa mère semblait pressée de la raccompagner à la maison. Ce pressentiment n’augurait rien de bon pour elle.
♦
La première chose qui frappa Elyssa à la sortie de l’infirmerie fut le bruit. Non pas que les couloirs soient silencieux en situation ordinaire, mais le bruit d’aujourd’hui ne sonnait tout simplement pas de la même manière. L’Académie semblait secouée par un état de liesse générale. Les élèves parlaient encore plus fort que d’habitude, les professeurs déambulaient tout sourire parmi eux, et les dessins éphémères envahissaient l’air.
C’est alors que les paroles du guérisseur lui revinrent en mémoire. « Je sais bien que l’accès libéré aux spires est enivrant » Bien trop occupée à analyser la posture de sa mère, elle n’avait prêté qu’une oreille distraite aux paroles de l’homme. Les Spires étaient libres. Malgré son absence de véritable don en dessin, elle ne pouvait, en tant qu’élève de l’Académie, qu’imaginer à quel point la nouvelle était salvatrice pour les Alaviriens. A son échelle à elle, bien plus modeste pour l’heure – mais elle ne désespérait pas de devenir Sentinelle, la maîtrise de son don lui prenait juste plus de temps, voilà tout – elle devinait qu’enchaîner plus de deux pas de côté n’aurait bientôt plus de secret pour elle. Le large sourire qui s’épanouit sur ses lèvres, parfait reflet de l’humeur ambiante, s’évanouit bien vite dès lors qu’il eût croisé les lèvres pincées et le regard incisif de sa génitrice. Quelques jours de repos, hein…
♦
- Alors ? Je t’écoute. Qu’as-tu à dire pour ta défense cette fois ?
La question avait explosé dans l’ambiance feutrée de l’entrée des Cil’Darn, bien que sa mère n’ait que légèrement haussé le ton. L’acidité de sa voix valait bien les décibels de la rumeur d’une section de Raïs marchant au combat. Incapable de lui répondre, la dessinatrice se contenta de la fixer en plissant les yeux. Non pas qu’elle perdait ses moyens dès qu’on haussait le ton avec elle, loin de là, mais elle ne voyait tout simplement pas ce qu’elle avait à se reprocher.
- Tu crois que c’est en jouant les innocentes que tu vas éviter de me rembourser les dégâts sur mon palier ?!
Mais qu’est-ce qu’il lui prenait à cette hystérique ? Trop fatiguée pour laisser éclater une nouvelle colère, la soi-disant fautive choisit sa seconde option favorite. Le sarcasme.
- Ecoute, « maman » - mot qu’elle prononçait toujours avec une voix bosselée, comme s’il lui écorchait les lèvres ; mot qui avait le don d’accroître la colère de l’intéressée – je n’ai aucun indice sur la raison de ta crise de nerf. Le guérisseur m’a prescrit du repos, c’est envisageable tu crois ?
La jeune fille faillit flancher sous l’assaut de la colère noire qui anima les traits de sa mère en guise de réponse. Faillit. Car flancher n’était pas compatible avec son entêtement ni son caractère.
- Un indice ? Tu as besoin d’un indice alors que tu es l’unique responsable de la démolition de ma maison ?
Elle tira sans ménagement sa fille par le bras en direction des escaliers. Elle avait omis de préciser que la jeune fille n’était pas la seule responsable du carnage, mais dans son esprit elle était bel et bien l’unique coupable, comme toujours.
Dès que les plus hautes marches lui offrirent la vue du palier, Elyssa s’immobilisa. Il manquait de nombreuses pièces de décoration, un cadre gisait au pied du mur, des traces d’humidité résidaient à plusieurs endroits… un carnage. Qui détonnait particulièrement avec l’obsession d’ordre et de propreté de la matriarche.
La brunette haussa un sourcil éloquent.
- Tu as invité des Raïs en mon absence ?
Peut-être avait-elle légèrement dépassé les limites avec cette dernière boutade. La rambarde qu’heurta sèchement son dos lorsque sa mère, excédée au point de vouloir en venir aux mains, la bouscula au passage, le confirma.
♦
Je frémis sous l’assaut des bourrasques. Ces rafales de vent, lourdes de menaces, qui viennent de se lever et me taquinent sans parvenir à me faire ployer. Je reste de marbre, tandis que tout autour de moi est charrié, bousculé, ébranlé. Je suis inflexible, le menton relevé dans un air de défi. Tout semble fragile autour de moi, alors que je suis inébranlable. Ca se lit dans mes yeux, d’ailleurs. Ils ont sans doute la même teinte que toute cette grisaille qui fait grincer les meubles, envoie voler mes cheveux et hurle autour de moi. J’ai l’impression que la pièce est trop confinée, mais je n’en ai que faire. J’ai l’impression que j’ai mes raisons d’être en colère, mais je les ai déjà oubliées. J’ai la sensation de personnes autour de moi, mais je n’arrive pas à déceler qui m’entoure.
Ses cils papillonnèrent un moment avant qu’elle n’ouvrît les yeux à la rencontre de l’obscurité de sa chambre. Ce rêve la marquait étrangement, bien qu’il ne lui en restât que des bribes de sensations embrumées. Elle avait l’impression d’avoir réellement vécu la scène.
Elle repoussa ses couvertures et se leva, légèrement chancelante. Sa décision fut vite prise : vite, l’Académie. Mais avant, rien de tel qu’un bon bain chaud pour se redonner des forces.
♦
- Nous n’en resterons pas là, Elyssa. Et je te préviens, tes notes ont intérêt à rattraper tes frasques !
Elyssa pinça les lèvres pour ne pas relever la menace d’un « Sinon quoi ? » désabusé, et se prépara mentalement à effectuer le pas sur le côté qui la sauverait de cette maison de fous. Elle n’avait qu’aperçu son père, comme d’habitude, mais ne s’en formalisa pas. C’est alors que la phrase du guérisseur lui revint en mémoire : « Tâchez juste de vous tenir loin des Spires pendant encore un jour ou deux. ». Après tout, une promenade dans les rues de la ville ne lui ferait que du bien.
Avant qu’elle n’eût refermé la porte derrière elle, la voix de sa mère résonna une dernière fois dans l’entrée. - J’espère au moins que tu réserves le peu de décence que tu as pour t’excuser auprès de ce charmant jeune homme que tu as failli tuer ce jour-là.
Elyssa s’immobilisa. De quoi parlait-elle encore? Spontanément, les traits de Caym, déformés par la colère et rendus flous par la violence de l’orage qui les enveloppait, s’imposa à son esprit. Elle avait la désagréable sensation que les pièces d’un puzzle dont elle ignorait l’existence se recollaient malgré elle.
- Et, avant que je n'oublie, la prochaine fois que tu ramènes un garçon dans ta chambre sans me demander la permission, je te mets à la porte. Ma maison n'est pas un lupanar.
Incrédule, la jeune Dessinatrice cherche une faille quelconque sur l'expression de sa mère, comme si elle cherchait l'ombre d'une mauvaise blague. Mais sa mère était on ne pouvait plus sérieuse. Qu'est-ce qu'elle racontait encore? Lors de leur pas sur le côté, Caym et elle avaient atterri sur le palier. Après tout, elle avait probablement juste extrapolé. Elle claqua la porte plus qu’elle ne la referma et prit le chemin de l’Académie.
♦
Le trajet jusqu’à l’Académie lui permit de réfléchir et d’être sûre de deux choses : elle devait être en partie responsable du carnage du palier, de près ou de loin, et ce carnage était, de près ou de loin, lié à Caym. La voilà bien avancée, mais c’était déjà mieux que rien au vu de son état et de son ignorance complète des événements récents.
Une fois parvenue à l’intérieur de l’établissement, elle put constater que si la bonne humeur était toujours de rigueur, les couloirs s’étaient un peu aérés avec la reprise des cours. Elle passa par la case Intendance pour signaler son arrivée – ou son absence, elle n’était plus tout à fait sûre de sa démarche – et eut la surprise d’apprendre sa convocation chez Maître Elis, le responsable de sa promo.
Elle avait la désagréable sensation que les ennuis ne faisaient que commencer.
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